France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 1 III.?. LA CULTURE Ľimage de la France est indissociable de sa culture : les touristes étrangers le savent, qui se rendent en grand nombre au Louvre ou au Centre Georges Pompidou et assistent aux représentations de ľOpéra Bastille ou de la Comédie-Française. Cette effervescence artistique est parfois mise ľactif ďune tradition française originale de politique culturelle, dans laquelle ľÉtat intervient de façon constante, ce qui soulve des polémiques de manire récurrente. Cette intervention s'est affirmée trs tôt. Ds le XVIe sicle, ľusage du français dans la rédaction des jugements et des actes notariés fut ainsi imposé par ľordonnance royale de Villers-Cotterts (1539) et ľévolution de la langue surveillée par ľAca- démie française, créée en 1635. Au XVIIe sicle, ľÉtat s'affirme comme le protecteur des Arts, en particulier sous le rgne de Louis XIV et, ce titre, encourage, pensionne, fait travailler les artistes et les écrivains : la construction du château de Versailles et la création de la Comédie-Française (1680) témoignent de ľambition du monarque mécne. En transformant le palais du Louvre en musée en 1793, ľÉtat ne se fait plus seulement mécne, mais également conservateur et contribue ľinvention du " patrimoine national ". Ľaction de Mérimée, ds 1834, la tte de la nouvelle administration des Monuments historiques, ou celle de ľarchitecte restaurateur Viollet-le-Duc s'inscrivent dans cette perspective. Les régimes républicains affichent ensuite une volonté démocratique de diffuser la culture dans ľensemble du corps social, souvent dans une perspective éducative et émancipatrice. C'est cependant seulement au XXe sicle que sera nettement formulé, outre ľencouragement prodigué aux artistes et la conservation du patrimoine, ľobjectif de diffusion de la culture. Ľaction pionnire du ministre de ľInstruction publique et des Beaux-Arts, Jean Zay, sous le Front populaire, trouve ainsi son prolongement, la Libération, dans une politique visant rendre accessible au plus grand nombre les trésors de la culture autrefois réservés un public restreint. En témoigne le soutien apporté par ľÉtat ľaction de Jean Vilar, directeur du Théâtre national populaire (TNP). Sous la Ve République, André Malraux est nommé en 1959 ministre chargé des Affaires culturelles par le général de Gaulle et impulse une véritable politique publique de la culture. Ľécrivain ministre déclare la tribune de ľAssemblée nationale qu'il s'agit de faire, pour la démocratisation de la culture, ce que la IIIe République avait réalisé, dans sa volonté républicaine, pour ľenseignement. En ce début de XXIe sicle, cette triple dimension des politiques culturelles n'a rien perdu de son actualité. Bien au contraire, chacun de ces objectifs peut présent s'appuyer sur des moyens accrus, mais ľÉtat n'agit plus seul dans ce domaine. III.?.i. Les acteurs ĽÉtat Les sommes allouées au ministre de la Culture ont progressivement augmenté au cours des années, aprs avoir doublé au début des années quatre-vingt, et s'élvaient en 2003 2,49 milliards ďeuros. Si ľon y ajoute les dépenses de nature culturelle effectuées par ďautres ministres (ministres de ľÉducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, par exemple) ou déléguées des organismes tiers (Centre national de la recherche scientifique - CNRS - par exemple), ainsi que les crédits qui passent par le canal de ľaction sociale, de ľaménagement de la ville et des espaces ruraux et du développement touristique, on peut considérer que prs de 6,1 milliards ďeuros par an sont consacrés par ľÉtat au financement de la culture. Paralllement cette augmentation des crédits, les services du ministre de la Culture ont été réorganisés. Ils employaient en 2003 plus de 14 000 personnes, et couvrent patrimoine et architecture, musées, archives, musique, danse, théâtre et spectacles, arts plastiques, livres et lecture. La formation des experts et des responsables de cette administration a également été ľobjet ďefforts dont témoigne, France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 2 par exemple, la création en 1990 de ľÉcole nationale du patrimoine devenue ľInstitut national du patrimoine en 2001. Les collectivités locales Les compétences des collectivités locales en matire culturelle et leurs moyens ďintervention ont été élargis par les lois de décentralisation de 1982-1983. Les budgets culturels des départements et des régions ont été multipliés par cinq au cours des années quatre-vingt et ceux des communes par plus de deux. Globalement, la contribution des collectivités locales au financement de la culture dépasse aujourďhui celle de ľÉtat (50,3 % contre 49,7 %). La mise en commun de leurs moyens et de ceux de ľÉtat exerce, incontestablement, un effet multiplicateur et la culture bénéficie ainsi ďenviron 12,6 milliards ďeuros par an. Les villes jouent un rôle primordial, assurant 40 % du financement public de la culture, avec une contribution annuelle de plus de 4,57 milliards ďeuros. A elle seule, la municipalité de Paris consacre un budget de 249 millions ďeuros, mais de nombreuses villes de province - notamment les métropoles régionales - ont aussi consenti de gros efforts financiers tant pour sauvegarder le patrimoine que pour développer des animations spécifiques et soutenir la création. Plusieurs villes abritent aussi des institutions culturelles de rang national, voire international : musées ďart moderne Lyon, SaintÉtienne et Grenoble, École nationale de la photographie Arles, École nationale supérieure de danse Marseille, Centre national de la bande dessinée Angoulme, Archives du monde du travail Roubaix, musée Matisse Nice. Les collectivités locales assurent désormais, dans une logique de partenariat avec ľÉtat, un rôle essentiel dans ľanimation de la vie culturelle du pays. Ľépanouissement progressif de la culture sur tout le territoire national contraste ainsi avec une longue tradition ďhégémonie parisienne. Les associations et les entreprises Ľengagement des associations et des entreprises en faveur de la culture doit aussi tre souligné. Les premires (environ 157 000 dans les secteurs culturels) emploient prs de 20 000 salariés et sont le plus souvent subventionnées par ľÉtat et les collectivités locales. Elles contribuent drainer le public vers les manifestations les plus diverses et aident former des amateurs susceptibles de devenir de véritables professionnels. C'est leur initiative, le plus souvent, que de nombreux festivals sont organisés un peu partout en France. Certaines associations sont spécifiques un monument ou un musée et sont parties prenantes dans des opérations de restauration qui associent souvent des partenaires étrangers et des actions de mécénat, comme c'est le cas pour la longue et patiente restauration du château de Versailles. Le mécénat privé est un phénomne ancien en matire culturelle mais le développement du mécénat ďentreprise, ľimage de ce qui se passe depuis longtemps aux États-Unis, est plus récent et demeure modeste. Par la loi du 23 juillet 1987, ľÉtat a ďailleurs institué un cadre légal pour ces opérations qui mobilisent dans le domaine de la culture 1 200 entreprises qui engagent 198 millions ďeuros. La loi du 4 janvier 2002 sur les musées a instauré des dispositions fiscales visant développer le mécénat ďentreprise. La société PGA Holding a été la premire avoir recours ces dispositions pour permettre ľacquisition en janvier 2003 des Plaisirs champtres, un fleuron de la décoration peinte du XVIIIe sicle. La création de fondations ou le financement ďopérations de prestige font aujourďhui partie de la politique de communication de beaucoup de grands groupes. Le mécénat s'affirme de plus en plus comme un projet produit conjointement par les entreprises et les acteurs culturels. De nombreuses fondations créées par des entreprises jouent un rôle important dans ľorganisation de manifestations et ľaide aux jeunes créateurs. De mme, de coteuses opérations de sauvegarde du patrimoine sont prises en charge ou cofinancées par des entreprises françaises comme étrangres : EDF a ainsi participé la restauration du dôme des Invalides, Kodak la reproduction de la grotte de Lascaux et, en 1998, la NTV japonaise s'est engagée dans un programme de rénovation de la salle de la Joconde au musée du Louvre. Depuis 1994, BNP-Paribas mne, en partenariat avec la Direction des France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 3 musées de France, un programme de restauration des chefs-ďoeuvre des musées de province. La galerie des Glaces du château de Versailles va tre restaurée par le groupe Vinci dans le cadre de la plus importante opération de mécénat culturel jamais réalisée en France. Le début des travaux, ďun montant de 10 millions ďeuros, est prévu au printemps 2004 pour s'achever fin 2008. III.?.ii. La culture, un secteur ďactivité part entire Chaque année, les Français dépensent prs de 24 milliards ďeuros dans ľacquisition de matériels et de supports audiovisuels, ainsi que dans ľachat de livres, de journaux, de revues et de places de spectacles. La part du budget des ménages consacrée aux dépenses culturelles (1 000 euros par an soit 3,5 % de leur budget) est en hausse depuis une décennie. A cette consommation culturelle des ménages, il faut ajouter celle des entreprises, de ľÉtat et des collectivités territoriales, ce qui représente au total un marché proche de 30,5 milliards ďeuros. Les industries et les services qui satisfont cette demande sont donc devenus un secteur part entire de ľéconomie qui emploie plus de 440 000 personnes et connaît, de plus, une croissance soutenue. Au nombre des activités économiques touchant la culture et aux arts, on trouve en tte la presse, ľédition et les industries graphiques (avec un chiffre ďaffaires de plus de 15,2 milliards ďeuros), suivies par les activités audiovisuelles : télévision, industries du disque, cinéma (chiffre ďaffaires annuel de ľordre de 10,67 milliards ďeuros). La concentration de ľédition (Groupe Hachette) laisse subsister des éditeurs de taille moyenne (Albin Michel, Gallimard, Le Seuil) qui peuvent s'appuyer sur des catalogues prestigieux. En région, quelques éditeurs, comme Actes Sud, ont su contourner ľextrme centralisation parisienne. Le marché de ľart représente lui aussi un enjeu économique non négligeable. Le marché des enchres a été réformé en 2000 et a d s'ouvrir la concurrence internationale. Le nombre des galeries ďart a doublé en province au cours des années quatre-vingt, tandis qu'apparaissaient Paris, aux côtés des secteurs traditionnels du faubourg Saint- Honoré et de Saint-Germain-des-Prés, deux nouveaux quartiers pour le commerce de ľart : celui de Beaubourg et celui de la Bastille. III.?.iii. Mémoire et patrimoine La notion de patrimoine s'est progressivement élargie pour recouvrir désormais de nombreux témoignages du passé jusqu'ici négligés mais comporte aussi une dimension esthétique, qui touche en particulier aux paysages. Les missions traditionnelles de conservation du patrimoine concernant les monuments publics, les édifices religieux et les sites archéologiques restent cependant centrales et s'appuient sur des moyens accrus et la mise en oeuvre de techniques de plus en plus sophistiquées. Conservation, restauration, archéologie Ďimportants programmes thématiques, engagés notamment en faveur des cathédrales et des parcs et jardins, montrent que le patrimoine classique n'est pas négligé. Globalement le nombre ďinscriptions ľInventaire des monuments historiques s'est accru au rythme de plusieurs centaines par an depuis 1980 et on compte actuellement plus de 40 100 bâtiments classés ou inscrits. La restauration est au coeur de ľactivité de la Direction de ľarchitecture et du patrimoine du ministre de la Culture, qui s'appuie sur les techniques élaborées par des laboratoires français et étrangers. Tous les supports traditionnellement fragiles ou menacés par les outrages du temps - pierres, vitraux, parois ou murs peints, tissus... -, bénéficient de ľattention des chercheurs. Quelques réalisations exemplaires montrent les progrs effectués dans ce domaine comme la restauration de la façade de ľOpéra Garnier (Paris), du Parlement de Bretagne ou de la Fontaine des mers, place de la Concorde Paris. France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 4 Dans le domaine de ľarchéologie, plus de 305 000 sites sont actuellement répertoriés sur ľensemble du territoire ; leur exploitation permet ďexplorer jusqu'aux origines du patrimoine national. Des découvertes importantes ont permis de renouveler notre connaissance de la période néolithique et de ľâge du fer : sur les rives de la Seine, en amont de Paris, trois pirogues miraculeusement conservées ont été mises au jour ; sur le chantier du lac de Chalain, dans le Jura, ont pu tre reconstituées les maisons sur pilotis caractéristiques de cette période ; la Combe ďArc enfin, un somptueux bestiaire mis au jour fin 1994 égale celui de Lascaux. Ľarchéologie médiévale a profité des travaux ďurbanisme réalisés dans plusieurs villes : Paris, les travaux ďaménagement du Grand Louvre ont donné lieu des fouilles sans précédent et ont permis de trouver ďimportants vestiges de cette époque, notamment ceux du donjon érigé par Philippe Auguste la fin du XIIe sicle. Nouveaux objets Insensiblement, la notion mme de patrimoine s'est élargie au cours des dernires décennies, pour englober tout un ensemble de repres autrefois négligés : les arts et traditions populaires, ľarchitecture urbaine de la fin du XIXe et du XXe sicle, ľarchitecture industrielle et finalement tous les lieux de ľactivité humaine qu'il convient ďarracher ľoubli, y compris actuellement les paysages ruraux emblématiques de certaines provinces. Ľimpulsion est ďabord venue des ethnologues, soucieux de préserver le témoignage des modes de vie des sociétés rurales. C'est ľun ďentre eux, Georges-Henri Rivire, aidé par Claude Lévi-Strauss, que ľon doit la création, sur le site du Jardin ďacclimatation Paris, du Musée des arts et traditions populaires. Le patrimoine rural est considéré comme un outil de développement local. Cet exemple a été suivi partout en France afin de conserver la mémoire des pratiques régionales et locales : c'est ľobjet du Musée camarguais, entre Provence et Languedoc, du Musée dauphinois dans les Alpes, ou encore des nombreux écomusées qui se sont ouverts récemment dans la plupart des régions. La mission du Patrimoine ethnologique veille préserver la mémoire de ces traditions séculaires. Les centres villes font ľobjet de protections