France II.e. Les MÉDIAS 1 II.e. Les MÉDIAS Vieux pays de médias, la France a été le berceau de ľun des premiers périodiques, La Gazette, créée en 1631, par Théophraste Renaudot. C'est aussi en France que la premire agence ďinformation fut créée par Charles Louis Havas en 1835, et que la presse grand public vit le jour avec Le Petit Journal de Mose Millaud, en 1863. Ce dernier devait tre le premier assurer un tirage de masse grâce une rotative, mise au point par ľingénieur Marinoni, qui donnera son nom toute une génération de ces machines, symboles des grands tirages. La France est également un pays o les médias sont, plus qu'ailleurs, étroitement liés ľhistoire politique, qu'il s'agisse de la floraison de centaines de quotidiens Paris, lors de la Révolution française ; de ľappel ľinsurrection de la presse parisienne la veille du déclenchement des journées de juillet en 1830, ou encore des multiples entrelacs de destins et carrires ďhommes politiques et hommes de presse de premier plan, de Georges Clemenceau Jean Jaurs, en passant par Aristide Briand. Faut-il voir dans ce passé ľexplication de la place originale de ľÉtat dans le systme médiatique français, avec la production de textes et de réglementations fréquemment actualisés ; le soutien apporté la presse écrite, ľAgence France Presse, comme aux radios associatives ; son rôle ďactionnaire de radios et télévisions publiques ; ou encore ľimpulsion donnée en faveur de certaines innovations technologiques telles que le plan télématique (minitel) ou le plan câble, dans les années quatre-vingt ? Les médias français sont également au coeur de bien des débats politiques, sociaux ou culturels comme la question de la liberté ďexpression soulevée ds le XVIIIe sicle par les philosophes des Lumires, et qui aboutira au vote de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, ou la mise en cause du " bourrage de crâne " et de la censure au lendemain de la Premire Guerre mondiale, avec ľadoption de la Charte de 1918, premier Code de déontologie des journalistes, par le tout nouveau Syndicat national des journalistes. Plus récemment, un débat s'est engagé sur des dérives de ľinformation, la suite, par exemple, des évnements de Timisoara ou de la guerre du Golfe, ainsi que sur la responsabilité des médias, notamment ľoccasion de ľélection présidentielle de 2002 en France. II.e.i. Place et influence des médias Les médias constituent ľaube du troisime millénaire une activité économique importante, avec un chiffre ďaffaires de plus de 11 milliards ďeuros pour la presse écrite, de 5,5 milliards ďeuros pour la télévision et pas moins ďun milliard ďeuros pour la radio. Ils emploient plus de 30 000 journalistes ce qui représente un doublement en deux décennies. Les médias français sont également le sige de grands groupes de communication comme HachetteLagardre, premier groupe mondial de presse magazine ou TF1 premire télévision généraliste hertzienne européenne. Nombre des groupes français de communication ont ďailleurs déployé leur activité vers ľEurope, mais aussi pour certains dans le monde entier. Le dynamisme des marchés de ľécrit comme de ľaudiovisuel a également attiré les plus grands groupes mondiaux comme AOL Time Warner, Bertelsmann, Pearson ou Emap. Les médias occupent une place de choix, qui ne cesse de progresser, dans la vie des Français, puisqu'ils consacrent chaque jour pas moins de 3 heures 1/4 la télévision comme la radio. Les quotidiens sont certes moins bien lotis avec une demi-heure en moyenne, alors que le temps consacré ľinternet ne cesse de progresser avec 6 heures 47 par semaine. Si pratiquement tous les Français regardent la télévision, tout comme ils lisent des magazines, et alors que plus de 80 % écoutent la radio, en revanche la part de ceux qui lisent régulirement un quotidien recule pour ne plus atteindre France II.e. Les MÉDIAS 2 que 36 %. Signe ďencouragement ou expression ďune concurrence exacerbée aux dépens du quotidien, la lecture des magazines est parmi la plus importante au monde avec une moyenne de prs de 7 titres par personne. Les Françaises en lisent 8,2 en moyenne, 8,3 titres pour les 18-20 ans. II.e.ii. Situation des différents médias ĽAgence France Presse En amont de toute information, principalement internationale, se situent les agences mondiales ďinformation, représentées en France