L'Information Grammaticale Etude de style : cinquieme lettre philosophique de Voltaire Anne-Marie Perrin-Naffakh Citer ce document / Cite this document: Perrin-Naffakh Anne-Marie. Etude de style : cinquieme lettre philosophique de Voltaire. In: L'lnformation Grammaticale, N. 39, 1988. pp. 26-29. doi : 10.3406/igram.1988.2029 http://www.persee.fr/doc/igram_0222-9838_1988_num_39_1_2029 Document genere le 27/09/2015 ©@© ETUDE DE STYLE: CINQUIĚME LETTRE PHILOSOPHIQUE DE VOLTAIRE Anne-Marie PERRIN-NAFFAKH 1 A ľégard des moeurs, le clergé anglican est plus regie que celui de France, et en voici la cause: tous les ecclésiastiques sont élevés dans ľuniversité d'Oxford ou dans celie de Cambridge, loin de la corruption de la capitale; ils ne sont appelés aux dignités 5 de I'Eglise que trěs tard, et dans un áge oú les hommes n'ont d'autre passion que ľavarice, lorsque leur ambition manque ďaliments. Les emplois sont ici la recompense des longs services dans I'Eglise aussi bien que dans l'Armée; on n'y voit point de jeunes gens évéques ou colonels au sortir du college. De plus, les prétres sont presque tous mariés; 10 la mauvaise grace contractée dans ľuniversité et le peu de commerce qu'on a ici avec les femmes font que d'ordinaire un évéque est force de se contenter de la sienne. Les prétres vont quelquefois au cabaret, parce que I'usage le leur permet, et s'ils s'enivrent, c'est sérieusement et sans scandale. 15 Cet étre indéfinissable, qui n'est ni ecclésiastique ni séculier, en un mot ce que ľon appelle un abbé, est une espěce inconnue en Angleterre; les ecclésiastiques sont tous ici reserves et presque tous pedants. Quand ils apprennent qu'en France de jeunes gens, connus par leurs debauches et élevés ä la prelatuře par des intrigues de femmes, 20 font publiquement ľamour, s'égaient ä composer des chansons tendres, donnent tous les jours des soupers délicats et longs, et de lä vont implorer les lumiěres du Saint-Esprit, et se nomment hardiment les successeurs des Apôtres, ils remercient Dieu d'etre protestants. Mais ce sont de vilains hérétiques, ä brúler ä tous les diables, comme dit 25 maitre Frangois Rabelais; c'est pourquoi je ne me méle de leurs affaires. VOLTAIRE, Lettres philosophiques (Cinquiéme Lettre) (in VOLTAIRE, Melanges, texte établi par Jacques Van den Heuvel, Paris, N.R.F.-Gallimard, 1965, pp. 15-16) Le theme de ce fragment de la cinquieme Lettre philoso-phique de Voltaire est expose dans la phrase initiale: com-paraison des conduces morales entre deux clerges, dämontrant en ce domaine la superiority de I'Eglise angli-cane sur I'Eglise de France. Le texte, dont quelques traits rappellent I'appartenance au genre de la Lettre instructive - tömoignage raisonne sur les us et coutumes d'autres pays - presente un double caractere: didactique et polemique. L'explication fournie ä la tenue morale du clergé d'Angleterre amorce et renforce par con-traste la satire du galant abbé ä la mode de France. Et, dans ľun et I'autre volet de ce diptyque, se multiplient les appels allusifs ä une reflexion critique plus large sur la religion et la société. Aprés avoir ótudié les marques d'une prose sérieuse et rai-sonneuse, on observera le jeu des discordances sur lequel se fonde I'ironie du passage. 26 1. UNE PROSE SÉRIEUSE ET RAISONNEUSE La reflexion, posée comme témoignage d'un observateur direct, affirme sa crédibilřté á travers un vocabulaire exact et une syntaxe aux articulations precises. 