Chapitre XVII CONSTRUCTIONS INFINITIVES Étudiez ľemploi des infinitifs dans ces deux textes de Maupassant : I 1 Ľ lui sembla soudain qu'elle le sentait lá, contre eile ; et brusque- ment un vague frisson de sensualité lui courut des pieds á la téte. Elle serra ses bras contre sa poitrine, d'un mouvement inconscient, comme pour étreindre son réve ; et sur sa lěvre tendue vers ľinconnu quelque 5 chose passa qui la fit presque défaillir, comme si I'haleine du printemps lui eüt donné un baiser d'amour. Tout á coup, lä-bas, derriěre le chateau, sur la route eile entendit marcher dans la nuit. Et dans un élan de son äme affolée, dans un transport de foi ä l'impossible, aux hasards providentiels, aux pressenti-10 ments divins, aux romanesques combinaisons du sort, eile pensa : « Si c'était lui ? » Elle écoutait anxieusement le pas rythmé du marcheur, sure qu'il allait s'arréter á la grille pour demander ľhospitalité. Lorsqu'il fut passe, eile se sentit triste comme aprěs une deception. Mais eile comprit l'exaltation de son espoir et sourit de sa démence. 15 Alors, un peu calmée, eile laissa flotter son esprit au courant ďune reverie plus raisonnable, cherchant á pénétrer ľavenir, échafaudant son existence. G. De Maupassant, Une vie, I (1883). II 1 L'artiste essaie, réussit ou échoue. Le critique ne doit apprécier le résultat que suivant la nature de ľeffort; et il n'a pas le droit de se préoccuper des tendances. Cela a été écrit déjá mille fois. II faudra toujours le répéter. 5 Done, aprěs les écoles littéraires qui ont voulu nous donner une vision déformée, surhumaine, poétique, attendrissante, charmante ou süperbe de la vie, est venue une école realisté ou naturaliste qui a pré-tendu nous montrer la vérité, rien que la vérité et toute la vérité. Ľ faut admettre avec un égal intérět ces theories ďart si différentes 10 et juger les ceuvres qu'elles produisent, uniquement au point de vue de 228 Phrase complexe leur valeur artisüque en acceptant a priori les ídées génerales d'ou elles sont nees Contester le droit ďun écnvam de faire une oeuvre poétique ou une oeuvre realisté, c'est vouloir le forcer ä modifier son temperament, 15 recuser son originalite, ne pas Im permettre de se servir de ľceil et de ľintelligence que la nature lui a donnés Lui reprocher de voir les choses belles ou laides, petites ou epiques, gracieuses ou simstres, c'est lui reprocher d'etre conforme de telle ou telle facon et de ne pas avoir une vision concordant avec la nôtre 20 Laissons-le libre de comprendre, d'observer, de concevoir comme il lui plaira, pourvu qu'il soit un artiste G de Maupassant, Pierre et Jean (Preface) (1887) PRÉALABLES Connaissances requises Lecture: G.M.F., chap. VII: «Le groupe verbal», § 2.4.4., p. 333-339, et chap. XIV : « Les complétives », § 2, « Constructions infinitives », p. 495-499. Voir également « Les modificateurs propositionnels » du nom (chap. VI, § 4.6., p. 188-189) et « Les complements propositionnels» de l'adjectif (chap. VIII, § 5.3., p. 367-368), ainsi que « Alternance avec les constructions infinitives » (chap. XV, §1.2. et 2., p. 510 sq.). 1 / En tant que forme verbale ľiníinitif apparait comme une forme en quelque sorte élémentaire, puisque non conjuguée, dépourvue des marques de personne et de temps. Les seules categories dont il est porteur sont Celles de l'aspect (accompli/inaccompli) et de la voix (actif/passif), et il admet aussi I'opposition positif/négatif. En revanche, il a toutes les caractéristiques du verbe en ce qu'il regit une complementation de type verbal, c'est-á-dire qu'il peut recevoir les memes complements (C.O.D., C.O.L, attribut, suite ou sujet réel des formes impersonnelles) que le verbe conjugué ; bien plus, il integre les CC. eux-mémes dans le syntagme dont il est la tete. Mais la question cruciale qui se pose est de savoir s'il a ou peut avoir un sujet. Autrement dit, que penser de la notion de proposition infinitive ? Constructions infinitives 229 La grammaire scolaire traditionnelle soutient que tantôt il n'a pas de sujet, tantôt il en a un; la triple condition pour qu'il soit le noyau d'une proposition est que son sujet soit exprimé, qu'il ne soit pas le sujet du verbe principal, et qu'il ait la forme d'un C.O.D. (c'est-ä-dire qu'il se pronominalise comme un C.O.D.)1 ; de ce fait la notion classique de proposition infinitive ne s'applique qu'aux groupes infinitifs complements d'un trěs petit nombre de verbes et encore dans certains cas seulement2. Mais á s'en tenir á ľapparence, c'est-á-dire aux structures de surface, on pourrait soutenir que Vinfinitif n'a jamais de sujet: en effet, non seulement il ne s'accorde pas avec un terme suppose étre son sujet, alors que l'accord est essentiel en francais ä la reconnaissance du rapport sujet/verbe ; mais encore le terme suppose étre son sujet, quand il y en a un, a toujours une autre fonction dans la phrase (sujet ou complement du verbe principal)1. En revanche, sur le plan de ľinterprétation sémantique, on pourrait dire tout au contraire qu'il a toujours un sujet ou en tout cas un agent (soit un GN present dans le contexte, soit un sujet indéfíni). 