Nicole Malinconi Biographie Nicole Malinconi est née en 1946 `a Dinant, d’une mere wallonne et d’un pere toscan qui a gagné l’Europe de l’Ouest `a la fin des années 1920. Celui-ci retourne en Italie en 1952 avec les siens pour y lancer une fabrique de chaussures. Nicole Malinconi fait donc ses primaires en italien. L’entreprise paternelle échoue finalement : la famille Malinconi retourne en Belgique en 1958 et Nicole réapprend le français. Des 1964, elle entame une formation d’assistante sociale. Ayant obtenu son diplôme, elle commence sa carriere en assurant un service social itinérant dans des villages d'Ardennes. Des 1979, elle se retrouve `a la maternité provinciale de Namur ou elle collabore avec le docteur Willy Peers, célebre pour son action en faveur du droit `a l’avortement. Cette expérience lui donnera le sujet de son premier livre, Hôpital silence, rédigé `a la suite de la perte de son emploi et publié en 1985 aux Éditions de Minuit. Seule fiction véritable de l’auteure, L’Attente (1989), fabule autour d’éléments liés `a un épisode de l’histoire de la mere et d’une amie que l’on retrouve notamment dans Nous deux (1993). Ce livre, Da solo (1997) et A l’étranger (2003) constituent un triptyque nettement autobiographique, que la distanciation de ton comme le jeu des pronoms n’amenent pas d’emblée `a lire sous cet angle. Dans Rien ou presque (1997), Malinconi a donné des textes courts qui plongent dans le réel contemporain et ne sont pas sans s’apparenter au poétique. En 2006 paraît Petit abécédaire[1] des mots détournés, abécédaire corrosif et littéraire de mots nouveaux, de ces termes qui, eux, n'ont rien de littéraire (mots détournés ; ceux apparentés `a la langue anglaise sans toutefois en etre ; ceux issus de la langue des affaires, devenus incompréhensibles aux profanes ; les mots du virtuel ; les abréviations et les sigles, effaçant les mots d'ou ils viennent et donc leur pensée). Lecture d’extrait de Hôpital silence Le cri de celles qui accouchent. En été, lorsque les fenetres sont ouvertes, `a l’arriere du bâtiment, le cri s’échappe, jusqu’`a la cour de l’école d’infirmieres. Le meme `a chaque fois. Aigu. Prolongé. Presque un miaulement. Infiniment répété. Juste en dessous, la salle des interruptions de grossesse. Par la fenetre, le bruit de la pompe `a aspiration. Un moteur. Sourd. Ça dure des minutes. Et `a la fin, quand on retire la canule[2], le sifflement de l’air aspiré. Pas de voix. Il est interdit de crier[3]. ------------------------------- [1] Livre pour apprendre l'alphabet. [2] Tube souple ou rigide, servant `a introduire un liquide ou un gaz dans une cavité ou un conduit de l'organisme. [3] Malinconi N., Hôpital silence (Espace Nord, 110), Bruxelles, 1996, p. 57.