Cours F.CIaudon LE SIECLE DES LUMIERES XVIII°s. EVENEMENTS POLITIOUES - 1715-1723 : regence de Philippe d'Orleans - 1715-1774 : regne de Louis XV (sous la regence de Philippe d'Orleans jusqu'en 1723) - 1762-1764 : expulsion des jesuites - 1774-1792 : regne de Louis XVI - 1789-1799 : Revolution Francaise - 1792 : proclamation de la Republique - 1799 : coup d'Etat de Bonaparte CEUVRES ET PHENOMENES LITTERAI RES Essais : - Montesquieu, De l'esprit des lois (1748) - Voltaire, Lettres philosophiques (1734) - Rousseau, Discours, Du contrat social (1762) Dictionnaires : - Diderot. Encyclopedie (1750-1772) - Voltaire, Dictionnaire philosophique (1764) Pamphlet : Voltaire, De I'horrible danger de la lecture (1765) Traite d'education : Rousseau, Emile (1762) Dialogues : Diderot, Le reve de d'Alembert, Le Neveu de Rameau (1762-1777) Romans et contes philosophiques : - Montesquieu, Lettres Persanes (1721) - Voltaire, Candide (1759), L'inqenu (1767) Theatre : Beaumarchais, Le mariaqe de Figaro (1784) Comedie : - Lesage, Turcaret (1709) - Marivaux, Le ieu de l'amour et du hasard (1730) - Beaumarchais, Le Barbier de Seville (1775) Essor et diversite du roman : - Prevost, Manon Lescaut (1731) - Marivaux, La Vie de Marianne (1731) - Rousseau, La nouvelle HeloTse (1761) - Diderot, Jacques le fataliste (1778) Ecriture du moi : Rousseau, Les Confessions (1781-1788) l Introduction aux Lumiěres Cest un mouvement intellectuel européen dominant á partir de 1750. Les Lumiěres correspondent á un mot d'ordre děs le debut du 18ěme siěcle. La generation des Lumiěres philosophiques, Montesquieu, Diderot, Voltaire, Rousseau, est annoncée par Bayle et Fontenelle. Cest un combat des Philosophes Européens. Les Lumiěres ont leur figure, les Philosophes sont les défenseurs de la liberté de penser, de la science et de la tolerance en France religieuse. leur ideal est le bonheur dans une societě prospěre et juste. En 1789, c'est la Revolution frangaise qui se reclame des Lumiěres. Le ler quotidien frangais est le journal de Paris qui voit le jour en 1777. La grande ceuvre des Lumiěres est 1'Encyclopédie. Elle a été rédigée de 1751 á 1772. Les deux instigateurs sont Diderot et d'Alembert. Elle veut diffuser les idéaux á défendre et proposer un modele de raisonnement libře des préjugés. L'essor de la presse et 1'élargissement du lectorat permettent une grande diffusion des idées. Salons bars, cafés, clubs, academies sont autant de lieux ou a lieu debat des idées. Le souci de 1'efficacité polémique vivifie les choix littéraires. La lettre, le conte devenus populaire avec Voltaire permettent une forme vivante aux débats ďidées. Le dictionnaire sous de multiples formes (Encyclopédie, le dictionnaire portatif de voltaire en 1784) est une sortě de pensée méthodique ouverte. I -La poesie Dans un siěcle dominé par la prose, la poesie subsiste malgré tout. Une poesie de transition Jean baptisté Rousseau invente une poesie formelle assez impersonnelle, Voltaire se fait poete. La poesie chez Voltaire prolonge la reflexion mais donne toujours une importance de superioritě au raisonnement sur les questions philosophiques á 1'esthétisme poétique. Exemple dans le Mondain, nous avons une apologie de la civilisation. Le Désastre de Lisbonne est la dénonciation de la théorie de Leibniz (philosophe allemand) et de son optimisme « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. II -Le theatre Comme au siěcle précédant, le theatre remplit une double fonction, divertir et faire réfléchir. L'abondante production d'ceuvres dramatiques atteste de la vitalitě du genre. La tragédie voltairienne, au 18ěme siěcle, il connait une veritable notoriété de dramaturges (art de composer) avec ses tragedies, (Zaire, Mahomet entrainant des conflits religieux) Marivaux s'eloigne de Moliěre et propose une forme nouvelle de theatre, il met en scene I'inversion des relations et des fonctions sociales, il pose ainsi les 2 limites entre la vérité et le mensonge (jeu de I'amour et du hasard) avec un goůt prononcé pour le travestissement et le renversement des roles (Tiles des esclaves). Beaumarchais, le Barbier de Seville et le Manage de Figaro sont des jeux de comédie pour faire triompher I'amour. II y a une satire sociále. Le drame avec Diderot est une invention d'un genre sérieux á mi chemin entre tragédie et comédie. III -Le roman Cest une experience privilégiée pour remettre en cause les barriěres sociales. II annonce I'epanouissement du genre du siěcle suivant. Marivaux, la Vie de Marianne. J.J Rousseau, la Nouvelle Héloíse, est une exploration de I'ame humaine et du sentiment amoureux. Le roman devient un instrument de critique dans une periodě de contestation. Montesquieu dans Les lettres persanes ; Diderot dans Le neveu de Rameau ; Voltaire, Conte philosophique J.J Rousseau assigne au roman une autobiographique. Cest une littérature de combat, Rousseau fait un discours sur I'origine et les fondements de 1'inégalité. Cest une remise en cause des inégalités sociales. Montesquieu dans I'esprit des lois remet en question les structures étatiques. On assiste également á la reflexion sur la religion. Voltaire měne un combat intellectuel contre les exces de la religion catholique et fustige (blame) I'intolerance de I'homme et du citoyen en 1789. IV -Idéaux des Philosophes du siěcle des Lumiěres Le penseur ou philosophe incarne I 'ideal intellectuel du siěcle des Lumiěres, il se fait dans son exercice de la raison, le modele et le guide de I'homme avec tout ce que cela suppose dans la quéte des valeurs idéales auxquelles adherer et des engagements ou des combats á défendre; II devient, du fait de I'humanite qu'il porte en lui, le porte paroles de I'homme toujours solidaire de sa raison; Les encyclopédistes représentent cet ideal intellectuel, á savoir D'Alembert, Diderot, Voltaire avec Candide et Thomas Raynal et son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des européens dans les deux Indes. Ces figures des Lumiěres ont dénoncé I'esclavage et la colonisation. « Siěcle des Lumiěres »,le terme designe le XVIIIeme siěcle en tant que periodě de I'histoire de la culture européenne, marquee par le rationalisme philosophique et I'exaltation des sciences, ainsi que par la critique de I'ordre social et de la hierarchie religieuse, principaux elements de I'ideologie politique qui sera au fondement de la Revolution