Adobe Systems FILOZOFICKÁ FAKULTA Ústav románských jazyků a literatur page1image3428931744 Yves Beauchemin : Le matou (Analyse de l’œuvre) Natália Čamajová UČO 494828 Brno 2022 SOMMAIRE Introduction. 3 I. La vie de l’auteur et ses œuvres. 3 II. Les personnages. 4 III. Synopsis. 6 IV. Un roman à la fois réaliste et fantastique. 7 Conclusion. 9 Bibliographie. 10 Introduction Dans les années soixante et soixante-dix du siècle précédent, de nombreux évènements marquants au Québec avaient lieu. La situation et le futur des Québécois au sein du Canada ne s’avéraient pas très bons. À cette époque, Yves Beauchemin commence à écrire ses premiers romans. Étant lui-même victime de ces évènements et des inégalités socioéconomiques, il décide d’exprimer indirectement son mécontentement face à la position des Québécois dans ses ouvrages. De même, l’écrivain souhaite préserver et protéger le patrimoine du Québec, son indépendance, ainsi que la culture et la littérature qui forment une partie importante de ce patrimoine. Dans le présent travail, nous nous consacrerons à l’analyse de son roman intitulé Le matou, un roman qui dépeint les problèmes sociaux, politiques et économiques des Québécois et surtout du prolétariat. Le travail sera divisé en plusieurs parties. Dans la première partie, nous décrirons brièvement la vie de l’auteur et mentionnerons ses premières œuvres. Nous continuerons avec la description des personnages qui sont présents dans Le matou, puis, avec le synopsis, donc avec un bref résumé. Pour terminer, nous tenterons d’analyser l’œuvre d’une manière plus approfondie et nous relèverons les aspects fantaisistes et réalistes. I. La vie de l’auteur et ses œuvres Yves Beauchemin est né le 26 juin 1941 à Rouyn-Noranda, une ville située à l’Est du Québec. Pendant sa jeunesse, il a étudié la littérature française et l’histoire de l’art à l’Université de Montréal. Après ses études, il a d’abord enseigné le français au Collège Garnau et à l’Université Laval, pour ensuite devenir recherchiste à Radio-Québec en 1969. Il est écrivain et auteur de plusieurs romans québécois, tels que L’Enfirouapé, son premier roman aux tendances strictement politiques paru en 1974. Celui-ci lui vaut en 1975 le prix littéraire France-Québec. Entre autre, son deuxième roman paru en 1981, dont il est question dans le présent travail, connu un grand succès non seulement au Québec, mais dans le monde entier. En effet, cette œuvre est devenue un best-seller mondial avec plus d’un million d’exemplaires vendus et a été traduit en plus de seize langues. En outre, le succès qu’a connu cet ouvrage lui a permis de devenir romancier à plein temps et est l’un des auteurs québécois les plus connus. Naturellement, grâce à son succès, il s’est vu décerner plusieurs prix pour cet ouvrage : prix du grand public du Salon du livre de Montréal et le prix des jeunes romanciers du Journal de Montréal en 1981, prix du roman de l’été en 1982 et, finalement, le prix des lycéens du Conseil régional de l’Ile-de-France en 1992. De plus, en 1985, Le matou a été adapté au cinéma par Jean Beaudin. Après le grand succès de Le matou, Beauchemin commence donc sa carrière d’écrivain et écrit plusieurs romans tels que Juliette Pomerleau en 1989, Le second violon en 1996, etc. Son roman sorti le plus récemment, en 2016, s’intitule Les Empocheurs. Pour conclure cette partie, nous considérons important (ou du moins intéressant) de mentionner qu’en 2011, Yves Beauchemin reçoit aussi le prix Ludger-Devernay qui souligne sa contribution au rayonnement du Québec grâce à sa plume. II. Les personnages Dans cette partie du présent travail, nous mentionnerons et présenterons brièvement les personnages principaux de l’œuvre, ainsi que les autres personnages qui entrent dans l’histoire au fur et à mesure. Dans un premier temps, il est essentiel de remarquer qu’il y a un grand nombre de personnages qui sont présents dans l’histoire et qui ont un rôle important pour le développement et la compréhension du livre. Or, l’histoire tourne essentiellement autour d’un petit groupe de personnages, la plupart d’entre eux forment un groupe d’amis. Personnages principaux : Florent Boissonneault : C’est le héros de l’histoire, le protagoniste, il est présent du début jusqu’à la fin. L’histoire tourne principalement autour de ce personnage (ses victoires et surtout ses malheurs, etc.), bien qu’il n’est pas le narrateur (la narration est à la troisième personne du singulier). De plus, le fantastique est vécu justement à travers ce personnage. Florent essaie de trouver