France VIII. La CULTURE VIII. LA CULTURE VIII. LA CULTURE.....................................................................................................................................................1 VIII.i. Les acteurs........................................................................................................................................................2 ĽÉtat.............................................................................................................................................................................................2 Les collectivités locales.................................................................................................................................................................2 Les associations et les entreprises..................................................................................................................................................2 VlII.ii. La culture, un secteur ďactivité ä part entiěre............................................................................................3 VlII.iii. Memoire etpatrimoine.................................................................................................................................3 Conservation, restauration, archeologie.........................................................................................................................................4 Nouveaux objets............................................................................................................................................................................4 Nouveaux supports........................................................................................................................................................................4 Le gout de ľhistoire.......................................................................................................................................................................5 VIII iv. Les arts plastiques et ľ architecture.............................................................................................................5 VIII.v. La danse.......................................................................................................................................................7 VIII.vi. La musique...................................................................................................................................................7 VHI.vii. Le cinema.....................................................................................................................................................7 VHIviii. Le theatre.....................................................................................................................................................8 VIII ix. Livre etEcrit................................................................................................................................................9 LesLettres francaises : tradition et modernitě...............................................................................................................................9 Trente ans de Prix Goncourt........................................................................................................................................................10 VIII.x. Publics et pratiques...................................................................................................................................10 Ľacces á la culture......................................................................................................................................................................11 Les lieuxde la culture..................................................................................................................................................................11 VHI.xi. Les fétes de la culture................................................................................................................................12 VHI.xii. Ĺ 'ouvertuře sur le monde...........................................................................................................................12 Accéder á toutes les cultures........................................................................................................................................................13 Des affmités électives..................................................................................................................................................................13 VlII.xiii. Diversité culturelle....................................................................................................................................14 Ľimage de la France est indissociable de sa culture : les touristes étrangers le savent, qui se rendent en grand nombre au Louvre ou au Centre Georges Pompidou et assistent aux representations de ľOpéra Bastille ou de la Comédie-Francaise. Cette effervescence artistique est parfois mise á ľactif ďune tradition francaise originale de politique culturelle, dans laquelle ľÉtat intervient de facon constante, ce qui soulěve des polémiques de maniere récurrente. Cette intervention s'est affirmée trěs tôt. Děs le XVIe siěcle, ľusage du francais dans la redaction des jugements et des actes notaries fut ainsi impose par ľordonnance royale de Villers-Cotteréts (1539) et revolution de la langue surveillée par ľAca- démie francaise, créée en 1635. Au XVIIe siěcle, ľÉtat s'affirme comme le protecteur des Arts, en particulier sous le rěgne de Louis XIV et, á ce titre, encourage, pensionne, fait travailler les artistes et les écrivains : la construction du chateau de Versailles et la creation de la Comédie-Francaise (1680) témoignent de ľambition du monarque mécěne. En transformant le palais du Louvre en musée en 1793, ľÉtat ne se fait plus seulement mécěne, mais également conservateur et contribue á ľinvention du " patrimoine national ". Ľaction de Mérimée, děs 1834, á la tete de la nouvelle administration des Monuments historiques, ou celie de ľarchitecte restaurateur Viollet-le-Duc s'inscrivent dans cette perspective. Les regimes républicains affichent ensuite une volonte démocratique de diffuser la culture dans ľ ensemble du corps social, souvent dans une perspective educative et émancipatrice. Cest cependant seulement au XXe siěcle que sera nettement formule, outre ľ encouragement prodigué aux artistes et la conservation du patrimoine, ľobjectif de diffusion de la culture. Ľ action pionniěre du ministře de ľlnstruction publique et des Beaux-Arts, Jean Zay, sous le Front populaire, trouve ainsi son prolongement, á la Liberation, dans une politique visant á rendre accessible au plus grand nombre les trésors de la culture autrefois reserves á un public restreint. En témoigne le soutien apporté par ľÉtat á ľaction de Jean Vilar, directeur du Theatre national populaire (TNP). Sous la Ve République, André Malraux est nommé en 1959 ministře chargé des Affaires culturelles par le general de Gaulle et impulse une veritable politique publique de la culture. Ľécrivain ministře declare á la tribune de ľAssemblée nationale qu'il France VIII. La CULTURE s'agit de faire, pour la démocratisation de la culture, ce que la IIIs République avait realise, dans sa volonte républicaine, pour ľenseignement. En ce debut de XXľ siěcle, cette triple dimension des politiques culturelles n'a rien perdu de son actualité. Bien au contraire, chacun de ces objectifs peut á present s'appuyer sur des moyens accrus, mais l'Etat n'agit plus seul dans ce domaine. VHI.i. Les acteurs L'Etat Les sommes allouées au ministěre de la Culture ont progressivement augmente au cours des années, aprěs avoir double au debut des années quatre-vingt, et s'élevaient en 2003 á 2,49 milliards d'euros. Si ľon y ajoute les dépenses de nature culturelle effectuées par d'autres ministéres (ministéres de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, par exemple) ou déléguées á des organismes tiers (Centre national de la recherche scientifique - CNRS - par exemple), ainsi que les credits qui passent par le canal de Taction sociale, de ľaménagement de la ville et des espaces ruraux et du développement touristique, on peut considérer que pres de 6,1 milliards d'euros par an sont consacrés par l'Etat au financement de la culture. Parallělement á cette augmentation des credits, les services du ministěre de la Culture ont été reorganises. lis employaient en 2003 plus de 14 000 personnes, et couvrent patrimoine et architecture, musées, archives, musique, danse, theatre et spectacles, arts plastiques, livres et lecture. La formation des experts et des responsables de cette administration a également été ľobjet d'efforts dont témoigne, par exemple, la creation en 1990 de l'Ecole nationale du patrimoine devenue l'Institut national du patrimoine en 2001. Les collectivités locales Les competences des collectivités locales en matiěre culturelle et leurs moyens d'intervention ont été élargis par les lois de decentralisation de 1982-1983. Les budgets culturels des départements et des regions ont été multiplies par cinq au cours des années quatre-vingt et ceux des communes par plus de deux. Globalement, la contribution des collectivités locales au financement de la culture dépasse aujourd'hui celle de l'Etat (50,3 % contre 49,7 %). La mise en commun de leurs moyens et de ceux de l'Etat exerce, incontestablement, un effet multiplicateur et la culture bénéficie ainsi d'environ 12,6 milliards d'euros par an. Les villes jouent un role primordial, assurant 40 % du financement public de la culture, avec une contribution annuelle de plus de 4,57 milliards d'euros. A eile seule, la municipalitě de Paris consacre un budget de 249 millions d'euros, mais de nombreuses villes de province - notamment les métropoles regionales - ont aussi consenti de gros efforts financiers tant pour sauvegarder le patrimoine que pour développer des animations spécifiques et soutenir la creation. Plusieurs villes abritent aussi des institutions culturelles de rang national, voire international : musées ď art moderne á Lyon, Saint-Etienne et Grenoble, Ecole nationale de la Photographie á Aries, Ecole nationale supérieure de danse á Marseille, Centre national de la bande dessinée á Angouléme, Archives du monde du travail á Roubaix, musée Matisse á Nice. Les collectivités locales assurent désormais, dans une logique de partenariat avec l'Etat, un role essentiel dans ľanimation de la vie culturelle du pays. Ľépanouissement progressif de la culture sur tout le territoire national contraste ainsi avec une longue tradition ďhégémonie parisienne. Les associations et les entreprises Ľ engagement des associations et des entreprises en faveur de la culture doit aussi étre souligné. Les premieres (environ 157 000 dans les secteurs culturels) emploient pres de 20 000 salaries et sont le plus souvent subventionnées par l'Etat et les collectivités locales. Elles contribuent á drainer le public vers les manifestations les plus diverses et aident á former des amateurs susceptibles de devenir de véritables professionnels. Cest á leur initiative, le plus souvent, que de nombreux festivals sont organises un peu BE J • © Ministěre des Affaires étrangěres 2 France VIII. La CULTURE partout en France. Certaines associations sont spécifiques á un monument ou un musée et sont parties prenantes dans des operations de restauration qui associent souvent des partenaires étrangers et des actions de mécénat, comme c'est le cas pour la longue et patiente restauration du chateau de Versailles. Le mécénat přivé est un phénoměne ancien en matiěre culturelle mais le développement du mécénat ďentreprise, á ľimage de ce qui se passe depuis longtemps aux Etats-Unis, est plus recent et demeure modeste. Par la loi du 23 juillet 1987, l'Etat a ďailleurs institué un cadre legal pour ces operations qui mobilisent dans le domaine de la culture 1 200 entreprises qui engagent 198 millions ď euros. La loi du 4 janvier 2002 sur les musées a instauré des dispositions fiscales visant á développer le mécénat ďentreprise. La société PGA Holding a été la premiére á avoir recours á ces dispositions pour permettre ľacquisition en janvier 2003 des Plaisirs champětres, un fleuron de la decoration peinte du XVIIIe siěcle. La creation de fondations ou le financement ď operations de prestige font aujourd'hui partie de la politique de communication de beaucoup de grands groupes. Le mécénat s'affirme de plus en plus comme un projet produit conjointement par les entreprises et les acteurs culturels. De nombreuses fondations créées par des entreprises jouent un role important dans ľorganisation de manifestations et ľaide aux jeunes créateurs. De méme, de coüteuses operations de sauvegarde du patrimoine sont prises en charge ou cofinancées par des entreprises francaises comme étrangěres : EDF a ainsi participé á la restauration du dome des Invalides, Kodak á la reproduction de la grotte de Lascaux et, en 1998, la NTV japonaise s'est engagée dans un programme de renovation de la salle de la Joconde au musée du Louvre. Depuis 1994, BNP-Paribas měně, en partenariat avec la Direction des musées de France, un programme de restauration des chefs-d'ceuvre des musées de province. La galerie des Glaces du chateau de Versailles va étre restaurée par le groupe Vinci dans le cadre de la plus importante operation de mécénat culturel jamais réalisée en France. Le debut des travaux, d'un montant de 10 millions d'euros, est prévu au printemps 2004 pour s'achever fin 2008. VIII.ü. La culture, un secteur ďactivité á part entiěre Chaque année, les Francais dépensent pres de 24 milliards d'euros dans ľacquisition de matériels et de supports audiovisuels, ainsi que dans ľachat de livres, de journaux, de revues et de places de spectacles. La part du budget des ménages consacrée aux dépenses culturelles (1 000 euros par an soit 3,5 % de leur budget) est en hausse depuis une décennie. A cette consommation culturelle des ménages, il faut ajouter celle des entreprises, de l'Etat et des collectivités territoriales, ce qui représente au total un marché proche de 30,5 milliards d'euros. Les industries et les services qui satisfont á cette demande sont done devenus un secteur á part entiěre de ľéconomie qui emploie plus de 440 000 personnes et connait, de plus, une croissance soutenue. Au nombre des activités économiques touchant á la culture et aux arts, on trouve en tete la presse, ľ edition et les industries graphiques (avec un chiffre d'affaires de plus de 15,2 milliards d'euros), suivies par les activités audiovisuelles : television, industries du disque, cinema (chiffre d'affaires annuel de ľ ordre de 10,67 milliards d'euros). La concentration de ľédition (Groupe Hachette) laisse subsister des éditeurs de taille moyenne (Albin Michel, Gallimard, Le Seuil) qui peuvent s'appuyer sur des catalogues prestigieux. En region, quelques éditeurs, comme Actes Sud, ont su contourner ľextréme centralisation parisienne. Le marché de ľ art représente lui aussi un enjeu économique non négligeable. Le marché des enchěres a été reformě en 2000 et a du s'ouvrir á la concurrence internationale. Le nombre des galeries ď art a double en province au cours des années quatre-vingt, tandis qu'apparaissaient á Paris, aux côtés des secteurs traditionnels du faubourg Saint- Honore et de Saint-Germain-des-Prés, deux nouveaux quartiers pour le commerce de ľart: celui de Beaubourg et celui de la Bastille. VlII.iii. Memoire et patrimoine La notion de patrimoine s'est progressivement élargie pour recouvrir désormais de nombreux témoignages du passé jusqu'ici négligés mais comporte aussi une dimension esthétique, qui touche en particulier aux paysages. Les missions traditionnelles de conservation du patrimoine concernant les monuments publics, les edifices religieux et les sites archéologiques restent cependant centrales et s'appuient sur des moyens acerus et la mise en ceuvre de techniques de plus en plus sophistiquées. BE J • © Ministere des Affaires étrangěres 3 France VIII. La CULTURE Conservation, restauration, archeologie D'importants programmes thématiques, engages notamment en faveur des cathédrales et des pares et jardins, montrent que le patrimoine classique n'est pas négligé. Globalement le nombre d'inscriptions á ľlnventaire des monuments historiques s'est aceru au rythme de plusieurs centaines par an depuis 1980 et on compte actuellement plus de 40 100 bätiments classes ou inscrits. La restauration est au cceur de ľactivité de la Direction de ľ architecture et du patrimoine du ministěre de la Culture, qui s'appuie sur les techniques élaborées par des laboratoires francais et étrangers. Touš les supports traditionnellement fragiles ou menaces par les outrages du temps - pierres, vitraux, parois ou murs peints, tissus... -, bénéficient de ľattention des chercheurs. Quelques realisations exemplaires montrent les progres effectués dans ce domaine comme la restauration de la facade de ľOpéra Gamier (Paris), du Parlement de Bretagne ou de la Fontaine des mers, place de la Concorde á Paris. Dans le domaine de ľarchéologie, plus de 305 000 sites sont actuellement repertories sur ľensemble du territoire ; leur exploitation permet d'explorer jusqu'aux origines du patrimoine national. Des découvertes importantes ont permis de renouveler notre connaissance de la perióde néolithique et de l'äge du fer : sur les rives de la Seine, en amont de Paris, trois pirogues miraculeusement conservées ont été mises au jour ; sur le chantier du lac de Chalain, dans le Jura, ont pu étre reconstituées les maisons sur pilotis caractéristiques de cette perióde ; á la Combe ď Arc enfin, un somptueux bestiaire mis au jour fin 1994 égale celui de Lascaux. Ľarchéologie medievale a profite des travaux d'urbanisme realises dans plusieurs villes : á Paris, les travaux ďaménagement du Grand Louvre ont donne lieu á des fouilles sans precedent et ont permis de trouver d'importants vestiges de cette époque, notamment ceux du donjon érigé par Philippe Auguste á la fin du XIIe siěcle. Nouveaux objets Insensiblement, la notion méme de patrimoine s'est élargie au cours des derniěres décennies, pour englober tout un ensemble de repěres autrefois négligés : les arts et traditions populaires, ľarchitecture urbaine de la fin du XIXe et du XXe siécle, ľarchitecture industrielle et finalement tous les lieux de ľactivité humaine qu'il convient ďarracher á ľoubli, y compris actuellement les paysages ruraux emblématiques de certaines provinces. L'impulsion est d'abord venue des ethnologues, soucieux de preserver le témoignage des modes de vie des sociétés rurales. C'est á l'un d'entre eux, Georges-Henri Riviere, aide par Claude Lévi-Strauss, que l'on doit la creation, sur le site du Jardin ďacclimatation á Paris, du Musée des arts et traditions populaires. Le patrimoine rural est considéré comme un outil de développement local. Cet exemple a été suivi partout en France afin de conserver la memoire des pratiques regionales et locales : c'est l'objet du Musée camarguais, entre Provence et Languedoc, du Musée dauphinois dans les Alpes, ou encore des nombreux écomusées qui se sont ouverts récemment dans la plupart des regions. La mission du Patrimoine ethnologique veille á preserver la memoire de ces traditions séculaires. Les centres villes font l'objet de protections spécifiques depuis la loi Malraux de 1962, qui instaure les procedures de rehabilitation dans les programmes ďaménagement du tissu urbain. Mais ľancienneté ou la presence de monuments ne sont plus les seuls eritěres de preservation et les paysages industriels et urbains, caractéristiques des deux derniers siěcles, sont aujourďhui sauvegardés. Dans les bassins houillers de l'Est et du Nord, l'Etat et les collectivités locales se sont efforcés de preserver les lieux symbolisant l'histoire de la mine et des lüttes sociales qui lui sont attachées : le carreau Simon á Forbach, ou celui de Denain qui inspira á Zola ľ atmosphere de son roman Germinal. Enfin, de nombreux bätiments ou sites urbains présentant un intérét architectural ou historique sont á leur tour entrés dans le champ du patrimoine : gares, restaurants, salles de spectacles et méme anciennes maisons closes peuvent étre classes monuments historiques s'ils sont un témoignage caractéristique ďune époque et ďune société. Nouveaux supports La France, patrie de Niepce, de Daguerre, de Nadar, de Doisneau et de Cartier-Bresson, ne peut négliger ľ art de la Photographie dont eile demeure une terre ď election. Au fort de Saint-Cyr, prés de Versailles, sont stockés depuis 1981 plus de cinq millions de négatifs, ceuvres des plus grands photographes. BE J • © Ministěre des Affaires étrangeres 4 France VIII. La CULTURE L'une des täches du Patrimoine photographique, association créée par le ministěre de la Culture, est ďacquérir ou de gérer des fonds qui ont marqué ľhistoire de la Photographie, comme la collection de reportages photographiques autour du monde, finances entre 1910 et 1931, par le mécěne Albert Kahn, ou comme la collection Harcourt, qui comporte trois mille portraits de personnalités du cinema, de la musique, la chanson, la danse, la littérature, ľart, la politique... realises de 1934 á 1991. Entre 1909 et 1931, le mécěne financera de nombreux reportages photographiques dans cinquante pays, pour constituer une bibliothéque ď images fixes et animées dans le but de conserver " des aspects, des pratiques et des modes de ľactivité humaine dont la disparition fatale n'est plus qu'une question de temps ". Ces archives contiennent 72 000 auto-chromes et 170 000 metres de films. Elle a également bénéficié de la générosité de photographes illustres, celle de Jacques-Henri Lartigue laissant plus de quatre-vingts années de cliches allant de la République d'Emile Loubet (1899-1906) á celle de Francois Mitterrand ; celle d'Amélie Galup, qui fixa sur quelque 2 800 plaques de verre une société rurale au travail ou en féte entre 1895 et 1920; ou encore celle de Willy Ronis, témoin des quartiers populaires de Paris dans les années cinquante. Par ailleurs, afin d'assurer son role de témoin, le Centre Georges Pompidou pratique une politique ď achat systématique de photographies contemporaines. Le cinema a, lui aussi, un patrimoine á défendre. Henri Langlois, fondateur de la cinematheque francaise, fut ľun des précurseurs de la memoire du cinéma. Les copies de films sont systématiquement confiées au Centre national de la cinématographie (CNC), mais leur support photochimique souléve de délicats problémes de conservation et, le cas échéant, de restauration. Lancé en 1991, un pian ďurgence a permis de sauvegarder et de restaurer plus de 8 000 films tournés avant 1950. Pármi les ceuvres qui ont pu ainsi échapper á la destruction et ont été restaurées figurent des chefs-ďceuvre du cinéma comme le Napoleon (1927) d'Abel Gance ou L'Atalante (1934) de Jean Vigo. Un programme de sauvegarde et de restauration ďceuvres plus récentes a également été mis en place. La France bénéficié d'une longue tradition de conservation systématique des archives et des documents imprimés, qui a été étendue au XXe siécle á la Photographie et au cinéma : c'est ce que ľon appelle le dépôt légal. Ce systéme, reorganise par la loi du 20 juin 1992, parait une fois encore symptomatique de ľextension de la notion de patrimoine : le dépôt légal s'étend désormais aux documents audiovisuels et sonores, diffuses par les principales chaines de radio et de television, ainsi qu'aux logiciels informatiques, aux jeux videos, aux cédéroms... et merne á titre experimental á ľinternet. Le besoin de conserver une memoire photographique pour les generations futures n'est pas oublié et, depuis sa creation en 1992, l'Observatoire photographique du territoire répertorie les modifications de ľenvironnement de sites caractéristiques de la géographie nationale. Le goüt de ľhistoire Peut-étre cet intense effort de conservation du patrimoine doit-il étre rapproché de ľengouement aujourd'hui manifeste en France pour ľhistoire, qu'elle soit nationale, regionale ou méme familiale avec le développement des recherches généalogiques. L'Ecole historique francaise, qui a su rencontrer un large public, possěde une renommée internationale que symbolisent quelques historiens comme Fernand Braudel, Georges Duby, Jacques Le Goff ou Francois Furet. Ces derniěres années ont été ponctuées par de nombreuses manifestations commémorant de grands événements nationaux : millénaire capétien (1987), bicentenaire de la Revolution francaise (1989), cinquantiěme anniversaire des débarquements de Normandie et de la Liberation de la France (1994-1995), bicentenaire de la naissance de Victor Hugo (2002), centenaire de la mort de Paul Gauguin (2003). Ces celebrations rencontrent un large succěs public, attesté par la multiplication des initiatives locales : expositions, colloques, concerts, fetes et reconstitutions. On a pu parier " ď ére de la commemoration " et méme de " ruée vers le passé " pour décrire ce nouvel attachement des Francais á leur memoire collective. Le Pantheon, monument parisien consacré au souvenir des grands hommes, a accueilli André Malraux en 1996 et Alexandre Dumas en 2002. VHI.iv. Les arts plastiques et ľ architecture BE J • © Ministěre des Affaires étrangěres 5 France VIII. La CULTURE Depuis la fin du XIXe siěcle, les créateurs francais ont joué un role décisif dans ľéclosion de la peinture moderne : ainsi les ceuvres des Impressionnistes, de Cézanne et des Fauves ont inspire le mouvement cubiste. En témoigne aujourďhui ľafflux des amateurs visitant par millions chaque année le Louvre, le Musée d'Orsay, le Musée national d'art moderne du Centre Georges Pompidou ou le Musée Picasso á Paris. Paris a longtemps exercé un trěs fort pouvoir d'attraction sur les artistes comme Van Gogh, Picasso, Miro, Van Dongen, Modigliani, Soutine, Chagall, Brancusi, Giacometti, Dali et bien d'autres, venus du monde entier poursuivre leurs travaux dans les ateliers de Montparnasse ou de Montmartre. Au lendemain des années cinquante, á la faveur du bouillonnement des tendances et des écoles picturales qui, de ľabstraction géométrique au pop'art, révolutionne une nouvelle fois ľart moderne, Paris a sans doute cédé la place á New York comme foyer des avant-gardes plastiques, mais la creation francaise n'en est pas moins active ; les ceuvres de Christian Boltanski, Daniel Buren, Pierre Soulages, César ou Ipoustéguy ont acquis une reconnaissance internationale. La jeune generation continue d'apporter sa contribution aux grandes tendances de ľart contemporain. Les galeries francaises, concentrées á Paris, conservent leur caractěre de petite entreprise tout en s'ouvrant vers ľexportation. Depuis 2001, Christie's et Sotheby's, maisons d'envergure internationale, organisent des ventes en France. La Foire internationale d'art contemporain de Paris (FIAC), créée en 1974, a contribué á la reconnaissance de ľart contemporain en France. Au sein ďun marché de ľart, marqué par une internationalisation croissante, la France joue un role modeste, mais reel. Ľ encouragement qu'apportent les pouvoirs publics á cette activité créatrice s'exprime d'abord á travers l'enseignement artistique et les facilités accordées aux jeunes artistes : allocations ďétudes et bourses de prestige, comme celie qui ouvre ľaccés á 1'Académie de France á Rome, établie á la Villa Médicis. II se manifeste aussi par différentes aides á ľédition ou á la premiére exposition attribuées aux artistes et professionnels dans touš les domaines de la creation artistique contemporaine par le Fonds ďincitation á la creation (FIACRE) du ministére de la Culture. Trente-trois centres d'art contemporain, soutenus par les pouvoirs publics, développent des activités d'exposition, ďédition, d'accueil d'artistes et de sensibilisation. En Janvier 2002, le site de creation contemporaine du Palais de Tokyo a ouvert ses portes afin de mieux faire connaitre au public la creation contemporaine. Enfin, depuis les années quatre-vingt, le soutien de l'Etat mécěne s'est traduit par la relance d'une pratique tombée en desuetude, la commande publique, et par une politique de grands travaux. Certaines des commandes publiques passées aux artistes contemporains ont connu un retentissement spectaculaire : les colonnes de Daniel Buren au Palais-Royal ont été, des mois durant, ľobjet de polémiques vivifiantes, rappelant ľémoi qu'avait suscité, un siěcle plus tôt, ľérection de la statue de Balzac par Rodin. Pour s'en tenir á Paris, on peut également mentionner les accumulations ď Arman sur le parvis de la gare Saint-Lazare, ľhommage á Picasso par César, la Tour aux figures de Jean Dubuffet dans l'ile Saint-Germain, le rideau de scéne du theatre de ľAthénée peint par Jean-Pierre Chambas ou l'Arbre des voyelles, dans lej ardin des Tuileries, de Giuseppe Penone. Enfin les grands travaux, entrepris depuis le debut des années quatre-vingt, répondent á la volonte de stimuler ľimagination ďarchitectes venus du monde entier : le Centre national d'art et de culture Georges Pompidou avait été constant, dans les années soixante-dix, par le Britannique Richard Rogers et l'ltalien Renzo Piano. L'ancienne gare d'Orsay á Paris, symbole de l'architecture ferroviaire de la fin du siěcle dernier, a été transformée pour accueillir les collections du XIXe siěcle au Musée d'Orsay, ceuvre de trois architectes francais et d'une architecte italienne, inauguré en 1986. A son tour, le plus célěbre des musées parisiens a fait peau neuve á ľ occasion de son bicentenaire en 1993, et le Grand Louvre a été entiěrement réaménagé par 1'architecte américain Pei. Symbolisé par sa pyramide de verre, cet ouvrage forme ľaxe de la somptueuse perspective qui traverse les jardins des Tuileries et les Champs-Elysees et débouche sur la Grande Arche de La Defense concue par ľ architecte danois Von Spreckelsen. Au nord de la ville, le pare de La Villette, imagine par Bernard Tschumi, se présente comme une ville-jardin integrant toute une série ď edifices : du Zénith qui accueille les grands spectacles de variétés, á ľétonnante Géode (salle de " cinéma total ") ď Adrien Fainsilber et á la Cite de la musique, " architecture pour le son " selon la formule de son auteur, Christian de Portzamparc. Enfin les rives de la Seine, en amont de Notre- Dame, retiennent-elles aussi ľattention, désormais bordées par ľlnstitut du monde arabe (IMA) de Jean Nouvel et par le nouveau siege du ministére des Finances de Paul Chemetov á Bercy. En retrait se dressent l'Opéra Bastille (1989), BE J • © Ministére des Affaires étrangěres 6 France VIII. La CULTURE construit par ľarchitecte Carlos Ott, et les quatre tours de la Bibliothěque nationale de France (BNF), concue par Dominique Perrault, qui a ouvert ses portes au public en 1996. Le futur Musée du Quai Branly, construit par Jean Nouvel et le paysagiste Gilles Clement, destine á donner aux arts d'Afrique, des Amériques et ď Asie leur juste place dans les institutions muséographiques francaises sera ouvert en 2004. Quant á la cite de ľ architecture et du patrimoine imaginée par ľarchitecte Jean-Louis Cohen, eile verra le jour en 2005. La province n'est pas en reste avec des realisations comme le réaménagement de ľOpéra de Lyon par Jean Nouvel en 1986, ou la construction du Carré ď Art á NTmes concu en 1993 par Norman Foster. VIII.v. La danse A ľinstar de la musique, la danse échappe de plus en plus aux classifications rigides entre classique et moderne. Le Ballet de ľOpéra de Paris a conserve sa longue tradition ďexcellence et son école de danse est devenue sous ľimpulsion de Claude Bessy ľune des premieres au monde. Grace á de nombreuses compagnies, créées depuis vingt ans, la chorégraphie a été renouvelée en profondeur. Maurice Béjart a réinventé á sa maniere ľunivers de la danse. D'autres, á sa suite, ont marqué cet art de leur empreinte, de Regine Chopinot á Jean-Claude Gallota, de Dominique Bagouet á Angelin Preljocaj, de Sylvie Guillem á Marie-Claude Pietragalla. La danse en France s'est enrichie également des experiences menées á ľétranger par William Forsythe, Merce Cunningham ou Pina Bausch, réguliérement accueillis et fétés sur les scenes de Paris et de province. Le Centre national de la danse, créé en 1998, remplit de nombreuses missions au service de la creation, de la diffusion, de la formation et de la recherche de la culture chorégraphique et des metiers de la danse. VIII.vi. La musique L'engouement collectif pour la musique, favorisé par les progres techniques, recouvre les preferences les plus diverses. Ľunivers musical du plus grand nombre est plus diversifié que jadis. La scene techno francaise (Laurent Gamier, Daft Punk) enregistre un veritable succěs international. La chanson francaise ne se resume pas á la seule varieté qui reste trěs populaire. Toutes les formes musicales, des plus classiques aux plus populaires, comme le rock, la varieté, le rai ou le rap, sont encouragées par les pouvoirs publics. L'Etat soutient aussi bien le Centre de musique baroque de Versailles que le Centre national du patrimoine de la chanson et des variétés, l'Orchestre national de jazz ou le Centre d'information du rock et des variétés. Dans le domaine de la musique savante, la creation contemporaine a gagné de nouveaux publics á travers les ceuvres ď Olivier Messiaen, de Pierre Boulez, Yannis Xenakis ou Henri Dutilleux. Cette activité créatrice se poursuit au sein de ľlnstitut de recherche et de coordination acoustique/musique (IRCAM). L'Ensemble intercontemporain permet la promotion de ce repertoire du XXe siěcle grace á ses tournées en France et á ľétranger. Ľ art lyrique a également bénéficié de la sollicitude publique ces derniéres années. ĽOpéra Bastille, ouvert á Paris en 1988, dispose des équipements techniques les plus modernes et peut accueillir dans sa grande salle 2 700 spectateurs. Ľ orchestre national du Capitole de Toulouse, celui de Lille ou ľ orchestre philharmonique de Strasbourg ont acquis une reputation internationale. A Paris, ľOpéra comique se consacre au repertoire francais et le Chätelet, ancien temple de ľopérette, alterne recitals, concerts et operas tandis que le Palais Garnier est voué davantage á ľart chorégraphique. En province, signalons ľactivité du Theatre francais de la musique á Compiégne, qui s'affirme comme un lieu d'importance pour le patrimoine lyrique francais. Les Opéras de Lyon, Toulouse, Rouen, Nantes, etc., continuent d'offrir des productions de haute qualité. VIII.vii. Le cinema En 1995, le cinéma a fété ses 100 ans : c'est en effet le 28 décembre 1895 qu'eut lieu sur les grands boulevards de Paris, au Grand Café, la premiere projection payante organisée par les frěres Lumiěre, qui avaient enregistré sur pellicule les premieres images animées de la Sortie des usines Lumiěre. Berceau du Septiěme Art, la France dem eure une de ses terres ď election et lui a donne quelques-unes de ses figures BE J • © Ministěre des Affaires étrangěres 7 France VIII. La CULTURE légendaires : de Méliěs, genial précurseur, á la generation du realisme poétique des années trente (Renoir, Carné, Prévert), puis á la nouvelle vague des années soixante (Truffaut, Godard, Chabrol, Malle, Rohmer). Cette tradition francaise du cinema d'auteur s'est également enrichie de brillantes réussites industrielles (Pathé, Gaumont) et de stars revétues d'une aura internationale comme Brigitte Bardot, Yves Montand, Gérard Depardieu ou Catherine Deneuve. En 2002, le cinéma a enregistré quelque 184,5 millions d'entrées sur le territoire national et realise 893 millions d'euros de recettes en salle ; 58,4 % des Francais vont au cinéma au moins une fois dans ľannée et 34,6 % au moins une fois par mois. La fréquentation connait ainsi une embellie et retrouve le niveau qu'elle atteignait dans les années quatre-vingt mais, sur la longue durée, eile connait un recul tendanciel du fait de la concurrence de la television et de la video. Le cinéma francais continue ainsi á jouer un role international reconnu. II a bénéficié d'un systéme trěs complet de soutien á la creation, á la production et á la distribution, organise sous ľégide du CNC. Celui-ci redistribue les ressources tirées d'une taxe sur les recettes en salles, sur les ventes de cassettes video et sur la diffusion des films par la television. La procedure d'avance sur recettes, symbole de ce dispositif de soutien, perm et aussi d'encourager les nouveaux talents et de completer, pour des projets ambitieux, les financements classiques du circuit normal de la production. Cette politique se traduit en termes quantitatifs. Équipée de plus 5 240 salles de cinéma - dont 97 multiplexes -, la France est un des pays qui disposent du réseau de salles le plus dense. Le nombre des longs métrages produits chaque année dépasse 120, dont á peu pres un tiers de premiers films. Enfin, situation unique en Europe, les films francais représentaient, en 2000, 28,5 % des entrees en salles, ce qui traduit une bonne resistance de la production francaise face aux films américains, qui ont une situation quasi monopolisti que sur de nombreux marches étrangers. Le succěs du DVD, qui s'est affirmé en 2002 et poursuivi en 2003, inaugure un nouveau bouleversement profond du mode de diffusion des films. Une " nouvelle cinéphilie " se développe. La vitalite de la creation cinématographique francaise est symbolisée par quelques réalisateurs dont l'ceuvre est trěs personnelle, qu'il s'agisse de Bertrand Tavernier, Maurice Pialat, Bertrand Blier, André Téchiné, Alain Resnais, Eric Rohmer, Claude Chabrol ou de Jean-Jacques Beineix. Le cinéma populaire de qualité a aussi ses talents avec Jean-Paul Rappeneau, Claude Berri, Claude Lelouch ou Patrice Leconte dont les films ont recu du public un accueil enthousiaste. Réussite aussi, pour les films comiques dans lesquels se sont illustres des comédiens comme Josiane Balasko, Michel Blanc, Christian Clavier, Gerard Jugnot, Thierry Lhermitte, le genre ayant renoué en 1993, avec Les Visiteurs, rencontrant un succěs qu'il n'avait pas connu depuis les années soixante. En 2002, Astérix et Obélix : Mission Cléopätre ď Alain Chabat a réuni plus de 14,2 millions de spectateurs. Quant au Fabuleux destin ď Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, il a realise 8 millions d'entrées en France et prés de 20 millions á ľétranger. Par ailleurs, quelques réalisateurs se sont forgés une reputation internationale tels Jean-Jacques Annaud ou Luc Besson. Enfin, une nouvelle generation s'affirme avec Olivier Assayas, Cédric Klapisch, Arnaud Desplechin, Manuel Poirier, Francois Ozon, Olivier Dahan, Mathieu Kassovitz ou Agnes Jaoui, tandis que la relěve se prepare au sein de la, Fondation européenne des metiers de l'image et du son (FEMIS), école installée au Palais de Tokyo á Paris. VIII.viii. Le theatre Selon une tradition qui remonte au Theatre libre d'Antoine et qui s'est poursuivie avec l'ceuvre du Cartel (Gémier, Copeau, Baty, Jouvet) dans l'entre-deux-guerres, puis avec le TNP de Jean Vilar aprěs la Liberation, le dynamisme de l'art dramatique francais doit beaucoup aux grands metteurs en scene qui inspirent ses orientations. Antoine Vitez, prématurément disparu en 1990, a forme des generations d'acteurs et renouvelé ľapproche du repertoire, de Moliěre á Hugo, d'Aragon á Claudel. D'autres personnalités ont également enrichi la scéne francaise de leurs experiences : Marcel Maréchal directeur des Tréteaux de France (Paris), Ariane Mnouchkine á la Cartoucherie de Vincennes, Peter Brook aux Bouffes du Nord (Paris), Jorge Lavelli au Theatre de la Colline á Paris, Georges Lavaudant á l'Odéon, Jacques Nichet á Toulouse, Jérôme Savary au Theatre de Chaillot á Paris, Bernard Sobel á Gennevilliers. Comme Daniel Mesguich, Patrice Chéreau, BE J • © Ministěre des Affaires étrangěres 8 France VIII. La CULTURE Jean-Pierre Vincent, Gildas Bourdet ou Jacques Lassalle, tous continuent d'animer avec passion les scenes francaises. Une nouvelle generation (Christian Schiaretti á Villeurbanne, Stephane Braunschweig á Strasbourg, Didier Bezace á Aubervilliers, Robert Cantarella á Dijon) s'affirme également. Plusieurs auteurs (Xavier Durringer, Philippe Minyana, Valěre Novarina, Michel Vinaver) font vivre le theatre contemporain. Cette enumeration ne donne qu'une faible idée du nombre et de la diversité des spectacles présentés chaque année. II existe en effet 44 centres dramatiques, 250 compagnies conventionnées, 599 compagnies subventionnées. Globalement, le nombre des compagnies indépendantes a triplé au cours des années quatre-vingt et dépasse largement le millier. Enfin, de nombreuses salles ont été ouvertes, modemisées ou restaurées ces derniěres années, que ce soit á Paris (Theatre national de la Colline) ou en province (Theatre du Port de la Lune á Bordeaux, Theatre de la Salamandre á Lille, Nouveau Theatre de Nice, etc.). Soixante-dix " Scenes nationales ", soutenues par l'Etat et les collectivités locales, proposent une programmation pluridisciplinaire, orientée vers la creation contemporaine. Autre spectacle vivant, le cirque s'est renouvelé. Des compagnies comme le cirque Plume, Archaos et le Cabaret équestre Zingaro ont bouleversé ce genre. Plusieurs écoles ont fleuri et le cirque Gruss, soucieux de la tradition des chapiteaux, a su reprendre le flambeau. " Ľ An- née des arts du cirque " (été 2001- été 2002) a témoigné de la volonte de l'Etat de soutenir le cirque dans ses esthétiques, dans son économie et dans son role culturel. En 2003, la premiére academie francaise de spectacle équestre, qui se partagera entre un enseignement artistique pluridisciplinaire et les representations, a été installée dans les Grandes Ecuries du chateau de Versailles, dessinées par Mansart pour les chevaux de Louis XIV. VHI.ix. Livre et Ecrit Les Lettres francaises : tradition et modernitě Les écrivains d'aujourd'hui doivent assurer la relěve d'une brillante generation de classiques contemporains : Gide, Sartre, Camus, Celine, Cohen, Aragon, Malraux, Mauriac, Anouilh, Beckett, Genet ou Montherlant. La täche est d'autant plus ardue que ľépoque n'est pas marquee, comme au temps du surrealisme, par ľexistence de courants clairement identifies, moins encore ďécoles. Certes la tribu des " hussards ", orpheline de Roger Nimier, ď Antoine Blondin et de Jacques Laurent, compte encore sur Michel Déon pour prolonger la tradition anticonformiste forgée dans ľimmédiat aprěs-guerre. De leur côté, les écrivains du nouveau román des années cinquante tels Michel Butor, Alain Robbe-Grillet et Nathalie Sarraute ont poursuivi leurs experiences littéraires, tandis que ľceuvre de Claude Simon trouvait une ultime consecration avec ľ attribution du prix Nobel de littérature en 1985. L'impression dominante est aujourd'hui celle d'un champ ďexpériences singuliěres, chacun tracant d'ceuvre en ceuvre un sillon personnel. Julien Gracq qui poursuit, depuis la publication de Au chateau d'Argol, un dialogue solitaire avec la grande tradition classique, est de ce point de vue exemplaire. Mentionnons également Marguerite Yourcenar, premiére femme élue á ľAcadémie francaise qui a laissé une ceuvre profondément enracinée dans ľhistoire (Mémoires d'Hadrien, Ľceuvre au noir), Marguerite Duras qui rencontra finalement le grand public avec la publication de Ľ Amant, Michel Tournier aussi, avec Vendredi ou les limbes du Pacifique et Le Roi des aulnes. Au sein de la generation suivante, Philippe Sollers, Jean-Marie Le Clézio, Patrick Modiano, Patrick Grainville, Pascal Quignard, Jean Echenoz, figurent pármi les valeurs les plus reconnues, mais depuis les années quatre-vingt se sont révélés des auteurs talentueux comme Erik Orsenna, Jean Rouault, Patrick Chamoiseau, Didier Van Cauwelaert, Daniel Pennac, Andrei Makine, Patrick Rambaud... Les débats suscités par les romans de Michel Houellebecq (Les Particules élémentaires, Plateforme) et Vincent Ravallec (Cantique de la racaille) témoignent du maintien de la critique littéraire. Le román reste le genre le plus apprécié du public, mais la France n'oublie pas la poésie : Aragon, Saint-John Perse, René Char, Jacques Prévert et Francis Ponge ne sont pas les derniers poětes francais. Jean Tardieu, décédé en 1995, mais aussi Jacques Roubaud, Michel Deguy, Yves Bonnefoy, Jacques Reda, transforment cet immense heritage et resistent avec bonheur á un climat malheureusement peu propice á ce genre littéraire. La remise des prix littéraires á ľautomne, et notamment du prix Goncourt, est un moment fort de la saison culturelle francaise. France VIII. La CULTURE Trente ans de Prix Goncourt Le Prix Goncourt est le plus célěbre des prix littéraires. II a été fonde le 21 décembre 1903 par testament de ľhistorien écrivain Edmond de Goncourt en memoire de son frěre Jules. II recompense un roman francais publié dans ľannée. 1972 Jean Carriěre L'Epervier de Maheux 1973 Jacques Chessex Ľ ogre 1974 Pascal Lainé La dentelliěre 1975 Emile Ajar La vie devant soi 1976 Patrick Grainville Les Flamboyants 1977 Didier Decoin John l'Enfer 1978 Patrick Modiano Rue des boutiques obscures 1979 Antonine Maillet Pélagie-la-Charette 1980 Yves Navarre Le j ardin ď acclimatation 1981 Lucien Bodard Anne-Marie 1982 Dominique Fernandez Dans la main de ľange 1983 Frederic Tristan Les Egarés 1984 Marguerite Duras Ľamant 1985 Yann Quéffelec Les noces barbares 1986 Michel Host Valet de nuit 1987 Tahar Ben Jelloun La nuit sacrée 1988 Erik Orsenna Ľ exposition coloniale 1989 Jean Vautrin Un grand pas vers le Bon Dieu 1990 Jean Rouaud Les champs d'honneur 1991 Pierre Combescot Les filles du calvaire 1992 Patrick Chamoiseau Texaco 1993 Amin Maalouf Le rocher de Tanios 1994 Didier Van Cauwelaert Un aller simple 1995 Andrei Makine Le Testament francais 1996 Pascale Roze Le Chasseur zero 1997 Patrick Rambaud La Bataille 1998 Paule Constant Confidence pour confidence 1999 Jean Echenoz Je m'en vais 2000 Jean-Jacques Schuhl Ingrid Caven 2001 Jean-Christophe Rufin Rouge Brésil 2002 Pascal Quignard Les ombres errantes 2003 Jacques-Pierre Amette La Maitresse de Brecht VIII.x. Publics et pratiques Au renouvellement de la creation s'ajoute ľélargissement des publics. D'une part, la consommation de biens culturels continue á étre inégalement répartie selon ľäge, le niveau ďétudes, ľappartenance sociale ou ľorigine géographique; ď autre part, ľessor de la demande culturelle au sein de toutes les categories sociales se traduit aussi bien par un équipement croissant des manages en materiel audiovisuel que par ľaugmentation de la fréquentation des musées et des salles de spectacles. BE J • © Ministere des Affaires étrangeres 10 France VIII. La CULTURE Ľacces á la culture Les pouvoirs publics měnent une politique active de diffusion culturelle qui passe d'abord par un effort ďéducation et de formation auprěs des plus jeunes. Le partenariat s'est renforcé entre les ministěres de la Culture et de l'Education nationale. La place réservée aux apprentissages artistiques - musique et arts plastiques principalement -, autrefois modeste, s'est fortement étendue au cours des années quatre-vingt. Un réseau trěs dense de conservatoires régionaux et municipaux permet, moyennant un faible coüt, de pratiquer la musique, le theatre et la danse. Enfin, plusieurs établissements ďexcellence se consacrent á la formation des futurs professionnels : les deux Conservatoires nationaux supérieurs de musique, l'Ecole nationale des beaux-arts, le Conservatoire national supérieur ďart dramatique, l'Ecole nationale de la Photographie et la FEMIS. Les chaines de television publiques ont depuis longtemps reserve une partie - merne minime - de leurs programmes á la culture : remission littéraire " Apostrophes ", animée chaque vendredi pendant quinze ans par Bernard Pivot, a marqué son époque. Depuis 1992, le public bénéficie ďune chaíne spécifiquement consacrée á la culture, Arte, qui constitue la premiere experience européenne de cette nature menée conjointement par la France et l'Allemagne, avec des programmes bilingues. Par ailleurs, Arte n'émettant qu'en soirée, une chaíne á vocation educative, France 5, la chaíne du savoir, occupe désormais ce canal tout au long de la journée. La television tient une place croissante au sein des pratiques culturelles des Francais. Les lieux de la culture Pour attirer un public plus large de citadins, André Malraux avait concu děs le debut des années soixante les maisons de la culture. Trente ans plus tard, les espaces á vocation culturelle se sont multiplies. Dans le domaine du theatre, des efforts ont été consentis avec succěs afin de montér ou de restaurer partout en France des lieux de creation. Pour leur part, les salles de concert de rock et de music-hall accueillent en moyenne chaque année quinze millions de spectateurs. Le Pare omnisports de Paris Bercy a une capacité d'accueil de 15 000 personnes, mais des concerts géants peuvent étre organises dans des Stades, comme le Stade de France á Saint-Denis qui peut offrir plus de 100 000 places en version spectacle. Les salles de type Zénith á Paris, Montpellier et Toulon connaissent un grand succěs et se multiplient en France (Lyon, Marseille, Nancy, Caen, Tours...). Les musées jouent eux aussi un role determinant: une discipline nouvelle, la muséologie, s'est constituée afin de faire de ces temples du beau, voués á la conservation, des lieux de circulation et de promotion, largement ouverts au public. Ľ ouvertuře du Centre Georges Pompidou aux Halles, pour ľ art contemporain, puis celieš du Musée d'Orsay sur les quais de la Seine, consacré á la seconde moitié du XIXe siěcle, du musée Picasso á ľ hotel Salé, de la Cite des sciences et de ľ industrie á La Villette, ont stimule ľensemble des musées francais. Depuis une vingtaine ďannées, sous ľimpulsion de ľ Etat et des collectivités territoriales, un programme important de renovation et de creation de musées a été engage á travers toute la France. Des moyens trěs importants ont également été consacrés á ľ amelioration de la presentation des collections. Le pay sage des musées s'est transformé et la fréquentation a augmente, consequence de cet effort d'enrichissement et de restauration des collections. La loi du 4 Janvier 2002 a créé une appellation " Musées de France " destinée aux musées et correspondant á des critěres scientifiques et culturels precis. Cette appellation doit constituer un label clairement identifiable par le public. La realisation de certains musées de province a été confiée á des architectes importants, par exemple le Musée ďart contemporain de Lyon, installé depuis 1995 dans un edifice concu par Renzo Piano ou le Carré d'art á Nimes, confié á Norman Foster en 1993. L'ceuvre majeure reste cependant le Grand Louvre qui représente plus de quinze ans de travaux et a permis de rendre la totalite du Palais du Louvre á sa fonction de musée tout en le modernisant. Au total, il existe 33 musées nationaux, dont 19 hors de Paris, et 535 musées specialises (archeologie, sciences, histoire...) et 543 musées polyvalents qui appartiennent le plus souvent aux collectivités locales. Leur succěs est á la hauteur de l'attente : plus de 70 millions de visiteurs par an. Ceux-ci se pressent pour admirer des chefs-d'eeuvre qui font partie du patrimoine mondial de ľ humanite mais aussi de grandes expositions temporaires dont les plus récentes furent consacrées á Picasso, Matisse, Monet, Chagall, Magritte, Gauguin, etc. BE J • © Ministěre des Affaires étrangěres 11 France VIII. La CULTURE Les bibliothěques, devenues médiathěques, restent l'un des lieux de culture les plus fréquentés en France. Outre les bibliothěques scolaires et universitaires, il existe environ 3 000 bibliothěques municipales. Chaque departement gěre aussi une bibliothěque de prét, ľ ensemble des bibliothěques départementales disposant de pres de 21 000 points de desserte dont 17 000 fixes et 4 000 itinerants, du type " bibliobus ". Paris dispose de bibliothěques prestigieuses comme Celles du Centre Georges Pompidou, de ľ Arsenal, les bibliothěques Sainte-Geneviěve et Mazarine. La capitale s'est dotée de la Bibliothěque nationale de France, ouverte en 1996, ďune capacité de 30 millions d'ouvrages et qui accueille les fonds des départements livres, imprimés, des périodiques et de la phonothěque de ľancienne Bibliothěque nationale Richelieu. VHI.xi. Les fetes de la culture La culture a aussi ses moments privilégiés. La Féte de la musique, lancée en 1982, symbolise un peu une nouvelle approche tendant á dépasser les habituels clivages entre le spectacle officiel organise et la pratique populaire spontanée. Touš les 21 juin, eile rassemble des dizaines de milliers de musiciens professionnels ou amateurs, partout á travers les villes. Aujourďhui, pres de 80 pays ont repris cette initiative. Elle ne doit pas faire oublier les grands festivals ďété consacrés á ľopéra (Aix-en-Provence), au chant choral (Vaison-la-Romaine), au theatre (Avignon) et á la musique contemporaine (Strasbourg). Les variétés et le rock ont également leurs grand-messes : le Printemps de Bourges est devenu une tradition, les Trans-Musicales de Rennes ont révélé Etienne Daho, Niagara ou Stephan Eicher et les Francofolies de La Rochelle rassemblent les musiciens de ľespace francophone. La Féte du cinéma, eile, a été créée en 1985. Manifestation de promotion exceptionnelle longue d'une semaine environ, eile permet, pour le prix d'une entrée, d'assister á une journée complete de projections. Elle tente de s'exporter á ľétranger, par le canal des ambassades et des Alliances francaises. Egalement importants, les festivals internationaux, et d'abord le Festival de Cannes, dont la Palme d'Or constitue sans doute la plus prestigieuse des consecrations. Ce rendez-vous est devenu la vitrine incontestable et le pole de convergence de tous les cinemas. Les manifestations cinématographiques se sont multipliées ces derniěres années : festival de Gérardmer du film fantastique et de science-fiction, festival de Deauville consacré au cinéma américain et qui a pour pendant, aux Etats-Unis, le festival du film francais á Sarasota, festival du film policier de Cognac ou encore festival du court métrage de Biarritz. Ces festivals constituent aussi de puissants leviers pour le développement du tourisme regional. La littérature est également fétée : " Lire en féte ", qui a succédé au " Temps des livres " en 1998, développe chaque année au mois ďoctobre une série ďinitiatives destinées á faire partager au plus grand nombre la passion de ľécrit. Ľ organisation du Salon du livre á Paris est par ailleurs l'occasion d'offrir au public, chaque année au mois de mars depuis 1981, la plus grande librairie de France : 1 200 éditeurs présentent sur 450 stands toute la gamme de leurs produits éditoriaux, de la littérature aux encyclopédies, du livre ď art aux collections pour la jeunesse. Stimulés par cette réussite, une dizaine d'autres salons se sont implantés en province, á Brive, Bordeaux, Nantes, Le Mans, Saint-Étienne, Saint-Malo, Lyon ou Strasbourg... Le festival de la bande dessinée d'Angouléme, qui a fété ses trente ans en janvier 2003, avec notamment des retrospectives consacrées á Reiser et Hergé, est un événement attendu par tous les bédéphiles. Le patrimoine, enfin, a une occasion privilégiée de dévoiler ses trésors au public. Une fois par an, au mois de septembre, les monuments ouvrent leurs portes aux visiteurs qui déambulent gratuitement dans les salons de l'Élysée ou de ľlnstitut de France, de l'Hôtel Matignon ou du Palais- Bourbon, de la Bibliothěque nationale ou de ľ Opera Bastille. Plusieurs millions de personnes profitent de l'occasion pour pénétrer dans quel que 8 300 edifices nationaux. Sur le méme principe, le Printemps des musées attire chaque année des milliers de visiteurs dans les musées. Rendez- vous aux