Laurent Canal Questions méthodologiques de la thèse intitulée : « La notion d’argot dans les corpus électroniques et dans les réactions spontanées des locuteurs francophones. » sous la direction d’Alena Polická. 1. Introduction Pour désigner le français non standard, les locuteurs francophones utilisent souvent le terme argot, parmi beaucoup d’autres comme : langue verte, jargon, voire jargot (SOURDOT, 1991), français non-conventionnel (CELLARD, REY, 1991), parlure argotique (FRANÇOIS-GEIGER, GOUDAILLIER, 1991), etc., afin de simplifier un ensemble complexe d’élaborations lexicales nombreuses et diverses, mais si l’argot semble être une notion évidente pour la majorité des Français, une définition de celui-ci est loin de l’être. Cette problématique est incontournable pour deux raisons. D’une part, il est nécessaire de définir le sujet pour comprendre de quoi il s’agit. De l’autre, il n’est pas moins essentiel d’expliquer la fascination qu’exerce l’argot sur les Français révélée notamment par des réactions d’attirance/répulsion plus subjectives les unes que les autres. Ces deux aspects énigmatiques, l’un lié à la terminologie et l’autre à un sentiment ambivalent, ne facilitent pas la compréhension quant à la portée de ce langage dans la langue française, son dessein et le sentiment qu’il transmet. Les Français peuvent se dispenser de ce savoir linguistique puisqu’ils vivent l’argot comme ils vivent le français. En d’autres termes, ils n’expliquent que partiellement ce qu’est l’argot suivant leur imaginaire linguistique constitué de normes subjectives (HOUDEBINE-GRAVAUD, 2003), mais son usage quotidien montre qu’il s’agit néanmoins d’un instrument de leur langue maternelle leur permettant, entre autres, d’accorder leur discours à diverses situations langagières selon de multiples facteurs. 2. Cadre théorique : En ce qui concerne la définition exacte d’une notion impliquant d’autres notions qu’il faut croiser en permanence… il semblerait que cela relève de l’utopie. Tout d’abord, qu'il soit connu de l'ensemble des Français ou qu'il appartienne à un groupe particulier, l’argot dépend de la langue française et les deux se soumettent à une interpénétration. Ensuite, il obéit à des paramètres divers et complexes : les procédés d’élaboration de l’argot syntaxiques et lexicaux (GOUDAILLIER, 2003) suivent souvent les mêmes que ceux du français (tropes, compositions lexicales, dérivations suffixales, siglaisons, emprunts à d’autres langues, etc.) mais certains lui sont propres comme le verlan ou le loucherbem (CALVET, 1994, 2007). Syntaxiquement dans une moindre mesure, morphologiquement et sémantiquement surtout, il procède à des changements extrêmement variés qui peuvent néanmoins s’assembler naturellement, suivant une pratique langagière commune. Aussi, il est soumis, entre autres, à des variations diachroniques, diatopiques (micro et macro-argot), diastratiques et diaphasiques (CALVET, 1991) que l’on ne peut ignorer car elles sont à l’origine de glissements sémantiques importants et influent aussi sur les définitions des niveaux de langue : populaire, familier, argotique qui paraissent conceptuellement aussi intelligibles que l’argot (COLIN, CARNEL, 1991 ; PODHORNÂ-POLICKA, 2009). Après le « comment », le « quand », le « où » et le « qui », il est nécessaire de prendre en compte le « pourquoi » d’un tel langage, ce qui nous amène à ses diverses fonctions, cryptique à son origine, puis de reconnaissance, de connivence et d’appartenance, de rapidité et de clarté particulièrement dans le vocabulaire d’une profession quelconque, ludique dans le quotidien des Français, et surtout de contournement des tabous imposés par la société (CALVET, 1994, 2007, SOURDOT, 2002). Evidemment, plusieurs de ces fonctions peuvent régulièrement être utilisées simultanément selon le contexte. La liste non exhaustive de ces caractéristiques intrinsèques, de ces propriétés essentielles, qui peuvent s’entrelacer, se combiner, voire s’hybrider de nombreuses façons, complexifie considérablement la résolution du concept-même de l’argot qu’il faudrait, en l’occurrence, comprendre comme un ensemble de règles relatives à différents concepts de la langue française et aux différents locuteurs qui le parlent. Quant à la fascination que l’argot exerce sur les Français, elle est avérée tout d’abord avec la quantité phénoménale de productions dictionnairiques le concernant. Et même si ces