L’oralité au Québec l Ses origines et raisons l La Révolution tranquille l Les chanteurs L’oralité l Au Canada français (et plus tard Québec), l’aspect oral est beaucoup plus vaste qu’en Europe et fait entrer par ce fait une partie de la culture du Québec `a l’ensemble de la littérature qui se constitue d’abord `a l’oral (p. exemple les littératures créoles, africaines, amérindiennes etc.) l L’oralité: `a l’opposé de l’écriture: « un mode de communication fondé sur la parole humaine et sans autre moyen de conservation que la mémoire individuelle » (Robert 410). l Portée socioculturelle, rituelle, voire mythique de la parole l Fonction de cohésion sociale, culturelle, collective et mémorielle / mnémotechnique l Fonction esthétique esthétique ou ludique l La tradition du genre littéraire du conte fantastique fondé sur les croyances populaires (Honoré Beaugrand – La Chasse-Galerie, angl. The Bewitched Canoe) Oralité – cont. l Le terme d'oralité est plus large que celui de la littérature orale l L’oralité inclut au Québec le monologue, le conte, la chanson, le sketch (la saynete), le show, en partie le théâtre l On l'entendra dans le sens plus large, aussi bien source de style parlé que de style oralisé. Car, et c'est l`a un point important, on ne remarque pas assez que le parlé a ses styles sans qu'il soit besoin d'en passer par un répertoire de littérature orale Le conte l Le conte des années 1960 comporte beaucoup des aspects d’une forte culture orale (imagination débridée, humoir noir, critique sociale et politique éléments fantastiques, confusion du conte de fées et de la réalité, etc.), surtout chez: n Jacques Ferron – Contes du pays incertain (1962) n Michel Tremblay – Contes pour buveurs attardés (1966) n Claude Mathieu - La mort exquise (1965) n André Berthiaume – Contretemps (1971) Québécitude (francitude, américanitude) l Pop-oralité (Gibeault): les conteurs contemporains `a la mode utilisent souvent cette notion l Le terme de mémémoire, mot-valise par télescopage [mémé+mémoire], utilisée par Gibeault pour caractériser les renvois aux connotations collectives dans les textes des conteurs contemporains l L’oralité sert `a discuter et/ou mémoriser les themes quotidiens et les petites histoires populaires au sens large du terme, histoires aux sujets des fois graves mais qui se pretent bien "aux commérages sur scene". l De surcroît, les humoristes répandent, chacun `a sa façon, la variante québécoise populaire de l'idiome français (Deschamps, Desrochers), parfois poétique (Marc Favreau - Sol), tout en faisant connaître au grand public un mode d'emploi de la québécitude dans ses caractéristiques anthropologiques et sociolinguistiques l Le monde imaginaire de l'équivoque représente par les subversions lexiculturelles soulignées ou encadrées de guillemets, la grande noire sœur devenue belle trop mince qui "traîne de l'arriere-pays" est jugée trop faible pour continuer le voyage Québécitude (francitude, américanitude) l Jacques Bouchard: 36 cordes sensibles des Québécois – portrait sociolinguistique du Québécois « de souche » l terrienne avec les cordes suivantes: le bon sens, l'amour de la nature, la simplicité, la fidélité au patrimoine, la finasserie, l'habileté manuelle; l minoritaire, subdivisée en: complexe d'infériorité, bas de laine, envie, étroitesse d'esprit, matriarcat, commérage; l nord-américaine comprenant: superconsommation, recherche du confort, gout bi zarre, solidarité continentale, sens de la publicité, "nationalismes"; l catholique renfermant: antimercantilisme, mysticisme, esprit moutonnier, fata lisme, conservatisme, xénofobie; l latine qui englobe la joie de vivre, l'amour des enfants, le besoin de paraître, le talent artistique, la sentimentalité, l'instinctivité; l française avec les points sensibles tels que: chauvinisme, cartésianisme, indivi dualisme, sensualité, vantardise, manque de sens pratique, (Bouchard, page couverture) Les débuts de la chanson l Provinces d’Anjou, de Saintonge, du Poitou, plus tard de Normandie et de Bretagne l Cultivateurs, ouvriers, qui viennent avec leurs femmes et leurs enfants l Soldats des régimes royaux qui épousent les « filles du Roy » l Paysans aventuriers - colons, trappeurs, coureurs de bois, canotiers, trafiquants ou explorateurs l Ils apportent leurs chansons et leurs légendes l Transmission de bouche `a oreille Caractéristiques l L’aspect essentiel de l’oralité: un grand nombre de versions qui se répandent (V’l`a