Ondřej Skalák / 474174 FJ1A022 / JS 2020 L’ANALYSE DU POÈME — Le Dormeur du Val — C’est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit ; c’est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Arthur Rimbaud Tableau de versification : n^o Vers I II III IV V VI VII 1 C’est un trou/de verdure//où chan/te une rivière 12 6+6 A f H R C 2 Accrochant/follement//aux herbes/des haillons 12 6+6 B m I R V 3 D’argent ;/où le soleil,//de la mont/agne fière, 12 6+6 A f H R C 4 Luit ;/c’est un petit val//qui mousse/de rayons. 12 6+6 B m I R V 5 Un soldat/jeune, bouche//ouverte,/tête nue[UsW1] , 12 6+6 C f I S V 6 Et la nuque/baignant//dans le frais/cresson bleu, 12 6+6 D m I S V 7 Dort ;/il est étendu//dans l’herbe,/sous la nue, 12 6+6 C f I S V 8 Pâle/dans son lit vert//où la/lumière pleut. 12 6+6 D m I S V 9 Les pieds/dans les glaïeuls,//il dort./Souriant comme 12 6+6 E f I R C 10 Sourirai/t un enfant//mala/de, il fait un somme : 12 6+6 E f I R C 11 Nature,/berce-le//chaudement :/il a froid. 12 6+6 F m I S V 12 Les parfums/ne font pas//frissonner/sa narine ; 12 6+6 G f I R C 13 Il dort/dans le soleil,//la main/sur sa poitrine 12 6+6 G f I R C 14 Tranquille./Il a deux trous//rouges/au côté droit. 12 6+6 F m I S V Légende : n^o = numéro du vers I = nombre des syllabes (il y a toujours 12 car il s’agit d’Alexandrin) II = composition des syllabes (toujours 6+6, comme c’est usuel chez l’Alexandrin) III = type d’alternance de la rime IV = terminaison de la rime – masculine × féminine V = s’il s’agit d’une rime isométrique ou hétérométrique VI = s’il s’agit d’une rime pauvre, suffisante ou riche VII = terminaison de la rime – consonne × voyelle // = la césure Les rimes sont marquées par soulignement. Analyse : Le poème est écrit sous une forme du sonnet italien, il est divisé en deux quatrains et deux tercets. Il se compose des rimes croisées ABAB et CDCD pour les vers 1 – 8, d’une rime plate EE pour les vers 9 – 10 et finalement d’une rime embrassée FGGF pour les vers 11 – 14. Il n’est pas écrit sous la forme classique du sonnet, mais je n’ai trouvé aucune [DEL: irregularité :DEL] [INS: irrégularité :INS] dans le r[DEL: h :DEL] yt[INS: h :INS] me[UsW2] . Il s’agit d’un sonnet impressioniste – la nature est dépeint[INS: e :INS] directement et richement, ce qui est typique pour les impressionistes d’époque. Dans la première strophe, le poète introduit l’environ[INS: ne :INS] ment où l’événement a lieu – le trou dans la verdure à proximité d’un[DEL: e :DEL] fleuve. Le motif de la « verdure » est répété encore dans le septième « herbe » et l’huitième « lit vert » vers, il donne l’impression de la nature où le dormeur se retrouve. « Le trou » reviens dans le dernier vers, où il est presque ironiquement usé pour décrire les blessures mortelles du soldat – on dirait que ces deux vers se répondent. Dans l[INS: a :INS] [DEL: e :DEL] description il y a beaucoup de[DEL: s :DEL] personnifications – « chante une rivière » – [INS: ce qui :INS] [DEL: quoi :DEL] avertit le lecteur du son de la fleuve qui coule le long du val ; « mousse de rayons » et « lumière pleut » parle probablement de la lumière blafarde et diffuse ; « la nuque baignant dans le frais cresson » [DEL: fait :DEL] rappel[INS: l :INS] e[DEL: r :DEL] que « le dormeur » dort sur un lit confortable du cresson, mais à la fois [INS: cela :INS] [DEL: ça :DEL] peut référer à ce qu’il « [DEL: se :DEL] baigne dans son propre sang. » Ce motif de la nature est accentué plusieurs fois – à côté du frais cresson et [INS: du :INS] [DEL: le :DEL] lit vert ce sont aussi les herbes, la montagne au-dessous de laquelle se trouve le val, ou les glaïeuls où [INS: le soldat :INS] [DEL: il :DEL] a étendu ses pieds. La nature décrite me semble très calme, joyeuse, pleine [DEL: des :DEL] [INS: d’ :INS] éléments du printemps, et au contrai[INS: re :INS] [DEL: t :DEL] il y a un soldat qui semble être sans vie. On dirait que la nature est la seule qui dispose de la vie sur la scène donné[INS: e :INS] . [INS: :INS] Dans la deuxième strophe, c’est le dormeur qui nous est présenté, avec une convenable description de sa pose de son sommeil supposé. Avant tout, sa jeunesse et [INS: son :INS] [DEL: presque infantile :DEL] innocence[INS: , presque infantile, :INS] sont accentuées – « jeune, bouche ouverte, » « souriant comme sourirait un enfant malade » ou « pâle dans son lit vert, » mais s[INS: a :INS] [DEL: on :DEL] pâleur peut encore discrètement renvoyer [INS: à la :INS] [DEL: au :DEL] pâleur de la mort. Il est remarqué deux fois que le dormeur dort vraiment, c’est[INS: - :INS] [DEL: :DEL] à[INS: - :INS] [DEL: :DEL] dire dans le septième et huitième vers. Le poète y profite de la similarité du sommeil et [INS: de :INS] la mort – [INS: cela :INS] [DEL: ça :DEL] peut être à la fois un sommeil court, par exemple la sieste après un déjeuner, et la mort permanente. Et c’est la durée infinie de la mort qui donne l’impression du sommeil engourdi. Avec « nature, berce-le chaudement : il a froid, » il [UsW3] renforce le sentiment du pathétisme de ces[UsW4] intentions : il [UsW5] ne peut pas avoir froid, il est mort. Mais le poète ne nous fait découvrir qu’il est mort que dans le dernier vers ; avant [INS: cela :INS] [DEL: ça :DEL] il nous fait croire qu[INS: e le soldat :INS] [DEL: ’il :DEL] s’est juste endormi. Le mot « mort » n’est pas mentionné [DEL: ni :DEL] une [INS: seule :INS] fois – mais le [INS: mot :INS] « dort » ressemble à « mort » [INS: très :INS] [DEL: si :DEL] [INS: fort :INS] [DEL: beaucoup :DEL] , au moins graphiquement. J’ai remarqué que c’est [INS: le :INS] bleu et [INS: le :INS] vert – les couleurs dominantes, ils donnent aussi l’impression de la gaieté et vivacité de la nature. Au contraire on a l[INS: e :INS] [DEL: a :DEL] rouge comme [INS: le :INS] signe du sang, de la vie qui s’échappe du soldat. Structure du poème : Première strophe – l’environment, la nature Deuxième strophe – introduction du soldat endormi Troisième strophe – impression de la maladie, incertitude, crainte Quatrième strophe – la mort Contexte historique : Le poème a été écrit en 1870 pendant la guerre franco-prussienne. Donc il est possible que les images des batailles pouvaient encourager Rimbaud pour écrire un poème qui préviendrait de la guerre ; en même temps il pouvait y mettre ses propres expériences. ________________________________ [UsW1]??? [UsW2]Mais oui, il y en a. [UsW3]qui?? le poète?? [UsW4]ses??? [UsW5]qui?? le soldat???