FJ0B616 Teorie a praxe překladu – Vendredi, 11.40-13.10, salle K 33 Le 1er octobre 2010 La bibliographie de base, l´usage de dictionnaires papier et électroniques La traduction - définition du terme : la traduction littéraire et la traduction technique Les problèmes linguistiques de la traduction (Jean-René Ladmiral) Qu´est-ce que la traduction ? Selon Jean-René Ladmiral, la traduction est un cas particulier de convergeance linguistique : au sens le plus large, elle désigne toute forme de médiation interlinguistique, permettant de transmettre de l´information entre locuteurs de langues différentes. La traduction fait passer un message d´une langue de départ (LD) ou langue-source dans une langue d´arrivée (LA) ou langue-cible. La traduction désigne à la fois la pratique traduisante, l´activité du traducteur (sens dynamique) et le résultat de cette activité, le texte-cible lui-même (sens statique). Le mot prend aussi parfois le sens métaphorique excessivement élargi d´expression, représentation, interprétation (p. ex. cette nervosité était la traduction d´une certaine gêne...). En France, on distingue traditionnellemnt traduction littéraire et traduction technique. Cela correspond à une différence entre les types de textes à traduire mais aussi à des clivages d´ordre économique : les « littéraires » traduisent des livres et sont rétribués, assez modestement, selon le régime des droits d´auteur (avec en principe un à-valoir forfaitaire); les « techniques » reçoivent le plus souvent des honoraies, lesquels sont notablement plus substantiels. En traductologie française, on appelle « traduction technique » aussi bien la traduction de textes juridiques, scientifiques, etc que proprement techniques; la traduction d´un ouvrage de sciences humaines est dite « traduction littéraire ». En traductologie tchèque, la traduction des ouvrages de sciences humaines aussi bien que de sciences naturelles, de droit, etc. est appelé « traduction technique ». Les problèmes linguistiques de la traduction (Jean-René Ladmiral) Le problème de la traduction est souvent posé dans les termes antinomiques d´un débat académique : traduction littérale ou littéraire dite «libre», autrement dit la fidélité ou l´élégance, la lettre ou l´esprit. Ce sont ces deux pôles d´une même altenative, indéfiniment rebaptisés, qui scandent l´histoire de la traduction selon un mouvement de balancier entre l´équivalence formelle et l´équivalence dynamique (E.A. Nida, 1964, p. 159 sqq.), entre le mot-à-mot et les belles infidèles (G. Mounin, 1955). Aux sources historiques de la traduction, on trouve d´abord les textes sacrés, comme la traduction qrecque de l´Ancien Testament (dite des « Septante »), la traduction latine de la Bible par Saint Jérôme (la « Vulgate »), etc. Les textes littéraires de l´Antiquité ont aussi joué un grand rôle dans la tradition qui est celle de la traduction en Occident : le nombre de traductions de l´Illiade et de l´Odyssée est à cet égard impressionnant, quoique sans comparaison avec celles de la Bible. Les littératures nationales européennes ont commencé avec des traductions du grec et du latin, comme en témoigne le préstige dont jouit en France le Plutarque traduit par Amyot; et les oeuvres de la Pléiade, par exemple, font apparaître une continuité allant de la traduction proprement dite à la simple adaptation qui ne fait que s´inspirer des chefs-d´oeuvre antiques. Nombreux sont aussi les écrivains qu, comme Valery Larbaud (1957), nous ont légué des « Arts de traduire ». Il est claire que de nos jours les besoins en matière de traductions sont extrêmement diversifiés et atteignent une ampleur considérable qui va croissant. C´est l´urgence et la masse de ces besoins en ce qui concerne les traductions scientifiques qui sont à l´origine des travaux sur la traduction automatique (TA) ou machine à traduire entrepris depuis la Seconde Guere mondiale. La finalité d´une traduction consiste à nous dispenser de la lecture de l´original. La traduction est censée remplacer le texte-source par le « même » texte en langue-cible. C´est le caractère problématique de cette identité qui fait toute la difficulté d´une théorie de la traduction : on parlera d´« équivalence » ... En première approximation, on rapprochera la traduction d´un transcodage, où le message nous parvient en code-source (les impulsions électrique du morse par exemple) avant d´être décodé puis recodé (en se servant du code-cible de notre alphabet graphique par exemple). Mais ce serait réduire les langues naturelles à des alphabets, au mieux à de simples nomenclatures lexicales, la traduction se contentant de remplacer les mots-source par les mots-cible selon une correspondance supposée bi-univoque entre les uns et les autres. De fait, à l´origine commune de la traduction et du dictionnaire, on trouve de telles listes de termes bilingues, voire plurilingues, appelées tables de concordance (cf. glossaire sumérien-akkadien); de même, les travaux sur la « machine traduire » commencent avec des recherches portant sur le dictionnaire automatique. Il reste qu´en réalité la traduction ne met pas seulement en jeu le vocabulaire, mais aussi la syntaxe, ainsi que la stylistique et la dimension proprement idiomatique des langues concernées. C´est ce qui rend impraticable le pur et simple mot-à-mot d´un transcodage. Toute théorie de la traduction est confrontée au vieux problème philosophique du Même et de l´Autre : à strictement parler, le texte-cible n´est pas le même que le texte original, mais il n´est pas non plus tout à fait un autre... . Le concept même de fidélité au texte original traduit cette ambiguïté, selon qu´il s´agit de fidélité à la lettre ou à l´esprit. Ce débat traditionnel sur les « belles infidèles » débouche sur une autre antinomie fondamentale de la traduction qu´est le problème de l´intraduisibilité. Tout est traduisible, et/ou : la traduction est impossible. Tous ces problèmes sont insolubles en soi et en général: on y trouve qu´au coup par coup des solutions partielles. Plutôt qu´en termes de code ou de message, c´est en se servant des concepts saussuriens de langue et de parole, plus proprement linguistiques et n´impliquant pas le même niveau de formalisation, qu´on pourra esquisser une théorie de la traduction (La langue désigne le stock des virtualités linguistiques dont dispose la communauté, la parole est la réalité de l´activité qui met en oeuvre la langue). Le concept d´équivalence reproduit l´ambiguïté de la traduction : on précisera qu´il s´agit d´une identité de la parole à travers la différence des langues. Le 8 octobre 2010 L´unité de traduction et les procédés techniques de traduction (J.