par ľAgence France Presse (AFP) et par des dizaines ďagences spécialisées, notamment les agences photographiques (Gamma, Sigma, etc.). ĽAFP, issue de ľAgence Havas, bénéficie ďun statut particulier, défini par la loi du 10 janvier 1957, qui vise en garantir ľindépendance. Ni institution publique, ni entreprise privée, son conseil ďadministration, o sigent les représentants des principaux médias clients, ceux de ľÉtat, et ceux du personnel, la protge des pressions. En revanche ľabsence de capital aurait limité son développement face ses grandes concurrentes anglo- saxonnes Reuters et Associated Press (AP). Forte de deux mille journalistes et techniciens, ďun budget de 253 millions ďeuros (dont 40 % proviennent ďabonnements de ľÉtat), ľAFP dispose du réseau le plus complet et le plus maillé, comportant quelque 110 bureaux et plus de 50 correspondants locaux, dépendant de cinq grands centres régionaux : Paris, Washington, Montevideo, Hong Kong, Nicosie, installés dans 165 pays. Au cours de la décennie passée, ľAgence a fortement développé son activité photo, ses services radiophoniques et électroniques (principalement sur internet). Elle est en revanche beaucoup moins présente en télévision que Reuters ou AP. II.e.iii. Les quotidiens Figurant longtemps parmi les plus puissants et les plus prospres, les quotidiens français connaissent une situation beaucoup plus modeste et difficile qui contraste avec la vitalité et le dynamisme des magazines, qui sont devenus leurs principaux concurrents. On compte aujourďhui 81 quotidiens, dont une dizaine de quotidiens nationaux ďinformation politique et générale, une dizaine spécialisés en économie, en sport, etc., un peu plus ďune soixantaine de quotidiens départementaux ou régionaux. Sur un chiffre ďaffaire de 11 mil- liards ďeuros pour la presse écrite, les quotidiens n'en réalisent plus qu' peine 40 %. Quelques titres de presse en ligne Presse quotidienne nationale La Croix : http://www.la-croix.com La Tribune : http://www.la tribune.fr Le Figaro : http://www.lefigaro.fr Le Monde : http://www.lemonde.fr Les Échos : http://www.lesechos.fr ĽHumanité : http://www.humanite.presse.fr Libération : http://www.liberation.fr Presse quotidienne régionale Les Dernires Nouvelles ďAlsace : http://www.sdv.fr/dna/index.html La Voix du Nord : http://www.lavoixdunord.fr Le Midi libre : http://www.midilibre.com Le Parisien : http://www.leparisien.fr Le Progrs : http://www.leprogres.fr Le Républicain lorrain : http://www.republicain-lorrain.fr Nice Matin : http://www.nicematin.fr France II.e. Les MÉDIAS 3 Ouest-France : http://www.ouest-france.tm.fr Sud-Ouest : http://www.sudouest.com Le Télégramme de Brest : http://www.bretagne-online.com Presse hebdomadaire généraliste ĽExpress : http://www.lexpress.fr Le Nouvel Observateur : http://www.nouvelobs.com Le Point : http://www.lepoint.fr Ľentrée en lice, au début de ľannée 2002, des journaux gratuits : Métro, 20 Minutes, Marseille Plus est venue perturber une situation assez stable depuis une vingtaine ďannées. En quelques mois ils ont atteint des niveaux de diffusion quotidiens (350 000 exemplaires pour Métro, 450 000 exemplaires pour 20 Minutes) qui traduisent leur succs auprs des lecteurs, mais ils n'ont pas encore trouvé leur rentabilité et doivent augmenter leurs recettes publicitaires. Leur lancement a inquiété la presse quotidienne payante, mais leur impact sur les ventes semble marginal. Diffusion des quotidiens nationaux (en nombre ďexemplaires) Titre 1960 1980 2002 Le Figaro 384 000 311 000 345 000 Le Monde 166 000 426 000 361 200 Libération - 41 600 156 000 Le Parisien 756 000 346 000 360 500 France-soir 1 115 000 433 000 77 400 cumul Le Parisien et Aujourďhui en France. Source : Diffusion contrôle. La presse quotidienne française souffre en général ďun manque de rentabilité, hormis le cas des Échos (quotidien économique) et de ĽÉquipe (quotidien sportif). Cela tient pour une part des cots de fabrication qui restent élevés, dans un climat social difficile, ainsi qu' une part de revenus publicitaires insuffisante (de ľordre de 40 % des ressources), sans parler de volumes de diffusion stagnants ou déclinants. La lecture des quotidiens est plutôt faible, marquée par un recul de la lecture régulire. Le phénomne affecte surtout le lectorat jeune, féminin et urbain. La proportion ďacheteurs