frangaise. L'expression était déjá fréquemment employee par les écrivains de 1'époque, convaincus qu'ils venaient ďémerger de 3 siecles d'obscurite et d'ignorance et d'entrer dans un nouvel age illumine par la raison, la science et le respect de I'humanite. DICTIONAIRE HISTORIQUE E T CRITIQUE: tu MuiCctf MYLE 7 O .W f. I' R f. M I t. R. L'un des textes fondateurs qui inaugure le mouvement des Lumiěres en France est le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (1647-1707). Son appel á la tolerance, á la lutte contre les superstitions et les préjugés, va inspirer tout le mouvement de pensée du XVIIIěme siěcle et le Dictionnaire historique et critique va devenir I'arme privilégiée du camp des "Philosophies". L'Encvclopedie de Diderot C1713-1784') et d'Alembert (1717-1783) reprendra á son compte le militantisme philosophique et le combat contre I'obscurantisme, le dogmatisme, le fanatisme et le despotisme. Les idées de Pierre Bayle trouveront aussi un echo puissant chez Montesquieu (1689-1755), qui introduit en philosophie politique des notions décisives, Voltaire (1694-1778), héros de la lutte contre I'obscurantisme et les préjugés, et surtout chez Condorcet (1743-1794) le théoricien de 1'idée de progres chěre aux Lumiěres. D'un point de vue plus strictement philosophique, un courant se développe, incarné par Etienne Bonnot de Condillac (1715-1780), representant eminent de I'empirisme frangais, et qui trouve un prolongement materialisté avec Helvétius (1715-1771), d'Holbach (1723-1789), La Mettrie (1709-1751) et Diderot. Mors que la vie sur Terre etait menacee : perte, epidemie, famine, on croyait au bonheur apres la mort. La classe montante etait la bourgeoisie, elle va demander plus de liberte et la fin des privileges. Les idees de I'epoque etaient le progres et la justice. A cote du courant rationaliste, il y a un cote d'ombre. C'est I'eclosion de plusieurs nouvelles ecritures. De tous ces courants se detache la figure originale de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui occupe une position transitoire dans le mouvement des Lumieres. Apres Rousseau, qui est a I'origine de la pedagogie moderne,on assiste a I'eclosion de la sensibilite, avec le courant romantique dont Rousseau semblera avoir ete le precurseur. Le siěcle des Lumiěres en histoire et histoire de I'art Introduction: "L'age des Lumiěres"ou "siěcle des Lumiěres"sont des métaphores que Ton attribue au XVIIIéme siěcle pour définir le pouvoir de la Lumiěre, la Raison sur les téněbres. C'est la periodě oú á la fois, la société, la politique, la religion et la science sont trěs critiquées et connaissent des mutations. 4 L'Encyclopedie créée par les Philosophes des Lumiěres marque ce siěcle en influengant le changement ďétat d'esprit de la société, ce qui aboutira á la Revolution frangaise de 1789 á 1792. Grace á ces mutations, le XVIIIéme siěcle est aussi nommé "La periodě culturelle de I'Europe". L'histoire Aprěs la mort de Louis XIV en 1715, Louis XV monte au pouvoir mais son rěgne sera marqué par de nombreux problěmes financiers suite á la guerre de succession d'Autriche et surtout á la vie dispendieuse qu'a instauré Louis XIV. Cest pourquoi, á cause de la vie dispendieuse du roi et des injustices des pouvoirs et de la société, la monarchie absolue entre en crise á partir de 1750. La noblesse de robe( trěs riches bourgeois accédant á la noblesse en achetant le titre) s'oppose á la noblesse d'épée(nobles par heredité) et le parlement au roi. En 1774, Louis XVI prend le pouvoir mais cela ne changera pas la situation qui va plutót avoir tendance á s'aggraver. II y aura une autre crise, cette fois, industrielle due á un traité de commerce avec I'Angleterre qui subit une croissance économique plus élevée que celle de la France. La crise financiére s'aggrave á cause de la guerre ďindépendance en Amérique. Louis XVI ne veut pas s'opposer á la noblesse et au clergé pour soutenir les propositions de ses ministres pour rétablir les finances qui veulent donner davantage aux paysans et arréter de faire des dépenses inutiles avec I'argent du royaume. Ainsi, en soutenant les privilégiés, il convoquera les états généraux en mai 1789. En cette méme année, le 14 ju il let, le peuple parisien prend la Bastille, ce qui déclenchera le debut de la "Revolution frangaise". L'assemblee constituante sera remplacée par I'assemblee legislative d'octobre 1791 á septembre 1792. Le 21 septembre 1792, la chute de la royauté est déclarée et le roi Louis XVI est décapité. On instaurera alors la premiére république qui durera de 1791 á 1804. L'Encyclopedie L' Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Metiers a pour origine La Cyclopoedia, Dictionnaire des Sciences et des Metiers de I'editeur anglais Chambers. El le est I'une des ceuvres philosophique et scientifique qui a permis principalement les changements d'esprit et les transformations politiques du XVIIIéme siěcle. L'esprit encyclopédique est I'union de tous les esprits de I'ceuvre mené en partie par deux des cinq importants Philosophes des Lumiěres. L'esprit philosophique est mené par Diderot qui a pour objectif de valoriser la nature, le bonheur terrestre, le materialisme, la tolerance et s'oppose á la religion et á la monarchie absolue. L'esprit scientifique dirigé par Rousseau met en evidence toutes les connaissances scientifiques, les arts, les lois et la politique. 5 L'esprit critique se manifeste notamment dans la critique de la monarchie absolue, la censure. Qui sont á 1'opposé de la raison et de la liberté. Les idées défendues par les Philosophes sont : la liberté, la raison, la tolerance, 1'égalité, le progres, la separation des pouvoirs, le rejet de la Monarchie absolue et 1'opposition ala Religion. Le but de 1'Encyclopédie est de rassembler toutes les connaissances sur Terre afin de convaincre le plus de monde possible. Cest le désir tant souhaité de ďAlembert. Malheureusement, de nombreux obstacles se présenteront avant la parution de toute I'ceuvre, comme par exemple la censure de 1'ceuvre : la monarchie absolue n'accepte pas la publication de I'ceuvre á cause de ses critiques et de sa prise de position envers la religion et les jésuites. Le Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Metiers est une trěs grande ceuvre puisqu'il rassemble toutes les connaissances existantes sur Terre: il a done fallu beaucoup de