•dľ em'approDrUiľ '«mo,,.,,, '"■i,, „i de I, I d«řou, ombres me .. eni ,,„,.. qui! but trod, rev* de, la chaml a photo de au •k ^ ALISON TRESTLER 43 H,„ sans larmes, sans ens. á qui Ion ořřrit la distance j bouches. le grain des surfaces. A deux cents ans d'mter- lle nous parlageons la meme sagesse suspecte La měme qui b.irre laccěs au bonheur. la ""'' aptitude á camoufler ('accumulation d'entailles da i.neueet ntraintes aux apparen. une lant,« ,rinaissions les usages. Nous parlions peu 'splustard Eva me tend une Hasse de papier — Tenez, jetez-y un coup d'ceil. Qa vous intéress. Sur le dessus de la pile, trots pages dactylographľ .n-Joseph Trtstltr. Puis une colonne de dates sume énementi ges, dec« - ite ťembauche inu . un UpSUI d« >ept ans, et 1783 — Ikltuié. il dem. ■nbulant. illation, le vulet familial, la quatre hli» iépart pour un ancien mihtair- est clair quant aux acquis, mais nen n'exphque la disparít «les deux ainees, cmq et si m lendemam du manage Sur cette notice biographique. leur vie tient >tre lignea Deux pour la naissance, deux pour la mor rai Invent« 1 U- pere e» I_________ entendu ce qui sest passe iei mil hui« r inventai |iiiiiM|H mení une ivier mil hun cení ^J four ■ J, men, un po Elises, une méme qu'un lot de em.ersous- Jeux mi! ~ept •muation Au tu Iu notaíre Du lie soulij i de mier, de m »naitre la somme H i ' *' ait pu /ER ,;• certitude, eile prie ,e, - procedures. Elle ve en paix de " veut farmer sa porte aux mtrus e* régner er Ujedaná son statut de bou ,puiente et respectable i „n, hale sur ses épaules et regarde vers le lac ux, se coule la pesanteur du bátiment i sur leq ncée du toil Pro,ette une -..Ion, proonge par une terrasse construite le, occupe 1 extremita de la maison actuelle- meni -°leil- Sur ^ Phl,'"Kraphie trouvée dans le ( httectes. deux cheminees du mur |ui vienni re dégagées de ľarmature de plátre j i, ivrait, torment une seule masse coiffée dune iblette de chéne. Cest probablement id que se trouvail la s.ille principále ainsi decnte dans l'mventaire : U« granát ialle oil I on unt h rrestler reřerme la piece humide oú eile n .illume plu* le reu Elle n'a lamai- I aucun é ■nnee. La llenne, comp* 'ux. uniformes, doublant i ;ient mterrompus. de ľépoux |ean-|oseph. Suivie lirige maintenant hambres. ixpetitsl -rancl le pendule donl le temp l* devant dres ďargent riselé Ľne douleur lu. laboure le i.sparusprématurěmentb ivenirs. Elle farme la p rriěreell« ■ ux du com de son tablier, puis eile leui geste la chambre étroite longeant le mur u tout ameublement, unhtetup ;tre Ensemble ,1s penětrent dans la iptenl deux coui f n tombeau un lit nad '«■ling qui ne Uli nŕants étant pari 'ent macabre qui íoěl futile, > du premier lit qu'elle promil ontelleprit , nulle | ,amais tenue. srinqcl ;ur u encombrani le emplie ' J« řoU' S un shilling qui tra La Adelaide, ,i prit parti pou. 'Saint- .misEléazar issani la pertede son ancienne d« ;ue, eile t u ne table ore '' dntl lies i un miroir cinq livres in entonnoir, le ■ íl x. oul qua :it qui lui n désai ! marm in. ui la tab 'la pece u be de m «her le tabac , sur I, pourquoi o i. rat ne pourralent-ila faire le décompte proprement et éviter de r ,a pelle et l egoine a coté de la cafetiére et du ^tardier. Les hommes s y entendent si peu aux choses de Raison. Qu'«* Pfftent «"*", et la laissent seule. épu.sée lis souveraine, abimée dans ses privileges, effrayée de sa ma :ade. Incapable d .m pose r son soud dordre, íHe rep|ace d-un es,e las les meches de cheveux échappées de son chignon ,e n'est pas hm. La vo.x du notaire heurte encor- le jilence. Dans un appartement entre la cuisim f, \a sallt un( (flb|f ,',(. une peau, une chaudihe it (er Maur. cím? chahts (, „« Wllöf, un lil et ses (ouvertura, le lout deux Ihres trois shilling, Dans une lourliire et deuz bouilloires de cuivrt, un gril frois et une lichtfritt, deuz pilons. trois moulins á café, une paire de ndelitrs et deuz patres de moucheltes, le tout trois livres sterling. Que Dieu lui pardonne, mais eile supportait mal de voir Jean-Joseph loger les mendiants qui frappaient á leur porte ä la tombée de la nuit. Avant ďaller dormir, eile prenait soin d'enlever la hache placée sur le billot de ľentrée Mais eile n'arrivait pas á fermer l'oeil Dans la region, des bailments flambaient aprés le passage de faineants qui avaient jeté un sort au\ propriétaires inhospitaliers. Marie-Anne Curtius a garde pour la f in la chambre qu'elle oceupera le reste de ľhiver. Elle se place devant la couchette garnie ďune paillasse et ďun édredon de plumes Us latent sans vergogne, les empéchant ďatteindre Partů eile a cache, derriěre une pile de serviettes, une de son et un sautoir ďargent recus de sa famille, le alant probablement moins de dix shillings. Son regard induit leur obstmation. Mais eile souffrira qu'ils inscrivent jet« personnels, la bassine et le broc de faience utilises pour -a toilette matinale, le savonnier rempli ďépingles de urrice et de broches á cheveux, le gobelet ďétain oú s'est ee une eau grise ä laquelle eile n'a pas touché pendant ces ures abominables oú eile attendait l'aube qui l'arracherait M torpeur. á son enlisement dans l'abolition d'elle-meme La mort ex.ste et eile devra s'y soumettre. mais eile intend řuir cette désorientation qui ne lui apporte m oubii n. _I Au habitud. "dam, dans I I L.I I I ľintimit. touchei en- teur di nt entre les ľin- inl ■___ _ Troií * ďargent et v.ngt-quatre gobei iuťfrerľinventaire Elle sait que le coros ,ngage recouvre tousle» corps d'une époque. Sous iľs teanc.endonteUe Misii . ortlu_ ' ,,: cl,e,,t ,h,s,oiredeSamaison Ce ^rlatable.luien .utantsurla vie au 19-siecle que surle temperament •er Catherine imagmaires, je percevr,,, mieux les ďtine íamille qu. fut ďabord pour m dans un réve. Le tetnps de la řasdnationol ntre «our mieux se souvenir de ce qui nous erneut avant mém. ;, que le mot ém Aujourďhui, cest dimanche Le (Jn menu, tracé au crayon feutre sur un bout de lu mur du couloir du rez-de-chaussěe dont il achěvcnt la renovation. Sc- QuandleQui adevenuľut« ra quelque part un ŕ' ta memoire, 1 impnmer.e de Cutenbei un .• «tle plus ,ne tument sur le plateau qu .renons le th< en bordure du i. :Jedepu,sledei trquěrent en terre amé. camelote. leurs fusils, leurs mams blanches, leu. Ju blane Les mur-sontbi idreuil Mats ,1 a !eUr : horloge. Oubherlu.ur.que ,n sans que personne „tinue. dorm./ tranquille, la re donn.; i.n. Ä ■ nquilles du mps nti J » la< C ath< ■ Ailleurs en un k longea.s un sent une - rampai« tllais du côté des mö, Erindil «««.Laterrebougeait Unem ,iqUe sourde remplissait mes oreilles. Ľair libre était un arche |. mo t de la folie. Tout va trop •rsonne ne connait personne. Les hommes d'affaires dun cóté. les artistes de ťautre On veut décloisonn. ! entends par! „ porte un nom en ski un nom .i particule inconnu en Aménque. II m. . ■ hommes d'affaires et la bourgeoisie. H dit bourgeoisie s est servie de l'art, mais eile na jamais artistes.» Dans l'album-souvenir de l.i maison Trestler. une photo me En pre;; ige, Benjamin, do .lent de la Répub heraldique, tend la main au digr qui pen. d'un tailli lanel, reconduil la dame bl . étue d un tailleur nel. ma: nques. ,core _ |e [ iphe a eu amplerr den«r. mboiem. -n. lair de i pion. On dirait une , He qui II T-yans la nuit, |e réve de Cather , ,(e \_J est le double mventant les n la passeuse violant le silence des chambres Pi Elle est l'enfant de mon nom Mém« němé determination, méme ťragihté cat le front imperturbable On ne sait pa eile pen« ne I'a jamais vue mordre ä sa colére. N' ďencre sous le- e halet leurvouloir cettenatun i qui rattrapei c tard OUChée dan> ľh( ritends ronfler 1a téri a peau Rien ne b ;t avant ľevénement qui va se produir Pere viendra Lorsque ie I aper, »es pieds er, ,t un cri D mentourer ľépouserai. et nous ne nous quit nemindi !ui interd.raide.' ^^^M ľO lechaiandqu lir ,es I, .oleil. Debout. ,| S'il le voulait, ,1 n'aurait our me permettre de utľoi tail á m, ichaleur.r. . Ummř If I "' m '"; uiamais , partir du debut, avant >nne ne me nsommée bien avant ne men aient inŕormée. Aup.i les rumeurs tes bourdonnent ä mes oreílles. Je les Je fleursde If me pare et me r« e en rames batte: Un r le peine I. fcOieu-quW-cquetufai Í8dř,ř ■ les it un r. rouler par terre. r I herbe nue. de des r les mu i nbrer le •brer son hi |e me tiendrai loin de ton ur tes ach. dames de Vaudreuil luleaux d vreau. foulaj "s des voleu., mulcts par£ fořt de ľentrée el lancer,,, tantes. nous s„mn,e| ^ent neurdel re et de |a ''"£ íbiniére Puisjea, «s e, de ľorgueli Madelein. acée sur laquelle tu j. e, que tu feins d apercevoir urnes vers tes f.ls et avances ■mrnes Vous řerez de bons eméme la ecommandement de ľan le sang qui rougil .nit dam i core u ii beau ľhomm. animan 9BM,, _ I ER .,h.int de qu>- iu ,i rangemen! nr de satisfaction renn ird. Ses pots de confiture dorment, parfaitem. ! table de la dépense. S< je mel. ,ne sem-»>ne í urtant nous ne ni -íais revues Jamai Parfois. dégoôtée de sa preši J0U ment des odeurs de soupe au lard le ne m'a pas lie pétril la päte .-. ..,nt • quelqu'un situé h ju ,, , mots défilent, machinal remuem mastiquant i ímais ne filtre de sa vie confondue ä celie dl eile íille depuis le manage ď épaule et respire son parfum de suet, >nce ma téte dans son corsagi rt du tablier de grosse toile qui hit re I etreinte. Elle ; — Catherine, on ne t'entend jam.' ile me us endroit, au mauvais moment ligne* dc fui( ■> méfiance et me- Elle me ret erentemi :Dle (erel e retenue masquant des I jquive a nt le m< chaud menrobai: >ir et m- K- louceui [e me nourrissaj« d eul un mouvement, une w l i aveuglemenl Jela lumiérei' sais .ni monde. e>*Kí favais vieilli Km ...ins tendues tonJ Fond de mon lointain abandon. On' a?Pe'ai U ses rcponses. On me cacha les vraies ri"13^'1' depart ni les jours qm ľavaienl :iait un silence honteux mesuré par leur [,,, " determination étail arrětée Plus rard je veno. "' " ^a femme *' ' partum de ma měře était celui de hns C'él m I ou sept ans. J'avais brode J'. iournee des mouchoirs au petit point. I avais passe de |on heures, assise sur la veranda, souverainemenl .ippliaueeT5 mblables. et toutes les minutes jL. na.ent a mon aiguille, monotones et lentes. entrecoupé« Z ba.lemen; hn um. ,,mm„ ,,.nd_3|t «* f"«.* -ntmégaux^lsdovennľu néme ionguem -. Catherine apprcH-hele moucho,, i.; d ■':,;. n- ™esouhaiteraii -rľn.ľs/ue l('»•'- ns. aud* vuu, 1 re la mor, tandj, i)U(. |( ,, *«hantpasdequ,ou'' '•ne 4u.oudequoi|d||,ls>uunu; iUani '»uraun r leS motS de l,lk' ^Ul nť *' Pourquoi sú. MM^/SONTR£S: 59 ,,. ä cause ďune mauvaise grippe, les épaul. *. ,llers de plumes replies derriěre mon d. Aprés avoir taille mes :ne suis recou di. pir. Stefan »'est in _ Tu as crié. Ca ne va p — Ca va. Ie veux dormir Un rai de lumíére suit le mouvemen: place par les :upt.- nent le lit La flamme d'une bougie vaciUe. e tend comme une langue, léche un Hol do ore liquide et, dans ce halo de dou ie, - mains tombant sur le tabher blanc Un rectangle craquelé qui emplit ma vue Des lézardes semblables íendillent le lac des Deux Montagnes aux premiers dégels L hiver doit tirer á sa fin Pendant mon sommeil. j'ai entendu les cornei! croasser sur le Chemin du Roy. — Adelaide, demam vous m'ouvrirez ces fenétres. — Madame sait bien que ce n'est pas la saison. — Vous ouvnrez ces fenétres. le veux respirer lair du — Mais ncore de la neige, et les contre-řenétres tu» chii o lame d grippe au matelas afin ďéchapper á létau qui -poitrine Ä chacune de serétablit |'ai appris ä rusei été traversee pai tnomp! le connais la suite Toujour* les mémes vieilles ten les mémes fantóme:- ma peui nbres sourn. mfur- :onnéeďentendrel, hambre. Dans cet hiver Attľ l* 5u,s *n nesais pourquoi subitement, moncoeui bal áu e^ f'aimeľété, son odeur, ses cycles, ses fér« m ' ^^ on maudite Toujo, ^ai.Jemettraifínácecauch, é*fi - Madame va trop vite, dit Adelaide II ,„„ Alle/ vous recoucher. ' ; Des lueurs dansent sous mes paupiěr, lum.neuv i.,,t chavjrer 1'iris derriére les cils 1 approChe.IImedéIivrerademonmaI°nnal$Cť Stefan me touche lépaule. — Réveille-toi. Tu as encore criě Míl(TAin ,: es braises du toyer, et le feu se met es par .ivancées lentes et paisibles Cette Ummes cntame á peine U marche du ^ľJL midi allongent La lumiére s'attarde plus la ligne ďhorizon aplatit les "ahses sur la riviére Outaouais ril lu^qu'.iux confins du monde. . , utopies. 11 est toujours mauvais de se 1 quand on veut déchitfrer les mplé le ,ar,: • hivers et, p|u huit enfants pour perpétuer la legende ducorp : propre mei hadequator Dequoi voir large Deq rirľarriéi -ur le fleuve :lantiqu< uphins etsesmouf - p.i- K tte femme qui me tut imposée par le hasard, comme Cartier, Bigot, |ear.' pmeau ha~ ilement. Celui-lá méme qui mit la :our, ä laquelle je p« matin en regardant les photos du jardin ďhiver Ju le Québ: le lit de ne Lne lampée de ma du la nt-Den ignorait ins ma Monument historique l <■ passé coůte ^h-.-r "«ES — Si vous intéressie2 un mécéne ou un f chert hr un abri fiscal. Aprés tout, ies mais lnancierqij pour servir d'abri. ns s°nt fai|w Alle- voir si ca entrera dans leurs (d,;, , üonnaires se fichent de la culture, e80fie« ^ — En Américjue, le mot culture est déplacé — ĽAmérique, l'Amérique, jen ai marre de ce ref Chaque fois qu'on parle ďavenir, Stefan s'empon, sommes ľappendice du plus riche continent du mond rid, face au soleil levant des multinafio i alors de quoi osons-nous nous plaindre ? « LAmérique ' t-il dit un jour, c'est un travesti qui se badigeonne d'huiled o, extermine ses Indiens en dansant sur une peau d banáne tandis que les cow-boys applaudissent le western au ma du coin. II y a du grabuge dans l'air, et on ľaura pJs II voudrait partir. Il ne comprend pas cette toquadepour unc maisun de roturiers. Je le prie d'esquisser un plan du salon, et il s'exécute mollement. II n'est pas né ici. II ne voue pas un culte aux antiquités. II n'entrera jamais en tränst pour un lampi lise ou une vieille table de pin. Il est r tout řrappé par le style nouveau riche, ces maisons de carton, de verre et de béton échelonnées en damier le longdf is rues galopantes. Ľétalage de la repetition et de U bátardi niennes, mi tiques, mémes livi ms, mémes lit* km« M/e, mém« T V dinners. Cette maison de Style fr.in<,.'ľ- lui parait u: et Trestler, un bi la solde ďune am re ! • H ouMie qui disait ma sosur en n ml á partír i H»"1* mille, pour red« LA' qu'Areb 63 -:ESTlER honi du seufl lorsqtťun« temme aPP djinu longeant le hall ďentree. vetue d une |ong( einturée de rouge qui lui donne une allu., inte et sensuelle, eile se du mur lambnssé de bois sombre, et |e vo,:., dar»; la • main gauche en mouvement. i'attitudi lité du gi i. Ce tableau a appartenu au nele de N ŕut minimis par in du grand-pěre de Benjamin. Benjamin, on er vilustrades d pour un style trän.. La hantisedu style francais p. tituer un le me retiens de penser qu'E. int de sa main lem; idou- de ludith l'lsraelienne tnompW en rte du pays. rapide suivie d'u un trän. tt« betle n mi-ranch, mi-pub, manoir. le gram de la pierre et la fibre des iper. Toul ;ui ďanneaux de fer de rat ir Id qull '. une part de la 're a mol nevalené astéres ; 04 'ONr^T,ít ~ \ ■ "ífi «« quel point il avail !a phobiedu fen p, ,lp-'.....................* ÄS2SS Eva travailli comme unc cthnologue La de la vie et du comportement Trestler lui import*0"8*''1"'0'' les trav , novation de la maison. Entre dei ""'"""l"« truelle. eile court les archives pour alimenter ses d C°Ups de la longue tahle de monastére servant aux reoas °SS'ers SUr taires. eile a depose des pans de toile ancienne imľ^Unau-choir dans laquelle eile reconstituera j_ pruné««U depoque. Ce tissu ramagé, oú s ebattent de eraL '^^ bleus et roux que I'Angleterre a probabJemem rľnn °,S?aux 1 une de ses expeditions aux Indes, rappelle ľaneInľT'** de commerciale du bltiment. «cienne fonction L/r^ct.ondurez-de-chauSséeS'achéveaveccettP • Au-dela, se trouve un couloir loneeant „„. • , VOute deserte, couverte de plus.eu oľches d ff hum* « Place de ľancien magasin. Ä son extrémTté Jer' -CUpela sene ďarmoires, fapercois un escalier S Jľľ" ""' gnmpe a letage des chambres. Stefaera ň! d "'' qUÍ depart compromis par cette découverte. SstS /.I '£R Depuis une semaine, le telephone sonne peu. J'en profite pour écrire. Le roman Trestler allonge. J'en jette des bouts et je recommence, tandis que Catherine court dans les herbes et les ajones, sa robe me faisant signe á distance comme une trace á saisir malgré les mots qui se reřusent. A ne pas servir, |,i langue s'affadit. Le corps trahi par la bouche, c'est la premiére des inexactitudes. Je consulte souvent le dictionnaire afin de trouver 1'ex-pression juste. Ce souci m'importe d'autant plus que Catherine n'est pas née du sexe de ses parents. Elle est une creation de mon esprit. Elle est n'importe quelle phrase á qui je peux faire dire n'importe quoi. Bientôt eile prendra corps et vivra des hasards qui ľont tirée de ľoubli. Ľémigration de son pere en terre québécoise, ľachat de la maison Trestler par Benjamin et Eva, le reportage ďun magazine, la euriosité tée .1 la visitě de Monsieur B. Qum/ľ jours plus tard, je retourne ä la maison Trestler comme on revient sur les lieux du crime. La goutte de sang illie dans mon réve a germé. Ma taille na pas bougé, mais Catherine mürit dans mes flancs et ma tete. Portant ■ i nuil ľenfant de ma chair et de mes mots, je vis une -sesse de réve pour laquelle je me cherche di A peine entree, je depose les deux premiers chapitres du roman Trestler sur la table de la cuisine, mais Eva y jette á !eineun couP d'ceil. Cette gestation me concerne. Lorsque "e de reconstituer la vie ei les traits de Catherine : partir des indices fournis par les act« Pere- I'essentiel mechappe toujours. Son visage, sa démai _ LA MAISON TRESTLEn luleur de ses yeux erde ses cheveux me so™ toujours un mystére Eva nie ramene sur terre chaque foi que je m'emballe ä propos dune hypothése ŕarfelue. Ma méfiance á ľégard des dates et de la chronique la scandaliSe Elle ne sail pas que les écrivains mentent pour mieux dire h vérité. Elle ne sait pas que les mots trahissent le réel aussi surement que le réel trahit les mots et les chiffres. Elle ignore également les motifs qui m'ont conduite ,i prendre parti pour Catherine. J'aí aussi des comptes á regier avec mon pere, ma famílie, et une famille ne s'arréte pas ä la troisiéme ou quatriéme generation. Quand je porte des douleurs vieilles de trois siécles, je deviens dangereuse Quand ie suis malade de l'Amérique, je cherche des coupables J'attise ma hargne en fixant le piano á queue couvert de la mousse dentelée des fougéres, á lautre extremitě du salon. — Hen a joué? — Non. Son séjour a été eY ourté. — Et eile ? I^ÄS^^ «»"»* ** Prions de -Etqu'esl "raviezcommandé encore? ä nousDpľéľe;deUsrubleeaľxUSée*' BeaUX'Arts *vaif consenti -Caaeuľeffetes, - p« tellement Ell*«'« de Porcelame hongroi," SUrtoU' ln,"«sée ä un cendrier - Hongroise ? " tllp «t née la-ba, *-Amériqu, UlMAlSONTRl B „sieienne. Elk «»«< íes fliun ,-t s'iniiresst btaucoup auz musia et á la pAnVurt mel __ Cest révoltant. __ si on s'illusionne. Si on oublie, e'est fini. — Finí ? __En politique, on ne fait pas de sentiments. Ma colěre de trois cents ans se reveille. Qa ne se passera pas comme ca. Je let- -ponsables ďavoir fonde une colonic Ouvrir un pays, e'est comme accoucher, on ne peut termer les yeux ensuite et dire merci, e'est termine. Eva se defend, les defend. Elle precise que dans ce cas-ci il s'agissait ďune paternité, non ďune maternité. Une mere a de la tendresse pour ses petits. Elle les aime, les protege, mais enfant doit quand méme s'autonomiser. Et puis, ['administration d'un pays, ce n'est pas une affaire de coeur. Le corps épanoui d'Eva avoue des maternités heureuses, des reievailles parfaites. Mais nous ne sommes pas les enfants comblés dont eile parle. Nous sommes des bátards . moutons de Ja bergerie et "S ",Bets ďallumettes en rangs serrés sur nos seau maudit plane toujours sous le plafond oi«CJ" ni«""" r--------- ., , ,, r-—»uhq *"■ «/matin le soleil chassera I animal. II pénétrera „'L ietánt une lumiere tadesur ce lit. Alors je I lü ^ serai deli ú mhrp ietánt une lumn-"- •-----— — ■"• murs ie danS ľ i leme lěverai et fílerai vers le bois ďaulnes. La femme se recroqueville en position foetale tandis qUe Catherine se tourne contre le mur. Les parents Trestler ignorent, ou feignent dignorer, les frayeurs qui s'emparent dellelorsqueleschauves-souris s'agrippent aux encoignures de la chambre, monstrueuses, leurs grandes ailes rabattues. Le soir, Lis se contentent de fermer les řenétres pour empécher le? moustiques ďentrer, esperant ainsi affamer les bétes et les obliger ä aller s'approvisionner dans le lac. Toujours la rermeture comme solution. Toujours des barriéres placées entre le dedans et le dehors. Clefs, loquets, targettes, coffres et caches protégent le :jme du páre. II dort tranquille. Sa fortune est en lieu súr. enfouie dans la pierre, confondue ä ľobseurité. Mais dort-il vraiment? Des pas glissent sur le parquet de la chambre den bas. II est probablement en train de remplir le chauf e-ht de braises afin de tempérer ľhumidité des draps. leCeSesSmSer:entJ U ra*e me saisit- J* ^rme les ďélivrera a neS m'nUteS durent ■» -écle. Plus tard, le cri WurTÄ Cathenne a hurlé *u fort que d'habitude. Sa -Marie-Anne Curtius nW -Répi SneStPas^vraiemére. LA 73 MAison rw iTLER _ Marie-Anne Curtius n'est pas ta vraie měře __ Tu mens ^^^^^^n __ Je t'assure. __ Comment sais-tu ? __ Adelaide me ľa dit. _ Adelaide ? __ Sans le vouloir. Elle regrette d'avoir parle T* • s'appelait Marguerite Noěl. P la m"e __ Mais alors l'autre n'est pas ta vraie mere non plus. — Ma vraie mere s'appelait aussi Marguerite Noel. Mane-Anne Curtius est la deuxiěme femme de pere. La femme du deuxiěme lit, comme on dit. Ni larmes ni protestation. Pas d'allusion inutile. Une surprise sans echo. Impuissante á détourner les mots, eile quittait ľenfance ďun seul coup. Marguerite Noěl, cela résonne comme un souvenir. Marguerite est le nom que je récitais quand j'effeuillais la fleur ďavenir. < Marie, marie pas, fait une sceur, lettre cadeau, visitě, rien». Les pétales se détachaient lentement sur ma paume. Rien ne pressait. Ľévénement était suspendu ä ma voix unifiée par la clarté de la Campagne immuable. Et, á la méme époque, dans ľ evasion des syllabes, Noěl était aussi un mot magique. Ä la maison Trestler, c'était un jour heureux. Catherine aime ľodeur du cochon de lait qui grésille au-dessus des búches du foyer. Elle a vu Adelaide preparer la tourtiěre et les gáteaux colorés. Elle sait qu'on a étrillé un Pur sang, astiqué le traineau. On jettera une couverture de castor sur la téte des enfants, et Lis glisseront sur la route mordue par les patins de l'attelage, les oreilles remplies au tintement des grelots. D'autres traineaux formeront une caravane derriěre. L'air froid raidira les bouches et = °reilles affamées de cantiques. Ä un moment, le son« tombera, precis, courbant les nuques. Sous le porche, les «ens s'effacent pour nou i Vre es! saluéavec respect. Merc ,1Vance, conH Sfr , jusqu'aubarK l.imili.il, le premier á dr0jte j marguilliers Entourés de notables, nous re le seigneur et Madame de Lotbiniére faire leur ent8ardons tade. Tout Vaudreuil est réuni. I es parents s*in "J66' ^n drip,,, La messe de minuit est célébrée par des prětres h de surplis de dentelle et de chasubles brodées dor [ "'' dégorge ses řastes dans le flou de la memoire atta K ^^ chatoiement des couleurs et á I eclat de la cérémo ° ** au roulements d'orgues, ces glissements de chapelets"6 aecoudoirs des prie-Dieu, ces heurts de vases sacrés *Ur qui ordonnent le rituel déjá ankomme dans nos téte^' Dans cette méme église, deux ou trois siěrlp= „i Monteur B ŕera cortege avec sa dame et on il'"ľ"?' regard des paroissiens masses de chaque ccľté de ľľl ^ centrale. On aura procédé au tri ^« i-ľ 'a,,ce leur prela, accueilur les rePrésen,ľntsV I c d entendre <« l'Eglise Jour ,,,„,,,, JZZTnľ """' fi,,e dinée qu'"«SWtnl dagapes élernelles. A„ Dominus vobiscum. or8ue. La chorale remPÍJ|ľ 'ľ™5 sous 'a řureur de ;- heureuse et ,2' vo«, ďhymnes retentissar, fiSľT de 'Wete '? ne< dans mon col de ,ab,llededraprougneS et de 'a lumiére au-ded,n, du ,. Au «tou» les „ Jan-b «Si"itE-í- M leilvers DOMr ' "/awe, |es invités. ^^^H P0U^ quelques jours. II y a ^M/1/SONTRESTI.ER ^ reláchement de la discipline, j'entend, des rires, La *« „t bonne. \ujourďhui. je suis en deuil. Ces réio ' blessent. Je regarde pere droit dans les yeux m!"""5 ™ vl,e.l'attendsunaveu. Mon coeur bat — Sois sage et obéissante avec ta měře. — Ma mere? — Elle se plaint que tu ne lui obéis pas assez. S'ouvrir les veines pour toucher sa douleur Ne plus attendre une seconde de plus. Tuer cette femme. En fin« avec cette étrangěre. La renter hors de moi, loin de mo., comme je n'ai jamais été en eile ni pres ďelle. La téte collée aux genoux, je commence á gémir. Ma vraie mere est i'ombre dont je n'entendrai jamais la voix, le corps dont je ne verrai jamais le visage. Elle est I'absente figée dans les initiales M.N. apercues sur le drap déchiré dans lequel s'est vautrée la seconde épouse avec son sens pratique et ses bonnes maniéres. Je vomis le present qu'elle s'est construit ä méme les debris du passé, y employant sa Constance et sa ruse, cette fac;on ďensorceler pere, de se rendre indispensable afin de mieux le dominer Je connais cet art de régner. S'effacer. Laisser ä cet orgueüleux les marques e\térieures de ľautonté. S'abimer dan> une ťausse humilité afin de mieux assurer son triomphe et ménager ses intéréts, ces deux Bis, la branche mále sortie de ses précieuses entrailles. Assise ä ľextrémité de la table familiale, eile trón I I Iľrestler, insurpassee, insurpas- Digne de sa confiance et de son admiration. De sa me, lorsqu'elle parail chercher son scuttle dans un soupir dont il semble saisir la nécessité. Chaque fois que le repas traine en longueur.je suis envahie par un malaise. Mes os craquent ■ J,t,_J leur attention. Elle mangeen silence. Lui d.scute avec ttecto I cte,esAnglais. lamainmisesur Je commerce tnais ,1 fréquem i ' ''' l "'""•'■ franca.se * onne. Wl lume est de ce monde, mais il .! prja . n toulesl, urla facade du corn a iption ú Grand Dieu — ji -j ' donl I'une porte simplem! el ľautre, les mots A Dieu la gloir, - // r it les ailes est et Quest de 1'habitation D * fr' ,ii qu'un. La terre appartient á Dieu da "T udreuil et ses habitants appartienne I I Trestler. ' a pril de Dieu est partout, son bras vengeur s'abat eux qui lui resisteni , recite Adelaide «i partir d SUľ Je priéres. Un frisson me parcourt Je vois le brľ T étail des pauvres gens, semer la terreur A leurschampsdemaíse« deluzerne, usant, pour le remhT"8 sement des dettes. d rigueur milftaľre don^t depart» dans la vie sociale lorsqu'il recoit Ip« ón _, e nc,ab.eVarérdefo,nu,,s.d:vanH: , .:r.,,:-|ideS Japprendra, plus tard qu'il vénére moins h f*ll , marques d opulence dom on les couvre qUe ,M ArmM "unľ "^ des vieux pays ^'AtJantique. Voici P^ "ct t Fj'?" **"* U traversée Ic^|C,'Man^eim0unaqu?piíeUSa,eSt'etSOndu' ,t garde de rendu ie olier. M *M'*oN 1 s0Uvent j'ai rencontre des gens qui ľavai Smais je n'ai pu le re,o«ndre. Prix de la Cai 1 ^»ntrionale : trente soles. 77 lent — connu !a carte de" 1 ^mérique _ ga ne sert á rien de se révolter, dit Madeleine h, . faisdumalpournen. »me. tu ie Assise sur le lit défait, ma soeur continue de par|er n t(iurIie. ,, regarde au-dehors. Une• noirceur dencre recouvľe |a baie. Aucune rurneur Aucun aboiement. Aucun clignote „,ent de lum.eres. Le v.de remplit le dedans et le dehors de ses mots. Mais en moi, une determination farouche Jlrai a la vie comme l'autre est allée á la mort, consentante, affamée ďéternité. Des années plus tard, Adelaide dit:« La mere de Madame aimait beaucoup le bleu.« Elle en parle comme dune chose inhabituelle. En été, á Saint-Michel, les alentours de la maison sont bleus. Ľherbe, ľeau, les pierres se colorent de cette couleur. Souvent méme, mes pensées et mes gestes sont bleus. Comme si, á certains moments, ľintensité de ľabsence dégradait le rouge des radiations solaires. 'ABOUT», le n'avais r.en écrit depuís trois (ours lorsque j'entend,s fatherine répéter qu'Adélafde devait abso umenl ouvrir |es fenětres de la chambre. Elle disaít vouloir se lever et descendre au iard.n cue.llir un bouquet de )onqu.Iles. Peut-etre était-elle devenue folie. Un h.ver á ŕmir. et je la suivais dans ľourlet de brume bordant le lac. J'avancais sans trop savoir oú ie posaií les pieds. Finalement, eile se dérobait. Elle avait pns les dřvants. légěre, confondue ä la silhouette de Marguerite Noel. i uglée par le soleil, je m'embourbaisdans les marécages, buvantľodeuracidedesplantesconfítes. Ä quoi me servaíent touš ces papiers. Rien ne m'aidait ä reconstituer cette histoire quiexigeait un rěajustement perpétuel des limites du corps. • Imagine? que vous dessinez les contours de votre corps sur I'herbe, et puis effacez-Ies ensuite., disait pendant la chaude Saison une monitrice de yoga d'un centre na turiste qui n'entendait pas montér les cris du fond de nos gorges traquées. Dans ma somnolence, je voyais Adelaide rammer la 'me.du chandelier qci léchait la are jaune par petita bnľľh UnAelancement 'ranspervait ma poitrine I'ouvrais la bronch« MS,,Ôt' Une ' ľair se< incendiai« mes travers! i ľľ ieSp,ration ^mbait. Une sorte de siřflemenl mUt mes levr»- Des larmes brůlaient mes ,00, Adébídľ depose "J5 uUeľrslacée' et la Peur- ch*I™ ' HmaíleřeJb SUr '" chen' nani* le PDP lľ! m™nt dire le coeur an,"t, VY . la tenetre fouettée d'un poudroiement C. ce grondement ébranlant le ventre de la terre tand.s sec ť json s'enfonce dans un enter blanc ""'im clou casse. Les murs craquent. La tempéte n0Us . „„. dans le néant de 1 hiver. Dans les veines, une coulee 1 noir. Cette nuit doit finir. )e souffre trop. de sang _ Madame a crié. Elle se sent plus mal ľ __ Qe n'est rien, Adelaide. Un cauchemar. Retournez v0uscoucher Adelaide est inquiéte. Elle sait que la mort frappe souvent u „or Touiours les mémes symptômes. Une toux séche, nivei - j^___,______jUgg^B IP I__________________________________ • dence- Quand je parcours ma vie dans les deux sens, la oirit au coeur, le souffle court, des crachements de sang, U rfois le délire. Ensuite, ľarrét final. Alitée depuis des et «' i'al l'impression de toucher un terme. De ressasser une memoire trouve, a cnaque extremitě, un corps sans age allonge dans un lit. Le reste est diversion, grande loi dévorante du feu sous les cendres. Mais je dure. On ne meurt pas aussi facilement quand on est une Trestler. «Vos gouttes, Madame», insiste Adelaide qui redoute mon silence. Elle attire mon attention sur la potion que je dois prendre aux trois heures, comme si les heures avaient encore de ľimportance. J'ai froid. Les braises refroidissent. L'hiver est une saison dangereuse. Une saison maudite qui oblige á mesurer notre amour et notre lassitude de la vie. ]e la hais comme je hais tout ce qui nous fait toucher la fin des choses. Le fond de la memoire, sans raison ni refuge. Ce hurlement du vent derriěre la řenétre, je 1 entenda., déjá ä six, cinq, ou peut-étre merne deux ans. «a«-« Adelaide qui allait verifier si les crochets des chassis tenaiem bon quand la tempéte ravageait le ciel et la terre i tW -eile qui soufflait un peu de buee chaude sur la vitre rapet p. r«£s s,. teunaiJ dans le černe min,, perdaient les directions des champs et des routes ?SCü,*ou — Cest la tempěte noire, Madame. On n'v ^fl route doit étre compiétement fermée. Vo,t rien . Rassure-toi, Adelaide, ce sera ma derniére les surfaces ti.' ' ^^^^^^^^^^^^^ trouvent ni ac Aucun trou par oú mes forces pourraient fUir ~-Iir"rUre. palpe le matelas. Je louche les surfaces tiedierpar?a'nte Jo du corps. Mes doigts ne trouvent ni accroc, ni d*'k^'01"' Aucun trou par oú mes forces pourraient fUir ri"> pleine longueur et une pleine largeur donnant iT** Ur,e exacte de ma solitude. Vaudreuil dort. Je q,,;. "^Ur* ■ .111 i ' s,u|s Un «_. minuscu le de a douleur du monde. J'apprends '^ P°'nt mproviste. Quelle chance. On ne me prendra pas á I'jmn^..:.. moUrir Dans un réve rérenř io ~. ^esulsretr0uvé a d'dariSU,SSeníÍe mt?nacée '»"que «H«« qui ento rent Ít T' P,°ngée dans «es eaux P* á* röche. Lad," öS! 'Č***' noir d™» «es I5£ä^K1^í^v aimé Éléazar'son ter^Cľ:ľ,0Ursdexc entľ'ľStabsentL-«-^ 'rouv',1 ľ Vai,d*ii-Lelľn'P etextesPours'absen-onte -'t maison vi^Sf em?in- en entrant chez »te/aľs t?' Vers 'e ' !" ***■ " decouch.it ant de violents c me rou,ai Par terre, mS CouPs de püing sur |e S0NTRE5TLER r .„ite, pour exorciser le mal, seule dans 1* k. , Eí outes les horloges s'étaien, arrété s^í" dé5er ne plus en plus vite. De plus en plus sautľľ * ' ,5m.nt. Avais-je déjä parle dt^^ÄT!; friere bleue de la v.tre panoranuque qui me sé'\ I- du dehors tout eta,, s, present et si denľe Ôut Crégnait si totalement le corps, devenu plaie ouverte q« |2 mots échouaient a degager un sens qui pút me sauver Pendant quinze jours je tournai en rond. incapable j'oublier, de me fixer, de penser, de manger. Le doss,er Trestler trainait sur la moquette poussiéreuse. )e n'y touchais lus Absente, délirant doucement, je regardais la brume se ľ mer sur le ruisseau immobile découpé par la fenétre. Ä la fin, la maison était secouée ďun cri. — Monsieur n'est pas rentré ? _ Non madame, c'est encore la nuit noire. 11 faut patien- ter. Patienter. Attendre. 11 est trop tard pour m'y mettre. ]e n'en ai jamais été capable. Adelaide se dirige vers la commode d'ou eile tire une cassette. Le couvercle cede. )e tournela téte comme eile m'ordonnait de le faire, enfant, lorsqu'elle s'ap-prétait ä déposer un bonbon au miel sur ma langue. Une piece de c.nq shillings glisse entre mes doigts La paume frémit au contact du metal. Je serre le po.ng. Mes yeux s'ouvrent. - Cinq shillings, dit Eva, aprěs une quinte de toux.qui ľa fait ptfir. C'est tout ce qu'il a laisse a ses deux Wies. Catherine ne le lui a jamais pardonne. V Ill L es mots mentent. Parier ne sert a rien. „,rě rap.rs">. un creux enorme cm |e souKai.era.s de« odeur acre qui m'attire et me repugne. Je ne sa.s lequel de mes parents a glissé le premier dans cet enfoncement et y a entrainé ľautr. Je ne saura, pas.non plus pourquoi des filles sont sort.es du £«£«*££ garcons du second. Adelaide évite mes quest.on- Sdenaeuse eile tape le matelas, en rabat les b^Sf[^X^eet draps et les couvertures. puis tire la lourde «tatogne ľépais couvre-pieds. Ses gestes sont surs. Je m ecarte. no pensons la méme chose. Dans la soirée, la femme de pere portera^«no.re fumante ä la chambre, et ses jupes degage'ont une odeu roussi. - Éloignez-vous ., d.ra-t-elle comme,J^ désastre. Le lendemain. je retrouvera. e WU«J« pére et .maginerai le p.re. Pere et mere soudes 1 u, - ; ut mere coulés dans un sommeil de plomb. Soouneu Force des tout-puissant^ ie défeste ce li, ses S« *"*■ /e d«'esťe I "" cherrí« ai„_._. .au.tre' n*> frouv^n» _ /.e k f uis ^n ÉÍÄS*«* de fife Plat n ar:COtsetleL? řa'raie"t á Ia °ľ UreS' Adé,aí* Panter p?au-de-vie. ís'r Ct0r '«"r ser^ ddns de'"ges dé-"l -entedSaVais que KS*5 -»t^2' * «*ieuíes i rnarmite, le niiroir, ou la piěce de verroterie cüUteaUp auite des palabres souvraient. La voix ďHectoi ,-édée- . *||c jes vendeurs acharnés á défendre, auprěs du cotivrait c ^ ^. servait ďinterprěte, la marchandise dont ca0Xe% apporté des échantillons. Ces soyeuses peaux de '' aVal de vison. de loutre, de renard et de rat musqué qui [?r't |e lendemain marquees, exposées dans la voůte ^vendues jusqu'á vingt-cinq livres piěce. Dans ľobscurité, j'écoutais une double musique. Celle de i cour, lancée dans un brouhaha qui couvrait par moments l'éclatetnent sonore du rythme. Et cette autre, plus douce et lointaine, dont la lenteur enveloppait le corps et se répandait dans l'attente. Le bruit du tam-tam couvrait le chichiguan, crécelle fabriquée á méme la carapace ďune tortue évidée, polie, fixée ä un baton, dont je connaissais le mécanisme depuis que j'en avais trouvé une, abimée, dans la cour. On suspendait périodiquement le battement de ľinstrument, et filtraient alors le chant de la flute et la modulation des voix, ces cris de femmes laissées seules sur ľile tandis qu'ici les hommes dansaient, pariaient, appuyaient le traiteur qui fixait les prix rabattus par mon pere. Ce ceremonial de la traite effrayait et fascinait les gens du village. Les activités qui se déroulaient entre ľile Cavendish et notre maison restaient pour eux un mystěre. Ils inventaient des histoires. Us propageaient des rumeurs qui me troublaient parfois. On racontait qu'un esprit indien avait élu domicile dans notre cave depuis une certaine attaque anglaise dont on échouait á préciser la date. Blessé, il aurait été transporte á ľintérieur, pansé, soigné, et aurait promis, sur son lit de mort, assistance et protection aux propriétaires. Tourmentée par ces dires, je ne savais ce qui lit réellement passe sous notre toit et ailleurs. Je ne connaissais de l'histoire indienne que son côté cannibale, côté cruel et grotesque que nos livres et journaux étalaient Hec excěsj^^^^^^^^^^^^^^^H Pendant toute la durée du troc, Mar,e-An.ne.r(;U|es tenait á ľintérieur, laissant les hommes conduirc>e bérations, faire les mises, ofŕrir les barriques d eau-a ^ enfiévraient ľesprit des vendeurs. Bientot, le H^ eurřaient le grav,. claquement de '^ s«-»iv; -ment des tam-rams cessaií OueIque Cn "'«ins, ps < '"venter moi-méme les bras, le regard et le souffle •R,.. Madetáner npsse fige au b0i i "^ l ela fait du bruit. L'épouse j n°*ye la sortu' perenoÜV \ dus n'auriez pas dů les amener ici. i ŕemme tue Marguerite Noél pour | a «ntiér [e retire brusquement ma main de la sienne. J-a V-?01* fois baine. Miile coups durcissent mon poignet. á8e de |' Dehors, le soleil blesse. Hurler ferait du bien est mortel. (e !e reserve pour la nuit. mais ce Jeu - Madame se sent plus mal ? Je cherche mon souffle. Cette nuit est jnt Adelaide s'approche, inquiěte. Elle place sa chandľl^ľ3^-mesyeux. "e uevant - Vous avez crié si fort. - Encore cescauchemars. Ca ne finit pas. - II faut dormir encore, Madame «"'■*™£ Z°Zmé'Allongéedansu be! i0" »"i» pour ieter „„„;" IrrTpant de '™Ps á autre *""'»*. )e ,w* bfp dans la cheminée ú ac ESA'les mains étalées sur ses gen. ""'" uncieu9e. Rien á souhaiter. En ce moment, les 5 bouche w ^e monde s'ouvre, lumineux, souverain. ' „* BU"iSf" g [e toucher, n>»us incruster dans sa lenteur, pourr - ,us vouioir revenir aux choses étroites „ » heaUte, ei r . ,_ ________________i i. ,.__«._,.!__ da«15' , je cette piece. Ma sceur comprend la tentation, it* ďun tel désir. Elle dit: - Cest inimaginable-. ., déjá tout imagine. L'impossible presence, ľimpossible ... |a grande brúlure du corps et de ľesprit. lei, se brise ľ e connivence. Je vais au plus fort du besoin, dans le vif j la dévoration. Ma sceur reste en surface. Elle n'emprunte a les chemins doux, pouvant feindre l'absence et la qlie.ile p0ur étre tranquille. C'est sa maniere. On n'y peut . Nous ne nous ressemblons que dans cette capacité ďajuster nos réves a la couleur du jour. Le soleil se rétrécit. Le fond de la baie tourne au vert, puis au gris- Une minute de plus, et les arbres glissent dans ľeau du lac. Le ciel et la terre ne font plus qu'une seule tache noire sous le regard. Le monde se resserre. C'est fini. Nous fermons la fenétre. Je retourne á la chambre dangereuse. Les chauves-souris sont revenues. Elles volent en rasant les poutres. «Dors, dit ma sceur, elles ne nous veulent aucun mal.» Mais je vois les tournoiements sinistres. Mais j'entends bouger les ombres. Cette fois encore, je devrai affronter seule ma terreur. Les parents n'y sont pour rien ni pour personne. lis dorment, aveugles, souverains. Un jour, ils apprennent que les chauves-souris se multiplient, que le grenier en est infesté. II faudra les déloger, Marie-Anne Curtius en a apercu une ce matin. Alors pere a cette idée. Ä la nuit tombante, il part vers la forét avec Hector et en rapporte un hibou qu'il dépose, pieds liés, sur la table de la cuisine. Mes frěres accourent. Dos rond, panachures rabattues, ľanimal se renfrogne. J'observe son front couvert ďaigrettes, ses ioues cerclées de brun. Nous attendons la suite. Quelques gloussements, un sifflement chuintant suivi un hou-hou sinistre, et il prend son élan. La chasse commence. Pere gardera le híbou. Les nuits me . íf« »« matin, mes fré Qeviend battues et les portent dan, "Wľ re au fardin. Nous voyons déř.Ier |es béte Une fo$» Je regard Imperturbable de pere qU, ne s ^audj, e instant, i nous en masquer la vue. Se Pas, „s Pour échappei íat, j'apprends á me ten' mal. /e reins ľi n difference, le dětachement li'' au'delj >nt. - Elle n'a pas de cceur.. Ä douze ans, 1 evasi S ^ p,a'- '-une épine en tra'verľ>a e menager des rpř,./ de 'a seul insta du gnent.'Ellen'a pas de cceur». Ä planche de salut. J'avance en áge langue. Mais i'ai appris l'art de m •"'uges. Aprés le dejeuner, je quitte la maison par |a service avant qu'ils ne m'astreignent á d'ennuyen P°rte de ■s\nc !o rntirc *an nnrnnro (in ,-k«« .* I I - _ . ' r ~* OCrii m bien-ětre famUier. Un vent léger me caresse les bras et |es épaules. Autour de moi, Je silence est trop immense pour étreabsorbé d'un seul coup. La téte me tourne. Je m'immo-bilise, scrutant l'amas de tiges, de feuüies et de mouches qui s'agitent devant mes yeux. )e m'accorde le temps de saisir la rondeur des choses, l'epaisseurde J'instant, puis je reprends ma course et, lorsque j'ai épuisé mes forces, je m'étends ä plat ventre, jambes écartées, uneoreille collée au sol. J'entends aussitôt battrele pouls du monde. Un battement egal et continu qui englobe l'Amérique, continent découvert par hasard au huitiěme jour de la semaine sur la route de l'encens, des soieries et des epices. Je sais. ]e n'ai rien vu, mais j'ai beaucoup recite par coeur. Cette terre, la seule que je connaisse, je ľélargis chaque jour au-dedans de mon corps. Ces lieux clos, j'en , ce les,bornes a"-delä de leurs dires. . Une ŕille bien ne Pas de danse quand cest defendu par ľévéque. Ma a"t, tu ne sais rien faire de tes dix doigts, ^o.s-tutrouvermarUainéantecommetuesN choSľraaapanreenRcherche pas encore- En ce moment, autre vegetal. offerteinS pIatS' téte renversée, je prends un chaleur ramoJIit mon^ S°leÍ' qU' me ravaSe ,a peaU' U mes pea u. cuisses. J eprouve des s pes joies puissantes. Une coulee d'instinct .„..itions for du corps je me retiens Je bouger. J'apprends ^•i>H,li,leSCrr simple contact. J'apprends ä aimer dans la lAairef P. » dé!nXn du geste. Trestler est loin, lei, )e peux en reconstituer les La '"''l^'",,,, w- n [Js louloirs sans m'y blesser. Me vi .I'""'"1"' ^"corínable, capable d'admettre que joie et douleur ' r!ccuper un méme point de chair. Mes narines puissent ° \me épicé des touffes d'anis que je mordille. ľ'vts pressent les tiges de pousses juteuses d'ou j^jes doig e eau verte_ La vie est si enorme qu'elle me rejoint s'écoule p|us tard, lorsque je me lěve, le regard brouillé, detous p coves et de parfums d'humus, le bonheur me iniprégnee parait aise. Marie-Anne Curtius me voit venir, décoiffée, les bras charges de bouquets. Elle fronce les sourcils. Tant de désordre ľindispose. — Mais oü es-tu encore allée courir? Va vite te peigner avant que ton pere arrive. Je file ä la cuisine oú je trouve Adelaide, ľodeur de pain, de ragout, de soupe bouillante. Aussi Madeleine et son regard triste qui me reproche d'etre disparue sans eile. Complice oublieuse, řille égoiste, je suis tout cela. Mais console-toi, ma sceur, demain nous nous raconterons nos réves. Ton promis sera blond et tendre, il aura des mains fines et des gestes lents. Le mien sera brun, plutôt vif, et cela m'est égal qu'il porte ou non la moustache et se taille ou non les favoris. Au fil des jours, nous corrigeons les traits, rajoutons un detail, précisons un souhait. Nous avancons parfois des noms, mais nous nous rendons rarement jusqu'au mariage, préférant nous attarder aux presentations, aux rencontres, ces 8a'anteries et attentions qui nourrissent nos entretiens sans en presser le denouement. "*"**!* * COrp,S mú"sSent abondant et épa,s coule entre mes S -re, transparent Nous COrnCD>.. Cf nt de sa poitrine. hés£>*- aü par ja.- —;■■ — k--» '^outable. Pn'"^ Ce/« lui paralt redoutabfe8 ^ lorsqu eile entend les femmesécP;en E5»fidenr •ctumes. urs „ u flou de la memoire. Au-delä, un paysage oü SurbP^1 ''.J :Lille issues possibles. La vieiüe ma.son le regard *;«"" de pius en plus sou T V ne sa.splusMU.; , a parle. Je ne ,1,, Al -i peurs. Qu, succombe a ■* plU^q ňíaíľr et á ľhorreur du sang. Qu, de Catherme ľ-,,tra" U fiction du reel, ou extrait le reel de ['imaginäre. ou moi,tire ' , ...nt L étage des chambres se rétrécit. Un ^vTuvoiľdu Pére,et cet étonnement, proche de la fupéíacfion,surle visage de ľalnée. _ Les tissus ďlrlande sont arrives. Hector vous aviserez les autorités du port qu'il nous faut un dedouanement rapide. — Bien, monsieur. Marie-Anne Curtius soupire. Une corvée Mattend. ) 1. Trestler a decide ďhabiller ses filles en prév.s.on du the qu'ils prendront, á l'occasion du dix-septiěme anniversaire de Madeleine, chez le seigneur de Lotbiniěre et sa dame Na encore recu aucune demande en manage acceptable des bourgeois attendus, il croit pouvoir bénéřicier de I inHuence de son débiteur pour caser son ainée. Ľessentiel de I artaire est regle. II a fixe le montant de la dot qu'il ajustei moment venu, aux titres et mérites du prétendant. ^^^M '; ''"-O.V rnr,. ii termine Une garde-robe com . du :. maiSon initiale brode, aj.....»e, ■ „,'ádélurer certe adolescente rimide, surf i«>a ' " n,. srSSS-2 --—"■de sesih"'"-«T&r m'a I.MlIOUrS prcchc a mnJ____ a ' Curtius, qui m'a tou/ours préché" I., modestie *'f enue. s'y prend différemment a vec Madeleine, l'incita™ ! lerhaul. .i lever la (rte et .i regarder les gens Pn face I| i a řešte une semaine pour accomplice miracle souhaité, rend'1" celte řille presentable, développer chez eile l'aisance d langage et du maintien qui donnerait á ses maladress " lapparence de la vertu. Grand-mere Curtius, qu, habite ľ maison depuis son veuvage, l'assiste dans cette besogne. * - Répéte. Je suis heureuse, monsieur, de faire vot connaissance. Mon páre m'a souvent parle de vous. Madeleine bafouille. On l'entend mal. — Répéte encore. — Je suis heureuse, monsieur... - Plus fort, et ouvre un peu plus la bouche. Mere s'occupe du maintien, le point fort de sa personne ren^e""' * "'" ^ '* ^"^ S°ľS '" "- « HSa;:t^tn'lebusteetroiUesre,ns^rs- Sar(onnevoúdrľdelíe ""* PerSUadées ^UCUn ^^éz::zvurvT,e port de téte-Et mante. inon on te Prendra pour une commu- ^'endaľtVnľuTntprtľf6' 0u3nd "<>«* -vions de Wtr^Ä JJŕret ,es řausses M-ddSJÍ* MaiS "*■ qu ontÍr0í,ejraÍt SanS affeC- ** «2* S dü -nde'ut0 e^6 '"7/°"™ da'lumer|edé j řemme elegante, i^^^^^H esir des hommes et de les 95 aen> leur fortun« et leur destin sur ďenviable* faire e 4 neu T'emploierai ma discretion á fair , mou - te? Ľ soeur, affichant ainsi ma pos.t.on d ÍÄ bt"U,tefáľa f iTe amarier. Cheveux noués sur la reÄpa«-rapP?r „orte parait-il au bal clu gouverneur. c^etteľ.^e on'« LL ;outuriěre qui achěve ďajuster nos ^Trľcdevant la coutunere qu. «.«». ~ -,-nous pardon' ^ Madeieine une robe en soie verte, !geíV p cape de méme ton, qui ravivera 1 eclat de ses " A ses cheveux. Pour moi, un ocre terne, soleil etj- Sdans lequel je me noie, couverte dun manteau imbibe a eau ^ ^ reveille le teint päle de ma sceur. On de serge "J13 njssement dp ma peau ja noirceur de ma aCcentue le tignasse. _ Tournez. C'est ca. Plus lentement. le pivote. Madeleine se retourne. Nos regards se croisent. Nous sommes raides, désaccordées. Mere triomphe. Elle oit son ceuvre achevée, mais grand-mere lui souffle ä ľoreille: «C'est sa měře toute crachée. Avec une poitrine aussi plate, une croupe aussi mince, personne ne la croira capable de faire des enfants. Et l'autre, solide et carrée comme son pere, eile paraít presque trop forte. Cette couleur jure!> Marie-Anne Curtius hausse les épaules. Elle pousse sesdeux filles au mariage. Elle se lave les mains du reste. Plus ľéchéance approche, plus ma sceur se sent impuis-sante á combler leurs voeux. Elle craint de contrarier grand-mere, d'irriter Marie-Anne Curtius, de décevoir pere. Sa páleur s'accentue. Elle est convaincue qu'elle échouera á se line remarques Je la persuade du contraire, soulignant ľovale de son visage, la perfection de ses yeux, de ses mains, de ses gestes. Elle sous-estime ses charmes. On lui a toujours donne mere comme modele de féminité, sa carrure de remme forte, son avidité besogneuse. se ulVeí'e' e"e eSt fiévreuse. Elle a les traits plombés. Elle amente. osant confesser quelle refusera ďaller á ce thé. «helée Dľ'ter SV0be- ,e paSSe a SOn COU la chaine en or d's qu'elle rfere n "" grand biÍout'er de Montreal. Je lui '"celie, que touš les hommes presents chez le ■ MAM,., ,„ ,eurde letna aUtrement • Lo.bm.ěre s'agenouUleront á ses pieds P0Ur . , i ,„ du seigneur de Vaudreui!, les lustres tuen» T/ " heures Assise pres de la fenétre, je regarded leS0,eÍ\de ädeUiers longe la propriété. Plus pres, ^ ,ard.n_ Ln ma hemeS et de zinnias s egrěne sur |a pla,e"baľ n^Nous sommes á la fin d'octobre. Le jardinier pelouse taneéranium dans des pots de grés qu'ü rePiqU^r sous la veranda pour les protéger du gel. Les '"T Lt dans la bouche au lieu d'etre prononcés. Je suis Lie« dans cette piece que la tombee du ,our obscurcit. Ne pouvant m evader plus iongtemps á ľextérieur sans blesser les convenances, je rabats les yen* sur la table et le piano. Marie-Anne Curtius, qui déteste mes bouquets, complimente Mme de Lotbiniére pour ses arrangements floraiix. lei, les fleurs n'ont plus ďodeur. Plus de vitalite. Elles sont des mots qui servent á meubler la conversation. Ľhôtesse, elegante, parfumée, porte une robe de soie marron au col montant et aux manches bouŕfantes. J'examine ses traits fins, son front haut, ses lévres bien tracées. Mon regard insiste. S'agit-il ďune beauté naturelle, ou de ľart '"Uber les crémes et les fards achetés á grand prix chez un parfumeur de la capitale ? Mme de Lotbiniére va deux ou trou fo.s lan á Québec oú eile se vaňte de frequenter une lit "(íinée'I«'* Montreal. Cette femme, qui a la ľeZTll T dUtaÍne et de Préřérer les 8ens de Pro" de ses devoirsThUXC°mmeríantS' s'accluitte admirablement »ntretient de l* U™**' E"e Cause afřaires avec pere qui ">» MnsdouteaS'||eCente d" PľÍX deS fo"rrures- " se de loutre dont w „„ arb°rait ľan dernier un manteau ^avaientétéachetéeschezlui. « se.gneur de l ml len,ement,commesi T,^ Parait plus efface. II parle ***** Phrase luidemandair un effort / 97 LER __ Vous ětes au couraní de la declaration A -r ,,rUe dans le Montreal Gazettt?demande-t-Uenřin "les Pere se raidit Les Tories perdent leur temps á acheter les seio „ .judraient se faire élire de leur côté. Cest i gneurs pařti canadien qui měně. qui vou< --. —«igneurs c°te. Cesttoujoursle _ Vous savez que le juge de Bonne a tenté de me f,i approcher en vue des prochaines elections ? e __ Vous, siéger comme Tory ? _ Je puis vous assurer qu'ils on t été mal recu5 n. veulent se gagner les seigneurs pour mieux dominer je Bas Canada, mais ils ont déjá le gouverneur, les fonctionnaires les marchands anglais. Cela suffit. - Les seigneurs perdent la tete, dit pere comme s'il ne s'adressait pas á ľun ďeux. — Ils ľont depuis Iongtemps perdue, rétorque M. de Lotbiniére en inclinant la sienne. Chacun sait qu'á l'As-semblée, ce sont maintenant nos avocats, nos médecins, nos marchands et méme des gens du commun qui siěgent et font du bruit. Pere ne reléve pas l'allusion. Certains jours, il prédit la chute des seigneurs dont il envie le prestige. II croit que ľavenir du peuple canadien repose sur ľarmée, qu'il estime insuffisante, et sur les marchands dont il deplore l'esprit de boutiquier et le peu de représentants ä la Chambre. U craint, pour sa part, que le prochain gouvernement ne favorise des orateurs qui se targuent de connaitre le grec et le latin sans rien comprendre aux affaires. Ä les entendre, je crois comprendre que I'argent occupe au parlement la place du sexe dans les ménages. Plus il s'y menage un role, et plus .1 doit rester cache. - Monsieur de Lotbiniére, vous pensez vraiment qu'il a de ľavenir, en politique, pour ceux de ma generation í Accaparée par la conversation, fascinée Pf^me de Lotbiniére et intimidée par le luxe de m,«JJ *£ maison, de ses meubles, j'ai á peine remarque les ■ Mil de 9'introduire dans le debat. Pere reo« ^impatience. Des gens de ,,,,„J^ J^lhaitTpourfilsoupourgendre^ais,0^ es eunes blancs-becs qui savent ,,„„-,,,>, do l,p:n dune peau de čas,/ ouvient ďavoir arpenté les rues d ^,,K,ri,.1T,defil,de.acetSs; ssemente, ^Tdľsca certe >;énéra«i0n mce comme allant de so,. Mepr.ser ľé|,t(, intellectuelle dont ,1 paie les serv.ces le console de ne pas en ětre. Lorsque M Je Valois, M. de Galt et M. de Chias son nous ont éte présentés, ils se sent inclines ionguement devant ma soeur. placée á droite de ľhôtesse, qui etait en droit ďattendre leurs honneurs. Or, eile n'a jamais paru aussi morne et effacée. Elle se tient le dos détaché du řauteuil, comme on Ie lui a enseigné, ses mains mollement étalées sur les accoudoirs. ée par une somnolence inquiéte. Elle répond ä peine aux questions posées, paraissant trouver la presence de ces jeunes Rens insupportable. Je déteste pour ma part leurs cheveux laqués, leurs doigts fins, leurs gestes étriqués. De toute leur vie, ils n'ont probablement jamais palpé I ecorce ďun bouleau, la peau ďun animal, le grain ďun bois. Se tenant constamment á la surface d'eux-mémes, ils saisissent dans les propos du seigneur et de sa dame de quoi nourrir leur ambition. Le reste leur indiffěre. M. de Valois respire la banalite. II surveille constamment ■ntien, dégageant le pli de son pantalon chaque fois qu.I cro.se la ,ambe. M. de Galt, le plus interessant de. loZes 21 ľ m0ÍnS fat' a la VOix 8"ve et assuree des -Tu ÜTJS'& ľ,ibat pro,on8é trahit'jl me compatible avecT mdependance «* de tranquillité peu 1«' mimposát suenľpT''" "' voudrais Pas ďun homme dune trop ,randpflľ(ma 'na,ÍS°n et mobliSeát' en une«nfam.M.deCh nCe áge' á lui °béir comme de sa formation d'off* 'e"fin'parait avo'r garde souvenir Jaerie :,ur U01 faut-il que des principes dedÜCa ^ Sľn'eLnd pas déroge,... trouvent .ub,££j S «'n question par une femme mfluenre ? iure vous plait aussi ? _ L histoire de ce pays m'intéresse. J'aime en connaitr(. Pere respire ďaise. Moins docile que Madeleine, mais p|Us habile et determinée, il se pourrait que je lui apporte hnalement plus de consolation et sache mettre ä contribution ľindépendance d'esprit qu'il me reproche. Les hois jeunes gen* me dévisagent, étonnés qu'une rille de négociant inapte de par son sexe á s'adonner au commerce ou ä Ia Vie militaire, puisse s'intéresser á ľhistoire. Ils réduisent probi blement celle-ci á ses batailles et traités de paix, et n'accordent sansdouted'intérétála femme instruite que dans la mesur le sert leurs ambitions. M. de Gait se plaint que y:eest menacéau parlement ä cause des recriminations milice locale qui s'estime insatisfaite du peu de credit qu'onlui accorde en haut lieu et exige un meilleur traitement tout au moms une reconnaissance plus nette. J^nVlt' P0Ur,raPPeler des s°"venirs de sa vie de S ein "'-ľ5 ' "í* ^ et ''"«"««ent massif, *« les our JIT' et Plř fesPrit- Si J'avais ce pere depart.IC du\ S*ri,[(aCÚe de ''aimer- Aprés notre '^ qu'i! ne L t ;8nAUr de Vaudre-' dira : . II est moins Paroledepuisnotrea ri> T"'' á qui elle n'a Pas adressé '" en formalise nul ľľ' "f Sera pas fait mention. Celle- *n ho^e d'une p7é«neľ ÍC,COmme,á-bas'e"^outient feirC;dl^dont elle connait le L ' CeS f'"- P ľn danS Sa Chair- D'éloigner au "k' ^ . s fr?86 »""enable, eľ de se f,ls' le coeur et la fortune de K'' 51«i'£ľ?rJBl»íla»e au piano, d.t soudain itdme au piano, ditsoud.iin rer les bonnes graces de MM/ISONTRESTLER __ Mais demandez plutôt ä ces jeunes fil|es Ä leur S elles ont certainement plus de temps que moi ä ccmsacrer'i U musique. Madeleine et moi ébauchons un vague signe de této jvant tenir lieu de remerc.ement poli. Pere doit convenir , notre éducat.on nous a b.en mal préparées á briller en :a.ó I pDOUse du seieneur de Vaudrpuil ™„ — , pou _^^ que notre----------- "T",;"",1"'1"""5 a Dri"er en societě. Ľepouse du seigneur de Vaudreuil me regarde avec insistance. Madame, a la ma.son Trestler les touches du piano, comme 1 or des coffres et ľargent, restent sous clef -z-----,aa cnnt intactes. Nos vertus et nos talents sont y,„..~, - ----------» íuus tiet. NoS reserves sont intactes. Nos vertus et nos talents sont caches. Depuis toujours, nos désirs et nos besoins nous sont dates par les clans Curtius et Trestler. Ne nous demandez done pas ďexprimer un élan du coeur ou une disposition d'esprit qui échappe á ľusage domestique. Les seuls chants que je connaisse, á part ceux de ľoffice dominical, sont les lieds que grand-mere chante á Páques en martelant vigou-reusement le clavier du piano-forte extorqué dun débiteur on faillite. Et cependant pere dit aimer la musique. Et cependant, á Noěl, il repete de vieux refrains allemands. Madame, la seule musique que je connais est le sifflement du vent dans les arbres, le chant des oiseaux, le grésillement des insectes, le pianotement de la pluie sur le toit. Je ne vous parlerai pas des cris du hibou ni du vol des chauves-souris. — Vraiment ? insiste-t-elle. — Vraiment. M. de Valois tire le tabouret et ouvre une partition comme s'il était un habitue de ce salon. Mme de Lotbiniere s'assoit, ferme un instant les yeux, et place ses doigts sur le clavier. Apres ces quelques secondes de silence, une musique s'éléve, liquide, presque végétale dans ses modulations, qui giisse vers des variations ďintensité. Je vois des touches moirées, des astres changeants sous les pierres effritees. La melodie se répand en coulees soyeuses qui réveillent en moi des souvenirs de bonheur. Je pense ä la fontai rocher bleu, au boisé bordant le chenal. ä son odeur de »eve, a ses creations mystérieuses, organiques. Je pense a r ces courses folles qui s> depuií ľautomne. sP^ce La musique sedéplace. allanl du glauque á la |„ •. — ■ ~u'oú je réve la vie. íusqu'oú j(, " ^^^^^■■ř 'e reve •nt me K- ces squ «WMg^^^^^^^^ ces emportements, cetteVoíie dév^'i" Ces manque vingt .ms pour connařtre les érnois j e-" Femmequi neconsulte pas les pages de la partition * Cette e. Paupiéres baissées, eile regarde au-deda ^ j'' 'ui rendant ave£ tout --on corps le mouvement de Ja m S e"e-•'"'"- "t, plus de bourgeois en visTt^T'}1 .y a plus ďété finissant, plus de bourgeois en visit nwieretdeprétendantsá séduire íl v a n ' p Us de ^^^^■■■^ une melodie ■ tire ses sons de mes veines. Les mains ŕrappent les touches, et le monde s'ouvr a un beau desordre, morts et vivants confondus D ans deterlent sur l'ivoire des paumes, ruissellement m "^ qu.rav.ve la resonance des cordes sur les tempest ™ 8'qUf multiplie. Des mj||iers de vies erouillont J ,' 6moi Se l-n.erpré.e don, le torse et les re nľľ" ' C°rps d* DesmilliersdeŕemmesmeraversenUtZT '" aCC°rds' naissanccs. leur, deuils leurs enLnľc I rac°n'ent leurs »leil leursmontéesde 1^S^Ü?-WUr^ sous 'e ř^:epSrtourépét--e'ie--centS KS emUe' habitée? Estěí!! " ™* ch-es qui lont ľ" 0U ,e ťompe. -e|e ! ř'de'e " sei«n*««- de enfoľ ,eU Se »«npér, Fl. "^ 5emb,e *gner. 2* "^ H °Ú e,,e avance ŕ f°UCheS- ^ '" suis m'^^'co'm1-8 se'8neur de , fu°rpS fiévreux< ,e :' avec |ene e trompe-t li Une fo™ialité sans ^te,er|'^eSeceqfUel «Me sPaCCOu'í »element avec cet et-fremissant_ couple se ^^^ de De'e a musique. V / 103 Elle se redresse. M. de Valois řerme \a partition ,indls que les deux autres invite, se JJJJjg«** pere s'approche «t li» ba.se la main. Elle sourit, pu s retuľ 5 son řauteu.l, paria.tement calme, parfaitem.rľt ďétacheeľ ľémotion qu. la bouleversa.t, ou paraissait la bouíeľ" quelques secondes plus tot. Ma memoire tranchefr ?aire la part du luxe oublier le faste des porce.aľnes £?Z du piano a queue, I apparat des tableaux, des étaiiw ľ velours. Je dois faire la part des choses. Apprendre L diľ tinguer le naturel du simulacre. 1S" Sur le visage de Madeleine, I'effarement. Elle s'efforce d faire bonne figure, mais je la vois ramassee sous ses paupiéres6 piégée dans le travesti de I'illusion maintenue. II eut mieux valu lui permettre ďavoir ses dix-sept ans en paix, seule derriěre nos murs. Ces jeunes gens sont ennuyeux, et aucun d'eux n'a l'intention de la prendre pour épouse. lis connaissent trop les usages pour se satisfaire dune fille qui rougit pour un rien. — Vous devriez leur faire donner des lecons de piano, insiste Mme Lotbiniěre qui n'est pas dupe. Je pourrais vous recommander un maitre de musique qui fait des merveilles. — Je vous en suis ďavance reconnaissant, répond pere qui n'en fera sans doute rien. Ľépouse du seigneur de Vaudreuil se verse une derniěre tasse de thé. L evénement est consommé. Nous devons prendre congé. Pour moi, ľimprévisible a eu lieu. Pour ma soeur, la rencontre espérée ne s'est pas produite. Les jeunes gens s'effacent derriěre leurs hôtes. Je regarde le jardin une derniěre fois. II est noir, dévoré par la forét. La nuit tombe plus tôt ici qu'á la maison Trestler. Sur le seuil, Mme de Lotbiniěre me retient. — Quel age avez-vous ? — Bientôt seize ans, madame. Elle pose sur moi un regard étrange, n'ajoutant rien. ans la berlině, pere estime que cette marque ^attention aUrait du a'ler ä Madeleine. Marie-Anne Curtius lui rappelle connudetous, I Měres« ta.t, heureiise de revenir á Sa/r,v°le. ses meubles, ^ son univers simple et solide. ais°r,,é' Pprc se renfroc.nc Jans un silence bourru <; ■ oeuret moi. Au cours de cette ^^tan, de ,| nous .1 grarifíées de plus de civilités et de mots • PtS que pendant une année entiěre á la maison Tr a'5T,at>Ies voiture contourne la baie et remonte le chemirt Tr ľ*' ^ rmale reprend son cours. Adelaide ouvre la e er- La pitation et nous accueille en faisant grand* 3Vec Derriére eile, se trou ve grand-měre. - Et alors ■ - Elles se sont b,en tenues, répond simplement sa fill Les lours suivants, la maison me pa rait triste M ■ s efforts. Aux repas, il nous adresse queloueľJ^ m, une facon d'encourager les progres que nous snm "" censeesfa.redanslerafferm^sementdumaLtiene Iv"1"165 l^P^^eleT^'JLqUe "i'6 nOUVe,Ie 8é"é- *'•*»»*ideale. IIdoľelalen" 'ľ ^ľ Curtius''« Attributs onTí de m*urs iibref n J"' **" *ue ces Canadiens Ä"0*-* 1«e eu s" be '^ déV°tÍOnS «UÍ bien n' ',dans '« question/ beUVenes et sauteries, fÄSi&ŕ ^"ÄTŕ1 exi8encľ du „.„■ Ur fortune on A ' ,eur arnve de '^ÄJ* ^ laC n cr,SqUer leur situation *deS^rsaZsPar!°IS entendre, ä mots Cdn,^Vtem nSambl8^. reteS0-^eé?SOľOub^Marie- I M^e ehGrand-měresemontre h '« devoL ľ"6' Nous -ivons plus ----------e mUsicí"e vien?/10"5 découvrir des deux fois la semaine „uS donner des lecons de piano. II dit que Madeleine a des etudes et connaít 1 art des nuances, mais it se plamt de La manque de patience. Je voudrais tout de suite la musique entiěre, parfa.te, -.mme celle que j'ai entendue l,n5 le salon des I otbin.ere. Les gammes et 1« , 1'exaspěrent. Je leur prefere les excursions en forét, méme ľi je dois maintenant les espacer pour laisser croire que je me range- Pour laisser dire que je consens á devenir une jeune fille convenable. Une fille mariable, aussitôt ľavenir de sa soeur assure. Méme si Madeleine et moi ne devions jamais maitriser ces serenades auxquelles mere prefere les lugubres. D.-profundi* et Kyrií Eleison des offices religieux, nous profitons de ces lecons. Aprěs le dejeuner, nous quittons la salle á manger et pénétrons dans la grand-salle dont nous ouvrons |es volets afin ďen chasser les odeurs ranees. Silencieuses, nous contemplons le lac qui borde la piece sur deux côtés. Certains jours, il est couvert de brouillard. )e quitte alors la fenétre pour le piano, laissant mes doigts toucher les notes au hasard, me contentant ďéparpiller un bruit de fond couvert par les exercices réguliers de ma sceur. Dans ces moments, je me plais ä imaginer que je suis courtisée, qu'un homme me fait des declarations et va jusqu'á demander ma main. Yeux fermés, je m'abandonne ä la melodie comme le faisait Mme de Lotbiniěre le jour de sa reception. Mais les cinq notes que je connais supportent une bien courte passion. Et rien en moi ne s'apparente au charme éclatant, raffiné, de cette femme. Trés tôt, je renonce. En décembre, Madeleine peut jouer des airs de Noěl en partition abrégée. Elle a perdu un peu de sa retenue et de sa timidité. J'ai recu mon premier bijou, une chaine en or otferte par pere Puisqu'il a deux filles ä marier, autant les revétir toutes deux des marques ďopulence susceptibles ďattirer des prétendants bien nantis. Trois mois passent. Ä la mi-caréme, ni M. de Valois. m M. de Galt, ni M. de Chiasson ne se sont manifest, aucun ďeux n'a exprimé le désir d'etre recu sous tiotn Pere reconnait avoir eu tort de miset sur M et Mme de Loth- , nepeut se fiei au* ,,.,,, . i Hectoi qui parrage Ce( ""e. Un éfre * ;P^ et du 109 plenitude ďexistence qu'une seule vie et une seule mort ne sauraient satisfaire. Ľombre de Catherine qui rode dans cette piece est plus que ľombre de Catherine. Et cette cheminée de pierre renvoie ä d'autres feux, d'autres pierres, d'autres drames, d'autres maisons. Cette nuit, j'entendais tousser E\ travers rnon sommeil, et j'avais la certitude que Benjamin ,iit pas rentré, que Catherine avait d é já souffert d'une m.iladie respiratoire dans des circonstances analogues, que ma santé s'en trouvait affectée. Je täte ma gorge. Des ganglions roulent sous mes doigts. A mon retour, Stefan Ju ,i que ie commence la dix-neuviéme grippe de la saison. — Y, bien Jo: I va est habillée, coiffée Elle a déjá déjeuné, mais eile iiv bols ľassurance-vie et me rabáchait les charmes de la poupe* parlante, grandeur nature, qu'il m'offrirait un par I* ni vis jamais. II mourut ďunc cirrhose, s« testamen personne n'eut á se remémorer ses bienl f, řouleřt« me demuha cent quaue-v,„sl-neur dollars. D: ,,-heterun v.eux piano table, long comme un corbi||ard oú i'écorchai allegrement Beethoven et Mozart avant qu„ „ment lilie aboutir á I'Auberge du Portage, vendu par ma mere au double du pnx COÚtanť apres mon depart poUr |a capital?. Cetait ľannéedu Blue Tango. On aimait le son de ole i laccord. i n avail fait son deuil. Vis-á-vis de la France, nous resterions la branche bátarde d'Amérique. Des provinciaux pourvus de grands espaces, de grandes ŕoréts, qui difŕéren-ciaient á peine la Cuvée des Patriotes dune fine champagne. Des parvenus nantis de ressources naturelles, équipés de grosses voitures, de vétements perma press et de technologie américaine. Une neige fine couvre les carreaux de la porte-řenétre de la cuisine. La lumiére oblique du matin déplace le jardin vers lest. Derriére la table, le grés de Potsdam étincelie, ravivant les reflets rouges des tuiles du parquet. Eva achěve son café. -nee est bon. Jaime cette lenteur des gestes dans la lournée commencante. usétesdecue? renľonlUn "ľ" °" soulwitait des échanges, une vraie Muleprotocole l'a empörte. •us recommenceriez ľexpérience ? - Súrement pas. EMě ajoutait ■ M rpüuMecril'.q de n'dvait Pas' "more des Parrnnc .u^.ccj.,. "5 ■ ée de briques roses. Au commencement la «ar lj chernae et puis Dieu créa par sa parole la lumiére, et terre était vi > ^ ^ poissons et les oiseaux. Au septiěme le jour e» la «^ótnme, et le monde prit corps, et ľhistoire '' Crea. Et la neige ? • — • La neige .ms-,,! . tranchait ma comnieni;a' " jurant sur le grand livre illustre oú les orteils " K'ľtrouaient la nappe du banquet de la derniěre Cěne. Perdu dans l'infiniment grand et 1'inřiniment petit des temps insaisissables, le huitiéme jour d'Amérique ne figurait pas au calendrier des rituels inter-gouvemementaux. Sur cette terre abandonnéť, ľinsolite était ľultime compensation. En deux jours, le dignitaire francais avait appris de lui-méme, sinon de son garde du corps, que le Québec reven-diquait un statut particulier tant á la Chambre des communes qu'á table ou dans la chambre á coucher. — Du vin de bleuets comme aperitif, imaginez. — Vous exagérez. — Comme sirop pour la toux, on ne fait pas mieuv \ ous avez dů mal comprendre. On parle ici la langue un tort accent. - Et alors, vous croyez que je ne sais plus goüter ľ Monsieur B réprimait un mouvement ďimpatience. On •ui parlait apéro, savane et bleuets quand, de ľextréme forét 'oréale jusqu'au fleuve, s'étalait un univers glacé balis POteaux de telephone et de pylônes de haute tension. U en súr. Leur salut viendrait par ľéleetricité, pétrole blane I|0 "MA>SONTREsTLBi ■biter pres du póle Nord StÄs.Labaie/amesenéta.tun. avaj, . il enlevait sa veste, dégrafait la boucle de Sa ' !*,i,ít sur le lit dont il ne prenait pas la peine 1 Í3as Heureux de se délester de son carcan ,er ľliľi re*ardai. sa montre et soupirait ďaise. Á jtommePubl. , - « d,jeuner Crojssant, baguetteef ! ISľe le Travail, les paperasses, le bureau, |es ££ de Presse. H reŕusait de penser a celie du lÄT-ÍÄ--' «f aVanSenPtr éVÍteľ de Se Jompromettre ou de heurter leurs senhments. ||, mettaient, dans ce désir detre nommés par la France, ,é des sourds-muets á voir bouger les lévres des statues. Le lignage maternel sauvegardé depuis la conquéte anglaise satisŕaisait le coeur sans délivrer de passeport pour Hon« Unies. Cela indiquait ľorígine. Cela ŕormait un bel ilot matriciel oú croupir le reste de ses jours. Mais ire de l'Occident était patriarcale, et Monsieur B était condamné á trahir la fonction paternelle. II jouait au touriste, au pere prodigue, ou méme au préfet de discipline, il refusait de legitimer ľalliance proposée. II les interpellait pour mieux les renvoyer á ľanonymat des parentés lointames avec lesquelles on ressuscite la réte sans partager les privileges successoraux. ' jpports avec ses hôtes auraient été neutřes, epgesde touteaffectivité. Ici, on ľaccablait ďamour. Mais, grate au decalage horaire qui donnait á l'Amérique six heu«, d. retard sur l'Eurcpe, íl p0uvait enŕin commence." sa ogédetu"ľd^r,ddnS le nirván* d« politidens. prendre s^pmtZTuŕZfTT'des quere,les-oublier ,es '"'^^lapreľseaľlľ ľ ""ľ* ^ S°n paSSag£?-- un chef ďŕnt í Phoneab°y^'tcommechaque «■ attendait ľi ^ áéh"<\"** a Montreal. A ui,'''ncurie nľair| lUÍ.,permettrait de crier au ..,,......•»-«*—.....** '"Au »"»' un ripe u. uans U P»ycM h» "«"' fa«. u- homme ° , ... sur la place publique. ,1 ava.t U ,ru hátivement ' h,st0,reJrÄ lui peser.« Vous avez vu S" Ce voyage J-— ' ta lu^ ? ^ hacho>r á tabac d un stylet* P soupesé j. t U,oré son hôte dans lapresrn^r ^ ^^ ^ Se/cľSetty1ear?oeurmyentaľt l'Amériaue autant que sa recherche ďidentite. TREST *f« me rail traverser un etroit boudoir dont Jes tons H bleu wren« ••> 'ans la dem.-obscumé. J'y VoJS J „We servant d'ecritoire, une cha.se des l.vres, un fduf n „, „in Je lecture., d.t-elle, en passant rap , m. Elle ouvre une porte. Nous sommes dans Ia chambre maitres Celte piece spacieuse semble chevaucher le corps A bátiment et une piece de ľaile construite aprěs coup du cor i.inche du parquet, plus i 'troite et enřoncée qUe | ? roire qu'une cloison avait pu séparer cett* ju\ deux tiers. Eva en déduit que nous nous trouvons dans I'ancienne chambre des parents oü trônait le |if • quenouilles mentionné dans le premier inventaire. Je regarde les rideaux blancs, leurs embrasses pendant ■•.-nitres, le large meuble forme des lits jumeaux réunis et ma pensée se tige, impuissante á reconstituer ľimaee d Trestlerou celie de leur rille Catherine, je devrai recourir 1 une v.eille as.uce. Cagner du temps. Me laisser distraire par le lustre a huit chandelles, le crépi des murs, la proximitVdu jrAaOu encore compter les brins de neige ou oublľe qu f'rr-iT^ecSrirr3--" ĽaustéritédeceKe«- aece»eplecernerejoJnt SurlaroutedeCi« ■ Sfl f *«« ftS*? d'Une ťh"mbre mansardée. Ch ' 'dredi sa Iľ de survivance. Le petit lésus -'Ua^^ébecenT^ rľ"1^6 en 1492" Saint-AleJnľ , Sdlnt-Pascal i'k u mon Pére «* né á ...[■' ^"eledeuxiéme rang de ■ ka'^re minable ďou je veux .NTRESTLER ^ ■enfuir pour émi ville dans des !,,s chauffés des nbľ< Zaires, et des aprěs-m.d libres. je veux pre„ e „ face.'» soleil ,e VeUX nfant des livres- _ Naturellement, il a fallu distancer les lits de six pouces tel qUe demandé. Voyez les volets qu'on a du placer pour leur sécurité. Une affaire d'État. Dix centimetres de pin aux fenétres Un flottement de quinze centimetres entre le corps de Monsieur et le corps de Madame- J'essaie ďimaginer ce qu'ont éprouvé Eva et Benjamin, le lendemain soir, lorsqu'ils se sont glissés sous 1'édredon aprěs avoir replace côte á côte ies deux matelas du lit familial. Des retrouvailles inces-tueuses ? La volupté de cousinages clandestins, ou une fatigue accablante qui se cherche encore un nom ľ Eva n'y était pas allée de main morte. Trois semaines de travail pour biffer leurs traces, effacer leurs odeurs, masquer leurs habitudes. Elle avait nettoyé la chambre, rang« bibelots, parfumé les tiroirs de lavande, déplié les draps de percale, vidé les penderies et les placards de leurs objets personnels. Rien ne devait transpirer de leur vie intime. Rien ne devait enlever ä ľévénement qui viendrait s'y dérouler son caractěre historique et solennel. Ensuite, ils s'étaient sentis en trop dans leur propre maison. En trop dans leurs gestes e. leurs mots Su continent, le Fail francais ne peut sejourner qu en visit Grace au del. le travad a a p.g>n«> »• jamais obligee ä couvrir en anglais »»/«^"^ ^ asés. ľa toujours tartiné mon pain de «^.««"J arts,leslettreS/unsoupcondes0dolog.e.Rienquedu propre - Deux generations plut tô«, dt Eva, **«£*££> a recu le prem.er ministře d'Angleterre et «1 est « sesmeubLetilleurafaitleshonneursdesama.s LAMAISON -..Hcmmode du face á fa U*&" qu'onluichauffeJes TRESTE Ira LaJ.p'- qu'onluichauffeJesd I", "So l'Angleterre, Eva, Cest finalement ,£*J „stalle chez to, chausse tes í,, SjIlS burets ou mette ses p.eds dans teS plats> Sp J* histoire. Les deux se disputent des restes. No Ps, Eva s'approche de la porte-fenétre et gratte a vec SOn ongle la vilre placée a la hauteur de ses yeux. La blancheur du jardin fait une tache claire sur mon bloc-notes. II neige touiours. el il neigera encore ce soir si I'on en croit la météo, J'ai le sentiment qu'il neige depuis le commencement des temps. One femme tousse. Elle suit, au bout de son regard, le mouvement des formes qui retournent au néant. — On ne peut compter sur personne. — Nun, sur personne. ms il était une fois. et mon sang fonce vers le futur Sarréter en cours de route porte maichance. J'evite de déposerles: IV Du côté est, la sonnerie du telephone retentit. Du côté ouest, on frappe á la porte du bureau. Eva court d'une piece á ľautre. Voix égale. Calme parfait. )e l'entends parier de riz et de canard á ľorange. — C'était Oxfam. lis demandaient le menu de demain pour choisir le bon vin. — Les missionnaires du Tiers-Monde ont la bouche fine. — Que voulez-vous, la vie moderne est remplie de contradictions. Elle est repartie au telephone, me laissant une liasse de documents. Celui qui m'intéresse, le contrat ďembauche du futur époux de Catherine Trestler, n'y figure pas. )e devrai me contenter de cet autre, probablement similaire, signé avec le Sieur J.-B. M. quelques années plus tôt. Eva est revenue. - Encore Oxfam. Us s'informaient de ľentrée et du dessert, lis apporteront trois vins. •IAlSON rL£R Ěléazar Hayst, jeune écrivain de Vaudreuil, prend pí surla chaise indiquée parle négociant Trestler. U regard T notaire Gabrion ajuster son monocle, tremper sa |0 * plumedoiedans ľencrier et articuler d'une voix chevrn/Inľ* les conditions imposées. tnevrotante Äff 7™- "getl In***r sitoul autre venci! á sa *vp£U"delÔSteJZaT 'u daUSes du «»»trat J* V courent les fermes e 7 ^ qUand '" >eunes d* e°" services. Du lev ľ!ľ 'eSLchantiers P™' v vendre P-t-endraaubourgell"^11" du SO,eil' » temp» o" ľ řÍírent > P^etel SOUtÍen' ,e «*"* dans ce "^'e^ono^;^" Points de lumiér, J*/«Bwi ^'^^"nordrerépété. J/ '" «fem ,/„ ,,„ ■ M/1IS0N rRESTLER 123 R i „rff«erPo«rch«,«*,0«rdSařaW(ordi„flirřrtářIJ^*w 0n lui concede un repas á la table de famílie, honneur ,-{ sera seul a partager avec Hector, le plus ancien des employes. Le lendemam, lorsque le nouveau teneur de livres vlngt-deux ans, penetre dans la salle á manger Trestler' quelque chose se modiŕie dans 1 atmosphere. Un air léger mélé de géne, c.rcule entre les visages. Catherine respire mieux. Auparavant, eile a jeté un coup d'ceil au miroir, et une fille quelconque, aux épaules saillantes et aux yeux inquiets. |'a dévisagée. Aléla'ide a annoncé: .Madame est servie». Elle s'est précipitée, et il était lá. 11 y est encore. Elle détaille á la dérobée sa chevelure sombre, ses mains fines, son cou délié. Cet homme aux traits mobiles et au visage irrégulier, eile croit le connaitre depuis toujours. Et pourtant, eile ne l'a jamais rencontre. Elle-méme se sent observée, denudes de ľintérieur. Elle rompt le pain, et il pose le méme geste. Elle avale une gorgée de thé, et il porte la tasse á ses lévres. Entre eux déjá, une connivence étrange s'établit. Voilá quelqu'un avec qui eile pourra se taire pendant ces longs repas. Mais eile prend garde de ne rien laisser transparaitre du trouble qui la remplit. S'ils savaient, ils empécheraient la chose de s'ac-complir. ourďhui, le négociant Trestler est rentre de Montreal de fort mauvaise humeur. II est passé directemen a la>al a bénédicité. H s « puis s'est ass.s en letant devant son couvert. — Vous connaissez la nouvelle ľ Hector sait qu'elle est mauvaise P^^^JeHene peinedelaluiappren , s, eile v.ent du ,our ment Hcroil pruděni de rester SUrses lf ... r,-, n entendu dire, monsieur. i a dlpassé les bornes. .1 premiere ^^^^^^^^^^^^^^^ - Figurez-vous que la clique du Chateau concede d temps des terres neuves á des Anglais qui les revenT^ ensii débarqués. ' en' H,, des yeux beats. II sait qUe |a c|iqu Chateau designe legouverneur et ses amis, des Anglais * la plupart de qui on ne peut attendre rien de bon.'MP°-Ur Anne Curtius a commence á distribuer le ragout de ^'^ de pore, souhaitant accélérer le déroulement d'un reD^'^ rnisera, eile le pressent. pas 1U| us pouvez me dire combien on compte mainfp de ces Am. «riant épugne á passer ce genre d'examens I) ne sail . hre n, ecrire. II hésite, puis lance finalement: m - Peut-ětre une centaine. "•''>' —la guerre Pdemande Joseph-Amab,, «/»pí-m'lľTaílé duep|aUteľP8Uerre' réP°ndJl Trestler ľ"n«««ntchercher des Am ér "^ LeS Tories "Wll Canad^estlecomble Amenca,ns Pour peupler le Haut- •rcaafnd"^cle dernier pour ,,ísait lu ' P« »es francophones, M M/iíSON TRESTLER |es Anglais. Au-delá deces íalt. fréquemmenl soulfcné, s0n maitre, .1 n est sur de rien. II souhaite J.ľl. p" Sais avoir a sou ff* de la gUerre ou de £■*£W«, jes ressources, la rigueur du chmat et U querelle 0Pr™ qui met au* prises le Bas et le Hautianada^Xsľnľl gácher sa vie. Marie-Anne Curtius resserre son chále. Celte mau»™«. n0UVelle affecte sa tranquillité. Elle crain. que sonľpoTne reste acanatre le reste de la journée. .Vide plutôt ton assiette., lance-t-elle a son fils ainé, comme si le fait ďassécher ďune bouchée de pain le filet de sauce abandonné sous la fourchette. suřf.sait á eloigner les Américains et toute discussion s'y rapportant. — Raconte, insiste Joseph-Amable. L'enfant pourrait raconter lui-méme le lever matinal, la glace fendue au couteau dans le broc des officiers, la toilette escamotée, les vétements sales. U pourrait parier de la traitrise de ľhumidité, des épidémies de dysenterie qui ravageaient les troupes, de la faim qui tenaillait ľestomac les jours oú ľapprovisionnement manquait. Mais il se tait, attendant que lui soit narrée par le pere ľépopée militaire allongée, chaque fois, de nouveaux episodes. — Voilá, dit J.J. Trestler, en se radant la gorge. Pour commencer, il y eut la guerre entre la France et l'Angleterre qui se disputaienl l'Amérique du Nord oú dies possédaient des colonies. Aprěs une lutte armée qui d sept ans. la France perdit la Nouvelle-France. pay moins riche et vingt řois moms peuplé que la Nouve U Angleterre. C'était en 1760 Le soleil se fendit en deux et se mit á briller plus fort du côté des treizes colon.es angiaises d'Amérique. Les Américains eurent de- m*ZZ séparer de l'Angleterre et de trouvei d« terntoiws et mem des allies chez leurs :ü Nord. — Plus vite, dit Michel-Joseph. ,e de 1775, : *»*0™ madas'impatient Ä l'automne d'occuper le Car.^^^^^^^^^^^^^^^^^_ Richelieu devant conduire au siě vr.£ t Chambly s'étai) rendu, mais Fort S*. qUeenfince dernier poste de defense^ .„'debut de novembre, il soup.ra d a.se. La saison aV(1 ľ0^ cra.gnait que le froid naffecte le moral de Ses solda™' " enairesáq ■' colon.e angla>se oú, curie,,^ *« ľon parJai« fŕanfais, n inspirait m confiance ni ardeUr. nt- Une r'ois qu'il eut atteinl L.iPrairie, il |aiSSa r hommes et dépécha une lettre aux autorités de Mo t Ses pour leurproposer une reddition immediate. Commeaľ^1 réponse ne lui venait, il entreprit de traverser |e s ""' Laurent afin ďapercevoir la ville. De ľembarcation oú i| "'"í" pris place, il discernait quelques toits ŕumanrs ramassé^" piedďunemontagneescarpée. Un si faible établissem ^ 3U :raitrésisterlongtemps. Upouvait immédiatement in ľ n* sesquartiers généraux á Pointe Saint-Charles et or^ • son plan ďattaque. Quelques heures plus tard, il cha "'^ dune mission son premier ořficier. °ea" -Partez tout de suite examiner les lieux avec onquantaine ďhommes. Je ne crois pas que vous rencontľiľľ beaucoup de resistance. '<-untriez »«Praam dana son d c°, . , ","' luřm *■**»«+».,£&;„CbSíu£«:q es avau N°n, mon general r dement. WraI- Le gouverneur en a decide (;Allr'^ E. quVt-i, decide, h^es7eUľľem PU ''«euer sans K ^«ÄÄ^^-^vS?4*;La ve,,,e'á cinq sur 'e Gasnľ' Un caP°t et d'uľ Car,et0n< attifé d'une 'que dŕ '■ Eu* reearH "" Vers Québec. Des degU,sé en h,hfaanrtda,ent díguerpir un chef «nadien, et ils le détes- ,A RAISON TRESTLER 127 _- Vous refusez de répondre? Embarrasses, les quatre hommes se consul, regard. 11s ne pouva ent lui apprendre quele ' '"* " vai. détruit le reste des embarcationS, renv ' gS™ fait enclouer les canons de la citadelle. e,% atľľ' munitions. Ils ne pouva.ent non plus révé,er e< £ Montreals avaient du 1 empecher de mettr* u f casernes et de faire flamber la ville. * ,e feu aux - Well, well. Je comprends. Le gouverneur Carleton a eu peur du general Montgomery. 11 a quitté la ville. et vous voilä embarrasses. — Mon general, nous souhaitons vous proposer... Son éclat de rire ajoutait á leur déconvenue. — Me proposer ? Je ne suis pas une fillette, my dears, j'ai prepare l'acte de capitulation. 11 ne manque plus que votre signature. 11 tendait le papier, sůr de lui, comme on tend une épée. Aucun d'eux ne levait la main pour poser le geste attendu Bien au contraire, on protestait. — Cette signature n'aurait aucune valeur. Le peuple refusera de se rendre s'il n'est pas consulté. Mon general, nous demandons ä former un comité, compose á part égale de Canadiens et de Britanniques, qui préparerait en toute équité les clauses de la capitulation. — Eh bien, je vous donne quatre heures pour former ce comité et me rapporter ses volontés. Quatre heures. Par une minute de plus. Ä ľheure convenue, on lui remettait le projet élaboré par le comité forme de six Canadiens et de six Anglais, des majors de milice, des marchands de fourrure. des nota.res, qui exigeaient le maintien absolu de la liberie des deux peuples rivaux subitement unis face á l'ennemi. Montgotr décida de ménager leur susceptibilité. Pluto» que de re user cette requéte, il chargea son conseiller de s'adjo.ndre quelques hommes pour aller les aider á fixer les termes de la redditK n. seule mesure envisagée. I28 LAMMS* Alle« pad»'' " peuple 3 deux tries qui Pense p, Aprét ,'étre acquitté de ces formalitě* il donna "oldats dont be.uicoup avaient endossc- ľuniformť ľarlatedes ŕantassins britanniqi.esr.nts pnsonniers á Saint- lean et i Chambly, d'entrer dans Montreal par I,, porte des Récollets et de prendre possession des casernes abandonnées. Pendant ce temps, lui-měme s'installerait au chateau Ramezay encore chaud des traces du gouverneur. Aussitot sur place, i| demanda qu on lui remplit un baquet d'eau chaude II Se l,u •„. se rasa et prit un bon souper, regrettant que les puritains de son pays n'aient su développer leur cuisine á legal de leur commerce. Ä minuit, les douze délégués locaux vinrent gácher sa digestion. lis accusaient son conseiller de vouloir leur imposer des conditions irrecevables. Le general Montgomery con-naissait les vertus du rhum. II leur en servit de copieuses rasades et rédigea !ui-méme la declaration d'impuissance du peuple assiégé. La villi de Montreal u'ayant ni munition, ni artillerie. ni troupes, ni pro: n'etant pas au pouvoir des citoyi it remplir aucun article it trnr ndre á In moinan capitulation. Le lendemain, 13 novembre, Montreal devenait ville américaine. A neuf heures precises, Montgomery recevait les clefs des magasins publics et faísait relever la garde. De sa fenétre, il regardait les Canadiens rentrer chez eux, mine basse, ba.onnette au canon, et cela le consolait des risques de malaria qui avaient oblige son prédécesseur , qutttei son poste de commandant general de ľarmée d'invasion. Le l™eľrľurľP'l"ľ entln ,aUtard demdnd- ■' '«• -" P°ur aes taubourgs avoisinants, qui I'arrfa«, ■ , i l.bérateurete.primaientleuľdés ľ ' Tľ* tre.ze colonies rebi 6 unir Jux freres des Ce triomphe le laissait insatisfaii n «oumettrelepaysentierenquelflup? aVa" escornr'' trois mois s'érai« ,|és depu« mdlnes Or, prés de 'it, et la ville de Quebec ré« 'pdrt de Crown r 129 «>pncait. W devait, pour aboutir rapidement á ses fins forcer son armée, affaiblie par les déserteurs, en s'adjoi-rePnt une aile canadienne complice. II devait aussi s'occuper rhabiller chaudement ses troupes, ďaugmenter leur ration . vivres et de stimuler leur entrain en leur assurant le éconŕort des services religieux. Puisqu'un soldát n'acceptait Tf ce battre qu'aprés avoir recu ľabsolution, il verrait ce pere Floquet que ses agents lui avaient designe comme colla-borateur possible. — Un peu de rhum, father ? — Je ne saurais ľaccepter, mon general, sans enfreindre notre regle. — Les jésuites ne peuvent se contenter d'eau ciaire sans porter prejudice á la reputation de raffinement qui leur est faite. — Ľascése est le raffinement par excellence, mon general. — En ce cas, je vous of řre un simple verre de rouge. Cela ne saurait offenser votre regle. Father vida le verre dun trait, comme pour un vin de messe. Ses yeux pétillaient. Le general améncain voyaitle» jambes du clerc s'agiter sous la longue jupe noire, et «i le sentait prét ä détaler pour une bonne cause. — Vous avez »ans doute appris que le clergé montréalajs ['absolution ä mes soldats et ä tout part.san libei — Hélas. -LacramteJeľen: ; b.en dur tourment pour un combattant dont les jours sont comptés. ne peut refuser de parti ' aux amť mission de í - me donnenl espoii father. Ac ostoniens en confession s,',',!''" on? '' ^ettais levoir de serviteur de n- leu- m0n v hťures plus tard, I'aile gauche de la m ait la propnete du pere Fouquet qui J " ^ ^es mal et son bureau. Aprés avoir inS'a"a't u les filles et les tavernes, les soldats a C *?aT^' pourraient désormais se permettre des fredaines sa er'Cains e gagner le ciel en cas de malheur CaM T^6 -.ill. La malaria faisaitdes victimes, et ils étaient * mal nourris et mal vétus. N'eút été leur solde ils anrľ"'0^ cette terre maud.te que le Congrés convoitai't. "*fu' Persuade que ('annexion de ce territoire assurer,,* An.enca.ns le contrôle du commerce des foulrur *"* prom.s par la concurrence canadiPnno km fOUrrures com- * b plafón montrél- "'I, íľaie freryPr0mef iapprovisionnement et les services 1 i Sener^sernent «Congrés. Ma.s \a ma pr té d« ha/t M*Jeprfienlw Pflege. Rienne leu r gar a ř ľ ,al?tant» eignem ce f slégeráporterquele8 ľ"I", a s V0",8 ^'^ *«*» de Persuasion, Montgomery "S de Ceřte «mpagne :' vers Quebec SZZrf? ľ rT*8"'"« SurP'-ce faire le siege de la 11 ľ . general Arr>old avec aui ,1 ,e -ntre dHľvnr- ^"^ C'"' conqľérľr u Das-(-anada. K ľ k au ľ" de U capital" n* dVanCent Péni" *üv *«'™ íapr°résparie «--•'' s pór-. °nt dans |-enr .' ,,s «caladeront '^ceľdr^'ahauteville PUw-erörterest afntSa,,iés q"*« i/ MAI50NTRE5TLER ,goUverneur sera force de se rendre. Děs lors prendra fi„ dorm len et!ľegcampagne. Ensuite, Lis traversers la frontlére e, C Anrneront dans leur fam.lle ou lis mangeront, boiront et ^^^^^^p leur saoul. Certains mercenaires, dont le contrat se termine le demain, tentent ďaccélérer leur marche pour en précipiter ín e Mais ils sont freinés par les rafales de neige qui les í'uettent de plein front. Le souffle coupé, ils peuvent ä peine mouvoir dans cette terreur blanche oú ciel et terre se 5enfondent en un tourbillon qui les aveugle. Leurs pieds et leurs mains brůlent. Leur visage est couvert ďune croůte ivrée. Les voilä piégés par ľhiver, prisonniers de sa violence. Ils vont périr avant de s'étre battus. Pourquoi leur disait-on, • ľécole, que ľenfer était de feu ? Ils ne trouveront jamais cette route, située entre le fleuve et le promontoire, qui leur permettrait ďatteindre la ville. Au méme instant, le general Arnold, placé sur le flanc oppose, cherche sa direction entre les bateaux amarrés dans le port oü le vent fait rage. Encerclé par la neige qui supprime toute visibilité, harcelé par les tirs de mousquets venant des murailles, son corps ďarmée réussit á prendre la premiére barricade, mais il échoue ä atteindre la seconde. Arnold est bientôt blessé et plusieurs de ses hommes sont faits prisonniers. Cest la debacle. Au loin, éclate le cri ďun officier. Postés sur les plaines d'Abraham, les canonniers canadiens et britanniquesouvrent le feu sans trop savoir oú sont les Américains. Montgomery a tenté de regrouper ses hommes, fantômes blanchis par la tempéte, que rien ne distingue de ľennemi. Une^salve regroupej_______________________________ ne distingue de ľennemi. un« ďartillerie "retentit. Une voix, qui est peut-etre celie Michel-Joseph, se fait entendre. - Montgomery est mort! Les Américains s'enfu.ent! mg ■"/A » nWu i ce point strategique du récit, le vieux n,anUei jLt gTer, ait ,un tab,^u £££ de rumu eu derou ,o Pr» A pa«We fa «-/«^ ientňtolesjmbes par la route ďoůil5sonl Je mVpprochais de la lucarne et regardais Ja roufe poudreuse. etonnee que ľhistorien n ait pas douté de ľauthentidté de cette course, aussi invraisemblable, en cas de tempěte, que ce tableau ďopérette apercu un jour, signe Trumbull, representant la mort du general Montgomery ige tourné vers le ciel, entouré de ses hommes portám drapeauv, mousquets et habits de parade. Suspendre m lecture durait anéanti ľhistoire. Les choses ne concordaient que par ces effets de style qui les rendaient plausibles Je poursuivais done le jeu de \a fiction créée de connivence a vec mes yeux ivides. Ainsi la guerre se laissait regarder cornrne unegravuredepoqueou une Photographie. On s'v trouvaif pour la pose, conŕorme ä ľimage que Ion souhaitait léguer á la postenfe. 'fguer a De temps en temps, distraite par le bruit H« n 'ournees, je me détachais du livre cour L P g6S Personnage, ajouter une rŕnL P ^presenter un ™remet.aisZehS'T """"S" U" détail P™ »> «• boule, /e éécMS'Z Vmag,e deS m0tS- Ra™«* pr'eton avai,,avěZlhol 'cement. Le gouverneur dATneUl- « *vait suřřisamment arme _________ P armée ďinvasi, "«'m s'étaiťSouu ae P,aCer á ľendos L lteCrou,e^nzeansplustot 'V'** Pour faiíXľa''^'ľ« »««oirertfusatouiour dľie n arme.e, d inv"ion. Mais ma Mon'«'ni s etai» d^llt-ll!™' *} end°* du chapitre oü ^-ta,de5page, ^^^ u"e tempéte de neige. Merne 133 raideur. merne regard traque, meme bouche durcie P0Ur te difference, les hab, s, et ces signes contenus dans un tangle mmuscule. Sur les casques des soldats américainľ le slogan Liberty or Death, encore déchiffrable Dan, 1 hette Interieur« de ľanorak du fiamcé, la" photo de passeport dune ,eune femme blonde, au regard bleu au, ,,,,u h.iit, intacte, le coeur immobile. " 'M Je depose le livre. Subitement, dans mon ventre, ou d ans celui de Catherine, une douleur aigue s'éveille, sans nom sans áge, aussi proche de ľenfantement que de la mort Ces hommes qui vont mourir aujourďhui, demain, plus tard ceux qui sont disparus déjä dans le désir de violence qui ravage le monde, sont mes fils, mes fréres, mes amants, mes péres. Alerte du corps. Que faire pour empécher que ce mouvement se perpétue ? Que faire pour suspendre cette avidité á tuer, á détruire, ce déploiement de la celebration du mal ? Quelle determination, quelle intelligence et quelle tendresse peut-on convoquer pour exorciser la fascination de mort qui contamine nos archives, nos lois, notre memoire ? Je cherche á reconstituer une histoire qui échapperait á leur appétit ďanéantissement. Une chronique de la vie quoti-dienne, peut-étre, d'une extréme simplicitě, qui pourrait exercer une emprise analogue sur ľinstinct de survivance et la volonte de creation. Mais ä mes oreilles, ce rire gras de J.J. Trestler. — Montgomery s'était jure de prendre son diner du lour de l'An á Québec. II rit comme si le projet eut été grotesque ou insense. Était-il sur place ou répěte-t-il ce qui lui fut raconté apres son arrivée au pays ? Selon ia notice biographique, il débarqua dans la capitale le premier juin 1776. J'essaierai ďimaginer les mois qui précéděrent cette date. 134 ■"**, repandus sur les ;ř '°tS de draP et des rľ b,řude' il * """"»•■»n sur cľtj autr«côtéde Utí"fma*ne te teTe Joint,; A"an'«que. J —Joseph, ,ma,ne^ilri8quera p I* 135 ,rS Les vaisseaux nous attendent ein Dans dixJ0L/embarquement se fera á Portsmouth. 'rnbien? du savoir, mais c'est un gros contingent. On parket. ■—«* _ Dragon ou grenad.er ? Ne ťinquiéte pas, on aura de quoi s'oceuper. Ca "rend aussi un bataillon de fusilliers et un regiment dínfanterie. i ,hin-Joseph pousse un cri de joie et étreint son ami. lis - eteront l'aventure des grands explorateurs. lis prendront I, mer et atteindront le Nouveau Monde. Tard dans la nuit, deux garcons á demi ivres vident les gobelets de biěre en criant Prosil dans une taverně enfumée de la Forét Noire, lis imaginent la traversée, ľabordage, les batailles glorieuses qu'ils livreront, et ils se sentent des héros. Enfin, ils sont en mer. Certains jours, ils ont la nausée. Deux longs mois de navigation houleuse éveillent en eux des réves, des souvenirs aigus. Mais, peu ä peu, la nostalgie fait place á un sentiment ďégarement et de rupture. La griserie du dépaysement les plonge dans une sorte ďexaltation qui les incite ä souhaiter aller toujours plus loin, au-delá des deux segments ďécume, découpés par la proue du navire, qui paraissent conduire au bout du monde. Et cependant, la vie est souvent difficile. lis connaissent cette frayeur des tempétes, cette explosion de la masse marine qui leur fait 'r,,i ire lorsque l'océan se déchaine. Et puis, un sou aux iont m, de toute surface discernable. il v a cette entree sf UDA m" Calme- Aussitôt- üs se mettent á épier la IU fo^t 1 ' eaU" Quelcluí" chose se prepare, ils en sont s * leguet, attentifs au surgissement ďune ligne sombre 'ce de rivage, mais leur espoir est décu. 59enrI|demaÍn de cette nuit sans sommeil oú ils ont unecôte a modificati°n du paysage, ils longent finalement est sj ve,s'"tOUVerte de ve8et'1! space qui -e i évěle .i eux auc"n Ind6 qUe le tempS Para5t S étre arrété lls '' en' nen de ce qu il •J, ;:;i:'7'—i..,;ŕ;:.....«««. d« w„t" 2ľ Us »"' Perdu U nolPr°m°n.oi,f 2* -ucun poste d' Sdné;ePner^'venř aucun bľtai J" "F^ Pei"e trouble Parlefi; U'ť Sui^nte, leUr ľ mparts''es F ,et,r'ntermittenf A s°mmei| Sera . í0st,l^s sont term -atS- I,s sont ' r -Precédés de peu Sa,a,,,e- U ŕus rrnľ7eS «i "e ve U1 T"'65 troP »ard. Teí dau— utiIitj" -«* qu'ik PortenTľÍCule ne Í^ * 9 y montre in '"''"Rer gíi ■nsen. s'lencieu8e ép ľ fluie, com me tout ce qui lui est étranger. et , Hu pays la préoccupe moins que la gestion de sa ľhjstoiľ tenue de sa maison. En entendant narrer ces ,,,b'e m militaires, eile a tremble pour ses fils dont eile (Tu'ils lui fassent honneur á la ville plutôt qu'ä la 5ouhaite q rre. Entre les pages moitié manuscrites et moitié dactylogra-phiées remises par Eva, il arrive qu'un fragment de memoire se reveille. Ce soir ďété, par exemple, oú mon frere aine tut appelé á Québec par la conscription qui expédiait les garcons de vingt ans vers ľEurope en guerre. Les enfants nous étions tous assis par rang ďáge autour de la longue table de ine, frappés par la gravité de ľévénement, bouleverses par ľair soucieux des parents. Mon frére partit prendre le train de nuit, seul, endi-manché, et un silence accablant se répandit dans la maison. Une tension sourde couvrait la cour *ecouee paries hurlements du chien. Le lendemain, je m'eveillai tot. Je nous savais menaces par la guerre, une autre guerre s *)°utant a celieš, déjá nombreuses, dont j'avais lu ou entendu prononcer le nom la *uerre de Trente ans, la guerre de Sept ans des ,1 jours les guerres napoléon.ennes, Waterloo Ja ;un pagne de Russie, la guerre des Beers, la guerre djSe.ess.on pagne, celle de 14-18, e. d'autres enco. pjWjJS liste je finissais par croire que la guerre eta.« le sort norm* de ľhumanité. Un désastre permanent qu. ««^ *J2 en pays et de continent en continent entrecoupde pe. ,e, ces tréves obtenues par les priores de, femme>, ieillards et des enfants. 138 No«s mettions (our „ Í<1Aí/"soai> tói 'at:......... °«"P»nt par la ^,ľdľ*"""«>ita(nosľ-^C> I»« I' Sréle le .l",? dans "»s inter««" Pr'ér«. h ľ *' d°"< nous demíľí"' '* pes" °u Z,'""' U ■».„«> -P« vrain, Vaud<-eu,J ? Al"ericains Cétait un rl*. -íié,eläfin? « »"t replie, >ur *i'"'£ís'°u,d'iu''eUl- Ensuite ? pa8"e. n'ers ecus du Tresor >^PcanHrand-ch°se i, enVOy^iá-íasenrb'etíUe s- Trestler rlíR 139 i fonte des neiges, je me rends a Trois-Riviéres Nl " Trestler dans une ville de 63 000 habitants qui ne :echerC. as avoir vu défiler de soldats allemands ou lVien dans ses rues. On me récite des genealogies de améru>in^ ' jiigne des noms ďévéques, des dates fériées. i>°** ,*' endie du debut du siěcle, mais on a oublié cette 1 aurait pu avor été livrée á des Bostoniens au 1"'" d'un été torride, cent ans plus tot. On se méfie avant "'",' i ■!' anglais. La parenté des Etats a garde un visage 101,1 thjque. Elle trimbale encore ses souliers blancs et ses Sy^"pade chočolats dans des voitures huit cyiindres, brůlantes, h onées qui éveillent la soif d'exotisme et le desir de «éder. Les dollars du Sud afřichent toujours I« God we .Lemalnepeutvenirdececôté. L t méme ambiguité prévaut ä Montreal ou ľon ne sait nas non plus qui, de l'Anglais ou de l'Américain, constitue la menace reelle. Ľun est dans nos murs, ľautre est a nos Portes Mais les deux renáclent -I don't speak French- en máchant leur .chewing gum- au nez des jeunes secretaires qui révent ďépouser un millionnaire de la rue Saint-)acques, á deux pas du parquet de la bourse. - La cuisine francaise est imbattable, dit J.J. Trestler en reprimand un ph-Amable connait la gourmandise de son pere. it de le voir suspendre son recit - Ensuite ? - Cest assez pour aujourd'hui. Je te «contend la * une autre fois. du reci i s-*»—............^i~»^3 -E,W1J "SP—„(en,,, "> * C,, '* t"-' <«* Iľľ„ľ "'">" So" «L ainé •nservée ,, fort de lasalle á rnang. «toofd dansle^.' carme ďimages J'entends des claq '",,,,. cur les pavés. la detonation des fusillades men,s de botte _obelets de fer sur ,a table des casernes "n,emtn . de la radio dont j'ampUfie le volume. On anno m'appr0« ™ ßevrouth et 500 ä Damas au cours dune seule 2000mortsa oey> semaine. ,,. 50upire. U sait á quoi pensent ses his. La mort au ITle fascinait auss, par sa violence héro.que. Pourtant, h, terait se survivre en eux. Mais il repousse a peine ;S,eeBs.. tant eile lui p-rai* sans grav.té. H ne sa.t pas passera a l'Amerique par ses Wies Ä la méme table, Éléazar Hayst boit son thé, le regard absent, II a prété une oreille distraite au récit. Ses ambitions paraissent étrangéres á la guerre. Sa reserve, la fierté de maintien indique qu'il a vendu ses services mais non son áme au bourgeois qui vient de les entretenir du pas II regarde Catherine, et eile rougit. Leu r s mains se croisent presque au-dessus de la théiěre. Leur corps s'émeut du désir qu'ils ne peuvent exprimer sans modifier des gestes, des comportements. oser une imprudence qui pourrait les compromettre. Elle se détourne, happée par la somnolence de la grande maison, et porte lentement ses yeux vers la fern les feuilles baiaient la tfitre dune ombre douce. Une goutte tombe de lac rme une,í*í' rouge s "r la nappe d. i chambre a cour ,ueu, 1-12 °"Hes femmes amill,.k K>^es á S'P„.ľe c<""PrPnJne ce vous tient a CflB„r.. .vous Pre dVs liiertes trop grandes.. Ces mots forma.ent une Mademo.se.le Cather.ne, Cest mo, Un corps ardent qui a la forme de ľété. Chaque mat.n ,e P on*« j™9. «£ e impat.ente, rempl.e d'audaces et ^ «ies.rs. D« J„ lures e des appétits insat.ables me dévorent. Le b^|^ forme. Forcée par ce munssement, ,e m arrondisde 1 ,nter. Le temps passé seule s'écou e .rop lenement Pok m ,uver ave, 1 léazar. je voudrais preap. er les b emen du pouls, les heures ,u, cadran de ľhorloge. Ma.s .1 continuer de vivre au ralenti. La patience est un jeu ingrat. 11 v a ce s avant-mdile ou j'entends résonner son pas dans la salle des comptes pouvoir franchir sa porte. 11 y a ces midis ternes autourd«u table familiale quand je voudrais toucher ses mams >ep^ ^ des miennes par ľespace de trois couverts. ci. silences, la voix de pere passant au-dessus de^ ^^ comme une rumeur lointaine. le lalme p fonJ de leur mére et grand-mére gouvernant leur couvee c.u ^^ avidité tatillonne. Dans ce concert de geste, im ^^ nous jetons des notes discordant. »t*. - mdali— qui finiront par éclater ä leurs oreilles et les — »......:;;;.....-;'::;- p^;;r-.....C;;:>;^r:,::i,;;:-:::::: $ """"k en 1*»% i.1"" t« *'""i,t.r,. , Patinu'., '"'"■*« r,en /r '»«a d„ : >"" děv„ mander /e _, ' vendre w avaf( « hot»s ,n,po^t so« t°< Ir. Un matin, pourtant, Catherine s'interroge, Un bonheur si subit, eile ne croyait pas que cela fút possible. Quelques semaines plus tot, eile croupissait dans ľennui. Le front collé ä la fenétre, eile fermait les yeux et reniflait le vide ä travers Li vit re. Or voilá qua present tout s'anime. Tout se trans-forme et s'éclaircit. Un cri, venu de ľextérieur, grimpe vers ľaigu. Elle ľentend sans broncher, — Catherine! Mais Seigneur Dieu, oü est-elle enc< passée ? Cette voix ne l'atteint pas. Du moins pas encore. Autrefois, eile feignait de céder ä leur volonte. Ces gestes ambigus. ces regards esquivés. lis n'avaient d attention que pour ses fréres, ďintérét que pour leurs prouesses et leurs progres. Mors eile récitait des salutations, des remerciements. des excuses. Elle leur reíilaít les formules apprises. Elle se couvrait de leurs phrases, et ils croyaient s'entendre. Us ne voyaient pas ird critique quelle portait sur eux. ! »■ cri continue U s"amplihe. Cela la ramene en arriere, la solitude de l'entant qui attendait que quelqu'un vienne ä eile. C'etait un apres-midi, eile sen souvient. Elle étail .illongée sur le lit. Elle regardail la pluu r les carreaux de la fenétre. Elle de vail avoir fcrois ou quatrc č-tre moins Dans la lumiére fade, eile comptait les to suspendues au plafond, suivail les ralnures du bois sur les murs, repérait les taches de doigts sur I'encadrement Portes. Elle oubliait d'avoir faim i f; ÄTÄ-S........... P'« ™ Plus fori. Třel// 1 "V" **or, „ ľ* -Catherine! 'a P'u,e ^mber. "e u ">«..«, corps e,°"e du w-" S?« ******* egg?-** Jíl P^tefoir entre les ^ a^ blancheur. Dentelles >fL surplis du vja^re eraq ^.^ ^ Pater> í£eant.aprésľaveu. Derriére la vo.x qui se modifie, les ■«««*■*« ^ du lit comme un long gémissement Car le cr. a change, I devenu sourd, étoufŕé, obligeant ä remonter haut dans ,e souvenirs. Une plainte se déroule, l»n«nan%'n*XTend par des gestes presses. On devine plutot que 1 on n en ^ E« suit ľattente insupportable, un sursis qu. meurtnt memoire el incite ä croupir dans ľeffroi. Ensuite des chuchotements, des remuements de bassines^ ľétalement de linges avant qu'elle n'a.t le temps réfugier á lautre extrémité de la piece. Ternomi« precipitation inquiěte, eile s'est figée dans sa peur. Assi p terre, dos au mur, les genoux replies sous le mento attend la fin des operations. Le coeur lui fait mal. Elle devrait fuir. ma.s son con refuse. La porte de la chambre s'entrouvre pendant ation ^ c,oison Sp« m 8'ration p/Us r.,.. ' "* «« 51^mais * Ä» *í i Cestunefi/lp m - Iüi Marsuřriií M e.POMM« "i nom n • "' cela «Mt . " dit: «CW I r deto^ne la téte ľ fataIi«-' " pense • r- Repudian»lepou a ba'8ner dans Se orí E,,e r«^a seule, davoir Prefer ,eequ,c°n*recarresesdp UrS ďacco^hée. s*n8. S. fiertí6 'e «-"8 danger Idu ^ '' Se rePro^ Perd"e- Voila son erreUr '"^ a"emand So" s "n cri || líON 11 ^ M , „„»rde par-delá sa mort souhaitée, et >1 Plus ^^Voouíquoi eile le fixe avec tant ďacharne-morendPabp° „nas cette expression de refus "eC; U ne ^'exrqUc la farnlle, Catherine est la seule á í*»-* séVÍr- a^ľl oudrTbriser cette force .acceptable IS* S(r A chaque affrontement, i. ľécrase de sa colere, 'hť/Unbatapeinedescils. «"ais i Infant des souvenirs persistent. Ou D*n9 'I ' vente-ľ-elte aprés coup et confond-elle sa . A,rp es invente-t eue *y ,, . nnurtant peuÄ* * ,^^!;:,ql^;;i;-v,-E.»ecro1t pourtant av0ir£en "avo r mime noté ses intonation,, et ces man.e-^ÍeZténsZX ciseaux, ces remuements hat.fs su.v.s Tfrolements de tissus. S-CÄiSr^Ä- » donn« un «., E,l« — de signer son arret de mort. . a levé sur moi Ä un moment, cette femme, j'en suis sur . ^^ ,es un regard insistant. Mais étais-ie b.en _ia . j .s décennies et les siěcles. Le temps, que ,e n ^ de5 s-épaissit sous la langue malgré la preosio . de^g ^^ et voix. Au-dehors, un pas traverse le soieii fi un rire mince éclate dans la cuisine La \ bf^h[U. ,« ne peu enrouée. Eva souffre encore de faudrait pas en conclure que ca s est passe hasarde-t-elK- «""«-. qu,auraftpu prévoir p/ Pe au • - Deux jours p]us tdrd 0n a souvent dit • ^ttlé —jeluirendrai ~Alors «arde |esecret L/' *M'5°N TLER . par-dessus mon épaule. Elle sour,. Eva ,ait un an et demi quand sa mere est _ Catherine avail m"rte ? Ä neu pres ca, oui. "" Alors cette remme est morte en couches. C,a correspond rľment des autres naissances. ä ez beaucoup imagination. Mais Cest possible iptZ 2£StoÄ trover un document qui ten» t0Ut ía' „manciěre ces details de la chronique m'appa- C0mmeS« U faut avant tout rendre la fichon "'u-" ,ľ aľre en sor que ľhistoire inventee se superpose ľ.S!re vľcuľíhron^queurs et historiens ne procedent pas autrement, et on les croit sur parole. v Ľ ä ľorange tomben dan s le sac a ^ ^ fe ^ ^r^les^Ü^SieduNordsuH.a.en, á nourrir le Tiers-Monde. Trestler que je resume a grands traits. - D est arrive Lei en 1776. ľannée de Ym***^é£ came C/a été la premiére défaite amer.ca.ne. B.en avant Cuba, ľlran, le Vietnam. L \, L on connait pas. ca n'a jamais été enseigné „tenant on aPPrend plutôt »/omm"n ^ľ" donne notre opinion sur la drogue, les drop out. I t.ologi , les syndi. Cette generation est née dan, la gestalt Vivre Lei, mainte-nant. quelque part autour du nombril indique par esjeunes psychologues qu, vendent de ľaffect comme d »«^«f™?™ de 1. píľe dentifrice, du hachisch ou des Life s f . Ulf E/Iedit. u 5°*' r ils Ib ne sava. ss"raient pas |es ŕ.-fcfcnw, / ^uanUa ■■sis i erve*.deKiľ l'P"'We. Les u "'■■ inverse. Leurs yeux mendiaien« 1 • ,n.l —7;, ľ ,.....»e.......s richesses. Nous ne ■.....;ŕsss.«»—-«.....:! age, j'aurais bien aimé connaitre Nicolas. Qu.ind í i Montreal, on ne lui a présenté que des enfants ile^1 de ministře. _- Nicolas ? — Le fils des B. Le soir oú ses parents étaient ici, le •ouvernement lui a offert un souper dans un restaurant Indien du Vieux Montreal. Des brochettes de bison chez ,-nimo. Us ont fété toute la nuit. I avais oublié. Eva m'avait pourtant dit c'est le seul de la famílie qui m'a vraiment touchée, un bel adolescent rentré aux petites heures du matin alors que ses parents se faisaient du mauvais sang et craignaient d'etre en retard ä ľéglise. Des représentants de la France en visitě dans une paroisse de six mille habitants ne pouvaient, au risque de se disqualiřier, refuser les hommages de nos prélats alignés diacre sous-ffkiants psalmodiant l'office dans la net écrasée les de fleurs. Tout un spectacle. Vous voyez ca |e regardais la photo dans ľalbum reste sur la table. Ce habillé de dráp tin me rappelait les cousins nenes qui débarquaient chez nous á la canicule pour se j™ harrettes de loin, belles maniěres, peau de uriste m'as-tu-vu qui résonnérent á Ues lusqu au joui oú ľon se mit á grand.r. á brouUler les r_ omme eux, des voyages á Miami en öoei: ' ° CettEeta" t« avec le fils de Monsieur B nourrS J u'0" étaient nés dans la ouatť ťt avaienl Paraissa ľ ense'gnements du Docteur Spock. Ceh r garde son innocence [e ne pouvais lui tenir -''^^^^$^> ~~ C'pst quoi ? ' dnce TeodoľoafÍd Yankee J? ^"ises, e rtT* 'e *»«»< de censvne pay 161 " Hons et je m'étais attachée a eux, . et des *«nn,.,g" Ä tonner. La mort programmee toires Á dix heures, Lise et Roxane me quittent pour retourner leurs obligations. Elles doivent preparer des examens, voir des textes, passer des coups de fil ä des amies. Avant de me laisser, elles s'inquietent. — Vous n'aurez pas peur de rester seule ? — De quoi voulez-vous que j'aie peur ? — Oh rien, mais cette grande maison, et toutes les histoires qui circulent. Je cráne. )e dis mais les histoires n'ont jamais mangé personne, et j'en écris moi-méme, alors vous pensez bien. Cette réponse les satisfait. Vingt ans de plus me donnent une sérieuse avance. Elles ne savent pas que ľon écrit pour se protéger du reel. Lise s'approche. — Vous aimez les histoires, alors écoutez, je vais vous en uter une. Vous voyez la maison au toit rouge derriěre le jardin ? )e colle mon front á la fenétre. Derriěre la vitre, tout est d un noir ďencre. Aprés quelques secondes, danscette absence de formes et de contours, une lumiěre jaune commence ä Her au bout de ma rétine. — Lá oů est la lumiére ? — Exactement. Cette maison est habitée par un homme seul qui ne sort jamais. On pretend quil a un vrai Rembrandt dans son salon et quil le regarde chaque soir pendan neures. i" -u Louvre ? Ft „ "l,uvřr lln Fara<'t Sllr u U P°"e se re,„ SSOr d««u£ "" >o4:£ ^ ^í0n-v-nt,eu^.m*tř*indre í;?" ?°m'ine La „ La b* de fleürs a„i rdePart. J'a *:7aura« dů écKir ?0,rceUr ,eUrs^ndPestoľT 'eS ^Pn>s dC'a!"téduÍoure eS8erbes 5°nduisant ;^««*«| o"cTj°yaÍt> '« yeuV ^-salJe 163 -ER . bouger derriěre la porte-řenětre de la Le sol Para'trouve au-dessus du caveau maudit qui cuisine. Je "J* La memoire bascule du côté sombre de fascinait .hec troUvant cette terreur qui me glacait, enfant, j^aginaire- beS paralysées, malgré le děsir de fuite. V mains moit .j^ gestes pour arréter 1'effroi ? Je m'accroche »-»-" ľ" fernes par la lampe. D'abord cette table basse et jux obje ^ puis ces arrnoires en bois blond, cette ceS chaise^ ^^.j recouverte de terre cuite, les livres de 'cites dont aucun ne me dit Personne ne te veut de mal' Prne le dossier Trestler, les morts ont aussi besoin de repos. La peur est un orchestre qui ne s'entend que la nuit. Je me précipite dans le hall et m'engouffre dans l'escalier Tudor. Elle m'a vue venir, le regard sombre, les traits plombés. Portait-elle cette robe sinistre lorsque je l'apercus pour la premiere fois ? Collée ä la rampe, je m'éloigne du mur oú eile a suspendu la tete d'Holopherne qu'elle vient d'égor- ger. Du sang, toujours du sang. Judith du Prado, n'aurais-tu pu utiliser tes bras á meilleur escient ? N'aurais-tu pu t'y prendre autrement pour libérer les tiens ? Je sais, oui, toutes nous te portons dans nos ventres méme lorsque nous accouchons. Et cependant nous repoussons la force d'anéan- tissement. Mais la peur, comme la mort, nous met en etat de legitime defense. Au lendemain de ces frayeurs, j'ai toujours été tentée par ďinnombrables meurtres. 11 ne fallait d'ailleurs pas s'en priver. lis nous en racontaient ä pleine bouche. L année de la conscription, dans les journaux, sur la place publique, ils parlaient de la guerre comme d'une chose naturelle. Ils peignaient des fresques héroíques, et les fiancees se bousculaient sur le quai des gares pour embrasser les ontaires qui Par^ient tandis que les marraines de guerre commencaient ä tricoter des gants et des chaussettes pour S valeureux soldats. Sur les estrades, on dressait des arcs e tnomphe ä grand renfort de gestes. Mais lamais je milit aiS Parler deS řemmes violees< des enfant* tue», des p^ "aires massacres dans ce carnage qui ravageait les Vieux *C;r:r<*.....* **** ■ r Je ,n''"ľ- ľ'Dans>cs sde'aCn°nPlüSl '......S^^Efe««CSiS "•"'on M '"eatre df> Ma,s ce m^- u" r„n Iea„i Mor{s et vi, mOfs w • heatre ď ,8 á ^•j.«.......Md ÍIa,s dans ' ** veur ins ""née —ns |(. ' Pom-.,,, nour étre nommée, il n'y a pas d'issue mais des ,nci«mnep_!_ ä pare« mon regard dans le papier peint des murs. S^aparcourtr '' nf°ľenchevétrernent des rosaces superposées aux lignes í I s formant un léger relief, comme si tout mon i' '." .| ma sécurité tenait á la qualité et ä la densité de m! rvation. J'adhere ä ce papier comme aux pages ďun '• feignant de croire ce que ľon me donne á lire, des '' ľ'lirkles. des arabesques, des feuillages dont la calme ^"donnance dilue ma terreur dans ľhypnose de la repetition. ,,.„,. M,- craintes s'atténuent. Le cceur recommence ä battre plus lentement. l'entends de nouveau les ronflements , steme de chauffage. L'illusion aide ä s'épargner un plus md mal. . Vous savez que e'est ici qu'a dormi Nicolas», avait tenú á souligner Eva. Elle aurait dů se taire. Quant je couche ä ľhôtel, je préfěre ne pas savoir qui m'a précédée. Les gens de passage souillent les draps sans laisser de traces qui puissent suggérer ľaccueil. Aussitôt seule, je m'étais approchée des lits jumeaux pour en verifier la fraicheur. Les oreillers dent impeccables, mais un matelas paraissait ereusé ,iu centre. C'était lá qu'il avait du dormir. Je choisis ľautre. Je ne voulais pas de ses restes. Ensuite j'avais ouvert le cahier noir .1 tranche rouge qui reposait sur le bureau de postier. Une suite de phrases élogieuses, tracées dans des calligraphies banales pour la plupart, adressaient aux hôtes des louanges et des remer-ments |e cherchais la date honorifique. Rien du bel adolescent, pas méme 9es initiales. La generositě n'était fort ntôt, un chat ronflait dans mon sommeil. Des bruits montaienl de la grand-salle. |e me retournais, cher-chant á esquiver la bourrasque qui déplacait la maison plus a« nord. De temps en temps, j'entrouvrais les yei •'geais les pierres. Un feu avait déjl brůlé Jan;- cet atre, dépouillé de son pare-étincelles, qui paraissait n'avi pas servi depuis longtemps. Que s'était-il pasaé dans chambro qui put avoir un rapport aveC ce qui avait été loo Jí í.—■ * —* em ' C"n":^ -ere ,„,-, ,.. '- e,.,w„ ^ «.« Trop^S '"re. Puise e":' "r6 SeS -nquaľtľ6 dans »«*Z ^ »—asuaäsgís mots ľ ' recu'ai d'un n . nne- " avait Z: s aPProcha sexľ POUVaiení «»re |ľ !;■•'« v'nais de com a,5e ha,ei"«- ep,USco«rtcheminTendre^eles d S0n «rps na. • P0Uľ drríVer -" „RAISON TRESTLER 167 né ä, je m'aventurais dans un temps risqué. nne n'avait encore pu raconter convenablement assait au nord du 46c parallele od ľeau tombait en 1,111 5eet ou la memoire se pétrifiait dans le gel. Hier encore, nelgdio a annoncé quinze centimětes de neige. Une moyenne 'ľ "nrécipita''00 de deux ä trois cents centimetres par hiver, cla nous fait la hauteur de la pyramide de Cheops en un demi-siěcle- Mais cette architecture mouvante se liquéfie á chaque intemps Les grandes debacles anéantissent les villages de riuilottes et de bungalows alignés les uns contre les autres comme des episodes de roman-ŕeuilleton. ĽAmérique est constitute sur des sables mouvants. Un coup de vent, et tout s'effondre. Au lendemain de ces cataclysmes, les journaux dressent la liste des victimes, et nous sommes étonnés d'apprendre que nous sommes encore vivants. Les analpha-bětes ont finalement de la chance. 11* vivent leur mart j temps. Rien ne me garantit la vraisemblance des faits pressentis. mais je suis sure que Catherine a dormi dans cette chambre. Sure que ses pieds ont glissé sur ce plancher gondolé oú je pose les miens. Elle s'est approchée du míroir, un certain soir, et eile a dénoué ses cheveux. Brune, la taille bien prise, eile se trouvait ordinaire, plutôt laide. Mais Eléazar est entré. II s'est approché, le regard brúlé, et eile a repris confiance. Sans hésiter, il la soulěve, la depose sur le lit et délie les de ses bottines. II a pour eile ces gestes tendres qu'elle attend depuis toujours. Elle le laisse degrafer son corsage. Elle consent á le voir caresser et mordiller ses seins. Une bonne chaleur remplit son ventre. Elle ľattire á eile. — Venez. — Catherine, je ferais n'importe quoi pour vous garder dans mes bras. — Alors évitez de faire du bruit. Si mon páre v entendait, nous serions perdus. 168 la '«'so. >N *K .. ^ mon {ÜIIr . Jen file K , Ur' I* me Ja, ., e< A^ réveil UCeür et ,a7' so" Pere pour .nent !ľ epau'es déľ n Je retiens chacun de ses mots. La voix lente et grave, ľhésitation, et les quelques minutes de silence qui suivent. Tout cela pourrait finir ici méme. si j'y consentais. En moi, nait le besoin de provoquer 1'événement, peut-étre méme le scandale. — Pourquoi avez-vous tant tardé ä venir ? Je craignais de ne pas vous trouver. — Mais je suis lá. Vous savez bien que pour vous je 1'impossible. Pere ď,c/1 : « ne . iem'nsřa/;eíí ^U8 aí C" a,n>e. ;e — r- priJae/1f ,, Wfj/' ««. PaMa f Pren«aPl 2 d* ma parole. prenez ' nV°US —ur* T -e suis „_ , . m0' 'c' "»tíntuľ^ si v0üs *■*..*; ixsä;;- -ure T - Prenez-moi. 'des^nSISte. - ääŕ|— «i -, /maginez -V—peurdevousco Canda,-on -''-'" P«- de, e„„- Pr0mettre? romProm^votrernľeuľeV°U8--arHreri,2 . m.~Monhonneur?v "' * :^«-^;:-^, ~Cath ««tence a am°-o ;:r;vo?-'^raye2Jen ~~ ** que 4us^:/t^- am°«"-- Maic Us' ma revolt m'— S V0US-— feSÄ- - mon -^vOU8ain, r 2"m°' ^ -us "^ encore iama,nie'Catherine lP -Al0rssi Vo 0mmePerSOnne d,e eSP,atS''eS »-8«dan,«. Í?***" Nos ^'££"1»™" 'eux< "«• Chacu""e ^ľeMer^rdelonEU'S- E"e P'*"d mon Promesse. m" >rai,s Elle ™*"<™»< comme pOUr - So h S SOuhaits' uns * - -íédlc(íorneľurne a ,a *"« deis s^**?* ^ ParJais et £Jéazar - " S°n si'enCe' , «e. un miroir A,J-i ■ ŕenetres snr ^ Parrume ma's «*« dans' „7"-" ä » cot^ " ÍÍÍ Im '*>*>■ " Tout e*t aisé n ' du s*'- Eli V^« , ,.; jees -*«. de matiére i/.ER 185 ľ" . „«'eile sait ľordre naturel des choses. ** de TJVľamour, ä ľinvisible, ä la «ort. n* leur ' foros de ceux qu'elle aimait jusqu a ses ' . ,«*e * suivre ne en adoptait parfois ľattitude 11 marn- rt'STfÄ»3?-h cuisine-alors qu-lle la,s ten" coli ' imesl"1111 -.o Hans a cuisine, aiors Mu c..c «..— ! la VO'\uSr sa poitdne et rest.it a.nsi longtemp.. "«íl« sa tete sur sa P s.éveillait et, á mesure quelle i^l^SrJíle essuyait ses paupiéres cernees de 'mm°air'en áge, eile essuy«» .« r_.r e se plaignant: «Doux Jesus, quelle vie on me fait mau r mener!» Souvent, eile se parle ä eile seule, ses doigts noueux tátant le bois des meubles et s'y appuyant, comme si eile attendait de ľintérieur méme des choses la memoire des Bestes, le poids de leur nécessité. Et puis, trěs vite, eile retrouve son élan, recommencant ä aimer, á protéger, ä nourrir. Elle s'y est toujours appliquée. Adelaide est une mere qui n'a pas connu ďhomme. Ľanneau qu'elle porte au doigt, comme les commissures de sa bouche que je connais si bien, renvoie ä un passé dont je ne saurai jamais que le mystěre. Elle ne se raconte pas. — Tu verras. Cest facile. J'ouvre le coff re de cedre soustrait ä ľavidité Trestler, oú se trouve le trousseau intact. Je reconnais les nappes, les draps, les tabliers. )e palpe les toiles raides, soulěve les dentelles ajourées, les tissus froids. Éléazar m'observe du v "in de ľceil. II sait ä quoi j'ai dů renoncer. Je le rassure. Je respecterai le pacte qui nous lie. En peu de jours, nous aurons réchauffé ces fibres, habite ces étoffes, rempli ces vides. Je compléterai les initiales CT. de la lettre H. Car je m'appelle maintenant Catherine Hayst. Un nom bref, forme d une seule syllabe, qui résonne aux oreilles comme une note de musique. )e repete . Hayst >. Éléazar s'approche, m'entoure de ses bras et me conduit ä la fenétre dont íl ouvre les volets. Dans deux jours, ce sera le printemps. Lair est doux. Nous allongeons la tete au dehors, mains tendues versle soleil. La ne'ge s amincit. Bientôt la terre se dévoilera, nue jusqu á la l'gne violacée de la forét. ne fa"C' C"- n u méveille. La chambre est glacée. Corps de silence, isses gelées, je m'extrais ďune intimite oubliée. Ma tete ^.iTune passoi're ou ľhiver s'est échoué. Une lumiére blanche couvre la fenétre. II neige probable-ment encore. Je fouille la memoire, mais rien ne s'enchaíne. Dans la conscience, un flou déf aillant, des sequences émiet-tées fuient ľordonnance du temps. Des visages s'effacent, parmi lesquels se trouvent ceux de Catherine et d'Eléazar. Fláner dans ce lit m'aide ä peine ä retracer les images oubliées. Je regarde le fauteuil Récamier, le secretaire de postier ou languit le cahier noir dans lequel j'écrirai une phrase réconfortante pour mes hôtes. La porte du cabinet de toilette est ouverte. )e viens de passer une deuxiěme nuit á la maison Trestler. Eva est debout. Des heurts d'assiettes et d'ustensiles montent de la cuisine. Une porte se referme. J'entends des pas, des bruits retenus, Un aróme de café me vient, puis des odeurs anciennes, des va-et-vient familiers. U faut bouger. II taut m'arracher á cette somnolence qui me ramenerait tôt ou tard dans la vieille maison grise de la route de Gaspé. loulěve les draps. Les notes prises la veille forment un rectangle flou sur le plancher. Plus j'en accumule et moins je sais par quel bout commencer. Je devrai faire le point Dabord, clarifier les impressions ressenties dans cette chambre et ensuite transcrire ce réve érotique á demi oublié. J étais dans les bras ďun homme, je ne sais lequel, les traus se sont brouillés, mais je me sentais attendue, désii a . W"a" p«*ti nv ava, £ ZTbab>*ZZ < , A—Pie dans ia b ■ "«*«*& mmmm -»aHonge un bras »p i Memoire. 'a,re f />rouvre la Ĺ ■ Sp^Pour,a '"sq^,S,'-hUne se"'e. v vľ'nIPre-«'On.cSHa80,,Vei,Írs' tr"P 189 U» U ' p> m'échappe aussi le sens des signes , „,'échappe-. Et rn «»W^ sur laquelle fument les íttlent-ce»! ^ de tous les hutnains ? '" *. fenétre de la cuisine, le jardin est blane D-rÍer%Äe pľptr vierge. Rien n'est écrit. Tout est «""íí Uľes com«nenPcemen*s sent des nécess.tes que l on a [cr. _Vousavez vu ■ Jaté d» 1» mars 1*£ I exam ^ ^ ^ Cath.r.ne. '°m*>"'<;£ ,,fiche de» iambage, »ígus. Ur,e _ Si les con.raires sa.t.ren, ,„.... qu'o le d... ce coUP!e adeľavenir. _ Vous étes une vraie sorciére. VI Jetais revenue ä ma presqulle. Ä mon bungalow de banlieue. Une maison basse percée de ŕenétres panoramiques ren-dant sensible la progression du jour. Pressurée par les contraintes domestiques, harcelée par les attachées de presse qui me relancaient pour m'offrir une livraison gratuite de Madame au foyer ou un écrivain francais dont je pourrais vanter le talent, poursuivie par les associations de bienfaisance, le Tiers-Monde madame, Centraide, ľUnicef, j'étais allée me terrer dans un sous-sol d'amie pour écrire en paix. Un soir, en rentrant, je trouve un message. Stefan a notě un numero de telephone surmonté dune fléche pointée vers le mot Trestler. Aussitôt le diner termine, je passe un coup de til .i ťhistorien qui dit preparer un livre sur la seigneurie de Vaudreuil et ses notables. II cherche des lettres ďlphigénie, petite rille Je J.J. Trestler, qui épousa un conseiller de la Reine, tutur chef du Parlement, dont le nom alia á Dorion lorsque la seigneurie se scinda, á la fin du siěcle dernier, sous la poussée du C.P.R. et du Grand Tronc. Le chemin de fer avait enfanté cette ville comme il avait échelonné les provinces de ľAtlantique au Pacitique, et les Chinois y avaient posé des rails« habillés de blue jeans, longtemps avant Mao. Je panique en entendant parier de lettres. I'ai commence le roman Trestler á partir dun article de magazine précédant !°2 "«»«•oBicitaLn ?nsíe>" B s r«fsr, Morien insiste ""< me répuľn/ ľ"* trOUVer ces öftres ľ a Hélasnon m "ne °" fantí«meení:nT°nsieur-*ucune M PaSS'°" ^rlT: '«-Cnľ: 'e ľen-on8e nľ"^ *U< '* fc—. •z-moi un coup de fil quand vous passerez au " ^ľ vous apporterai le négatlf. _C'est vrai? Oui Trestler était gros, gras. Une vraie téte d'Allemand bouífeur de lard et de patisseries. n ma téte, Trestler n'est ni maigre ni gras. J'ai j>anSpeur ďavoir aimé un homme dont je devrai faire S0U deuil Voir ce négatif, c'est accepter de rencontrer r"0n eer que je détesterai tout le reste du román puisque rllhefine vient de rompre avec son pere. Dans la peau de tte fille Í'ai dé>á eu deUX méľeS' SÍ 'e 8er Un SeC° 'pere dans'la mienne, je risque ľéclatement. Cette nuit j'ai entendu un roulement de train déchirer le silence Le bruit, ďabord aigu, s'est assourd., puis s'est ľ ténué jusqu'á disparaitre complétement. Dans mon reve.,e vovais une voiture couverte des armoiries du min.stere des Postes quitter la gare pour aller porter du courtier a la mľi on Trestler. Une lettre d'Eva me fut hvree dans la ľa née. Elle écriva.t c'est Id. n'est-ce pas que vous lancer« votre román, je vous attends, äbientôt. Mon «n-J'en sentais moins la nécessité depu.s que ,e sava.s Catherine enceinte. Á Saint-Michel, le caréme traina.t en *"*™*£**^ attendait la semaine sainte pour se contesser ub i le remords la tourmenta.t. Au lever, aprés le depart d Eleazar. ? ^cab/ée par Je ^ ce ™ornenr, 7e' U"e ^er(u>W ne h*PPe auss, ,eT ^^ «' e cr UVenir de ?! «*. nSneSOi8nen(/Jm.líb MM/"S°NTRESTLER 195 I , matinée avance. Les épaules de la jeune femme se creusent. Elle s'assoit et rabat les draps. Une nausée libére sa rge. Catherine se lěve et marche, nue, vers le miroir place á contre-jour. Son ventre luit, ä peine marqué ďun gon-řlement au-dessus de la touffe sombre garnissant le bas-ventre- Sans ces vibrations intimes, sans ces modifications mtérieures surtout perceptibles par leurs effets, eile croirait découvrir un corps plat jusqu'ä la pointe des seins. Un corps de jeune fille, et pourtant eile se sent femme. Satisfaite, eile s'arrache á sa contemplation et commence á brosser ses cheveux qu'elle noue en longues tresses. Puis eile s'habille et va ä la fenétre dont eile tire les rideaux. Le soleil est déjä haut. Elle sourit. Le printemps est proche. — Madame devient fainéante, dit Adelaide en la voyant entrer dans la cuisine. Si vous n'y prenez garde, 1'enfant aura le sang pále. Catherine entend á peine les mots, distraite par l'odeur de suif et de petit lait qui remplit la piece. Á la facon dont la cuiller heurte le bol, en rácle les bords, eile sait qu'Adélaide prepare un gáteau. Ces gestes l'enveloppent comme un bonheur ancien. Dans 1'autre cuisine, eile venait souvent la regarder preparer les repas. Les mains distraites allaient, venaient, touchaient les fruits, les viandes, la farine, le sucre. comme en une lente habitude. Elles coupaient les legumes, coulaient les jus de řramboises et de bleuets dans des sacs ďétamine, le corps s'offrant et se donnant ä sa besogne avec amour. Aucun homme n'avait tenu Adelaide dans ses bras, mais eile épousait le corps des choses mieux que personne. En l'observant, Catherine se demande si des rumeurs compromettantes s'échappent de leur chambre pendant la nuit. Ces soupirs, ces plaintes, ces murmures qui precedent le gémissement de plaisir conduisant á ľextase. L etroitesse de la maison favorise une proximité génante pour ces moments ďabandon ou eile souhaiterait s'exprhner retenue. En méme temps, eile trouve injuste que ces étreintes, qui la comblent de tant de satisfaction, soient entenduc? d'une femme ágée qui sen trouve exclue par l'äge et le ,e ««rage iu?SmpréPa««ons cffiS,/*«^ Ä é'3 **» -u four T COmme '* *«£ n PeUt "finable l3 Jf/"* s'é^nner 1 r ^ de »**- ^^cC^l1*?* Par la í" ^ '* sens de equi bandit en elfe 8erm,na""n de cerre M rRESTLER A Montreal, Éléazar se dirige vers la place du Nouveau Marché oü les ŕermiers, venus des faubourgs avoisinants, ont déjá étalé leur marchandise. Ľair sent les fruits et les herbes fraíchement coupées. II siffle. II est heureux. U se sent jeune et fort. Des cloches sonnent plus á lest. II est trop tard pour ľangélus du matin, trop tôt pour celui du midi. Sans doute s'agit-il d'un mort qu'on porte en terre. Débordant de vigueur sensuelle, il chasse cette sombre pensée. Sa derniěre nuit est encore présente ä son esprit, Le souvenir du corps de Catherine, sa beauté, sa chaleur, lont suivi. On ľa inutilement mis en garde contre le manage. Depuis qu'il a épousé cette femme, ľévidence de la tendresse et de la passion le remplit. Oü qu'il se trouve, il ressent la puissance de ce lien dont les rencontres intimes avec Catherine lui révělent la profondeur et la fragilité. S'abandonnant au plaisir de marchander, il s'approche des étalages et s'informe du prix des fruits et des legumes, sachant qu'il devra néanmoins réserver sa maigre fortune pour les achats indispensables ä leur survie, ces peig tissus, rubans, ciseaux, lacets et fils dont il fait le commerce dans les rues de Saint-Michel. Car depuis son renvoi de la maison Trestler, il est devenu colporteur. Sa clientele, encore réduite, augmente rapidement. Si tout va bien, il ouvrira bientôt un magasin, et le beau-pere devra ravaler ses infamies. Au centre de la place, il s'attarde devant le marché au\ fleurs par amour des couleurs et des parfums. Les mar-andes le connaissent. 11 est lá pour la beauté des gerbes. s p£Sŕ - -age cue ľÄ^ hCft^^jSfr „ anient de, a„ he nt'"'. siř,, rUe Noř • i!^,' bateau £?? ''*"* J ľ ""r ,e gfe n^^e"?5 engeeenK 'a pr^nrieuse "?* P'Us 5? Paľ '* ľ's Plages L *' Venu« des C1J,- '^^"er. C°"se,| cordonniers °" ^availlent les '™'ř 'e tour des ér! P°Ur V oů 2 en,ôt l' bP m4"vaiSe sf/*mun'r cons- git StBÍÄŠS ^^h í ER 199 (ISnerie, '• respire ľodeur forte de ľeau sentant ľalgue et le goudron. Ľabsence ďombre lui rappelle qu'il est midi. U s'achemine vers U porte du marché dont il monte la pente legere et pénétre sur la place du Vieux Marché, moins achalandé depuis ľouverture du marché de ľest, beaucoup plus vaste, qu'il vient de visiter. Son beau-pére a vainement appuyé la petition presentee ä la Chambre pour ľouverture d'une nouvelle halle dans le sud-ouest de la ville afin de garder la clientele anglaise dans ce secteur et de freiner le dévelop-pement du marché neuf qui prend de plus en plus d'ampleur. Éléazar note que les voitures á grain et á volailles y sont moins nombreuses qu'autrefois et que les vendeurs de cuir, de poissons et de legumes ne débordent plus sur la rue Saint-Charles et la rue de la Fabrique comme ils en avaient 1 habitude. Derriěre une blche ä demi rabattue, un étal chargé de fromages aiguise son appétit. U en palpe un, le porte á ses narines et le depose ďun geste lent. Lorsqu'il aura fini ses courses, il se contentera de manger la pomme et le quignon de pain garni de lard qu'il transporte dans un sac de jute pendu ä son épaule. Non loin, dans des sachets de toile, transpire l'odeur du clou de girofle, du poivre noir et des pistaches. Et tout prés, celie, irresistible, des coeurs de sucre disposes autour de patisseries lourdes et grasses que le soleil ramollit Trop de tentations le sollicitent. Pour oublier, il se concentre sur les échanges, ces choses que l'on vient oftrir contre un bout ďétoffe, des chaudrons, des ustensiles ou des outils. Sur cette place, oú étaient autrefois livrées au son du tambour les proclamations et annonces officielles, se trou-vaient la potence, le pilori et le cheval de bois destines aux suppliciés. Des condamnés, pendus á ľaube, y étaient e\i jusqu'au couvre-feu dans ľespoir qu'une sentence exemplaire retiendrait ďautres brigands de commettre leurs m Éléazar croit en la tolerance. 11 se réjouit de la dispantion d'une justice aussi inhumaine et rend grace au cití de amelioration des conditions de vie et du progres profitant j "»^n-m da ľfe £* ^ "«^ 7""* ^AÄ me««it ďe Sľnn°S dUlíUe' «Tcu/enT?°UVe ««**£"* 'es »Pect-cie« de .^V ,d Papulation ľ ^^ Qu^* s"PerfiuqdVemTUt ^ü^. C'T"* -vař ft* y employer des bětes et ? V** m^lěres a, «« Le fe"ips s'écn.,1 eS hufnains q"d es> renoncer auv COu,e frop vi(e p> ' oi e i""S,' '-- eľemde ,a CaP'>aíľ fin ^ f '* P'-e U ~~ En»rez Ah , POUSSe ,a Po-:, Del0rme- Cette - Bie„. merci LOmmenř vont les nou. Syr b-i s: «■ *■* ■ lro u ' 201 h hut place a ľarriére de la boutique, regorgeant de d. .ľeS de corps de satin lacés, piqués, damassés et baleinés, /pour sculpter les chairs. Tant ďartifices le déconcertent. Mn corps de femme nue blesserait moins sa pudeur que ces f nfreluches intimes destinées á étouffer la nature ou ä la deformer. Pres de lui, un rentier proměně sa canne au-dessus de rayonnages charges de chapeaux anglais, de tuques et de casquettes en laine du pays. La conversation tourne autour de děboires essuyés par une fille de bonne famille qui a déjá fait envie. — Cette débarque, eile ľa pas volée. Avec ses grands airs, eile donnait toujours l'impression de vouloir nous marcher sur la téte. ~ Tout un chacun s'en moque. On raconte qu'elle a du partir á la sauvette en pleine nuit. — Et la měře, qu'est-ce qu'elle en dit ? — Pas grand-chose. Elle n'avait de cceur que pour son grand flanc-mou de garcon. Éléazar écoute á peine. Ces propos font partie de la rumeur generale de la mercerie ä chacune de ses visites. Les clients écoulent leur fiel en palpant les résilles, guimpes, chapelets, savons de castille, agrafes, miroirs, peignes ďécaille et ciseaux disposes sur les étagéres ou places en vrac dans des caisses. Toutes ces bonnes Imes, il en est persuade, flattent le cure et se confessent réguliěrement. Manger du i).im, íl ľa toujours su, est le passe-temps préféré des punaises de sacristie et des lécheurs de balustre. Plutôt que de s'en formaliser, le jeune colporteur s'aban-donne á la fiévre des achats impossibles. 11 contemple les dés ä coudre en vermeil comme il aimerait en offrir un á Catherine. H détaille la varieté de gants et de chausse-pieds p des bourgeois, examine les boucles de ceinture, de souliers. ľassortiment de brides, ďattaches et de garnitures fines qui mettent en valeur la collection de boutons dorés et nacres qui remplissent tout un mur de tiroirs vitrés. 11 s'attarde au\ rouleaux de drap, de carisé, de mazamel et d« pér ***** coup , e' et en a h>é i Ppr°Pne ce ľ enWcíl ^ir-caisfe / Urd ci,ape£ *s Jesses ľu>7>t.7; ««* de |a ařlcdeParřetď! PPe,,e 'ar* Ťrrié'e Ie H0-5' Í ' Cd" á «"»Í £7 ft**»^ £'.'* itoire i-. a.u-de"Vie confr ľ ndie"s conřr J anies d'éPÍce á ľ^'ique, déc0ul des ^ourruíes ndeSterr- » « if"?""« a L ""»« les p/L ns ""'"" en In, p, „" P" k J- " >°ur ouelľ """"* t« "'«.il»£ .'"* 'an.our ' Mir' 'I celľ ,Ue <»"■ á Part.r "—amcu -,nc„e. pouee/a niim|i P Srí;-»««* SřVS jvM'S°N TRESTLER 203 de f í l, les lacets, peignes, crayons, épingles et tissus r0uleauX quelques livres sterling. Sans compter ľécharpe at'heteS P Catherine ä qui il rapporte toujours un souvenir jesoieP° jj se r^jOUit ďavance de son rire, de ses ex. ^e 'a V1 II pense ä eile, et tout son corps vibre, comme si eile fí,atl0r>d sormais partie de lui. Ä moins que le contraire ne se ^a'Sait duit lui s'étant ouvert á eile et coulé en eile au point s?,ť pr°rder I'empreinte et de finir par ressentir les choses á d Cil ö sa facon. II regrette pourtant de n'avoir pas řrappé le malappris qui lancé, alors qu'il s'approchait du comptoir pour payer ses achats: _ Au lit, une petite Trestler, ca sait se défendre, avec du sangallemand? _ Une Allemande ? T'es un vendu ou bien quoi ? T'oublies qu'elle est née en ce pays et que sa mere était de notre sang. Quelqu'un avait tout de suite corrigé: _ De l'autre bord, on est des Francais, des Allemands des Portugais, des Irlandais, mais une fois rendu de ce• cote., il y a plus que des Canadiens francais ou des Anglais. A to. de choisir. Cette phrase, j'ét.is súre de ľavoir de,a »J^E« hiver peut étre, dans ľancienne cu.sine, autour de la pétrok au globe enfumé. Des hommes parla.ent demi-cercle autour de mon Pére trônant surSO«J**'™ comme un d.eu antique. Intelligent, il regna.t sur eux au fond de sa memoire remplie de souveru« exot.qut*. d, savoirs supérieurs dont il usait avec discretion. *** Pu Par modi Par """" 1'r masquei ceqUjaU| li( ,1 leur cachait ses années de juvén";« était-cebíenLoWeHce/amétaitégaiapré8J que le juvénat fůJ de I owell ou dailleurs. II ne leur parľut pás non plus des églises et des fabr.ques de colon visitéeľ de< encans courus avec ses parens amateurs de tapjs d. Turquie. de porcelainc et d'argenterie. Mais il leur d. parfois a grand renfort de gestes I enorme Chrysler bleue dans laquelle ils étaient monies un four, lui et ses quatre, fréres dont un ferait fortune dans les assurances et devien- drait millionnaire avant son retour au pays. Dans son enfance, Lorn-ll et.nl lepeHI Québec des Etats. Un ghetto du textile ou les nótres émigrérent, á la fin du 19« siěcle, avant que l'Europe y déversát ses immigrants. Le uac, troubadour de hi beat generation, qui immortaliserait cette ville, ne s 'était pas encore révélé. Mon e les entreicn.nl done de Mackenzie King, de la conscription, de la prochaine campagne électorale, du prix des grains, du voisin malade de luberculose, des vaches qui allaient mettre bas. Ä la fois rouge et catholique. il ieur dissimulait I'abonnement au Soleil el '. deux quotidiens pai'ens de la capitale. Ä sa mort, personne ne se doutait qu'il était trilingue. Car en plus de parier anglais, il était un des rares paroissiens ä pouvoir traduire le De profundis et comprendre le sens exact de Domini um spirilu ! Ma mere, ä I egal des autres femmes, restait á lecart de ces conversations. Certains de ses fréres avaient fait le tours classique et choisi des professions liberales. Elle-méme avait eté institutríce. Pendant ces années, eile avait rédigé avec art, comme en témoi^nait son journal intime orné ďun style et dune calligraphie exemplaires. les lettres ďamour et datlaues de nombreux parents déléves. Ces hommes, eile saUnrľlľ ľUľľC"" ' hlMoÍre de France et 1'Histo.re sainte sans omettre de noms importants ou de dates essentielles. bít K ;"n'!,V,r,e- Moíse' ,es P-Phétes, '■ Papmeau, Salomon, Abraham parlaient par sa voix trouvait, ser. ha ľee dumen' leauquotídien. eile portait • -k -eauquotid i Paris le Traité de Versailles, le ľraite '« rra. I ľľaille de Poitiers, les défaites de Waterloo et -'h''11 Abraham. Touš les faits marquants de la ^ PlaÍnľrePosaient en eile. Touš les grands du monde dvili8at,0^ä9amémoire,9enourriB8aientdesatendre99e. emprUI " 0 l'habitait, mais elle-méme restait hors de l'his-Ľhisto.re haD noCturne9( eile remuait en silence e pendant ceP ^ ^ ffl de brodene Rich Ueu, seS af' ďétre ôlbctée. Une fois requise eile leur effort. attendant d et r ^^ ^ ^ řriandise, \ annee de la Cpmme o P»5 de ľépidémie de sauterelles. annee du grÍPPľ ľ ľde foret qui ravagea les bo.sés jusqu'au fleuve. gľíľdde ľa fondation de la paro.sse ou de ľinvest.ture du dernier évéque du diocôse. La riviére Outaouais est l.sse sous le «^g^^ parle aux autres ^^s.^^^f^^ ,anSUne V;e de ľeau Ua cue.ll, quelques comme une ráme a la surraceae mu ombre, sous „ears sauvages don. ce nenuphar qu .1 Ment: aA ortwe 80n chapeau, afin de ľoffrir ä sa femme■££*£* h -'-'-' ipall°nľ "l eľlu Paľs>ble. courant, accordé au temps qu, se *"°^,;££ infini Bientôt, .1 somnole, s'imaginant Hotter dans esp du monde. répandu dans tou, le- temps et tou, ^s Ouverts ä sa chair d'homme aimant comblé par la Lalum.éredéc.ine.Ilouvre.esyeux.De.h, •rceargentéedes wľÄ rives pÍ„SetdeÄsuc -- crétées d roux 11 respire lodeur sueree oo Plerreux aŕt*ítl'5ífr»—... LairestJo Peur'Ploche de S*? r ven*rÄtéc,até —e une ,.. b°"f£s Íterr« «est ľ mMntéd"Sudeľľ ŕ'eVre- S"bi- íeune fem '0rs une "' Jj. CV«ées d'ode ľ6' et des *. C* E"e souC ! e intest"" de Séve et Sií**- É^ľ-e et ^'t cranntend la '«íneur 7*** ľDParreC-SíeS n'a táäľ»» M M/»'5°N '; 207 Lourde, cédant ä ľimpulsion du corps, eile s'., d'un vertige. Elle se sent glisser dans le vide, Pourquo temps s'arréte-t-il ? Rejetant sa téte en arriěre, eile ferme les yeux, sentant bientôt ľénergie solaire la pénétrer jusqu'á ce creux de chair qui dévore ses energies. Ses fi reviennent. Ses sens s'éveillent á nouveau, lni redonnant le sentiment de [a fragile unite ďavant la mise au monde. Ce monde d'avanl lis visages, ďavant les mots, quand tout se 1,nahe dans ľévidence de ľintensité. Je connais cette jouissance de Catherine. J'ai déjá vécu cette féte, aspirée par le ventre, créée par lui. C'était ľété. J'étais grosse, fécondée de part en part, jubilante de ľextrémité des doigts á la plante des pieds. Le monde passait par ce noyau qui me permettait d'éprouver ma puissance de femme, la jouissance d'un corps gravide en état de resplendissante beauté. Cette transfiguration rendait les gestes imprévisibles. La parole dérapait. Elle fondait dans la bouche, inutile. Tout existait avant d'etre nomme. Nous étions en juillet. 11 faisait incroyablement chaud. Mon ventre, ou s'éprouvaient touš les équilibres, était le foyer de convergence de touš les désirs et de touš les besoins. (e ne désirais plus rien. Je portais la vie. Elle me portait. C'était un accord total, absolu. Un bonheur éphéměre. Stefan était jaloux. II placait sa téte entre mes cuisses et reniflait l'antre chaud oú plongeaient ses racines. 11 me portait sur le lit, éteignait la lumiére et me recouvrait, 11 s'installait, s'incrustait, souhaitait remonter jusqu'au premier maillon de la chatne. Je ľentendais, á travers ses caresses, malaxer la päte ténébreuse et inforim- qui coulait entrt doigts. Je ľentendais retourner dans le sein de sa mere, en palper les contours, se frayer un chemin dans ľépaisseur des durées fondamentales qu'il traversait. Vingt ans plus tard, je me réfugie sous un arbre de la cour, seule, fuyant la chaleur. Allongéesur ľherbe. jecolle á dans cetre *"" '?u"*- « resřf. .„. . '^ d «•—nations. " r°ucher 'P' Mais cest im / '°rio■"'"'el £b .u,eu* oú nnrent de?'anete ^tait d £*'J eř ''Esprit- fas "ommées M Pt'eme /°ur du m j dSSUrer '* contľ lesF'"esduR; rgUenteB0urpp ! Par 'absurde S, re ' nonore. Fléazar s'introduira en eile aprěs avoir éteint la Qe soir, ^ura ce geste impossible, reřermer ses bras sur boug'e' e ■ \ faisait partie ďelle et coulait son corps dans lni comme s cUelui de leur enfant. • ur sera passé. 11 fera plus frais. lis auront ouvert la - |0 t tiré les rideaux. Maintenant, la chaleur 1'accable. ŕeretrľ mpression de devoir s'extraire ďun songeoú le potds dresse et le goüt du silence 1'envahissent trop for-áe teI1t Elle se sent exister au ralenti, confondue au tissu temen • ^ gous ses yeux. Comme si sa chair était devenue i^cnair du monde, comme si 1'espace entier était en eile, „forme ä sa rondeur, á sa durée, á son balancement. Et furiant, eile compte les jours, méme si cette grossesse la comble. Ĺ'accouchement la délivrera. — Je suis revenu, dit-il simplement. Éléazar est arrive sans quelle I'ait vu venir. 11 1 etreint longuement, puis commence á lui décrire Montreal, son agitation, ses v.trines. II raconte ce qu'il a vu et entendu sur la place du marché, la foule, le bruit, les couleurs. 11 s attarde aux details de sa visitě á la mercerie, omettant les remarques „uonvenantes sur son manage. A quo. bon la chagr.ner. Bientôt, il sera indépendant, libre ďignorer les racontars de la ville. 11 ouvrira son propre commerce, et eile sera son associée. Aprěs avoir bu le gobelet ďeau fraiche quelle lui tend, il s'essuie les lěvres et déroule autour du cou de sa ^mme le foulard de soie. U glisse ses doigts .ous le t.ssu leger, touche la peau moite de Catherine, palpe ses se.ns, son ventre. comme pour la reconnaitre. La retrouvant «ncnangee ramassée autour de sa main, il la soulěve et la porte sous pommier de la cour oú il l'allonge doucement. Tand.s qu'il la regarde, le corps appuyé á ľarbre il la «ft les bras légérement écartés, les cuisses **«*™***** souhaite s'en rapprocher. Mais il prend le te.v, fascine par cette lourdeur du bassin. cette tendresse repandue 210 "'«"" "n r.fr P^ndre e„tíŕre b • " Seno« p|oien| Souřfle Pre,am°"«edep|ais,r'e",<>«r l,,|s j(. ,,,„ i V,nts I es garcons servis ďabord, les filles ensu,,o K, Stherinen'avaitplussoif. En lisant ce passage, Eva protestera. _ Mais vou.Lontondez les choses. A ľépoque, le chemin n'existait pas encore. Si ma memoire est bonne, Ie Grand Tronc na été construit que dans les années 1850. Le soir méme, ou peut-étre le lendemain, un cabriolet s'immobilise dans la cour. Madeleine en descend, pále, lasse Catherine la voit peu depuis son mariage. Elle l'apercoit parfois á Jeglise dans le banc familial, droite et blonde récitant des oraisons á l'ombre du pilier du temple ].]. Trestler debout face á son Dieu. — Tu es malade ? — Non. — Tu ne Supportes plus la maison ? Elle hausse les épaules. Nous avons vécu dans les mémes murs. Inutile den parier. — Pere est trop dur ? — II nesait rien. — Qu'est-ce qu'iJ devrait savoir ? aime un garcon. — Son nom ? — Patrick. emf|at Adhémar< troisiéme commis de pere, perdra son mpioi, et ma soeur sera répudiée. J'entends résonner les L/l *' cris Fille infame, tu pourrais prétend 217 ite laisses aller á un coup de sang re au meilleu 1 "mmelesbét« r Parti et [ľcoeur. Fille de rien qui couvre~de Xľ ľ™?'£01«»« Sf^seur du peuple, ce mécréant, tu a. ol^ľT"'? Shillings il avait dans ses poches? Je ne Deľľpt» '" de SÄsse. Une trainee dans la fcU.SSSS^,'« __ Va trouver pere et dis-lui tout. __Je n'ai pas ton courage. _ Accepterais-tu de vivre avec un homme pour qui ,u n'asaucun penchant i — J'en serais incapable. — Alors il faut parier. — Non. J'aimerai Patrick en silence jusqu'á ma majorite. Ensuite je me déclarerai. — Tu es folie. Madeleine aime pere et le craint davantage. Elle a choisi ľobéissance et la douceur depuit. toujours. Elle se taira. Éléazar sait oü le bát blesse. 11 a tenu entre ses mains une copie du contrat de mariage de mes parents unis en commu-nauté de biens. II dit que J.J. Trestler prive injustement ses filles de la part de succession maternelle qui leur revient. Les tribunaux peuvent ľobliger, si nous y consentons, á le restituer. — Ä quoi bon. Toucher ce capital ne nous rendrait pas ľamour de cette femme. — Et ľenfant que tu attends. Et les autres á venir ľ — Les enfants ľ — Oui, les enfants. Ils y ont droit. — Cest vra.. J'oubliais nos enfants. j'aurais souhaité les épargner, mais puisqu'on ne peut séparer ľavo.r et le sang, je réclamerai mon dů. Tu peux couvrir ma requete de ton nom. Éléazar se tourne aussitôt vers Madeleine. — Et toi? f"** dans" s ,Je ?Uľ dé«^es en b s "^ "« £?* i ,a Prendre on rľ d audle"« par le"**! age d<>nt j^n, defendeurestinvoqué. ' 'e mau^is etat dt Use*»' San« du řranqufllité. a Pe'"e Patrick. Elle «a "r fií?eux- E"« se ,e 'amour á sa -Une chose terrible sWn Mesfréresr ^ ^ S°-notre toi, - Non. Cela *„ ela te lucerne. Qu'es»-il arrive? Ets'ilétairv °nné ses *m"r&/amrrenl balade Sir, ř-e. ietľon -4 I <« Ä^ľ *? * '-abler h*ne * **« deCpeor- g* Pour «e^er\r- -« °mmenfsai5.tu? r/JSONTRHSTLER 219 Amoins, j'ai couru ä ľexténeur me placer sous la fenétre 1 ntrouverte. Pendant quelques minutes, je n'ai rien entendu, et puis il y a eu ceci. Éléazar rit, impudent. ľan mil'huH cent neuf. le quatorze du mois de septembre avanťmtdi au mandmenl de J.}- Trestler ícuyer negotiant demeurant en la paroisse Ae Vaudreuil, le notaire et les tímoins ci-apres nommés se sont transposes \a iemeuredu dii /./. Trestler qu'ils oni trouvé en bonnesanté de corps. Mini ďesprit, memoire et entendement, ainsi qu'il leur est apparu. — Éléazar, tu es sorcier. Ce sont exactement les paroles. __Elles commencent tous les actes de donation. Ensuite ? __Ensuite cela concernait la crainte de la mort. Comme chrétien il a recommandé son áme á Dieu, suppliant la divine Majesli de lui faire miséricorde et de le placer au royaume des cieux au nombre des Bienheureux. Veut et ordonne le dit testateur que ses dettes soient payees et torts par lui faits réparés. Nouveau rire ďÉléazar sous le regard horrifié de la řille ainée Trestler. — Ces formules me sont aussi connues que le Pater et ľAve Maria. Dis-moi ce qui suit. — U laisse ä Marie-Anne Curtius l'usage de ses biens. — Ses biens et immeubles? — Je crois que e'est qa. A sa mort, Jean-Baptiste et Henry-Daniel en hériteront. — Ton nom n'a pas été prononcé ? — II ľa été en merne temps que ceux de nos frěres. mais Patrick m assure qu'il a ensuite été rayé. — Patrick ľ — II était témoin. — Lache! Leurs regards se croisent Madeleine le fixe, obstinee. Éléazar parle le premier. efaci/, •"■»«** J^Ups, ř| P°UrCafhenneřuř Ch°'s'> <>. re/dW- L ' řU tř> soUv,ens , '°ü's|a — Contre -;a i rna'"ié{í r„ Peut alier I, vo'onřé f m„ C°"f»-e Sl »-ä—»JÄijj........ ,eux- EnsuiZ tídac*s D'»h ?ppui*r*is m, ,dl d*viné .....^."-""-sair 'nes I , ,rgent n'a pour eile aucune importance. Elle voudra.t fu.r. H vo» 1 esquive. U demande á qui reviendra la fortune de i ]. Trestler en 1 absence d hentiers. Elle frémit _ Par certa.ns cótés, tu lui ressembles. Tu penses á tout. — Réponds ä ma question. — En ľabsence ďhéritiers, la maison sera transrormée en école. L'argent servira ä payer les maitres. — Hypocrite! Monsieur renie ses filles, mais il se permet de jouer au grand seigneur. J.J. Trestler reste égal ä lui-méme, conforme á son amour de la caserne. Des enfants, de sexe masculin pour la plupart, apprendront á lire, á écrire, á commander. On les initiera aux mystěres de la religion et aux vertus du citoyen. discipline, épargne, respectabilité, l'art de faire fructifier son avoir. Dev.int Le portique du palais de Justice, une mare d'eau s'est accumulée. Catherine devra encore une fois entrer, traverser le couloir, entendre gémir les gonds des lourdes portes de la salle ďaudience. Ensuite ce martélement des pas, ce craquement des bancs, et l'homme qu'eile évite de regarder. Éléazar la soutient sans un mot, sans un regard, je les sens inquiets, séparés. Ä I'avant, un magistrát en robe noire remue des pape-rasses, énuměre des chif f res, produit des pieces ä con vie Une voix grise s'éléve du fond du prétoire faiblement écl La gorge nouée par ľémotion, je fixe le geste du plumitit qui note chacune des paroles prortoni suffire ä exorciser le mal. Parodie de la justice que ces droits «f' Pour „oir s ' Se disP«er s«'a,rr«'>W I^H« 1 • >ou,„ors regJ « n,o,ns -«. cessé ďen ,r„Un»*»rJtveu.. "r°PPr«. e«cr„yäi, to"' s achéverau. hommľsee^IS éva"ouie. c« Uente«Mu?tá «*£*£ —den«. Des coP,e' r und|ne fi,e de S,U,ee e" ce hVÍI •■aSšiSBBsi ° et assener |e L/ TRESTLER 223 . up ä ľauteur de cette tragédie bourgeoise qui se gf chaque ŕois des scribes pour se faire justice? m'accordai ä peine un répit. Sans transition, je suis • ä l'acte. Les yeux sees, j'ai tout vu de cette scene de ^^tion, car je m'étais retournée en me dirigeant vers d^s0 extrémité de la salle, munie du document trouvé chez '''" / our. apris avoir tnlendu lť~ parties par kurs avocah. exam tv''- ,, ndamne ledifendeur ä un inventain ''r '■! I Hit it ''"'" 'M ''"'"s ""'"'''''5 e( '"""eubles de la communauie I el \Aarguerilt Noel, sa défunU íemme. Idle quelle siíbsistnir au '"'" /" itch •'' '' "'"''''' "'"'í1''' "> ^ m'accroch ituels d -«^/^momiHe. J. Usse mes cheveux dans une eau parrumee ae mes sourcils. ■ ,e mets tout en ceuvre pour oublier lapeu.sauvag«^ t me sais menacée par le temps du Pr^ement redoute le passage de I 'instinct a son u 1 »n ^ ^ ^ sement. Cet enfant qu. pese en mOl, ces emprunteni i me« n, • ,p "pr"s "-»* U Le processus ďexpufeion se ľi ""' ře"«<£i ,*>U*5 L°s Imu, Prépare^nepne^8r°*. Zs " ľ^t avo! revü T 0de"rs aciľ P gran<*e pOUr p,écesombre biesse e- E"e «e to u™ere.s-ngui„oienř; '^^bre, eile dü <*« du meur S°" *".J« se a porte gri La '"miere la áShÄíS?í5ttiŕ-^.*....... •^íais ř„ *■ Des ' nous IN rRESTI 229 Une semaine plus tard, la jeune femme se léve, va cuisine et peint des ceufs qu'elle place dans un bol. Elk plus mal. Le sang mouillc a peine le linge posé sur son sexe. Se souvenant de ses bonheurs ďété, eile se rapproche de la lumiére Febrile, eile ouvre la fenétre et respire la neige jmbibée ďeau. Bientôt eile marchera á ľextérieur, porl ľenfant dans ses bras. les tourtiěres et les beignets qu'elle prépa-1 avec Adelaide dans peu de temps. Leur premier Noel a sans cochon de lait, sans volaille, sans vin. Pour Paqu.es, eile veut un festin. Ma soeur est venue me rendre visitě. Je suis dans la chambre en train de nourrir ľenfant Elle pose ses mains l.i ...íurtepointe et les retire aussitôt, comme si le geste était indecent. Elle ne me saisit plus qu'á travers Éléazar, le lit conjugal. Une odeur de lait flotte dans la piece. Elle regarde ä peine mes seins, génée par ma surabondance ďaccouchée. Finalement, eile se risque ä parier. — Patrick s'est prononcé. H a demandé ma main. — Et quelle a été la reaction de pere ? — Tu sa Olli, je sais. Merne situation, mémes ens, měmes menaces. II a levé les bras et demandé quel mauvais sort poussait ses titles á s'amouracher de bons á rien. U a hurlé, gémi sur ľhonneur bařoué, comme si! Ealtait répondre ä ľinévitable par la violence. liar s'impatiente. II trouve ma sceur trop complaisante. — Quel bourgeois il comptait te faire épouser ? — II a déjá été question du fils Mure et du fils Bast Des radins qui portent le drap d'Espagne sans faire 1 difference entre le crottin de rue et une pomme de pin — Ěléazar, tu exagéres toujour?. Qu'as-tu répondu ľ 230 Cr - - „. --■aas« •-':::-r' 5; . »••■«..., , ""■»"«im PonancL "d0"1- '"" ~ ^■ESU«"fatal-* Hi . Prendre , H,er ' a vu I v u le notaire et d ^^_ ÄÍS de cáráno " "* ^ °PPMi«on. dreu,/ ? 1 231 . je suis née. Nous croirais-tu capables de """ ^ ' i' F rmtiěre pour allei nous marier en terre amé-'*et ue pere s'est battu centre les Américains? ""'''"' ■ lrbu.n>.rands mots et debien grands serupules. ' íľts Un.s envahissaient de nouveau le Bas-Canada, ' .in«« se battraient h nos côtés. , 9 Britanniques se ,. j'expliquer. Ma sceur se desinteresse de la poli-lnUn ľlle la vie s'arréte á la maison Trestler, un lieu "ql" ' °el eile s'agrippe, totalement livrée ä leur bon vouloit poUarS,eHeajoute: |C v,ux rester en bons termes avec per,. Que risques-tu ľ H ťa probablement déshéritée avant mérne de savoir qui tu épouserais. _ Je place les sentiments au-dessus de ces questions. ■c «l'.i-tPnte et la voilä vétue de blane. Elle est HU,t aureusdííe au bras de Patnck. Des m.grat.ons ma,eure, heureuse etre embaume ,usque Et cependant, c'est un jour triste. Madeline espéra.t que m -g^Jg^ů Garde tes pleurs. pauvre rille, cet homme n - pa, ^ a des principes, une ame robuste un «J**^ des tltres, ,nCe :i ,ll'Ur líTqu' ne'e desüna.t pas pour des serviteurs, un comnus qu U ne uesof,nes répu- époux. 11 a mérne des subs »tuts pourJ« ** * mtlé Aprés la bénAtoj» >nup' ^ du regl5tre tracera un« croix en guise de s.gnature paroissial Neut mois plus rard, un a^fT^KI dont ,e trouve une cop.e dans le doss.er prete p d» "'gocianl est ^^««ancede* ' P^dra bientňř sa ^f,"6" °n mise sur /* r era«* «S,1'8 £ŠíkS **£$ ^■•»íBtfiaaaa» VII Je ne peux remettre cette visíte ä plus tard. Le moment est venu de faire connaissance avec le pere de Catherine. Je passe un coup de fil a ľhistorien du dimanche qui promet ďabréger sa reunion de la matinee afin de me recevoir, et je descends aussitôt dans le Vieux Montreal, hagiographie en forme de labyrinthe oü je cherche la rue Saint-Nicolas. Rue Saint-Sacrement, je suis une calěche tirée par un cheval antique. Des touristes américains quittent un instant yeux le dépliant tenú á la main, cherchant ie soleil, les colombes, le mát olympique, les temples et forěts qui y sont célébrés. Les pionniers du Nouvtau Mbndt, ks grands découvreur> y ie kur couraje A piti, sur les par teois sikles ďhislúire. admirez les maisons -es. — Stop! 1 want to take a picture. Les rues défilent dans mon rétroviseur, et j'imagine 1 Historien en train de consulter des archives poussiéreuses dans un bureau délabré. On a brúlé ses lettres, m'a-t-il dit au ne a propos ďlphigénie, niece de Catherine, qui le fait toujours rfiver. Ie sais. On a aussi brúlé le journal intime de ma mere, de ma grand-mere, et ceux de Sophie Tolstoi et de Virginia Wolf attendirent longtemps avant d'etre publies temme de réve n echt que pour ses tiroirs / SSsssň..... s Aucune;; ■ Hr ŕ38" ^nqúí de'ite*vaní "Van, mtre 1*!!°^ »'«« 'n^^Sř W 'oderne. I..!!!"™ rOU8es- *-e dém," .. "°^ de n > fernes, lustre« rf8,"" U déc°r « f ľ d'?' ét: n auraľ iľn ä changer ä ses excursions. Mais jedevra, H nl'a er le rnanoir des Lotbiniére que fai situe trop lojn et que Trestľer f réquentait, semble-t-il, plus que ,e ne 1 ai la.sse entendre. ^^^^^^ le note minutieusement chacune des informations reques. )e n'aurai pas de sitôt la chance de voir la charniěre vivante qui relie la France puritaine de Leon Blum au Québec libertaire de cette tin de siěcle. Le verso et le recto de mon dernier blane de cheque sont déjá couverts. Payez á l'ordre de. )e dois maintenant poser la vraie question. — Vous n'avez jamais vu de photos des filles Trestler ? Madeleine ou Catherine? — Jamais. Réponse sěche. Je recevrai le superflu, un essai de I Historien dont le litre, contenant les mots une famílie b ita, á sa sortie, la reprobation de ses proches, vexés de un statut civil ravalé en jugement de valeur par 1'emploi Jun adjectif. La bourgeoisie ne se reconnait que dans le substantia L" ľmliti it u qui est, avait bellement éerit un adorateur de saint Thomas d'Aquin dans un vieux bouquin d«? Philo jadis feuilleté sous les combles. me remet également le neuviěme tome de son journal '"me ou je trouve les hivers délicieux. Vacances sur la I 238 i versants de l'Atlľnll^ fUf řo"cher TJ*''' leľ>. •ersants de ľAflľnf q ' Sut ro"cher I e,,ir leľ n,!|«e «c lAt/anhque r',. er'e mmii s saI "'»ure surleflanc est 8ent s"r le n Urdesd°ns S,,l,,w__. ' 'ancoues> ' "3 ■ wrsÉ,„, ae i Atlantic ^'ture surleflanc est. Subitement, une idée me vient vo^S0r—-desFlnanceS( rd|fétrpH -Cemi„,stredesFjn «J, . N°*>* continuons H" k ■»•«««. Noí«,"0"5 '*"' «onštľLOUíS inCrim™ "•-- - 5s «A-r-ís r Prj! 5S£? ^rjre*.. „„us repre S°--eľ' "OS -CVS ' »»PA'' 'a '"-... T e un 8est* UAISONTRESTLER rPtournons ä nos occupations. Lui, a la gestion ďadicu. Nou. etou« ts< de ses ŕresques ed,f-antes. lsescapitaux.de se ^^ Nqus appartenons a í^r: d'écrivS qui s'ignorent et se sous-est.ment jeu" clan nt 01 utUe e. ' oleU de midi est blane. Aprěs avoir vuces Dehors, le so ei ^ me u aussi irreei e f9( ■ ntendu ces P op - ^ ^^ ^^ ?un Wm de^dence hcuon. j ^ ^ ^^ e :ée au'un film de science-tictu.n. ,c «v».»... .„, 1 our Catherine. Aucun proces n'a eu finalement lieu, semble-t-il, entre eile et son pere avec qui le conflit se serait réglé ä ľamiable. Mais je crois avoir lu et entendu le contraire. U me ŕaudra revoir ce dossier lorsque je retour-nerai á la maison Trestler. Quelques semaines plus tard, j'appelle la standardiste de la maison de courtage pour verifier les details du décor de la salle ďattente. Elle rectifier «Les lustres sont effectivement en plexiglass, mais les récepteurs sont noirs, la moquette beige et le divan vert.. Une seule de mes references est juste. Loin de m'inquiéter de l'inexactitude de mes perceptions, je m'en réjouis. Puisque les sens et la memoire déforment ä ce point le reel, je peux invoquer le passe en toute tranquillité. 11 se trouvera toujours quelqu'un pour me persuader, á partir de ses propres approximations, que le blane n'est pas le noir et que le noir n'est pas le blanc. ['avais eu raison de lire comme des romans ces récits d'exploits et de batailles auxquels les historiens, qui m'en avaient livré les episodes, n'avaient jamais assisté. Et auraient-ils été presents sur les lieux du désastre que mes doutes eussent encore été fondés, le parti pris du sens niun, de la politique, l'aveuglement des sens süffisant ä uter le jugement. L'Histoire avec un grand H, c'était d'abord un genre littéraire doté d'un style, de regies, de édés ďécriture. C'était, de toutes les histoires possibles, celie que ľon choisissait ä des fins qui ne se révélaient que plus tard. Et dans ce dévoilement, le temps aussi oeuvre. 24 0 ^A Tourmentée n». i Apres avoir íeté dan 'a maison T? '/"««Ue! dem'ouverí v . asa"edeséio..r r™e ava„« "s m«uré par , "^' * Milan«,,« au Urie »apis ro fou,ours Hor8eA-<,udaxtiľ 241 ser en n- - !•» longue onvolée de sept heures, le P . ;;,„■.. I.i i autanl que la vigueur martiale de í ne8 soldáta sanglés dans leurs uniformes perma press. luisants comme des tambours neufs. Une salve de vingt et coups de canon balaie le del. Elle s'essuie les yeux. Du ! ,.,, empire du C ommonwealth dont s'enorgueillissaient les ane odeur de poudre et un nuage de řumée. C aptée par l'image, je m'assois, m'appliquant ä saisir le Spectacle par ľceil des cameras. La reine marche. Elle signe un livre d'or ou l'or est sans doute rare. Elle recoit une gerbe je fleurs d'un enfant de la Belle Province dont le gouver-nement a boudé le rapatriement de la constitution qu'elle rapporte dans ses bagages. Entétemeňt de catholique, doit-elle penser, en prenant place dans la limousine qui la conduit ä Rideau Hall, residence du gouverneur general od eile passera la nuit, sachant qu'on loge dans ces residences étrangěres, mais qu'on ne dort bien qu'á. Buckingham Place. Un long travelling couvre la suite royale qui avance au ralenti, attirant les curieux agglutinés au tour de ľéglise St. Bartholomey OÚ la reine s'agenouille, le temps de reciter une priěre. My God, sauvez la monarchic Scotland Yard, la reine, sa cour et ses chevaux My Queen, que l'on adore en Sa majesté et suprématie á jamais consignees dans leurs mémoires oublieuses, régnez éternellement. plusieurs reprises, le cortege se dissout et se reforme. h ki.nl ä dix-huit heures lis chuchotent les noms et qualités des personnalités présentes. Couleurs acides, mains nriiel c e soir, ma reine, vous assisterez au concert gala du Centre national des Arts. The ami • ulgaire, rutilant. Nous partagecms prés de 9000 kilometres de frontiére, souvenez-vous, cest trois cents Eois la largeur du Pas-de-Calais. Mais vous faites preuve d'une dignitě remarquable. Rien ne vous rebute. Rien ne vous étonne. La fen native vous est pretexte ä fermer yeux. Faites de beaux rěves, ma souveraine. je vous reverrai au diner d'État. D'ici lä, )e grimpeá la cuisine passer un coup de fil et preparer un double TV dinner Stefan rentrera peut-etre diner ce soir. Pfeife Eva n,.,,,- r U ^ft0kI Manches de céieri V *"•££ !*'d ^ a0u"s éľdet .Ír0"68' «íeuxfa -n PÍe>*l, iamaisnotrep] :;;,:;:;;;r'■• ,eUn^-^ C é'ait un soir ďétŕ ~ * ai -PPées a votre lfeeSvP'eCes. * «on^ 'Her ř,a.nce* au prince phXe" Vo"* etiez habiilée de m nt mere Portait un Äj Sur '* point de ]*£ b'e" ^ "ne étole de vison M ,ations se rľ *"' CrUda' ^rdait á Ma ^ev? fi-re d ľ\>t anCtCe°7ds—"t et ľherbe Mon Pere, raConľ-Umé "**** de I ^^ "^'"able. "^rnent de rľ * en dét*l les £ monarch,e anglaise '—dote corn;8eS VI" No ľ a ľnnStanCeS du ~»ron- fcí* 'eu« "ra"!S SUr 'e caractéľ;T epUÍSé '* gamme °Ullla,en» la cam£ľrt8- Nos yeu dí «•« h-'biJ- m^-ImmoJejde a anuitef hais m VOUs M trouver. 243 u( |a cervelle Le ciel tremblait, la tem détr.i|luj me bouchais les oreilles. Puis une v ''"'ť'fini, i'» sont Passes-" Mon P"0 se penchait, íouillait \ beset exhibait une piécette blanche au creux di les main. 11 visage royal — était-ce celui de Geoi ou abeth? peu importe, les traits étaient oblitérés et la té öftre toujours le méme visage —, fixait le levant, la r?^a ii tie au )Oitimet, lä oú avaient porte les roues du i Nous nous bousculions pour toucher le metal pré-COnVO Mon pere nous laissait approcher, notait no C'CťonS les complétait des siennes, puis faisait disparaítre ľ Wí t rare dans la pochette du pantalon reservě á sa muntre FnJuite il donnait le pas, et ma mere suivait. Nous rega-ms li maison en silence, remplis de la grace du sacre qui fuspendrait. pendant quelques jours, le tumulte familial, le vacarme domestique. Les cameras de television m'entrainent nontenant dans un hotel chic de la chaine Holiday Inn oú cinq cents ,eunes chefs de file, cheveux lisses et collet monte, partagent e ľs de la rán.. On les a exemptés du banquet sírnu e. ce e fastidieuse repetition generale impose« deux ours plus£* par le corps protocola.re de Buckingham Palace aux c.nq eant: ,SW des bureaux ^^n^^.U^s Landes, vins, fromages el petit, po.s ont e e importe de France, mais les serveurs et les tétes de v.olon sont du pays Je broute mon céleri tandjs que Sa N uste une feuille de chicorée lavee a leau ^* «J Malvern Hüls of England qui la suit tOUjOUTS Noblesse oblige. Elle touche ä g^J^gSi Puyfromage et son cure de veau Cho sy. ces rep II faudrait parfois .voir le courage de servir aux rem« T.V. dinners. Auparavant, la souveraine a ca J£*£ tempsPavec ses hôtes, manifestant une pr. cÜmatdtcosse.En pays roturier. eile a porte* une roruriére, mats eile ne commetrra chefs d'Étal tiord amer" ""'We Home sweet home. AiJIeuM ,„K'"n*' » see '• i'n n pet; b L'angle de Id camera se rétrécit, le cadrage se ress tend á la reine sun portrait, une peinture naiven °" laquelle eile hoche la tete aprés avoir esquissé une mo^'"" bleu a si longtemps soutenu la palette des portray » anglo-saxons quelle répugne á saisir le sens de ces degrad^ neigeux OÜ des yeu\ nus, les siens, ŕixent le néant. Cett toile ľanéantit. De regarder son corps ŕigé dans un espac é, desert, la debilite. On lui donne á contempler |'ap0. theose du vide. La fin de la monarchie. Son instinct de survivance I'emporte sur son désir de plain much resemblance , arrjcule-t-elle, refusant • onnaitre ses traits, et ceux du prince consort, dans ces visage- blémes surgis dun cauchemar de I'Arctique. - sa Majesté. 'aMä*«'«.vo„s„rive. -'•■»■ deparl«^ politique? |____________ - Vous savez que la Belle i absente |U á quelques encablures, sur t'autre rive! __ C'est triste E1U cherch« des yeux ses gardes du corps poUr |eut .„., |, presence de ľintrus qui enfre.nt le protocole Inutile, ma reine ,ls ne leveront pasle petit doigt Ä Ottawa they don't speak trench, langue de l'mtelligentsiaeuropeenne quel'on vous fit un devoir de maitriser. [Is, n'ont ru-nentendu des pi hangés. Cela leur est musique barbare, dialecte mondiste, borborygmes de mangeurs de soupe aux U,, ma reine, il n'est que minuit. La grande noirceur re l.i ville tandis que si\ heures sonnent au fuseau boraire de Greenwich. En ce moment, á Buckingham Palace, vous sonneriez la femme de chambre et commanderiez du thé avant de con-sulter les journaux du matin oil vous liriez les bavardages ďinsulaires sourds au bruit que font quatre milliards et demi d'habitants s'arrachant les restes ďune planete dégéněn Ottawa, vous les ouvrirez á peine, redoutant ľhumour francophone qui stigmatisera la couleur de vos toilettes, le flegme de votre sourire, la simplicitě de vos propos. Un soupir s'éteint sur les lévres de la souveraine. Per-sonne ne saura que la couronne lui a toujours pese. Per-sonne ne comprendra que le destin ľa condamnée děs ľinstant oú il jeta le diu de Kent, tils ainé du roi, dans les bras de ľambitieuse et sterile Madame Swamson. Nouveau mouvement de camera. Un rideau de pluie couvre Rideau Hall d'oü part le cortege attendu pour la ceremonie. La colline parlementaire est remplie dissociations d'Eclaireurs, de Guides, de personnes ágées ou handicapěes invitees a nourrir ľovation. Triste spectacle pour une reine dont les traits accusent une fatigue scandalei. Vétue de bleu turquoise, Elisabeth 11 quitte le carrosse utilise jadis pour transporter Georges VI et la reine mere brsque la monarchie triomphait. Elle avance sur le ta rouge liséré de cordons de policiers, sachant que rouges et les cordons de policiers la conduisent tou i -'He doit all, , Sous son parapluie, eile voil la toule ma- ^^m pssšpst HS mmm Non. ma rei„e ""»P™«,; c sardines. dedeux "/;aVe,ac"-cUlation Ä .m Cetře Marche du r-^Ksif radi° r'^eusn;:a:rrsdecř,oves voitu- La caméra bo ^mpfr ^ÍYÍ"6 Se ?