est de 149 pour 1 000 habi- tants alors qu'elle est de 582 pour 1 000 en Norvge ou de 376 pour 1 000 en Suisse. Les segments les plus fragiles sont aujourďhui les quotidiens populaires (France-Soir) et les titres ďopinion (La Croix, ĽHumanité), alors que les quotidiens " haut de gamme " - les anglo-saxons parlent de Quality Paper - (Le Monde, Le Figaro, Libération) maintiennent mieux leur diffusion tout en renouvelant leur lectorat. Les quotidiens régionaux ont longtemps beaucoup mieux résisté la concurrences des magazines comme de ľaudiovisuel. Le Parisien, qui fut un grand journal populaire a ďailleurs réussi redévelopper son lectorat en devenant le quotidien de la région parisienne. Toutefois depuis la fin des années quatre-vingt-dix les quotidiens de province connaissent le mme recul. Diffusion des dix premiers quotidiens régionaux en 2002 (nombre ďexemplaires) Ouest-France 764 700 Sud-Ouest 320 700 La Voix du Nord 307 100 Le Progrs 253 900 Le Dauphiné 252 900 La Nouvelle République du Centre-Ouest 238 500 ĽEst républicain 204 300 La Montagne 206 800 France II.e. Les MÉDIAS 4 La Dépche 202 500 Les Dernires Nouvelles ďAlsace 199 000 Source : Diffusion contrôle. II.e.iv. La presse magazine Les magazines grand public constituent une sorte de spécialité française. Il s'en vend plusieurs milliers, alors mme que chaque année plusieurs centaines de nouveaux titres font leur apparition. Dans un premier temps plutôt hebdomadaires, généralistes ou traitant de domaines assez larges, ils sont de plus en plus mensuels, développant des contenus aux thmes toujours plus précis. Dans les titres dits " pôles ďintért " les diffusions dépassent rarement quelques dizaines de milliers ďexemplaires, ce qui n'empche pas les grands hebdomadaires de télévision ou les féminins populaires ďatteindre ou de dépasser les deux millions ďexemplaires. Au cours des vingt dernires années, leurs ventes globales ont progressé de quelque 65 %. Les principaux segments sont la presse de télévision, les journaux féminins, les magazines ďactualité, la presse économique, la presse générationnelle (jeune et senior), enfin la presse pôles ďintérts (loisirs, découverte, activités, hobbies, etc.). La rentabilité économique des groupes de presse magazine est souvent excellente, mme si l encore les recettes publicitaires ne sont pas exceptionnelles (de ľordre de 40 % des ressources). Les groupes français sont souvent largement internationalisés, commencer par Hachette Filipacchi Médias (HFM) - Elle, son titre phare, est publié dans trente pays et comporte autant ďéditions différentes - alors que plusieurs grands groupes européens développent leurs activités en France (Bertelsmann, Emap, Bauer, etc.). A côté des magazines grand public, un secteur de presse technique et professionnelle a lui aussi fortement prospéré. Il est également trs rentable, fortement internationalisé, la plupart des grands titres étant contrôlés par des groupes européens (Wolters Kuwer, etc.) ou des fonds de pension internationaux. II.e.v. La radio Aprs sa libéralisation engagée au début des années quatre-vingt, la radio se présente sous la forme de trois grandes stations généralistes (RTL, France Inter, Europe 1), de réseaux thématiques (en majorité musicaux, mais aussi ďinformation ou communautaires), de radios locales privées, ainsi que plusieurs centaines de radios associatives locales. Désormais le média combine la fois un secteur public (Radio France, RFO (Réseau France outre-mer) et RFI (Radio France internationale), qui réalise un quart de ľaudience, et un secteur privé dans lequel cohabitent de grands groupes de communication (Hachette-Lagardre, Bertelsmann), des entreprises nationales (NRJ), ainsi que de toute petites structures. Depuis le milieu des années quatre-vingt, les radios thématiques et locales dépassent en audience les stations généralistes. Enfin la France a voulu trs tôt assurer par la radio une présence dans le monde travers RFI. Ľaudience des radios généralistes (en %) 1999 2000 2001 2003* RTL 17,9 15,1 13,3 11,9 France Inter 9,5 8,9 9 9,1 Europe 1 6,9 8,9 8,7 7,4 * Données pour septembre-octobre 2003. Source : Médiamétrie. II.e.vi. La télévision, sous toutes ses formes Il aura fallu prs ďune décennie (1985-1995) pour qu'un nouveau paysage de la télévision se dessine, offrant désormais une diversité de