dictionnaires n’arrivent pas à s’accorder sur un bon nombre de paramètres, notamment de micro et macro-structures, ils constituent un véritable genre littéraire. Puis il y a nécessairement les nombreuses études linguistiques sur le sujet. Mais ce qui est le plus surprenant, c’est l’approche que chaque Français a de ce langage. Les « puristes » du français, par exemple, le considèrent comme un langage incorrect, « une pauvreté absolue » (BENTOLILA, 2005), comme si l’argot était une langue dissociable de celle dont ils se font une idée relativement personnelle alors que les argotiers et les producteurs d’argot, de façon non moins subjective, le considèrent comme une langue à part entière. Ainsi, comme le rappelle Jean-Pierre Goudaillier, « […] les deux positions, aussi antagonistes puissent-elles être quant à leur point de départ, aboutissent toutes les deux à déconsidérer autrui, celui qui ne parle pas comme soi-même, du seul fait de ses pratiques langagières » (GOUDAILLIER, 1991). Aussi, nous pouvons mentionner que pour les uns son implication dans la langue française appauvrit celle-ci alors que pour les autres, elle l’enrichit. Si nous établissons ces deux visions opposées comme des limites extrêmes, il reste à découvrir dans quelle mesure ces considérations sont partagées par l’ensemble des locuteurs francophones. Chacun d’eux a généralement une idée de ce qu’est l’argot avec plus ou moins de certitude (et souvent peu d’exactitude), ce qui peut expliquer en partie la diversité des réactions, si celle-ci s’avéraient concomitamment liées à la multitude d’idées que les gens peuvent s’en faire. Chacun doit avoir une connaissance immédiate et intuitive de l’argot (notion), et chacun peut en avoir une représentation, concrète ou abstraite (concept). 3. Méthodologie : Il est donc intéressant de faire une recherche de concordances dans les corpus électroniques d’une part, et épilinguistique auprès des locuteurs natifs de l’autre. Par conséquent, ce travail sur les notions et concepts de l’argot peut se décliner de la façon suivante : 1 - Un traitement du sujet de la définition de l’argot et de ses « synonymes » comme « jargon », sachant que le premier est souvent compris comme un sociolecte (langage social) et le second comme un technolecte (langage technique), leur historique, leur évolution dans les XX^e et XXI^e siècles et leur rapport aux diverses disciplines. Cela permet d’établir un constat général sur la définition des concepts argotiques qui sert aussi de base comme élément de comparaison. 2 - Une recherche (en voie d’élaboration) dans les corpus électroniques écrit permettra peut-être de faire le tour du discours métalinguistique. Les informations que cette recherche nous apportera nous permettront d’étayer les définitions, les concepts établis, et d’appréhender les diverses problématiques liées à la terminologie de l’argot. 3 - Une enquête qualitative sur les discours épilinguistiques de l’argot auprès des locuteurs francophones, à partir d’un questionnaire écrit, permet de mettre en relief l’ensemble des notions de celui-ci dans la société. Nous pouvons alors discerner, entre autres, quelle est la dimension que ces locuteurs accordent à l’argot ? quelle approche en ont-ils ? quelle utilisation en ont-ils ? dans quel contexte ? etc. Transversalement, nous prenons en compte un certain nombre de paramètres concernant les personnes qui auront bien voulu répondre à cette enquête, comme l’âge, le métier, le lieu, etc. afin de mesurer les éventuelles variations par exemple. Le questionnaire prévu pour cette enquête nous donne des informations indispensables que nous pouvons croiser. Une enquête quantitative, en questionnant les locuteurs directement à l’oral sur ce qu’est l’argot, dans des lieux publics, peut également nous apporter un grand nombre d’informations. 