1.1. L'auteur de la Lettre « Sur la religion anglicane » s'y met moins ouvertement en scene qu'il ne le fait dans d'autres chap'rtres de l'ouvrage(1>. La presence d'un énonciateury est néanmoins assez perceptible pour que le texte s'apparente au genre épistolaire et soří percu comme parole individualisée, situable dans l'espace et dans le temps. Le je de I'epistolier n'intervient pourtant que dans la boutade conclusive (c'est pourquoi je ne me mele de leurs affaires, 25). II accompagne un verbe au present qui designe, plutót qu'une decision instantanée, I'attitude prétendument habituelle de I'emetteur. Cest par la triple occurrence de fadverbe ici (7,11,17) qu'estfourni un repérage spatial, signalant un point de vue particulier. Ici (qui se rencontre dans la phrase ďouverture de la Cinquiěme Lettre philosophique :«Cest ici le pays des sectes») instaure une reference déictique, explicitée par I'environnementtextuel [ici = dans le paysoCi se trouvent un clergé anglican, les universités d'Oxford et de Cambridge...). Ainsi garantie de 1'ambigurté, la designation subjective du lieu ďénonciation présente comme émanant ďune observation directs le témoignage porte sur la réalřté anglaise. Ici, co-référent du circonstanciel enAngleterre (16) situe de sureroft dans une opposition binaire du type ici / « ailleurs »les references á la France [VEglise de France, 2; en France, 18). Ce qui aměne le lecteur francais, invité á adopter ce repérage, á considérer de 1'extérieur les usages qui ordinairement l'environnent, ä consentir ä une libře distance critique. 1.2. Notions et jugements sont formulas au moyen ďun vocabulaire précis, conforms aux denominations en usage. Le thěme des moeurs cléricales mobilise deux aires lexicales: champ de ('organisation eeclésiastique, champ des conduces humaines. Au premier registre se rattachent directement Eglise (5, 7), eeclésiastique (2, 15, 17) et sécu//'er(15);clergé^),prětres(9,12),évěques(8,9),abbé (16) et prelatuře (19). S'y adjoignent, par l'analogie ďune institution hiérarchisée, Armee et colonels (8); par affinités referentielles, universitě (3) et college (9), protestants (23) et hérétiques (24). Les sequences implorer les lumiěres du Saint-Esprit, les successeurs des Apótres, ils remercient Dieu (22-23) se reconnaissent enfin comme citations de la Phraseologie dévote. La confrontation de l'anglicanisme avec les pratiques franchises du catholicisme romain est ainsi favorisée par des designations coutumiěres ä ce dernier: prétres, évěques, dignités de l'Eglise (4-5). Plus étendu, le registre de la morale se répartřt distinetement autour de deux poles, positif et négatif. On verra plus loin comment l'ironie perturbe en partie cette opposition axiologique. Corruption (4), passions, avarice (=«cu- pidité ») (6), ambition (7) ressortissent au domaine des vices, qu'illustre dans le second paragraphe la description des moeurs d'un abbé: debauches et intrigues de femmes (19) - dissipation signifiée métonymiquement par les trois propositions suivantes [font publiquement ľamour, s'égaient ä composer des chansons tendres, donnenttous les jours des soupers délicats et longs, 19-21). La vertu est caractérisée par réglé (2), reserves (17), sérieusement et sans scan-dale (13-14); vocables modérés, et d'autant plus éloignés desdithyrambes en style édifiant qu'ils interviennent dans un cc-texte qui relativise leur teneur élogieuse (le clergé anglican est plus regie que celuide France; s'ilss'enivrent / c'est sérieusement et sans scandale ; les eeclésiastiques sont tous ici reserves /etpresque tous pedants). 