programmes, ďopérateurs (publics et privés), de modes de France II.e. Les MÉDIAS 5 diffusion et ďaccs. Depuis la loi de 1986, ľensemble du secteur de la télévision (ainsi que de la radio), se trouve placé sous ľautorité ďune instance de régulation, le Conseil supérieur de ľaudiovisuel (CSA). C'est lui qui attribue les autorisations ďémettre aux opérateurs privés. Il vérifie le respect des obligations (notamment de service public) contenues dans les cahiers des charges. Il surveille le respect des textes (lois et rglements) dans des domaines tels que le pluralisme de ľinformation ou la protection de la jeunesse. Il lui revient également de nommer les présidents des sociétés publiques de radio et de télévision. Les télévisions en ligne TF1 http://www.tf1.fr France 2 http://www.france2.fr France 3 http://www.france3.fr France 5 http://www.france5.fr Arte http://www.arte-tv.com Canal + http://www.cplus.fr M6 http://www.m6.fr RFO http://www.rfo.fr Le secteur de la télévision se présente aujourďhui selon deux grands ensembles que sont, ďun côté, les sept chaînes hertziennes et de ľautre, des " bouquets " de programmes accessibles par le câble, le satellite et dans un avenir qui reste définir le numérique hertzien. Ľoffre hertzienne est composée la fois de chaînes généralistes privées (TF1 et M6) et publiques (France 2 et France 3), ainsi que de chaînes thématiques, de divertissement (Canal+), éducative (France 5) ou culturelle (Arte, la chaîne franco-allemande). Les bouquets de programmes mettent principalement en concurrence deux grands opérateurs, Canal Satellite et TPS, alors que le câble reprend les mmes types de programmes, au gré des différents opérateurs. Les télévisions locales hertziennes sont peu nombreuses, limitées quelques grandes villes (Lyon, Toulouse, Clermont-Ferrand, Bordeaux), leur viabilité économique n'étant toujours pas démontrée. M6 et surtout France 3 assurent, quant elles, des décrochages locaux ďinformation. La grande majorité des programmes hertziens (hormis Canal+) est accessible moyennant le paiement ďune redevance, qui rémunre les radios et télévisions publiques. Ľaccs aux télévisions par câble et par satellite, ainsi qu' Canal+, nécessite un abonnement. Aujourďhui les chaînes hertziennes représentent 75,9 % de ľaudience. Ľabonnement aux différentes formes de télévision payante touche un peu plus de dix millions de foyers français. Ľaudience des chaînes hertziennes (en %) TF1 32,7 France 2 21,1 France 3 17,1 M6 13,5 Canal+ 4,0 France 5 4,1 Arte 3,5 Total télé publique 45,8 Total télé privée 50,2 Source : Médiamétrie. Lancement de la télévision numérique terrestre Le 31 mars 2005, le Premier ministre a participé au lancement de la télévision numérique terrestre (TNT). Ce nouveau mode de diffusion de programmes de télévision va permettre aux foyers raccordés France II.e. Les MÉDIAS 6 une antenne "râteau" (soit plus des trois quarts des foyers français) de recevoir une offre de plus ďune trentaine de chaînes publiques et privées, nationales et locales en qualité numérique. Les téléspectateurs ont donc un choix plus large de chaînes (actuellement 14 chaînes gratuites) et, (...) II.e.vii. Internet et multimédia Du point de vue de ľinternet et du multimédia, la situation française est paradoxale. Ďun côté la France a été en pointe ds les années quatre-vingt avec la diffusion massive du minitel, sans équivalent dans le monde. De nombreuses applications ďinformation spécialisée, de messagerie et courrier électronique, de transaction, de banques de données, grand public ou usage professionnel ont pu s'y développer davantage qu'ailleurs. En mme temps un retard a été pris dans ľéquipement en microordinateurs domestiques, usage ďapplications CD-Rom et surtout ďaccs ľinternet. Durant les dernires années de la décennie quatre- vingt-dix le décrochage était devenu patent au regard de nos voisins européens et les pouvoirs publics ont d prendre de nombreuses initiatives en faveur de " la société de ľinformation ", visant combler le retard. Les usages des internautes en Europe (en %) France Allemagne Royaume-Uni Moyenne UE 15 Courrier électronique 75 75 83 79 Chercher des nouvelles 66 74 66 74 Chercher des renseignements pour les voyages 57 66 74 63 Améliorer la formation, ľéducation 41 51 43 46 Chercher des renseignements sur la santé 26 40 44 38 Effectuer des