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Littérature québécoise entre américanisation, américanité et indianité Eva Voldřichová Beránková Universita Charles, Prague, Tchéquie L'histoire québécoise est souvent définie comme un long processus de « dépériphérisation160 » du pays par rapport aux cinq empires successifs : la France, lc pays-mere qui a lancé la colonisation du continent canadien et l'a dominé jusqu'a la moitié du XVIir siěcle ; la Grande-Bretagne qui, suite á sa victoire dans la guerre de Sept Ans, a pris le contróle de la « Nouvelle-France » pour une centaine ďannées suivantes ; le Canada anglophone, dont les neuf provinces continuent á s'opposer au Quebec sur les plans á la fois linguistique et politique ; Rome (l'Eglise catho-lique ayant tenu le monopole de 1'éducation nationale, de la santé publique et de la politique sociale québécoises jusqu'a la Revolution Tranquille des années 1960-1970) et finalement les États-Unis, le dernier empire de cette série historique, qui a entrepris deux tentatives de se rattacher le territoire québécois (les guerres de 1776 et de 1812-1814) et dont le poids économico-politique actuel dépasse ceux des autres « centres », plus traditionnels. Toute proportion gardée, l'essence de la culture québécoise a depuis toujours consisté en une lutte pour la souvcraineté nationale (d'oü le caractěre profondément axiologique de la littérature 159Le present article s'inscrit dans le Projet Européen du Développement Regional « Créativité et adaptabilita comme conditions du succěs de l'Europe dans un monde interconnecté » (No. CZ.02.1.01/0.0/0.0/16_019/0000734). '"'KYLOUSEK, Petr, «La dépériphérisation du point de vue canadien-fran-cais », in KYLOUŠEK, Petr et alii, Nous, eux, moi. La quite del'identitě dans la littérature et le cinéma québécois, Brnq, Universitě Masaryk, 2009, pp. 42-44. 125 traditionnelle), pour une mise en valeur d'un pays juge periphe-rique, situe plus ou moins loin des empires successifs qui dic-taient la politique et/ou l'oricntation economique du pays. Tandis que de nombreux ouvrages ont ete consacres ä des relations existant entre le Quebec, d'une part, et la France ou la Grande-Bretagne, de 1'autre, le röle des Etats-Unis dans la culture quebecoise ne commence qu'ä etre explore en profondeur. Par un etrange concours de circonstances, cet interet accru pour l'empire americain et ses retombees quebecoises coincide avec Fessor actuel des cultures des Premieres nations qui impliquent une vision toute differente des notions de l'empire et de la Peripherie. Le but du present article consiste done ä examiner le triangle paradoxal forme par la litterature quebecoise dans ses rapports, d'une part, avec les Etats-Unis, et de l'autre, avec les litteratures emergentes des peuples autochtones canadiens (des Amerindiens et des Inuits) qui se developpent ä partir des annees 1970. En effet, si les Etats-Unis, par leur domination economique et politique, continuent ä jouer le röle de l'empire (une fois que la France, la Grande-Bretagne et Rome se sont retirees) par rapport auquel le Quebec serait une peripheric, les cultures des peuples autochtones, elles, fonctionnent comme des peripheries dans le cadre du Quebec meme. Une position, pas toujours tres confor-table, de « semi-peripherie » en decoule pour la province francophone du Canada qui s'est toujours crue colonisee - du moins jusqu'ä la Revolution tranquille - et qui ne fait que commencer ä decouvrir son propre Statut de colonisateur. En effet, peripheric historique pour les Francais, les Britanniques, les Canadiens an-glophones ou les Etats-Uniens, elle n'en represcnte pas moins un centre/empire pour l'ensemble de ces peuples vivant ä l'ombre de la grande Histoire et partageant le sol quebecois avec les Franco-Canadiens. Naissance historique des concepts Durant les cinquante derniéres années, les paradoxes du rapport « centre - peripheric » se trouvent explicités d'une maniere trěs interessante á travers 1'évolution des notions ď« américani-sation » et ď« américanité » dont les intellectuels québécois se servent pour défmir leur position par rapport á l'empire americain. Cest 1'écrivain Jacques Godbout qui, lors d'un colloque organise á Paris en 1966, parle pour la premiere fois de « la nord américanité » comme d'une dimension constitutive des écrivains québécois francophones161. L'annee suivante, le néologisme ré-apparait dans un article du poete et critique littéraire Jean-Guy Pilon qui se propose de défmir la poesie quebecoise comme une « réalité issue de 1'Amérique162 ». Dans les années 1970, Michel Téru interprete 1'américanité comme « une notion anthropologique et sociologique163 », indispensable á 1'émancipation du Nouveau Monde par rapport á des moděles européens, tandis que pour Paul-André Bourque, elle re-présente « une zone grise de 1'inconscient collectif164 ». Dans une perspective comparatiste, ce dernier rapproche des auteurs québécois et états-uniens (respectivement Marie-Claire Blais et William Faulkner, Jacques Poulin et Jerome David Salinger, Yves Thériault et Ernest Hemingway) afin de déceler chez eux toute une mythologie commune et un imaginaire nourri de representations archétypales trěs proches. Parallělement, le concept de 1'américanité commence á étre utilise par les sciences sociales pour exprimer les particularités de 1'identité quebecoise. Peu á peu, il change de sens : inspires des travaux de Fernando Ortiz ou ď Édouard Glissant, les theories postcoloniales de 1'hybridité, du métissage et de 1'altérité, formulées, entre autres, par Maximilien Laroche, professeur de l61GUYOT, Adrien, « Une Amérique en filigrane », in BERNOVSKI, Victor (dir.), Francité, américanité et indianité dans le roman québécois contemporain. Interculturel Francophonies, n. 32, novembre-décembre 2017, Lecce, Alliance francaise, p. 137. 162PILON, Jean-Guy, « Une réalité issue de 1'Amérique », Le Devoir, 31 oc-tobre 1967, Cahier litterature, p. IV. ,63TETU, Michel, « Jacques Godbout ou l'expression québécoise de 1'américa-nité », Livres et auteurs québécois 1970, 1971, p. 271. 164BOURQUE, Paul-André, « L'americanite du roman québécois », Études lit-téraires, vol. VIII, n. 1, avril 1975, p. 15. 126 127 litterature ä l'Universite Laval, voient dans l'americanite plutot le resultat des rapports ä l'Autre, plus particulierement, ä 1'Ame-rindien : « L'Amerique est fondamentalement le lieu d'un conflit entre l'Europeen et l'Amerindien. Ce lien peut fort bien se metamorphoser en lutle des Noirs et des Blancs, comme ce fut le cas en Haiti, mais ä 1'arriere-plan, quand ce n'est pas au premier plan, de toutes les luttes, en Amerique, il y a l'Amerindien. Et c'est dans le mode d'identification des antagonistes ä ce combattant premier que se reconnait l'image de l'americanite, de l'Amcri-cain qu'ils defendent, imposent ou souhaitent165. » Dans les annees 1980-1990, apres l'echec du premier referendum sur la souverainete, le neologisme « americanite » devient selon Jean-Francois Chassay « le mot prefere des Quebecois166 » qui esperent, grace ä lui, rejeter les aprioris identitaires tradition-nels pour embrasser enfin toute la diversite du Nouveau Monde. L'adoption du principe de l'americanite etait alors censee sortir le Quebec moderne de 1' impasse nationaliste. La dichotomie conceptuelle Ä partir de 1990, les reflexions sur le centre et la peripheric, envisages dans une perspective americaine, s'inscrivent dans un cadre theorique plus precis qui se divise en gros entre deux centres d'interet, deux methodologies ct deux orientations axio-logiques distinctes : d'une part, des chercheurs tels que Jean Mo-rency167 poursuivent les paralleles ä la Paul-Andre Bourque entre des auteurs etats-uniens et quebecois pour chercher dans leurs oeuvres un mythc unificateur commun. Leurs analyses aboutis-sent en general ä la constatation de la presence du meme « prin- 165LAROCHE, Maxmilien, « L'americainite ou 1'ambiguíté duje », Etudes lit-téraires, vol. VIII, n. 1, avril 1975, « Littérature québécoise et américanité », p. 128. ,66CHASSAY, Jean-Francois, L'ambiguite americaine. Le roman québécois face