sa liberté personnelle, il se révolte contre l’oppression en ne baissant pas les bras à chaque échec. Élise Boissonneault : Épouse de Florent Boissonneault, elle a le même rêve que lui et donc d’être propriétaire d’un restaurant. Elle vit tous les malheurs avec son époux, mais souhaite qu’il ne baisse pas les bras et essaie de se trouver un travail pour ne pas vivre dans la pauvreté absolue. Egon Ratablavasky : Un vieillard riche qui est à la fois omniprésent et omnipotent, c’est le vilain dans l’histoire, un personnage très mystérieux et plein d’oxymores. En effet, il est très gentil et généreux avec Florent pour ensuite lui détruire sa vie. C’est donc le symbole du mal et du pouvoir – grâce à sa richesse, il peut contrôler et détruire la vie des autrui. Plus tard dans l’histoire, nous découvrons à travers l’ouvrage intitulé Un Chrétien debout à l’aube qu’apporte l’abbé Jeunehomme, qu’en réalité le vrai nom d’Egon Ratablavasky est Ernest Robichaud. Il est aussi l’un des deux matous de l’histoire (l’autre étant le chat de Monsieur Émile). Monsieur Émile : Un personnage atypique, plutôt fantaisiste – c’est un garçon de six ans qui souhaite être appelé Monsieur Émile. Il est non seulement pessimiste, mais aussi boit et fume beaucoup ce qui n’est certainement pas commun pour un enfant. Sa mère est une prostituée et il n’entretient pas de bonnes relations avec elle. Conséquemment, il cherche refuge chez les Boissonneault. De plus, il est toujours accompagné de son chat Déjeuner – le matou. Le matou Déjeuner : Déjeuner n’est pas réellement un personnage, mais joue un rôle important dans l’ouvrage, étant donné que le titre du roman renvoi justement à lui (et au gros matou méchant Egon Ratablavasky). Il est le compagnon préféré de Monsieur Émile, qui l’emmène partout avec lui. L’auteur du livre le personnifie, le chat perçoit tous les faits et évènements qui se produisent autour de lui. De plus, il flaire le danger, à savoir Ratablavasky, lui saute dessus et l’égratigne le visage. Les autres personnages de l’histoire : Aurélien Picquot (cuisinier français entretenant un lien très amical avec les Boissonneault), Len Slipskin (l’anglais qui se fait aussi tromper par Egon Ratablavasky), Ange-Albert, l’abbé Jeunehomme, la tante Jeunehomme, le capitaine Galarneau, l’antiquaire et beaucoup d’autres personnages qui entrent dans l’histoire au fur et à mesure. Certains ont un rôle plus important, d’autres ne sont que mentionnés pour former ou compléter l’intrigue et l’histoire. III. Synopsis Afin de se faire une idée du déroulement de l’histoire et comprendre les phénomènes qui s’y produisent (voir infra § IV.), nous décrirons le résumé de l’ouvrage. Or, en prenant en compte le fait que l’histoire seule s’étale sur presque six cent pages, nous ne mentionnerons pas tous les aspects et détails du livre. Toutefois, nous décrirons le début de l’histoire plus en détail, car c’est justement là, où tout le fantastique commence. L’œuvre étudiée commence par une scène de rencontre du vieux Egon Ratablavasky avec Florent Boissonneault. Nous sommes directement plongés dans le fantastique lorsque, sur la rue, une lettre d’une inscription sur la poste tombe sur un piéton et Florent vient lui aider. À ce moment, Egon Ratablavasky apparaît, observe la scène et choisit sa victime avec laquelle il va « jouer », autrement dit détruire sa vie. Quelques jours plus tard, Florent reçoit des colis avec une lettre à chaque fois, ce sont des cadeaux sous forme d’une charade à décoder. Après les avoir décodé, il rend visite à cet inconnu qu’est Ratablavasky et c’est là que l’aventure commence. Ratablavasky lui offre de devenir propriétaire du restaurant La Binerie et donc de réaliser son rêve. Celui-ci, avec un air ravi, accepte. Lorsque le jour J arrive et Florent va récupérer son nouveau restaurant, il apprend que Ratablavasky est mort. Le restaurant prospère, les gens arrivent toujours en plus grande quantité. En outre, un enfant de six ans appelé Monsieur Émile vient tous les jours au restaurant avec son chat Déjeuner. Les forces de Florent commencent à s’affaiblir et pense que c’est à cause du surtravail. Dans un moment de faiblesse, il signe un contrat et laisse le restaurant à l’anglais Len Slipskin (qui s’est allié avec Ratablavasky). Or, Ratablavasky revient de la Tchécoslovaquie, Florent découvre qu’il n’est pas mort et commence à craindre qu’il a été trompé. Effectivement, les médicaments de Florent ont secrètement étaient changés pour que Ratablavasky puisse réaliser son plan avec succès et, donc, de