jardins donne chaque printemps aux jardiniers et au public l'occasion de partager leur amour des jardins, cet aspect trop peu connu du patrimoine francais. Un programme de creation de jardins contemporains a été lancé sur cinq ans afin de permettre aux artistes et paysagistes d'inventer dans des sites retenus de nouvelles formes de jardin. VIII.xü. L'ouverture sur le monde BE J • © Ministěre des Affaires étrangěres 12 France VIII. La CULTURE La Joconde est le plus célěbre des tableaux exposes au Louvre : le chef-ďceuvre de Leonard de Vinci symbolise ainsi ce que la culture francaise doit, depuis toujours, aux créateurs des autres pays et aux influences étrangěres. A ľaube du troisiěme millénaire, cette tradition d'ouverture réciproque ne se dement pas. Accéder á toutes les cultures Le public manifeste avec régularité son goüt pour les ceuvres venues du monde entier : pres de la moitié des ventes de disques et cassettes en France concerne les variétés internationales, tandis que les deux tiers des recettes des salles de cinema proviennent de films étrangers. Ceux-ci sont le plus souvent américains, mais Paris est sans doute la seule ville du monde ou le cinéphile peut, selon ses goüts et sa curiosité, visionner en version originale les ceuvres, classiques ou récentes, venues ď Inde, d'Afrique, du Japon, de Chine ou ď Amérique latine, ainsi que de tous les pays européens. Cet éclectisme se confirme dans de nombreux autres domaines. En témoigne ľaccueil enthousiaste que trouvent en France les chorégraphes d'origine étrangěre, Suisse comme Gallotta, américains comme Merce Cunningham, William Forsythe ou Carolyn Carlson qui a dirigé le groupe de recherches de l'Opéra de Paris. La méme remarque vaut pour le theatre : avec le Britannique Peter Brook ou le Roumain Lucian Pintille qui animent plusieurs scenes francaises d'importance. L'ancien theatre de l'Odéon, rebaptisé Theatre de 1'Europe, est destine á accueillir en priorite les spectacles representant les grandes traditions scéniques étrangěres. La méme volonte d'ouverture prévaut dans le domaine des arts plastiques, comme le montre le succěs rencontre par les expositions ďécoles ou ď artistes étrangers réguliěrement organisées dans le cadre des musées nationaux. Le Centre Georges Pompidou s'est fait, depuis sa creation, une specialitě des grandes retrospectives consacrées á ľinfluence réciproque des cultures : de Paris-New York et Paris-Moscou voici quinze ans, jusqu'aux hommages plus récemment rendus aux figures cosmopolites de Borges, d'Amado ou deBrancusi. Les pouvoirs publics encouragent á leur tour ce goüt des ceuvres étrangěres et s'efforcent de les faire mieux connaitre du public francais. Dans le domaine de la littérature, des efforts sont faits pour permettre aux éditeurs de s'affranchir des surcoüts resultant de la traduction : un College international des traducteurs a été créé á Aries en 1989 et a aide á la publication de centaines de titres en langues étrangěres. Par ailleurs, les operations " Belles étrangěres " permettent, deux á trois fois par an, de presenter aux lecteurs francais telle ou telle littérature étrangěre en invitant ses représentants les plus reputes : les écrivains des Pays-Bas, d'Israél, d'Egypte, de Suěde, de Corée, du Brésil ont ainsi été fétés. En 2003, " Djazair, une année de l'Algérie en France " a confirme cette volonte d'ouverture aux autres cultures, tout comme " les années croisées " Chine-France qui se sont déroulées d'octobre 2003 á juillet 2004. Des affinités électives Aucune culture, aucun continent n'est done négligé. II n'en existe pas moins certaines affinités électives qui expriment, aujourd'hui encore, la vitalitě d'anciennes traditions ďéchanges et de solidarités. Dans cette perspective, une place particuliěre doit étre faite á la francophonie. Depuis que les ministres de la Culture de tous les pays francophones se sont réunis pour la premiere fois, en 1981 á Cotonou, se multiplient les initiatives destinées á renforcer les liens entre les créateurs et les publics de l'espace francophone. Le Festival international des francophonies de Limoges est ainsi devenu le rendez-vous annuel des theatres francophones du monde entier, tandis que les Francofolies de La Rochelle accueillent toutes les tendances de la chanson d'expression francaise. La littérature de langue francaise n'est pas en reste, tant est importante la contribution que lui ont apportée les écrivains du monde entier. Sur les cinq continents, eile affirme une vitalite retrouvée : une dimension épique dans les récits des Antilles et de ľocéan Indien, une gravité nouvelle chez les prosateurs du Maghreb et du Levant, un sens renouvelé du mystěre chez les poětes africains. II n'est qu'á évoquer pour s'en convaincre les ceuvres de Leopold Sedar Senghor, Aimé Césaire, Tahar Ben Jelloun ou Mamadou Ampathé Bä. Qu'ils aient ou non la langue francaise en partage, de nombreux pays du Sud entretiennent avec la France des relations culturelles privilégiées. Quelques lieux, quelques événements voués á la promotion de ces échanges méritent d'etre évoqués : ainsi 1'Institut du monde arabe ou la Maison de 1'Amérique latine, á BE J • © Ministěre des Affaires étrangěres 13 France VIII. La CULTURE Paris, rappellent tout ce qui rapproche la culture francaise de la Méditerranée et de la latinita. Le festival Musiques métisses d'Angouleme a également permis au public francais de découvrir des groupes africains comme Touré Kounda ou Mory Kante, qui ont depuis acquis une veritable notoriété internationale. Le festival des Trois Continents á Nantes, chaque automne, présente une selection de films d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud. Enfin, la Maison des cultures du monde, créée en 1982 á Paris, adresse ses invitations aux musiciens, artistes, danseurs et peintres du monde entier afin de leur permettre de se produire en France. Au moment oú les peuples d'Europe nouent des liens politiques et économiques toujours plus étroits, la France fait en sorte que la dimension culturelle ne soit pas negligee : dans ce but, eile soutient quelques grandes initiatives institutionnelles comme le rendez-vous annuel des capitales européennes de la culture (Lille en 2004) ou la mise en place du programme communautaire Média Plus de soutien au cinema et á l'audiovisuel. Mais l'Europe de la culture, c'est également le foisonnement spontane des initiatives, des complicités et des rencontres : la multiplication des traductions, les coproductions cinématographiques en nombre croissant, la formation commune des jeunes créateurs... VlII.xiii. Diversité culturelle Děs les années quatre-vingt-dix, les Francais ont défendu la notion ďexception culturelle dans les relations internationales, á ľ occasion des négociations du GATT (Accord general sur les tarifs douaniers et le commerce) lorsque se posa la question de savoir si la liberalisation des échanges devait s'appliquer aux biens et services culturels. En affirmant que la culture ne pouvait étre considérée comme une banale marchandise, en réclamant pour chaque Etat le droit ďencourager ses créateurs, la France entendait aider au maintien des diverses traditions qui constituent le patrimoine culturel de ľ humanite. C'est la méme ambition qui inspire son action pour la diversité culturelle au sein des enceintes internationales vouées á la promotion de la culture, comme le Conseil de l'Europe, l'Unesco et Réseau international des politiques culturelles (PJPC): favoriser la libre circulation des ceuvres de ľesprit, tout en veillant á ce que chaque culture, bénéficiant d'une égale dignité, puisse assurer les conditions de sa survie et de son constant renouvellement. La France souhaite que la diversité culturelle soit érigée en principe du droit international, et propose l'adoption par l'Unesco avant 2005 d'une convention mondiale sur la diversité culturelle. Source : d 'aprěs le site du Minister e des Affaires étrangěres. BE J • © Ministěre des Affaires étrangěres 14