opérations bancaires 30 33 30 31 Trouver des offres ďemplois 30 35 35 31 Réserver des spectacles 23 31 36 29 Participer des forums 24 22 18 24 Source : Eurobarometer, 2003. Du point de vue des contenus ou de la fourniture ďaccs, les opérateurs français ont ďabord été trs prudents, avant de se lancer avec beaucoup plus de moyens, dans des directions trs variées, surtout aprs 1998. Le retournement de conjoncture les a pris de plein fouet, alors qu'aucun n'avait réussi rentabiliser, ni mme équilibrer cette activité. Les abandons se sont multipliés, le plus spectaculaire étant celui de Vivendi. Tous les éditeurs réduisent leur activité et cherchent se recentrer sur des secteurs capables ďattirer des recettes publicitaires, voire de générer des abonnements (Le Monde, Bayard Presse, etc.). Du point de vue de la fourniture ďaccs, France Telecom occupe une place de choix avec sa filiale Wanadoo. Il se trouve un peu seul face aux grands opérateurs mondiaux de type AOL. En France, comme ailleurs, si la fourniture ďinformation doit encore faire ses preuves et trouver son économie, en revanche ľinternet commercial semble décoller, tout comme le moyen de communication et de dialogue, avec les " chats ", pour des publics souvent jeunes. Évolution de ľéquipement en micro- ordinateurs et ďaccs ľinternet (en %) 1998 1999 2000 2003 Ordinateur personnel 23 28 34 43 Accs internet domicile 4 6 14 27 Source : Médiamétrie. II.e.viii. Grandes tendances Concentration France II.e. Les MÉDIAS 7 Traditionnellement animés par de trs nombreuses entreprises éditrices, les médias français ont connu, ľimage de la plupart des autres pays européens, un fort mouvement de rachats, de fusions et de développements. Qu'il s'agisse de télévision, de radio, de quotidiens ou de magazines, quelques groupes interviennent désormais sur plusieurs médias simultanément, souvent avec une forte dimension internationale : Hachette- Lagardre (magazines, radio, télévision satellite, etc.), Bertelsmann (magazines, radio et télévision), Bouygues (télévision hertzienne et satellite), Vivendi Universal (télévision hertzienne, satellite et câble), Suez Lyonnaise des Eaux (télévision hertzienne et câble), Socpresse (quotidiens et magazines). A leurs côtés interviennent également des groupes nationaux spécialisés dans un média, tel NRJ en radio, ou encore des groupes moyens trs actifs comme Bayard Presse (presse jeune et senior), Le Monde (désormais lié aux groupes La Vie et Le Nouvel Observateur), Ouest-France, etc. Pour autant peu de groupes français ont acquis une taille suffisante pour figurer dans le peloton de tte des grands de la communication. Seul Hachette-Lagardre figure parmi ceux-ci aprs les recentrages et cessions qu'a connus Vivendi Universal Publishing (renommé Editis). Segmentation et thématisation Les médias qui sont apparus (internet), ou qui se sont restructurés et fortement développés, au cours des deux dernires décennies, tels la radio, la télévision et les magazines manifestent tous la mme propension s'adresser des publics de plus en plus spécifiques. Ils visent désormais une tranche ďâge, un sexe, une catégorie sociale, les passionnés ďun domaine. On assiste un véritable phénomne de segmentation. Ďabord initié par la presse magazine, avec un ciblage trs fin de titres ne visant parfois que quelques dizaines de milliers de personnes, le mouvement a gagné les radios, telles les musicales (jazz, classique, adolescents, etc.), la télévision au travers des " bouquets " (fans des séries, du suspens, de cinéma classique), sachant que les sites internet entendent personnaliser sans cesse davantage leur offre. Désormais des médias généralistes, la manire des quotidiens gratuits qui ont fait leur apparition Paris et dans quelques grandes villes et qui sont tous publics, cohabitent avec des médias segmentés et spécialisés ; le rapport entre les uns et les autres s'équilibrant comme c'est déj le cas pour la radio en France, et quasiment également pour la télévision dans un pays comme les États-Unis. Internationalisation Si les médias généralistes doivent coller au plus prs des gots et des caractéristiques nationales, voire locales, il n'en va plus de mme pour les médias thématiques ou s'adressant un segment de public précis. L, moyennant des adaptations nationales, un mouvement ďinternationalisation s'est engagé