COURS DEDIDACTIQUE DU FRANQAIS LANGUE ETRANGERE ETSECONDE - edition Un ouvrage de reference pour tous les enseignants, futurs ensei-gnants et chercheurs de f rancais langue etrangere et seconde. A I'image de ses trois versions precedentes, cette nouvelle edition du Cours de didactique du francais langue etrangere et seconde, revue et augmentee, propose une vue generate des connaissances actuelles en FLE et FLES, accompagnee d'un grand nombre d'informations pratiques. Le livre explique comment la didactique du FLE s'est structuree en discipline autonome et s'attache a decrire les diverses situations d'apprentissage et d'enseignement, la classe et ses acteurs. II analyse le domaine methodologique et ses declinaisons (FLE, FLS, FOS, FOU, etc.) ainsi que les concepts et notions qui lui sont attaches : les competences de comprehension et de production, devaluation et les certifications. II explore enfin les outils d'intervention comme la grammaire, le lexique, la litterature, les documents authentiques ou la traduction, et presente quelques-unes des techniques et des activites de la classe de langue et des technologies qui permettent de les mettre en ceuvre. 9782706126772 CHAPITRE 1 Le champ du francais langue etrangere et seconde On s'attachera dans ce premier chapitre a rappeler comment le domaine s'est peu a peu structure a cause de la diffusion de son objet linguistique, la langue francaise, et par la reflexion methodologique qui l'a fait admettre dans les mentalites comme une langue etrangere. C'est de ce double mouvement diachronique quest issue la situation actuelle dont rend compte le concept de champ. 1.0. Pourquoi parle-t-on de FLE? S'il y a une expression qui fait aujourd'hui partie du vocabulaire universitaire francais tout en gardant une bonne part de mystere, c'est bien celle de francais langue etrangere. Francais, on voit bien ce que c'est (encore que...), et langue etrangere, c'est a peu pres clair. Mais du mariage un peu inattendu entre les deux est ne un etre academique curieux, a qui il a bien fallu faire une (petite) place dans la famille, sans etre vraiment stir qu'il en soit digne. Comme tous les enfants dont on suspecte un peu les origines, il eprouve un fort besoin de prouver sa legitimite1. Comme tous les enfants issus de cultures differentes, il a plus ou moins conscience de representer un prototype d'avenir. Du vocabulaire universitaire francais, disions-nous, ou tout au plus de celui des autres pays de langue maternelle2 francaise. En effet, si le francais est de facon evidente une langue etrangere, c'est pour ceux qui se l'approprient autrement que de facon native. Mais ceux-la ont conscience d'apprendre le francais, et non le francais langue etrangere, comme on apprend chez nous l'anglais ou l'italien et non pas l'anglais langue etrangere ou l'italien langue etrangere. Quant a ceux qui l'enseignent, s'ils sont francophones natifs, ce n'est pas une langue etrangere qu'ils enseignent, mais leur langue a des etrangers, et s'ils sont etrangers, ils sont dans le meme cas que leurs eleves vis-a-vis de cette langue. On voit par la que la langue francaise ne peut etre le support objectif de la classification d'etrangere, et qu'il ne peut des lors s'agir que du type de relation que ceux qui l'apprennent ou l'enseignent entretiennent a priori avec elle. Mais qui sont ces apprenants" ? On peut repondre avec optimisme que tous les etrangers sont des apprenants potentiels de francais, mais en realite certains d'entre eux le sont plus que d'autres: - des jeunes scolarises dans des pays qui offrent le francais comme choix discipli-naire; des adultes volontaires qui eprouvent un desir ou des besoins linguistiques ou culturels particuliers. C'est a eux qu'on pense en premier lieu et c'est du type de public qu'ils representent que rend compte l'histoire methodologique de l'en-seignement des langues etrangeres dont releve celle du francais; — mais ce sont aussi, et peut-etre surtout, ceux qui vivent dans des pays ou le francais est aujourd'hui present pour des raisons historiques et politiques. Quand on y regarde de plus pres, on s'apercoit que c'est, au moins autant que de la prise en compte effective du premier type de public que nous venons d'evoquer, de la prise de conscience progressive des problemes que leurs relations avec le francais ont suscites chez ces derniers quest nee, dans les annees I960, la discipline appelee francais langue etrangere. 1.1. La structuration diachronique du champ 1.1.1. Comment le francais devint langue etrangere Observons d'abord que, traditionnellement, l'etranger (voire, dans l'antiquite, le barbare), est celui qui ne partage pas le meme idiome, et cela peut aller, par degres plus ou moins sensibles, du patois du village voisin a la langue la plus exotique. De ce point de vue, le mythe de l'universalite de la langue francaise et des valeurs quelle etait seule censee vehiculer a longtemps entretenu la fiction que le francais n'etait etranger a personne. Et pourtant, les travaux recents des historiens du francais langue etrangere ont montre comment, dans les pays d'Europe en particulier, notre langue a ete enseignee comme une langue etrangere. On trouve par exemple dans les numeros de la revue de la SIHFLES4, Documents pour l'histoire du francais langue etrangere et seconde, des travaux qui portent sur une quarantaine de pays, principalement europeens ou mediterraneens. Certes, beaucoup reste a faire dans l'etablissement de ces connais-sances5, mais la repartition meme de ces etudes montre que l'enseignement de notre 3. On prefere generalement ce terme ä celui d'eleve car il implique une posture active face a l'objet d'apprenrissage et un autre type de relation avec l'enseignant. Pour la meme raison on le preferera a celui d'enseigne qu'on trouve parfois dans la litterature specialisee. lt. Societe internationale pour l'Hisroire du Francais langue etrangere et seconde. Voir infra. 5. La plupart des tres nombreuses theses de doctorat ou des memoires de master consacres ä tel ou tel aspect de l'enseignement/apprentissage du francais aujourd'hui dans les pays etrangers ne font pas l'economie d'une petite mise en perspective historique. On peut consulter utilement, en cas de besoin precis, le fichier national des theses. á des etrangers et souvent par des etrangers est une histoire ancienne, qui a nécessité beaucoup ďingéniosité pédagogique, mais aussi, souvent, des efforts et des changements d'ordre culturel ou politique. En Italie par exemple, qui est un des pays ou l'histoire de l'enseignement du francais est le mieux connue, Carla Pellandra6 montre comment «l'enseignement du francais, art ďagrément pour former un parfait gentilhomme et une dame á la mode, devient au cours du xixe siěcle, une discipline scolaire». Evidemment, ce changement de statut implique des changements didactiques importants: non seulement les lieux d'enseignement, la sociologie des enseignants changent, mais aussi les modes de transmission du savoir et les outils pédagogiques. Mais ce qui est le plus important pour l'etablissement d'une coherence discipli-naire, c'est tout d'abord le fait que des chercheurs aient ressenti la nécessité, á la fin du xxe siěcle, non seulement de collecter ce savoir, mais encore de se regrouper en une socíété savante internationale pour établir son histoire. C'est aussi que des indispensables monographies, soumises á un inevitable pointillisme, se dégagent des propositions méthodologiques de recherche qui structurent les bases diachroniques des connaissances actuelles. Valérie Spaeth7 propose ainsi «de travailler sur quatre plans qu'il s'agit sans cesse d'articuler: les plans politique, théorique, methodologique et pédagogique». Ces cadres généraux sont eux-mémes théoriquement structures: - le cadre politique de la diffusion du francais, qui est le cadre le plus general, est structure par six types de relations: les relations de conquéte, les relations de dépendance politique avec la France (qui peuvent suivre celle de la conquéte), la relation de dépendance legale et institutionnelle (par exemple l'Alliance francaise, qui est parmi les premieres institutions privées á différencier un enseignement aux etrangers et un enseignement aux colonises), la relation de dépendance culturelle (immigration, phénoměnes de diaspora), la relation de dépendance sociále (par exemple l'adoption du francais par une large partie de la classe dominantě dans la Russie tsariste), la relation neutralisée politiquement par Finterdépendance culturelle (relations quasi neutralisées entre entités politiques et culturelles de puissance comparable), relation non-chargée politiquement et culturellement (la ou l'apprentissage du francais « ne présente pas ďattraits distinctifs immédiatement perceptibles »); - le cadre institutionnel, qui «donne accěs aux variations de normes linguistiques diffusées et, par consequent, offre une veritable articulation avec les aspects méthodologiques et pédagogiques de la recherche » est lui aussi structure par six sous-types: le cadre institutionnel public exogěne (les textes officiels), le cadre institutionnel public endogěne en cooperation avec la France (dans le cas des anciennes colonies), 6. Pellandra C, «La scolarisation d'un art ďagrément: l'enseignement du francais en Italie au xixc siecle», Documents, n° 14, 1994, p. 92-101. 