temps, des années pour le mettre en ceuvre toute entier. Cest pourquoi 1'Encyclopédie paraitra en deux grandes parties. Les premieres parutions se font en France en 1751 á 1758 sous la direction de Denis Diderot et de la codirection de ďAlembert. En 1750, sortent huit milles exemplaires du prospectus de Diderot. En 1751, apparait le premier volume du Discours préliminaire de ďAlembert. Puis de 1752 á 1757, paraissent les volumes II á VII. Ensuite, en 1962, on obtient le premier volume de planches. Aprěs plusieurs affaires contre 1'Encyclopédie et particuliěrement le changement de politique qui annonce I'abolition des jésuites en 1762, Diderot pourra facilement distribuer les nouvelles parutions de 1770 á 1780. L'edition sera complétée á partir de 1782 jusqu'a 1802 avec la parution de soixante dix autres volumes. Un travail de mille ouvriers pendant vingt ans. Les collaborateurs et contributeurs les plus connus pour toute I'ceuvre sont : Helvétius, Montesquieu, Daubenton, Marmontel, Cordillac, Targot, ďHolbach, Voltaire et Rousseau. II y a aussi André de Breton et Le Chevalier Louis de Jaucourt. Les cinq Philosophes les plus connus : Dans la mise en ceuvre de cette Encyclopédie universelle, se présentent cinq personnages importants, les Philosophes des Lumiěres. Le premier, Denis Diderot, est né en 1713. II est á la fois écrivain, philosophe frangais et maitre ďceuvre de 1'Encyclopédie avec D'Alembert. Diderot est connu dans les domaines de la science et 1'esthétique. II est également materialisté et volontaire pour dénoncer les préjugés. De nos jours, il est considéré comme l'un des écrivains les plus novateurs de 1'áge des Lumiěres. Ses ceuvres peuvent-étre lues par tout le monde. II meurt en 1784. Le second, Jean le Rond ďAlembert est né en 1717. II est également frangais, philosophe et co-auteur de 1'Encyclopédie avec Denis Diderot. D'Alembert 6 possede d'autres metiers et croyance en etant mathematicien, rationaliste( qui croit a la raison) et physicien. Mais il est surtout connu comme un defenseur de la tolerance bien qu'il s'oppose a la Religion. II est I'auteur du fameux discours preliminaire de I'Encyclopedie qui soutient particulierement I'esprit scientifique, I'un des themes principaux de I'ceuvre. II meurt en 1783. Le troisieme, Jean-Jacques Rousseau, est ne en 1712. Ecrivain lui aussi et philosophe genevois de langue frangaise, il est I'auteur du Contrat social qui est I'une des principales figures de I'ceuvre du siecle des Lumieres. II contient des parties tres importantes sur la religion et les injustices de la societe. Tout son esprit est fonde sur la critique, notamment vis a vis de la societe. II meurt en 1778. Le quatrieme, le plus age des cinq, Charles de Secondat, baron de Montesquieu est ne en 1689. Philosophe et homme de Lettres frangais, il est a I'origine des doctrines constitutionnelles liberales : la constitution des droits de I'Homme et du Citoyen qui comprend toutes les libertes( de culte, de mouvement), reposant sur la separation des pouvoirs. II est I'auteur de deux ceuvres celebres : Les Lettres persanes et De I'esprit des lois. II meurt en 1755. Enfin, le dernier, Frangois Marie Arouet, dit Voltaire, est ne en 1694. II est I'auteur d'essais historiques et de contes philosophiques ( Exemples : Candide, L'Affaire Callas). Ses ceuvres prouvent son souci de verite, de tolerance et de compassion vis a vis des victimes d'erreurs judiciaires. II meurt en 1778. Leurs principales ceuvres : Montesquieu : - Politique des romains dans la religion. - Lettres persanes (editees en 1721) - L'Esprit des Lois(1750) Voltaire - des contes philosophiques : Candide, Zadig, Micromegas... - des tragedies : CEdipe(1718),Brutus(1730), Eriphyle(1732), Za!re(1732), Adelaide du Gesclin(1734), La mort de Cesar(1736), Le fils prodigue(1736),Mahomet (1741),Merope(1743) - une epopee : La Henriade - des essais : Les lettres philosophiques(1734) : Essais philosophiques et scientifiques. des poemes : Le Mondain(1736) a rendance polemique - Des pamphlets : L'affaire Calas, Le Traite sur la Tolerance... D'Alembert - Memoire sur le calcule integral. - Traite de dynamique(1745) 7 - Discours preliminaires(1751) avec le fameux article "Geneve" qui fera couler beaucoup d'encre - Les spectacles(1758) Diderot - Les Pensees philosophiques(1745) - Promenade du Sceptique(1747) - Theatre : Le fils naturel(1757, Le pere de famille(1759-1761), Paradoxe sur le comedien(1773) - La Religieuse ( 1760) - Entretien d'un philosophe avec la marechale de ***(1776) - Supplement au Voyage de Bougainville (1772) - Jacques Le Fataliste et son Maitre (1765-73) Rousseau - Discours sur les Sciences et les Arts(1750), - Discours sur l'Origine de l'Inegalite (1755) - Lettre ä D'Alembert sur les spectacles (1758),Lettres ä Malesherbes(1762) - La Nouvelle HeloTse (1761) - Du Contrat social (1762) - Emile ou de l'Education(1762) - Les Confessions (1765-70) - Les Reveries du Promeneur solitaire ( 1778) Les arts en France au XVIIIeme siede Le style Rococo En France, au cours du XVIIIeme siecle, debutent deux types de peintures europeennes : Le Rococo et Le Neoclassicisme. Apparu en France vers 1700, le style rococo se propage en Europe tout au long du XVIIIe siecle. Le terme rococo est derive du mot rocaille. II entre en usage autour des annees 1730 pour designer "une ornementation imitant les rochers et les pierres naturelles". Le rococo est un mouvement artistique touchant principalement la peinture et I 'architecture. C est le style artistique qui domine sous le regne de Louis XV (1723-1774). II derive du baroque et se caracterise par la decoration. Le succes du rococo sous le regne de Louis XV va avoir des repercutions au niveau du social, c 'est-a-dire que les droits reserves a la noblesse, le gout de I'elegance, la vie agreable et les beaux objets deviennent plus accessibles et se propagent jusqu'a la bourgeoisie. Le style rococo laisse peu a peu place a partir de 1760 au style neoclassique. II disparait totalement avec la Revolution frangaise en 1789. Les peintres et les peintures Parmi les artistes les plus representatifs de ce style en peinture, il y a Frangois Boucher, Antoine Watteau et Jean-Honore Fragonard. Les scenes de peintures rococo se trouvent a Paris, a Venise et a Londres. 