Editions Belin Review Reviewed Work(s): H.D. et le groupe Pool: des avant-gardes littéraires au cinéma « visionnaire » by François Bovier; Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, « Objectivistes » en cinéma by Benoît Turquety Review by: Alain Suberchicot Source: Revue française d'études américaines, No. 126, Théorie américaine: réceptions françaises / American Theory Travels to France (4e TRIMESTRE 2010), pp. 112-113 Published by: Editions Belin Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20876003 Accessed: 11-04-2018 17:35 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Editions Belin is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue française d'études américaines This content downloaded from 147.251.6.77 on Wed, 11 Apr 2018 17:35:08 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Comptes rendus Francois Bovier. H.D. et le groupe Pool: des avant-gardes litteraires au cinema ? visionnaire ?. Lausanne: L'Age d'Homme, 2009. 522 p. Benoit Turquety. Daniele Huillet et Jean-Marie Straub, ? Objectivistes ? en cinema. Lausanne: L'Age d'Homme, 2009. 578 p. Ces deux ouvrages ont en commun d'etre consacres au cinema, et plus specifique ment au cinema qu'on pourrait qualifier d'experimental puisqu'il s'agit des images en general proposees comme accompa gnement dans les expositions thematiques des centres d'art ou des musees d'art moderne. Ce mode d'expression releve effectivement du cinema, mais en quelque sorte corrode par sa proximite avec d'autres modes d'expression visuelle. Ces ouvrages ont egalement en commun de soupeser I'in fluence de quelques poetes qui ont compte dans la tradition moderniste americaine: d'une part Hilda Doolittle, qui aimait les images en mouvement; d'autre part, Louis Zukofsky, Charles Reznikoff, George Oppen ou encore William Carlos Williams, qui ont inspire, au moins d'un point de vue theo rique, les pratiques du cinema d'art et d'es sai, en particulier Poeuvre des cineastes frangais Daniele Huillet et Jean-Marie Straub, deux artisans du cinema qui ont tou jours travaille ensemble. Que des pratiques de cinema aient pu etre inflechies par l'interet des poetes pour I'image et pour un rendu en quelque sorte objectif de I'experience visuelle ne saurait surprendre. L'interet de Hilda Doolittle pour le cinema demeure mai connu et n'est qu'un aspect parmi d'autres de son oeuvre proliferate, que Frangois Bovier examine avec rigueur et probite. Nous apprenons ainsi que H.D. a manifesto beaucoup d'inte ret pour le groupe de production cinemato graphique Pool, qui a fonctionne de 1927 a 1933 apres s'etre constitue en micro-struc ture de production cinematographique et d'edition d'ouvrages d'accompagnement. On entend le mot de ?groupe? dans un sens plus amical que commercial; Pen semble Pool constituait une coterie finan cee par Winifred Ellerman, dite Bryher, longtemps compagne de Hilda Doolittle et fille de I'armateur le plus fortune de Grande-Bretagne dans les annees d'avant guerre. On faisait de Part entre soi, loin des necessites materielles et economiques: le cinema etait alors un art neuf, qui n'avait pas fait ses preuves et qui, encore in statu nascendi, se montrait done susceptible de capter l'interet des poetes d'avant-garde. Ainsi, Hilda Doolittle fut conduite a rediger divers textes theoriques, d'ou ressort non pas tant Pidee d'une identite de moyens techniques unissant le cinema et la poesie qu'une volonte commune de faire oeuvre d'avant-garde, et ou domine Pidee que tout acte createur a une portee visionnaire et intuitive. Pour marquer la nature avant-gar diste de ce cinema exploratoire, Pidee qui sert de fil rouge a Francois Bovier, et qui ne manque pas d'interet, consiste a demontrer que le cinema est un art qui a une tendance profonde au choc et a la fragmentation. Le 112 N? 126 4e TRIMESTRE 2010 This content downloaded from 147.251.6.77 on Wed, 11 Apr 2018 17:35:08 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms COMPTES RENDUS meme processus caracterise le moder nisme