**«che des Hmfa et des LI6 main "vec des h ChanSe des ■ d. Í!U; u" Peľ,, «2 Ied? Sans /amais Pere' s" retenu, Plus tard, je l'apercois, levant la tete vers quelques II,. neu! cent quatre-v»ngt-deu> que les < '" teurs de la ceremonie ont échoui r vers le , "1u -rve. |e I« faque. |e ľépie dans ses silences et retr uis měme jusqu'á ľaéroport d'Uplands ou des families de Ttaires honorent son depart El pourtant, il me manque m - image. La television me cache les Ind liens lonton en train de fumer le calumet de paix et de "„•r.ontrele Canada Bill. Qes photos me seront livrées par les journaux du len- ,'jn. C'est aussi grace ä la presse écrite que i'ai fait n ,(stance, cinq mois plus tôt, avec le chef de la tribu des fVibway, ľoctogénaire Ojibway Senapor Shingwauk, qui ' I Aait la colline parlementaire outaouaise suivi dun .Ilier ďautochtones reclamant le respect des droits ances- mi La television faisait sa besogne. Elle couvrait le traux. s pectacle, abandonnant aux scribes la pérennité de ľhistoire. Pendant ces quarante-huit heures oü je regardai le petit écran, Stefan ne rentra pas. Au trois.éme jour, ,e compns que je ne devais plus lui preparer de TV. dinners, n, aucun autre repas. H s'était épris dune walkyrie slave, se.ns plats longue criniěre rousse, qui, fatiguée de faire la plonge dans un restaurant de New York ou n'apparaissart ,ama.s ban a Claus, avart about, chez nous, munie de hurt valises du n transistor, et de la terme intention d'etre epousee, choyee t de íoie gras avant Expiration de son visa. Je ľeus au bout du fil quelques semaines plus tard 11 avart cessé d'acheter les journaux, de regarder le telé,ournaL II ne «H pas qu'Élisabeth 11, reine d'Angleterre, »vait«P«ta proclamation constitutionnelle de son seul prenom, EusaDe. — Elisabeth, répétait-il, pensif, croyan« avoir livré le non de la femme qu'il aimait. — Elisabeth pour les intimes. — Les intimes ? •"«"asi...........; « ßouger n maÍSOn ^r'^oitürV Jan, e de '* menšie ^"^"es ľ «*** je> í 'r du *al de v,vľ6 **»«» hurSÍÍ* *« s ' ***, Je m^ts Je rrt U a vou. nqU| súri,,,-,. 'ancer„n„ et°nner í í„ aussitôt i r fernd ,e -p SET!de řer d SS'< * ""Pfégné T Un visage ail dessus d'üne ľfSO"v^nirs. ab*"vasio„ il,„ "''"""' Catherine! - Us ŕoi ... PeaU tref"Pée de :................- - — .„. -o M 255 nquent de vivres, de paillasses, ďabris. Dans U Québec il parait qu'on n'a méme pas de munition* tTtiquerletir. Tu crois qu'on aura la guerre? sais pas. On ne sait plus ce qui est vra» et ce qui *" 'e nGl PS Américains répandent partout de fausses sais pas. On ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ^es Américains répandei * eSt Trľ Au village, c'est la panique. rumeUI lit— Un peu plus tard, Patrick faisait irruption dans la cour, sale, dépenaillé. Sa barbe n'avait pas été taillée depuis plu-jours. 11 dressait un sombre tableau de la situation. Aux portes des églises, on faisait la criée des déserteurs. Des péres étaient menaces ďenrôlement si leurs fils n'étaient pas retrouvés dans les quarante-huit heures. Et les fermiers ne supportaient plus de voir fouiller leur maison par des soldats qui avaient recu ľordre de tirer sur tout opposant. — A Lachine, c'est ľémeute. U y a risque de guerre civile. — Comment ? — On a capture des déserteurs. Les esprits s'échauffent Les rebelles s'organisent. Benéche la Victoire prepare une manifestation monštre. 11 court les villages avec ses hommes pour demander le soutien des habitants. U veut que ľarmée lui remette non seulement les prisonniers mais aussi les miliciens déjá enrôlés. — Les habitants marchent ? — II parait qu'ils sont en route avec des fourches, des fusils, des batons. On les a menaces de brüler leurs granges s'ils ne se ralliaient p — Comment réagit ľarmée? — lis oni ordonné au\ rebelles de se disperser, faute de quoi íls lanceront contre eux les troupes du roi. — C'est encore le peuple qui va écoper. — II a déjá écopé. On a fail une quarantaine de prisonniers, un mort et un blessé. I A A'-'N), >M Sax ;?'icatr^ [»men«. A,, ' "le '"'<• * loi in 1?""'""Sl> * -**«. rríarssuľ** «Err* *c -•egroupés pres ďune n „Iľ 6 aux S"eUx ľ °Uc«it «ľ ro„ľr^~—poUrdéPMervos **^^"^ -r""' * cel,f "k mj,i . " le P'ais" J «termín ""'"hen de , •7—ií Sac r ''~e "«ä* t 'a-ĽT le b«°«< den fiw ^SrÄiŕ--^*...........d,,„ -ens. — «w du côté des h delľlTr' 2 nlip leS Américains, Ubéraux et republicans. ..-hiSteS. " ■oon^3;9saientlepomg. L \bas les fossoyeurs de la Uberte! minutes étaient écoulées. Un tir ďartillerie les Les trente ^ ripostaient avec une salve de coups de teu, écrasai' au so " ve)je canonnade. Mais la noirceur tombait tirantjUn?0up3, Us mesuraient la distance qui les séparait Comme des > araissaient, couverts par ľobscurité. , |a pineae e. r Lelendemain,onparladeloimartiale. r, u r, c'est le vacarme de ľorage. Des trombes d eau . De ieľfenétres et le toit. Les goutt.éres deborden« ŕOUettennmoteX les mares accumulées. Catherine , ap- bÄ^Ä^a^e.i^ese dégage de la Campagne s.lencieu,. AdMdev,e„1d'arrive,E„eal,e„da,..af;nde1orage pour semettre en route smonsieurvotre _ Votre frěre a une torte nevrc, pere n'a pas été fouillé. ^ u j Monsieur mon pere est au"desS^ ^ ^eloppement de flours su se placer au lieu ^-^^^.nnľe'beaucoup son commerce. Nul doute qu .1 se re,ou. ^ par decommertants.durelance^mentdesat^^ j( ^ % ľoccupation américaine du riaui fourruresluifait agnercequelabaisseducomme^e leui Autour de nous, des habitants ^ ^ N)onp leur fourrage et leur* legume, aux pnw ^ remp|is>, on dit que les buvettes et les maisons w rail. Surlaplacedumarché,l'AubergedesTroisJ | il, des ^^^^^^^^^^^^^^^ Men.*.,. <**++. Bs p^^J^^ -Montreal? 'ľ attdquer iam.es Wilkin bit US *"* Can S armeS «« Ír3"810" *"~ ""»■ Wiľantdo"Ma Popu ľŕ 8 empS tenir **•* COn""e prenií£ '* ™,or general r°rce, cjuiftera 259 ltrl , le Lac C h.implain et la riviére Richelieu p»a»sbUr?;drľMontréa1 qu'ils assiégeront ensemble. .„uir a ' ľhabitude de commander á des esclaves, non Cedern>era R,che planteur du Sud, il supporte mal re comma" * bupérieur. \\ feint de se plier aux ordres í lfrOgance « ľimpression ďemprunter la route tradition-' ,-us, a°Tdrinrd mais il coupe bientôt en direction du nord-'A\c vers le no > cháteauguay riche en paturage et -t:S1eequelanv1éreR1chel1eu. moms , Michel de Salaberry, officer de trente-cinq ans, Char nlusľeurs semaines les defacements de ce corps suit depu« p lus« de f in ďoctobre 1813, apres avo,ra> ďarmée. En ce ma ^ ^ miroir ten(J par 1 aide de toiletteet setre^reg ľennem, Petlt de tadle. camp, u se sa,t CaPt résolu .1 s'est impose á ses hommes •" atWé;S ÍÄ «« Í°UI outrageusement appele tmonncner-rqu1sdelapoudreäcanon.. 'Theure est venue de me«« son planaexecu.cn. _ Vous m'avez fait ven.r. mon commandant ? arbres pour construe «»«parapets cSis pour notrelignede defense. _ Bien, mon commandant. ^ _Pour renforcer nos positions PJ*g^delavaUée mierravinunabattisenřormedarcqms jusqu á ta loret. - Tout de suite, mon comman^éjá Enrôlé á quatorze ans, df.Sa»abfr * ďarmée ré Antilles oú .1 a appris a déloue;„0lt5Ua guerre, mais J liére. Ses trois frěres cadet, sont ^ •£&„« lui - croit en sa bonne étoile. Lavan" j U population ^ annoncée par un LoyaliSte. La moife ^ ^ anadasestforméeďAmericamsquic annoncée par un Loyaiib«. — •••- . . deuxCanadasestforméeďAmencamsqui '■'""• Je lín __ y nons J Hampton , Whisky i| n OUante ans II ífej^SS! ÄS*—* „ de fr-'Pper l-ľ d ''«"e de d«ľ nedü'" ^deSaUe 4s ľ' de 'arm, l" Tlon 2" ra| lui ordonne de retraverser la h , 'intend30' >'•'"' des baraquements ,1 Foul ' ■,tetdcCOn Irtie« ďhiver. U re de la < ffSréussir le siege de Montreal On lui fait ,.naP»b]e d* de sa competence et de ľexiler dans un ro°' de ľľebande et ďespionnage OŮ il passera six m« ntre de ' "n" ' - a fenétre les bovins américains vendu rfllSľSepleinesaisor ,• le traue de -' bíaES de potasse centre du wh.sky canad.en. ÍS vu regnant sur le Saint-Laurent somptueu-3»r»^a,i!S entouré de femmes fa.sant 1 amour i la „ent nourr., aise. on of a bitch! ^Aucun message, mon general? _ Go to hell! Sain,M «ft^^^ÄÄS lsable Une to^^^-íjnílSe. d'automne. ' í" > — J r,m' 7 sXr dfbordent. La '■p,C,mur uuMn e bruits, mémes gee parientdéjádufroidetdeconflitsari ^ ^ Catherine peut dif ficilement se concenuwsur ^ hu qu'elle porte La nuit, P»r*°*' u lain, chemars. Elle entend le bruit blesses, et, lorsqu'ell 'x,«Uuiarri> « «»«nP eUe peUt a rendormir. Le lendemain, comme -um, u ... peine penser, se mouvoir. En ce moment, e||e de U cuisine en nam i er des herbes et ,1,''"'",' ŕ|,»j tis eile (láne dans la cour, accablée ď r *<% Une «nio. _ \ ,ens, il ne raut pas rester seule. Tu penses t Éleazar 1'entraíne a 1'intérieur. II redoute cette qui la rend lointaine, absente jusque dans leurs m"8°ÍSse ďmtimité. distraite merne lorsqu'íl l'entretient du de0"1*"'5 enfant attendu. II s'interdit de penser qi ' na"sX'én,ř pourrait ětre compromise par la presence de ''occupant^"00 ratra k profite de son travail chez les Trestler pour coun au\ nouvelles aussi souvent que possible. Le soir méme i| uroduit dans la cuisine sans frapper. — Salaberry a défait les Américains ä Chlteauguay. — Répéte. — La nouvelle est sure. Le general Hampton a battu en retraite, laissant tout sur place, fusils, tambours, provisions, havresacs. — Les Américains ont repassé la frontiěre ? — Ä toute vitesse. L'armée n'a méme pas eu á les repou s ser. — Dieu soit Joué! Le ŕrére et le couple setreignent. Ľespoir est de nov-possible. Pendant cette prochaine saison, i Ns nourriront et caresseront les bétes. lis enlévc i neige, couperont le bois, se rassembleront autour du Ns retrouveront les gestes ďavant, lis ouMieronl les image» de destruction et de mort. Éléazar veut tout connaitre des details de la ns souvent en ville et rencontre moins de «enS "epül son depart de la maison Trestler. — Le combat a dure long temps ? 263 tre »eures. Les Américains avaient ľinfanterie "Uct l'artillerie de leur côté, mais la stratégie' ^Commen« |r dans un abattis sur la Cháteauguay, puis gonner la trompette sur le front, á ľarriére, dans les II faisait apparaitre ses soldats ici et lá, la I endroit, puis a I'envers, afin de faire croire á une importante. Les Américains ont pris peur. _IUétaient nombreux? _ Quatre á cinq mille. I , du côté de Salaberry? — Trois cents riviere Cháteauguay, de, Hammes balaient s charrettes cha. isembiees , fait incendier les maisons 'Irneür' .verne , ttiondepoursuivi wwm ľííäer ns nontenant dun nul mmes en trp les ra réussienír« ert. a , lone! n hlA,SOhl^ÍSr d*'a vu,o,r«. Vous , v'""- enor ««éricaine. En caTd^ 'Pa. ^ vous COn, v,; -Mon genera! U •—■'.......&xzssr-**m* Le gouverneur Prévosfef I» • 'arRumentd'un reearH K \- 8ené»-al Warf... .11 p de hampďJ '"""Par SF r femoil mu. ■rmp. tedeťeitflC les, ďautrt'-ioute av. ne autre ur ďautr me, la su*' es Sur I: ■ Jdufleir. des br, íeries. d« »c Peut-étr-not i. dans . km> • «néricain? La d, ' euroP*en et, u í , ""M""""-.s, .;-"■■ .icon '^ ou'pd! P^mier |our des « -'"s „e "' r nous neha pai , tendi, B1 - LEK mitsah* de I qui ne sait trop ä qui imputer l echec de 'mmenceparhés,' .ide de ľinformer sans management de ,. r-.eilleures troupe- mduites re. utJlle ... armée! Vaudrait mieux étre en ..puisable Quel • plu« t» ,,ade de dysentene. le chet de, fa« ,č de ľordre de »«poľu eénéral Hampton par le * h U ntréal 1endemam>OOOso.da,samérKa.- «n, unquante .mbarc-tion. de« nd couverl de la lum.ere chaude de le£ ^^ «ton. f""™*^ dM ».I des hyn '^ľ^Ä^' aupaysapn dei.tr- rnntntqw j ~~ D,^u nous i. entou^unmotáľ, ( i, 269 mois plus ,arcl ' Fort Lauaerdale en Floride, j'en recus is all bull shit! • déclinait le long.l.gne bell ton OŮ ]e m'étais rendue manger des lard un soir, attirée par la guerre des prix que se , les hoteliers de la côte ä l'heure du buffet. Bienvenue i que je n lter les dépliants publi- , '"'ľ vantan« les excursions a Disi ,, ,es ., ..ntais les occupations ame. 813 en terre québéco.se, insistant tout parti- Lcnt sur leur denouement I ■'"« m'ava.ten.endue recter une table avez-vo, a nulle part!» ..,« u„w»pd. Boston E„l. ,u, baroujetro fitSS quand ^^H VIII Torsque je m'éveillai. la vague batUil LoreiUes |e regard* le lac Usse et cremet. »W ,e me .' ul ur e me demanda.s pour qui. pour quo,, cela «h.« L« P-"< rire.de travail, de continuer i wre. .etournailatéteveraianui ,ure et enter levaH U lu, >e* ma.n.e: ■ arrets ' Le reste Dans lehali j i ?' '^nmecroiseen rdiř ' °UpSdemarte- : -'embr^an,. Ä en« 1 , niienne. Ľécriture - le temps n liře a »a , ,n de la durée absolue est une promesse mtenable |e r lá le devrai bientôt terminer mon |] l'ai mol \u prem ur nom dans ^ ■ un deuil t toujoui lans unechambr« subitement, ľodeur d- totalem, i archalques, - temps absorber la torpeui ne disait jatu port)' Ou je le \ ers ses m me livraient de M ^^^^■__ , Warn* dn Ai?*i Cither** * "°fl^. d,°nn^ mais eiíeľ Vd'f P" ™er,er L ,av*"co„cu 'p 'mPr""é. „n me V P'raľ°nS P,US ,ard-ma »*«ľllľ Pers°nnage Je ™f *"»"*«* comment naVance«enrerardsuíio" Mc,MBl «»'« n,/. ER 275 0ue cherchait-elle ? Qu eile de (uir en séchap- 7 Je mo vue, COUrant vers les alRues, foncant vers le n d herbes marécageuses oü je ne pouvais 1 ie de rebrousser chemin pour aller I, mais je m< ite maniere, je de. P1". I une photocopie du ci |e la W . .Tsonnage dont j'avais appv tard et dont ľintégration au roma probléme. eveux plongés dans ľeau du ruisseau entouranl bungalow. La nuit oii jen révai, eile rosse de tous [es corps, de touš les désirs. de I stresses et de toutes les extases du mond. brouillard. eile émergeait des décombres du temp u ravonnement luna.re que en deca de , radical ,ntran-uísaľables.parí« banalite du de >édure. ment de p A'nsi Cather "^ a m'eu' dt Fe !v 'eS.VOeu> á son temperám ľ'S,rUneau,r« ma m COníU ce Personnl; r" me d*™ndera,» commen, £ mere, eile es» un "ff*" Je «Pondrais - eile es» un peu ^""^^anceeľenreľard^Í^;' Mchant «u'on «« flotľ! Unt' '°n8ue caoľ , ur6es% han, ... ,,!,. J Qu .-ssayait-elle de fuir en s'echap-Quechercha.t ei ^ ^ algues fon(;ant vers , pan« ď.{"»bZmarécageuses oú je ne pouvais la suivre? ba- L envie de rebrousser chem.n pour aller Stup**1**' Hva, mais je me ravisai. le lui ecrii miniere ie devais lu'. . promis pllJ: •£"" , du cert.ficat de décés d« "I 'ÍTcSSJE personnag. don» j'avais appris C ,, «t donl integration au roma, euxpongesdansie lei le ľľe outes í, resseset de toutes l brouillard. eile émergea,. du rayonnemen» luna,re qu. en de<;ä de ban.i Densunechambreoülal de . nous ,. /"'•"u,.. B« ),,„, U rěve •'«».It »ransřormé p. ,t,al11 tŕermera ;u/emenl HlM, 'a degradation des femmes qui déambulaient >les chómeurs et dl ,n prenait dans son esprit des pr . Jont |a * urmillement dont eile per, la rumeur. eile efttend Jela e de Buckingham Palace gl element du vide la recouvrait ,nt les pages sereferrr,. b orógress.on de lombre sur - ^' rdins les lieu» JSA- J P- niľmT proměn at par U tes et rr> Dans 1 une épo «•urt' / M ........!tifsd "*' =4ŕS sä* •!"V déesse inf ! Sans exuhľ n,üntran. is^ire de llf "J"™^ des ' *■"• "ne '£* i. ■ ■^ i,e p*; Dan , - ......««chive. ÍUpérie"reíí ,UminositéavÍ«tíP!n!aÍt des dunes aŕLľ'eUX B,e"'ô. Plus Pif d"J" d{- Plus en n/„ '*' : 'usqu'á ce,te u, ?« Su" '"' '< lever et lP i V"*, E"e np nt la Permanen< e de ,* Cette <*"»ition du sang Elle ^ SOn ^Portem am°Ur«ui,a ""•"*« «„„' chie, '» Pasretournée e.deaú", i t h Wnleur. affran- visibi. "",• mé/ange d'a.r corps h/S rs,?mpr, mení du .m n. 279 ,,. souhaitais o» lepuis g, parier ďune chose import I .uľhonneurde vous connaitre Sir Que puis-je faire poui pas un mot. Ne faites pas un geste Oub qui tn< °ubl ' >>yaux, v. • es, vos colonies. Elisabeth onu — livrer un message important. — Votre Majesté se reposait. Sir — Votre Majesté est un mythe et ces dorures sont de la .in souffle ardent, une áme errante Le te est illusion, decadence ělisaběthaine II s'étail assis sur le lit Elle r la tige ďun chandelier en or et la repher entre ses doígts dun m< vement brusque. Cet ai II poovait ľatteindre sans la ti '-me avait-il pu escalader le mur d timbres et franchir le couloii lencher le systéme d'aUrmi I II sueur vei d'um tun myl que le m r« des hui' r: ...beth, .1 r ^'ľT-Vie me, r«? rachat -so " ".nee c l?Püp'"»> a '«prit. EJIp Jľ Un PassdEP,S.av'ene'S .Sa i IJ -?réP ryour—.s«, ?«M/esdecmľf'i,'-i'"''S.lrd,MV r uslesoufilt Sír. ~H0W^d0fy0u q. ' edeld-'ebre Panciere (air 2*1 sensations violentes, Sa respiration s'était a f He se sentail harcelée par une proximité charnelle, e par un désir dont ľurgence la forccrait á n-, corps dévorés par une exigence profa- •bservait, s'étonnant de ne pouvoir surmonter lachant plus si sa peur tenait ä ľincongruité de : a ľambiguité ďune attirance qui ľaviiissait / lui que chez eile, eile redoutait des ge-lu langage, la brülure de l'instinct. Avant olle craignail la rupture de l equilibre precaire qui maiľ. I homme en deqä de la řureur orgamque, le reeafd balayé par ľincandescence d'une vision dont eile percev.iit l'attrait destructeur. U s'était tourné vers la table de nuit. 11 fixait le diamant qu'elle y avait depose, le regardant scintil! nd de son écrin de velours. 11 se raidit, et touš les muscles de si rent. Elle vit qu'il tenait á la main gauch. cendrier de verre bnsé dont ľextrému mme une lame, pouvait, si eile reláchait sa prudence, eřřl« ou son poignet. 11 insistait Vous o... .- du feu? | re ten, Elisabeth des timbres lurrait ěti "t en l qu'un gardien veittait joui et nuil sur kingham ■ inq mUl rxouillait un instant devant eile - minutes plu I tteoúil rendre '- i,- Ni ***** ,x '■m de surrealist pa í, ^ ^eurítt'^ 5?* £m« en memoire. CesfT ^ de ,a ™'s?n T? T*1*»« ,m a7U'f" Parce rait coca, "^ S'' ''^surd^dľ^^k -ľ :rsl........— *~ est 'mpossible |e „ - Qua„d „, lue'cSÜ Ier que I, — ľresUe, pu 2L- 283 . Ur,dor Uavudcsbancsdemorame, t£&tXZ SAJ ;:;;;;r;ÄľÄse,descKan,s,ncom. mds. . . 1,1 i , 1, has chaque annee. A ■SSSS £ ^»S KLÍ annoru.au i nnvvantjitleL isnn , . ,,. inoncaient des departs pour le L.rana iiw*». » parlant francais. On y vantait le Disney Worl innon?aienx--- . aitl) due par une so, Jt. ľespace, de U .« perdu le senUrnent d ^ la ,oundra éve durée, je rengainais m «m«£u ^ ^ i la ten «der „u des Danaides du e ľénergie qui lÍLlteuígtandb« program I Ber P" u: Un bulletin i j* , centre culture! e ^ !a realisation de promesse* . /ions Writer du mobílier de Sir A 4es voleurs l'ont empörte le jour ou il devai« nou» |e man ďĚphigéme ? ;vais so.- on a été cambriolé dant la restaurai absentait cinq rr i appliques murales, les la r le* ces depot Je pense aux mauvais esprits de la maison Trestler c - du magazine, ces lézar; terrestre et fissurent !a raison, (J m Trestler pendant une rěcente absence c ft Benjamin. Chaq an bruit montér de la cave Confondu par les forces de 'ibre, il se tournait vers le lac d'e de brouillard, une femme nue, tres be! ■te, qui portait pour t Jon nou» :ille Elle avancai». portée par la chaleu: orait de • tours ď I« pále u r de 1,; ír aller ague pour se donner un-?age qui ^^^^^^^^^^^^^H . *i S ""esence ,., ,,''"■' nbles ^V 287 idité brúlesofi regard, ľai rapprochement avec la • pour des manages? i mal renfteignée. . ráe le la< surface Elle ir\%\ ppelle avoir vu lautre ébauche- r un coxl •■ heure. Rien qu hr Hm. lorsqu'elle et Benjamin sont ren- ittendaient dans la cour D ge- '.»ULheš dévoranti e i prop. auraien: lu ■ f rau, e"'/" /,'"';' ,i" Roi \ • Sri* F** son Vienne v°" fit*1 'a, s J« i '«front. Ff '"-»im Ju i te «ans i«-, l ■ «• hre Iäh h í v// I, ^^^■l ^^^^^^^^^^^^^^^^^_ ^^^^^H ^^^^^^H 289 :L£R 4r, de sa volonte, et ľépoux qu, 1 ac, ,„, |ui Par,°,r r f-acte juridique. lu. sont étrangers. Mais J"«c I I.nľet de merne souche en dep.» des cXnepeuts'oubUe, llCrt besogne machinalement, ind.f- ,ue dernere les mots débités par ntleSieur! hand .,h(-,d..Va11dr,u,l.lequel promet de irDameCathe> epht« onigedemaiori, II v a erreur Élea/ar ne ľa am U- ľeutd"boíd decide Leur u. hfUreuse. íondee sur Iiegaiité unc ccepte cependant la fornuj P autre, apres tout, quimpo. ,n denso.re ont «o^oursm quel'amour donl on lava.t pnve. devrait ll Rie„ n-indiq« «M ■ ««« gag"' Quinchi« ,„n du R MM ,'',mJ*' ''"'"«.,,„ OR,,. e»d* >* r.x"ř^..... •-«unie, de «r»« ,IUfnme«i o -ěre,quV1, -n, j,. f|.m e9tterm,néE«edoiŕ^n^esde rrend pas u j;bou«'• »i reCrrí *"'*»£ ,e Prem„.r ,.,,"" ' P*>t*qu ,| „, ma,s ,| n, Ce»e- «ourde eťa"! Sf "%rapj *-^gn epa,s- qui tem, Třes dan tlí, maint, . .' Vdnř a'enchainei l, i zw i powrrafem tuiéchapp lui imposant lea contours et i,. eile se retourne vei ■ quis'estdéroulélá lamais comp D »rte* v tu pou: itre mílie Iivres au demand« ■ le poun le le i ait pour l.i přen ircit 1 u i | 1 '| 292 O/v h reconsidére le* w~ ^ letě H» , V,Ctoire de Chitlľ^^ " "enwnt un '," du nul mys,,.r„.ux '"" I""'» ressenl »«'"Ä,J'*on"p'..... Lousc?ssr »I qu'ú • nrayercemalquicontinuaitdeledévorer malgré échouallf ^ de Rigaud échangée, dix ans plus tôt, contre la |j Pr0pr,eřaIHíble qui devait le guénr. On I'avait abuse 11 reCette inchancre envahir le larynx, étendre ses tentacules sentait e DO,tnne II sentait son cceur manquer, sa vue |U5que dans ia Y 3' Dcouii quelques jours, ses perceptions se brouillaient. , .mme.l se confonda.t au temps de ve.lle. La nu.t. ,,llt des corbeaux planer sur le lac, méme si Mane- uadaitducontra.re.l, regarda.» évir, la neige tomber, et des coulees de gUc ,,nt se9 08. H se tena.t parfo.s longtemps debout de touchant presque la v.tre. occupe a "ntempler le vide, comme s',1 nattenda.t p.us r,en n, personne Revai.-Ü. lui qui F«^^JEÄm2XS moments ďimmobilité, r^!£l££« *»**"*' son besom de quitter les s.ens pou s expa ne ou ne percevait-,1 que sa řf *"«;^"^va„» >a ŕenétre du point ř.xé ? En le regardant «n«PJ^ , s et des morts en suspens dans nos veines. J'oubliais Kendes apprises, le román inachevé. II n'y avait pas j'histoire possible, mais des récits, des anecdotes, des episodes. Pas ďamour ni de destin durables, mais des coincidences, des audaces, des sursis gagnés sur le hasard. Chaque minute de vie nous plongeait au coeur ďune fiction grandiose qui pouvait nous anéantir ou nous transfigures Eta Carinae, c'était le futur déjä commence. C 'était le double de Catherine, la fusion du temps vécu et du temps réve. Ä la suite de cette lecture, je repris la vie solitaire. Je traversai le bungalow desert et recommencai le tour des chambres. Puis je fis I'effort d'entrer dans mon bureau et de m'asseoir á ma table de travail. Trés vite, mon cahier s est refermé. Je n'écrivais plus. Je ne me préoccupa.s plus de la suite. Le huitiéme jour commencait. Hfl I kord joun pat sa i hroniqut it littératu i quotidien Le I i c/ docutnentaU Nŕf A Riviére du I '»up. ľauh habite en banlieut de Mo\ anitne des oteliti Universities 'le Montreal et ďi "Hta La maison Trestler existe. On la dit hantée. Dequi ? De quoi ? Voici ce que se demande une romanciere qui en apprend ľexistence par un reportage, la visitě, s'éprend de la famille qui ľa habitée au XIX1' siecle, tout particuliérement de la ŕille cadette Catherine ä Iaquelle eile finit par s'identiŕier. A travers ce personnage et celui du pere, depute au Parlement de Québec et riche négociant de ŕourrures, arrive ici comme mercenaire dans le regiment de Hesse-Hanau appelé ä Iutter contre la revolution américaine, s'effectue une remise en question de ľhistoire et du mythe de l'Amérique. Car ce livre touchant, moderne, souvent drôle, fait plus que raconter une saga familiale. Ľactualité politique, les réves, les souvenirs de lectures que la narratrice faisait, enfant, dans le vieux grenier familial, font surgir des faits anciens et actuels qui interrogent le passe et I'avenir en regard de I'attachement porta France et de la dangereuse proximité américaine.