Extrait de Jean-Philippe Toussaint, Monsieur, 1986. Un soir, apres le dîner, Monsieur monta sur le toit, et s’éloigna tranquillement de tout, sa chaise `a la main. Il faisait nuit, maintenant, Monsieur ne s’y trompait pas. Le jour, sur Paris, était tombé. La pluie aussi, apparemment, un peu plus tôt, car les toits étaient gris, luisants, ils glissaient légerement. Au loin, des fenetres étaient éclairées, les rues en contrebas semblaient désertes. Posant sa chaise au bord de la corniche, il sortit son briquet de sa poche et, levant la tete en allumant une cigarette, considéra le ciel au hasard, pur et dégagé par l’averse, dans les parages d’Orion. Debout `a côté de la chaise, Monsieur resta longtemps ainsi `a regarder le ciel et, `a mesure qu’il s’en pénétrait, ne distinguant plus maintenant qu’un réseau de points et de lignes de constellations, le ciel devint dans son esprit un gigantesque plan de métro illuminant la nuit. Alors il s’assit et…