2 / En tant que forme nominale du verbe, ľinfmitif, ou plutôt le syntagme dont il est la téte (Vlní)4 entre dans certaines constructions, oú l'on peut trouver soit des GN, soit des equivalents distribu-tionnels des GN, par exemple des complétives. Ces constructions, trěs variées, permettent aux VInf d'occuper toutes sortes de places dans la phrase et d'assumer toutes sortes de 1 La Terminologie grammatwak de 1997 {op cit, p 21) ne definit la proposition infinitive que par les exemples fai laisse Genevieve continuer son travail - J'ai vu ce comedien jouer le role d'Harpagon J'ai entendu chanter cette admirable cantatrice 2 II s'agit de voir, regarder, sentir, entendre, ecouter (dans j'entends un oiseau chanter, il y a une proposition infinitive, mais non dans j'entends chanter), on y ajoute eventuellement mener et emmener, et parfois faire et laisser, a condition que le verbe a 1'infimtif n'ait pas de COD (je lefais manger contiendrait une proposition infinitive, mais non je luifais manger un gäteau) 3 Dans je souhmte vemr, le sujet possible de venir est deja et surtout, par sa place méme, le sujet de souhaite Dansje sens l'orage venu, le GN I'orage, sujet possible de vemr, peut étre analyse comme COD de je sens et est d'aiUeurs pronominalise comme tel je sens I'orage t je k sens (vemr) Pour cette critique de la proposition infinitive, voir G Moi-gnet, Systematique de la langue frangaise, Klmcksieck, 1981, p 66-67 4 Dans la suite de 1 exercice, quand nous n'utiliserons pas le symbole VInf, nous emploierons parfois infimtif, par commodite, pour groupe infimtif, le contexte suffira a lever loute ambiguite 230 Phrase complexe fonctions nominales: sujet, CO.D., C.O.I., circonstant, attribut, sujet reel des firmes impersonnelles, complement de nom, complement d'adjectifs''. Toutefois, il existe des emplois de ľinfinitif qui ne correspondent pas ä des fonctions nominales, dans le cas oú ľinfinitif depend ďun verbe qui n'a pas de constructions transitives (sinon liées á des sens trěs difľérents), en dehors de la construction infinitive elle-méme. On aura á se demander dans ce cas si les verbes régisseurs sont á considérer comme des auxiliaires ou des semi-auxiliaires. Dans de tels emplois, c'est le verbe á ľinfinitif qui apparaít en effet comme le verbe principal de la proposition, mais une discussion reste possible selon le degré d'autonomie syntaxique et sémantique de ľauxiliaire presume. 3 / La plupart des problěmes posés par ľinfinitif viennent de ce qu'il constitue une forme économique. Ainsi, comme nous l'avons déjá relevé, il n'a par lui-méme ni personne ni temps. Restituer á ľinfinitif ces categories eífacées et surtout retrouver son sujet en structure profonde pour interpreter correctement sa signification n'est possible qu'ä condition de prendre en consideration le contexte. La recuperation du sujet passe par la reconstitution de la phrase-source, c'est-ä-dire par une procedure transformationnelle. Tan-tôt le sujet (ľagent) de ľinfinitif est coréférentiel au sujet du verbe principal de la phrase ou de la proposition, tantôt il est coréférentiel ä un complement du verbe, tantôt encore c'est un on ou un (a qui a été efface en raison de sa trěs grande generalite. Des regies trěs precises autorisent, imposent ou interdisent la transformation infinitive, en fonction ďéléments de la phrase matrice oú peut s'insérer la phrase Constituante susceptible de prendre la forme d'un groupe infinitif. Repérage La singularitě morphologique de ľinfinitif le rend éminemment facile á repérer2. Pensons tout de méme, au moment du relevé, qu'il 1. II ne faut pas exclure ďautres possibilités, méme si elles sont plus rares : ľinfinitif noyau de phrase, ou encore la relative ou ľinterrogative á ľinfinitif. 2. On aura tout de suite éliminé ľ «infinitif substantive » un baiser (I, 1. 