7. Spaěth V., «Genealogie du francais langue etrangere», Documents, n° 21, 1998, p. 53-61. 15 COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ÉTRANGĚRE ET SECONDE LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE le cadre institutionnel public endogene (les textes officiels étrangers), le cadre insti-tutionnel přivé exogene (par exemple les congregations, l'Alliance francaise, etc.), le cadre institutionnel přivé endogene (par exemple les associations de professeurs), et le cadre non institutionnel (préceptorat, autoapprentissage); — le cadre théorique et méthodologique: il concerne 1'étude des rapports entre l'enseignement du francais et l'enseignement des autres langues étrangěres, les difFérents usages des methodologies d'enseignement des langues; - le cadre pédagogique: il concerne l'etude des applications effectives des prescriptions officielles (par exemple dans les manuels) en fonction des réalités économiques ou sociales. Les différentes études qui relěvent de ces cadres théoriques montrent comment, dans les mentalités des populations concernées, mais aussi et peut-étre surtout dans Celles des chercheurs et des enseignants (c'est-ä-dire finalement chez ceux qu'on va appeler aujourd'hui les acteurs du champ), s'est peu ä peu précisée la relation méme entre étranger et langue francaise. Cest 1'étude des différentes facettes de cette relation qui constitue 1'objer méme de la discipline. 1.1.2. Pas de FLE sans diffusion du francais Ainsi done, méme si la classification ďétrangěre est potentiellement disponible pour toutes les langues naturelles (il suffit pour cela que des non natifs fassent une demarche d'appropriation), e'est la diffusion ďune langue particuliěre, quelle soit culturelle ou politique, qui actualise cette potentialité. Dans le cas du francais, les deux modes de diffusion ont historiquement fonctionné. Par exemple: politique sur le territoire de l'hexagone actuel, politique en Grande-Bretagne děs le xf siěcle, culturel ä 1'époque des lumiěres, politique aux époques coloniales, politique dans les regions ou le francais est aujourd'hui langue seconder, culturelle dans les regions oil il est langue étrangěre... Ces causes premieres sont a priori extra-didactiques. Mais, parce qu'elles condi-tionnent la géographie linguistique actuelle, qui est le macrocadre de son champ, la recherche en FLE ne peut les ignorer. A ce titre, l'Histoire, quelle soit événe-mentielle ou culturelle, est une discipline de reference fundamentale pour le FLE qui, a son tour, est Tun de ses agents. 1.1.3. Les moyens de la diffusion La diffusion d'une langue implique que se mette rapidement en place ce qu'on pourrait appeler une logistique linguistique. Plusieurs exemples ďéchec ou ďéchec relatif de diffusion linguistique en témoignent. Cest le cas par exemple de ce qui s'est passé dans certains pays africains, comme la Guinée, qui ont légitimement rente, apres l'independance, de diffuser certaines de leurs langues nationales par le biais de l'ecole: le manque de maitres qualifies, de manuels scolaires et d'ouvrages de reference a non seulement voue ces tentatives a l'echec, mais a gravement retarde la prise de conscience de leur utilite par les populations concemees. Au contraire, le succes certes encore relatif de l'arabisation dans les pays maghrebins, mais qui sera sans doute positivement achevee en l'espace de deux generations, est en partie9 du ä l'existence d'une longue tradition linguistique en arabe qui a favorise, meme si beaucoup reste encore ä faire, la production de manuels, d'ouvrages de reference et la formation des maitres. Le francais a, quant ä lui, beneficie de circonstances plus favorables. Meme s'il est clair que plusieurs grandes avancees methodologiques dans son enseignement aux etrangers se sont en partie faites sous la pression d'evenements non didactiques (la guerre de 1870 ou la decolonisation par exemple), il n'a pas eu ä repondre a des situations d'urgence telle que celle evoquee par l'exemple guineen, ni meme ä de veritable revolution scolaire comme celle que represente l'arabisation de l'en-1 1 seignement au Maghreb. Au contraire, il a eu pour lui non seulement la duree de 5 diffusion (en grande partie due ä l'etonnante continuity politique qui s'est toujours manifest.ee sur ce sujet dans notre pays), mais il a meme ete le principal agent de \ la scolarisation de masse, des quelle a ete initiee ä la fin du xixc siecle. Le francais a done pu developper au fil des annees une logistique de diffusion qui ° se manifeste sur plusieurs plans. 0 ! o 1 I Le plus manifeste est le plan humain et institutionnel, celui des enseignants, des 2 diffuseurs de la langue et des institutions qu'ils font vivre et qui, en retour, struc-v turent leur activite10. *7 ° Mais le moyen le plus connu est sans doute celui qu'on qualifiera dans un premier temps de methodologique. Sous divers vocables qu'il s'agira bien entendu de @ ® mettre au clair (art d'enseigner, pedagogie, methodologie, linguistique appliquee, didactique, didactologie), le francais, en tant que langue etrangere (FLE), s'est en effet peu a peu forge un arsenal de moyens destines ä faciliter son appropriation par des non natifs. Bien entendu, il ne Fa pas fait en totale independance des autres langues Vivantes qui ont connu des conditions de developpement comparables aux siennes et il a naturellement trouve son insertion dans le domaine d'action et de reflexion qui est celui de la didactique des langues (DDL). La DDL, meme si eile doit toujours avoir un oeil sur l'appropriation des langues en milieu naturel (qui est plus proprement le domaine de Yacquisition, et en partie celui de 1:'interaction), s'interesse prioritairement ä l'appropriation d'une langue en milieu non naturel, c'est-ä-dire ä l'enseignement et ä l'apprentissage. On trouvera une breve histoire de cette reflexion methodologique au chapitre 3 de la deuxieme partie. 9. Une autre raison, sans doute fondamentale, est la tres forte valeur symbolique (identitaire et religieuse) attachce a la langue arabe par l'ensemble des populations concernees. 1 n ti AnrcAnnnA Artni lo rmkipme narrie de ce chaDitrc et au chapitre 3. COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE 1.1.k. L'expansion de la langue frangaise II est bien entendu hors de question de développet ici cet aspect des choses". II est cependant fondamental que les enseignants de FLE aient en téte au moins les grandes lignes des étapes de la diffusion historique de la langue francaise. En efFet, le francais, tel Athéna, n'est pas sotti tout aimé de la téte de son pere le latin. Au fur et á mesure de son expansion, il a évolué, s'est transformé et enrichi au contact d'autres langues et par ses creations propres. Cette evolution se poursuit aujourd'hui encore, en France comme dans les autres pays francophones, et fait du francais un objet éminemment mouvant et soumis a des variations de natures diverses. De facon commode pour notre propos, on laissera de cóté les périodes dites du gallo-roman (grosso modo du debut de fěre chrétienne á la fin de l'Empire romain d'Occident en 476), et celle duprotofrangais (grosso modo de Clovis á Charlemagne). Aussi commodément, on admettra avec les historiens les Serments de Strasbourg (842) comme acte de naissance d'une langue qui se distingue alors assez nettement du latin. Le systéme féodal fonde par la dynastie capétiennc (Hugues Capet, 987) contribuera á la diffusion de 1'idiome royal12. Cette periodě, dite de I'ancien frangais, durera jusqu'au milieu du xrv° siěcle. Á cette date, les principals mutations phonétiques sont achevées, les déclinaisons héritées du latin et déjá simplifiées á deux cas ont disparu. Méme s'il s'agit encore ďune époque pendant laquelle notre idiome acquiert peu a peu son statut définitif dans le royaume de France (1529, creation du futur College de France, 1539, Ordonnance de Villers-Cotteréts), on négligera aussi la periodě dite du moyen frangais qu'on peut situer entre le debut de la guerre de Cent Ans (1328) et la fin des guerres de Religion (1598). Cest en effet avec le frangais classique du xvrť siěcle (illustré par les Boileau, Moliěre, Racine, Madame de La Fayette, etc., et soutenu par des actes politiques forts, tel la creation de F Academic francaise en 1635) que va s'imposer dans les mentalités francaises Fidée nationalement fondatrice d'une langue non seulement supérieure aux idiomes quelle cótoie sur le territoire national et quelle va peu á peu évincer, mais encore digne d'etre adoptee par tout ce que le monde d'alors (c'est-a-dire, finalement, 1'Europe) compte de bonne société. Cest cette idée qui fera la fortune du frangais modeme au xviiic siěcle, jusqu'au point d'orgue quasi-mythique que représente en 1784 la victoire de Rivarol13 au concours de 1'Académie de Berlin 11.11 est en revanche indispensable ä tout enseignant de francais de lire au moins un ouvrage d'histoire de la langue qu'il enseigne. Reportez-vous a la bibliographie ou ä Tun ou l'autre des trěs nombreux ouvrages qui en traitent. 