litteraire incarne par H.D. et, au-dela d'elle, par toute la tradition dite objectiviste de la modernite poetique americaine, mar quee par I'heritage litteraire d'Ezra Pound. Fragmenter les images, les associer a la faveur d'une rupture, les rapprocher pour faire sens, les marier dans le cadre d'une disjonction, creer des appariements qui seront porteurs de nouveaute, voila en somme la voie de la rupture erigee en art de la composition esthetique. L'elaboration d'une narration continue et la volonte didac tique plus ou moins discrete ne sont plus d'actualite, on I'a compris. De ce point de vue, tant grace au talent de I'analyste qu'en raison de sa capacite a interroger tout un materiau qui n'est guere accessible et dont il a une maitrise absolue, I'etude exhaustive de Frangois Bovier ne manque pas de conduire a une connaissance fine de ce domaine d'activite d'un groupe d'avant garde qui a laisse son empreinte dans I'his toire de la modernite litteraire americaine. Pour autant, cet art de la rupture n'a pas conduit qu'a des delitements ou a Pindiffe rence envers la marche de I'histoire sociale ou societale. Ainsi, on retrouve dans le groupe Pool une figure attachante de la scene culturelle afro-americaine de New York, Paul Robeson, associe a ce projet novateur car il etait aussi comedien. Ce livre interessera done tous les specialistes de cinema et tous les specialistes de poe sie qui reflechissent a la problematique dif ficile de I'esthetique comparee. II permettra de reflechir a une question qui parcourt toutes les pages de cet ouvrage: quels sont les criteres qui permettent de distinguer les arts ? La r^ponse ne saurait etre que com plexe, et il ne fait pas de doute que le livre de Frangois Bovier est a verser au dossier. Bien entendu, on devra aussi se reporter a I'excellent travail de Frangois Brunet, Photography and Literature, paru a Londres en 2009 egalement. BenoTt Turquety donne un ouvrage qui est quelque peu periphSrique du point de vue de la recherche dans le domaine de I'angli cite; mais ce travail de qualite est la pour nous rappeler qu'un peu de comparaison, et des perspectives panoptiques, sont toujours les bienvenues, ce qui est parfois oublie car nous sommes trop arrimes au texte et a la lettre, souvent au mepris du contexte et des donnees d'une epoque, quelle qu'elle soit. La question des formes esthetiques est abordee; de ce point de vue, cet ouvrage est done complementaire de celui de Frangois Bovier. II interessera sans aucun doute plus les specialistes du cinema, qui sont nombreux en etudes americaines, que les specialistes de poesie, meme si, en fin de compte, cet ouvrage est I'occasion de mesurer I'impact que peut avoir la poesie americaine au-dela de son perimetre usuel, ailleurs que dans le petit monde ou les poetes ecrivent pour les poetes. Cet ouvrage demontre aussi que la notion d'ob jectivisme est complexe, qu'elle releve autant de I'objectivite que de la construction d'un objet esthetique, bref qu'elle est issue de la rencontre d'un projet esthetique, d'un moment de formalisation et d'un but qui, aussi bien, peut etre politique ou critique. En outre, ces deux ouvrages demontrent I'excellence scientifique des milieux univer sitaires suisses, ou le gout du travail bien fait, nourri de passion intellectuelle, donne des resultats tout a fait convaincants. Alain Suberchicot (Universite Jean Moulin-Lyon 3) Catherine Collomp and Bruno Groppo, eds. An American in Hitler's Berlin: Abraham Plotkin's Diary, 1932-33. Urbana: University of Illinois Press, 2009. xlix + 206 pp. Even specialists in German-American relations or comparative labour history will not be likely to have come across the name of Abraham Plotkin. This little known American socialist, who spent most of his life as a trade union activist and organiser, decided in 1932 that he would like to see revue franchise d'etudes americaines 113 This content downloaded from 147.251.6.77 on Wed, 11 Apr 2018 17:35:08 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms