Ghapitre VI COMPLEMENTS DU VERBE Étudiez la complementation verbale dans le texte suivant. « Rosemonde » 1 Longtemps au pied du perron de La maison oü entra la dame Que j'avais suivie pendant deux Bonnes heures ä Amsterdam 5 Mes doigts jetěrent des baisers Mais le canal était desert Le quai aussi et nuí ne vit Comment mes baisers retrouvěrent Celle ä qui j'ai donne ma vie 10 Un jour pendant plus de deux heures Je la surnommai Rosemonde Voulant pouvoir me rappeler Sa bouche fleurie en Hollande Puis lentement je m'en allai 15 Pour quéter la Rose du Monde Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913. PREALAELES Kjonnaissances requises Lecture : G.M.F., chap. VII: « Le groupe verbal», § 1, «La syntaxe du. groupe verbal », p. 215-242. ......_ Le groupe verbal est le pivot de la phrase : P = GN + GV(+ GP). D'un point de vue formel, il integre, dans sa composition maximale, Complements du verbe 75 un noyau verbal, des complements et des modificateurs adverbiaux, ces derniers étant généralement facultatifs. Dans une telle conception, les complements du verbe sont touš les constituants immé-diats du GV (hormis le verbe lui-méme et ses modificateurs), c'est-ä-dire aussi bien les attributs que les C.O.D. et C.O.I. Les constructions attributives requiěrent toutefois un traitement séparé, du fait de la spécificité de la relation morphosyntaxique entretenue entre le sujet (ou le C.O.D.) et son attribut. En effet, contrairement ä touš les autres, les complements attributifs s'accordent avec le sujet (ou avec le complement d'objet dans le cas d'un attribut du complement d'objet). Hormis les constructions á attribut du sujet ou du C.O.D., on distingue, en function du nombre de complements admis par le verbe, les constructions intransitive (pas de complement), transitive directe ou indirecte (un complement, de type GN ou d'un type equivalent dans le premier cas, de type GP ou equivalent dans le second) et ä double complementation (deux complements) - cette derniěre configuration correspondant ä un cas particulier de construction transitive1. Traditionnellement, le complement d'un verbe transitif direct est nommé complement d'objet direct (C.O.D.), celui d'un verbe transitif indirect complement d'objet indirect (C.O.I.). Dans les cas de double complementation, on par-lera d'objet premier et d'objet second2. Notons enfin que certains verbes intransitifs peuvent etre construits avec un complement d'objet interne (ex. vivre sa vie), qui fournit, sur un support nominal, des specifications comparables ä celieš qu'apportent un adverbe ou un complement de maniere (vivre sa vie = «vivre ä sa facon »)3. Au plan sémantique, les complements des verbes transitifs peuvent étre considérés comme un prolongement externe du séman-tisme du verbe : ils saturent une ou plusieurs variables prévues dans ie « programme sémantique » du verbe. Quant aux cas ďabsence de 1. II existe aussi, mais ils sont assez rares, des verbes á trois complements (voir G.M.F., VII: 1.3.1., p. 219 et 1.4.5., p. 227). 2. Certains types d'objets seconds sont parfois appelés complements d'attribution. Sur ce point, voir G.M.F., VII: 1.4.4., p. 225-227. 3. Sur ľobjet interne, voir G.M.F., VII: i .3.3., p. 220-221. 76 Functions complement, il convient de distinguer ľintransitivité de ľemploi absolu d'un verbe transitif. Le verbe intransitif n'est en principe ouvert ä aucune complementation tandis que ľabsence de complement dans ľemploi absolu d'un verbe transitif est une absence significative d'un complement prévu dans la structure actancielle du verbe1. Notons enfin que certains verbes connaissent alternativement une construction transitive et une construction intransitive, leur sens variant considérablement selon la construction (par ex. il a pris un livre / la colle a pris). II ne s'agit plus dans ce cas d'emploi absolu, mais d'une forme d'homonymie : ce sont deux verbes distincts ayant des constructions difľérentes2. Enfin, en ce qui concerne leur morphologic, les complements du verbe peuvent avoir la forme d'un GN, d'un GP, d'un pronom ou d'une proposition. Repérage des occurrences Tous les verbes doivent etre pris en compte, y compris les formes participiales {voulant, v. 12) et infinitives (pouvoir et me rappeler, v. 12 -queter, v. 15). On exclura toutefois^an'r (v. 13), participe entiěrement adjective3, ainsi que les auxiliaires des formes composées {j'avais suivie, v. 3 -j'ai donné, v. 9) qui ne sauraient etre traités séparément du verbe conjugué au passé compose ou au plus-que-parfait4. Le principal probléme relatif au repérage des occurrences concerne les cas de complements circonstanciels susceptibles d'etre confondus avec des complements d'objet. Nous éliminerons 1. Si, en emploi absolu, le verbe n'a pas de complement alors qu'il pourrait en avoir un, e'est soit parce que I'objet est restitué par le contexte (Regards!), soit parce que la specification de I'objet est considérée comme non pertinente (II est en train de lire), soit enfin parce que l'objci recouvre ľensemblc des objets possibles du verbe (Á trois arts, il savait lire). Voir G.M.F., VII: 1.3.2., p. 220. 2. Signaions égaiement le cas des verbes reversibles, qui ne sont pas des cas d'homonymie mais de changement de diathěse : par ex. k médecin guérit le malade I le malade guérit (voir G.M.F., VII: 1.4.6., p. 228). 3. I! admet une variation en intensitě (sa bouche tm fleurie) et ne comporte pas de complement de type verbal (le GP en Hollande depend, nous semble-t-il, de se rappeler et non á&jlěurie - mais ie" caractěre poétique du texte s'accommodc d'une certaine souplesse dans ľanerage de ce complement). 4. La question des auxiliaires modaux est plus delicate. Elle sera examinee dans le paragraphe consaeré aux constructions transitives. Complements du verbe 11 ďemblée les GP pendant deux bonnes hemes et ä Amsterdam, qui, pouvant ětre effaces et déplacés sans difficulté, ne peuvent etre considérés comme des complements du verbe suivre. On notera cependant que ce verbe peut etre employe avec un objet second locatif, mais seule-ment si ce complement indique le lieu d'aboutissement du mouve-ment signifié par suivre (je ľai suivie á Amsterdam = «j'ai fait, derriěre eile, un trajet conduisant á Amsterdam» : le GP n'est alors pas déplacable sans modification de sens). Or, ce n'est pas le cas dans le texte : ä Amsterdam designe bien le cadre du proces suivre et non le terme de ce proces - lecture non seulement peu credible mais aussi incompatible avec le circonstant temporel pendant deux bonnes hemes, qui exclut une interpretation perfective du verbe. De merne, unjour et pendant plus de deux heures, qui peuvent aisé-ment ětre effaces et déplacés, ont une fonction circonstancielle. En revanche, nous montrerons que le pronom relatif oil [la maison oú entra la dame, v. 2) est bien un complement du verbe entrer. Quant au GP au pied du perron (v. 1), qui pourrait etre analyse comme objet second du verbe jeter (v. 5), sa fonction sera examinee dans le paragraphe consaeré aux constructions ä double complementation. ANALYSE PROPOSER Le texte présente toute la gamme des complements. Nous les clas-serons d'abord en fonction des types de construction, puis, ä ľintérieur de chaeun de ces types, selon un point de vue morphologique. 1. Absence de complement Le texte ne comporte qu'un cas d'absencc de complement: je m en ätun iv. i ii. >j agiL-ii u. unc const.ruCt.ion intransitive ou u" ľemploi absolu d'un verbe transitif? La question se pose en effet, car s'en aller se construit égaiement avec un complement locatif indiquant la destination du mouvement {je m'en vais au marchef, ce complement 1. Ou encore son point de depart: je m'en vais de cette maison. 78 Fondions ayant une fonction de C.O.I, tout comme le complement du verbe aller (je vais au marché), qui se distingue toutefois du precedent par son caractěre obligatoire. Or il est clair que la presence ou l'absence du complement d'objet locatif n'affecte pas le sens du verbe. Nous avons done lä un cas d'emploi absolu d'un verbe transitif, oú I'effacement du complement peut étre expliqué par le caractěre non pertinent de la specification qu'il implique. S'en aller prend alors en contexte le sens de « quitter un lieu »'. On notera en outre que ce verbe s'emploie également, dans un sens atténué2, comme auxiliaire aspecto-temporel (une vieille chanson que je m'en vais vous lire). De ľidée de mouvement de depart, on passe ä ľidée plus abstraite ďimminence d'un proces, selon un processus que connait egalement le verbe aller {je vais vous lire une vieille chanson). Dans cet emploi, s'en aller et aller sont suivis d'un infinitif3 et perdent, en merne temps que leur autonomie syntaxique (puisqu'ils font corps avec le verbe á ľmfinitif), toute possibilité de complementation. Mais ces deux verbes peuvent aussi étre suivis d'un infinitif tout en gardant leur valeur de verbes de mouvement: il va rendre visitě ä sa taňte - il s'm va rendre visitě á sa taňte. On remarquera que, dans le texte, I'effacement de la preposition pour suffirait pour que ľon passe de ľemploi absolu de s'en aller (avec le GP circonstant final pour queter la Rose du Monde) ä cette construction plus intégrée4: je m'en allai queter la Rose du Monde. Or, si les deux constructions sont trěs proches au plan sémantique, la syntaxe de la seconde semble beaucoup plus delicate ä interpreter que celle de la premiere : puisque le verbe s'en aller signifie un mouvement, on ne peut pas considérer que le groupe [s'en aller + infmitifj forme un noyau verbal comme on le fait lorsqu'il s'agit de ľauxiliaire aspecto-temporel; mais d'autre part, il est impossible d'analyser le groupe infinitival comme une construction infinitive objet du verbe s'en aller (sur le modele de structures du type je pense revenir demain ouje vois Pierre 1. Notons qu'en emploi absolu, s'en aller peut également avoir le sens de « dispa-raitre » ou « mourir ». 2. Ou subduit dans la terminologie guiHaumienne. 3. Ces verbes prennent une autre valeur aspectuelle (proces en cours de realisation) lorsqu'ils sont construits avec un participe present: il va chantant - il s'm va chantant (constructions aujourd'hui percucs comme archaismes). 4. Ce passage d'une construction á ľautre est bien súr exclu dans le cas de aller du fait du caractěre obiigatoire du C.O.I. Complements du verbe 79 courir) car la commutation avec un GN, un pronom ou une completive n'est pas envisageable1. Nous retrouverons bientôt un probléme analogue en examinant la construction du verbe pouvoir. 2. Construction transitive A / Construction transitive directe Nous distinguerons, d'un point de vue morphologique, les complements de forme nominale ou pronominale et les complements de forme propositionnelle. a) Complements nominaux et pronominaux Le G.O.D. canonique, de forme GN, n'apparaít qu'á deux reprises dans le texte : me rappeler sa bouchefleurie (v. 12-13) - queter la Rose du Monde (v. 15). Le verbe se rappeler, pronominal autonome, ne comporte bien qu'un seul complement2: le pronom réfiéchi se n'ayant pas de referent, il ne peut étre interprete comme saturant une variable du prédicat. Un tel verbe ne pourrait fonc-tionner comme un verbe ä double complementation que s'il était pris au sens d'un pronominal réciproque (par ex. ils se rappellent (mutuellement) leurs erreurs = « A rappelle ä B les erreurs de A ou B et B rappelle ä A les erreurs de A ou B »). Quant au C.O.D. de forme pronominale, nous n'en relevons qu'une seule occurrence : la dame que j'avais suivie (v. 2-3). La relative que j'avais suivie résulte de la relativisation de la phrase j'avais suivi la dame. Le pronom relatif que, qui a pour antecedent le GN la dame, est done le C.O.D. du verbe suivre. 1. Le memo probléme se pose pour It-, verbe aller dans des constructions du type il va rendre visile á sa tante. Sur ce point, voir G.M.F., XTV : 2.1., p. 496-4-97. 2. Et de construction directe ! L'emploi fautif se rappeler de, par analogie avec se souvenir de, est repéré děs la fin du XVIIľ siěcle (voir T.Ĺ.P., article « Rappeler »). « L'on sera bien force d'y venir», écrivait Gide en í 930, dans son Journal. II semble que nous n'y soyons pas encore tout á fait parvenu... Au nombre des factenrs qui fragilisent le main-tien de la construction directe de se rappeler, il convient de relever, outre ľiníluence de se souvenir de, i'emploi du marqueur de lorsque le complement est un infinitif non compose : rappelle-toi defermer la porte. Ce marqueur n'apparait pas en cas d'infinitif compose : je me rappelle avoir ferne la porte. 80 Functions On notera que parmi ces trois verbes transitifs, seul se rappeler admettrait une complementation sous la forme ďune subordonnée completive. b) Complements propositionnels Trois types de propositions sont représentés : une relative périphrastique (mes baisers retrouvérent celie ä qui j'ai donne ma vie... deux heures, v. 8-9), une interrogative indirecte (nul ne vit comment mes baisers retrouvérent... deux heures, v. 7-8) et une construction infinitive (voulant pouvoir me rappeler sa bouche fleurie en Hollande, v. 13), les deux derniers types appartenant á la catégorie des subordonnées complétives1. Le fait que ces trois complements soient propositionnels n'assure aucunement ľhomo-généité des structures verbales dans lesquelles ils s'inserent. Une relative périphrastique2 constitue un type de complementation strictement equivalent ä un GN : la ou un complement de forme GN est possible, une relative périphrastique ľest aussi (et inversement). C'est pourquoi ľaptitude d'un verbe ä se construire avec cette classe de propositions ne préjuge en rien de ses possibili-tés de construction avec des propositions d'une autre nature, et plus particuliěrement avec des subordonnées complétives. Tel est bien le cas du verbe retrouver, qui admet un C.O.D. ayant la forme d'un GN (ou d'un equivalent paradigmatique - pronom, ou, comme dans le texte, relative périphrastique) mais pas celie d'une completive. Au fond, ce premier exemple de complement proposi-tionnel aurait tout aussi bien pu étre classé avec les complements nominaux et pronominaux. En revanche, la construction du verbe voir avec une interrogative indirecte est révélatricc de ľaptitude de ce verbe ä régir des complétives de type conjonctif (je vois qu'il est parti) ou encore exclamatif (je řiflív r nm hf pri j! n fimrn-nc-coi ■anssi Viion /ii.o Aac pAiMi^lór^oriť rl^ fr>v.->~ - »l/I~, uV/r<.iSW cette femme a ma vie). Cette construction est celle du datif lexical2. La seconde occurrence est un peu plus delicate, notamment du fait de l'inversion et de ľéloignement de ľéventuel objet second par rapport ä ľensemble forme par le verbe et l'objet premier (ce qui pose d'abord un simple probléme de repérage): Longtemps au pied du perron... Mes doigts jetěrent des baisers (v. 1-5). L'objet premier du verbe jeter est bien sür le GN des baisers. La question se pose de savoir si au tiied. du hereon neut hre-, analvsé comme obiet second de ce verbe. Lc lit t -1 verbe jeter se construit fréquemment avec deux complements, le complement second representant soit le destinataire du proces (iljetait des 1. II s'agit done d'un pseudo-antecedent puisqu'il ne fournk pas do referent (voir supra l'analyse de la relative péríphrastique celle ä qui j'ai donne ma vie). 2. Sur les quatre types de datiís, voir G.M.F., VII : 1.4.4., p. 226-227. 