récupérer La Binerie. Florent reste sans travail et vit avec Élise dans la pauvreté, dans le froid et avec leurs autres amis tels que Ange-Albert. Monsieur Émile et son matou aiment passer leur temps avec les Boissonneault, car sa mère est une prostituée et est irresponsable, ce qui est aussi percevable sur le fait, qu’un enfant de six ans boit de l’alcool régulièrement. Quand même, les Boissonneault, et surtout Élise, commencent à l’aimer de plus en plus. Un jour, Élise tomba enceinte et quelques semaines ou mois plus tard, les Boissonneault s’en vont chez la tante Jeunehomme à Key West, en Floride. Bien évidemment, même ici Ratablavasky arrive à les retrouver. De plus, la tante Jeunehomme est aussi riche que Ratablavasky et adopte une attitude similaire. Or, durant ce voyage, grâce à un livre de beauté, Florent essaie de faire fortune mais aura besoin de l’aide de la tante Jeunehomme. Celle-ci lui promet son aide uniquement si Florent arrive à récupérer La Binerie, mais en vain. En outre, Élise fit une fausse couche (perd son enfant). Florent et Élise retournent à Montréal mais peu après déménagent dans une gare déserte dans un village loin de Montréal. Florent y vient faire fortune avec des antiquités qu’il va tenter de trouver chez les villageois. Toutefois, les villageois ne connaissent pas la réelle cause de leur arrivée au village, étant donné que Florent leur a dit qu’il est venu pour restaurer les trains qui n’y passent plus depuis un moment. Monsieur Émile et Déjeuner leurs rendent visite avec le français Aurélien Picquot. À nouveau, son plan de faire fortune en vendant des meubles antiques fut encore un échec après un certain temps et, de plus, Ratablavasky les poursuit et harcèle toujours. Ils n’arrivent pas à se débarrasser de lui. Plus tard, grâce à l’abbé Jeunehomme et le capitaine Galarneau, Florent découvre qu’Egon Ratablavasky n’est pas son vrai nom, mais un certain Ernest Robichaud. Le fait que Florent se renseigne sur la vie d’Egon déplait à celui-ci et prépare un piège. Egon, le gros matou méchant, fait disparaître le matou Déjeuner de Monsieur Émile. Celui-ci parvient à le trouver sur le toit d’un immeuble et y grimpe afin de sauver son matou. Or, Monsieur Émile glisse et meurt. La mort de l’enfant a atteint les Boissonneault, surtout Élise (enceinte à nouveau) qui a voulu l’adopter. Après sa mort, ils décident de déménager, mais une mauvaise surprise les attend lors de leur arrivée. Ils voient, de leur nouvel appartement, le toit duquel Monsieur Émile est fatalement tombé. Le malheur les poursuit donc dès le début jusqu’à la fin de l’ouvrage. IV. Un roman à la fois réaliste et fantastique Dans la présente partie du travail, nous nous consacrerons à l’ouvrage étudié plus en profondeur et analyserons les divers faits et phénomènes qui s’y produisent. Or, nous jugeons important de remarquer que ce livre peut être interprété de différentes manières par chaque lecteur qui décide de se lancer à sa lecture et, conséquemment, peut avoir une vision différente des choses que nous. Premièrement, il est nécessaire de définir de quel type de roman il s’agit pour pouvoir comprendre toutes les circonstances de l’histoire. Le matou d’Yves Beauchemin est un roman à la fois réaliste et fantastique. Effectivement, l’auteur décide d’installer son récit dans des lieux réels, c’est-à-dire qui existent déjà et qui sont très bien connus aux lecteurs. La vaste majorité du roman se déroule dans son pays natal au Canada, plus précisément dans la ville principale de la province du Québec, Montréal. De plus, le roman est délimité par La Binerie Mont-Royal (de l’anglais bean = haricot), qu’est un restaurant réellement situé sur la rue Saint Denis à Montréal. En outre, l’histoire se déroule aussi dans d’autres endroits tels que la Floride aux États-Unis ou dans une petite campagne au Québec. Le fait que l’auteur se soit inspiré des endroits qui nous sont et, surtout, qui lui sont familiers, rends ce roman réaliste. Bien que les locaux où l’histoire se déroule contribuent au fait que ce roman est d’une part réaliste, il y a d’autres aspects qui le rendent réel. Effectivement, les personnages et certaines situations qui sont décrites dans le livre sont aussi inspirés de la réalité et de la situation socio-politique du Québec à l’époque. D’un côté nous avons Florent Boissonneault qui est un type humain proche de la réalité et, de l’autre, les situations qu’il vit avec sa femme renvoient à des situations de désespoir que les gens du Québec ont vécu. Il est plus que possible que