7) : la presence d'un determinant, la variabilite en nombre et ľimpossibilité d'une complementation verbale le désignent comme une forme purement nominale. Quoi qu'il en soit de son origine (point de vue diachronique) ou de son homonymie avec ľinfinitif du verbe baiser (point de vue synchronique), c'est un nom comme un autre. Constructions infinitives 231 convient de delimiter le groupe infinitif et de le prendre comme un tout, c'est-á-dire notamment de ne pas dissocier de ľinfinitif les complements (attributs, C.O.D., C.O.I, et C.C.) et les modificateurs qui en dependent. L'essentiel sera de préciser la structure dans laquelle entre le groupe, á savoir sa fonction dans la phrase. A titre exceptionnel, nous nous appuyons sur deux textes du méme auteur1. II ne s'agit évidemment pas de les étudier ľun aprěs ľautre, mais il se pourrait que chacun ďeux fournisse de maniere privilégiée des exemples correspondant plus particuliěrement á tel ou tel des points á traiter. Le premier n'a que sept occurrences d'infinitifs, mais plus variées que le second, qui en compte trois fois plus. II faudra évidemment opérer des regroupements, ne serait-ce que pour éviter des repetitions. ANALYSE PROPOSÉE 1. Les constructions: ['insertion du groupe infinitif dans la phrase A / Les fonctions nominales a) Infinitifs sujets (ou mis en apposition au sujet) C'est le cas de contester le droit d'un écrivain..., c'est vouloir le forcer... ; hi reprocher de voir les choses..., c'est hi reprocher d'etre conformé... (II, 1. 13, 17). Plus exactement, les infinitifs sont ici mis en position détachée par rapport au ce qui les reprend anaphoriquement, mais il s'agit d'une forme de dislocation emphatique et, en definitive, c'est joue bien le méme role que la copule : contester le droit d'un écrivain... est vouloir le forcer. b) Attributs Dans ces mémes phrases, nous avons également des groupes infinitifs attributs des precedents (ou du ce qui les reprend, ce qui 1. Pour la commodité des renvois, on designera chacun d'eux par le chiffre romain qui l'accompagne ci-dessus. 232 Phrase complexe revient au meme) : vouloir le forcer... récuser son originalite, ne pas lui permettre de se servir..., et la seconde occurrence de reprocher. On ne peut hésiter qu'un instant ä placer récuser et permettre sur le merne plan que vouloir. Du point de vue syntaxique, en effet, rien n'interdit a priori de les faire dépendre de vouloir, ou méme de forcer. La demiěre hypothěse se détruit vite ďelle-méme : outre qu'on s'attendrait plutôt dans ce cas ä voir répéter la preposition ä devant récuser son originalite, il faut bien avouer que le forcer ä récuser son originalite n'a aucune vraisemblance, ce serait supposer au critique mal dispose beaucoup de Süffisance ou á ľécrivain en question beaucoup de masochisme ! D'autre part, vouloir le forcer ä ne pas lui permettre est du pur galimatias, en raison de la violation des regies touchant la coré-férence du sujet de ľinfinitif de permettre et du C.O.D. de forcer; ä ce compte, en toute logique grammaticale, la phrase devrait alors se formuler ainsi: c'est vouloir le forcer ä ne pas se permettre...! Les deux der-niěres possibilités qu'il convient ďécarter se disqualifient par leur caractěre redondant: c'est vouloir récuser son originalite ne dit rien de plus que c'est récuser son originalite; et vouloir ne pas lui permettre associe de facon insupportablement pléonastique deux verbes appartenant á la sphere sémantique de la volition. Notons que l'on ne trouve guěre d'infinitif attribut que lorsque le sujet est lui-méme un infinitif. c) Suites de verbe impersonnel Avec le verbe impersonnel falloir, nous trouvons deux fois un groupe infinitif en position de sequence du verbe impersonnel (ou « sujet reel») : ilfaudra toujours le répéter, ilfaut admettre... ces theories... et juger les ceuvres... (II, 1. 4, 9-10). Rappelons que dans cette forme de phrase, la place de sujet grammatical étant occupée par le « pronom impersonnel» il, le « sujet reel» occupe la place laissée libre á la droite du verbe et se pronominalise éventuellement comme s'il était C.O.D. (il le faudra). d) C.O.D. Le groupe infinitif, pris comme un tout, est trěs souvent en position de constituant du GV de construction directe : qui lafitpresque défaillir, eile entendit marcher..., eile laissa flotter son esprit (I, 1. 5, 7- Constructions infinitives 233 8, 15); qui ont voulu nous donner une vision..., qui a prétendu nous tnon-trer..., vouloir le forcer ä modifier... (II, 1. 