spécifiques depuis la loi Malraux de 1962, qui instaure les procédures de réhabilitation dans les programmes ďaménagement du tissu urbain. Mais ľancienneté ou la présence de monuments ne sont plus les seuls critres de préservation et les paysages industriels et urbains, caractéristiques des deux derniers sicles, sont aujourďhui sauvegardés. Dans les bassins houillers de ľEst et du Nord, ľÉtat et les collectivités locales se sont efforcés de préserver les lieux symbolisant ľhistoire de la mine et des luttes sociales qui lui sont attachées : le carreau Simon Forbach, ou celui de Denain qui inspira Zola ľatmosphre de son roman Germinal. Enfin, de nombreux bâtiments ou sites urbains présentant un intért architectural ou historique sont leur tour entrés dans le champ du patrimoine : gares, restaurants, salles de spectacles et mme anciennes maisons closes peuvent tre classés monuments historiques s'ils sont un témoignage caractéristique ďune époque et ďune société. Nouveaux supports La France, patrie de Niepce, de Daguerre, de Nadar, de Doisneau et de Cartier-Bresson, ne peut négliger ľart de la photographie dont elle demeure une terre ďélection. Au fort de Saint-Cyr, prs de Versailles, sont stockés depuis 1981 plus de cinq millions de négatifs, oeuvres des plus grands photographes. Ľune des tâches du Patrimoine photographique, association créée par le ministre de la Culture, est ďacquérir ou de gérer des fonds qui ont marqué ľhistoire de la photographie, comme la collection de reportages photographiques autour du monde, financés entre 1910 et 1931, par le mécne Albert Kahn, ou comme la collection Harcourt, qui comporte trois mille portraits de personnalités du cinéma, de la musique, la chanson, la danse, la littérature, ľart, la politique... réalisés de 1934 1991. Entre 1909 et 1931, le mécne financera de nombreux reportages photographiques dans cinquante pays, pour constituer une bibliothque ďimages fixes et animées dans le but de conserver " des aspects, des France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 5 pratiques et des modes de ľactivité humaine dont la disparition fatale n'est plus qu'une question de temps ". Ces archives contiennent 72 000 auto- chromes et 170 000 mtres de films. Elle a également bénéficié de la générosité de photographes illustres, celle de Jacques-Henri Lartigue laissant plus de quatre-vingts années de clichés allant de la République ďÉmile Loubet (1899-1906) celle de François Mitterrand ; celle ďAmélie Galup, qui fixa sur quelque 2 800 plaques de verre une société rurale au travail ou en fte entre 1895 et 1920 ; ou encore celle de Willy Ronis, témoin des quartiers populaires de Paris dans les années cinquante. Par ailleurs, afin ďassurer son rôle de témoin, le Centre Georges Pompidou pratique une politique ďachat systématique de photographies contemporaines. Le cinéma a, lui aussi, un patrimoine défendre. Henri Langlois, fondateur de la cinémathque française, fut ľun des précurseurs de la mémoire du cinéma. Les copies de films sont systématiquement confiées au Centre national de la cinématographie (CNC), mais leur support photochimique soulve de délicats problmes de conservation et, le cas échéant, de restauration. Lancé en 1991, un plan ďurgence a permis de sauvegarder et de restaurer plus de 8 000 films tournés avant 1950. Parmi les oeuvres qui ont pu ainsi échapper la destruction et ont été restaurées figurent des chefs-ďoeuvre du cinéma comme le Napoléon (1927) ďAbel Gance ou ĽAtalante (1934) de Jean Vigo. Un programme de sauvegarde et de restauration ďoeuvres plus récentes a également été mis en place. La France bénéficie ďune longue tradition de conservation systématique des archives et des documents imprimés, qui a été étendue au XXe sicle la photographie et au cinéma : c'est ce que ľon appelle le dépôt légal. Ce systme, réorganisé par la loi du 20 juin 1992, paraît une fois encore symptomatique de ľextension de la notion de patrimoine : le dépôt légal s'étend désormais aux documents audiovisuels et sonores, diffusés par les principales chaînes de radio et de télévision, ainsi qu'aux logiciels informatiques, aux jeux vidéos, aux cédéroms... et mme titre expérimental ľinternet. Le besoin de conserver une mémoire photographique pour les générations futures n'est pas oublié et, depuis sa création en 1992, ľObservatoire photographique du territoire répertorie les modifications de ľenvironnement de sites caractéristiques de la géographie nationale. Le got de ľhistoire Peut-tre cet intense effort de conservation du patrimoine doit-il tre rapproché de ľengouement aujourďhui manifesté en France pour ľhistoire, qu'elle soit nationale, régionale ou mme familiale avec le développement des recherches généalogiques. ĽÉcole historique française, qui a su rencontrer un large public, possde une renommée internationale que symbolisent quelques historiens comme Fernand Braudel, Georges Duby, Jacques Le Goff ou François Furet. Ces dernires années ont été ponctuées par de nombreuses manifestations commémorant de grands événements nationaux : millénaire capétien (1987), bicentenaire de la Révolution française (1989), cinquantime anniversaire des débarquements de Normandie et de la Libération de la France (19941995), bicentenaire de la naissance de Victor Hugo (2002), centenaire de la mort de Paul Gauguin (2003). Ces célébrations rencontrent un large succs public, attesté par la multiplication des initiatives locales : expositions, colloques, concerts, ftes et reconstitutions. On a pu parler " ďre de la commémoration " et mme de " ruée vers le passé " pour décrire ce nouvel attachement des Français leur mémoire collective. Le Panthéon, monument parisien consacré au souvenir des grands hommes, a accueilli André Malraux en 1996 et Alexandre Dumas en 2002. III.?.iv. Les arts plastiques et ľarchitecture Depuis la fin du XIXe sicle, les créateurs français ont joué un rôle décisif dans ľéclosion de la peinture moderne : ainsi les oeuvres des Impressionnistes, de Cézanne et des Fauves ont inspiré le mouvement cubiste. En témoigne aujourďhui ľafflux des amateurs visitant par millions chaque année le Louvre, le Musée ďOrsay, le Musée national ďart moderne du Centre Georges Pompidou ou le Musée Picasso Paris. France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 6 Paris a longtemps exercé un trs fort pouvoir ďattraction sur les artistes comme Van Gogh, Picasso, Miro, Van Dongen, Modigliani, Soutine, Chagall, Brancusi, Giacometti, Dali et bien ďautres, venus du monde entier poursuivre leurs travaux dans les ateliers de Montparnasse ou de Montmartre. Au lendemain des années cinquante, la faveur du bouillonnement des tendances et des écoles picturales qui, de ľabstraction géométrique au pop'art, révolutionne une nouvelle fois ľart moderne, Paris a sans doute cédé la place New York comme foyer des avant-gardes plastiques, mais la création française n'en est pas moins active ; les oeuvres de Christian Boltanski, Daniel Buren, Pierre Soulages, César ou Ipoustéguy ont acquis une reconnaissance internationale. La jeune génération continue ďapporter sa contribution aux grandes tendances de ľart contemporain. Les galeries françaises, concentrées Paris, conservent leur caractre de petite entreprise tout en s'ouvrant vers ľexportation. Depuis 