8 Les artistes Frangois Boucher Frangois Boucher est ne a Paris en 1703 et il est mort en 1770. . II est admis a I'Academie royale de peinture et de sculpture en tant que membre en 1734 et succede a Carle Vanloo comme premier peintre du roi Louis XVIen 1765. II peint des scenes pastorales ou mythologiques. Plus tard, il se lance dans le neoclassicisme et ses tableaux ne represented plus que des amours et des bergers ou des scenes de plaisirs. Ex. La toilette de Venus Venus et Vulcain Blonde odalisque Antoine Watteau Antoine Watteau est ne le 10 octobre 1684 et il est mort le 18 juillet 1721. C'est un peintre frangais qui est Tun des premiers representants du mouvement rococo. Inspire par la commedia deH'Arte, il aime representer le theatre dans ses tableaux. Ses tableaux les plus celebres sont Pierrot et Pelerinage ä I 'Tie de Cythere. Jean Honore Fragonard Jean Honore Fragonard est ne le 5 avril 1732 ä Grasse et il est mort le 22 aoüt 1806 ä Paris. C'est le fils de Frangois Fragonard et de Frangoise Petit. Grace ä Jean Simeon Chardin, il entre dans I'atelier de Boucher ä l'äge de quatorze ans. En 1752, il remporte le grand prix de peinture et entre ä l'ecole royale des eleves proteges, dirigee par Carle Van Loo, puis il part pour I'Academie de France ä Rome. II devient bientöt le peintre ä la mode, et entasse une grande fortune que la Revolution frangaise lui fait perdre. II est nomme Tun des conservateurs du Musee du Louvre par l'Assemblee Nationale. Ex. Les hasards heureux de l'escarpolette, 1767 Inspiration, 1769 La lectrice, 1770-1772 9 Biographie de Voltaire Biographie de Voltaire Voltaire, de son veritable nom Frangois Marie Arouet, est ne ä Paris le 21 novembre1694. II est le cinquieme enfant et le troisieme fils d'un notaire au Chätelet, puis payeur des epices de la Chambre des Comptes. Sa mere meurt en 1701. Voltaire effectue de 1704 ä 1711 de brillantes études de rhétorique et de Philosophie chez les jésuites du college Louis Le Grand. Entré dans la société du Temple par l'intermediaire de son parrain, l'abbe de Chäteauneuf, il a trěs rapidement le goüt des plaisirs, du theatre et des conversations brillantes. II est presents ä Ninon de Lenclos, qui lui légue une somme de deux mille livres pour sa bibliothěque, et aux autres habitues du Temple : il debute sous leurs auspices. Le jeune Francois Marie Arouet neglige ses etudes de droit. II part comme secretaire d'ambassade ä la Haye. II tombe amoureux d'une jolie huguenote et I'ambassadeur le renvoie ä Paris. En 1717, quelques mots de trop contre le Regent (Puero regnante) et surtout pour des vers qu'il n'a pas faits (les J'ai vu), ľenvoie ä la Bastille pendant onze mois. II en profite pour terminer sa tragédie CEdipe, commencer le poěme de La Ligue, premiere version de La Henriade. En sortant de prison, il prend le nom de Voltaire, anagramme de son nom (AROVET Le Jeune, ou le U et V, J et I se confondent ä cette époque). Le due d'Orléans lui fait bon accueil et lui donne 1200 livres de pension. CEdipe est joué le 18 novembre 1718, avec un grand succěs, que n'obtiendra pas Artémise en 1720. En 1722, il hérite de son pere et commence une carriěre de dramaturge et de poete mondain. Une dispute qui I'oppose en 1726 au chevalier de Rohan-Chabot lui vaut un deuxiěme séjour á la Bastille, par lettre de cachet. Cest á cette occasion que le chevalier, manifestant du mépris pour ce bourgeois sans nom, s'etait vu répondre : ' Mon nom, je le commence, et vous finissez le voire Aussitót libera, Voltaire s'exile en Angleterre, ou il est accueilli par son ami Bolingbroke, il y rencontre Pope, Swift. II découvre la philosophie de John Locke. II est frappé du contraste économique, social, politique, scientifique, que lAngleterre présente avec la France. En 1729, de retour en France, il reconquiert peu á peu la société parisienne et publie plusieurs pieces, telles que Brutus (1730) et Zaire (1732), tragédie éerite en trois semaines qui obtient un immense succěs. En 1734, les Lettres sur les Anglais dites Lettres philosophiques fait grand scandale fut grand. Le Parlement condamne I'ouvrage comme « propre á inspirer le libertinage le plus dangereux pour la religion et I'ordre de la société civile ». II est brůlé au pied du grand escalier du palais. Le libraire Jore est mis á la Bastille, et Voltaire, pour éviter le méme sort, s'enfuit précipitamment en Lorraine. Au bout d'un mois, Voltaire revient en France avec une permission tacite. II s'installe, non á Paris qui lui était interdit, mais en Champagne, au chateau de Cirey, chez Mme du Chátelet, avec qui, en ces derniers temps, il s'etait étroitement lié. II y restera un familier jusqu'en 1749, année de la mort de sa bienfaitrice. Un theatre est installé au grenier, et e'est la une veritable fiěvre de representations dramatiques. Voltaire éerit alors toute une série de tragedies et de comedies á un rythme soutenu . Voltaire installe un laboratoire, fait venir des instruments, concourt pour un prix de I'Academie des sciences, en méme temps que son amie : ni elle, leibnizienne, ni lui, newtonien n'eurent le prix. II s'occupe de physique, de chimie, d'astronomie, éerit un Essai sur la nature du feu, une Épitre sur Newton, vulgarise un Elements de la philosophie de Newton en 1738. Et au milieu de cette prodigieuse activité, il lui reste du temps pour se chamailler avec toute sorte d'ennemis : avec Jean-Baptiste Rousseau, d'abord son ami et maintenant son mortel ennemi (Utile examen des épitres du sieur Rousseau, 1736) ; avec I'abbe Desfontaines, qu'il avait jadis arraché á la prison, et qui lancait contre lui en 1738, la sanglante Voltairomanie. Voltaire éerit contre lui L'Envieux (entre 1736 et 1738), et fait appel aussi au lieutenant de police. En 1744, Marc-Pierre D'Argenson, son ancien condisciple chez les jésuites de Louis-le-Grand, devenu ministře, le rappelle á Versailles. Pendant trois ans, Voltaire va s'acquitter de diverses missions diplomatiques et s'abandonner au tourbillon de la cour. Historiographe du roi en 1745, puis gentilhomme ordinaire de la chambre, il éerit des operas pour les fétes royales Le mai 1746, il est élu á I'unanimite le 2 mai 1746 en remplacement de Jean Bouhier et recu par son ancien maitre I'abbe d'Olivet le 9 mai suivant. Son discours est uniquement littéraire et il n'y fait aucune allusion aux questions qui auraient pu soulever des protestations : il a pour sujet: Des effets de la Poesie sur le génie des langues. Mais, á la cour, Voltaire se fait des ennemis, dont Mme de Pompadour. II fréquente alors á Sceaux la cour plus riante de la duchesse du Maine. Dans Memnon, histoire orientale (1747), premiere version de Zadig, il décrira toutes ses mésaventures de courtisan. Homme extrémement imprudent, il est á nouveau disgracié et trouve refuge auprěs du roi Stanislas, á Lunéville. 