5-6, 7-8, 14)'. Mais cela ne signilie pas qu'ils soient ipso facto des C.O.D., il est nécessaire d'en discuter. — Marcher dans la nuit dans eile entendit marcher dans la nuit est un VInf qui constitue un G.O.D. indiscutable : eile entendit quelqu'un / elk entendit que quelqu'un marchait I eile entendit quelqu'un marcher I elk entendit marcher, toutes ces constructions illustrent les possibilités combinatoi-res d'un verbe qui reste transitif direct dans touš ses emplois. — Dans qui la fit presque défaillir, c'est le groupe infinitif pris comme un tout qui occupe la place de C.O.D. du verbe faire: il apparait en effet impossible de supprimer le groupe la défaillir: faire est un verbe transitif direct ä G.O.D. ineffacable. Si on supprime défaillir, on obtient un énoncé inacceptable, dans la mesure oú son sens, s'il en a un, est sans aucun rapport avec la phrase du texte : ? *quelque chose passa qui la fit; la suppression de la produit un énoncé un peu moins inacceptable : quelque chose passa qui fit défaillir, mais ce serait alors — on y reviendra — par effacement d'un on qui serait ľagent-sujet de défaillir. Dans le texte, c'est solidairement que la... défaillir constitue le C.O.D. du verbe. Pour eile laissa flotter son esprit, on peut tenir ä peu pres le méme raisonnement; certes, ? elk laissa son esprit au courant d'une reverie... serait syntaxiquement correct quoique peu acceptable, mais en tout cas *elle laissa flotter au courant d'une réverie serait inacceptable autant qu'agrammatical. Le C.O.D. de laisser est done le groupe flotter son esprit, ou son esprit flotter qui en constitue une variante, par une simple permutation qui confirme la solidarite de ľinfinitif et du GN. On peut faire, il est vrai, une autre hypothěse : eile consisterait ä rapprocher ces deux usages de faire et de laisser des constructions (rares, il est vrai) ou ces verbes ont une complementation du type [C.O.D. + attribut du C.O.D.], comme dans cet événement la fit riche, ou eile k laissa tranquilk. Sur ce modele, on pourrait soutenir que dans les deux exemples du texte, les infmitifs n'ont pas de sujet, mais que les 1. On peut parfois, mais pas toujours, substituer au groupe infinitif une completive {qui jit qu'elle défaillit presque, eile entendit qu'on marchait, il existe aussi des constructions vouloir que, prétendre que) ou un pronom de la forme C.O.D. representant ce groupe {qui k fit, eile ľentendit, il le doit, etc.). Laisser fait exception. 234 Phrase complexe verbes faire et laisser ont une double complementation, ce qui aurait pour avantage d'expliquer pourquoi le pronom réputé sujet de ľinfinitif dans l'analyse precedente a effectivement la forme d'un pronom C.O.D. Mais une telle analyse, si séduisante qu'elle soit, assimile ľinfinitif á un adjectif et ne laisse pas d'etre quelque peu artificielle1. On peut encore considérer^azVč et laisser non comme de véritables verbes transitifs, mais comme des sortes d'auxiliaires de voix (ou de « diathěse », G.M.F., VII: 1.4.7., p. 229-231), en faisant valoir que le sens « causatif» qu'ils ont lorsqu'ils sont employes avec des infini-tifs est totalement different de celui qu'ils ont lorsque leur C.O.D. est un GN (il fait une maquette — il la fabrique - U a laissé son livre — U ľa abandonné ou oublié). Mais il existe une construction faire que + P, qui montre que faire, dans le sens auquel nous avons affaire, n'est pas incapable d'une construction transitive avec une complementation de type propositionnel; et laisser, s'il ne connait pas une telle construction, n'en est pas moins une variante de faire, avec seulement une nuance de « passivité ». — En ce qui concerne vouloir et prétendre, leur construction avec un GN est ou restreinte, vouloir un objet - ne pas vouloir la mort du pécheur, ou méme trěs restreinte, prétendre le contraire. Au reste, prétendre ici n'implique pas nécessairement qu'un discours ťhéorique a été tenu par ľécole littéraire dont parle le texte, et est plus proche de vouloir que de dire. Mais ľun comme l'autre peuvent se construire avec une proposition completive (une que P), et la volition se laisse malaisé-ment assimiler á une modalite, il n'est done pas souhaitable de réduire vouloir au statut de semi-auxiliaire2. Parmi les groupes infinitifs constituants du GV dans nos deux textes, on peut done considérer en fin de compte comme C.O.D. non seulement marcher dans elk entendit marcher, mais aussi, aprěs discussion, tous ceux qui ont été relevés ci-dessus. e) Equivalents distributionnels des C.O.D. Nous pouvons assimiler á des C.O.D. les infinitifs construits indirectement qui dependent des deux verbes permettre (dans ne pas 1. M. Wilmet [Grammaire critique du jrangau, Hachette, 1997, p. 521) parle en ce cas ^apposition de ľinfinitif á un C.O.D. du verbe principal. 2. Voir ľexercice sur les complements du verbe, p. 81. Compactions infinitives 235 lui permettre de se servir de Vozil et de Intelligence... II, 1. 15-16) et reprocher (dans lui reprocher de voir les choses belles ou laides..., II, 1. 