aux États-Unis, Montreal, XYZ, 1995, p. 7. lfi7MORENCY, Jean, Le mythe américain dans les fictions ďAmérique de Washington Irving a Jacques Pou/in, Quebec, Nuit blanche éditeur, 1994. cipe de renovation » a partir duquel se construisent les grands re-cits des metamorphoses de l'homme en contact avec le Nouveau Monde et ses tentatives de depassement des conflits primordiaux. L'americanite est ici percue comme neutre, voire positivement connotee, car elle s'avere le resultat d'un processus de l'ameri-canisation, a savoir d'un grand mouvement d'adaptation des col-lectivites a un nouvel environnement dans lequel I'apport des au-tochtones a ete decisif. Les historiens Yvan Lamonde et Gerard Bouchard resument le concept ainsi : « Par americanite, on entend [...] les nouvelles formes cultu-relles qui se sont mises en place depuis le XVIIe siecle a la suite des transferts migratoires dc 1'Europe vers les Ameriques et qui refletent la somme des ruptures, des processus de differenciation [...] et des projets de recommencement collectif caracteristiques de plusieurs collectivites neuves168. » D'autre part, pour Jean-Francois Chassay169 et ses disciples, l'americanite (de la production litteraire notamment) ne repre-sente pas une valeur positive, mais bien au contraire, une de-cheance, une veritable « infection » etats-unienne du discours social quebecois. Dans cette approche, l'americanite quitte la dimension continentale et se voit reduite a la reception, par les Quebecois, des modeles socioculturels etats-uniens, qu'il s'agisse des influences subies passivement ou des transferts actifs. C'cst sans doute a cette acception du mot que le critique Pierre Nepveu re-agit plus tard par un scepticisme moqueur : « [L'americanite est] un neologisme quebecois qui a trop sou-vent signific [...] unc immense ignorance dc l'Amcrique et sa reduction a des valeurs stereotypees en lesquelles je ne me recon- 168BOUCHARD, Gerard - LAMONDE, Yvon (dir.), Quebecois et Americans : la culture quebecoise aux XIXs et XX* siecles, Saint-Laurent, Fides, 1995. I69CHASSAY, Jean-Francois, L'ambiguite americaine. Le roman quebecois face aux Etats-Unis, Montreal, XYZ, 1995. 128 129 fera notamment á travers la reconnaissance de 1'hétérogénéité des cultures en presence dans les Amériques, leur capacité d'hy-bridation et ď acceptation du « divers », tout cela dans une harmonie polyphonique. En ce sens, l'Amerique deviendra le lieu ďun décentrement utopique, á savoir hétérotopique, pour re-prendre le terme de Michel Foucault180. » Pourtant, les États-Unis ne disparaissent pas du paysage litté-raire québécois, loin s'en faut. (Aprěs la prise de distance des écrivains et éditeurs québécois par rapport á Paris et á Londres, New York est méme devenu un nouveau centre culturel, du moins pour une partie des intellectuels contemporains.) Si nous vou-lions établir une petite typologie d'ouvrages inspires par eux, il faudrait commencer par les fameux « romans de la route » qui se multiplient depuis les années 1980, dans le sillage dc Volkswagen blues (1984) de Jacques Poulin ou de Petit Homme Tornade (1996) de Roch Carrier. II s'agit d'oeuvres dans lesquelles : « l'auteur met en scene un ou plusieurs personnages québécois qui, ayant franchi la frontiěre qui séparé, divise et unit le Quebec et les États-Unis, partent á la découverte non seulement de la culture américaine, mais aussi dc leur propre identitě culturelle181. » En effet, les protagonistes, pour la plupart masculins, de ces romans partent pour les États-Unis dans le but de chercher leurs origines et leur identitě. Les États-Unis représentent un terrain propice á ce genre de voyages initiatiques, puisque leur territoire permet aux héros de suivre de nombreuses traces ďun passé fran-cais du continent et de se construire progressivement une nou-velle identité qui combine des elements francophones et améri-cains. Parmi les romans qui respectent parfaitement ou en partie ces principes génériques de base, il convient de citer les Carnets de naufrage (2000) ou Chercher le vent (2001) de Gilles