-P. Vinay – Jean Darbelnet) Unité de traduction En traduction, on considérait longtemps comme unité fondamentale le mot. Selon les auteurs de la Stylistique comparée du français et de l´anglais, le mot, malgré son apparente commodité, n´est pas une unité satisfaisante de traduction. Mais nous ne pouvons nous en passer tout à fait, parce qu´un énoncé se divise en mots séparés par des espaces blancs et parce que nous retrouvons dans les dictionnaires les éléments ainsi délimités. Mais même dans la langue écrite les limites ne sont pas toujours très nettes (p. ex. on dit « face à face», mais « vis-à-vis », « porte-monnaie », mais « portefeuille » , « tout à fait », mais « sur-le-champ ». On observe les irrégularités concernant l´emploi du trait d´union aussi en anglais. Si nous passons à la langue parlée, nous constatons qu´en français tout au moins les frontières entre les mots disparaissent, les unités que perçoit l´oreille étant les syllabes et les groupes de marques phonologiques permettant de délimiter les mots entre eux. Le problème des unités existe donc et il avait déjà préoccupé Saussure : « La langue présente ce caractère étrage et frappant de ne pas offrir d´entités perceptibles de prime abord, sans qu´on puisse douter cependant qu´elles existent et que c´est leur jeu qui la constitue » (Cours de linguistique général, p. 149). Ce qui nous gêne pour adopter le mot comme unité, c´est qu´avec lui on ne voit plus clairement la structure double du signe, et que le signifiant prend une place exagérée par rapport au signifié. Le traducteur part du sens et effectue toutes ses opérations de transfert à l´intérieur du domaine sémantique. Il lui faut donc une unité qui ne soit pas exclusivement formelle, puisqu´il ne travaille sur la forme qu´aux deux extrémités de son raisonnement. Dans ces conditions, l´unité dégager est l´unité de pensée, conformément au principe que le traducteur doit traduire des idées et des sentiments et non des mots. J.–P. Vinay, Jean Darbelnet considèrent comme équivalents les termes : unités de pensées, unités lexicologiques et unités de traduction. Pour eux, ces termes expriment la même réalité considérée d´un point de vue différent. Leurs unités de traduction sont des unités lexicologiques dans lesquelles les éléments du lexique concourent à l´expression d´un seul élément de pensée. L´unité de traduction est pour eux le plus petit segment de l´énoncé dont la cohésion des signes est telle qu´ils ne doivent pas être traduits séparément. On peut distinguer plusieurs sortes d´unités de traduction selon le rôle particulier qu´elles jouent dans le message. a) les unités fonctionnelles sont celles dont les éléments participent à la même fonction grammaticale : Il habite/ Saint-Sauveur/ à deux pas/ en meublé/ chez ses parents. b) les unités sémantiques présentent une unité de sens : sur-le-champ : immediately (cf. on the spot) avoir lieu : to happen (cf. to také place)¨ c) les unités dialectiques articulent un raisonnement : en effet, or, puisqu´aussi bien d) les unités prosodiques sont celles dont les éléments participent à une même intonation (de l´énoncé) : „You dont say! : Ça alors!“ En fait les trois dernières catégories constituent les unités de traductions de Vinay-Darbelnet. Les unités fonctionnelles, à moins d´être brèves, ne sont pas nécessairement limitées à une seule unité de pensée. Si nous considérons la correspondance entre les unités de traduction et les mots du texte, trois cas peuvent se présenter : unités simples : chacune d´elle correspond à un seul mot. C´est évidemment le cas le plus simple, et nous le mentionnons d´abord parce qu´il est fréquent et ensuite parce qu´il permet de mieux définir les deux autres. Dans la phrase : „il gagne cinq mille dollars.“ il y a autant d´unités que de mots et on peut remplacer chaque mot séparément sans changer la contexture de la phrase . Ex. „Elle reçoit trois cent francs.“ unités diluées : elles s´étendent sur plusieurs mots qui forment une unités lexicologique du fait qu´ils se partagent l´expression d´une seule idée. Ex. au fur et à mesure que : as dans la mesure où : in so far as unités fractionnaires : l´unité n´est alors qu´une partie d´un mot, ce qui veut dire que la composition du mot est encore sentie par le sujet parlant. Ex. „relever quelque chose qui est tombé“, mais non „relever une erreur“ ; „recréation“, mais non „récréation“. Les procédés techniques de la traduction Une fois posés les principes théoriques sur lesquels repose la stylistique comparée, il convient d´indiquer quels sont les procédés techiques auxquels se ramène la démarche du traducteur. Rappelons qu´au moment de traduire, le traducteur rapproche deux systèmes linguistiques, dont l´un est exprimé et figé, l´autre est encore potentiel et adaptable. Le traducteur a devant ses yeux un point de départ et élabore dans son esprit un point d´arrivée ; il va probablement explorer tout d´abord son texte : évaluer le contenu descriptif, affectif, intellectuel des unités de traduction qu´il a découpées ; reconstituer la situation qui informe le message ; peser et évaluer les effets stylistiques, etc. Mais il ne peut en rester là : bientôt son esprit s´arrête à une solution – dans certains cas, il y arrive si rapidement qu´il a l´impression d´un jaillissement simultané, la lecture de langue de départ appelant presque automatiquement le message en langue d´arrivée ; il ne lui reste qu´à contrôler encore une fois son texte pour s´assurer qu´aucun des éléments de la langue de départ n´a été oublié, et le processus est terminé. C´est précisément ce processus qu´il nous reste à préciser. Ses voies, ses procédés peuvent être ramenés à sept, correspondant à des difficultés d´ordre croissant, et qui peuvent s´employer isolément ou à l´état combiné. Il y a, grosso modo, deux directions dans lesquelles le traducteur peut s´engager : la traduction directe ou littérale, et la traduction oblique. En effet, il peut arriver que le message en langue de départ se laisse parfaitement transposer dans le message en langue d´arrivée, parce qu´il repose soit sur des catégorie parallèles (parallélisme structural), soit sur des conceptions parallèles (parallélisme métalinguistiques). Mais il se peut aussi que le traducteur constate dans la langue d´arrivée des lacunes qu´il faudra combler par des moyens équivalents, l´impression globale devant être la même pour les deux messages. Il se peut aussi que par la suite de divergences d´ordre structural ou métalinguistique certains effets stylistiques ne se laissent pas transposer en langue d´arrivée sans un bouleversement plus ou moins grand de l´agencement ou même du lexique. Dans ce cas, il faut donc avoir recours à des procédés beaucoup plus détournés, qui à première vue peuvent surprendre, mais dont il est possible de suivre le déroulement pour en contrôler rigoureusement l´équivalence : ce sont là des procédés de traduction oblique. Les procédés 1,2, et 3 sont directs. Les autres sont obliques. 