LOUIS RIEL « Ricl est inon frcrc! » disait, cn 1885, Honore Mercier, fuiur premiér minislre du Quebec, devant 50 000 personnes, 11 s'est battu pour son peuple, sa dignitě, ses droits. II fut un exemple pour ľhumanité. Certains ont eu peur de lui et du peuple metis : le Gouvernement du Canada le fit done pendre ä Regina, le 16 novembre 1885. Aujourd'hui, 114 ans plus tard, les Canadiens voudraient bien oublier tout cela : le Parlement du Canada étudie měme un projet de loi qui, s'il est adopté, déclarera Louis Riel innocent et annulera sa condamnation. Un instant! Riel a é té injustement pendu. Le peuple metis a été chassé de ses terres, dépossédé, humilié .et disperse partout dans ľOuest. Qui est coupable de ces crimes? II est temps que le vrai coupable redresse les torts faits au peuple metis pour qui Louis Riel s'est battu jusqu'ä la mort! Cede publicite a f am en angiitis cŕans !c Winnipe Free Press cl cn (rancnis dans l'Acadic Nouvfíle, La Liberie de Saint-Boni/nce el le Devoir SSJB Société Saint-Jean-Baptiste de Montreal 82, rue Shcrhrookc Ouesl, Montreal (Quebec) H2X1X3 Telephone: (514) 84 i-8851 Telecopie : (514) 844-6369 Site web : www.cam org/~ssjb Coumei : >s)b( considérés essentiels, les gouvernements mettent en branie un mouvement de concentration dans l'État québécois de nombreux pouvoirs ou responsabilités jusque-lä exercés soit par les commissions scolaires et les municipalités, soit par ľÉglise, soit par Ottawa. 74 • L'ACTION NATIONALE Grossit en consequence tout un appareil technocratique. La fonction publique, nombreuse et qualifiée, est coiffée d'une elite de mandarins, en principe soucieux de faire participer les citoyens aux decisions et ä ľélaboration des politiques qui les concernent, mais dans le cadre, il faut bien le voir, d'un systéme tendant ä favoriser la centralisation des decisions, de la gestion et des ressources. Plusieurs decisions importantes contribuent puissam-ment ä donner l'impression qu'on vit alors véritablement«le debut d'un temps nouveau». Parmi celles-ci, il faut men-tionner l'adoption d'un nouveau Code du travail en 1964, qui répond non seulement aux exigences de la nouvelle économie mais aussi au désir general de jeter aux oubliettes celui dont Duplessis avait abuse; d'ailleurs, typiques de cet esprit de redressement, des dispositions du code accordent la sécurité d'emploi aux employes permanents de la fonction publique et le droit de grěve dans les services publics, autant de maniěres de dire que l'arbitraire n'a plus sa place dans les relations de travail. De 1964, aussi, date la Loi 16, qui amende le Code civil -. ľégalité juridique des époux est finale-ment reconnue, les femmes mariées acquiěrent le droit d'ef-fectuer des transactions bancaires sans la signature de leur conjoint, d'intenter un proces, d'etre exécutrices testamen-taires, bref d'exercer plusieurs responsabilités financiěres ou civiles qui leur étaient jusque-lä interdites. A noter, enfin, la portée particuliěrement symbolique de la creation du mi-nistěre des Affaires culturelles en 1961, voué, quoique sans grands moyens, ä la promotion de la culture québécoise et ä son plus large rayonnement. Dans les champs de la santé et du bien-étre social, ľÉglise passe la main ä l'État québécois, qui reforme ses structures et ses institutions de sorte ä pouvoir assumer pleinement son role d'État-providence. Avec ľidéologie propre ä l'État-provi-dence, faite ä la fois du droit des citoyens ä en attendre des services, et de la responsabilité de l'État ä favoriser tant ĽACTION NATIONALE • 75 ľégalité des chances qu'une juste redistribution de la riches-se collective. Le "Désormais- de Paul Sauvé laisse déjä pressentir le changement. Děs 1959, sont amorcées avec Ottawa les négo-ciations qui vont aboutir sous Lesage ä la participation du Quebec au programme federal ä frais partagés d'assurance-hospitalisation. Deux grands rapports jalonnent par ailleurs l'intervention du gouvernement Lesage et de ceux qui le suivent en matiere de politiques sociales: celui du Comité ďétude sur ľassistance publique, forme en I96I (rapport Boucher) et celui de la Commission Castonguay-Nepveu, ou Commission d'enquéte sur la santé et le bien-étre social, créée en 1966. Fondés sur le principe du droit des citoyens ä l'aide de l'État en cas de maladie ou de perte de revenu, ces rapports recommandent ä Québec ľélargissement de ses politiques sociales et surtout ľintégration de toutes ses interventions dans un ensemble coherent fait ä la fois de mesures immédiates et de politiques correctives ä plus long terme. Sans prétendre pouvoir voler ľinitiative ä 1 'Etat federal, qui a pris le virage interventionniste depuis les années quarante et occupe les champs des pensions de vieillesse, de ľassu-rance-chômage, des allocations familiales et méme, en partie, ceux de ľassistance publique et de la santé, l'État québécois se donne ä son tour les moyens d'agir dans ces domaines de sa juridiction. II le fait parfois en participant aux programmes du gouvernement federal: ainsi pour ľassu-rance-santé, en 1970. Aussi souvent que possible, toutefois, Québec choisit d'élaborer ses propres programmes ; il instaure ainsi en 1964 son propre Regime des rentes qui, méme s'il est compatible avec le Regime de pension du Canada, est résolument autonome dans la gestion des millions accumulés. Autant de rôles nouveaux, autant de nouveaux moyens de gestion. Huit ministěres sont créés entre I96I et 1969, neufs conseils consultatifs, trois organismes de réglementa-tion, huit entreprises publiques, un tribunal d'État; et, pour 76 • I.'ACTION NATIONAL!; mettre un peu d'huile dans la machine, des dizair comités interministériels charges de la coordinate ľensemble. Dans leur pretention ä administrer l'État de rationnelle et au meilleur de ľintérét public, les gou-ments, surtout celui de Lesage, multiplient les rechercr tous les sujets et ordonnent la tenue de nombreuses missions d'enquéte durant la décennie. Le réve d'un tion planifiée de l'État semble un temps ä portée de en matiere économique notamment, et la aussi toi structure de gestion est échafaudée avant que les ill ne retombent. De 29OOO en I960, le nombre des fonctionnaires g done ä 41 000 en 1965, 51000 en 1968; e'est une main vre francophone, jeune et bien formée. Sous-min cadres supérieurs, cadres intermédiaires, professio employes: la hierarchie qui se cristallise se veut fonc effet sur le dynamisme et sur la competence, ce que k dicats, pour la plupart affiliés ä la CSN, savent, de vence au debut avec l'État-employeur, faire reconnaít des conditions de travail et des benefices marginaux tageux. Le parapublic, de son côté, grossit encore pit si bien que selon le politicologue James Ian Go-secteurs public et parapublic québécois représentent e ble 11,4% de la main d'eeuvre en 1968. La nouvelle moyenne, née sous Duplessis dans l'insatisfaction, a coup grossi et eile se porte bien. Un Etat interventionniste, un État-employeur, c'e cement un État qui dépense: 86O millions environ en I96I, pres de 3 milliards huit ans plus tard, en progr constante jusqu'au milieu des années 1990. Cest au État qui empiěte sur des terrains oceupés par ďautres lui. Si 1'Église et les communautés religieuses, aux avec une erise interne, les departs en masse, la réorg tion de leurs propres structures et ľapprofondissemen tuel encourage par le concile Vatican II, si l'Église communautés, done, se délestent et sont délestéř LACTION NATIONA)