le bon vent – 350 versions), plusieurs textes sur la meme mélodie (Le Roi Renaud, Isabeau s’y promene, Vive la Canadienne, etc.) l Themes de la vie quotidienne apportée de la France: fetes, berceuses (La poulette grise), poemes `a boire (Chevalier de la table ronde) chansons d’amour (Papillon, tu es volage)... Couleur locale l Production locale et originale: adaptation de chansons françaises: sur la route de Louvier -> Sur la route de Berthier, Le compte de Bareme -> Le marché de Varennes, Au pont du Nord -> Au pont de Londres l Une réalité différente inspire les auteurs-compositeurs anonymes – Les Raftmans l Chansons farcies: chansons dans lesquelles on introduit un ou plusieurs mots de langue étrangere Chansons farcies l Mon pere m’a donné un mari il me l’a donné si petit, Spiritum sanctum Je veux boir’ du rhum J’n’en ai pas encore bu l C’était un vieux sauvage Tout noir, tout barbouilla Ouich’ka l I went to the market Mon panier sous mon bras The first one that I met Le fils d’un avocat Chanson-mensonge l Chanson-mensonge: une autre tradition d’un narrateur espiegle ou peu fiable, qui raconte `a la maniere des « palabreurs » (cf. Hrabal) l Je vais chanter une chanson Qui n’est ni court’ ni longue S’il y a un mot de vérité Je veux bien que l’on me pende, oh gai! La langue des chansons l Rude, vulgaire, sans grâce et raffinement l On l’a taxée de naive, en lui refusant des qualités poétiques l « Nos chansons de composition canadienne font preuve, la plupart du temps, d’absence de poésie » l En meme temps, la langue est « exotique » et récele une poésie particuliere, attendrissement poétique devant la nature l « Les chansons de voyageurs canadiens méritent de conserver leur place parmi les poésies nationales. Les regles de la prosodie y sont méconnues, mais cela prouve leur complete originalité » Poétique de la vocation et du métier l Les draveurs de la Gatineau Adieu donc, belles rives Du Katébonguay Voil`a le temps qu’arrive, Il faut nous séparer. L’hiver est arrivé Et tous ses embarras. Cent hommes sont rassemblés, Jacques Boyld les conduira. Chansons d’amour l Papillon, tu es volage: Si l’amour avait des ailes Comme toi, beau papillon Il irait de ville en ville Pour rejoindre mon amant, Lui faire assavoir D’mes compliments l Goutons du plaisir, ma bergere: Un pretre me d’mande `a confesse Lequel des deux que j’aimerais mieux: Aimez-vous la bouteille, Aimez-vous les doux yeux? Je lui réponds: Mon per’, Je les aime tous les deux. Fonction des chansons l Sociale, temporelle, mémorative l Sociale: égayer les réunions des premiers colons, du festin. Recréer l’ambiance de la « bonne vieille France ». l « Apres la panse, on danse » - le besoin de se réunir – peuplement épars, on saisit toute occasion de se réunir l Le long hiver contribue `a la thématique et `a la raison d’etre de ces chansons La terre / le pays l Au XIXe siecle, le theme de la terre et du pays prédomine dans la culture orale: la chanson patriotique l Autres themes de la chanson: l’hiver (la neige), la famille, le village, la nature, les saisons l Georges-Étienne Cartier – Ô Canada, mon pays, mes amours l Un Canadien errant (1830, Antoine Gérin-Lajoie) l La chanson contestataire (C’est la faute `a Papineau) l L’hymne national Ô Canada (musique: Calixa Lavallée, paroles: Adolphe Basile-Routhier) adopté en 1980 (chanté pour la premiere fois en 1880 – juin 24) Chanson au XXe siecle l Trois tendances opposées: n La chanson folklorique: souci de préserver le patrimoine (Charles Nodier, conteur français « Hâtons-nous d’écouter les histoires du peuple avant qu’il ne les ait oubliées). Les Archives de folklore `a l’Université Laval en 1920 – intéret `a préserver ce que les nouveau habitants de ville ont entendu dans leur jeunesse: La Bolduc – Mary Travers - devient une vedette des années 1920-30. n Influence de la chanson américaine (le jazz, les crooners – chanteur masculin de ballades populaires – Ed Cox, Bing Crosby, Frank Sinatra, Dean Martin), blues, dixieland, « Hawaiian music » n Influence de la chanson française : surtout dans les années 1950 – Charles Aznavour, Mouloudji, Les Freres Jacques) Apres-guerre – origines de la chanson moderne l Conditions fondamentales: libération de l’isolement des Québécois, la terre est en train de devenir « le village global » l Progres technologique et nouveaux médias: la radio, la télévision, le micro-sillon devient un produit de consommation quotidienne l Apparition du chansonnier (l’auteur-compositeur-interprete): il traite l’actualité, l’instant présent dans ses oeuvres l Beaucoup de ces chansonniers s’imposent en France ou ils deviennent tres populaires (Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Raymond Lévesque) Naissance de la chanson québécoise moderne – les années 1950 l Entre le cabaret et la radio – grâce `a une proximité géographique, la chanson américaine envahit les « ondes » québécoises l Le cabaret – naît dans les années 1930, imitation du cabaret américain, `a la fin des années 1940 et au début des années 1950, on imite les cabarets français (Le Faisan doré, Le Saint-Germain-des-Prés) l Années 1950: l’époque des nuits de Montréal: cabarets et boîtes Chez Gérard (G. Thibault, Fernand Gignac, Monique Leyrac). l La facilité d’écouter la radio (Radio-Canada) permet `a un grand nombre d’artistes de s’imposer – Fernand Robidoux, revue musicale Coquetel ’46, Robert L’Herbier, Raymond Lévesque, Jacques Blanchet l Radio-Canada: Guy Mauffette: émission Le cabaret du soir qui penche. Mauffette donne également appui `a Félix Leclerc qui devient le chanteur dominant les années 1950. l Résultat: la chanson canadienne s’impose au Québec de plus en plus – Leclerc, Lévesque, Aglaé, Guylaine Guy, etc. l Style dominant – la ballade – chanson d’amour: une certaine naiveté des themes mais de belles mélodies. Egalement le wesern (Willie Lamothe, Marcel Martel, Paul Brunelle) 1960 – 68: la chanson s’impose comme porteur de la culture au Québec l Facteurs extérieurs n politiques, linguistiques, internationaux n Concours de la chanson canadienne: la jeune génération n’a plus honte de la production locale n Les premieres maisons de disque québécoises apparaissent: Sélect (1959), Gamma (1965), Trans-Canada (1960), Jupiter (1965) n Greve `a la Radio-Canada (1959): phénomene qui permet au chansonniers de se manifester en appuyant les grévistes – sentiment de révolte et de subversion – on ouvre une boîte `a chansons Chez Bozo qui va donner le nom au groupe Les Bozos l L’époque des boîtes `a chanson n La Boîte des Compositeurs (Rollande Désormeaux et Robert L’Herbier), Chez les scribes (Françoys Pilon), La Boîte aux Chansonniers (Guy Bouchard) n cliché de spectacle typique: le jeune chansonnier ne s’accompagne que de sa guitare, debout, le pied sur une chaise, face `a un public dans une petite salle modeste, éclairée aux chandelles... Deux univers paralleles l Les chansonniers (Gilles Vigneault, Félix Leclerc, Raymond Lévesque, Pauline Julien,Jean-Pierre Ferland, Les Bozos) n Chansons poétiques – voyages, paysages, nature – mer et la neige (tradition orale au Québec): quete de liberté et d’identité individuelle n 2eme génération change un peu (Robert Charlebois, Claude Dubois) – le theme de la ville, élargissent la thématique géographiquement et individuellement l Les yé-yés (Les Classels, Les Gendarmes, Les Hou-Lops, Les Gérolas) n révolte, rock international, musique de danse n Themes (plus superficiels): école, cinéma, danse, flirts Le phénomene « L’Osstidcho » l L’Osstidcho (Hostie de show) – créé par Louise Forestier, premiere 28 mai 1968 – spectacle combinant musique rock’n’roll, sketchs, monologue = performance totale l Rupture avec la tradition chansonniere classique – rupture nette avec le style et la thématique l “En cette soirée du 28 mai 1968, il y a de l’électricité dans l’air. Morts de trac, les jeunes artistes Robert Charlebois, Mouffe, Louise Forestier, Yvon Deschamps et leurs amis du Quatuor du Nouveau Jazz Libre vont risquer le tout pour le tout en lançant "L’OSSTIDCHO", un show anticonformiste qui va révolutionner les genres. Ils cherchent `a y démystifier la " vedette " et tentent de renouveler " de fond en comble " la maniere habituelle de présenter un spectacle.” Le phénomene Robert Charlebois l *1944, débute en 1961 (La Boulée) l Débuts: influences sud-américaines et de la musique rock(’n’roll) l Apres, beaucoup de styles intégrés, il parodie et métisse les styles aussi l Il colle le joual `a la musique rock, il rythme le français en jouant sur les sonorités des mots, incorporant des expressions anglaises, se rapproche de la langue parlée québécoise: textes éclatés, drôles, plus pres du quotidien. l La chanteuse Mouffe est sa compagne. l 1967: Terre des bums (parodie de la Terre des hommes) l Chansons les plus connues: Lindberg, Demain l’hiver, Protest song, Presqu’Amérique, Cartier, J’veux’d’l’amour, Manche de pelle, Ordinaire, Dolores