10 En 1749, tres touche par la mort de Mme du Chatelet, il cede rapidement aux avarices de Frederic II, le roi de Prusse, qui lui fit une pension de 20 000 livres ; les soupers du roi et du philosophe sont celebres. Voltaire reste quatre ans au chateau de Sans-Souci. Sa relation avec Frederic II fut d'abord I'ideal de ce que pouvait etre la relation entre un homme de pouvoir et un homme de lettres. En 1753, I'opposition de Voltaire a Maupertuis, president de I'Academie de Berlin, lui vaut de se brouiller avec le monarque ; il doit fuir a nouveau. II contribue de 1754 a 1758 a I'Encyclopedie II retrouve le calme hors de France mais pres de la frontiere, il s'installe en 1755 aux ' Delices ', aux portes de Geneve. A soixante ans, Voltaire decouvre la nature, la vie rustique. Avec Mme Denis, sa niece devenue sa maitresse dix ans auparavant, il regoit ses amis. II va amenager la region, batir, planter, semer et developper I'elevage. II y fait vivre un millier de personnes, se fait agriculteur, architecte, fabricant de montres et de bas de soie. Avec son sens de la formule, il resume I'entreprise : « Un repaire de 40 sauvages est devenu une petite ville opulente habitee par 1200 personnes utiles ». En 1759, de sa brouille, celebre, avec Rousseau, (cf la Lettre a rousseau , nait un petit chef-d'oeuvre du conte philosophique : Candide ou I'Optimisme. En 1760, il s'installe definitivement a Ferney, a portee de la Suisse, pret a s'y refugier a la moindre alerte. Par sa vaste correspondance (plus de 6 000 lettres de 1760 a 1778), il est en relation avec toute I'Europe : Frederic II, Catherine de Russie, les rois de Pologne, de Suede, du Danemark. II ecrit surtout a Paris, ou Thieriot (son ami de toujours) et d'Argental font jouer ses pieces, ou d'Alembert, Helvetius, Condorcet-> diffusent sa prose, ou Choiseul et Turgot le protegent de leur influence. En 1764, Voltaire poursuivit son oeuvre de reflexion avec le Dictionnaire philosophique. Le choix de la forme du dictionnaire illustre bien I'ambition que les Lumieres avaient d'embrasser la totalite des connaissances humaines. A I'origine le Dictionnaire philosophique devait etre une refutation rationaliste de I'Ancien et du Nouveau Testament, mais il fut augmente par son auteur, qui y joignit des articles defendant les idees de progres, de justice et de tolerance. En 1765, il obtient la rehabilitation de Jean Calas. Á quatre-vingt-quatre ans, Voltaire fait un retour triomphal á Paris en février 1778. Cest le 30 mars qu'il recoit I'hommage de I'Academie francaise et qu'il est porte en triomphe par la foule pour aller assister á la sixiěme representation ďlrěne' sa derniěre tragédie. II meurt le 30 mai 1778 á Tangle de la rue de Beaune et du quai Voltaire dans I'hotel du Marquis de Villette. Le cure de saint Sulpice refuse de I'inhumer, mais garde le silence. Pour lui éviter d'echouer dans un quelconque terrain vague, sa mort toujours gardée secrete, son neveu Mignot, abbé de I'abbaye de Selliěres, le transporte dans un fiacre, en catastrophe (la dépouille étant assise, poudrée et perruquée, ligotée á sa banguette) jusqu'a I'abbaye, pres de Romilly sur Seine. L'inhumation a lieu dans I'abbatiale, le 2 juin, aprěs une nuit veillée par les moines. Pari gagné puisque I'interdiction ďobsěques religieuses émanant de I'eveque arrive juste un peu plus tard ! Le 8 mai 1791, les officiers municipaux de Paris, sur la requéte du marquis de Villette, neveu par alliance de Voltaire, demanděrent á I'Assemblee le transfert des cendres de I'abbaye de Selliěres. L'abbaye de Selliěres venait d'etre vendue, il y avait urgence, car le departement de I'Aube, le club des Jacobins de Troyes et la municipalitě de Romilly songeaient á se partager les ossements. Le décret rendu et I'exhumation faite, le directoire du departement de Paris fut charge du transfert et de I'ordonnance du cortege. Aprěs un séjour dans I'eglise de Romilly dont le cure constitutionnel le régala d'une oraison funěbre et des vépres des morts, le corps de Voltaire se mit en branle le 5 juillet sur un char attelé de quatre chevaux blancs caparagonnés de violet. On gagna Nogent et Provins, le 6 ; Nangis, le 7 ; Guignes, le 8 ; Brie-Comte-Robert, le 9 ; enfin le 10 au matin on se mit en route, et aprěs un arret á midi á Créteil on entra dans Paris á la nuit close. La ceremonie révolutionnaire eut lieu le 11 juillet 1791, avec le transfert de ses cendres au Pantheon. II faut noter qu'elle se déroula sans la participation du clergé et que Mirabeau, premier á y étre rentré mais en est expulsé en 1794, ce qui fait de Voltaire le premier occupant dans la durée du temple républcain. Voltaire a écrit les oeuvres suivantes: • Oedipe, 1718 • La Henriade, 1728 • Histoire de Charles XII, 1730 • Brutus, 1730 • Zaire, 1732 • Le temple du goůt, 1733 Voltaire il • Lettres philosophiques, 1734 • Adelaide du Guesclin, 1734 • Mahomet, 1736 • Mondain, 1736 • Epitre sur Newton, 1736 • Traité de métaphysique, 1736 • L'Enfant prodigue, 1736 • Essai sur la nature du feu, 1738 • Elements de la Philosophie de Newton, 1738 • Zulime, 1740 • Le fanatisme ou Mahomet le prophěte, 1741 • Mérope, 1743 • Zadig, 1748 • Le monde comme il va • Nanine, ou le Péjugé vaincu, 1749 • LeSiecle de Louis XIV, 1751 • Micromégas, 1752 • Poěme sur le désastre de Lisbonne, 1756 • Essai sur les moeurs et l'esprit des Nations, 1756 • Histoire des voyages de Scarmentado écrite par lui-méme, 1756 • Candide ou l'Optimisme, 1759 • La Pucelle d'Orleans, 1762 • Ce qui plait aux dames, 1764 • Dictionnaire philosophique portatif, 1764 • Jeannot et Colin, 1764 • De I'horrible danger de la lecture, 1765 • Petite digression, 1766 • Le Philosophe ignorant, 1766 • Traité sur la tolerance, 1767 • L'ingenu, 1767 • La Princesse de Babylone, 1768 • Les lettres de Memmius, 1771 • II faut prendre un parti, 1772 • Le Cri du Sang Innocent, 1775 • Del'äme, 1776 • Dialogues ďEuhéměre, 1777 • Correspondance avec Vauvenargues, établie en 2006 Les Lettres philosophiques Lettres philosophiques