2001, Christie's et Sotheby's, maisons ďenvergure internationale, organisent des ventes en France. La Foire internationale ďart contemporain de Paris (FIAC), créée en 1974, a contribué la reconnaissance de ľart contemporain en France. Au sein ďun marché de ľart, marqué par une internationalisation croissante, la France joue un rôle modeste, mais réel. Ľencouragement qu'apportent les pouvoirs publics cette activité créatrice s'exprime ďabord travers ľenseignement artistique et les facilités accordées aux jeunes artistes : allocations ďétudes et bourses de prestige, comme celle qui ouvre ľaccs ľAcadémie de France Rome, établie la Villa Médicis. Il se manifeste aussi par différentes aides ľédition ou la premire exposition attribuées aux artistes et professionnels dans tous les domaines de la création artistique contemporaine par le Fonds ďincitation la création (FIACRE) du ministre de la Culture. Trente-trois centres ďart contemporain, soutenus par les pouvoirs publics, développent des activités ďexposition, ďédition, ďaccueil ďartistes et de sensibilisation. En janvier 2002, le site de création contemporaine du Palais de Tokyo a ouvert ses portes afin de mieux faire connaître au public la création contemporaine. Enfin, depuis les années quatre-vingt, le soutien de ľÉtat mécne s'est traduit par la relance ďune pratique tombée en désuétude, la commande publique, et par une politique de grands travaux. Certaines des commandes publiques passées aux artistes contemporains ont connu un retentissement spectaculaire : les colonnes de Daniel Buren au Palais-Royal ont été, des mois durant, ľobjet de polémiques vivifiantes, rappelant ľémoi qu'avait suscité, un sicle plus tôt, ľérection de la statue de Balzac par Rodin. Pour s'en tenir Paris, on peut également mentionner les accumulations ďArman sur le parvis de la gare Saint-Lazare, ľhommage Picasso par César, la Tour aux figures de Jean Dubuffet dans ľîle Saint-Germain, le rideau de scne du théâtre de ľAthénée peint par Jean-Pierre Chambas ou ľArbre des voyelles, dans le jardin des Tuileries, de Giuseppe Penone. Enfin les grands travaux, entrepris depuis le début des années quatre-vingt, répondent la volonté de stimuler ľimagination ďarchitectes venus du monde entier : le Centre national ďart et de culture Georges Pompidou avait été construit, dans les années soixante-dix, par le Britannique Richard Rogers et ľItalien Renzo Piano. Ľancienne gare ďOrsay Paris, symbole de ľarchitecture ferroviaire de la fin du sicle dernier, a été transformée pour accueillir les collections du XIXe sicle au Musée ďOrsay, oeuvre de trois architectes français et ďune architecte italienne, inauguré en 1986. A son tour, le plus célbre des musées parisiens a fait peau neuve ľoccasion de son bicentenaire en 1993, et le Grand Louvre a été entirement réaménagé par ľarchitecte américain Pei. Symbolisé par sa pyramide de verre, cet ouvrage forme ľaxe de la somptueuse perspective qui traverse les jardins des Tuileries et les Champs-Élysées et débouche sur la Grande Arche de La Défense conçue par ľarchitecte danois Von Spreckelsen. Au nord de la ville, le parc de La Villette, imaginé par Bernard Tschumi, se présente comme une villejardin intégrant toute une série ďédifices : du Zénith qui accueille les grands spectacles de variétés, ľétonnante Géode (salle de " cinéma total ") ďAdrien Fainsilber et la Cité de la musique, " architecture pour le son " selon la formule de son auteur, Christian de Portzamparc. Enfin les rives de la Seine, en amont de Notre- Dame, retiennent-elles aussi ľattention, désormais bordées par ľInstitut du monde arabe (IMA) de Jean Nouvel et par le nouveau sige du ministre des Finances de Paul Chemetov Bercy. En retrait se dressent ľOpéra Bastille (1989), construit par ľarchitecte Carlos Ott, et les quatre tours de la Bibliothque nationale de France (BNF), conçue par Dominique Perrault, qui a France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 7 ouvert ses portes au public en 1996. Le futur Musée du Quai Branly, construit par Jean Nouvel et le paysagiste Gilles Clément, destiné donner aux arts ďAfrique, des Amériques et ďAsie leur juste place dans les institutions muséographiques françaises sera ouvert en 2004. Quant la cité de ľarchitecture et du patrimoine imaginée par ľarchitecte Jean-Louis Cohen, elle verra le jour en 2005. La province n'est pas en reste avec des réalisations comme le réaménagement de ľOpéra de Lyon par Jean Nouvel en 1986, ou la construction du Carré ďArt Nîmes conçu en 1993 par Norman Foster. III.?.v. La danse A ľinstar de la musique, la danse échappe de plus en plus aux classifications rigides entre classique et moderne. Le Ballet de ľOpéra de Paris a conservé sa longue tradition ďexcellence et son école de danse est devenue sous ľimpulsion de Claude Bessy ľune des premires au monde. Grâce de nombreuses compagnies, créées depuis vingt ans, la chorégraphie a été renouvelée en profondeur. Maurice Béjart a réinventé sa manire ľunivers de la danse. Ďautres, sa suite, ont marqué cet art de leur empreinte, de Régine Chopinot Jean-Claude Gallota, de Dominique Bagouet Angelin Preljocaj, de Sylvie Guillem Marie-Claude Pietragalla. La danse en France s'est enrichie également des expériences menées ľétranger par William Forsythe, Merce Cunningham ou Pina Bausch, régulirement accueillis et ftés sur les scnes de Paris et de province. Le Centre national de la danse, créé en 1998, remplit de nombreuses missions au service de la création, de la diffusion, de la formation et de la recherche de la culture chorégraphique et des métiers de la danse. III.?.vi. La musique Ľengouement collectif pour la musique, favorisé par les progrs techniques, recouvre les préférences les plus diverses. Ľunivers musical du plus grand nombre est plus diversifié que jadis. La scne techno française (Laurent Garnier, Daft Punk) enregistre un véritable succs international. La chanson française ne se résume pas la seule variété qui reste trs populaire. Toutes les formes musicales, des plus classiques aux plus populaires, comme le rock, la variété, le ra ou le rap, sont encouragées par les pouvoirs publics. ĽÉtat soutient aussi bien le Centre de musique baroque de Versailles que le Centre national du patrimoine de la chanson et des variétés, ľOrchestre national de jazz ou le Centre ďinformation du rock et des variétés. Dans le domaine de la musique savante, la création contemporaine a gagné de nouveaux publics travers les oeuvres ďOlivier Messiaen, de Pierre Boulez, Yannis Xenakis ou Henri Dutilleux. Cette activité créatrice se poursuit au sein de ľInstitut de recherche et de coordination acoustique/musique (IRCAM). ĽEnsemble intercontemporain permet la promotion de ce répertoire du XXe sicle grâce ses tournées en France et ľétranger. Ľart lyrique a également bénéficié de la sollicitude publique ces dernires années. ĽOpéra Bastille, ouvert Paris en 1988, dispose des équipements techniques les plus modernes et peut accueillir dans sa grande salle 2 700 spectateurs. Ľorchestre national du Capitole de Toulouse, celui de Lille ou ľorchestre philharmonique de Strasbourg ont acquis une réputation internationale. A Paris, ľOpéra comique se consacre au répertoire français et le Châtelet, ancien temple de ľopérette, alterne récitals, concerts et opéras