Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Historique. http://www.jstor.org Review Author(s): Alain Chauvot Review by: Alain Chauvot Source: Revue Historique, T. 312, Fasc. 3 (655) (JUILLET 2010), pp. 687-689 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23015166 Accessed: 16-03-2016 22:30 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 147.251.6.77 on Wed, 16 Mar 2016 22:30:53 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions Comptes rendus 687 avant J.-C. jusqu'a la fin de 1'Antiquite, et evoque les aspects medicaux, culturels et sociaux en liaison avec le site, l'un des plus celebres de 1'Antiquite romaine. — Sante Bortolami (« Le terme euganee nel Medioevo. Dettagli di un paesaggio fisico e sociale », p. 153-175) indique que la meme zone thermale, encore frequentee a l'epo que de Cassiodore, n'est plus evoquee dans les sources avant le XIIe siecle. A partir du XIIIe siecle, le lieu tres frequente par des curistes de toute origine sociale (parmi lequels des Allemands), devient un site essentiel du thermalisme italien. En conclusion, Xavier Lafon degage les apports du colloque. On peut souligner comme lui par exemple le traitement du sujet sur une longue duree, les donnees nouvel les des fouilles, l'accent mis sur la conception medievale qui privilegie le simple lavage. Ce colloque me semble avoir permis d'autres avancees : des progres dans la connaissance du thermalisme medieval italien developpe a partir du XIIP siecle j la conscience de l'importance des bains ecclesiastiques pour les pauvres au Moyen Age (role des diaconies en particulier)... Certaines suggestions donnent a reflechir, ainsi : l'usage du savon a partir du IVe siecle aurait rendu inutile le complexe parcours des salles des thermes antiques (J.-M. Martin, p. 73); la diffusion des baignoires ou cuves, attestees par les textes et l'iconographie, contribue peut-etre a expliquer la relative rarete des mentions de bains au Moyen Age (E. Hubert, p. 142)... D'autres pistes de recherche s'ouvrent done. X. Lafon propose notamment les criteres politiques, sociaux et economiques de developpement des stations thermales ou le lien entre eau et sacre. II appelle egalement a un autre colloque, 15 ans plus tard, qui prenne aussi en compte l'Antiquite grecque. Toutefois, la place de l'Antiquite romaine elle-meme a ici ete assez reduite. D'autre part, la distinction « bains hygieniques, bains curatifs » n'a pas ete assez interrogee. L'introduction se proposant de verifier sa permanence suppose qu'elle existe sans ambiguite dans l'Antiquite ; X. Lafon estime qu'apres ce colloque se distinguent clai rement ce qui releve des soins medicaux et ce qui releve des pratiques regulieres d'hy giene. Mais les communications abordent peu ces points et il semble pose d'emblee qu'installations thermales = bains curatifs et installations balneaires = bains hygieni ques. Or, si au Bas Moyen Age, les ecrits medicaux indiquent nettement que les instal lations thermales doivent n'avoir qu'un usage therapeutique, les choses ne sont pas si simples pour le reste. En particulier, a Rome, les bains hygieniques ont egalement une utilisation therapeutique indiquee dans la cure des maladies (voir ainsi Celse, I, 7, 1 ; II, 17.. .) et leur utilisation par les bien portants est codifiee par les medecins comme element du regime pour garder la sante. Certaines installations antiques alimentees par des sources apparemment sans vertu particuliere ne se laissent pas facilement clas ser et le critere de la temperature de l'eau (eau thermale = eau chaude) est trop res trictif. J. DeLaine et M. Nicoud eflleurent tres brievement certains de ces sujets et il est dommage que ces points fondamentaux n'aient pas ete debattus. Les ouvrages gene raux de medecine antique que X. Lafon souhaite voir etudier sur les eaux minerales auraient du ou devraient l'etre aussi sur tous les usages medicaux des bains. Patricia GAILLARD-SEUX Michel Rouche, Attila. La violence nomade, Paris, Fayard, 2009, 510 cartes, 16 ill. Attila et les Huns ont fait l'objet dans les sources de mentions relativement nombreuses et abondantes ; pour autant, il ne semble pas que, sauf exception, les auteurs anciens aient bien connu ni surtout compris un monde aussi etranger au leur. This content downloaded from 147.251.6.77 on Wed, 16 Mar 2016 22:30:53 