1.3. II appartient ä la structure grammaticale du texte d'élever au niveau de la demonstration, ou de la diatribe, ce qui pourrait n'étre que description sommaire de deux eléricatures. Ľapproche intellectualisée des faits considérés se marque dans les formes généralisantes. Le temps verbal seul employe est ľindicatif present. A l'exception de deux presents de permanence, dans des énoncés á portée universelle (dans un äge oů les hommes n'ont ďautre passion que ľavaríce, lorsque leur ambition manque d'aliments, 5-6) et d'un transfert par figure (comme dit maitre Franqois Rabelais, 24) PI, le present renvoie ä une temporalité élargie, englobant pour le moins ľépoque contemporaine de l'auteur, et suggérant une durable validřté des observations consignees. Ceci, tant pour les usages anglicans (décrits par une majorite notoire de passifs ou de formes assimilables á des passifs: est réglé, 2; sont élevés, 3; sontappelés, 4; sontmariés, 9; est forcé, 11; vont,permet, s'enivrent, 12-13; Quand ils apprennent [...] ils remercient Dieu, 18, 23) que dans le portrait quasi-topique des abbés mondains {font publiquement ľamour, s'égaient, donnent, vont, se nom-ment, 20-22). Quelques circonstanciels renforcent (tous les jours, 21) ou tempérent sans la contredire (ďordinaire, 11 ; quelquefois, 13) cette saisie ďune realite dans ses constan-tes significatives. Ce ä quoi contribuent par ailleurs les indéfinis (un évéque, 11; de jeunes gens, 18), ľarticle défini ävaleurgénérique(/esŕJo/7?mes,5 J'usage, 13; la prelatuře, 19), et les morphemes de globalisation (fous les eeclésiastiques, 3; les prétres sontpresque tous mariés, 9; les eeclésiastiques sont tous reserves et presque tous pédants, 17-18). Ľindéfinttion du pranom on permet de le faire commodément référer ä un sujet variable (la société anglaise, les gens) susceptible ďenglober l'auteur, et tout lecteur adoptant son point de vue (on n'y voitpoint de jeunes gens évěques, 8; le peu de commerce qu'on a ici avec les femmes, 11 ;enun mot ce que ľon appelle un abbé, 16). A 1'égard de (1), en void la cause (2) se reconnaissent ďemblée comme articulations du discours savant, que rap-pellent aussi la transition par De plus (9) et - suivant une (1)Alnsl, la forme autoblographique donnée ä la Premiére Lettre: «l'allai trouver un des plus célěbres quakers ďAngleterre [...]. (2) Le verbe dit est Interpretable comme passe simple, ou blen, par un enallage de temps tres usuel, comme present: la parole d'un auteur, definltivement flxee dans ses ecrits, est virtuellement contemporaine de toute mention ou citation qui en est falte. 27 logique ironique - les conjunctions ma/s, c'estpourquoi (23, 24). En fait, hypotaxe et parataxe s'associent dans le texte suivant une double tendance á I'explicitation et á 1'économie. Explicitation: par la paraphrase du circonstanciel trěs tard (5) au moyen ď un segment á expansion relative {dans un age oil les hommesn'ont d'autrepassion queI'avarice, 5-6) et ďune subordonnée temporelle {torsque leur ambition manque d'aliments, 6); par la construction completive font que (11), notionnellement equivalents á une subordination conséquentielle; ou encore par les subordonnées causale (parce que I'usage le leur permet) et conditionnelle (s'ils s'enivrent) groupées, par un dispositif en chiasme, dans la phrase qui conclut, de facon quelque peu paradoxale, I'examen des assises de la moralitě anglicane. Economie cependant, dans la mesure ou le recensement de ces usages implique, entre les informations consignees, des relations non seulement de cumul dans une série énumérative (« en outre », «qui plus est» les přetřes vont quelquefois au cabaret, 12), mais un encháínement de causes á consequences. II appartient au lecteur de reconstituer un raisonnementdéductif entre les propositions des lignes 4 á9 (« done »ilsnesontappelésauxdignitésdel'Eglise que trěs tard [...]