Vi-gneault; II n'y a plus ďAmérique (2002) de Louis Caron ; As-phalte et vodka (2005) de Michel Vézina, mais aussi Nikolski l80GUYOT, Adrien, « Une Amerique en filigranc », in BERNOVSKI, Victor (dir.), Francite, americanile et indianite dans le roman quebecois contemporain. Interculturel Francophonies, n. 32, novembre-decembre 2017, Lecce, Alliance francaise, pp. 141-142. ""HODGSON, Richard - SARKONAK, Ralph, « Deux hors-la-loi quebecois : Jacques Godbout et Jacques Poulin », Quebec Studies, n. 8, 1989, p. 27. (2005) dc Nicolas Dickner ; Nevada est mort (2010) d'Yves Trot-tier ou L 'annee la plus longue (2015) de Daniel Grenier. Vient ensuite une categorie beaucoup plus vague qui englobe ce que certains chercheurs appellent les ceuvres « emblematiques de la modernite quebecoise182 ». A titre d'exemple, nous pouvons citer Le del de Bay City (2009) de Catherine Mavrikakis, « un roman-invectives » qui s'acharne sur la mediocrite des petites villes ou le ciel mauve saumatre d'une Amerique post-indus-trielle « agonise bienveillamment sur le destin ronronnant des petites families183 ». Entre le K-Mart local, la maison parentale et l'autoroute, une vie mome n'arrive pas a apaiser les spectres du passe qui finiront par conduire l'heroi'ne au crime. La violence latente des Etats-Unis, cette fois-ci « en guerre contre le terro-risme », inspire a Nancy Huston le personnage de Sol, un petit garcon pervers qui se masturbe devant des photos de cadavres et dont l'histoire introduit les Lignes de faille (2006). Parmi les ceuvres plus recentes qui developpent la meme problematique de la violence gratuite, mentionnons egalement Hollywood (2012) de Marc Seguin, centre autour d'un assassinat mysterieux com-mis a Jersey City, « la ville la plus meurtriere de l'Est ameri-cam ». Dans un registre plus detendu, voire canularesque, 1'influence americaine se fait clairement sentir dans les romans relevant de ce que Benoit Melancon a appele par provocation « l'Ecole de la tchen'ssa185 ». Le titre renvoie au mot anglais chainsaw desi-gnant la tronconneuse (songeons ici au celebre fdm d'horreur ls2PARÉ, Francois, « La littérature québécoise du XXle siecle. Cceur et marges de 1'Amerique », in BERNOVSKI, Victor (dir.), Francité, américanité et indianite dam le roman québécois contemporain. Interculturel Francophonies, n. 32, novembre-décembre 2017, Lecce, Alliance francaise, p. 63. 1 "MAVRIKAKIS, Catherine, Le Ciel de Bay City, Montreal, Sabine Wespieser éditeur, 2009, p. 9. IS4SÉGUIN, Marc, Hollywood, Montreal, Bibliothěque québécoise, 2012, p. 22. ls5MELANCON, Benoit, « Histoire de la littérature québécoise contemporaine 101 », Oreille tendue, 19 mai 2012, (consulté le 20 sep-tembre2019). 132 133 The Texas Chainsaw Massacre : 1974), mais acclimate en francais du Québec. L'école serait composée de jeunes écrivains con-temporains, caractérisés par une presence forte de la forét, la representation de la masculinité, le refiis de ľidéalisation et une langue marquee par ľoralité. Certains critiques évoquent la « néoruralité », le « posterroir » ou le « néoterroir » pour designer leurs ceuvres. Pármi les figures emblématiqucs du mouve-ment, nous pouvons compter Samuel Archibald, Raymond Bock, William M. Messier, mais également Daniel Grenier ou Madame Chose. Et finalement, une catégorie qui nous semble trěs prometteuse consiste dans des réécritures ironiques des mythes états-uniens. Ä titre d'exemple mentionnons La fiancee américaine (2012) d'Éric Dupont, une saga familiale qui raconte I'essor extraordinaire de la chaine de restaurants Chez Mado (jeu evident avec le McDo americain) ou la trilogie « 1984 » d'Éric Plamondon dont chacun des tomes est consacré á une autre icône de l'Est americain : Hongrie-Hollywuud Express (2011) relate la vie de Johnny Weissmuller, le premier Tarzan du film parlant, Mayonnaise (2012) est consacrée á Richard Brautigan, « le dernier des Beatniks », et Pomme S (2013) s'avere une biographie romancée de Steve Jobs, l'homme d'affaires visionnaire qui a lancé la société Apple. Entre fascination et