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 688 Comptes rendus Le livre de Michel Rouche en tend lui restituer sa singulante. II se situe a 1 intersection de deux genres : la biographie historique et l'essai thematique. Or le sous-titre offre une clef de lecture qui met en lumiere l'unite de l'ouvrage et servira, mieux que son plan (classique), de fil conducteur a ce compte rendu : la violence nomade. C'est bien en effet d'un type de violence qu'il est question, violence collective mais aussi violence d'un homme qui porte au paroxysme les traits du groupe. Cette violence, telle qu'elle ressort du livre, a deux traits fondamentaux. Tout d'abord, elle traduit une extreme ferocite ; ses manifestations en ont ete suffisamment decrites pour qu'il n'y ait pas lieu de les mettre en cause. Mais surtout, cette violence est reflechie, disciplinee et calculee ; en ce sens elle est authentiquement « terroriste ». C'est a bon droit que l'auteur se refere (p. 231) a la definition donnee par Raymond Aron de Taction terro riste : celle « dont les consequences psychologiques sont sans commune mesure avec le fait objectif. II faut pour cela creer la peur et la panique ». La violence des Huns est « selective » (p. 99), l'objectif etant d'obtenir la soumission. La ferocite vise done a etablir une reputation de terreur qui permettra d'obtenir facilement la reddition de ceux qui se trouvent sur la route ; mais que des villes soient utiles aux echanges des Huns, et elles seront epargnees, comme le sera aussi une partie des villages goths (ibid.). Attila se situe dans la continuite de ces methodes mais leur donne une ampleur inedite. II est, dans la tradition hunnique, un adepte de la « violence reflechie » (p. 233). Mais sa « politique terroriste » gagne en subtilite : elle ne se contente pas de creer des « ondes de panique » avec une grande economie de moyens ou d'epargner les vaincus, elle recompense aussi les peureux (p. 231). L'outil de la violence, la force militaire, possede ce double caractere de semeur d'effroi et de maitrise d'emploi. II repose sur une arme capitale (Tare a double courbure) mais aussi sur une tactique de cavalerie qui revele une forte discipline (c'est ce que montre une lecture attentive d'Ammien Marcellin, XXXI, 2, 8). II beneficie en outre des competences de tous ceux que la violence ou sa menace ont domptes, y compris les transfuges remains qui apportent leur science des machines de siege (p. 140-146), transformant ainsi les rapports de forces entre Romains et Barbares. Mais il faut s'interroger sur les limi tes d'une telle politique : si cette violence peut avoir pour objet l'externe, elle peut aussi s'exercer en interne ; le probleme devient des lors celui de la cohesion d'une societe desormais multiethnique sous l'emprise du roi, alors que les Germaniques soumis subissent l'attrait de deux modeles opposes, celui du nomade, impose par les Huns, et celui du sedentaire, porte par l'Empire remain. Entre l'usage systemati que d'une violence qui peut devenir autodestructrice, et les pratiques d'une societe regulee, le choix, precipite plus que cause sans doute par la mort d'Attila en 453, ira vers la seconde option. Ce serait la l'une des causes de l'effondrement de la domina tion hunnique. En ce sens, et meme si l'auteur n'emploie pas ce terme, sans doute pourrait-on parler d'une implosion de la societe multiethnique a direction hunnique, favorisee par l'apparition des echecs de 451-452. La lecture du livre de Michel Rouche suggere que cette violence, pour efficace qu'elle ait ete a court ou moyen terme, contenait en elle les germes de l'echec a long terme. La violence nomade ne porte pas seulement atteinte a la cohesion, elle est aussi une reponse insuffisante a la question de la perennisation de la domination, meme si Attila a su trouver dans l'Empire des talents individuels aidant au fonctionnement de la « societe de predateurs ». Qu'attendaient les Huns de l'espace imperial (y compris des Barbares qui s'y etaient desormais installes) ? Examiner leur confrontation avec le monde romain impose un difficile exercice, la reconstitution prealable de la vision qu'ils en avaient. Michel Rouche montre bien que, meme si, par definition, aucun document d'origine hunnique ne nous donne reponse a cette question, l'analyse des actions des Huns fait voir qu'ils ont associe