1. L´emprunt. Trahissant une lacune, généralement une lacune métalinguistique (technique nouvelle, concept inconnu), l´emprunt est le plus simple de tous les procédés de traduction. Ce ne serait même pas un procédé de nature à nous intéresser, si le traductuer n´avait besoin, parfois, d´y recourir volontairement pour créer un effet stylistique. Par exemple pour introduire une couleur locale, on se servira de termes étrangers, on parlera de „verstes“ en Russie, de „dollars“ et de „party“ en Amérique, de „tequila“ et de „tortillas“ au Mexique, etc. Une phrase telle que : „the coroner spoke“ se traduit mieux par un emprunt : „le coroner prit la parole“, que par la recherche plus ou moins heureuse d´un titre équivalent parmi les magistrats français. Il y a des emprunts anciens, qui n´en sont plus pour nous, puisqu´ils sont rentrés dans le lexique : „alcool“, „redingote“, „acajou“, etc. Ce qui intéresse le traducteur, ce sont les emprunts nouveaux et même les emprunts personnels. Il est à remarquer que souvent les emprunts entrent dans une langue par le canal d´une traduction, ainsi que les emprunts sémantiques ou faux-amis, contre lesquels il faut se prémunir soigneusement. La question de la couleur locale évoquée à l´aide d´emprunts intéresse les effets de style et par conséquent le message. 2. Le calque Le calque est un emprunt d´un genre particulier : on emprunt à la langue étrangère le syntagme, mais on traduit littéralement les éléments qui le composent. On aboutit, soit à un calque d´expression, qui respecte les structures syntaxiques de la langue-cible, en introduisant un mode expressif nouveau, soit à un calque de structure, qui introduit dans la langue-cible une construction nouvelle. De même que pour les emprunts, il existe des calques anciens, figés, que nous citons au passage pour rappeler qu´ils peuvent, comme les emprunts, avoir subi une évolution sémantique qui en font des faux-amis. Plus intéressants pour le traducteur seront les calques nouveaux, qui veulent éviter un emprunt tout en comblant une lacune (cf. économiquement faible, calqué sur l´allemend) ; il y a avantage à recourir alors à la création lexicologique à partir du fonds gréco-latin ou à pratiquer l´hypostase. On éviterait ainsi des calques pénibles, tels que: „Thérapie occupationnelle“ (Occupational Therapy); „Banque pour le commerce et le Développement“; „les quatre Grands“; „le Premier français“. 3. La traduction littérale La traduction littérale ou le mot à mot désigne le passage de la langue-source à la langue-cible aboutissant à un texte à la fois correct et idiomatique sans que le traducteur ait eu à se soucier d´autre chose que des servitudes linguistiques : „Where are you ?“ „Où êtes-vous ?“ On trouve les exemples les plus nombreux de la traduction littérale dans les traductions effectuées entre langues de même famille (français-italien) et surtout de même culture. Si l´on peut constater un certain nombre de cas de traduction littérale entre le français et l´anglais, c´est que les conceptions métalinguistique peuvent également souligner des coexistences physiques, des périodes de bilinguisme, avec l´imitation consciente ou inconsciente qui s´attache à un certain prestige intellectuel ou politique. On peut aussi les expliquer par une certaine convergenace des pensées et parfois des structures, que l´on observe bien dans les langues de l´Europe (cf. la création de l´article défini, le concept de culture et de civilisation, etc.) et qui a inspiré plusieurs articles intéressants aux tenants (partisants) de la Sémantique générale. Si la traduction littérale est reconnue inacceptable par le traducteur, il faut recourir à une traduction oblique. Par inacceptable, nous entendons que le message, tel qu´il se laisse rédiger littéralement, a) donne un autre sens b) n´a pas de sens c) est impossible pour des raisons structurales d) ne correspond à rien dans la métalinguistique de la langue d´arrivée e) correspond bien à quelque chose, mais non pas au même niveau de langue. Si nous considérons les deux phrases suivantes : (1) „He looked at the map“ (2) „He looked the picture of health“, nous pourrons traduire la première en appliquant les règles de la traduction littérale: „il regarda la carte“, mais nous ne pouvons traduire ainsi la seconde: „il paraissait l´image de la santé“, à moins de le faire pour des raisons expressives (cas du personnage anglais qui parle mal français dans un dialogue). Si le traducteur aboutit à un texte tel que celui-ci: „Il se portait comme un charme“, c´est qu´il reconnaît là une équivalence de messages, que sa position particulière, extérieure à la fois à la langue de départ et à la langue d´arrivée, lui fait apparaître clairement. L´équivalence de messages s´appuie elle-même, en dernier ressort, sur une identité de situation, qui seule permet de dire que la langue d´arrivée retient de la réalité certaines caractéristiques que la langue de départ na connaît pas. Si nous avions des dictionnaires de signifiés, il suffirait de chercher notre traduction l´article correspondant à la situation identifiée par le message en langue de départ. Comme il n´en existe pratiquement pas, nous partons des mots ou unités de traduction, et nous devons les soumettre à des procédés particuliers pour aboutir au message désiré. Le sens d´un mot étant fonction de la place qu´il occupe dans l´énoncé, il arrive que la solution aboutisse à un groupement de mots tellement éloigné de notre point de départ qu´aucun dictionnaire n´en fait mention. Étant donné les combinaisons infinies des signifiants entre eux, on comprend pourquoi le traducteur ne saurait trouver dans les dictionnaires des solutions toute faites à ses problèmes. Car lui seul possède la totalité du message pour l´éclairer dans son choix, et c´est le message seul, reflet de la situation, qui permet en dernière analyse de se prononcer sur le parallélisme de deux textes. 