de Voltaire - résumé Résumé - Lettres philosophiques Elle se compose de vingt-cinq lettres qui abordent des sujets assez varies : la religion, les sciences, les arts ou la Philosophie (de Pascal notamment). II est evident que cet ouvrage est destine ä un peuple plus ou moins cultive, capable de lire mais necessitant une certaine education poussee, par la fagon dont il est ecrit. On a ici une suite de lettres, et qui dit lettres, dit forcement destinataires. II apparait que ces lettres ne sont pas des lettres personnelles qui auraient ete envoyees ä certaines personnes en particulier, mais que ce sont des lettres ouvertes, destinees ä etre lues par un plus grand nombre grace ä leur parution sous forme d'un livre 12 Sommaire * 1 La religion * 2 La politique * 3 La Philosophie * 4 Liens externes La religion Voltaire aborde tout d'abord le theme de la religion dans les lettres I ä VII. II passe en revue quelques unes des religions qui l'entourent: les quakers (lettres I ä IV), les anglicans (V), les presbyteriens (VI), et enfin les sociniens (VII). Dans les quatre premieres lettres, Voltaire decrit les Quakers, leurs coutumes, leurs croyances et leurs histoires. II apprecie la simplicity de leurs rites : point de bapteme (« nous ne pensons pas que le christianisme consiste a Jeter de I'eau froide sur la tete » (I)), ni de communion (« point d'autre que celle des cceurs » (I)), ni encore de pretres (« Vous n'avez done point de pretres lui dis-je ? - Non, (...) et nous nous en portons tres bien » (II)). La lettre V est consacree ä la religion anglicane, qu'il estime meilleure que la catholique (« le clerge anglican est plus regie que celui de France »), mais qu'il critique tout de meme (« Le clerge anglican a retenu beaucoup des ceremonies catholiques, et surtout celle de recevoir les climes avec une attention tres scrupuleuse. lis ont aussi la pieuse ambition d'etre les maitres. »). Sa lettre VI permet ä Voltaire d'attaquer les presbyteriens, selon lui intolerants (« un presbyterien d'Ecosse (...) donne le nom de la prostituee de Babylone ätoutes les eglises od quelques ecclesiastiques sont assez heureux pour avoir cinquante mille livres de rente »), mais aussi trop stricts (« il est defendu ce jour-lä de travailler et de se divertir, ce qui est le double de la severite des eglises catholiques ; point d'opera, point de comedies, point de concerts ä Londres le dimanche ; les cartes meme y sont si expressement defendues ») Enfin, dans sa lettre VII, il ne se prononce que peu sur cette religion, pourtant proche de son ideal deiste. La politique Ensuite, dans les lettres VII a XII, Voltaire evoque le sujet de la politique. L'episode avec le chevalier de Rohan laissa sur Voltaire une empreinte indelebile et a partir de ce moment-la il devint un defenseur de la reforme de la justice et de la societe. Pendant son sejour en Angleterre, il rencontra les intellectuels les plus importants du pays. II fut impressionne par la plus grande liberie d'opinion qu'il y avait en Angleterre et fut profondement influence par Isaac Newton et John Locke. Quand il fut autorise a rentrer en France, Voltaire assura sa situation financiere puis poursuivit sa carriere litteraire en ayant pour but d'etablir la verite, de la publier dans ses ceuvres et d'agir pour la reforme de la societe. Par ses écrits, Voltaire essaya d'amener une reforme des structures sociales et judiciaires de l'epoque. Au XVIII0 siěcle, en France, la totalita du pouvoir était entre les mains du roi et de I'Eglise. L'Eglise enseignait que I'autorite pour determiner ce qui était bon et ce qui était mauvais était entiěrement dévolue au roi par Dieu. Le roi était complětement au-dessus des lois; son bon plaisir était la loi. L'Eglise ineulquait ä la l'opinion generale le respect de la monarchie de droit divin et, en retour, le roi protégeait 1'autorité de 1'église catholique en France. Ainsi, e'etait un systéme de contröle des consciences, et tant que le peuple croyait au droit divin des rois , les rois et I' Eglise , et ceux qui avaient une fonetion ä leur service (les nobles et le haut-clergé) maintenaient leurs privileges par rapport au reste de la population. Dans la Lettre X, intitulée 'Sur le Commerce', Voltaire fait 1'éloge du commerce anglais, des ses bienfaits et de ce qu'il a apporté ä la nation anglaise. Selon lui, le commerce a contribué ä la liberie du peuple anglais, et cette liberie ä elle-méme contribué ä l'essor du commerce. Cest également le commerce qui a donné ä l'Angleterre sa trěs grande richesse, et sa trěs grande puissance návale (« Cest le Commerce qui a établi peu ä peu les forces navales par qui les Anglais sont les maitres des mers. »), malgré son apparence plutót pauvre (« qui n'a de soi-méme qu'un peu de plomb, de 1'étain, de la terre ä foulon et de la laine grassiere »). Mais dans cette lettre, Voltaire en profite aussi pour faire la satire des nobles allemands et frangais, qui manquent ďintéréts pour ce type d'entrprise. Pour Voltaire, la noblesse n'a pas forcément un grand röle ä jouer, contrairement aux négociants qui « contribuent au bonheur du monde ». Le Dictionnaire philosophique 13 Le Dictionnaire philosophique ou La Raison par alphabet est une oeuvre de Voltaire, publiee en 1764 sous le titre de Dictionnaire philosophique portatif II a ete concu par son auteur comme une machine de guerre contre « L'lnfame ».(=la religion) Genese Le projet de redaction d'un dictionnaire qui rassemblerait les principales idees du parti philosophique qui aurait germe vers 1750 dans I'entourage du roi Frederic II de Prusse, a la cour duquel vivait Voltaire a cette epoque. L'arrivee a Berlin en 1752 de I'abbe de Prades, collaborateur de I'Encyclopedie, chasse de France pour avoir diffuse les idees du philosophe anglais Locke dans une these de theologie, les aurait conduit a projeter la realisation d'une somme qui, debarrassee de la prudence dont devaient faire preuve les encyclopedistes francais, aurait devoile sans fard au public les idees des philosophes. Mais cette ceuvre collective ne vit jamais le jour, en raison notamment de la brouille qui eclata entre Voltaire et Frederic II et qui conduisit a la fuite du premier en 17531. Quelque temps plus tard, en 1755-1756, Voltaire est approche par Diderot, et surtout par d'Alembert, qui I'invitent a participer a I'aventure de I'Encyclopedie. II