tandis que le Palais Garnier est voué davantage ľart chorégraphique. En province, signalons ľactivité du Théâtre français de la musique Compigne, qui s'affirme comme un lieu ďimportance pour le patrimoine lyrique français. Les Opéras de Lyon, Toulouse, Rouen, Nantes, etc., continuent ďoffrir des productions de haute qualité. III.?.vii. Le cinéma En 1995, le cinéma a fté ses 100 ans : c'est en effet le 28 décembre 1895 qu'eut lieu sur les grands boulevards de Paris, au Grand Café, la premire projection payante organisée par les frres Lumire, France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 8 qui avaient enregistré sur pellicule les premires images animées de la Sortie des usines Lumire. Berceau du Septime Art, la France demeure une de ses terres ďélection et lui a donné quelques-unes de ses figures légendaires : de Mélis, génial précurseur, la génération du réalisme poétique des années trente (Renoir, Carné, Prévert), puis la nouvelle vague des années soixante (Truffaut, Godard, Chabrol, Malle, Rohmer). Cette tradition française du cinéma ďauteur s'est également enrichie de brillantes réussites industrielles (Pathé, Gaumont) et de stars revtues ďune aura internationale comme Brigitte Bardot, Yves Montand, Gérard Depardieu ou Catherine Deneuve. En 2002, le cinéma a enregistré quelque 184,5 millions ďentrées sur le territoire national et réalisé 893 millions ďeuros de recettes en salle ; 58,4 % des Français vont au cinéma au moins une fois dans ľannée et 34,6 % au moins une fois par mois. La fréquentation connaît ainsi une embellie et retrouve le niveau qu'elle atteignait dans les années quatre-vingt mais, sur la longue durée, elle connaît un recul tendanciel du fait de la concurrence de la télévision et de la vidéo. Le cinéma français continue ainsi jouer un rôle international reconnu. Il a bénéficié ďun systme trs complet de soutien la création, la production et la distribution, organisé sous ľégide du CNC. Celui-ci redistribue les ressources tirées ďune taxe sur les recettes en salles, sur les ventes de cassettes vidéo et sur la diffusion des films par la télévision. La procédure ďavance sur recettes, symbole de ce dispositif de soutien, permet aussi ďencourager les nouveaux talents et de compléter, pour des projets ambitieux, les financements classiques du circuit normal de la production. Cette politique se traduit en termes quantitatifs. Équipée de plus 5 240 salles de cinéma - dont 97 multiplexes -, la France est un des pays qui disposent du réseau de salles le plus dense. Le nombre des longs métrages produits chaque année dépasse 120, dont peu prs un tiers de premiers films. Enfin, situation unique en Europe, les films français représentaient, en 2000, 28,5 % des entrées en salles, ce qui traduit une bonne résistance de la production française face aux films américains, qui ont une situation quasi monopolistique sur de nombreux marchés étrangers. Le succs du DVD, qui s'est affirmé en 2002 et poursuivi en 2003, inaugure un nouveau bouleversement profond du mode de diffusion des films. Une " nouvelle cinéphilie " se développe. La vitalité de la création cinématographique française est symbolisée par quelques réalisateurs dont ľoeuvre est trs personnelle, qu'il s'agisse de Bertrand Tavernier, Maurice Pialat, Bertrand Blier, André Téchiné, Alain Resnais, Éric Rohmer, Claude Chabrol ou de Jean-Jacques Beineix. Le cinéma populaire de qualité a aussi ses talents avec Jean-Paul Rappeneau, Claude Berri, Claude Lelouch ou Patrice Leconte dont les films ont reçu du public un accueil enthousiaste. Réussite aussi, pour les films comiques dans lesquels se sont illustrés des comédiens comme Josiane Balasko, Michel Blanc, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, le genre ayant renoué en 1993, avec Les Visiteurs, rencontrant un succs qu'il n'avait pas connu depuis les années soixante. En 2002, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ďAlain Chabat a réuni plus de 14,2 millions de spectateurs. Quant au Fabuleux destin ďAmélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, il a réalisé 8 millions ďentrées en France et prs de 20 millions ľétranger. Par ailleurs, quelques réalisateurs se sont forgés une réputation internationale tels Jean-Jacques Annaud ou Luc Besson. Enfin, une nouvelle génération s'affirme avec Olivier Assayas, Cédric Klapisch, Arnaud Desplechin, Manuel Poirier, François Ozon, Olivier Dahan, Mathieu Kassovitz ou Agns Jaoui, tandis que la relve se prépare au sein de la, Fondation européenne des métiers de ľimage et du son (FEMIS), école installée au Palais de Tokyo Paris. III.?.viii. Le théâtre Selon une tradition qui remonte au Théâtre libre ďAntoine et qui s'est poursuivie avec ľoeuvre du Cartel (Gémier, Copeau, Baty, Jouvet) dans ľentre-deux-guerres, puis avec le TNP de Jean Vilar aprs la Libération, le dynamisme de ľart dramatique français doit beaucoup aux grands metteurs en scne qui inspirent ses orientations. Antoine Vitez, prématurément disparu en 1990, a formé des générations ďacteurs et renouvelé ľapproche du répertoire, de Molire Hugo, ďAragon Claudel. Ďautres personnalités ont également enrichi la scne française de leurs expériences : Marcel Maréchal directeur des Tréteaux de France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 9 France (Paris), Ariane Mnouchkine la Cartoucherie de Vincennes, Peter Brook aux Bouffes du Nord (Paris), Jorge Lavelli au Théâtre de la Colline Paris, Georges Lavaudant ľOdéon, Jacques Nichet Toulouse, Jérôme Savary au Théâtre de Chaillot Paris, Bernard Sobel Gennevilliers. Comme Daniel Mesguich, Patrice Chéreau, Jean-Pierre Vincent, Gildas Bourdet ou Jacques Lassalle, tous continuent ďanimer avec passion les scnes françaises. Une nouvelle génération (Christian Schiaretti Villeurbanne, Stéphane Braunschweig Strasbourg, Didier Bezace Aubervilliers, Robert Cantarella Dijon) s'affirme également. Plusieurs auteurs (Xavier Durringer, Philippe Minyana, Valre Novarina, Michel Vinaver) font vivre le théâtre contemporain. Cette énumération ne donne qu'une faible idée du nombre et de la diversité des spectacles présentés chaque année. Il existe en effet 44 centres dramatiques, 250 compagnies conventionnées, 599 compagnies subventionnées. Globalement, le nombre des compagnies indépendantes a triplé au cours des années quatre-vingt et dépasse largement le millier. Enfin, de nombreuses salles ont été ouvertes, modernisées ou restaurées ces dernires années, que ce soit Paris (Théâtre national de la Colline) ou en province (Théâtre du Port de la Lune Bordeaux, Théâtre de la Salamandre Lille, Nouveau Théâtre de Nice, etc.). Soixante- dix " Scnes nationales ", soutenues par ľÉtat et les collectivités locales, proposent une programmation pluridisciplinaire, orientée vers la création contemporaine. Autre spectacle vivant, le cirque s'est renouvelé. Des compagnies comme le cirque Plume, Archaos et le Cabaret équestre Zingaro ont bouleversé ce genre. Plusieurs écoles ont fleuri et le cirque Gruss, soucieux de la tradition des chapiteaux, a su reprendre le flambeau. " ĽAn- née des arts du cirque " (été 2001- été 2002) a témoigné de la volonté de ľÉtat de soutenir le cirque dans ses esthétiques, dans son économie et dans son rôle culturel. En 2003, la premire académie française de spectacle