scepticisme, les narrateurs québécois de toutes ces réécritures de mythes américains parviennent á rendre hommage aux grands hommes et femmes de l'histoire, tout en gardant une certaine distance ironique vis-á-vis de leurs mythomanies respectives. L'humour québécois se marie ici trěs heureusement avec la grandiloquence épique états-unienne pour former un collage postmoderně plutôt original. Les romans des deux Erie (Dupont et Plamondon) développent cette reflexion, beaucoup plus ancienne, que Jacques Poulin avait lancée dans Les grandes-marées : « [L]e roman francais s'intéresse plutôt aux idées, tandis que le roman américain s'intéresse davantage á Paction. Or, nous sommes des Francais d'Amérique, ou des Américains ďorigine francaise, si vous aimez mieux. Nous avons done la possibilité au Québec, ďécrire un roman qui sera le produit de la tendance francaise et de la tendance américaine. Cest 9a que j'appelle le grand roman de 1'Amérique186. » Dans ce genre de roman, 1'américanisation (fascination par les Etats-Unis et imitation de leurs discours sur le bonheur et le suc-cěs) débouche peu á peu sur 1'américanité, telle que René La-pierre la concoit dans Ecrire 1'Amérique (1995) : « comme »10/1/ et comme valeur, comme parcours [...] ďun retour á soi. » Une telle américanité exige de 1'écrivain qu'il traverse le continent non pas ďest en ouest ni de nord á sud, mais vers le fond, le dedans [...], [vers] le sentiment qui fonde et qui supporte tout cela, et sert ďassise á quelque chose qui n'est pas la France et qui ne relěve pas ďun monde européen de société et de culture187. L'opposition traditionnelle entre 1'américanisation et 1'américanité se trouve ainsi dépassée et transcendée, car 1'expérience états-unienne měne les auteurs et leurs héros á une prise de conscience de leur propre identité franco-américaine, ainsi qu'á l'adoption de nouvelles formes ďécriturc qui combinent 1'idée et Paction, le pathos et l'ironie, le Canada et les États-Unis, 1'Eu-rope et 1'Amérique. Le troisiěme cóté du triangle : statut des peuples autoch-tones canadiens Nous avons démontré á quel point les écrivains et chercheurs québécois respectent le poids de 1'empire états-unien, trés present dans la culture populaire et médiatique du pays, tout en s'effor-cant de le « diluer » en quelque sortě dans la marée américaine, á savoir dans un modele identitaire qui embrasserait les trois continents américains. Voyons á present ce qu'il en est du troisiěme cóté du triangle, de cette « peripheric de la peripheric » que représentent les litté-ratures des peuples autochtones, pour qui méme le Quebec semi- 186POULIN, Jacques, Les Grandes Marées, Montreal, Leméac, 1978, pp. 175-176. 187LAPIERRE, René, Ecrire 1 'Amériqu^, Montreal, Les herbes rouges, 1995, pp. 10-13. 135 périphérique actuel représente, sinon un « empire », certaine-ment un centre. Les peuples autochtones canadiens sont formés des Premieres Nations, des Inuits et des Metis. Le Québec actuel compte en tout dix Premieres Nations formant quarante-quatre communautés, auxquelles il faut additionner 14 villages inuits du Grand Nord et les Metis dont le nombre n'est pas répertorié. Les autochtones officiellement reconnus au Québec forment 2,3 % de la population de la province. (Ľ ensemble du Canada est, lui, réparti en 50 nations ou groupes linguistiques, 617 communautés et environ 100 000 Inuits.) Une légére majorite (54%) des membres des Premieres Nations vivent en milieu urbain et non plus en reserve. Ľ expression « Premieres Nations » s'est répandue á partir des années 1980, en remplacement du terme « Indiens », considéré comme péjoratif et inexact (l'Indien étant ľhabitant de ľlnde). Toutefois, le terme «Indien » reste toujours legal méme si son usage est en déclin. Aux États-Unis, on designe les Amérindiens et les Inuits vivant sur le territoire du pays par le terme de « Native Americans », mais son equivalent « Native Canadians » est trěs peu utilise au Canada. Le statut des peuples autochtones canadiens reste ambigu jusqu'á nos jours. C'est seulement en 1961 que