1 2. Pour une opinion contraire, voir Cerquiglini B., La naissance du francais, PUF, «Que sais-je?», 1991, p. 114-124. 1 3. Les Francais se plaisent, sans trop ďélégance, a oublier le colauréat de Rivarol, Jean-Christophe Schwab. LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET ShCUNUh sur Y universalita at la langue francaise. Or, cette langue de Voltaire, de Rousseau, de Diderot, est déjá trěs proche de notre francais contemporain et les lycéens francais d'aujourd'hui peuvent la lire sans qu'il soit besoin de la transcrire, ce qui n'est certes plus le cas de celle de Montaigne, ni peut-étre de celle de Corneille. En méme temps quelle trouve une forme relativement stabilisée, au moins á 1'écrit, elle devient un objet legitime de diffusion hors de son territoire d'origine, une veritable langue étrangére. Á 1'époque de la revolution cependant, on estime que 20% de la population seulement est totalement francophone. Il existe done une grande marge pour la diffusion interne de la langue. Cest 1'école de la Troisiěme République (lois de Jules Ferry entre 1881 et 1886) qui sera le principal artisan de cet effort. En deve-nant un objet ďenseignement mais aussi le médium des enseignements de 1'école obligatoire, le francais, qui nétait sociologiquement parlant la langue maternelle que ďune faible partie de la population, et la langue seconde ďune majoritě de Francais, inverse peu á peu cette tendance et, en l'espace de trois generations, prend le statut didactique de langue maternelle dans les écoles de la République. On peut dire que cest aux environs de la guerre de 1939-1945 que cette gigantesque operation ďunification nationale par la langue est quasi achevée, du moins pour la metropole14. Certaines persistances ou resurgences de revendications pour la reconnaissance ou 1'enseignement de langues régionales (Alsace, Bretagne, Corse, Occitanie et Provence, Pays Basque, DROM-COM, etc.), la prise en compte récente de problěmes ďenseignement lies á la presence de langues exogěnes dans les écoles ne sauraient, aujourd'hui du moins, remettre fondamentalement en cause cet acquis: le francais est devenu la langue des Francais. Mais, loin d'attendre la fin de ce mouvement en metropole, le francais s'est trěs vite exporte hors des frontiěres. Pour des raisons essentiellement culturelles en Europe au xvme et au xixe siěcle, on l'a dit, mais aussi pour des raisons coloniales sur les autres continents. On distingue deux grandes périodes d'expansion. La premiere periodě debute au xvie siěcle avec l'exploration du Canada (premiere expedition de Jacques Cartier en 1534, fondation de Quebec en 1608 par Cham-plain), et se poursuit plus au sud au siěcle suivant par la fondation de Cayenne (1637), l'acquisition des Antilles (Martinique et Guadeloupe en 1653) et d'Haiti (1697). Á la fin du xvir= et au xvme siěcle, cest plutót 1'océan Indien qui voit Far-rivée des Francais: quelques comptoirs sur les cótes de Flnde (dont Pondichéry), File Bourbon (1663), qui deviendra la Reunion (en 1793), File Maurice (1715) et les Seychelles (1742). On appelle généralement cette periodě le premier empire colonial frangais. Plusieurs de ces territoires ont aujourd'hui acquis leur indépendance (Haiti, Seychelles, Maurice) ou sont inclus dans ďautres États (comptoiis de Flnde, 14. En efFet, dans les departements et regions d'outre-mer (DROM-COM), la situation est loin d'etre telle. Voir Cuq J.-E, op. cit. C0UR5 DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ÉTRANGĚRE ET SECONDE Louisiane, possessions canadiennes á Pexception de 1'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon), mais cest de lui que datent les actuels départements et regions francais ďoutre-mer (DROM). Sur ces territoires, le francais est souvent en concurrence sociologique avec des créoles, mais, peu á peu, avec des taux de déperdition scolaire comparables á ceux qu'on a pu connaitre en metropole, 1'école y joue le méme role ďégalisateur linguistique. Pour la partie de la population qui nest pas francophone native, le francais, qui ne peut pourtant étre qualifié de langue étrangěre puisqu'il est langue de l'Etat, est appelé langue seconde. De la deuxiěme periodě, dite second empire colonial francais, la République francaise conserve encore, sous des statuts divers de plus ou moins grande autonomie, quelques territoires: dans 1'océan Pacifique, la Polynésie (1843), la Nouvelle-Ca-lédonie (1853), Wallis-et-Futuna (1886), et dans 1'océan Indien Tile de Mayotte dans l'archipel des Comores (1886). En concurrence avec des langues autochtones, le francais y connait le plus souvent, parmi les populations qui ne sont pas venues de la metropole, le statut de langue seconde. Mais cette vague d'expansion coloniale avait debute děs 1830 avec la conquéte de 1'Algérie (achevée en 1854). Peu á peu, l'ensemble des pays du Maghreb était passé sous domination francaise: laTunisie (1881-1956), 1'Algérie (1830-1962), le Maroc (1911-1956) et, á la jonction avec l'Afrique noire, la Mauritanie (1903-1960). En Afrique subsaharienne, c'est une quinzaine d'Etats africains d'aujourd'hui qui furent peu á peu conquis á partir du milieu du xixc siěcle pour former l'Afrique occidentale francaise (AOF)15 et l'Afrique équatoriale francaise (AEF)16 jusqu'aux indépendances de 1960. Á tous ces pays s'ajoutaient la grande ile de Madagascar dans 1'océan Indien, et Djibouti, sur la cote de la mer Rouge. Tous ces pays, auxquels il convient d'ajouter, pour étre complet, trois Etats issus de la colonisation beige (le Burundi, le Rwanda et la République démocratique du Congo), sont aujourd'hui des Etats indépendants, et la langue francaise, que son statut soit officiellement reconnu ou non, y joue aussi pour beaucoup de citoyens un role de langue seconde. En Asie du Sud-Est, c'est le Cambodge (1863-1953), le Laos (1893-1953) et le Vietnam (1873-1954) qui constituěrent l'essentiel dc l'empire francais. Au Proche-Orient, les interventions francaises puis les mandats confiés á la France en 1920 par la Société des Nations aux dépens de PEmpire ottoman donněrent naissance en 1941 aux Etats du Liban et de la Syrie. De nos jours, la plupart de ces États, et d'autres encore dans lesquels le francais n'est qu'une langue étrangěre, sont réunis dans une organisation politique appelée 1 5. II s'agit, selon leur denomination actuelle, du Benin, du Burkina-Faso, de la Cote d'lvoite, de la Guinec, du Mali, du Niger, du Senegal et du Togo. 16. II s'agit, selon leur denomination actuelle, du Cameroun, de la Retniblicue centrafriraine. du mo en LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE la Francophonie. Cette organisation sera brievement decrite dans la troisieme partie de ce chapitre. En tout cas, ce sont les circonstances de cette immense aventure historique et geographique, determinantes pour les representations plus ou moins positives que les individus qui vivent dans ces regions se forgent aujourd'hui de notre langue, mais aussi F appetence culturelle que beaucoup d'autres eprouvent encore tout autour du nde pour elle, qui ont fait et qui assurent au francais sa place actuelle, a la fois viable et fragile, dans le concert des langues du monde, et qui l'ont dote d'un statut international encore incontestable mais toujours remis en cause. C'est cette place particuliere, fruit d'une diffusion historique et aujourd'hui politiquement entretenue, qui justifie le triple statut didactique de langue matemelle, de langue seconde et de langue etrangere qui la constitue en un objet d'enseignement et d'apprentissage particulier. 