17). Ces verbes se construisent en effet dans la phrase simple avec des GN qui constituent des C.O.D. : permettre quelque chose ä quelqu'un (permettez-moi une remarque), reprocher quelque chose ä quelqu'un (on lui a reproché sa passivité). La completive, qui est une construction possible de reprocher est aussi de la forme directe : permettez que je prenne place. Enfin, les VInf complements de permettre et reprocher, malgré le de, se pronominalisent comme des C.O.D. : c'est ne pas k lui permettre - c'est k lui reprocher. On voit que de peut difficilement étre considéré comme une preposition appartenant ä la construction de permettre et de reprocher. De tels de sont étroitement liés á ľinfinitif dont ils sont les « marqueurs » ou « complémenteurs » dans un certain nombre de constructions syntaxiques qui ne se limitent pas aux deux cas en question1. Dans le cas de cherchant ä pénétrer ľavenir (I, 1. 16), c'est la preposition ä qui apparait, comme en cas de construction completive (rare) : ils ont cherché ä ce que tout le monde soit content. Mais le verbe chercher est un verbe transitif direct quand son complement est un GN, et le groupe infinitif pénétrer ľavenir se pronominalise comme un C.O.D. : pénétrer ľavenir, eile le cherche (ou eile cherche cela) depuis longtemps, ou encore voilä ce qu'elle cherche. j) Infinity's constituants de GP De nombreux VInf sont precedes ďune preposition qui, eile, subsisterait si on leur substituait un GN. Nous avons par exemple dans le texte II un CO.I., celui du verbe forcer dans : le forcer ä modifier son temperament. On peut remarquer que dans la structure forcer quelqu'un ä quelque chose, le CO.I., quand il a la forme 1. On trouve en effet ce de dans un certain nombre ďemplois de ľinfinitif oú il ne peut étre analyse comme une preposition : d'avoir vu cela le rendait heureux - il est honteux de mentir (á côté de menhr est honteux) - avant de díner (ä comparer ä avant le repas) - et račme gre-nouilles ausútôt de sauter dans les ondes. On a pu le rapprocher du to anglais, dont il n'a pas toutefois la generalite. Voir H. Huot, Constructions infinitives en franfais, le subordonnant DE, Geneve, Droz, 1981, et le compte rendu par ľauteur elle-měme dans L'Information gram-maticale, n° 15, octobre 1982: le « complémenteur » de suivi de ľinfinitif y est mis en parallele avec que suivi de P. 236 Phrase complexe [Prep + GN], est proche d'un complement propositionnel, puisque c'est toujours un nom de proces : on ľa force ä un acte reprehensible. Dans le texte I, il y a deux circonstanciels, pour étreindre son reve, et pour demander ľhospitalité (I, 1. 4, 12), qui touš les deux, en l'occurrence, marquent le but. On trouve encore des complements de nom et d'adjectif: le droit de se préoccuper des tendances..., le droit de f aire wie ceuvre (II, 1. 3, 13) correspondent tout ä fait ä la construction avec un GN, comme dans le droit de vote, le droit de vie et de mori; libre de com-prendre, ďobserver, de concevoir (II, 1. 20) correspond de méme á libre d'accés, libre de tout engagement. B / Les sequences oú ľinfinitif n'a pas une fonction nominale a) L'auxiliaire modal devoir Le verbe devoir ne se construit ni avec un GN (sauf dans le sens de « devoir de ľargent »), ni avec une completive, c'est pourquoi il est difíicile de ľassimiler á un verbe transitif. En revanche, ce verbe, ici pris au sens ďobligation, peut étre facilement interprete comme un auxiliaire modal du verbe apprécier dans le critique ne doit apprécier le résultat... (II, 1. 2). Dans la mesure oú sa valeur est celie ďune modalisation « ajoutée » au sens du verbe, il peut ďailleurs étre sup-primé sans älterer gravement le sens de la phrase le critique n'apprécie le résultat que suivant la nature de ľejfort. On peut toutefois objecter que devoir conserve une certaine autonomie et une transitivité apparente si on pronominalise1 ľinfinitif : apprécier le résultat, le critique le doit. Devoir pourrait done étre classé pármi les semi-auxiliaires. b) L'auxiliaire temporel aller Dans la phrase il allait s'arréter ä la grille (I, 1. 12) la construction infinitive est potentiellement equivoque : s'agit-il d'une sequence formée d'un verbe de mouvement et d'un infinitif « de but » (je 1. Bien entendu, seul est acceptable un pronom « neutře », representant un contenu propositionnel. Constructions infinitives 237 vais / je cours acheter du pain), ou d'un futur périphrastique (je vais m'évanouir), un futur du passe en l'occurrence dans notre texte ? Le probléme est ici vite regle, car la sequence formée par un verbe de mouvement est incompatible avec un verbe statif ou avec un autre verbe de mouvement. Or s'arreter peut étre interprete soit comme un verbe statif (= « demeurer, stationner »), soit comme un verbe dyna-mique (= « ralentir sa marche jusqu'ä arret complet ») incluant dans une certaine mesure ľidée de mouvement, et dans les deux cas il n'est compatible qu'avec aller au sens d'auxiliaire de futur (ainsi *je cours m'arréter serait inacceptable). L'infinitif dans ce cas appartient done plutôt ä une forme périphrastique de la conjugaison, comportant un auxiliaire temporel, ou, si l'on préfére, aspectuel ; il allait s'arreter á la grille. Le processus de transformation du verbe aller en auxiliaire est ici total, aucune pronominaüsation de l'infinitif n'est possible (*il ľ allait). 