Particle 112, im-posant une emancipation obligatoire des Premieres Nations, a été aboli. Jusque-lá, le statut d'Indien ou ďlnuit était perdu děs qu'un autochtone recevait un « diplome universitaire, qu'il deve-nait ministře ďun culte chrétien ou qu'il obtenait un titre profes-sionnel de médecin ou d'avocat188 ». Aujourd'hui, est admissible au statut d'Indien toute personne dont au moins ľun des parents est deja inscrit sur le registre, mais la procedure de reconnaissance officielle s'avere lourde et fort bureaucratique. Suite á son admission, l'individu est obligatoire-ment affilié á un groupe (appelé bande) par le bureau des Affaires autochtones et du Nord Canada. Dans un délai de huit mois, il ' 88HENDERSON, William, Loi sur les Indiens, 2006, (con-sulté le 20 septembre 2019). 136 recoit son numero d'inscription ä dix chiffres et une carte securi-see de Statut. Le Statut d'Indien donne droit ä un certain nombre d'avantages sociaux tels des exemptions fiscales, des allocations speciales, des programmes d'education, des bourses, des aides au logement, des regimes specifiques de 1'assurance maladie, etc. Par contre, les langues amerindiennes ne jouissent meme aujourd'hui d'aucunc reconnaissance officielle dans la Constitution canadienne et ne peuvent en aucun cas servir dans la communication avec des autorites, meme locales. Seuls les Inuits ont le droit officiel d'utiliser leur langue maternelle, l'inuktitut, et ceci depuis 2002, en vertu de la Loi sur les ectux du Nunavut et le Tribunal des droits de surface du Nunavut. Ainsi, le Recensement du Canada de 2011 revele que la plupart des 60 langues autochtones recensees sont desormais menacees de disparition. Les chiffres officiels de 2017189 en disent long sur les princi-paux problemes affrontes par les communautes autochtones dans le Quebec contemporain : - Un adulte sur cinq a ete traite contre l'alcoolisme. - 57 % des femmes ont ete victimes d'abus sexuel se suivant par une grossesse non desiree. - II n'existe toujours pas de registre des femmes portees dis-parues. - L'assurance emploi et l'aide sociale representent 44 % des revenus de famille. - La moitie des adultes n'ont pas termine leurs etudes secondares. - Plus de 50 % des enfants et 67 % des adultes sont obeses. 189Secretariat aux affaires autochtones, Les Amerindiens et les Inuits du Quebec. Onze nations contemporaines, Bibliotheque nationale du Quebec, 2018 ; Sta-tistique Canada, Recensement du Canada de 2011 : tableaux thematiques, https://wwwl2.statcan.gc.ca/census-recensement/2011/dp-pd/tbt-tt/Lp-fra.cfm?LANG=F&APATH=3&DE- TAIL=0&DIM=0&FL=A&FREE=0&GC=0&GID=0&GK=0&GRP= 1 &P1 D= 0&PRID=10&PTYPE=101955&S=0&SHOWALL=0&SUB=0&Tempo-ral=2011&THEME=88&VID=0&VNAMEE=&VNAMEF= (consulte le 20 septembre 2019). 137 - 27,3 % des tests sont positifs pour le SIDA parmi la population autochtone. - Le taux de suicide enfantin est Tun des plus eleves au monde. Litteratures des Premieres Nations et des Inuits en francais Comme nous avons, jusqu'ä present, examine les rapports « centre - peripheric » ä travers le prisme de la litterature, voyons desormais quelle est la situation des lettres autochtones. Contrairement aux Etats-Unis et au Canada anglophone, pour la litterature des Premieres Nations redigee ou traduite en francais, il existe tres peu d'ouvrages de reference. Le premier est ce-lui de Diane Boudreau intitule Histoire de la litterature amerin-dienne au Quebec : oralite et ecriturem. Tandis que dans la litterature quebecoise traditionnelle, 1'Indien etait soit relegue ä 1'arriere-plan comme un decor assurant la couleur locale, soit presente comme une figure menacante de l'autrepar excellence, Diane Boudreau s'efforce de combler une lacune en presentant au lecteur canadien francophone la litterature redigee par les autochtones eux-memes. Ceci ä un moment de l'histoire ou les re-vendications politiques formulees par les Amerindiens risquaient de deboucher sur ce qu'on appelait ä l'epoque une « nouvelle Revolution Tranquille autochtone ». Etant donne que la premiere moitie du livre est entitlement