1.2. La structuration synchronique du champ 1.2.1. Le concept de champ Ainsi constitue historiquement, le francais langue etrangere peut etre decrit en synchronic sous de nombreux aspects (geolinguistique, politique, linguistique, culturel, etc.) qui tous s'interpenetrent. En tant qu'objet de reflexion didactique, sans laquelle Faction linguistique et educative ne saurait etre qu'opportuniste, il ne peut toutefois etre apprehende correctement sans disposer d'un outillage conceptuel adequat. Nous l'aborderons au moyen du concept de champ. Ce concept fonda-mental, qu'on doit au sociologue Pierre Bourdieu, a ete introduit dans la didactique du FLE par Louis Porcher, dans son ouvrage Champs de signes17. Bien qu'il soit necessaire pour decrire et pour expliquer le reel, « un champ est un etre conceptuel, abstrait, un concept organisateur et non pas un domaine concret, empirique, qui existerait tout fait d'avance». II y a champ « quand il y a des enjeux et des acteurs, e'est-a-dire des biens (materiels et symboliques) et des agents (individus, groupes, institutions) qui les poursuivent selon des strategies reglees». Par exemple, pour le chercheur (acteur), l'enjeu du champ est de se voir attribuer la paternite de connaissances nouvelles (enjeu symbolique et parfois materiel). A l'interieur du champ s'etablissent des rapports de solidarite (pour preserver et perenniser le champ) mais aussi de domination (pour en avoir la maitrise). Surtout, un champ est un etre complexe, lui-meme compose de sous-champs. Ainsi: «le champ du Francais langue etrangere, e'est-a-dire le Francais langue etrangere comme champ, est lui-meme compose de champs (le champ universitaire specialise 1 7 P^rrW T Chňmh de simes. Didier, 1987. Les extraits cites ci-dessous sont tires du premier COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ÉTRANGĚRE ET SECONDE LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ÉTRANGĚRE ET SECONDE par exemple, ou le champ editorial specialise, etc.). Chacun d'eux est structure par des principes organisateurs propres, et leur appartenance au champ global fait qu'ils se font echo entre eux, chacun d'eux étant ainsi comme la métaphore de chacun des autres, et du champ global, comme dans la monadologie leibnizienne. [...] Le champ du Francais langue étrangěie, comme tous les champs, est constitué par un ensemble de positions en relation constante les unes avec les autres. La configuration du champ évolue done sans cesse, produite par le jeu des positions quelle contribue á produire. Elle se lit done aussi comme un marché, oú s'echangent des positions et des biens, oú les acteurs ont des espérances pratiques en rapport avec leurs investissements, oú des luttes se měnent pour des positions et des benefices. On distinguera pour commodité: — les acteurs personnalisables (individuellement et collectivement): apprenants, enseignants, chercheurs-formateurs, éditeurs, administrateurs; - les institutions: établissements ďenseignement, de formation-recherche, institution de diffusion (revues), ďédition, institutions technico-politiques (ministěres); — les objets et les produits; - le propos (ce á propos de quoi): la langue et la culture francaises.» Le champ du FLE est un «jeu» dont il faut «repérer les joueurs, les regies et les enjeux, en sachant qu'á chaque instant se jouent simultanément de multiples parties qui sont singuliěres (chacune jouant sa propre partie selon ses propres regies et ses propres enjeux) mais qui en méme temps obéissent á des principes communs». Pour la didactique du FLE, le champ constitué un concept de niveau 1, e'est-a-dire un concept englobant, á 1'intérieur duquel s'organisent des concepts opératoires de niveaux inférieurs. Le champ du FLE est un systéme, c'est-á-dire un ensemble structure ďéléments et de relations. L'objet de la didactique est ďune part de décrire le systéme, mais aussi ďautre part de le développer et done de contribuer á sa modification. 1.2.2. La politique linguistique et la planification Linguistique Un des paramétres qui conditionnent 1'evolution du champ est la politique linguistique, qui constitué pour la didactique un concept de niveau 2, c'est-á-dire un concept intermédiaire qui permet 1'organisation óu la mise en ceuvre des concepts pédagogiques de niveau 3. Le concept de politique linguistique nest pas propre á la didactique des langues: comme son nom 1'indique, il relěve des sciences politiques mais aussi de la sociolinguistique. Cependant, il entre aussi de plein droit dans le domaine ďinvestigation de la didactique des langues parce qu'il peut conditionner divers autres concepts comme le choix des methodologies, des manuels, etc. Inver- SPtnftlt. Ips avanrées rle la rlirlarrimip npnvpnr rnnfrtbiipr a prlaii-pr Ipc rlprtrlpm-c leurs decisions: on peut dire en cela que, au moins par cet aspect des choses, la didactique est une discipline engagee. De facon generale, la politique linguistique est definie par les choix qu'operent des autorites pour reguler les rapports entre une societe et les langues qui la concernent. Une politique linguistique peut etre nationale (la France decide tel ou tel compor-tement juridique ou reglementaire par rapport au francais, aux langues regionales, aux langues etrangeres, etc.), internationale (les recommandations de l'organisation de la Francophonie), ou regionale (les choix de la Catalogne par rapport au Catalan et au castillan). Les parametres historiques, politiques, economiques et ideologiques sont tres importants pour la definition des politiques linguistiques. Pour etre efficace, une politique linguistique doit etre dotee d'un Systeme de planification. Ce concept, qu'on doit au Norvegien Einar Haugen18, a ete repris dans les annees 1970 par Joshua Fishman19 aux Etats-Unis et par les sociolinguistes Catalans. II est depuis largement utilise. Apres Heinz Kloss20, Robert Chaudenson21 distingue: — la planification sur le corpus: ce sont les interventions sur la langue elle-meme, comme les modes d'appropriation, la fixation d'une norme, la regulation de l'or-thographe, la terminologie, etc.; - la planification sur le status: ce sont les interventions sur les aspects sociaux, comme le Statut, la diffusion, la promotion, les utilisations, etc. 1.3. Les acteurs institutionnels Nous disposons maintenant de trois concepts, le champ, la politique linguistique et la planification linguistique, qui nous permettent d'envisager de maniere ordonnee l'etat actuel du champ du FLE. Nous le ferons en nous attachant aux acteurs institutionnels22 parce qu'ils sont les entites collectives au sein desquelles se meuvent les acteurs individuels, particulierement enseignants et apprenants, dont la description et les relations seront etudiees plus loin23. Comme nous y invite la definition de Louis Porcher, on constatera que certaines des institutions decrites ci-dessous sont internes au champ proprement dit et que d'autres, au contraire, lui sont a priori externes mais contribuent aussi ä le definir. 18. Haugen E., « Planning in modern Norway», dans Bright W (ed.), Sociolinguistics, Mouton, 1966. 19. Fishman J., Sociolinguistics, Newbury House Publishers, 1970. 20. Kloss H., «Abstand languages and Ausbau languages", Anthropological Languages, 1967. 21. Chaudenson R., La Francophonie, representations, realties, perspectives, Didier Erudition, «Langues et Developpement», 1991. 22. On trouvera ici la description succincte de quelqucs-unes seulement des institutions les plus importantes du champ du FLE, et surtout leurs adresses et, quand eile est disponible, leur adresse clectronique. Au lecteur de «naviguer» sur ces sites, d'y trouver leur histoire, les activites qu'elles decrivent et d'etablir les liens avec des institutions dont, faute de place, on ne fera pas etat ici. 73 TVann-r nnrr. savoir les reDerer est une connaissance pratique indispensable ä tout nouvel entrant COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ÉTRANGĚRE ET SECONDE 1.3.1. Les ministěres francais et leurs Operateurs 1.3.11. Le ministěre de l'Europe et des Affaires étrangěres2' Adresse: 27, rue de la Convention - CS 91 533 - 75 732 Paris cedex 15 Telephone: + 33 1 4317 53 53 Site internet: http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/ Contact: http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/mentions-legales-infos-pratiques/ nous-ecrire/ Cest évidemment, en rant que décideuse des grandes lignes de la politique de cooperation linguistique et educative de la France, l'institution francaise la plus importante. Ses diverses transformations au cours du dernier demi-siěcle témoignent de l'adaptation de l'institution ministerielle ä revolution du monde. C'est le 13 avril 1945 que fut créée une Direction generale des relations culturelles et des ceuvres francaises ä l'etranger, parce que le gouvernement de l'epoque avait conscience que, face ä l'expansion prévisible de la langue anglaise et de l'influence américaine dans le monde, la langue et la culture devaient étre des atouts importants dans la periodě nouvelle qui s'ouvrait apres la seconde guerre mondiale. Dans les années 1950, les preoccupations culturelles se doublěrent ďun intérét nouveau pour la technique, ce qui se conerétisa par la transformation de la Direction en 1956 en une Direction generale des affaires culturelles et techniques, puis en 1966, aprěs la decolonisation, en Direction de la cooperation technique. Cette periodě fut marquee par l'elargissement, dans une perspective de