avec force qui concerne surtout aujourďhui la presse magazine, mais aussi des concepts de chaînes spécialisées (tels Plante, CNN, Eurosport, etc.), voire des concepts ďémissions ou de programmes, tels les séries, jeux, voire les émissions de télé-réalité ( la manire de Big Brother, rebaptisé en France Loft Story, par la chaîne M6 par exemple). Internet, de son côté, a depuis ľorigine un caractre international auquel sont particulirement sensibles ses utilisateurs. Les groupes de communication n'avaient pas attendu ce phénomne pour amorcer leur propre internationalisation, les groupes anglo-saxons étant souvent plus avancés dans ce domaine. Il est en revanche incontestable que ľinternationalisation des programmes et des contenus a contribué accélérer et amplifier le phénomne, et qu'elle se combine avec une certaine course la taille. Montée de ľabonnement et besoins de publicité France II.e. Les MÉDIAS 8 Le développement de la radio et de la télévision, de mme que ľarrivée plus récente ďun internet qui proclamait avec force sa gratuité, avaient pu faire penser que ľinformation et ľaccs certaines formes de culture ou de divertissement par les médias échapperaient leur rémunération par les utilisateurs, et qu'ils seraient financés par la publicité. C'est pourtant une autre tendance qui devait se manifester, puisque la presse magazine, mais aussi quotidienne, avec le portage, allait au contraire mettre ľaccent avec un certain succs sur ľabonnement. Ľécrit n'était ďailleurs plus seul puisque le câble, Canal+, puis les bouquets satellites entraient leur tour dans les foyers moyennant un abonnement. Nombre de services internet, ďabord gratuits, faute de rémunération suffisante par la publicité, tentent leur tour de faire rémunérer leur consultation. Ľutilisateur, qui a déj acquitté un abonnement auprs ďun fournisseur ďaccs, sans compter ses efforts réguliers pour s'équiper de matériels et logiciels suffisamment performants pour supporter des applications toujours gourmandes en puissance informatique, ne suit pas toujours. La question des ressources publicitaires ne se trouve pas pour autant réglée. Le marché français, moins dynamique que celui de ses voisins européens, souffre désormais de la concurrence de formes de promotion, dites " hors médias " (distribution de prospectus, mailing, télémarketing, etc.) qui ont bien souvent pris la place de ľachat ďespaces publicitaires. Faute de ressources publicitaires suffisantes, les prix de vente de la presse sont en France plus élevés qu'ailleurs, rendant les acheteurslecteurs moins fidles et peut-tre plus sensibles aux sirnes de la presse gratuite ďinformation. La confiance des Français dans les médias Question : Pour avoir connaissance ďune information internationale, quel média faites-vous le plus confiance ? Et pour avoir connaissance ďune information caractre national ? Et enfin pour avoir connaissance ďune information locale ? La télévision La radio La presse écrite Sans opinion Une information internationale 57 13 24 6 Une information caractre national 55 16 24 5 Une information locale 29 16 50 5 Question : Pour expliquer en détail une information internationale quel média faites-vous le plus confiance ? Et pour expliquer en détail une information nationale ? Et pour expliquer en détail une information locale ? La télévision La radio La presse écrite Sans opinion Une information internationale 54 10 31 5 Une information caractre national 52 12 32 4 Une information locale 27 13 54 6 Source : Sondage Sofres, janvier 2003. Interrogations Une tendance la mise en cause de la fiabilité ou des modes de traitement de ľinformation voit le jour. Des sondages réguliers mettent ainsi chaque année en évidence la perte de confiance des Français dans leurs médias, une personne sur deux affirmant que " les choses ne se sont pas passées " telles que les médias les ont présentées. Faut-il y voir un risque de désaffection, une crise dans la relation aux moyens ďinformation, comme nombre ďintellectuels le proclament ? Ou ne faut-il pas plutôt considérer que dans une démocratie moderne les citoyens entendent discuter le travail des journalistes, faire de ľinformation ľobjet mme du débat public ? Opter pour cette seconde hypothse suppose que naissent des espaces pour un tel débat, comme cela se produit déj, quoique encore trop modestement.