consacree ä la production orale et la cosmogonie amerindiennes, tandis que la seconde s'attarde sur leur contexte historique, politique et social, il reste peu de place pour 1'analyse des textes eux-memes. Neanmoins, Diane Boudreau etablit clairement que la naissance d'une litterature ame-rindienne ä proprement parier ne date que des annees 1970. II s'agit done d'un phenomene culturel recent, plus ou moins coi'neidant avec l'apparition des premiers livres de la litterature inuite. Les genres les plus represented au cours des premieres annees sont l'autobiographie et le recit de temoignage, suivis de la poe-sie lyrique que se developpe ä partir des annees 1980. Par contre, 190BOUDREAU, Diane, Histoire de la litterature amérindienne au Québec : oralité et écriture, Montreal, L'Hexagone, 1993. 138 seuls quelques auteurs - tels Bernard Assiniwi ou An Antane Ka-pesh - osent s'aventurer dans le domaine du roman. La plupart des oeuvres combinent plusieurs langues selon une elé politico-historique : les occidentales étant celieš de la domination et les autochtones celieš de la depossession. Deux autrcs facteurs jouent un rôle trés important : ľhéritage oral que les auteurs maintiennent pour exprimer leur indianité et une reconnaissance sociale relativement faible des productions amerindiennes, par rapport á ľaccueil chaleureux que le Québec a reserve aux nom-breux écrivains néo-québécois: hardens, italiens, chiliens, etc. A part le livre de Diane Boudreau, trois autres repertoires de litteratures amerindiennes existent : un trés ancien, établi par Charlotte Gilbert en 1950191, et deux plutôt récents par Mauricio Gatti intitules Litterature amérindienne du Québec. Ecrits de langue frangaise192 et Etre écrivain amérindien du Québec. Indianité et creation litter airem. Désireux ďillustrer la diversité du phénoméne, Gatti a réuni 73 textes francophones de 29 auteurs amerindiens recueillis parmi les dix nations autochtones de la province québécoise. Certains abordent des réalités autochtones contemporaines et les difficiles compromis entre tradition et modernité : on y parle de la drogue et de ľalcoolisme, des maladies, des violences de toutes sortes, de ľexpérience carcérale et du suicide. D'autres re-latent l'histoire des contacts et des rapports aux colonisateurs et les quotes identitaires qu'ils ont engendrées (métissage, adoption, perte de repéres causée par la rupture avec les traditions). Enfin, on y trouve des écrits qui nous plongent dans la spiritualite autochtone en présentant des personnages mythologiques ou en va-lorisant les rapports harmonieux avec les espéces animales et la nature. Par contre, Mauricio Gatti retranche de ses repertoires les '"GILBERT, Charlotte, Repertoire bibliographique. Auteurs amerindiens du Quebec, Saint-Luc, Centre de recherche sur la litterature et les arts autochtones du Quebec, 1950. "2GATTI, Mauricio, Litterature amerindienne du Quebec. Ecrits de langue francaise, Montreal, Editions Hurtubise, 2004. 193GATTI, Mauricio, Etre ecrivain ameripdien du Quebec. Indianite et creation litteraire, Montreal, Editions Hurtubise, 2006. 139 recits de legendes traditionnels ainsi que les chansons, afin de se concentrer uniquement sur la creation Htteraire. L'ouvrage propose egalement une analyse du role social des auteurs amerindiens : ces derniers rendent possibles une transmission de la culture et son renouvellement, tout en endossant aussi le role, parfois difficile, de celui qui represente les commu-nautes face a la modernite. Fait de reconnaissance, leur statut constitue un modele alternatif pour l'avenir des jeunes Autoch-tones. Gatti s'interesse egalement beaucoup a l'auto-identification des auteurs amerindiens : « L'important ici n'est pas de determiner qui est un vrai et qui est un faux, qui un bon et qui un mauvais auteur amerindien, mais pourquoi tel individu s'estime auteur amerindien et quel univers de reference il se donne194». II sou-ligne les problemes poses par cette autodefinition dans le cas, no-tamment, d'individus metis ou non-autochtones. Depuis 2011, il