développement commercial, du nombre des pays concernés par la cooperation francaise et par un accroissement important du nombre des coopérants. Un nouvel élargissement des competences, au domaine scientifique cette fois, fut opéré en 1969: cette prise de conscience que la culture francaise devait englober les aspects les plus modernes de la technologie francaise allait favoriser revolution des centres et instituts culturels ä l'etranger mais aussi, du point de vue didactique, les recherches sur l'enseignement du francais ä des publics intéressés par la science et la technologic Malheureusc-ment, le choc pétrolier de 1973 devait voir le debut d'une reduction des moyens consentis par l'Etat au rayonnement culturel et linguistique de la France, reduction qui ne devait plus cesser jusqu'ä nos jours. Les années 1980 furent marquees, au sein de la Direction generale, par la creation, en 1984, d'une Direction du francais qui multiplia les operations pour promou-voir l'image de la France et du francais et pour relancer la motivation des appre-nants étrangers potentiels. Les Bureaux pédagogiques des ambassades devinrent 24. A l'heure oů sont éerites ces lignes, c'est la denomination officielle de ce ministěre, qui peut changer ďintitulé avec les diflférents gouvernements. II en va de méme nonr son nnnnimmmi nr LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ÉTRANGĚRE ET SECONDE les Bureaux d'action linguistique (BAL), au sein desquels operaient des agents a l'activite de plus en plus professionnalisee, les attaches linguistiques. Parallele-ment, se reduisait le nombre des cooperants enseignants, surtout dans les pays de 1'ancien empire, oil ils etaient peu a peu remplaces par des autochtones. En 1988, la creation du ministere de la Francophonie marqua en quelque sorte l'apogee de faction volontariste de la France et le debut d'un engagement plus multilateral qui devait toutefois demeurer bien timide. En 1989, la Direction du francais fut dissoute et ses activites furent en partie transferees a l'Agence pour l'enseignement du francais a l'etranger (AEFE)25, et en partie a une sous-direction de la cooperation linguistique et educative. Les BAL furent transformed en Bureaux de cooperation linguistique et educative (BCLE), ce qui marquait la volonte d'inclure le linguistique dans un systeme de cooperation plus large, l'education, ou la France se prevaut d'une certaine expertise. En 1994, la reforme Juppe devait a la fois associer plus franchement Faction cultu-relle et linguistique a la politique etrangere du pays, decentraliser les decisions et favoriser la professionnalisation des personnels. Sans renoncer a ces objectifs, la reforme de 1999 est un peu revenue sur les aspects decentralisateurs de 1994. Le secteur geographique dependant de 1'ancien ministere de la Cooperation fut totalement integre aux affaires etrangeres, sous forme de ministere delegue a la Cooperation et a la Francophonie, ce qui marqua la fin de la sorte de regime special que la France reservait a ses anciennes colonies. Toutefois ces pays demeurent, avec quelques autres desormais, dans la zone de solidarity prioritaire (ZSP) de la France et continuent a recevoir l'essentiel de son aide bilaterale. L'ancienne Direction generale de la cooperation scientifique et technique (DGRCST) ceda la place a une Direction generale de la cooperation internationale et du developpement (DGCID) au sein de laquelle une Direction de la cooperation culturelle et du francais etait composee d'une sous-direction des affaires culturelles et artistiques et d'une sous-direction du francais. En 2012, la DGCID a ete remplacee par la Direction generale de la mondialisation, du developpement et des partenariats, entre autres chargee de l'enseignement du francais a l'etranger, de la politique linguistique et de la cooperation en matiere francophone. Le MEAE confie une bonne part de la mise en ceuvre de sa politique linguistique a son nouvel operateur, 1'Institut francais. Signe de cette transition dans les responsabilites, en 2016, le service du ministere qui a en charge la diffusion du francais se nomme Mission de la langue francaise et de l'education. Direction de la culture, de l'enseignement, de la recherche et du reseau. COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE 1.3.1.2. L'institut francais Adresse: 8 rue Capitaine Scott, 75015, Paris Telephone: 01 536983 00 Site internet: www.institutfrancais.com Depuis le Ier Janvier 2011, l'institut francais est T Operateur de Taction culturelle de la France. II remplace T ephemere association Culturesfrance (2006-2010) qui etait elle-meme nee de la fusion de deux associations historiques, l'AFAA (Association francaise d'action artistique) et l'ADPF (Association de diffusion de la pensee francaise). C'est a l'institut francais qu'echoient desormais pour la France les missions de promotion de la langue francaise. Outre des missions d'expertise et de conseil, l'institut francais pilote aussi le reseau des Instituts francais ä l'etranger dont il s'occupe de la formation des agents. 1.3.1.3. L'Agence pour ienseignement du francais ä l'etranger (AEFE) Adresse: 23, place de Catalogne- 75 014 Paris Telephone: + 33 1 53693090 Telecopies 33 1 536931 99 Site internet: http://www.aefe.fr/ Cette agence a ete creee le 6 juillet 1990 pour gerer 1'enseignement du francais a l'etranger. Elle a des liens avec 488 etablissements dans 130 pays (320000 eleves, dont 120000 Francais), et gere directement 65 d'entre eux. Son objet est d'assurer le service public aux Francais expatries mais aussi de renforcer la cooperation educative avec les systemes scolaires etrangers. Elle est attentive a la promotion des eleves etrangers et octroie un nombre important de bourses d'etudes. 1.3.1.4. Le ministere de {'Education nationale, de I'Enseignement superieur et de la Recherche (MEN) Adresse: 11 0, rue de Grenelle - 75 357 Paris SP 07 Telephone: + 33 1 55 55 10 10 Site internet: http://www.education.gouv.fr/ Bien qu'il soit le vivier ou etait recrute jusqu a date recente l'essentiel des personnels en charge de Taction culturelle et linguistique a l'etranger, le MEN, hormis pour ce qui concerne les etablissements scolaires et pour les cooperations interuniversitaires, I davantage preoccupe par les problemes de Tenseignement du francais aux migrants, il s'interesse un peu plus ä la didactique du francais comme langue etrangere ou seconde. C'est aussi du MEN que dependent les formations universitaires en FLE, mention des licences, masters et troisiemes cycles. 1.3.1.5. Campus France Adresse: 28, rue de la Grange aux Belles - 75 010 Paris Telephone: + 33 1 40 40 58 58 Site internet: http://www.campusfrance.org/fr/ Contact: http://www.campusfrance.org/fr/contact L'agence Campus France a ete creee en juillet 2010 pour promouvoir Tenseignement superieur francais dans le monde et gerer la mobilite etudiante. 1.3.1.6. Le ministere de la Culture et de la Communication Adresse: 182, rue Saint-Honore - 75 001 Paris Telephone: + 33 1 40 1 5 80 00 - Telecopie: +33 1 40 1 58530 Site internet: http://www.culturecommunication.gouv.fr/ L'importance de ce ministere, au moins dans le choix des personnels destines ä l'etranger, s'est renforcee depuis les annees 1980. Surtout, pour les aspects linguis-tiques, il dispose de la Delegation generale ä la langue francaise et aux langues de France (DGLFLF). 1.3.1.7. La Delegation generale a la langue francaise et aux langues de France (DGLFLF) Adresse: 6, rue des Pyramides - 75 001 Paris Telephone: + 33 1 40 1 5 80 00 - Telecopie: + 33 1 40 1 5 36 76 Site internet: http://www.dglf.culture.gouv.fr/ Courriel: dglflf@culture.gouv.fr Creee le 2 juin 1989, la DGLF, devenue en 2001 DGLFLF, a pour mission la coordination des actions des administrations et des organismes qui, quel que soit leur domaine d'activite, ceuvrent a la diffusion et a Tusage du francais. Le 16 octobre 2001, ses missions se sont elargies aux langues de France. COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE 1.3.1.8. Radio France Internationale (RFI) Adresse: 80, rue Camille-Desmoulins - 92 130 Issy-les-Moulineaux Telephone: + 331 84228484 Site internet: http://www.rfi.fr/ Contact: http://www.rfi.fr/aef_contact Créée en 1975, Radio France Internationale est devenue autonome en 1983. Comme TV5 Monde pour la television, eile est le pöle radiophonique de l'Audio-visuel extérieur de la France, devenu en 2013 France Médias Monde. Multilingue et multiculturelle, RFI est devenue la premiere radio francophone d'actualite permanente et l'une des quatre grandes stations de radio internationales. Elle a un auditoire de 30 millions de personnes, Francais expatriés et francophiles, répartis sur les cinq continents et dispose d'un service «langue francaise» qui diffuse et met en ligne une aide pédagogique importante pour les professeurs de francais. 