équestre, qui se partagera entre un enseignement artistique pluridisciplinaire et les représentations, a été installée dans les Grandes Écuries du château de Versailles, dessinées par Mansart pour les chevaux de Louis XIV. III.?.ix. Livre et Ecrit Les Lettres françaises : tradition et modernité Les écrivains ďaujourďhui doivent assurer la relve ďune brillante génération de classiques contemporains : Gide, Sartre, Camus, Céline, Cohen, Aragon, Malraux, Mauriac, Anouilh, Beckett, Genet ou Montherlant. La tâche est ďautant plus ardue que ľépoque n'est pas marquée, comme au temps du surréalisme, par ľexistence de courants clairement identifiés, moins encore ďécoles. Certes la tribu des " hussards ", orpheline de Roger Nimier, ďAntoine Blondin et de Jacques Laurent, compte encore sur Michel Déon pour prolonger la tradition anticonformiste forgée dans ľimmédiat aprs-guerre. De leur côté, les écrivains du nouveau roman des années cinquante tels Michel Butor, Alain Robbe- Grillet et Nathalie Sarraute ont poursuivi leurs expériences littéraires, tandis que ľoeuvre de Claude Simon trouvait une ultime consécration avec ľattribution du prix Nobel de littérature en 1985. Ľimpression dominante est aujourďhui celle ďun champ ďexpériences singulires, chacun traçant ďoeuvre en oeuvre un sillon personnel. Julien Gracq qui poursuit, depuis la publication de Au château ďArgol, un dialogue solitaire avec la grande tradition classique, est de ce point de vue exemplaire. Mentionnons également Marguerite Yourcenar, premire femme élue ľAcadémie française qui a laissé une oeuvre profondément enracinée dans ľhistoire (Mémoires ďHadrien, Ľoeuvre au noir), Marguerite Duras qui rencontra finalement le grand public avec la publication de ĽAmant, Michel Tournier aussi, avec Vendredi ou les limbes du Pacifique et Le Roi des aulnes. Au sein de la génération suivante, Philippe Sollers, Jean-Marie Le Clézio, Patrick Modiano, Patrick Grainville, Pascal Quignard, Jean Échenoz, figurent parmi les valeurs les plus reconnues, mais depuis les années quatre-vingt se sont révélés des auteurs talentueux comme Erik Orsenna, Jean Rouault, Patrick Chamoiseau, Didier Van Cauwelaert, Daniel Pennac, Andrei Makine, Patrick Rambaud... Les débats suscités par les romans de Michel Houellebecq (Les Particules élémentaires, Plateforme) et Vincent Ravallec (Cantique de la racaille) témoignent du maintien de la critique littéraire. France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 10 Le roman reste le genre le plus apprécié du public, mais la France n'oublie pas la poésie : Aragon, Saint-John Perse, René Char, Jacques Prévert et Francis Ponge ne sont pas les derniers potes français. Jean Tardieu, décédé en 1995, mais aussi Jacques Roubaud, Michel Deguy, Yves Bonnefoy, Jacques Reda, transforment cet immense héritage et résistent avec bonheur un climat malheureusement peu propice ce genre littéraire. La remise des prix littéraires ľautomne, et notamment du prix Goncourt, est un moment fort de la saison culturelle française. Trente ans de Prix Goncourt Le Prix Goncourt est le plus célbre des prix littéraires. Il a été fondé le 21 décembre 1903 par testament de ľhistorien écrivain Edmond de Goncourt en mémoire de son frre Jules. Il récompense un roman français publié dans ľannée. 1972 Jean Carrire ĽÉpervier de Maheux 1973 Jacques Chessex Ľogre 1974 Pascal Laîné La dentellire 1975 Émile Ajar La vie devant soi 1976 Patrick Grainville Les Flamboyants 1977 Didier Decoin John ľEnfer 1978 Patrick Modiano Rue des boutiques obscures 1979 Antonine Maillet Pélagie-la-Charette 1980 Yves Navarre Le jardin ďacclimatation 1981 Lucien Bodard Anne-Marie 1982 Dominique Fernandez Dans la main de ľange 1983 Frédéric Tristan Les Égarés 1984 Marguerite Duras Ľamant 1985 Yann Quéffelec Les noces barbares 1986 Michel Host Valet de nuit 1987 Tahar Ben Jelloun La nuit sacrée 1988 Erik Orsenna Ľexposition coloniale 1989 Jean Vautrin Un grand pas vers le Bon Dieu 1990 Jean Rouaud Les champs ďhonneur 1991 Pierre Combescot Les filles du calvaire 1992 Patrick Chamoiseau Texaco 1993 Amin Maalouf Le rocher de Tanios 1994 Didier Van Cauwelaert Un aller simple 1995 Andre Makine Le Testament français 1996 Pascale Roze Le Chasseur zéro 1997 Patrick Rambaud La Bataille 1998 Paule Constant Confidence pour confidence 1999 Jean Echenoz Je m'en vais 2000 Jean-Jacques Schuhl Ingrid Caven 2001 Jean-Christophe Rufin Rouge Brésil 2002 Pascal Quignard Les ombres errantes 2003 Jacques-Pierre Amette La Maîtresse de Brecht France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 11 III.?.x. Publics et pratiques Au renouvellement de la création s'ajoute ľélargissement des publics. Ďune part, la consommation de biens culturels continue tre inégalement répartie selon ľâge, le niveau ďétudes, ľappartenance sociale ou ľorigine géographique ; ďautre part, ľessor de la demande culturelle au sein de toutes les catégories sociales se traduit aussi bien par un équipement croissant des ménages en matériel audiovisuel que par ľaugmentation de la fréquentation des musées et des salles de spectacles. Ľaccs la culture Les pouvoirs publics mnent une politique active de diffusion culturelle qui passe ďabord par un effort ďéducation et de formation auprs des plus jeunes. Le partenariat s'est renforcé entre les ministres de la Culture et de ľÉducation nationale. La place réservée aux apprentissages artistiques musique et arts plastiques principalement -, autrefois modeste, s'est fortement étendue au cours des années quatre-vingt. Un réseau trs dense de conservatoires régionaux et municipaux permet, moyennant un faible cot, de pratiquer la musique, le théâtre et la danse. Enfin, plusieurs établissements ďexcellence se consacrent la formation des futurs professionnels : les deux Conservatoires nationaux supérieurs de musique, ľÉcole nationale des beaux-arts, le Conservatoire national supérieur ďart dramatique, ľÉcole nationale de la photographie et la FEMIS. Les chaînes de télévision publiques ont depuis longtemps réservé une partie - mme minime - de leurs programmes la culture : ľémission littéraire " Apostrophes ", animée chaque vendredi pendant quinze ans par Bernard Pivot, a marqué son époque. Depuis 1992, le public bénéficie ďune chaîne spécifiquement consacrée la culture, Arte, qui constitue la premire expérience européenne de cette nature menée conjointement par la France et ľAllemagne, avec des programmes bilingues. Par ailleurs, Arte n'émettant qu'en soirée, une chaîne vocation éducative, France 5, la chaîne du savoir, occupe désormais ce canal tout au long de la journée. La télévision tient une place croissante au sein des pratiques culturelles des Français. Les lieux de la culture Pour attirer un public plus large de citadins, André Malraux avait conçu ds le début des années soixante les maisons de la culture. Trente ans plus tard, les espaces vocation culturelle se sont multipliés. Dans le domaine du théâtre, des efforts ont été consentis avec succs afin de monter ou de restaurer partout en France des lieux de création. Pour leur part, les salles de concert de rock et de music-hall accueillent en moyenne chaque année quinze millions de spectateurs. Le Parc omnisports de Paris Bercy a une capacité ďaccueil de 15 000 personnes, mais des concerts géants peuvent tre organisés