2. Le sens de l'infinitif: le probléme de Identification du sujet Du point de vue du récepteur, la question est: comment retrou-ver le sujet de l'infinitif ? II faut remonter á la phrase qui constitue la source de la transformation, autrement dit á la phrase Constituante qui a été enchässée sous la forme d'un VInf. Deux cas principaux peuvent se presenter : ou bien l'infinitif a pour sujet un referent (un GN) qui est present dans le contexte, soit comme sujet du verbe de la proposition dans laquelle prend place l'infinitif, soit comme complement direct ou indirect de ce verbe, soit encore comme element appartenant á la situation ou au contexte et facilement restituable ; ou bien le sujet de l'infinitif est un terme d'une extreme generalite, il représente la classe entiěre des referents compatibles comme sujets avec ce verbe ou un sous-ensemble quelconque d'entre eux. A / Identite du sujet de l'infinitif et du sujet de la phrase matrice Tout depend, en fait, du verbe de la phrase matrice. Certains verbes n'autorisent l'insertion d'une phrase Constituante dans le 238 Phrase complexe groupe verbal dont ils sont le noyau que si le sujet de cette Constituante est identique au leur; autrement dit, dans ces cas, il est obligatoire que le sujet de la phrase enchässée soit coréfé-rentiel au sujet de la phrase matrice, et aucune proposition subordonnée conjunctive n'est acceptable. Cest évidemment le cas, pour commencer, de certains verbes analyses ci-dessus comme des auxiliaires ou des semi-auxiliaires : il allait + il s'arréte, etc. —> il allait s'arrlter (I, 1. 12); le critique doit (faire quelque chose) + ce critique apprécie k résultat, etc. —> le critique doit apprécier le résultat (II, 1. 2). Avec d'autres verbes, trěs frequents dans la langue, la transformation infinitive est obligatoire si les sujets sont coréférentiels, mais la phrase Constituante peut comporter un sujet different de celui du verbe principal; il y a distribution complémentaire entre construction infinitive et construction completive, selon que les sujets sont coréférents ou non : (ces écoles littéraires) ont voulu nous donner une vision... (II, 1. 5-6) par opposition avec ces écoles ont voulu que la vision qu'ils nous donnaient soit poétique. Ou encore : (ľécole realisté) a prétendu nous montrer la vérité, par opposition avec eile a prétendu que les romans réalistes montrent la vérité (II, 1. 7-8). Cest aussi le cas de chercher, que nous avons ici dans cherchant ä pénétrer ľavenir (I, 1. 16). Ou bien chercher a un C.O.D. constitué par un GN, ou bien il a un complement propositionnel. Dans ce dernier cas, il est construit indirectement, ä l'aide de la preposition ä. Si les sujets ne sont pas coréférentiels, on a une completive indirecte : je cherche ä ce que tout le monde soit satisfait. S'ils sont coréférentiels, on a, comme dans l'exemple du texte, ľinfinitif. Par ailleurs, les phrases Constituantes insérées comme complements de phrases (circonstanciels) aprěs certaines prepositions comme avant, aprés ou pour connaissent une semblable distribution complémentaire entre VInf et [que P], nous pouvons le verifier ici avec pour: il allait s'arréter ä la grille pour demander ľhospitalité (I, 1. 12)/ pour qu'on lui donne ľhospitalité, mais non *pour qu'il demande ľhospitalité ou *pour lui donner ľhospitalité. Ľinfinitif complement prépositionnel circonstanciel a en principe toujours, en francais moderne, le méme sujet que le verbe principal de la proposition. Cest encore la regie selon laquelle le sujet de la Constituante doit étre coréférent au sujet de la principále qui est ä ľceuvre Constructions infinitives 239 dans la phrase : il (le critique) n'a pas le droit de se préoccuper des tendances (II, 1. 3). En effet, c'est bien le critique qui se préoccupe (ou non) des tendances. B / Identite du sujet de l'infinitif complement de nom ou d'adjectif et du sujet d'une phrase sous-jacente Dans contester le droit d'un écrivain de faire une ceuvre poétique ou une oeuvre realisté (II, 1. 