l’auteur fait allusion à la situation socio-politique du Québec pendant les années soixante-dix du siècle précédent, à savoir la Crise d’Octobre. Durant cette époque, le taux de chômage était très élevé parmi les Québécois et une grande inégalité socioéconomique s’avérait. Nous pouvons donc mettre en lien cette situation avec l’histoire de Le matou, où le personnage principal, Florent, se révolte contre cette oppression (du pouvoir qu’incarne justement Egon Ratablavasky) dont il est victime. L’auteur montre donc les conséquences des inégalités sociales, d’une société capitaliste, une société défectueuse où ceux qui ont de l’argent, ceux qui possèdent une fortune ont aussi du pouvoir et les classes ouvrières sont exclus. Dans Le matou, Ratablavasky est le maître, il est très riche et, de ce fait, il abuse de son pouvoir en maltraitant ses sujets, ses victimes qui sont destinés à l’assujettissement. Malgré le fait que Florent essaie d’échapper à son destin, de se libérer de ce cercle vicieux ou de cette sorte de « prison » dans laquelle il se trouve, il est voué à l’échec. En effet, l’argent est libérateur, seulement celui qui le possède, possède aussi du pouvoir et peut se permettre de tout. Ratablavasky a entre ses mains la vie des autres, Monsieur Émile y compris. C’est un matou vilain, il parvient à faire mourir Monsieur Émile lorsqu’il essaie de sauver son matou Déjeuner en grimpant sur le toit d’un immeuble. Il y a une sorte de perte d’individualité, un fatalisme qui parcourt cet ouvrage. Puis, en revenant à notre affirmation, l’ouvrage n’est pas seulement réaliste, mais aussi fantastique. Bien que certaines situations, comme mentionné précédemment, sont inspirées et tirées de la réalité, elles sont souvent dépeintes d’une manière fantastique. Tout au long du roman, le lecteur a l’impression qu’il se trouve dans la réalité, alors qu’à certains moments, l’histoire est subitement interrompue par des évènements qui n’ont rien en commun avec le réel, mais sont plutôt fantastiques. Par ces irruptions soudaines d’éléments fantaisistes, Yves Beauchemin réussit à garder la tension, ainsi que l’attention du lecteur qui ne peut pas prévoir ce qui va arriver prochainement. Or, il est difficile de délimiter exactement où commence et termine le fantastique. En outre, nous pouvons comparer Le matou au Le mythe de Faust. Florent Boissonneault représente Faust qui signe un pacte avec le diable Ratablavasky ou Méphistophélès. Le pauvre Florent ne se rend pas compte à ce moment précis qu’il se lie avec Ratablavasky en signant le contrat pour devenir propriétaire du restaurant La Binerie. En effet, il signe un accord et vend son âme au diable. En dépit de ses efforts, Florent ne parvient pas à se libérer de ce cercle vicieux, il est condamné à l’échec et aux malheurs. Conclusion En guise de conclusion, nous avons d’abord brièvement décrit la vie de l’auteur, puis énuméré et décrit les personnages de Le matou pour en arriver au résumé de l’œuvre mais surtout à l’analyse et au repérage des phénomènes réalistes et fantaisistes. Yves Beauchemin parlent dans son œuvre des malheurs et de la situation dans laquelle se trouvent la majorité des Québécois. Il souligne le mal fonctionnement de l’État et de la société qui est moralement défectueuse. En outre, il dépeint cette situation comme une situation sans issue si rien ne change d’ici quelque temps. Les Québécois ne possédant pas de l’argent sont dépendants des riches qui, grâce à leur fortune, ont aussi du pouvoir et peuvent même détruire la vie des autres. Il y a donc une certaine perte d’autonomie individuelle et impossibilité d’échapper au destin. Le matou est une œuvre très complexe avec beaucoup de détails et offre plusieurs interprétations de celle-ci. Les aspects réalistes de l’ouvrage sont brusquement interrompus par le fantastique ce qui peut évoquer différentes émotions chez le lecteur. Or, c’est justement grâce à cela que le lecteur n’arrive guère à anticiper la suite de roman, puis, ceci garde le mystère et le désir de continuer la lecture pour connaître la suite des événements. Bibliographie BEAUCHEMIN, Yves. Le matou. Montréal : Québec/Amérique, 1981. CAGNON, Maurice. The French Review, vol. 55, n. 6, 1982, pp. 920–21. JSTOR. [En ligne]. [cité le 2022-05-19]. Disponible sur : http://www.jstor.org/stable/390683. LAPOINTE, Josée. Yves Beauchemin, romancier pessimiste. La Presse.[En ligne].[cité le 2022-05-20]. Disponible sur : https://www.lapresse.ca/arts/livres/entrevues/201609/28/01-5025270-yves-beauchemin-romancier-pessim iste.php