1.3.2. Les associations professionnelles On trouvera dans cette rubrique des associations ä but professionnel ou commercial, et ensuite des associations dont Fobjet est strictement de recherche. Certaines d'entre elles ont des activités ä la fois commerciales et de recherche. 1.3.2.1. La Federation internationale des professeurs de francais (FIPF) Adresse: 101, boulevard Raspail Telephone: + 33 1 428491 27 Site internet: http://fipf.org/ Contact: http://fipf.org/contact 75 270 Paris cedex 06 La Federation internationale des professeurs de francais a etc fondee en 1969 ä l'initia-tive de 26 associations nationales de professeurs de francais. Elle compte aujourd'hui dans le monde environ 80000 membres, repartis dans plus de 180 associations. Ses travaux s'organisent en commissions regionales (commission FLM, commission Europe de l'Ouest, commission Europe centrale et Orientale, commission Asie-Pacifique, commission de l'Amerique latine et des Carai'bes — qui organise regulierement les SEDIFRALE —, commission de l'Amerique du Nord, commission pour le monde arabe). La FIPF publie la revue Dialogues et cultures, les actes de ses colloques internationaux et elle a la responsabilite de la revue Le francais dans le monde. Tous les quatre ans, la FIPF se reunit en congres. Apres Liege en 2016, celui de LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE 13 22 L'Association des centres universitaires ďétudes francaises pour l'etranger (ADCUEFE-Campus FLE) Les coordonnées de lADCUEFE-Campus FLE sont Celles du centre qui en assure la présidence. Site internet: http://www.campus-fle.fr/ _ LADCUEFE-Campus FLE regroupe 40 universites francaises qui proposent des programmes de francais langue etrangere pour etudiants et enseignants etrangers. Un des roles de cette association est de veiller a l'harmonisation des diplomes universitaires prepares par les differents centres universitaires qui s'engagent a en reconnaitre la validite reciproque. Les centres appartenant a l'ADCUEFE-Campus FLE preparent aussi aujourd'hui presque tous au DELF et au DALF26. Au sein des universites, ils sont en contact permanent avec la recherche en didactique, ce qui leur donne un avantage dans les stages de formation de professeurs. Ils sont aussi en liaison permanente avec les formations universitaires en FLE de leurs etablissements. Les centres ADCUEFE-Campus FLE ont signe une charte de qualite par laquelle ils s'engagent non seulement sur la qualite des cours mais aussi sur une information honnete aux etudiants et dans une aide a l'hebergcment. 1.3.2.3. SOUFFLE Adresse: 14 boulevard Poissonniere - 75 009 Paris Telephone:+ 331 55335233 Telecopies 33 1 55 33 52 34 Site internet: http://www.souffle.asso.fr/fr/ Contact: http://www.souffle.asso.fr/fr/content/contactez-nous Fondee sur le principe de la promotion des centres de qualite, qui doivent souscrire ä une charte contraignante, SOUFFLE compte aujourd'hui 17 centres en France et en Suisse. 1.3.2.4. L'Association de didactique du francais langue etrangere (ASDIFLE) Adresse: 34, rue de Fleurus - 75 006 Paris Telephone et telecopie: + 33 1 45 4416 89 Site internet: http://asdifle.com/ Contact: http://asdifle.com/contact . tiat p. n;,-,lAr -.mfnnHi de laneue francaise. COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE Creee en 1986, l'ASDIFLE a pour objet principal de rassembler les didacticiens du FLE et de stimuler la recherche en didactique. Elle publie un annuaire des chercheurs qui lui sont affilies, une Lettre reguliere et des Cahiers oü Fon trouve les actes des rencontres bisannuelles organisees par l'association. 1.3.2.5. La Societe internationale pour l'histoire du francais langue etrangere ou seconde (SIHFLES) Adresse: Bureau 2.21 INALCO - Pole des Langues et civilisations 65, rue des Grands-Moulins - CS 21351 - 75214 Paris cedex 13 Site internet: http://fle.asso.free.fr/sihfles/ Courriel: karene__sanchez@yahoo.fr Cette societe d'historiens a ete creee en 1987 ä l'initiative d'Andre Reboullet, qui avait ete entre autres redacteur en chef du Fmngais dans le Monde. Elle organise regulierement des rencontres scientifiques et des colloques. Elle publie une Lettre reguliere ä Fadresse de ses membres et la revue Documents pour l'histoire du francais 'ie etrangere ou seconde. 1.3.3. Les institutions ďenseignement, de formation et de recherche 1.3.3.1. L'Alliance francaise Adresse: 101, boulevard Raspail - 75 270 Paris cedex 06 Telephones 33 1 42849000 -Télécopie: + 33 1 42 84 91 05 Site internet: http://www.alliancefr.org/ Courriel: info@alliancefr.org Créée le 21 juillet 1883, c'est sans doute une des plus anciennes et des plus connues parmi les institutions du FLE. Les hautes personnalités qui avaient preside á sa naissance se virent bientót rejointes par des hommes comme L. Pasteur, Taine, Renan, le general Faidherbe, F. de Lesseps et des religieux, comme le cardinal Lavigerie ou le grand rabbin Kahn. L'Alliance francaise prit un essor si rapide quelle comptait en 190035 000 comités de soutien á travers le monde et dirigeait 250 écoles. Connue comme un organisme de sensibilitě « progressiste » (Jaurěs, par exemple, y donna des cours), elle subit une eclipse pendant la seconde guerre mondiale. Son comité en exil était alors preside par le general de Gaulle lui-méme. Aujourd'hui son influence s' francaise est le plus representee sont l'Amerique latine, l'Asie du Sud-Est, rAfrique anglophone et Test de l'Europe. L'Alliance francaise est devenue fondation en 2007. Dans chaque pays elle depend des lois locales et son president et le bureau sont des representants du pays. Les enseignants sont generalement recrutes sur place parmi les autochtones ou parmi les Francais residents. Dans les grandes Alliances, le directeur et parfois son adjoint sont des enseignants francais detaches (generalement professeurs d'ecole ou professeurs certifies). Son centre parisien, au 101, boulevard Raspail, accueille au sein de l'Alliance francaise Paris Ile-de-France des cours de langue reputes, mais aussi des colloques et des stages pedagogiques. C'est egalement le siege de plusieurs associations. 1.3.3.2. La Mission lai'que francaise Adresse: 9, rue Humblot - 7501 5 Paris Telephone: + 33 1 457861 71 -Télécopie: Site internet: http://www.mlfmonde.org/ Courriel: accueil.mlf@mlfmonde.org 33 1 45 7841 57 La Mission lai'que fut fondée en 1902, c'est-a-dire en pleine periodě de separation de 1'Église et de 1'État. Dans Fesprit de ses fondateurs, elle devait mettre au service ďidéaux laics l'esprit missionnaire qu'ils reconnaissaient alors comme un element positif chez leurs adversaires cléricaux. Comme l'Alliance francaise, elle ne manque pas de parrains célěbres, puisqu'un de ses premiers responsables fut le general Galliéni et que plusieurs anciens presidents de la République (Poincaré, Herriot, Doumergue) ne dédaigněrent pas de la présider. Contrairement a l'Alliance francaise, qui n assure pas en principe de scolarisation, la Mission lai'que a construit des écoles, des lycées et des instituts. Elle est présente aujourd'hui dans 40 pays oů elle gěre une centaine d etablissements (écoles, lycées et écoles d'entreprise), soit environ 40000 élěves. Les zones géographiques oü son influence est la plus grande sont le bassin médi-terranéen (Liban, Sýrie, Egypte, Grěce, Espagne) et l'Afrique noire, mais elle est aussi présente aujourd'hui aux États-Unis et dans le Golfe persique. Ses élěves sont généralement des non-francophones ou des enfants de Francais expatriés. Ses enseignants sont recrutés localement mais le directeur et, dans les grands centres, quelques enseignants, sont des titulaires detaches de France. En France méme, la Mission lai'que gěre le lycée international de Valbonne (Sophia Antipolis) dans les Alpes-Maritimes. COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE 1.3.3.3. L'AUiance Israelite universelle Adresse: 45, rue La Bruyěre - 75 009 Paris Telephone: + 33 1 53 32 88 55 Site internet: http://www.aiu.org/ Contact: http://www.aiu.org/fr/contact Creee en 1860 a l'initiative de six personnalites juives de I'epoque et avec le soutien d'Alphonse Cremieux, qui en deviendra le president, son influence s'exerce surtout au Maghreb et au Moyen-Orient. Elle dispose d'une cinquantaine d'etablissements scolaires et touche environ 20 000 eleves. Fondee en 1867, l'Ecole normale israelite etait connue avant la guerre de 1914 pour dispenser le meilleur enseignement de francais au Proche-Orient. 