s'enthousiasme pour le projet, recrute des collaborateurs, commande et ecrit des articles. Mais I'article « Geneve », commande et inspire par Voltaire, provoque un enorme scandale a Paris et dans la cite lemanique : les protestants recusent ce texte, qui les presente comme des Deistes, tandis qu'en France la parution de I'Encyclopedie est suspendue. Apres un echange epistolaire entre Diderot et Voltaire, qui le presse de s'exiler, ce dernier interrompt sa collaboration. De toute facon, il en est venu a penser que I'Encyclopedie est trop volumineuse pour etre une arme veritablement efficace2. C'est en 1763 que Voltaire revient ä son idee d'un ouvrage qui condenserait I'essentiel de ses idees philosophiques, morales, politiques et religieuses. II est alors au sommet de sa gloire : historien, dramaturge, poete, polemiste, son influence est telle qu'il est parvenu ä interesser les cercles dirigeants de l'Europe entiere ä I'injustice commise contre un Protestant toulousain, Jean Calas, et ä obtenir qu'un proces en revision soit ouvert. Dans le meme temps, les jesuites sont chasses du royaume de France, tandis que I'Eglise catholique, epuisee apres un siede de querelle entre jesuites et jansenistes, est intellectuellement exsangue. Le philosophe estime que le moment est venu de frapper un grand coup, qui peut-etre sera süffisant pour ecrouler I'edifice : en juin 1764 est publiee, anonymement, la premiere edition du Dictionnaire philosophique portatif, non pas ä Londres, comme il est indique sur l'ouvrage, mais ä Geneve3. II s'agit d'un in-octavo de 352 pages contenant 73 articles, qui vont de « Abraham » ä « Vertu »4. Publication et scandale Apres la publication du Dictionnaire philosophique, Voltaire s'emploie a convaincre ses correspondants qu'il n'a rien a voir avec cet ouvrage qui ne saurait lui etre attribue. Cet acte de 14 prudence obeit a un precepte qu'il avait lui-meme formule : « Frappez, et cachez votre main5 », acte qu'il accomplit d'autant plus volontiers que, selon la legislation de I'epoque, I'auteur d'un texte anonyme ne pouvait etre poursuivi que s'il en avouait la paternite6. Ces precautions n'etaient pas superflues : des sa parution, I'ouvrage cree le scandale, a Geneve d'abord, ou I'ouvrage est condamne a etre « lacere et brule » comme « temeraire, scandaleux, impie, destructif de la Revelation », sentence mise a execution le 24 septembre 17647. En decembre de la meme annee, c'est en Hollande que le dictionnaire est brule, puis a Berne. Le Parlement de Paris a son tour le condamne le 19 mars 1765, et Rome le met a L'lndex. Enfin, le ler juillet 1766,1'exemplaire du livre de Voltaire que possedait le chevalier de La Barre est achemine de Paris a Abbeville pour etre cloue sur le torse de son proprietaire, et brule sur le meme bucher8. Composition Un dictionnaire portatif Dom Calmet, Tune des cibles favorites de Voltaire dans le Dictionnaire philosophique9, et lui-meme auteur d'un Dictionnaire historique, critique, chronologique, geographique et litteral de la Bible avait ecrit dans la preface de ce dernier que son siecle etait« le siecle des dictionnaires. » Le gout du public pour ce genre d'ouvrages etait tel que Ton en vint meme a ecrire un Dictionnaire des dictionnaireslO. Voltaire, pour sa part, avait collabore a deux d'entre eux : un dictionnaire « de mots », le Dictionnaire de I'Academie francaise (pour lequel il avait redige 117 articles) et un dictionnaire « de choses », L'Encyclopedie, auquel il avait donne 45 articleslO. Sa tournure d'esprit, volontiers analytique, se pretait bien a I'ecriture d'articles portant sur des sujets prealablement isoles : les Lettres philosophiques, deja, fonctionnaient sur le meme principell. C'est ce meme esprit analytique qui poussait I'homme de Ferney a chercher la concision la plus grande possible, a chasser les digressions, a concentrer le trait. C'est ce principe de concision qui I'avait conduit, en 1733, a proposer de condenser en un seul volume le Dictionnaire historique de Bayle, ce qui avait provoque un certain emoil2. C'est encore lui qui I'amene a se plaindre que Ton exige des articles longs pour I'Encyclopedie. D'ou I'idee de publier un dictionnaire, mais portatif. Le « portatif » etait lui aussi a la mode a cette epoque : une trentaine etaient parus entre 1738 et 1763, embrassant tous les domaines du savoir: il existait un Dictionnaire portatif de cuisine, un Dictionnaire portatif de jurisprudence... Et meme un Dictionnaire philosophique portatif paru en 1756, du a un certain Chicanneau de Neuville (le sous-titre, Essai sur les moyens de se rendre heureux, indique que le projet en etait d'une toute autre nature que celui de Voltairel3). Le format des portatifs (en general in-douze) presentait deux avantages : d'une part ils etaient tres maniables, d'autre part ils etaient bon marche. Deux avantages qui ne pouvaient que seduire Voltaire, qui esperait en la diffusion la plus large possible des idees des philosophes, role que 15 1'Encyclopédie, pour les raisons inverses, ne pouvait remplir efficacement. II s'en ouvrit sans détour dans une lettre de 1756 ä D'Alembert: « Je voudrais bien savoir quel mal peut faire un livre qui coute cent ecus. Jamais vingt volumes in-folio ne feront de revolution; ce sont les petits livres portatifs a trente sous qui sont a craindre. Si I'evangile avait coute douze cent sesterces, jamais la religion chretienne ne se serait etablie!4. » Structure du Dictionnaire philosophique L'ouvrage se presentant sous la forme d'un dictionnaire, son organisation obeit evidemment a la logique de I'ordre alphabetique, et n'exige done « pas une lecture suivie », ainsi que le precise Voltaire dans sa preface a I'edition de 1765 du Dictionnaire. II a pourtant ete repere dans l'ouvrage des indices d'une volonte de structuration du propos plus poussee que la seule obeissance au simple arbitraire alphabetique. Cest ainsi par exemple que les premieres phrases de I'article « Anthropophages » (« Nous avons parlé de I'amour. II est dur de passer de gens qui se baisent, á des gens qui se mangent ») fonctionnent comme une transition avec I'article precedent (« Amour »). De facon proche, la fin de I'article « Amitié » (« Nous en reparlerons ») annonce I'article « Amour nommé socratique »15. De maniěre plus explicite encore, I'article « Chaíne des évěnements » indique qu'il se prolonge