une perception aigue de la maniere dont This content downloaded from 147.251.6.77 on Wed, 16 Mar 2016 22:30:53 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions Comptes renaus 689 ils pouvaient tirer profit de l'Empire et une ignorance profonde de traits essentiels de ses ressorts et de son mode de fonctionnement. Les Huns, a la difference des peuples germaniques, ne sont pas, par rapport au monde romain, des emigrants. Ils enten dent d'abord dominer le monde non romain, tout en pillant l'Empire (pour les Huns, ce qui compte c'est la richesse mobiliere, p. 228-229) et en lui vendant des merce naires (p. 120), sans parler des tributs. A la difference de nombre de chefs d'origine germanique, Attila, homme a Vego surdimensionne (p. 390), n'est pas interesse par un haut grade dans l'armee romaine. II ne se soucie pas de conquerir l'Empire romain : il considere, plus simplement, que celui-ci lui appartient (p. 230). Mais de l'Occident ruine, il n'attend pas grand-chose ; c'est le riche Orient qu'il fait payer (jusqu'au refus de l'empereur Marcien en 450, dont les consequences sont sans doute importantes). De ce jeu-la, l'Empire oriental se tire plutot bien : payer le tribut permet d'economi ser des frais militaires (p. 238) - un Attila mieux informe aurait pu faire monter les encheres. Quant a ses entreprises guerrieres vers l'Occident, finalement soldees par une defaite (451) et un repli (452), elles apparaissent tout autant comme des tentati ves de mise au pas de Barbares desormais etablis dans l'espace imperial: l'adversaire romain (occidental) n'est plus, dans la geopolitique du milieu du V siecle, qu'un ele ment secondaire par rapport aux YVisigoths, voire aux Francs. En definitive, le livre ouvre la perspective d'une reponse a une lancinante question : comment mettre en accord la description faite par Ammien Marcellin des Huns a la fin du IV siecle (des errants irrationnels) et leur situation au milieu du Ve siecle (un groupe apparem ment sedentarise pratiquant des raids a longue distance) ? Le texte d'Ammien a ete a l'origine de bien des erreurs et des malentendus. Alors qu'il entendait constituer une vision fondamentale de l'errance, il a durablement impose une conception du nomadisme d'une trompeuse abstraction ; le monde des nomades est autrement plus complexe et, par exemple, ne peut se passer des rapports avec celui des agriculteurs (p. 27-28). Mais, tout sedentarises que soient devenus les Huns d'Attila, le modele dont celui-ci est le porteur reste celui du « nomade triomphant » (p. 252). Pour Attila lui-meme, sa position est celle d'un descendant des dieux (p. 280) dont le pouvoir est fonde sur la violence et la victoire. II y a done un decalage entre un modele se traduisant par la permanence de comportements traditionnels et de certaines formes de representation, et les contraintes qu'imposerait le fonctionnement d'une structure qui aurait du avoir pour objet de se perenniser. Peut-etre faudrait-il voir aussi dans ce decalage l'une des sources de l'effondrement rapide des structures hunniques apres la mort dAttila. Conformement aux contraintes d'une collection qui s'adresse en priorite au grand public, il n'y a pas de notes, mais l'auteur a su inserer dans le corps du texte de nombreuses et substantielles references aux sources ; de surcroit, une precieuse Annexe offre sept textes (Strabon, Tacite, Ammien Marcellin, Jordanes, et surtout l'extraordinaire et celebre recit de l'ambassade de Priscus aupres du roi hun, traduit par l'auteur et jusque-la accessible surtout au cercle etroit des specialistes). Le livre de Michel Rouche couvre des domaines d'une grande diversite et convoque des sources litteraires et archeologiques riches, variees et d'interpretation difficile. Les differents specialistes pourront assurement contester ou discuter telle affirma tion particuliere ou telle definition. II aurait sans doute ete interessant de poursuivre encore davantage la confrontation entre cette violence nomade et les formes et objectifs de la violence telle qu'elle existait aussi dans le monde romain. Mais Ton s'accordera assurement sur le brio de l'ecriture, la pertinence des lignes directrices et la force de la synthese. Alain CHAUVOT This content downloaded from 147.251.6.77 on Wed, 16 Mar 2016 22:30:53 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions