Otázky k ukázce z Les Caves du Vatican (André Gide): 1) Quel personnage d'un autre toman d'André Gide vous rappelle Julius de Baiaglioul par sa profession? 2) Pouiqoui le pete de Julius (Juste-Agénor de Baiaglioul) veut trouver Lafcadio Wluild et savoír qu'est-ce qu'ü fait? (Celui qui a lu ce line le sait; les aut res peuvent imaginer um possibilité) JULIUS DE BARAGLIOUL L *«« puisqu'il ne faut jamais ôtcr Ic retour i pcrsonnc. Ret*, VIII, p. 9}, E 30 mars, ä minuit, les Baraglioul rentrčrent á Paris et rcintégrěrent lcur appartement de la rue de Vemenu Tandis que Marguerite s'a^prétait pour la nuit, Julius, unc petite lampe ä la main et des pantoufícs aux pieds, pčnétra dans son cabinet de travail, qu'il nc retrouvait jamais sans plaisir. La decoration de la piece rtait sobre; quelques Lépine et un Boudin pendaient nix murs; dans un coin, sur un socle tournant, un Mrbrc, lc buátc de sa fernme par Chapu, faisait unc &che un peu crue; au milieu de la pičce» unc table Renaissance enorme oü, depuis son depart, s'amoncc- kftnt livres, brochures et prospectus; sur un plateau «mail cloisonne quelques cartes de visitě cornées, et ä Ifcart du reite, appuyée bien en evidence contre un toonze de Barye, une lettre oů Julius reconnut ľécriture * son vieux pčre, II dčehira tout aussitôt ľcnveloppe ttlut : Mon eher fiIs, 'ts f ones ont beaucoup diminué ces demiers jours. A d* teitts averiíssements qui ne trompent pas, je comprends J^J t H temps de pfier bagagč ; a us si bien rŕaije plus grand **ffl á attendre ď une Station plus pro/ong/e. J* sais que vous ventre^ a Parts cette nuit et je tompte que r voudre^ bien me rendre sans /arder un service. Er vue 9^lqutt dispositions doni ji vout avüerai tot ensuite, j'ai 7o8 LES CAVES DU VATICAN besoin de savoir si un jeune komme, du nom de Lafcadio (on prononce houki, le W et ľ i se font ä peine sentir)I encore au 12 de ľimpasse Claude-Bernard. Je vous serais oblige de bien vouloir vom rendre a cette adn^ et de demander a voir le smdit. (Vous trouverei^ facilemm romancier que vom lies, un pretexte pour vous introduirA li m*importe de connaitre : i° če que fait le Jeune komme ; 2° Ce qu U compte faire (a-t-it de ľambition ? de ordre ?) ; 3° tbifin vom m*indiquere^ quels vôus paraUsent etre ressources, ses faeultis, ses appitits, ses gouts... Ne ekerckez pas ä me voir pour ľinílant: je suis d*hu chagrine. Ces renseignements aussi bien pouve^-vom me hi écríre en quelques mots. S}il me prend disir de earner, on je me sens pris du grand depart, je vom f erat signe. je vom embrasse. Juste-Agenor de Baragliou P.-S. — Ne Iaüse% point paraitre que vom vene? de part; le jeune komme m ignore et doit continuer de mßig Lafeadh Wluiki a prisentement dix-neuf ans. Sujet main. Orpke/in. ]9ai pareouru voire dernier Hvre. Si, aprés cela, n'entres^ pas ä ľ Academie, vom ítes imparaonnable dl ferit ces sornettes. On ne pouvait le nicr : le dernier livre de Julius avi mauvaise presse- Bien qu'il füt fatigue, le románek parcourut les découpurcs des journaux oü ľon cil son nom sans bienvcillance. Puis il ouvrit unc ť et respira ľair brumeux de la nuit. Les fenétres cabinet de Julius donnaient sur des jardins d'ambas bassins ďombre luátrale oü les yeux et l'esprit sc lava des vilenies du monde et de la nie. 11 écouta cjaelq«1 instants le chant pur ďun mcrle invisible. Puis red dans la chambre oü Marguerite reposait déjä. Comme il redoutait ľinsomnie u prit sur la corü un flacon de fleur d'oranger dont il faisait frequent Soucieux des prevenances conjugates, il avait pris precaution de poser cn contre-bas de la dormeutf lampe ä la mčche baissée; mais un léger tinteir^*1; cri&al, lorsque, ayant bu, il reposa le verre, atteigí111 JULIUS DE BARAGLIOUL 709 pxofbnd de son cngourdisscment Marguerite qui, Lussant un gémissement animal, se tourna du côté du ^ur. Julius, heureux de la tenir pour éveillée, s'approcha dTcÜe et» tout en se déshabillant: « Veux-tu savoír comment raon pere parle de mon livre ? — Mon eher ami, ton pauvre pere n'a aucun sentiment [ittéraire, tu me ľas dit cent fois », murmura Marguerite qui ne demafldait qu*á dormir. Mais Julius avait trop gros cceur : « II dit que je suis inqualifiable ďavoir éerit ces sornettes. » Il y eut un assez long silence oü Marguerite plongea, perdant de vue toute httérature; ct déjá Julius prenait son parti d'etre seul; mais cíle fit» par amour pour lui, un grand effort, et revenant ä la surface : « J'espere que tu ne vas pas te faire du mauvais sang, — Je prends la chose trěs froidement, tu le -vois bien, icprit aussitôt Julius. Mais ce n'eát tout dc mfime pas á mon pere, je trouve, qu*il convient de s'exprimer ainsi; ä mon pere moins qu'a tout autre; et précisément ä propos de cc livrc, qui n'eát, ä proprcment parier, qu'un monument en son nonneur. » N'était-ce pas, précisément, en effet, la carriére si representative du vicux diplomate que Julius avait rctracée dans cc livre ? En regard des turbulences roman- Hucs, n'y avait-il pas magnifié la digne, calme, classique, ifois politique ct famihale existence de JuSte-Agénor ? * Tu n*as heureusement pas éerit cc livre pour qu'il *n sachc gré; — II me fait entendre que j'ai écrit U Air des Cinm P°ur entrcr ä ľAcadémie. ' —■ Et quand cela seraitLEt quand tu emrerais ä Academie pour avoir écrit un beau livre! puis sur un j^n de pitié : — Enfin! espérons que les journaux et ^ revues saucont ľinátnurc, » J^üus éclata : ^L^s journaux! parlons-en!... les revues! » et furieu-cnjcnt, vers Marguerite, comme s'il y allait de sa faute _ e!1c, avec un rire amer : « On nťércintc de toutes ^u coup Marguerite se réveilla complement. 7IQ LES CAVES DU VATICAN «Tu as rcgu bcaucoup de critiques ? dcmanda-t^ avcc solticitude. — Et des éloges, ďune emouvants hypocrisie. — Commc tu faisais bíen de les mčpriscr, ces Journalist«! Mais souviens-toi de ce que t*a écrit avant-hj M. de Vogüe : « Une plume commc la vôtrc » la France commc une épée.» *— « Une plume commc la vôtre, contre la bar » qui nous menace, defend la France micux qu'unc épče i rectifia Julius. — Et le cardinal André, en te prornettant $a voix, ťa affitmó derničrement encore que tu avais derrifcre toute ľÉglisc. — VoOá qui me fait unc belle jambel — Mon ami!.,. — Nous venons de voir avcc Anthime ce que v la haute protection du clergé. — Julius, tu deviens amer. Tu m'as souvent dit que tu ne traviullais pas en vuc de la recompense; ni de ľapprobation des autres, et que la üenne te suffisait-tu as môme écrit lít-dcssus de trěs belles pag — Je sais, ]e sais », fit Julius impatienté. Son tourment profond n'avait que faire de ces tisanes, II passa dans le cabinet de toilette ! Pourquoi se laissait-il aller devant sa femme ä débordcmcnt pitoyable ? Son souci, qui n'eSl point la nature dc ccux que les épouses savent dorloter complaindre, par fierté, par vergognes il devrait ľcnfcf mer en son cceur. « Sorncttes! » Le mot, tandis qu*i lavait les dents, battait ses tempes, bousculait ses nobles pensées. Et quUmportait son dernier livrc oubliait la phrase de son pčrc : du moins il oubliait cctte phrase vint dc son pere». Unc interrogat affrcuse, pour la prcmičrc fois de $a vie, sc soulcvait lui en lui qui n'avait jamais rencontre jusqu'alö Siťapprobation ct sourires, — un doutc sur la sincer - ccs sourires, sur la valeur de cettc approbation, la valeur dc ses ouvrages, sur la realite de sa p^nS sur ťauťhenticitč de sa vie. H rentra dans la chambre, tenant dištraitement d main le verre ä dents, de ľautre la brosse; il P°& verre, á demi plcin d*une eau rose, sur la commode brosse dans le verre, et s'assit devant un petit bono JULIUS DE BARAGLIOUL 7" jü-iour en érable oü Marguerite avait accoutumé d'écrire ^ correspondmee. * 11 saisit le porte-plume de son ipouse; sur un papier violätre et délicatement parfumé comnicn9a : Mon ;ber pire, Je trouw votre mot ce soir en rentrant. Des demain je macquitterai de telte mission que vosa me confix et que ľeSpíre mener i votre satisfaction, désireux de paus promer aiffsi mon dévoutment* Car Julius tít une de ces nobles natures qui, sous le froissement, manifeätent leur vraie grandeur. Puis, rejetant le haut du corps en arričrc, il demeura quelques infants, balancant sa phrase* la [)lume levée : II m'eít dur a voir suSpefier prétisément par vous un désin- liressement qui,» Non- Plutôt : Pense%-POu$ que f attache tnoins de prix ä cette probité ľtäéraire que.** La phrase ne venait pas. Julius était en coátume de nuit; U sentit qu'il allait prendre froid, froissa le paf>ier, reprit le verre ä dents et ľalia reposcr dans le cabinet de toilette, tandis qu*il jetait le papier froissé dans le seau. Sur le point de montér au lit, i! toucha l'épaule de sa femme- « Et toi, qu'eSt-ce que tu en penses, de mon livre ? » Marguerite entrouvrit un ceil morne. Julius dut jépétcr sa question. Marguerite, se retournant á demi, fe regarda. Les sourcils relevés sous un amas de rides, « lévres contračlées, Julius faisait pitie- * Mais qu'eát-cc que tu as, mon ami? Quoi! tu crois done vraiment que ton dernier livrc eát moins ^Q que les autres ? » Ce n'était pas une réponse, cela; Marguerite se d*robait. * Jc crois que les autres ne sont pas meilleurs que ^ui-ci; na! r- Ohlalorsl... » bt Marguerite, devant ces exces, perdant c