« Le Testament français » est un roman sur un transfert culturel, sur la façon d’hériter d’une culture et de la transmettre. Je pense que tous les enfants bilingues le vivent (…). A un moment ou (`a) un autre, ils se demandent : « Mais de quel bord je suis ? », « Ou suis-je ? », « Suis-je dans mon pays d’origine (…), ou bien dois-je quand meme essayer de synthétiser ces deux cultures ? » Pour eux, c’est vraiment une question existentielle, presque métaphysique. (…) La langue française est tellement différente de la langue russe que, des qu’on commence `a exprimer la Russie dans une autre langue, on voit que c’est un autre pays, par certains détails qui s’effacent completement. En français, il y a des détails de l’existence des Russes qu’on ne voit pas (…). Ce passage est tres important parce que c’est l`a que l’homme se dit qu’il y a deux langues, trois langues, mille langues sur cette planete… enfin des centaines, mais il y a quelque chose qui nous unit : quoi ? La question fondamentale, c’est cela : trouver cette humanité primordiale derriere tous ces masques et toutes ces apparences, trouver quelque chose qui nous unit. Andrei Makine, La langue française vue d’ailleurs, 100 entretiens réalisés par Patrice Martin et Christophe Drevet, éditions Emina Soleil et Tarik, Casablanca, 2001