86 Functions baisers ä la dame), soit le lieu de destination (iljette un papier ä la pou-belk - iljette une rose au pied du perron). C'est éventuellement ä ce dernier cas que pourrait correspondre 1'occurrence du texte. La position en debut de phrase du GP au pied du perron, ainsi que la distance qui le sépare du verbe plaident en faveur de ľinterprétation circonstancielle. Toutefois, les contraintes du rythme et de la versification conduisant souvent, dans le texte poétique, ä un bouleversement de ľordre canonique de la phrase, nous ne pouvons guěre nous appuyer sur ces arguments. II semble preferable de suivre un raisonnement sémantique : si au pied du perron est un circonstant, il designe le cadre du proces jeter des baisers (le narrateur est au pied du perron et iljette des baisers)1 ; s'il s'agit d'un objet second, il designe en revanche le lieu oú aboutissent les baisers jetés (dans ce cas, le narrateur ne se situe pas au pied du perron). Cette derniěre interpretation parait nettement moins satisfaisante que la precedente, voire dépréciative, méme si la recurrence des metonymies dans le texte peut ä la rigucur amener á penser que le pied du perron représente métonymiquement la dame. Nous considérerons done que au pied du perron est un circonstant et que le verbe Jeter est ici un simple verbe transitif direct, non un verbe ä double construction. 4. Construction attributive A / Attribut du sujet La construction ä attribut du sujet n'apparait qu'une seule fois dans le texte : Mais le canal était desert (v. 6). L'occurrence n'appelle guěre de commentaires. Le noyau du GV est un verbe essentielle-ment attributif (étre). II est construit avec un adjectif (desert), forme prototypique de l'attribut du sujet. B / Attribut du complement ďobjet Le texte présente enfin une occurrence de construction á attribut du complement ďobjet: Je la surnommai Rosemonde (v. 11). Le C.O.D. est représente par le pronom personnel la, et l'attribut du complé- 1. Avcc une metonymic : « mes doigts » pour «je ». Complements du verbe 87 ment ďobjet par le nom propre Rosemonde, La relation entre le C.O.D. et ľattribut du complement ďobjet est assimilable á celie qui existe entre le sujet et ľattribut du sujet (il a trouvé ton projet irréaliste / ton projet est irréaliste). Dans le texte, la relation attributive entre le C.O.D. et ľattribut du C.O.D. peut étre explicitée par « eile est Rosemonde (pour moi) »'. On remarquera que le verbe surnommer est un verbe causatif (ou factitif) : je la surnomme Rosemonde peut en efFet étre glose par «je fais qu'elle est Rosemonde (pour moi) ». Notons enfin que ce verbe est aussi un performatif, puisque ľacte de surnommer est accompli par la simple profération de la phrase je la surnomme Rosemonde. La repartition des structures verbales dans le texte est assez révé-latrice de ľarchitecture ďensemble du poéme. La premiere et la derniěre strophe, qui se caractérisent par la presence de verbes de mou-vement, s'opposent ä la seconde strophe, qui, eile, est plutôt dominée par des proces statifs (le canal était desert - nul ne vit...). Un mouvement, correspondant ä la recherche de la femme aimée, est done momen-tanément interrompu, puis relancé. L'interruption coincide avec la constatation de ľabsence de ľétre aimé. Mais cette absence est bien-tôt compensée, ou plutôt subíimée par le pouvoir de nomination du verbe poétique, qui se manifeste ici au moyen du performatif surnommer. En efFet, c'est le súrnom Rosemonde qui fournit le point ďappui grace auquel le poete parvient á inserire ľimage (ou plus précisé-ment une image) de la femme aimée dans sa memoire (voulant pouvoir me rappeler...), et par lá méme ä lui rendre la presence perdue. Alors, le mouvement qui s'était interrompu peut reprendre son cours. Une nouvelle quéte s'engage, dont ľobjet, devenu symbolique, n'est plus la femme elle-mémc mais son signifiant: Rosemonde, la Rose du Monde. * 1. Un autre exempie de prédicat de denomination sera étudié dans le chapkre por-tant sur ks attribute (voir infra., p. 124).