1.3.3.4. L'CEuvre des ecoles d'Orient Adresse: 20, rue du Regard - 75 278 Paris cedex 06 Telephones 33 1 4548 5446 Site internet: http://www.oeuvre-orient.fr/ Contact: http://www.oeuvre-orient.fr/formulaire-de-contact/ Cette institution catholique a ete fondee en 1855 et sa zone d'influence est le Moyen-Orient. L'enseignement, et par consequent celui du francais, est surtout un moyen d'evangelisation. Un des objectifs de l'institution est de rapprocher les Eglises orientales schismatiques et l'Eglise de Rome. 1.3.3.5. Le Centre international d'etudes pedagogiques (CIEP) Adresse: 1, avenue Léon-Journault - 92 318 Sevres cedex Telephone: + 33 1 45 07 60 00 - Télécopie: + 33 1 45 01 60 01 Site internet: http://www.ciep.fr/ Contact: http://www.ciep.fr/contacts Cree en 1946, le CIEP est devenu un Office francais pour le developpement de 1'education dans le monde. Ses activates sont l'expertise et la cooperation educative, les echanges scolaires, l'enseignement du francais langue etrangere et seconde, les prestations de ressources documentaires grace ä une tres interessante bibliotheque. Disposant de tres beaux locaux dans l'ancienne manufacture royale de porcelaine de Sevres (hebergement, restauration, salles de conferences), le CIEP est specialise dans l'accueil des stagiaires etrangers. II assure la resoonsabilire er la wcrinn LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE On trouve aussi sur son site la liste des formations de masters en FLE des univer-sites francaises. 1.3.3.6. Le BELC Adresse: celle du CIEP Telephones 33 1 45 07 63 60 Courriel: boudin@ciep.fr Bien que son destin actuel ne corresponde en rien á ce quelle a été, il n'est pas possible de passer sous silence cette institution, tant son influence fut grande sur la discipline pendant une trentaine ďannées. Crée en 1959 sous le sigle BEL (Bureau d'etudes et de liaison pour l'enseignement du francais dans le monde), le BELC est en effet assez vite devenu un des piliers de I'edifice de diffusion du francais. Ses objectifs originaux étaient multiples: - etude des conditions de l'enseignement du francais en milieu scolaire (secondaire et primaire) á Fétranger; - recherches linguistiques comparatives (francais/langue maternelle des apprenants); - elaboration de materiel didactique; - information et documentation des enseignants de francais; - perfectionnement des professeurs; - liaison entre les centres de recherche et entre les chercheurs et les utilisateurs. Peu á peu, et sous l'influence de son premier directeur Guy Capelle, puis de Denis Girard, le BEL devient en 1965 le BELC (Bureau pour l'enseignement de la langue et de la civilisation francaises á fétranger) et passe l'annee suivante sous la dépendance administrative du CIEP de Sevres. Pendant une vingtaine ďannées, le BELC fut dirigé par Francis Debyser dont les nombreux travaux sont bien connus. Aprěs la direction de Jean-Claude Mothe, specialisté de revaluation en langue, l'influence du CIEP se fit de plus en plus sentir au point qu'aujourd'hui, le BELC, qui a perdu ses locaux parisiens (dont le célěbre 9, rue Lhomond, qui fut longtemps le lieu de passage oblige de tous les enseignants de francais dans le monde), n'en est plus qu'une partie du póle langue francaise. Dans le domaine de la recherche, le BELC s'etait fait connaitre dans les années 1960-1970 par des études en phonologie comparée, sur les rapports entre le francais écrit et le francais oral, les exercices structuraux, l'utilisation du tableau de feutre et, dans les années 1970-1980, sur la video, l'enseignement assisté par ordinateur, la pédagogie de la traduction, 1'évaluation, la créativité, la sémiotique. Son retour dans le giron du CIEP a, paradoxalement, correspondu á une baisse notable de la COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ÉTRANGĚRE ET SECONDE Outre la publication de nombreux matériels pédagogiques et de méthodes pour l'Afrique {Pierre etSeydou, Frere Jacques, etc.) la notoriété du BELC s'etait surtout affirmée par l'organisation de stages annuels (dits stages longs) destines aux ensei-gnants francais et étrangers appelés á exercer des responsabilités pédagogiques ou de diffusion. Aprěs la montée en puissance des maitrises de FLE, ces stages ont disparu. II ne subsiste plus aujourd'hui que les stages pédagogiques ďété ou d'hiver. 1.3.3.7. Le Credit C'est avec le BELC une des deux institutions phares des années I960 a 1990. Créé en 1959 et rattaché á TENS de Saint-Cloud, le Crédif était issu ďun organisme né en 1951, le Centre ďétudes du francais élémentaire, qui était alors géré par 1'UNESCO. De ses origines et de son statut de laboratoire specialise de TENS de Saint-Cloud, le Crédif avait une vocation plus universitaire que le BELC. Ses objectifs étaient, au debut, l'exploration du francais moderně par des enquétes, 1'élaboration et 1'expérimentation de méthodes audiovisuelles, la formation de personnels specialises dans ces techniques. Peu á peu ses activités étaient devenues tout á fait comparables á celles du BELC avec lequel il partageait la notoriété la plus grande dans les institutions du FLE. Comme le BELC, il a subi la montée en puissance de la recherche universitaire en FLE, et a été dissous en 1996. Les activités de recherche du Crédif ont toujours été trěs variées. On notera entre autres les enquétes liées au francais fundamental (vocabulaire scientifique specialise, langage de l'enfant, francais parlé et écrit de l'adulte), puis aux travaux du Conseil de 1'Europe {Un Niveau-Seuil), francais précoce, francais langue seconde, ensei-gnement aux migrants, enseignement assisté par ordinateur, méthodologie, etc. Le Crédif a élaboré des méthodes parmi lesquelles on citera Voix et Images de France, Bonjour Line et Archipel. Parmi les directeurs du Crédif, beaucoup sont des personnalités marquantes du FLE: Paul Rivenc, Jacques Cortěs, Michel Daběne, Louis Porcher, Michěle Garabédian, Henri Besse, Daniel Coste. 1.3.3.8. Les universites Les universités se sont intéressées, et pour certaines de longue date, á l'enseignement du francais aux étrangers27, et plus récemment á la formation des enseignants et des chercheurs en francais. Plus d'une trentaine d'entre ellcs offrent aujourd'hui des cursus plus ou moins complets conduisant au master et au doctorat. Certaines proposent aussi des stages de formation de formateurs 1'été ou au cours de l'annee scolaire. Pour les details, on peut consulter les sites des universités et de leurs centres de langues. 1.3.4. Le monde editorial Les editeurs sont aussi des acteurs importants du champ du FLE. C'est eux qui decident des publications par la tenue de collections didactiques ou methodolo-giques. lis sont done ainsi tres lies au monde de la recherche. Leurs decisions edito-riales influent parfois beaucoup sur la forme definitive des methodes, pour lesquelles les discussions sont souvent serrees entre les concepteurs, qui metrent en avant leurs choix pedagogiques, et 1'editeur, qui met en avant ses choix commerciaux. Ä chacun de juger, en compulsant leurs catalogues et leurs produits, de leurs merites propres! On se contentera de donner ici quelques adresses d'editeurs francais, bien qu'il y ait egalement a l'etranger des editeurs de qualite dans ce domaine. 7.3.4.7. CLE International Adresse: 9 bis, rue Abel-Hovelacque - 75 01 3 Paris Telephone: + 33 1 72 36 30 53 Site internet: http://www.cle-inter.com 7.3.4.2. Les editions Didier Adresse: 13, rue de 1'Odéon - 75006 Paris Telephone: + 33 1 4441 31 31 Site internet: http://www.editionsdidier.com/ Contact: http://www.editionsdidier.com/contact/?from=faq 7.3.4.3. Hachette (EDICEF) Adresse: Hachette Livre - 58, rue Jean Bleuzen - 92 1 78 Vanves cedex Telephone: + 331 43923000 Site internet: http://www.hachette.com/ EDICEF Adresse: 11, rue Paul-Bert - 92 247 Malakoff Telephone: + 331 550011 89 Site internet: http://www.editions-hachette-livre-international.com/ Courriel: editionsHLI@hachette-livre.fr COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE 7.3.4.4. Les Presses Universitaires de Grenoble (PUG) Adresse: 15, rue de 1'Abbé-Vincent, Bát. B1, ZI des Vouillants - 38 600 Fontaine Telephone: + 334 76294309 - Télécopie: + 334 76446431 Site internet: http://www.pug.fr/ 1.3.4.5. Le francais dans le monde Adresse: 9 bis, rue Abel-Hovelacque - 75013 Paris Telephonen 33 1 72 36 30 67 Site internet: http://www.fdlm.org/ Courriel: contactfdlm@gmail.com II convient de mentionner egalement Le francais dans le monde, qui est ä l'heure actuelle la seule revue francaise de diffusion internationale pour enseignants de FLE et de FLS, et son supplement Francophonie du Sud et la revue scientifique Recherches et Applications. Edites par CLE international, ce sont des titres appar-tenant ä la FIPE 1.3.4.6. Maison des langues Adresse: 78, rue de Turbigo - 75 003 Paris Telephone: + 33 1 46 33 85 59 Site internet: https://www.emdl.fr/ Contact: https://www.emdl.fr/fle/a-propos/nous-contacter 1.3.5. La Francophonie On ne saurait terminer ce rapide tour d'horizon des acteurs du champ sans evoquer l'echelon international de la politique de la langue francaise. L'habitude a ete prise aujourd'hui de designer par francophonie (avec f minuscule) l'ensemble des locu-teurs francophones, et par Francophonie (avec f majuscule) l'ensemble des pays francophones regroupes dans l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)28. Les orientations generales de la politique de la Francophonie sont definies tous les deux ans par le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le francais en partage. Depuis le sommet de Hanoi', en 1997, la Francophonie est 28. En 2016, l'OIF comDte 54 Etats memhrrc. 