13-14), nous retrouvons le GN le droit de + Wni. Cette fois, le sujet de l'infinitif ne correspond pas au sujet du verbe principal ou dominant, mais au complement prépositionnel du nom droit qui indique la personne qui jouit de ce droit ou, autrement dit, qui a le droit. II est clair que celui qui conteste le droit n'est pas ľécrivain, et qu'en revanche, c'est bien ľécrivain qui a le droit et qui fait une oeuvre poétique. Ainsi écrivain, quoique complement de nom, est bien le referent dominant dans le GN tout entier. Plus exactement, c'est le sujet de la phrase-source du GN : le droit de X de faire quelque chose est issu de X a k droit de faire quelque chose. Nous sommes ainsi ramenés ä ľanalyse de la precedente occurrence, avec cette precision que le sujet coréférentiel ä rechercher n'est pas nécessairement le sujet de la structure de surface. Nous avons un cas analogue dans laissons-le libre de comprendre, d'observer, de concevoir (II, 1. 20). Lá aussi, il y a coréférence obligatoire. Celui qui comprend, observe, congoit, c'est celui qui est libre, non pas le sujet grammatical, mais le GN (ou plutôt ici le pronom le, anaphore de un écrivain, 1. 13) qui est référentiellement dominant par rapport á l'adjectif attribut libre ou, si l'on préfěre, qui est le sujet de la phrase-source attributive U (ľécrivain) est libre. C / Identite du sujet de l'infinitif avec un complement du verbe principal a) II peut s'agir d'un G.O.D., comme dans le forcer ä modifier son temperament (II, 1. 14). Le verbe forcer a plusieurs constructions qui correspondent ä des significations différentes, qu'on ne peut pas d'ailleurs toutes énumérer : il peut étre intransitif, au sens de « four- 240 Phrase complexe nir un gros effort» {il a couru sans forcer); transitif direct au sens de « fracturer » ou « fatiguer » {forcer une porte, forcer un cheval); ici il a le sens de « contraindre » et se construit avec une double complementation, forcer quelqu'un ä quelque chose. La place du complement indirect second est occupée d'une facon generale par un complement propo-sitionnel dont le sujet (ľagent ou le patient) est obligatoirement le complement direct premier. Dans certains cas, le complement second est un GN qui contient un nom de proces: forcer quelqu'un ä des demarches; mais, le plus souvent, c'est un infinitif, comme dans notre texte, et son sujet est facile ä identifier. b) Le sujet de ľiníinitif peut aussi correspondre ä un C.O.I. C'est le cas dans ne pas lui permettre de se servir de l'ail et dans lui reprocher de voir les choses belles, lui reprocher d'etre conformé... et de ne pas avoir... (II, 1. 15-16, 17-19). Ici, comme nous ľavons vu plus haut, ľinfinitif est precede du marqueur de et correspond á un GN qui est C.O.D. dans la phrase simple, dont le GV a pour structure permettre quelque chose (ä quelqu'un), reprocher quelque chose á quelqu'un. Le C.O.I, (complement d'objet second) de permettre est facultatif; s'il est efface, ce verbe peut se construire avec une completive directe {permettez que je m'assoie); si ce C.O.I, est exprimé, et si le C.O.D. est un VInf, le sujet de ľinfinitif est obligatoirement coréférent au C.O.I, {permettez-moi de m'asseoir). Quant á reprocher, il a toujours ä la fois un C.O.D. et un C.O.I, (objet second), et le C.O.D., s'il n'est pas un GN, ne peut étre qu'un infinitif dont le sujet est coréférentiel au C.O.I. La recherche du sujet de ľinfinitif est done ici trěs facile1. D / Infinitifs ayant « un sujet propre » Nous avons diseuté plus haut ľhypothese suivant laquelle, dans quelque chose la fit presque défaillir ou eile laissa flotter son esprit (I, 1. 5 et 15), on aurait une double complementation du verbe faire et du verbe laisser: dans cette hypothěse, il faudrait rechercher le sujet de ľinfinitif du côté du C.O.D. du verbe principal, évidemment. Mais nous pensons plutôt avec la tradition grammaticale qu'il y a ici 1. II n'en va pas de méme dans les groupes infinitifs dependant d'un verbe comme proposer : je te propose de venir=je te propose que je vienne ou je (te) propose que tu siennes. Constructions infinitives 241 un seul C.O.D. des verbes faire et laisser, et que ľinfinitif ayant son sujet propre exprimé, nous sommes de la facon la plus typique dans la construction dite « proposition infinitive », au sens le plus tradi-tionnel ou étroit du terme. Mais aj ou tons que si la phrase Constituante comportait un GV ayant lui-méme un C.O.D., faire et laisser auraient une double complementation, comme cela arrive par ailleurs dans la phrase simple : quelque chose luifit relever la tete / hi fit une peur horrible et eile hi laissa terminer son travail / hi laissa tout son temps. Le sujet (ou plutôt ľagent) de ľinfinitif serait alors coréférent au C.O.I. du verbe régisseur. E / Infinitifs s ans sujets assignables a) Dans certains cas, on devrait rechercher le sujet du côté du complement direct ou indirect du verbe principal (ou éven-tuellement, comme nous ľavons vu du côté du referent dominant d'un GN ou d'un GAdj). Mais il se trouve que ce terme est efface, soit en raison de sa generalite, soit