. « Done »les emplois sont id la recompense des longs services [...];«de sorte qu'» on n'y voit point de jeunes gens évéques ou colonels au sortir du college). Implicite, mais peu contestable, cette logique interne valorise la coherence du systéme exposé. [.'alliance de la subordination et de la coordination trouve une application remarquable dans la longue phrase des lignes 18 á23. La periodě oppose une volumineuse protase embottant dans une subordonnée circonstancielle (Quand ils appren-nent) une série de complétives dont le parallelisms est resserré par Pellipse de la conjonction introductrice (que [...] de jeunes gens [...] font publiquement I'amour, s'egaient [...], donnent [...], ef de lá vont implorer [...], etse nomment hardiment les successeurs des Apótres) a une brěve apodose (ils remercient Dieu ďétre protestants). Le déséquilibre entre les deux versants de la periodě s'accroit des insertions circonstancielles ou qualitatives qui dilatent la protase (en France, publiquement, tousles jours, hardiment, connus par leurs debauches et élevés á la prelatuře par des intrigues de femmes, tendres, délicats et longs), tandis que la reduction á I'infinttif ďune subordonnée causale (d'etre protestants) sert la concision de I'apodose. Rupture surpre-nante, qui valorise la teneur perturbatrice de la consequence énoncée, et qui fait partie d'une strategie de I'insolence. 2. DES DISCORDANCES IRONIQUES Le plus souvent allusives, elles precedent de I'antiphrase, de rapprochements insolites ou de sous-entendus. 2.1. L'antiphrase, sommairement définie comme inversion du sens obvie, est patente dans la phrase conclusive. La designation péjorante viliins hérétiques (24) est incompatible avec la description laudative des eeclésiastiques angli-cans. Elle conjoint peu congrůment un qualifteatif mondain (= «fácheux », « déshonnéte ») et un mot du vocabulaire théologique (hérétiques): disparité propre á trahir l'inconsistance du jugement. Le discredit n'est done pas projeté sur le referent (le clergé anglican) mais sur les émetteurs supposes ďune opinion inique, les catholiques doctrinaires. La citation qui suit (ä brülerätous les diables, 24) <3) le confirme: par le rappel des pratiques impitoyables et superstitieuses de l'lnquisition, et par invocation de 1'autoritéďun adversaire notoirede 1'intolérance. L'appellatif archaísant maítre Francois Rabelais appelle remémoration de l'anagramme plaisante dont usait l'auteur de Pantagruel («Maistre Alcofribas Nasier»), mais aussi des démélés du dere humanisté avec les « sorbonagres » de son temps. L'appel ä persecution ne peut done étre compris que par derision de I'obscurantisme qui I'inspireratt. Et la resolution qui pretend en découler (e'est pourquoije ne me mele de leurs affaires, 25) est contred'ite par la substance du texte entier, ou plus exactement par la totalitě de la Cinquiěme Lettre philosophique. 2.2. Le rapprochement de vocables renvoyant ä des réalités heterogenes ou habituellement peu compatibles est une technique simple pour signifier la bizarrerie ou la déraison. Tel est le cas dans l'enchainement immédiat du circonstant au sortirdu college avec les attributs évéques ou colonels : conjonction surprenante de titres qui supposent pouvoirs, savoir et vertu avec la totale inexperience juvenile. Le procédé se repete avec l'insertion du mot prelatuře dans un co-texte dévolu á 1'évocation des debauches (élevé ä la prelatuře par des intrigues de femmes). II commande les ruptures qui font percevoir 1'incohérence scandaleuse des moeursďunaboé mondain : une conjonction anodine(ercfe lä, 21) feint ďaligner activités profanes ([...] donnenttous les jours des soupers délicats et longs) et devotions (vont implorer les lumiěres du Saint-Esprit, et se nomment hardiment les successeurs des Apótres). II donne enfin sa teneur contestataire á la proposition ils remercient Dieu ďétre protestants (23), en désignant comme objet ďaction de graces une hétérodoxie plus souvent considérée comme abominable (étre protestants). 