4. La transposition Nous appelons ainsi le procédé qui consiste à remplacer une partie du discours par une autre, sans changer le sens du message. Ce procédé peut aussi bien s´appliquer à l´intérieur d´une langue qu´au cas particulier de la traduction. „Il a annoncé qu´il reviendrait“ devient par transposition du verbe subordonné en substantif: „Il a annoncé son retour“. Nous appelons cette seconde tournure : tournure transposée, par opposition à la première, qui est tournure de base. Dans le domaine de la traduction, nous serons appelés à distinguer deux espèces de transposition : la transposition obligatoire et la transposition facultative. Par exemple „dès son lever“ doit être obligatoirement transposé en „As soon as he gets up“, l´anglais n´ayant dans ce cas que la tournure de base. Mais en sens inverse, nous avons le choix entre le calque et la transposition, puisque le français possède les deux tournures. Au contraire, les deux phrases équivalentes „après qu´il sera revenu : after he comes back“ peuvent être toutes les deux rendues par une transposition : „après son retour : after his return“. La tournure de base et la tournure transposée ne sont pas nécessairement équivalentes au point du vue de la stylistique. Le traducteur doit donc être prêt à opérer la transposition si la tournure ainsi obtenue s´insère mieux dans la phrase ou permet de rétablir une nuance de style. On voit en effet que la tournure transposée a généralement un caractère plus littéraire. Le chassé-croisé est un cas particulièrement fréquent de transposition. 5. La modulation La modulation est une variation dans le message, obtenue en changeant de point de vue, d´éclairage. Elle se justifie quand on s´aperçoit que la traduction littérale ou même transposée aboutit à un énoncé grammaticalement correct, mais qui se heurte au génie de la langue d´arrivée. De même que pour la transposition, nous distinguerons des modulations libres ou facultatives et des modulations figées ou obligatoires. Un exemple classique de la modulation obligatoire est la phrase : „The time when…“ qui doit se rendre obligatoirement par : „le moment où“; au contraire, la modulation qui consiste à présenter positivement ce que la langue de départ présentait négativement est le plus souvent facultative: „It is not difficult to show… : Il est facile de démontrer…“. La différence entre une modulation figée et une modulation libre est une question de degré. Dans le cas de la modulation figée, le degré de fréquence dans l´emploi, l´acceptation totale par l´usage, la fixation conférée par l´inscription au dictionnaire (ou la grammaire) font que toute personne possédant parfaitement les deux langues ne peut hésiter un instant sur le recours à la modulation figée. Dans le cas de la modulation libre, il n´y a pas eu de fixation, et le processus est à refaire chaque fois. Cependant, cette modulation n´est pas pour cela facultative. Elle doit, si elle est bien conduite, aboutir à une solution qui fait s´exclamer le lecteur : oui, c´est bien comme cela que l´on s´exprimerait en français. La modulation libre tend donc vers une solution unique. Et cette solution unique repose sur un mode habituel de pensée, imposé et non facultatif. On voit donc qu´entre la modulation figée et la modulation libre, il n´y a qu´une différence de degré, et qu´une modulation libre peut devenir une modulation figée dès qu´elle devient fréquente, ou dès qu´elle est sentie comme la solution unique (ceci ressort généralement de l´examen de textes bilingues ou de discussions au cours d´un conférence bilingue ou d´une traduction fameuse qui s´impose par sa valeur littéraire). L´évolution d´une modulation libre vers une modulation figée arrive à son terme lorsque le fait en question s´inscrit dans les dictionnaires et les grammaires et devient matière enseignée. À partir de cet instant, la non-modulation est une faute d´usage. 6. L´équivalence Il est possible que deux textes rendent compte d´une même situation en mettant en oeuvre des moyens stylistiques et structuraux entièrement différents. Il s´agit alors d´une équivalence. Elle est le plus souvent de nature syntagmatique et intéresse la totalité du message. La plupart des équivalence sont donc figées et font partie d´un répertoire phraséologique d´idiotisme, de clichés, de proverbes, de locutions substantivales ou adjectivales, etc. Les proverbes offrent en général de parfaites illustrations de l´équivalence : „like a bull in a china ahop : comme un chien dans un jeu de quilles“ ; „Too many cooks spoil the broth : Deux patrons font chavirer la barque“. Il en va de même pour les idiotismes ; ils ne doivent se calquer à aucun prix; et pourtant, c´est ce qu´on observe chez les populations dites bilingues, qui souffrent du contact permanent de deux langues et finissent par n´en savoir aucune. Il se peut d´ailleurs que certains de ces calques finissent par être acceptés par l´autre langue, surtout si la situation qu´ils évoquent est neuve et susceptible de s´acclimater à l´étranger. Mais le traducteur devrait être conscient de la responsabilité que représente l´introduction de ces calques dans une langue parfaitement organisée : seul l´auteur peut se permettre semblables fantaisies, dont le succès ou l´échec rejaillira alors sur lui. Dans une traduction, il faut s´en tenir à des formes plus classiques, car le soupçon d´anglicisme, de germanisme, d´hispanisme s´attachera toujours à tout essai d´innovation dans le sens du calque. 