dans des stades, comme le Stade de France Saint-Denis qui peut offrir plus de 100 000 places en version spectacle. Les salles de type Zénith Paris, Montpellier et Toulon connaissent un grand succs et se multiplient en France (Lyon, Marseille, Nancy, Caen, Tours...). Les musées jouent eux aussi un rôle déterminant : une discipline nouvelle, la muséologie, s'est constituée afin de faire de ces temples du beau, voués la conservation, des lieux de circulation et de promotion, largement ouverts au public. Ľouverture du Centre Georges Pompidou aux Halles, pour ľart contemporain, puis celles du Musée ďOrsay sur les quais de la Seine, consacré la seconde moitié du XIXe sicle, du musée Picasso ľhôtel Salé, de la Cité des sciences et de ľindustrie La Villette, ont stimulé ľensemble des musées français. Depuis une vingtaine ďannées, sous ľimpulsion de ľÉtat et des collectivités territoriales, un programme important de rénovation et de création de musées a été engagé travers toute la France. Des moyens trs importants ont également été consacrés ľamélioration de la présentation des collections. Le paysage des musées s'est transformé et la fréquentation a augmenté, conséquence de cet effort ďenrichissement et de restauration des collections. La loi du 4 janvier 2002 a créé une appellation " Musées de France " destinée aux musées et correspondant des critres scientifiques et culturels précis. Cette appellation doit constituer un label clairement identifiable par le public. France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 12 La réalisation de certains musées de province a été confiée des architectes importants, par exemple le Musée ďart contemporain de Lyon, installé depuis 1995 dans un édifice conçu par Renzo Piano ou le Carré ďart Nîmes, confié Norman Foster en 1993. Ľoeuvre majeure reste cependant le Grand Louvre qui représente plus de quinze ans de travaux et a permis de rendre la totalité du Palais du Louvre sa fonction de musée tout en le modernisant. Au total, il existe 33 musées nationaux, dont 19 hors de Paris, et 535 musées spécialisés (archéologie, sciences, histoire...) et 543 musées polyvalents qui appartiennent le plus souvent aux collectivités locales. Leur succs est la hauteur de ľattente : plus de 70 millions de visiteurs par an. Ceux-ci se pressent pour admirer des chefs- ďoeuvre qui font partie du patrimoine mondial de ľhumanité mais aussi de grandes expositions temporaires dont les plus récentes furent consacrées Picasso, Matisse, Monet, Chagall, Magritte, Gauguin, etc. Les bibliothques, devenues médiathques, restent ľun des lieux de culture les plus fréquentés en France. Outre les bibliothques scolaires et universitaires, il existe environ 3 000 bibliothques municipales. Chaque département gre aussi une bibliothque de prt, ľensemble des bibliothques départementales disposant de prs de 21 000 points de desserte dont 17 000 fixes et 4 000 itinérants, du type " bibliobus ". Paris dispose de bibliothques prestigieuses comme celles du Centre Georges Pompidou, de ľArsenal, les bibliothques Sainte-Genevive et Mazarine. La capitale s'est dotée de la Bibliothque nationale de France, ouverte en 1996, ďune capacité de 30 millions ďouvrages et qui accueille les fonds des départements livres, imprimés, des périodiques et de la phonothque de ľancienne Bibliothque nationale Richelieu. III.?.xi. Les ftes de la culture La culture a aussi ses moments privilégiés. La Fte de la musique, lancée en 1982, symbolise un peu une nouvelle approche tendant dépasser les habituels clivages entre le spectacle officiel organisé et la pratique populaire spontanée. Tous les 21 juin, elle rassemble des dizaines de milliers de musiciens professionnels ou amateurs, partout travers les villes. Aujourďhui, prs de 80 pays ont repris cette initiative. Elle ne doit pas faire oublier les grands festivals ďété consacrés ľopéra (Aixen-Provence), au chant choral (Vaison-la- Romaine), au théâtre (Avignon) et la musique contemporaine (Strasbourg). Les variétés et le rock ont également leurs grand-messes : le Printemps de Bourges est devenu une tradition, les Trans-Musicales de Rennes ont révélé Étienne Daho, Niagara ou Stéphan Eicher et les Francofolies de La Rochelle rassemblent les musiciens de ľespace francophone. La Fte du cinéma, elle, a été créée en 1985. Manifestation de promotion exceptionnelle longue ďune semaine environ, elle permet, pour le prix ďune entrée, ďassister une journée complte de projections. Elle tente de s'exporter ľétranger, par le canal des ambassades et des Alliances françaises. Également importants, les festivals internationaux, et ďabord le Festival de Cannes, dont la Palme ďOr constitue sans doute la plus prestigieuse des consécrations. Ce rendez-vous est devenu la vitrine incontestable et le pôle de convergence de tous les cinémas. Les manifestations cinématographiques se sont multipliées ces dernires années : festival de Gérardmer du film fantastique et de science-fiction, festival de Deauville consacré au cinéma américain et qui a pour pendant, aux États-Unis, le festival du film français Sarasota, festival du film policier de Cognac ou encore festival du court métrage de Biarritz. Ces festivals constituent aussi de puissants leviers pour le développement du tourisme régional. La littérature est également ftée : " Lire en fte ", qui a succédé au " Temps des livres " en 1998, développe chaque année au mois ďoctobre une série ďinitiatives destinées faire partager au plus grand nombre la passion de ľécrit. Ľorganisation du Salon du livre Paris est par ailleurs ľoccasion ďoffrir au public, chaque année au mois de mars depuis 1981, la plus grande librairie de France : 1 200 éditeurs présentent sur 450 stands toute la gamme de leurs produits éditoriaux, de la littérature aux encyclopédies, du livre ďart aux collections pour la jeunesse. Stimulés par cette réussite, une dizaine ďautres salons se sont implantés en province, Brive, Bordeaux, Nantes, Le Mans, Saint-Étienne, Saint-Malo, Lyon ou Strasbourg... Le festival de la bande France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 13 dessinée ďAngoulme, qui a fté ses trente ans en janvier 2003, avec notamment des rétrospectives consacrées Reiser et Hergé, est un événement attendu par tous les bédéphiles. Le patrimoine, enfin, a une occasion privilégiée de dévoiler ses trésors au public. Une fois par an, au mois de septembre, les monuments ouvrent leurs portes aux visiteurs qui déambulent gratuitement dans les salons de ľÉlysée ou de ľInstitut de France, de ľHôtel Matignon ou du Palais- Bourbon, de la Bibliothque nationale ou de ľOpéra Bastille. Plusieurs millions de personnes profitent de ľoccasion pour pénétrer dans quelque 8 300 édifices nationaux. Sur le mme principe, le Printemps des musées attire chaque année des milliers de visiteurs dans les musées. Rendez- vous aux jardins donne chaque printemps aux jardiniers et au public ľoccasion de partager leur amour des jardins, cet aspect trop peu connu du patrimoine français. Un programme de création de jardins contemporains a été lancé sur cinq ans afin de permettre aux artistes et paysagistes ďinventer dans des sites retenus de nouvelles formes de jardin. III.?.xii. Ľouverture sur le monde La Joconde est le plus célbre des tableaux exposés au Louvre : le