4 - Une fois les résultats suffisamment probants et représentatifs de cette enquête obtenus, une synthèse en sera faite. Cette dernière sera confrontée aux définitions et aux concepts élaborés de l’argot. Ainsi nous pourrons distinguer dans quelle mesure la terminologie de l’argot est en accord avec une étude de ses représentations dans la population. Nous pourrons, par exemple, envisager un nombre d’informations pertinentes permettant d’élaborer une échelle des fonctions de l’argot (celles qui sont prises en compte, ou du moins celles dont les utilisateurs sont le plus conscient.) Ce travail tend à établir des limites de l’argot et à analyser celui-ci en prenant en compte les diverses représentations afin de discerner le point de vue scientifique du terme et la notion générale que les locuteurs de la langue française s’en font. Nous pourrons faire la part entre ce qui relève de l’intention consciente et ce qui relève de l’inconscient. Peut-être pourrons-nous nous poser des questions telles que : dans quelle mesure peut-on définir l’interpénétrabilité de l’argot et du français ? Que peut-on intégrer dans la notion d’élaborations argotiques, sachant que la plupart de ces dernières sont issues du français ? 4. Recherche dans les corpus électroniques : Les données dans les corpus peuvent aussi être intéressantes et peuvent apporter des informations importantes au niveau quantitatif, même par déduction. Mais la partie sur les corpus n'a pas encore été achevée. 5. Enquêtes quantitative : Les enquêtes se sont réalisées durant l’été 2021 et le mois de mai 2022, dans le département des Pyrénées-Orientales, situé à l’extrême sud de la France métropolitaine. Pour avoir un maximum de possibilité, elles ont été effectuées dans des lieux populaires de rassemblement commerciaux : un marché à ciel ouvert à Elne, petite ville située au sud de Perpignan (2021), deux magasins Décathlon situés à Perpignan (2021), trois vide-greniers à ciel ouvert dont deux à Perpignan, au nord et au sud, et un à Sorède, petit village du sud-est du département (2021). Et le vide-grenier de Toulouges, village à l’ouest de Perpignan (2022). L’ensemble de ces lieux représente une diversité des strates sociales de la région assez représentative et englobe aussi diverses origines régionales de vacanciers et de nouveaux arrivants venus pour le climat et l’environnement (mer et montagnes), notamment des retraités. Les objectifs de l’enquête de terrain : questionner un maximum de personnes au sujet de la notion d’argot, puis, avec l’ensemble des réponses obtenues et après analyses des données, classer les réponses par fréquences et voir quelles sont les récurrences, mais aussi les angles divers (selon un point de vue diastratique, diaphasique, diachronique ou diatopique), les diverses fonctions (cryptique, ludique, de reconnaissance, etc.), quel est leur sentiment, ou l’absence de sentiment, vis-à-vis de cette pratique langagière. Au final, plus de 200 entretiens enregistrés contenant des réponses variées et des informations concernant notamment l’origine des enquêtés ont été obtenus. 97 réponses proviennent de femmes et 105 d’hommes, ce qui donne une parité approximative au niveau des genres. Les différents âges approximatifs concernent toutes les générations. Plus de 120 nouveaux enregistrements datant du mois de mai 2022 viennent aussi s’ajouter à la liste. Et plus de 160 relevés écrits (moins riche du point de vue des échanges et en informations). 84 réponses proviennent de femmes et 78 d’hommes, ce qui donne aussi une certaine parité au niveau des genres. Les différents âges approximatifs de ce vide-grenier couvrent aussi toutes les générations. Les données (excepté les enregistrements de mai 2022) ont été intégrées dans un fichier Excel dans les colonnes de A à Q suivant un ordre d’informations prédéfini (Annexe I). Les informations enregistrées ont été séparées des informations uniquement relevées à l’écrit car ces dernières sont moins précises. 6. L’enquête qualitative : Le questionnaire sur papier, en deux parties (Questionnaire commenté, Annexe II), avait été préparé dans l’objectif d’obtenir un grand nombre d’informations directes (réponses aux questions), et d’informations indirectes (qui demandent une déduction). Les parties ont été distribuées et ramassées au fur et à mesure car le second comportant notamment des QCM pouvait influencer le premier qui se veut plus intuitif. Mais les enquêté(e)s ont eu du mal à arriver jusqu’au bout car le questionnaire était trop long et un peu trop spécialisé pour certains. Environ une trentaine de questionnaires ont été remplis. Comme pour l’enquête quantitative, l’ensemble des réponses, qui seront aussi intégrées dans un fichier Excel, peuvent permettre de relever plusieurs données à analyser. La tâche suivante est de numériser les informations qui sont issues de ces enquêtes selon une classification prenant en compte les paramètres mentionnés afin d’établir une base de donnés suffisamment représentative pour pouvoir