7. L´adaptation Avec ce septième procédé, nous arrivons à la limite extrême de la traduction ; il s´applique à des cas où la situation à laquelle le message se réfère n´existe pas dans la langue d´arrivée, et doit être créée par rapport à une autre situation, que l´on juge équivalente. C´est donc ici un cas particulier de l´équivalence, une équivalence de situations. Pour prendre un exemple, on peut citer le fait pour un père anglais d´embrasser sa fille sur la bouche comme une donnée culturelle qui ne passerait par telle quelle dans le texte français. Traduire : „he kissed his daughter on the mouth“ par „il embrassa sa fille sur la bouche“, alors qu´il s´agit simplement d´un bon père de famille rentrant chez lui après un long voyage, serait introduire dans le message en langue d´arrivée un élément qui n´existe pas dans le texte de départ; c´est une sorte particulière de surtraduction. Disons: „il serra tendrement sa fille dans ses bras“, à moins que le traducteur ne veuille faire de la couleur locale à bon marché. Le refus de procéder à des adaptations qui portent non seulement sur les structures, mais aussi sur le déroulement des idées et leur présentation matérielle dans le paragraphe, se trahit dans un texte parfaitement correct par une tonalité indéfinissable, quelque chose de faux qui décèle invariablement une traduction. C´est malheureusement l´impression que donnent trop souvent les textes publiés par les organisations internationales actuelles, dont les membres exigent par ignorance ou un souci mal placé de littéralité des traductions aussi calqués que possible. Le résultat est un galimatias qui n´a de nom dans aucune langue, mais que R. Etiemble a fort justement traité de „sabir Nord-Atlantique“. Un texte ne peut être un calque, ni sur le plan structural, ni sur le plan métalinguistique. Toutes les grandes traductions littéraires ont reconnu implicitement l´existence des procédés dont nous venons de faire le recensement. Et l´on peut se demander si les Américaions ne refusaient pas de prendre la SDN (Société des Nations) au sérieux parce que beaucoup de ces textes étaient des traductions non modulées et non adaptées d´un original français, de même que le sabir Nord-Atlantique ne s´explique que par des textes mal digérés à partir d´un original anglo-américain. Nous touchons là un problème des changement intellectuels, culturels et linguistiques que peut entraîner l´exeistence de documents importants, de livres, de films, etc. rédigés par des traducteurs qui ne peuvent pas ou qui n´osent pas s´aventurer dans les traductions obliques. Enfin, il est bien entendu que l´on peut, dans une même phrase, recourir à plusieurs de ces procédés, et que certaines traductions ressortissent parfois à tout un complexe technique qu´il est difficile de définir; par exemple la traduction de “private“ par “défence d´entrer“ est à la fois une transposition, une modulation et une équivalence. C´est une transposition parce que l´adjectif „private“ se rend par une locution nominale; une modulation, parce qu´on passe d´une constatation un avertissement (cf. „wet paint“ et „prenez garde à la peinture“); enfin, c´est une équivalence puisque la traduction est obtenue en remontant à la situation sans passer par la structure. Le 15 octobre 2010 Problèmes particuliers de la traduction littéraire – différentes théories tchèques (Jiří Levý, Zlata Kufnerová, Dagmar Knittlová, Milan Hrala, Milan Hrdlička, Jiří Pechar) Hrala, Milan : Zastarávání překladů jako obecný problém, Gromová, Edita, Hrdlička, Milan (eds.): Antologie teorie uměleckého překladu, FF OU, Ostrava, 2004, p. 160-167. Les traductions vieillissent plus vite et plus facilement que les oeuvres originales du traducteur (par ex. les oeuvres originales de J. Vrchlický sont lisibles encore aujourd´hui, les traductions paraissent plus archaïques que les oeuvres originales). Les causes en sont surtout l´emploi des mêmes moyens stylistiques pendant des dizaines d´années par le traducteur, tandis que l´auteur d´une oeuvre originale cherche de nouveaux moyens stylistiques, son style évolue avec le temps. Les traductions classiques ne vieillissent pas si vite que les traductions des oeuvres contemporains (au moment de la traduction). Pourtant, il est nécessaire de faire des traductions plus actuelles de telle ou telle oeuvre, car le goût des lecteurs change avec le temps. Les traductions classiques d´une oeuvre (par. ex. E. Oněgin par Josef Hora, Shakespeare par J. V. Sládek, Zvonokosy par Jar. Zaorálek) font partie intégrante de la littérature nationale (et de l´histoire littéraire tchèque) et chaque nouvelle traduction de la même oeuvre doit les prendre en considération. Quant aux traductions techniques ou des oeuvres des sciences humaines (qui, selon la terminologie française, font partie de la traduction littéraire), le problème du vieillissement de la traduction existe aussi mais est différent : souvent, c´est la conception scientifique ou philosophique qui est dépassée, il faut donc soit réintérpréter et retraduire l´oeuvre originale, ou bien traduire d´autres oeuvres, plus modernes, de la discipline donnée. Hrdlička, Milan, ml.: K problematice zaměření uměleckého překladu na čtenáře, Gromová, Edita, Hrdlička, Milan (eds.): Antologie teorie uměleckého překladu, FF OU, Ostrava, 2004, p. 168-171. Deux facteurs décisifs devraient orienter l´activité traduisante : l´égard à l´oeuvre originale et l´égard au lecteur. Le traducteur devrait chercher à rendre l´original d´une manière adéquate, d´interpréter fidèlement l´intention de l´auteur. La possibilité d´interpréter fidèlement l´intention de l´auteur dépend beaucoup de la parenté ou de la différence des deux contextes de communication, celui de la langue de départ et celui de la langue d´arrivée. Si l´original est étroitement lié avec le contexte de communication français, la traduction fidèle de l´intention de l´auteur en tchèque peut parfois présenter pas mal de difficultés. Voici quelques problèmes particuliers qui peuvent se présenter au traducteur : l´orientation idéologique, linguistique (moderniser la traduction ou non, interpréter fidèlement le style particulier de l´auteur, rendre de façon adéquate la stratification sociale et géographique de la langue de départ en langue d´arrivée), le genre (maintenir ou changer le genre littéraire de l´original), maintenir le temps et le lieu ou bien oser une adaptation (changement du temps et du lieu du déroulement de l´action). L´adaptation de l´original n´est pas la traduction littéraire adéquate (selon M. Hrdlička). L´art du traducteur consiste dans le fait de trouver un compromis : la traduction d´une oeuvre littéraire peut ne pas être une traduction littéraire ! J Knittlová, Dagmar : O kreativitě překladatele uměleckého textu, Gromová, Edita, Hrdlička, Milan (eds.): Antologie teorie uměleckého překladu, FF OU, Ostrava, 2004, p. 191-196. Le travail du traducteur consiste surtout en reproduction, mais la créativité est également importante, surtout quant il