document II.c. 1968. Mai 68, côté gauchiste Le 22 mars 1968, les étudiants gauchistes, conduits par Daniel Cohn-Bendit, occupent la salle du Conseil de faculté de l'université de Nanterre. Ils se féderent par la suite dans le Mouvement du 22 mars qui joue un rôle déterminant dans les événements de mai. Dans un tract daté du 18 juin 1968, ce mouvement s'amuse `a plagier l'appel du général de Gaulle. Les chefs qui depuis le 13 mai 1958 sont `a la tete des armées françaises ont formé un gouvernement. Ce gouvernement alléguant notre défaite s'est mis en rapport avec les chefs de l'OAS pour nous faire cesser le combat. Certes, nous avons été submergés par les forces mécaniques, terrestres, aériennes et hertziennes de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre et leur matériel, c'est le martelement des bottes sur les écrans de télévision et l'intoxication massive de la presse et des radios qui nous font reculer. Ce sont les complicités manifestes et la rapidité des recours `a l'illégalité qui nous ont surpris au point de nous amener ou nous sommes aujourd'hui. Mais le dernier mot est dit? L'espérance doit-elle disparaître? Le recul est-il définitif? Non. Nous qui vous parlons en connaissance de cause, nous vous disons que rien n'est perdu pour la révolution. Nous avons encore de nombreux moyens de faire venir un jour la victoire car les étudiants ne sont pas seuls, ils ont l'ensemble de la classe ouvriere avec eux. Ils peuvent faire bloc avec elle pour tenir et continuer la lutte. Ensemble, étudiants et ouvriers, nous pourrons libérer et utiliser l'immense industrie des usines et des facultés. Cette révolution n'est pas limitée `a notre pays. Cette révolution n'est pas tranchée par les journées de mai. Cette révolution est une révolution mondiale. Toutes les fautes, tous les retards n'empechent pas qu'il y ait dans l'univers tous les moyens pour écraser notre ennemi. Atteint [sic] aujourd'hui par notre faiblesse mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force révolutionnaire supérieure. Le destin du monde est l`a. Le Mouvement du 22 mars invite tous les révolutionnaires qui se trouvent en territoire français ou qui viendraient `a s'y trouver avec leurs armes ou sans leurs armes, travailleurs et étudiants, `a s'organiser. Quoi qu'il arrive, la flamme de la révolution populaire ne doit s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain comme aujourd'hui nous parlerons. Mouvement du 22 mars, « Appel du 18 juin 1968 », cité in Claude Fohlen, Mai 68, révolution ou psychodrame, Paris, PUF, 1973, p. 59.