FJIB509 Základy analýzy literárního textu Ol) Au seuil du román - contrat de lecture 1. Etude du titre Commentez les titres de Germinal, Gommes et Mémoires d'Hadrien du point de vue : ■ du type - de la fonction - des valeurs connotatives 2. Etude de la preface «Le chef-ďauvre de la philosophie serait de développer les moyens dont la fortune se sert pour parvenir aux fins qu'elle se propose sur l'homme, et de tracer ď apres cela quelques plans de conduite qui pus sent faire connattre ä ce malheureux individu bipede la maniere dont ilfaut qu'ilmarche dans la carriere epineuse de la vie, afin deprévenir les caprices bizarres de cette fortune qu'on a nommée tour ä tour Destin, Dieu, Providence, Fatalité, Hasard, toutes denominations aussi videuses, aussi dénuées de bon sens les unes que les autres, et qui n 'apportent ä ľ esprit que des idées vagues etpurement subjectives Si, pleins ďun respect vain, ridicule et superstitieux pour nos absurdes conventions soáales, il arrive malgré cela que nous n 'ayons rencontre que des ronces, ou les méchants ne cueillaient que des roses, les gens naturellement viáeux par systéme, par gout, ou par temperament, ne calculeront-ils pas, avec asse^ de vraisemblance, qu'il vaut mieux s'abandonner au vice que ďy résister ?[...] C est, nous ne le déguisons plus, pour appuyer ces systémes, que nous allons donner au public ľhistoire de la vertueuse Justine. IIest essentiel que les sots cessent ďencenser cette ridicule idole de la vertu, qui ne les ajusqu'icipayés que ď ingratitude, et que les gens ď esprit, communément livrés par prinápes aux écarts déliáeux du vice et de la débauche, se rassurent en voyant les exemples frappants de bonheur et de prosperite qui les accompagnent presque inévitablement dans la route débordée qu'ils choisissent. II est affreux sans doute ď avoir ä peindre, d'une part, les malheurs effrayants dont le del accable la femme douce et sensible qui repecte le mieux la vertu ; d'une autre, ľ influence des propérités sur ceux qui tourmentent et mortifient cette merne femme. Mais l'homme de lettres, asse^ philosophe pour dire k vrai, surmonte ces désagréments ; et, cruel par nécessité, il arrache impitoyablement d'une main les parures dont la sottise embellit la vertu, et montre effrontément de ľ autre, ä l'homme ignorant que ľ on trompait, le vice au milieu des charmes et desjouissances qui l'entourent et le suivent sans cesse. T els sont les sentiments qui vont diriger nos travaux; et c'est en raison de ces motifs, qu'unissant le langage le plus ynique aux systémes les plus forts et les plus hardis, aux idées les plus immorales et les plus impies, nous allons, avec une courageuse audace, peindre le crime comme il est, c'est-ä-dire toujours triomphant et sublime, toujours content et fortune, et la vertu comme on la voit également, toujours maussade et toujours triste, toujours pedante et toujours malheureuse. » ______________________D.A.F. de Sade, La Nouvelle Justine (1797), UGE, coll. 10/18, 1978, p. 25-27. Questions et commentaire - Essayez de dire quelle(s) est (sont) la (les) fonction(s) de la preface. Quels types de preface pourrait-on reconnaitre ? Quelles est la singularitě de cette preface auctoriale originale ? 3. Etude de 7íncipit « H sortit sur la terrasse et reprit possession de sa solitude : les dunes, l'Océan, des milliers d'oiseaux morts dans le sable, un canot, la rouille ďun ŕilet, avec parfois quelques signes nouveaux : 1 FJIB509 Základy analýzy literárního textu la carcasse ďune baleine échouée, des traces de pas, un chapelet de barques de péche au lointain, lä oú les íles de guano luttaient de blancheur avec le ciel. Le café se dressait sur pilotis au milieu des dunes ; la route passait ä cent metres de lä : on ne ľentendait pas. Une passerelle en escalier descen-dait vers la plage ; il la relevait chaque soir, depuis que deux bandits échappés de la prison de Lima ľavaient assommé ä coups de bouteille pendant qu il dormait : le matin, il les avait retrouvés ivres morts dans le bar. II s'accouda ä la balustrade et fuma sa premiere cigarette en regardant les oiseaux tombés sur le sable : il y en avait qui palpitaient encore. Personne n'avait jamais pu lui expliquer pourquoi ils quittaient les íles du large pour venir expirer sur cette plage, a dix kilometres au nord de Lima : ils n'allaient jamais ni plus au nord ni plus au sud, mais sur cette étroite bande de sable longue de trois kilometres exactement. Peut-étre était-ce pour eux un lieu sacré comme Benares aux Indes, oú les fiděles vont rendre ľäme : ils venaient jeter leur carcasse ici avant de s'envoler vraiment. Ou peut-étre volaient-ils simplement en ligne droite des íles de guano qui étaient des rochers nus et froids alors que le sable était doux et chaud lorsque leur sang commencait ä se glacer et qu'il leur restait juste assez de force pour tenter la traversée. H faut s'y résigner : il y a toujours ä tout une explication scientifique. On peut évidemment se réfugier dans la poesie, se Her ďamitié avec l'Océan, écouter sa voix, continuer ä croire aux mystéres de la nature. Un peu poete, un peu réveur... On se réfugie au Perou, au pied des Andes, sur une plage oú tout finit, aprés s'étre battu en Espagne, dans le maquis en France, ä Cuba, parce qu'ä quarante-sept ans on a tout de méme appris sa lecon et qu'on n'attend plus rien ni des belles causes ni des femmes : on se console avec un beau paysage. Les paysages vous trahissent rarement. Un peu poete, un peu ré... La poesie sera du reste expliquée un jour scientifiquement étudiée comme un simple phénoměne secretaire. La science avance triomphalement sur ľhomme de tous les côtés. On devient propriétaire ďun café sur les dunes de la côte péruvienne, avec seulement l'Océan comme compagnie, mais ä cela aussi il y a une explication : l'Océan n'est-il pas l'image d'une vie éternelle, la promesse d'une survie, d'une ultime consolation ? Un peu poéte... H faut espérer que ľäme n'existe pas : la seule facon pour eile de ne pas se laisser prendre. Les savants en calculeront bientôt la masse exacte, la consistance, la vitesse ascensionnelle... Quand on pense ä tous les milliards d'ämes envolées depuis le debut de l'Histoire, il y a de quoi pleurer : une prodigieuse source ďénergie gaspillée : en bätissant des barrages pour les capter au moment de leur ascension, on aurait eu de quoi éclairer la terre entiěre. » R. Gary, Les Oiseaux vont mourir au Perou, Gallimard, coll. Folio, 1962, p. 13-15. Questions et commentaire Essayez de montrera comment ce texte remplit les fonctions traditionnelles de Yindpit: informer, intéresser et nouer le pacte de lecture. 2