en raison de son indétermination. Ainsi dans ilfaudra toujours le répéter et dans ilfaut admettre avec un égal intérét ces theories... et juger les wuvres... le sujet de ľinfinitif devrait coincider avec le complement indirect defalloir. Celui-ci n'est pas exprimé. Faut-il supposer qu'il s'agit de moi, de nous, de vous ? Ce serait choisir de se placer exclusivement du côté de Maupassant, ou du groupe dont il fait partie, ou du côté des lecteurs, ou encore d'un groupe réunissant les « personnes de bon sens » dont font partie non seulement le scripteur et ses amis, mais encore les lecteurs, ou une partie des lecteurs. Ľagent de ces infinitifs est indéterminé. Dans la phrase Constituante, il y avait done un pronom indéfini, on, qui ne pouvait pas fournir une forme de complement indirect; il ne signi-fiait rien d'autre que « une ou plusieurs personnes» (le point com-mun aux verbes répéter, juger et dans l'acception du texte admettre est que leur sujet est obligatoirement animé humain). On peut d'ailleurs remarquer que lorsque le verbe falloir n'a pas de complement indirect, il serait possible de le construire avec une completive : ilfaudra toujours qu'on k répéte... ilfaut qu'on admette avec un égal intérét ces theories... Mais Maupassant n'a pas choisi cette variante qui, en explicitant le 242 Phrase complexe sujet on, aurait pour effet ďinclure ľauteur nioins nettement pármi les personnes concernées, en vertu du raisonnement suivant lequel s'il n'a pas ditj'e ou nous, c'est qu'il ne pouvait pas le dire, que cela aurait été «trop » dire (maxime ďexhaustivité de Grice). Dans elk enkndit marcher dans la nuit (I, 1. 7-8), aucun terme n'indique quel peut étre ľagent de marcher, qui aurait pourtant facile-ment pu étre explicite, comme nous l'avons vu ; la phrase Constituante doit étre : on marchait dans la nuit. S'agit-il méme forcément ďun étre humain ? Non, pas nécessairement, ce pourrait étre n'importe quel étre animé. S'agit-il forcément ďun seul individu ? Non. Seul le contexte {elk k sentait la, contre elk et surtout, plus loin, si c'était lui) nous donne ä penser qu'il s'agit non seulement d'un étre humain, mais d'un étre du sexe masculin. Ce qui reste complěte-ment indéterminé, c'est son identite. b) Dans d'autres cas, aucun repérage de ce genre n'est envisa-geable : c'est le cas des infinitifs sujets de phrase contester k droit d'un écrivain... lui reprocher de voir et des infinitifs qui leur sont lies en tant qu'attributs c'est vouloir le forcer... récuser son originalite, ne pas lui permettre... et c'est lui reprocher de voir ks choses... (II, 1. 13-19). Nous pouvons ä nouveau supposer un on comme sujet des phrases Constituantes on conteste... on reproche... etc. Lá encore, seuls des animés humains sont compatibles avec ces verbes en tant que sujets. Peut-on specifier davantage de quels étres humains il s'agit ? La logique du texte interdit de comprendre dans leur groupe Maupassant et ses amis, rien n'oblige non plus d'y inclure les lecteurs. Disons qu'il s'agit des adversaires des écrivains réalistes. Ainsi voyons-nous qu'un infinitif sans sujet determine peut aussi bien étre compris, dans ce texte polémique, comme renvoyant aux partisans des réalistes [ilfaudra toujours k répéter) ou á leurs adversaires [contester k droit d'un écrivain). Lecteur, prends garde ! L'infinitif oblige toujours ä un calcul referential, facile dans certains cas, plus difficile dans d'autres. Quant au temps et ä la modalite de la phrase sous-jacente trans-formée en groupe infinitif, un calcul semblable s'impose. L'infinitif n'a, disions-nous, pas de temps propre ; il n'a pas non plus de modalite propre. Constructions infinitives 243 Dans le texte narratif de Maupassant, les infinitifs recoivent du contexte leur valeur temporelle, non sans une certaine incertitude : eile défaillit presque (ou eile défaillait); on marchait dans la nuit; son esprit flotta au courant d'une reverie... Certains infinitifs pourraient corres-pondre á des futurs du passé il s'arréterait ä la grille, U demanderait ľhospitalité. D'autres sont manifestement modalisés: comme si eile étrei-gnait son réve ; (cherchant comment) eile pénétrerait ľavenir. Dans le texte argumentativ les choses sont plus simples : les infinitifs presents sont bien des presents de «vérité generale ». Ce ne sont pas pour autant des assertions : ainsi aux lignes 2 et 3 du texte II, il s'agit de devoir et de droit. Plus loin contester le droit ďun écri-vain... ne signifie pas, en toute rigueur, qu'on le conteste effectivement, mais seulement si on conteste le droit ďun écrivain, alors... Et á la fin lais-sons-le libre de comprendre, d'observer, de concevoir est un vceu, plutôt qu'un constat.