s´agit des traductions littéraires, où l´aspect esthétique joue un rôle primordial. Mais la créativité du traducteur ne doit pas compromettre l´intention de l´auteur ! Il faut toujours respecter : - les expériences différentes du lecteur de l´riginal et de celui de l´oeuvre traduite - le contexte linguistique différent - le degré inégale de l´expressivité dans les deux langues - les associations et les métaphores différentes, ainsi que leur fréquence différente dans les deux langues - les registres de langues, l´usage de phraséologie adaptée en fonction des habitudes sociales propres à chaque communauté linguistique (selon les milieux socio-professionnels et selon les situations) L´important c´est de créer le texte d´arrivée qui évoque les mêmes connotations auprès du lecteur de la traduction. Idéalement, la traduction devrait remplir les mêmes fonctions esthétiques auprès du lecteur que remplissait l´oeuvre originale auprès du lecteur de la culture de départ. Ce qui n´est pas toujours possible, à cause du décalage culturel, temporel et géographique, politique etc. Aujourd´hui, on préfère en général la traduction fonctionnelle à la traduction philologique : la traduction fontionnelle est plus lisible, plus idiomatique ; elle respecte la structure syntaxique différentes des deux langues. Les connotations (selon Knittlová) englobent les termes anciens tels que l´expressivité, l´émotivité, le valeur stylistique etc. La valeur expressive ou intensificatrice des mots change avec le temps, chaque période (génération) attribue une autre valeur émotionnelle à certains mots intensificateurs. En plus, certains mots neutres du point de vue de leur emploi systématique, peuvent acquérir une valeur connotative dans un contexte spécifique. (hustý – to je fakt hustý..). Les expressions symptomatiques par rapport à la norme linguistique de telle ou telle époque représentent aussi une catégorie intéressante et importante au sein de la linguistique de la traduction : en plus, cette norme même évolue dans le cadre de la littérature traduite. Dans les traductions tchèques prévalait jusqu´aux années 1960 la norme de la langue écrite, soutenue, littéraire. Depuis, on accorde un place légitime aussi aux autres registres et sous-codes de la langue tchèque, au tchèque parlé, familier ou populaire, voir aux formes relâchées ou vulgaires, au régionalismes (qui apparaissaient pourtant déjà avant 1945). Pour traduire la langue des cités on emploie l´argot commun, l´argot des jeunes. Bečka, J. V.: Míra využívání expresivity v různých jazycích, AUC, Philologica 1-3, Translatologica Pragensia II, 2. část, UK, Praha, 1986, p. 651-663. On distingue l´expressivité émotive, appelative, actualisante et phonique. Les difficultés peuvent se poser en traduisant les dialectes (qui connotent un lieu précis), les mots du sous-code populaire, la prononciation incorrecte, relâcgée, l´argot. etc. Il faut toujours faire un effort pour maintenir le degré de l´expressivité de l´oeuvre originale dans la traduction, en prenant en considération le degré différent d´expressivité de certains moyens dans deux langues. Svobodová, Jitka: K lexikálním interferencím mezi francouzštinou a češtinou, AUC, Philologica 4-6, Translatologica Pragensia I, UK, Praha,1984, p. 207-212. La traduction et l´interprétation est une activité qui se compose de plusieurs étapes : le traducteur est d´abord le destinataire de l´original et ensuite l´auteur de la traduction. L´étape de la compréhension et de l´interprétation du texte L´étape de la traduction du texte Les interférences de parole se manifestent lors de l´usage actif de la parole (surtout quant on parle une langue étrangère, mais, plus rarement, les interférences d´une langue étrangère en langue maternelle se manifestent aussi chez les locuteurs bilingues). Les interférences de traduction se manifestent dans les deux sens, sous formes de calques d´une langue étrangère en langue maternelle. Nous distinguons : - les interférences linguistiques, dues au choix inapproprié du moyen linguistique - les interférences textuelles, dues au choix inadéquat du procédé de traduction, et qui entraînent des changements au niveau stylistique. Kufnerová, Zlata: Překlad literatury faktu a faktografie v beletrii, Český překlad 1945-2003, Ústav translatologie FF ÚK, Praha, 2003, p. 54-57. Zlata Kufnerová est partisane du principe de l´équivalence fonctionnelle dans la traduction d´oeuvres littéraires : la traduction doit remplir la même fonction auprès de son lecteur que remplit l´oeuvre originale dans son pays. Pour cela, le traducteur doit savoir ce qui est essentiel dans le genre qu´il traduit, quels aspects de l´original il doit respecter et il doit élaborer une hiérarchie de valeurs à respecter en traduisant. Il faut surtout respecter le contexte différent de la langue d´arrivée. Dans la traduction de littérature de vulgarisation ou en traduisant des données réelles dans les belles-lettres, il faut faire attention particulièrement aux détails suivants : - les traductions des titres d´oeuvres, de films étrangers, les traductions de citations de la Bible ou d´oeuvres classiques – si une traduction renommée existe déjà, il faut l´adopter (et citer en bas de page ou à la fin) - les traductions des toponymes – il faut respecter la norme autochtone (tchèque), si elle existe pour le nom de ville ou de pays en question (Antverpy, et non Anvers) - les traductions de civilisation – il faut surtout se renseigner, si nous ne sommes pas sûrs); il faut se méfier avant tout des oeuvres historiques, géographiques qui parlent d´un tiers pays - il ne faut pas accepter automatiquement les traductions françaises des toponymes allemandes, russes, italiennes etc. mais il est nécessaire de trouver un terme approprié tchèque. Le 22 octobre 2010 Problèmes particuliers de la traduction littéraire – différentes théories françaises (Jean-Paul Vinay, Jean Darbelnet, Georges Mounin, Marianne Lederer) Marianne Lederer : La transmission du culturel – problèmes pratiques du traducteur, problèmes théoriques de la traduction. Dialogue des cultures: interprétation, traduction : actes du Colloque international organisé par l'Institut de traductologie, Université Charles de Prague, en collaboration avec l'association Gallica et l'Union des interprètes et des traducteurs (JTP) 3-5 novembre 2005, Prague / [uspořádaly Ivana Čeňková, Miroslava Sládková, Jovanka Šotolová]. Praha : Univerzita Karlova, Filozofická fakulta, Ústav translatologie, 2006, p. 7-24. Marianne Lederer se réclame de la théorie interprétative de la traduction. La théorie interprétative recoupe, dans une large mesure, les trois phases de la traduction proposées par le précurseur qu´a été Jiří Levý (1969, 42) : la compréhension du texte, son interprétation, sa transposition dans l´autre langue, l´importatn est de prendre en considération la totalité de l´oeuvre. Dans la mesure où les phénomène culturels sont spécifiques à une collectivité linguistique donnée, ils posent aux traducteurs toute une série de questions, dont la traductologie doit s´emparer pour essayer de leur offrir des solutions théoriques qui, quoique générales, peuvent leur servir de guide pour la résolution de problèmes particuliers. La traduction littérale ou la traduction libre Un mouvement de pendule peut être détecté au cours des siècles entre deux tendance, qu´on a appelées la traduction littérale et la traduction libre. M. Lederer remplace le terme de traduction libre par celui de la traduction interprétative, car cette traduction n´est libre que par rapport la langue de départ. Déjà Saint Jérôme, qui est aujourd´hui patron des traducteurs, préconisait de traduire librement les textes profanes mais de rester littéral pour les textes sacrés. Pendant longtemps, on croyait que c´était la langue qu´il fallait traduire, alors qu´aujourd´hui, avec le progrès de la linguistique et des études de communication, on a pris conscience que les langues sont irréductibles les unes aux autres et que ce sont les textes et non les langues qu´il faut traduire. La littéralité de la traduction n´est pas toujours due à une ignorance du traducteur. Il peut s´agir d´une position théorique qui, lorsqu´elle est consciente, se répercute tout au long des textes. Cependant, la littéralité, premier des problèmes théoriques de la traduction, n´a plus guère cours aujourd´hui. Lorsque littéralité il y a, elle porte de façon limitée sur des mots ou des expressions, et non sur les textes. Ethnocentrisme ou étrangéité en traduction La réexpression du culturel pose les problèmes théoriques les plus aigus de la traduction. La langue et la culture sont-elles indissociable ? Une controverse sévit depuis des siècles entre traducteurs et, plus récemment, entre traductologues sur la façon de traiter l´étrangeté du texte original. Il existe parfois une tendance à l´adaptation trop poussée du texte étranger aux lecteurs cibles. Une traduction n´est pas fidèle si elle transforme le fait culturel étranger en quelque chose qui semble naturel aux lecteurs de la traduction, et leur cache les faits étrangers. Par exemple le traducteur français fera bien de conserver dans sa traduction d´un roman américain le nom américain de supermarché Safeway. La meilleure solution serait faire précéder le nom propre américain Safeway par le substantif "supermarché" : ainsi, le traducteur montre au lecteur français qu´il lit un texte étranger, tout en utilisant une technique indispensable à la transmission du culturel, l´explicitation. Non-dit et explicitation Étant donné que les langues sont différentes et que «chacune découpe dans le réel des aspects différents» (Mounin, 1963, 48), on se rend compte que, bien que l´on ne voit sur le papier que la partie explicite de chaque mot et de chaque segment de texte, on comprend toujours plus que cet explicite. C´est l´ensemble composé de cet explicite et de l´implicite que chaque lecteur apporte sa lecture, qui renvoie aux choses, concepts ou idées visés. Par exemple assurance maladie et health insurance renvoient au même concept ; mais ils nomment, le premier le risque contre lequel on s´assure, al maladie, le second la santé que l´assurance vous permettra de recouvrer, chacun ne reprenant explicitement qu´un aspect du tout. Au plan des mots ou des expressions figées renvoyant à des objets ou concepts qui existent dans deux cultures données, il suffit au traducteur de connaître ou de trouver la correspondance dans l´autre langue. Lorsque, en revanche, on a affaire un terme culturel dont le concept n´existe que dans une seule culture, l´expliciter devient une obligation. L´explicitation dans la transmission du culturel a) Les termes culturels Les noms de bâtiments qui renvoient à une fonction, tels que l´Élysée qui désigne la Présidence de la République française, ou Bercy qui renvoie au Ministère des Finances, les toponymes tels que Quartier Latin ou rue du Faubourg Saint Honoré à Paris, qui éveillent chez tous les Parisiens des connotations (donc des implicites) bien précises, exigeront pour être compris par le lecteur étranger, une brève explicitation au fil du texte ou une note plus fournie en bas de page, selon le contexte. Le traducteur écrira donc pour l´Élysée par exemple le siège de la Présidence de la République française. b) Les faits culturels Les termes culturels ne sont pas les seuls à exiger une explicitation. Doivent également en faire l´objet des faits qui ne dépendent pas de la langue et qui sont a priori inconnus du lecteur de la traduction, lorsqu´ils ne sont pas éclairés par le contexte. Les limites de l´explicitation L´explicitation est parfaitement justifiée dans la mesure où la traduction a pour objectif de faire comprendre et ressentir à son lecteur, par définition peu ou pas familier de la civilisation d´origine, ce que le lecteur de l´original a compris et ressenti. Il n´empêche que le traducteur doit savoir faire preuve de doigté et n´ajouter au texte que tout juste ce qui est nécessaire pour conserver la force et la saveur de l´original. Certains traducteurs se laissent entraîner rédiger, à propos d´un nom de lieu par xemple, des notes en bas de page qui relatent toute l´histoire ou la géographie du lieu où se passe l´action, au risque de détourner du texte l´attention du lecteur. Cette tendance se remarque plus particulièrement chez ceux qui traduisent en langue étrangère. Ils ont en effet souvent à coeur de faire partager pleinement leur connaissance et la civilisation de leur pays aux lecteurs de l´autre langue et perdent de ce fait en partie de vue la fonction du texte traduit. L´explicitation n´est pas toujours nécessaire, ni même recommandée. Il existe des cas où l´on peut (et parfois même où l´on doit) laisser implicite ce qui a été dit par l´auteur. Le traducteur doit ne pas perdre de vue le lecteur auquel il