dans I'article « Destinée »16. Qui plus est, le fait que l'ouvrage debute par I'article « Abbé » et se termine par I'article « Vertu » n'est sans doute pas un fait de pur hasard, mais témoigne vraisemblablement d'une intention programmatique!7. Essai sur les moeurs et l'esprit des nations C est une ceuvre de Voltaire, publiee pour la premiere fois dans son integralite en 1756. Cette ceuvre monumentale, qui comporte 174 chapitres et plusieurs volumes de la Collection des oeuvres completes de M. de Voltaire publiee ä Geneve par Cramer en 1756, est le resultat d'une quinzaine d'annees de recherche effectuees par Voltaire ä Cirey, ä Bruxelles, ä Paris, ä Luneville, en Prusse, en Alsace et ä Geneve. En 1769, La Philosophie de l'histoire (1765) devient le « Discours preliminaire » de I'Essai. Voltaire revisera le texte jusqu'ä sa mort en 1778. Dans cette ceuvre, Voltaire aborde l'histoire de I'Europe avant Charlemagne jusqu'ä I'aube du siecle de Louis XIV, en evoquant egalement celle des colonies et de I'Orient. L'Essai constitue l'une des pieces mattresses de la Philosophie des Lumieres Voltaire: Historien 16 Voltaire a voulu que I'histoire soit philosophique et n'a cessé de faire avancer parallělement ses travaux historiques et ses reflexions sur les méthodes et les objectifs de I'historien. Parti d'une conception épique et dramatique, qui a pu faire dire que la Henriade était une histoire en vers et I'Histoire de Charles XII une tragédie en prose, il a voulu ensuite faire le tableau d'un moment de haute civilisation dans un pays (le Siěcle de Louis XIV), puis retracer I'histoire de la civilisation dans I'univers entier, en commencant au point oú Bossuet avait arrété son Discours sur I'histoire universelle. Voltaire voit agir dans I'histoire trois sortes de causes : les grands hommes, le hasard et un determinisme assez complexe, oú se combinent des facteurs matériels - comme le climat et le temperament naturel des hommes - et des facteurs institutionnels, comme le gouvernement et la religion. De ces derniěres causes, il ne cherche pas ä déméler le « mystěre » : il lui suffit d'affirmer que tout s'enchame. Le hasard est ce qui vient dérouter les calculs humains, les petites causes produisant les grands effets. Ici encore, Voltaire est en garde contre une explication trop ambitieuse de I'histoire. Quant aux grands hommes, ils peuvent le mal comme le bien, selon leur caractěre et selon le moment oú ils apparaissent. Ceux qui comptent aux yeux de I'historien sont ceux qui ont conduit leur pays ä un sommet de civilisation : Pericles, Philippe de Macédoine et Alexandre le Grand dans la Grěce antique; César et Auguste ä Rome; les Médicis au temps de la Renaissance italienne ; Louis XIV dans la France du XVIIe s. Historien humanisté, Voltaire a établi un ordre de valeurs dans les objets dont s'occupe I'histoire, mettant au premier rang le bonheur sous ses formes les plus évoluées. II a ainsi fait apparaitre un progres que I'historien ne doit pas seulement constater, mais auquel il doit contribuer en inspirant I'horreur pour les crimes contre I'homme. Au récit des actions commises par les « saccageurs de province [qui] ne sont que des héros » (Lettre á A.M. Thiriot, 15 juillet 1735), il a tenté de substituer le récit d'une action unique : la marche de I'esprit humain. C'est une veritable histoire globale qu'ambitionne Voltaire dans VEssai sur les mosurs, et il ne faut jamais I'oublier quand on pointe tel raccourci ou erreur grossiere. Dans le troisieme volume paru, qui correspond aux chapitres 38-67, il s'interesse au Moyen Äge de I'avenement d'Hugues Capet ä I'execution de Jeanne de Naples en 1382. Compte tenu de I'importance que le temps des croisades prend sous la plume de Voltaire, les editeurs ont eu la bonne idee de demander ä un medieviste emerite, Michel Baiard, de rediger une etude preliminaire sur « Voltaire et le Proche-Orient des croisades ». Voltaire avait d'ailleurs, comme ä I'accoutumee, teste les reactions du public en laissant paraTtre dans des periodiques, des 1745-1746, des fragments de YEssai, puis les chapitres centres sur les croisades sous le titre d'Histoire des Croisades. D'un point de vue general, le poids du religieux est considerable dans l'economie generale de I'ceuvre, Voltaire traquant la « superstition » sous toutes ses formes. Michel Baiard regrette l'oubli de « la brillante « renaissance » du douzieme siede et [de] l'essor des universites au siecle suivant », mais le Voltaire historien est d'abord un Voltaire essayiste et polemiste dont les partis pris sont permanents et qui ne manque pas une occasion de tenter de debusquer « l'infäme ». II prend done deliberement pour cible I'lnquisition et oppose clairement le 17 raffinement et la tolerance d'al-Andalus - promis a un bel avenir historiographique- a la barbarie et a I'intolerance des Chretiens. Dans son etude des croisades au Levant, « vaste tableau des demences humaines », Voltaire ne s'embarrasse pas de la prise en compte du moteur spirituel et de la recherche du salut. II voit dans les Croisades une guerre de conquete voulue par le Saint-Siege contre le « mahometisme ». Voltaire n'hesite pas a s'eloigner du Levant pour s'interesser a Gengis Khan et a ses conquetes. Son gout du portrait marque d'ailleurs I'ensemble de YEssai. Que Voltaire ait cree le terme de « Philosophie de l'histoire » est autant la marque de culture rhetorique que celle d'une originalite. Cette culture est ä entendre comme le fruit d'une formation humaniste, au sens recu de la tradition ciceronienne qui I'aura acquise, comme sa generation, dans I'application du « regime des etudes » (ratio studiorum) de ses educateurs jesuites. Le titre de I' Essai indique d'emblee que nous n'avons ä considerer que les « principaux » evenements : Essai sur les mceurs et l'esprit des nations, et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'ä Louis XIII. II s'agit de connaTtre la nature de cette grandeur qui fait les « principaux faits », le caractere des « grands hommes », des « grandes oeuvres », voire des « grands siecles » et nous comprenons bientot que la grandeur d'un conquerant, pour Voltaire, est dans sa capacite ä legiferer, celle d'une civilisation dans sa capacite ä reproduire, transmettre et perfectionner les science et les arts, d'oü naTt la correction toujours necessaire des passions humaines. 18