en extraire des hypothèses et des conclusions pertinentes qui seront confrontées à celles des recherches terminologiques et conceptuelles. Bibliographie (Travaux cités) : BENTOLILA Alain, Vivre avec 400 mots, article paru dans le journal Le Monde du 19 mars 2005. CALVET, Jean-Louis, L’argot, PUF, coll. Que sais-je ?, 1994, 3^e édition mise à jour 2007. CALVET, Jean-Louis, L’argot comme variation diastratique, diatopique et diachronique, in Denise François-Geider, Jean-Pierre Goudaillier, Parlures argotiques, Langue française n° 90, Larousse, Paris, 1991. CELLARD, Jacques, REY, Alain, Le Dictionnaire du français non conventionnel, Hachette, 1991. COLIN, Jean-Paul, CARNEL, Agnès, Argot, dicos, tombeau ?, in Denise François-Geider, Jean-Pierre Goudaillier, Parlures argotiques, Langue française n° 90, Larousse, Paris, 1991. FRANÇOIS-GEIGER Denise, GOUDAILLIER Jean-Pierre, Parlures argotiques, Langue française n°90, Larousse, Paris, 1991. GOUDAILLIER Jean-Pierre, Argotolâtrie et argotophobie, in Denise François-Geider, Jean-Pierre Goudaillier, Parlures argotiques, Langue française n° 90, Larousse, Paris, 1991. GOUDAILLIER Jean-Pierre, Procédés de création lexicale en français contemporain des cités, in Jean Rousseau, L'invention verbale en français contemporain, Les Cahiers du CIEP, Didier, Paris, 2003. HOUDEBINE-GRAVAUD Anne-Marie (sous la direction de), L'Imaginaire linguistique, L'Harmattan, 2003. PODHORNÂ-POLICKA, Alena, Universaux argotiques des jeunes : analyse linguistique dans les lycées professionnels français et tchèques, Masarykova univerzita, 2009. SOURDOT, Marc, Argot, jargon, jargot, in FRANÇOIS-GEIGER Denise, GOUDAILLIER Jean-Pierre, Parlures argotiques, Langue française n°90, Larousse, Paris, 1991. SOURDOT, Marc, L'argotologie : entre forme et fonction, in La linguistique (Vol. 38), 2002. Annexe I A : La nationalité de l’enquêté(e) : colonne prévue pour les francophones d’autres pays (seulement les réponses de 3 personnes de Belgique et une d’Espagne ont été relevées) B : Le genre de l’enquêté(e) : selon une vision genrée des enquêté(e)s basée sur les caractéristiques biologiques. Ces informations ne dépendant pas d’une question, elles ont été classées selon « l’expression de genre » constatée indépendamment des nouveaux concepts de « l’identité de genre ». C : L’âge des enquêté(e)s : L’âge ne dépendant pas d’une question posée, il a été relevé pour chaque enquêté(e)s selon une approximation visuelle et peut par conséquent, comme l’information précédente, être considérée comme subjective. C’est la raison pour laquelle les âges ont été classés selon des tranches de dix ans jusqu’à 60-80 et plus (l’âge des personnes du troisième âge étant les plus difficiles à évaluer). Ainsi nous pouvons nous rapprocher de l’objectivité en les regroupant par générations. Ces informations peuvent nous permettre de distinguer des variations diaphasiques et diachroniques. D : L’origine régionale des enquêté(e)s : Cette information, relevée pour avoir un aperçu des différents lieux d’origine des enquêté(e)s et de la diversité régionale sur le territoire national, peut nous donner des renseignements divers selon la combinaison des questions, sur la conscience de l’existence ou non d’un argot particulier utilisé, sur les confusions entre les dialectes, patois et argot dans une région donnée (si des récurrences peuvent le laisser présumer). E : Les réponses des enquêté(e)s : Les réponses très variées seront analysées. Toutefois, certaines récurrences peuvent nous amener à une classification des réponses par le nombre pour 100 personnes. F : La date des réponses des enquêté(e)s : La date est une information permettant seulement de situer chaque réponse dans un temps donné, mais elle demeure essentielle pour ce travail. G : Le lieu de l’enquête : Le lieu nous permet d’évaluer un contexte donné. H, I, J : Les enregistrements audio découpés en réponses : Les enregistrements sont découpés en réponses et joint au fichier par un système de lien électronique. Il peut parfois y avoir jusqu’à trois réponses pour une même personne. K : La notion qui ressort de l’information : Les notions peuvent être diverses ou même être déduite. Par exemple, les réponses « patois » ou « dialecte » font référence à un langage régional ou la réponse « C’est un langage d’avant » ou « C'est un langage qui existe depuis déjà Victor Hugo » font référence à l’ancienneté, etc. L : Les