chef-ďoeuvre de Léonard de Vinci symbolise ainsi ce que la culture française doit, depuis toujours, aux créateurs des autres pays et aux influences étrangres. A ľaube du troisime millénaire, cette tradition ďouverture réciproque ne se dément pas. Accéder toutes les cultures Le public manifeste avec régularité son got pour les oeuvres venues du monde entier : prs de la moitié des ventes de disques et cassettes en France concerne les variétés internationales, tandis que les deux tiers des recettes des salles de cinéma proviennent de films étrangers. Ceux-ci sont le plus souvent américains, mais Paris est sans doute la seule ville du monde o le cinéphile peut, selon ses gots et sa curiosité, visionner en version originale les oeuvres, classiques ou récentes, venues ďInde, ďAfrique, du Japon, de Chine ou ďAmérique latine, ainsi que de tous les pays européens. Cet éclectisme se confirme dans de nombreux autres domaines. En témoigne ľaccueil enthousiaste que trouvent en France les chorégraphes ďorigine étrangre, suisse comme Gallotta, américains comme Merce Cunningham, William Forsythe ou Carolyn Carlson qui a dirigé le groupe de recherches de ľOpéra de Paris. La mme remarque vaut pour le théâtre : avec le Britannique Peter Brook ou le Roumain Lucian Pintille qui animent plusieurs scnes françaises ďimportance. Ľancien théâtre de ľOdéon, rebaptisé Théâtre de ľEurope, est destiné accueillir en priorité les spectacles représentant les grandes traditions scéniques étrangres. La mme volonté ďouverture prévaut dans le domaine des arts plastiques, comme le montre le succs rencontré par les expositions ďécoles ou ďartistes étrangers régulirement organisées dans le cadre des musées nationaux. Le Centre Georges Pompidou s'est fait, depuis sa création, une spécialité des grandes rétrospectives consacrées ľinfluence réciproque des cultures : de Paris-New York et Paris-Moscou voici quinze ans, jusqu'aux hommages plus récemment rendus aux figures cosmopolites de Borgs, ďAmado ou de Brancusi. Les pouvoirs publics encouragent leur tour ce got des oeuvres étrangres et s'efforcent de les faire mieux connaître du public français. Dans le domaine de la littérature, des efforts sont faits pour permettre aux éditeurs de s'affranchir des surcots résultant de la traduction : un Collge international des traducteurs a été créé Arles en 1989 et a aidé la publication de centaines de titres en langues étrangres. Par ailleurs, les opérations " Belles étrangres " permettent, deux trois fois par an, de présenter aux lecteurs français telle ou telle littérature étrangre en invitant ses représentants les plus réputés : les écrivains des Pays-Bas, ďIsraël, ďÉgypte, de Sude, de Corée, du Brésil ont ainsi été ftés. En 2003, " Djazar, une année de ľAlgérie en France " a confirmé cette volonté ďouverture aux autres cultures, tout comme " les années croisées " Chine-France qui se sont déroulées ďoctobre 2003 juillet 2004. Des affinités électives France III.. La CULTURE * Ministre des Affaires étrangres 14 Aucune culture, aucun continent n'est donc négligé. Il n'en existe pas moins certaines affinités électives qui expriment, aujourďhui encore, la vitalité ďanciennes traditions ďéchanges et de solidarités. Dans cette perspective, une place particulire doit tre faite la francophonie. Depuis que les ministres de la Culture de tous les pays francophones se sont réunis pour la premire fois, en 1981 Cotonou, se multiplient les initiatives destinées renforcer les liens entre les créateurs et les publics de ľespace francophone. Le Festival international des francophonies de Limoges est ainsi devenu le rendez-vous annuel des théâtres francophones du monde entier, tandis que les Francofolies de La Rochelle accueillent toutes les tendances de la chanson ďexpression française. La littérature de langue française n'est pas en reste, tant est importante la contribution que lui ont apportée les écrivains du monde entier. Sur les cinq continents, elle affirme une vitalité retrouvée : une dimension épique dans les récits des Antilles et de ľocéan Indien, une gravité nouvelle chez les prosateurs du Maghreb et du Levant, un sens renouvelé du mystre chez les potes africains. Il n'est qu' évoquer pour s'en convaincre les oeuvres de Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire, Tahar Ben Jelloun ou Mamadou Ampathé Bâ. Qu'ils aient ou non la langue française en partage, de nombreux pays du Sud entretiennent avec la France des relations culturelles privilégiées. Quelques lieux, quelques événements voués la promotion de ces échanges méritent ďtre évoqués : ainsi ľInstitut du monde arabe ou la Maison de ľAmérique latine, Paris, rappellent tout ce qui rapproche la culture française de la Méditerranée et de la latinité. Le festival Musiques métisses ďAngoulme a également permis au public français de découvrir des groupes africains comme Touré Kounda ou Mory Kante, qui ont depuis acquis une véritable notoriété internationale. Le festival des Trois Continents Nantes, chaque automne, présente une sélection de films ďAfrique, ďAsie et ďAmérique du Sud. Enfin, la Maison des cultures du monde, créée en 1982 Paris, adresse ses invitations aux musiciens, artistes, danseurs et peintres du monde entier afin de leur permettre de se produire en France. Au moment o les peuples ďEurope nouent des liens politiques et économiques toujours plus étroits, la France fait en sorte que la dimension culturelle ne soit pas négligée : dans ce but, elle soutient quelques grandes initiatives institutionnelles comme le rendez-vous annuel des capitales européennes de la culture (Lille en 2004) ou la mise en place du programme communautaire Média Plus de soutien au cinéma et ľaudiovisuel. Mais ľEurope de la culture, c'est également le foisonnement spontané des initiatives, des complicités et des rencontres : la multiplication des traductions, les coproductions cinématographiques en nombre croissant, la formation commune des jeunes créateurs... III.?.xiii. Diversité culturelle Ds les années quatre-vingt-dix, les Français ont défendu la notion ďexception culturelle dans les relations internationales, ľoccasion des négociations du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) lorsque se posa la question de savoir si la libéralisation des échanges devait s'appliquer aux biens et services culturels. En affirmant que la culture ne pouvait tre considérée comme une banale marchandise, en réclamant pour chaque État le droit ďencourager ses créateurs, la France entendait aider au maintien des diverses traditions qui constituent le patrimoine culturel de ľhumanité. C'est la mme ambition qui inspire son action pour la diversité culturelle au sein des enceintes internationales vouées la promotion de la culture, comme le Conseil de ľEurope, ľUnesco et Réseau international des politiques culturelles (RIPC) : favoriser la libre circulation des oeuvres de ľesprit, tout en veillant ce que chaque culture, bénéficiant ďune égale dignité, puisse assurer les conditions de sa survie et de son constant renouvellement. La France souhaite que la diversité culturelle soit érigée en principe du droit international, et propose ľadoption par ľUnesco avant 2005 ďune convention mondiale sur la diversité culturelle. Source : ďaprs le site du Ministre des Affaires étrangres.