94 nKcmnwi« <.f A „rr~,-;^ i'riic — J- LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE dotée ďune charte et surtout d'un secretaire general29 dont le role est d'etre «le porte-parole politique et le representant ofKciel de la Francophonie au niveau international30». La Francophonie est également dotée d'un certain nombre d'or-ganismes ministériels et d'organismes Operateurs dont on décrira succinctement quelques-uns des plus importants pour la langue proprement dite. 1.3.5.1. La Conference des ministres de ['Education des pays ayant le francais en partage (CONFEMEN) Adresse: Complexe Sicap Point E, Imnneuble C, 3e etage, Avenue Cheikh-Anta-Diop - BP 3220 - Dakar (Senegal) ' Telephone: + 221 338592979 - 338592991 Telecopie: + 221 33825 17 70 Site internet: http://www.confemen.org Courriel: confemen@confemen.org Au niveau politique, les pays francophones avaient instaure, bien avant la creation d'organes permanents, des conferences ministerielles dont la plus importante pour ce qui concerne l'education et la langue est la CONFEMEN. Creee des 1960, eile est essentiellement une structure d'information, de concertation et de reflexion. 1.3.5.2. L'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) Adresse: 19-21, avenue Bosquet - 75 007 Paris Telephone: + 33 1 44 37 33 00 -Telecopie: + 33 1 4579 14c Site internet: http://www.francophonie.org/ Contact: http://www.francophonie.org/Contacts.html Fondee le 20 mars 1970 ä Niamey, l'ancienne Agence de cooperation culturelle et technique (ACCT) est devenue l'Agence intergouvernementale de la Francophonie en 1998 et enfin Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en 2005. Elle est le veritable secretariat de toutes les instances de la Francophonie et, a ce titre, est chargee de la mise en ceuvre et du suivi des programmes de cooperation decides par les instances politiques. C'est eile qui a la charge d'organiser la concertation entre les pays membres, les diverses conferences interministerielles et la cooperation avec les instances internationales et les organisations non gouvernementales (ONG). COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE 7.3.5.3. L'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), ex-AUPELF-UREF Adresse du siege Case postale du Musee - BP 49714 Montreal (Quebec) H3T 2A5 (Canada) Telephone: + 1 514 343 66 30 - Telekopie: + 1 514343 21 07 Site internet: http://www.auf.org/ Courriel: rectorat@auf.org Adresse de la delegation Europe 4, place de la Sorbonne - 75 005 Paris (France) Telephone: + 33 1 44 41 18 18 - Telecopie: + 33 1 44 41 18 19 Site internet: http://www.auf.org/ Courriel: rectorat@auf.org Creee le 13 Janvier 1961 a Montreal, l'Association des universites partiellement ou entierement de Langue francaise forme aujourd'hui, avec l'universite des Reseaux d'expression francaise, l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Depuis le sommet de Hanoi' de 1997,1'AUF est l'operateur pour 1'enseignement superieur et la recherche des sommets des chefs d'Etat et de gouvernement ayant le francais en partage. C'est a cette date qua egalement ete adoptee sa charte. Ses objectifs sont de stimuler les programmes de recherche et de formation dans le monde universitaire francophone, de promouvoir 1'enseignement du francais et la cooperation interuniversitaire, ainsi que la formation a distance. Elle coopere aussi etroitement avec 1'Organisation internationale de la Francophonie et avec l'universite Senghor d'Alexandrie. Elle compte aujourd'hui plus de 800 institutions membres, dans 106 pays. 1.3.5.4. L'universite Senghor Adresse: 1, plače Ahmed-Orabi - El Mancheya - Alexandrie (Egypte) Téléphone: + 20348 43 570 - Télécopie: + 203 48 50 532 Site internet: http://www.usenghor-francophonie.org/ Courriel: info@usenghor-francophonie.org Creee en 1990, l'universite Senghor est un etablissement superieur francophone qui forme gratuitement des etudiants dans les domaines de la nutrition et de la same, de 1'administration et de la gestion, de I'environnement et de la gestion du patrimoine. LE CHAMP DU FRANCAIS LANGUE ETRANGERE ET SECONDE 1.3.5.5. TVS Monde Adresse: 131, avenue de Wagram - 75 017 Paris Telephone: + 33 1 4418 55 55 Site internet: http://www.tv5monde.com/ Contact: http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/tv5monde/p-30794-Contact.htm TV5 Monde, initialement baptisée TV5, est née en 1984 de la cooperation des televisions francophones de service public. Elle s'est peu á peu étendue et, servie aujourd'hui par six satellites, elle propose á plus de 200 millions de foyers raccor-dés dans le monde entier des programmes régionaux spécifiques issus des chaines francophones. TV5 Monde propose sur son site un onglet langue francaise (décou-vrir - apprendre - enseigner le francais avec TV5 Monde), tres utile pour les professeurs de francais. Pour en savoir plus Bruéziěre M., L'Alliancefrancaise, histoire dune institution, 1883-1993, Hachette, Paris, 1993. Calvet L.-J., Les Politiques linguistiques, PUF, «Que sais-je?», 1996. Coste D. (dir.), Aspects dune politique de diffusion du francais langue etrangere depuis 1945, matériauxpour une histoire, Crédif-Didier, 1984; Vingt ans dans revolution de la didactique des langues (1968-1988), Hatier-Didier, 1994. Coste D., Christ H., Minerva N. (éd.), Numero anniversaire de la S1HFLES, hommage a André Reboullet, Documents pour I'histoire du francais langue etrangere et seconde, n° 21, 1988. Cuq J.-P. (dir), Enseigner Le francais dans le monde, Le livre blanc de GERFLINT, Essais francophones, 3, 2016. Hagěge C, Le Francais et les siecles, Odile Jacob, « Points », 1987. Martinez P., La Didactique des langues étrangéres, PUF, «Que sais-je: 2C éd 1998. Porcher L., Le Francais langue etrangere, Hachette-CNDP, 1995; Enseigner/ diffuser le francais: une profession, Hachette, 1987; Champs de signes, Didier, «Essais», 1987. Rnr"T-TF F PirrMTATT R J-firtnirpt dp difilnm/ifip rulturel.le. di"i nrixri.nes a. 1995. ADPR FIPF, 1997, COURS DE DIDACTIQUE DU FRANCAIS LANGUE ÉTRANGÉRE ET SECONDE SPAEľ V* Ge'néal0gie de k didactl1ue ^ francais langue étrangére, ľenjeu africain, JJidier Frudmon, «Langues et développement», 1998. Walther H., Le Francais dans tons les sens, Robert Laffont, 1988. Revues CHAPITRE 2 La didactique du francais langue étrangére et seconde, sous-ensemble dune discipline nouvelle en sciences humaines: la didactique des langues L'histoire, la geographic la composition du champ du FLE ne sont finalement l'objet que de peu de polémiques. En revanche, l'etablissement d'une discipline somme toute récente est toujours le sujet d'interrogations épistémologiques fondatrices, dont on ne peut faire ici l'economie. 2.1. L'ambition scientifique de la didactique des langues Le champ qui vient d'etre décrit au chapitre 1 et la langue francaise délimitent une discipline nommée francais langue étrangére et l'inscrivent en premiere instance au sein de la didactique des langues, dont elle constitue un sous-ensemble particulier. Mais cette discipline peut-elle avoir une ambition et une reconnaissance scienti-fiques? C'est la question que nous allons tenter d'eclairer. En fait, elle a déja été en partie abordée, au debut du chapitre precedent, par 1'évocation de la sortě de lutte que les enseignants et les chercheurs en FLE ont dů et doivent encore souvent mener au sein des universités de lettres pour se voir accorder un statut académique convenable, c'est-á-dire la reconnaissance d'une certaine scientificité de leur objet ďétude. La question n'est cependant pas uniquement sociologique et ne concerne pas seulement les enjeux pratiques et symboliques qui ont été mis en evidence par le concept de champ, c'est aussi une question fondamentale parce quelle définit le cadre et les ambitions de la recherche et des enseignements. De facon generále, le debat sur le degré de scientificité d'une discipline nouvelle est indispensable dans sa periodě d'etablissement. On peut en prendre pour exemple les intetrogations de certains grammairiens sur la scientificité de l'objet texte, et partant de la grammaire de texte1 en tant que discipline nouvelle en linguistique. Ainsi, pour tenter de répondre á cette inquietude, Lita Lundquist2 se réfere-t-elle aux critěres de scientificité édictés par Jean-Claude Milner3 et qui sont: 1) l'empirique, 1. Le texte étant aussi pour nous un concept didactique de niveau 3, on ne saurait trop conseiller la lecture du numero 101 de Langue frangaise, 1998.