existe un Salon du livre des Premieres Nations a Wendake et a partir de 2015, des Bingos Htteraires Kwahia-tonhk (« nous ccrivons » en langue wendat) sont organises an-nuellement. Le public est invite a decouvrir la litterature des Premieres Nations des annees 1970 a nos jours en jouant a un jeu de bingo special, ou le boulier decide quels textes du corpus Htteraire autochtone liront les auteurs invites et les volontaires du public. A la charniere du spectacle Htteraire et du jeu interactif, cette activite est soutenue par un guitariste et une chanteuse, de meme que par un animateur-performeur. C'est la maison d'edition Han-nenorak, fondee par le poete Jean Sioui avec son fils Daniel Sioui, qui organise ces rencontres et qui assure egalement 1' edition de la majeure partie de la production des Premieres Nations. Quant aux Inuits, la traduction francaise du premier roman de leur litterature, Harpon du chasseur {Harpoon of the Hunter) de Markoosie Patsauq a paru en 1969. En 2002 suit Sanaaq de Mi-tiarjuk Attasie Nappaaluk, un curieux recit « de troisieme » sexe 194GATTI, Mauricio, Litterature amérindienne du Quebec. Ecrits de langue francaise, Montreal, Editions Hurtubise, 2004, p. 35. 140 raconté par une Inuite que ses parents ont, děs le jeune age, tra-vestie en le sexe oppose et éduquée comme un garcon. De nombreux écrivains inuits, des femmes pour la plupart, sui-vent aujourd'hui le chemin trace par Markoosie et Nappaaluk : á titre d'exemple, Alice Masak French (1930-2013) a signé deux autofictions consaerées au poids de la famille et des traditions ancestrales dans la vie des femmes autochtones contemporaines : My Name is Masak (Je m 'appelle Masak, 1977) et The Restless Nomad {La nomade agitée, 1992). Mini Aodla Freeman (1936) s'est illustrée par de longues mémoires intitulées Life Among the Qallunaat {Vieparmi les non-Inuits, 1978) qui reprennent en detail 1'ensemble des changements survenus dans les communautés inuites depuis les années 1940 et leurs repercussions sur la cohabitation avec les allochtones. II en va de méme des nouvelles crypto-autobiographiques de Norma Dunning (1959) qui interro-gent avec humour 1'identito inuite, sans cesse renvoyée á son passé et á ses cliches. Dans le domaine de la litterature pour jeu-nesse, c'est Michael Arvaarluk Kusugak (1948) et, plus récem-ment, Aviaq Johnston (1993) qui marient des sources mytholo-giques avec leur propre genealogie familiale pour transmettre aux nouvelles generations d'autochtones certaines lecons tiroes des traditions chamaniques. Ainsi, le récit de filiation, sous ses formes les plus diverses, semble étre une composante quasi obli-gatoire de la litterature inuite contemporaine. Ce sont les revues Inuktitut et Inuit Art Quaterly qui assurent le rayonnement et la transmission réguliěre de la culture inuite au Canada. Avant d'etre reprises par une maison d'edition, la majeure partie des ceuvres de fiction sont publiées d'abord sous forme d'extraits dans ces deux revues. Pour conclure, rappelons que les Franco-Canadiens vivent en ce moment une curieuse periodě de transition. Eux qui se sont toujours considérés comme un peuple exploité, occupant une pé-riphérie géographique et historique, comme des « Něgres blancs d'Amerique », comme disait Pierre de Valliěres195, doivent faire face á 1'émergencc d'autres peuples et cultures qui voient en eux, 195VALLIERES, Pierre, Něgres blancs d'Amerique, Montreal, Typo, 1994. 141 bien au contraire, des colonisateurs, des representants d'un centre sinon oppresseur, du moins suspect de l'etre. Entre la domination economique etats-unienne et le reveil des peuples autochtones du Canada, les Quebecois s'interrogeront de plus en plus sur leurs propres identites et valeurs. Bibliographie : BOUCHAPvD, Gerard - ANDRES, Bernard (dir.), Mythes et so-ciétés des Amériques, Montreal, Editions Québec Amérique, 2007. BOUCHARD, Gérard - LAMONDE, Yvon (dir.), Québécois et Américains : la culture québécoise auxXĽC et XX1 siécles, Saint-Laurent, Fides, 1995. 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