fonctions de l’argot relevées : Comme les notions, les fonctions, si elles ne sont pas directement mentionnées, peuvent être déduites. Par exemple, le langage régional fait référence à la fonction identitaire. M : Les variations de l’argot relevées : Les variations de l’argot peuvent aussi être déduites. Diatopique pour « langage régional », diastratique pour « langage populaire », diaphasique pour « langue des jeunes » ou diachronique pour « langage ancien ». N : Les réactions positives concernant l’argot : Même si la majorité est restée neutre, certaines personnes ont manifesté un intérêt particulier pour l’argot. Il était donc intéressant de relever ces informations pour les faire correspondre à notre hypothèse selon laquelle l’argot est discriminé en raison de la mauvaise réputation qu’il véhicule, notamment à cause des définitions dictionnairiques. O : Les réactions négatives concernant l’argot : Comme l’information précédente, celle concernant une certaine répulsion de l’argot est susceptible de confirmer ou infirmer notre hypothèse. P : Les enregistrements des interactions (question comprise) : L’enregistrement des interactions dans leur intégralité permettent de relever les diverses questions posées et dans quel contexte les réponses ont été données. Cela permet aussi d’illustrer les détails mentionnés plus haut sur les aléas liés aux conditions des diverses situations. Q : Les transcriptions : Elles permettent de faciliter la compréhension et plus de praticité. Annexe II Questionnaire N^o1: NOM Prénon (facultatifs) : …………………………………………………………………….. Année de naissance : ______ Lieu d’habitation : …………………………………………………………………………….. Métier/études : ………………………………………………………………………………….. Sexe : Féminin □ / Masculin □ Les informations qui seront données dans ce cadre pourront être utilisées pour prendre en compte l’âge pour les variations diachroniques, le lieu pour les variations diatopiques et le métier, quant à lui, peut nous révéler la connaissance et l’utilisation d’un technolecte et nous donner des indications sur d’éventuelles variations diaphasiques, voire diastratiques. En ce qui concerne le nom et le prénom, il ne semble pas y avoir d’éléments pertinents à retenir de ceux-ci. Idem pour le sexe. Toutefois, pour cette dernière information, il serait tout aussi intéressant de trouver des différences fondamentales que de n’en trouver aucune… 1 - Donnez votre définition de l’argot : Les informations dans cette case nous permettront d’avoir la connaissance immédiate et intuitive de chaque enquêté au sujet de l’argot. L’ensemble des réponses obtenues nous donnera un point de vue général sur la notion d’argot des locuteurs francophones. Il va de soi que les réponses obtenues seront d’une importance capitales puisqu’elles seront directement confrontées aux résultats de nos recherches tant sur le plan terminologique que sur le plan conceptuel. La même question plus nuancée au sujet de « jargon » sera posée dans le second questionnaire pour ne pas influencer la réponse à la question suivante. 2 - Pour quelle(s) raison(s) l’argot est-il utilisé ? Les réponses à cette question nous permettront de mettre en évidence les fonctions comprises de l’argot afin de distinguer celles qui relèvent de l’intention consciente et celles qui relèvent de l’intuition. Aussi, les pourcentages des réponses nous donneront un ordre décroissant de leurs valeurs dans les représentations collectives. De plus, ces réponses nous apporteront des exemples de contextes et de situations langagières concernant l’argot qui nous aideront, de la même façon que pour l’analyse intention/intuition, à distinguer le dessein de l’utilisation de l’argot, le « pourquoi », mais aussi le « quand », le « où » et éventuellement le « qui ». 3 - Quel(s) sentiment(s) éprouvez-vous lorsque vous entendez de l’argot ? Les réponses à cette question nous permettront d’évaluer le ressenti des enquêtés afin de distinguer les taux d’attirance (positif) ou de répulsion (négatif), voire d’une troisième possibilité, l’absence de sentiments (neutre). 4 - Quel(s) sentiment(s) voulez-vous transmettre lorsque vous utilisez l’argot ? Les réponses à cette question nous apporteront, comme les précédentes, des informations importantes sur le type de sentiments transmis, mais aussi sur l’intention consciente d’une telle utilisation. 5 - Dans quel(s) contexte(s)/situation(s) utilisez-vous l’argot ? Ici, les réponses sur le contexte et la situation seront réfléchies et conscientes. 