2.3. Distorsions ou disparités sémantiques appellent une lecture également vigilante, que requiěrent par ailleurs les allusions critiques disséminées á travers le texte. Allusions oc-casionnelles á Taustérité peu attrayante des moeurs angli-canes par des expressions dépréciatives (la mauvaise grace contractéedans íuniversité, 10; pédants, 18). Allusion plus incisive ä Tincongruité fonciěre de ce que l'on appelle un abbé (16) par la double exclusion ni eeclésiastique ni séculier, et par des formules empruntées aux sciences naturelles (Cef étre indéfinissable, 15; une espěce incon-nue en Angleterre, 16). Denunciation enfin des vices du clergé catholique, á travers la caricature du galant abbé, et (3) Allusion aux suppllces du bucher et de l'enfer répétée dans plusieurs passages de Rabelais, notamment Tlers-Uvre, Chapitre XXII; Quait-Livre. chapltre L 28 plus encore par le biais de tranquilles observations sur les coutumes anglicanes. Inclure parmi les causes de supérioríté morale les constats les prětres sontpresque tous mariés (9), les prětres vont quelquefois au cabaret (12) revient á révoquer les impératifs de celibát et de seclusion, ou plutót de chasteté et temperance. Préciser que ďordinaire un évěque est force de se contenter de sa femme (11-12) suggére a contrario la sensualité sans frein ďautres prélats, tout comme les deux caractérisations inattendues du verbe s'enivrent {sárieusementetsansscandale, 13-14) laissentsupposerde pires reláchements dans Cébriété interdřte. II n'est pas surprenant que la virulence satirique soit la plus vive aux endroits du texte oú s'addrtionnent ces ruptures. Ainsi dans les deux derniěres propositions du portrait ďabbé: ef de lá vont implorer les lumiěres du Saint-Esprit, et se nomment hardiment les successeurs des Apótres (22-23). Alignées sur trois propositions descriptives du liberti-nage mondain (lignes 20-21), ces expressions convenuesde la vie dévote apparaissent factices ou profanatoires: les lumiěres du Saint-Esprit sont inconciliables avec les chansons tendres, comme implorer s'oppose á ťégayer; la dignřté apostolique exclut la galanterie (/a/re publiquement 1'amour, au sens classique de « courtiser»,«étre en commerce amoureux») et les soupers délicats et longs -succédanés sacrileges de la Cěne. Dans ce co-texte, Yadverbehardiment, destitué de ses sěmes posřtifs, n'est pas seulement un qualifiant antiphrastique du verbe se nomment. II vaut comme adverbe de phrase, énoncant au passage la condamnation que I'auteur porte sur une impudence qui est á lafois la negation et la perversion de la bravoure, effronterie ďautant plus infáme que I'usage en garantit 1'impunřié. Et, liée au discredit jeté sur les conduřtes ďun clergé perverti, c'est la mise en doute des croyances mémes qui affleure ici. Lafoi dans le Saint-Esprit, la reverence envers les Apótres sont implicitement désacralisées par leur collusion textuelle avec 1'évocation de 1'imposture et de la turpitude. Lécriture ironique de cette page reste assurément en-deca de la causticité ou de la cocasserie qui animent ďautres passages des Lettres anglaises. L'analyse n'est que plus delicate, de cette prose claire et réguliěre, qui semble se dérober á toute prise d'une recherche ďexpressivřté. Leton sérieux reste predominant dans un écrřt qui se declare « philosophique»: témoignage lucide sur des réalités étrangěres, exercice d'une reflexion critique sans complaisance, mais d'une insolence encore contenue dans le trařte-ment d'un theme qui demeure audacieux, ou périlleux. Sous cette prose exacte et construite, il appartient au lecteur de completer ce qui n'est qu'allusif, de poursuivre les raisonne-ments amorces ou la satire esquissée. Au prix de ce déchiffrage complice se révěle alors, dans le voisinage de deux vocables ou derriěre la feinte evidence d'une ligature syntaxique, un esprit de subversion, désabusé ou sar-donique, dont I'efficacite ne cessera de se confirmer dans I'oeuvre ultérieure. Anne-Marie PERRIN-NAFFAKH Universitě de Bordeaux III 29