Limoges Vous connaissez la ville de Limoges ? Claire Doutriaux vous propose un petit voyage touristique et linguistique. Limoges, donc : Limoges est une ville moyenne située au centre de la France ; quelque 140 000 habitants. Demandons à quelques Français à quoi ils associent cette ville. Limoges ? La porcelaine, bien sûr. D’ailleurs, tout mon service de table est en porcelaine de Limoges. À Limoges, il y a une bien belle gare. Limoges, Limoges... On se fait limoger à Limoges ? Bon. Visiblement, la ville vaut le détour. Vous tâcherez d’arriver par la gare – un étonnant et imposant mélange éclectique d’art nouveau et de classicisme. Construite de 1925 à 1929 par l’architecte Roger Gonthier, elle est en béton armée – une technique révolutionnaire dans ces années là – recouverte de pierres de taille dûment ornementées car on n’allait pas jusqu’au laisser le béton apparent, à l’époque. C’est une gare franchement originale avec son vaste dôme circulaire et son énorme campanile qui fait concurrence à la cathédrale Saint-Étienne ; un campanile à quatre horloges sous une belle toiture de cuivre. Mais la gloire de Limoges, c’est la porcelaine. Ah, la fameuse porcelaine de Limoges ! La découverte, à la fin du 18^ème siècle, de gisements de kaolin à St Yrieix La Perche au sud de Limoges, permit la fabrication de porcelaine dure qui, avec celle de Sèvres, sont les deux porcelaines les plus réputées en France. Mais il existe dans la langue française un mot beaucoup moins glorieux qui fait écho à la ville de Limoges. Ce mot c’est « limoger ». Dans la langue actuelle, quand une personne se fait limoger, elle est congédiée, renvoyée de son travail, tombée en disgrâce car elle a commis une grosse faute. Et le mot limoger vient bien de Limoges. Nous sommes en août 1914. L’armée française est bien à la peine. Elle a déjà perdu du terrain et l’Allemagne mène l’attaque vers la Belgique et l’Alsace-Lorraine. Le général Joffre qui commande l’armée française est au désespoir. Il juge le haut commandement de l’armée incapable. C’est alors qu’une dépêche de ministre de la guerre lui parvient. Le ministre a décidé de mettre à la retraite anticipée les officiers qui ne sont pas à la hauteur de leur tâche. Il suffit qu’un rapport fasse état des critiques à leur égard. Joffre saute sur l’occasion et près de la moitié des officiers tombe en disgrâce. Ils sont envoyés à l’arrière du front notamment dans la région de Limoges, où les combats sont inexistants et donc où leur manque de discernement ne risque pas de causer de gros dégâts. Un officier limogé était donc un officier envoyé dans la Creuse, la Corrèze... Bref, bien loin du front et du combat actif. L’expression est passée dans la langue courante sans que bien souvent on ne se souvienne de son origine. Quant à la ville de Limoges, elle se serait bien passée de cette connotation plutôt négative. 1. De quels matériaux la gare de Limoges est-elle construite ? 2. Quel est le produit le plus fameux de Limoges ? 3. Quand est-ce que le mot « limoger » a été créé ? 4. Qui a été limogé par le général Joffre et pourquoi ? 5. Combien d’horloges le campanile de la gare a-t-il ?