6 - Avec quelles personnes utilisez-vous le plus souvent l’argot ? Cette question et les deux suivantes (7-8) nous aideront à évaluer les variations diaphasiques (si elles sont aussi prises en compte), et éventuellement les variations diastratiques. → 7 - Avec quelles personnes n’utilisez-vous jamais l’argot ? ← → 8 - Parlez-vous un argot différent selon l’âge de votre interlocuteur (enfant, ami, senior,…) ? Si oui, pouvez-vous donner l’exemple d’au moins un terme qui change selon l’interlocuteur ? ← 9 - Pensez-vous que l’argot appauvrit la langue française ou qu’elle l’enrichit ? Pourquoi ? Cette question nous permettra de faire le point sur la perception du rôle de l’argot (positive ou négative, voire « sans impact probant »), de son implication dans la langue française. 10 - Que pensez-vous de cette affirmation : L’argot diffère selon la position sociale des interlocuteurs ? Cette question nous apportera une réaction spontanée nous laissant entrevoir la prise en compte de cette variation diastratique et sous quel angle une approche de cette dernière peut être perçue par un locuteur francophone. ~ Questionnaire N^o2: Le second questionnaire est plus ludique car il comprend des QCM avec des propositions censées éveiller des principes plus ou moins inconscients ou plus instinctifs. 1 - Quel est la différence, s’il y en a une, entre l’argot et le jargon ? L’argot est …………………………………………………………………………………………………….……………………………., alors que le jargon est …………………………………………………………………………………………………….…………... Cette question nous permettra d’évaluer la distinction éventuelle entre le sociolecte et le technolecte chez les enquêtés et quel métalangage ils peuvent utiliser pour expliquer cette différence. 2 - Mettez dans l’ordre, de la principale à la moins importante, les propositions de fonctions de l’argot ci-dessous en les numérotant de -1- à -8-. A - Fonction ludique __ B - Fonction de rapidité __ C - Fonction de reconnaissance __ D - Fonction d’appartenance __ E - Fonction de connivence __ F - Fonction de de contournement des tabous __ G - Fonction de clarté __ H - Fonction cryptique __ Cet exercice est très important car il va nous permettre d’émettre des hypothèses quant à la perception des fonctions de l’argot par les locuteurs et d’établir une échelle des valeurs selon les divers paramètres vus précédemment. De plus, il dévoilera automatiquement aux enquêtés certaines fonctions dont ils n’avaient conscience que partiellement et utilisaient de façon plus ou moins instinctive. La dernière question portera sur cette éventuelle découverte afin de connaître le pourcentage des fonctions ignorées, celles qui le sont plus ou moins et celles qui ne le sont pas du tout. 3 - Quels sont les élaborations lexicales ou sémantiques propres à l’argot -A- et celles qui sont propres au français -F- ? A - Métaphore (argent→blé) __ B - Siglaison (EDF/MDR) __ C - Synecdoque (képis→gendarme) __ D - redoublement d’une syllabe (Titi/bébé) __ E - emprunt à d’autres langues (sandwich/gadjo) __ F - inversion des syllabes (ouf) __ G - resuffixation (Dico/flingueur) __ H - métonymie (lame→couteau) __ I - apocope (cinéma/prof) __ J - acronyme (urssaf/lol) __ Selon la connaissance du métalangage de l’enquêté, des exemples peuvent être rajoutés pour faciliter la compréhension de ces termes. Ceux ajoutés en gris dans la case ci-dessus sont choisis pour ne pas trop influencer les réponses. Seule l’inversion de syllabes peut être considérée comme étant propre à l’argot. Il sera intéressant de mesurer leur subjectivité éventuelle et de remarquer leur point de vue sur des phénomènes qu’ils connaissent sans nécessairement les raccorder à leur langue maternelle. Le résultat de cet exercice permettra peut-être de relativiser les deux positions extrêmes mentionnées plus haut. 4 - Ci-dessous, écrivez des mots d’argot ou de jargon que vous utilisez couramment. Dans la vie quotidienne : Dans la vie professionnelle ou estudiantine : Cette exercice nous permettra de croiser les informations qui en sont issues avec celles personnelles de l’enquêté (âge, métier, etc.) et d’en tirer des correspondances systématiques. 5 - Dans la question 2, quelles fonctions de l’argot connaissiez-vous de manière consciente -C-, quelles sont celles que vous connaissiez de façon plus ou moins inconsciente -I-, et quelles sont celles que vous ne connaissiez pas -?- ?