s´adresse et les raisons pour lesquelles celui-ci lit sa traduction. Le traducteur doit tenir compte de la fonction que remplit sa traduction auprès du lecteur. S´il traduit une oeuvre destinée à être lue seulement pour le plaisir de la lecture, ou bien s´il s´agit d´une traduction érudite, destinée aux spécialistes qui veulent tout savoir de la langue et de la civilisation d´où provient l´oeuvre. Le degré d´explicitation serait donc différent dans chaque type de traduction. Les formules de politesse Elles existent dans toutes les langues ; chaque collectivité linguistique a cependant ses propres rituels et sa propre manière d´exprimer cette politesse. Dans des circonstances normales, il serait ridicule de traduire littéralement en anglais les formules souvent ampoulées qui terminent les lettres en français, telles que « Veuillez agréer, Monsieur le Directeur et cher collègue, l´assurance de ma meilleure considération », formule qu´il vaut mieux remplacer par « Sincerely » ou « Best regards ». La traduction des allusions Les allusions culturelles les plus fines de l´original ne sont souvent comprises que par des lecteurs érudits. On peut donc se demander s´il faut à tout prix les transmettre, en les explicitant pour les lecteurs de la traduction. Il va de soi que si leur compréhension est indispensable pour la suite du texte, il faudra essayer de les faire comprendre au lecteur de al traduction. La cohérence du texte L´essentiel est de rester cohérent dans les choix de traduction, compte tenu des connaissances du lecteur et de la fonction de la traduction en question. Les soi-disant pertes de la traduction La transmission de la culture entre dans le cadre de la communication en général. En effet, al communication entre personnes d´une même langue est rarement fondée sur une connaissance complète et approfondie des choses ou des idées. Est-il réaliste de croire que la population française toute entière reconnaîtra immédiatement comme étant de La Fontaine, le vers si souvent cité « Amour, amour, quand tu nous tiens, on peut bien dire : adieu Prudence ! » Dans la mesure où les lecteurs d´une texte n´ont pas tous le même bagage cognitif, certaines allusions peuvent passer inaperçues aux yeux de celui qui n´a pas les connaissances nécessaires pour les apercevoir. Cela peut être fâcheux dans le cas d´une histoire drôle ou d´une plaisanterie ponctuelle, ce l´est moins si l´on considère l´ensemble du texte, dont la ou les allusions ne constituent qu´une partie infime. Espérer transmettre la connaissance totale est illusoire même l´intérieur d´une seule langue, car contraire aux règles de la communication. Bien des traductologues se désolent des "pertes" que subit une texte lors de sa traduction. M. Lederer voit les choses différemment : toute traduction, même médiocre est une apport positif. S´agissant en particulier du culturel, son transfert, même incomplet, ne peut qu´enrichir l´esprit du lecteur et la culture d´accueil. Il est vain de s´attrister du fait qu´une traduction n´évoque pas un monde aussi vaste et aussi riche que la lecture du texte original par un autochtone. En lisant une traduction, on gagne une certaine connaissance de la culture étrangère, qui augmentera au fil de la lecture du premier ouvrage, puis d´autres ouvrages du même auteur, si la traduction du premier a donné envie de poursuivre. Conclusion Les traducteurs doivent affronter différents problèmes théoriques : faut-il traduire littéralement ou de façon interprétative, faut-il adapter la culture de l´étranger à celle du lecteur de la traduction ou au contraire garder l´étrangeté au point de rendre même la langue-cible étrange, a-t-on le droit d´expliciter le non-dit du texte-source, pour qui traduit-on et dans quel but, etc. Toutes ces questions peuvent surgir à propos de tous les types de textes, généraux, techniques, journalistiques aussi bien que littéraires et poétiques. Jitka Smičeková : Explicite et implicite en traduction : langue et culture. Dialogue des cultures: interprétation, traduction : actes du Colloque international organisé par l'Institut de traductologie, Université Charles de Prague, en collaboration avec l'association Gallica et l'Union des interprètes et des traducteurs (JTP) 3-5 novembre 2005, Prague / [uspořádaly Ivana Čeňková, Miroslava Sládková, Jovanka Šotolová]. Praha : Univerzita Karlova, Filozofická fakulta, Ústav translatologie, 2006, p. 186-203. p.194 – Une notice sur la terminologie L´explicitation Selon Jan Šabršula (1990,37), l´explicitation est le procédé qui consiste à introduire dans uen tranche du texte d´arrivée des précisions qui restent implicites dans la tranche correspondante de texte de départ, mais qui se dégagent du contexte ou de la situation ou de la contrainte grammaticale. D´après Vinay-Darbelnet (1977), l´étoffement est le renforcement d´un mot qui ne se suffit pas lui-même et qui a besoin d´être épaulé par d´autres. Nulle part l´étoffement n´apparait plus clairement que dans le domaine des prépositions. Šabršula distingue l´étoffement lexicalisé (locution prépositive, locution conjonctive – cestující do Paříže /les voyageurs à destinations de Paris) et l´étoffement contextuel (v zásuvce /au fond du tiroir) et il ajoute que l´étoffement implique souvent une surcaractérisation (v louži / au creux d´une flaque). Pour Jean Delisle (1993, 234) l´étoffement est un procédé de traduction qui consiste à employer plus de mots que le texte de départ pour exprimer la même idée. Il distingue trois types d´étoffement : la dilution (l´étoffement qui est dictée par des contraintes inhérentes à la langue), l´explicitation (l´étoffement qui est dictée par la clarification du sens) et la périphrase (l´étoffement qui est dictée par des exigences de nature stylistique). Michel Ballard défini l´étoffement de façon suivante : il y a étoffement d´une micro- ou macrostructure lorsque la traduction littérale ou restructurée nécessite l´insertion d´un ou de plusieurs signes pour des raisons d´ordre morphosyntaxique, sémantique, stylistique ou idiomatique. Nous pouvons rencontrer d´autres termes, mettant en lumière les différents aspects de l´implicite et l´explicite : (+) redondance, dillution, amplification, développement, expansion, périphrase, ajout, introdution, insertion, l´addition, allongement (-) dépouillement, contraction, éffacement, omission, suppression, économie, abrègement et réduction. Le 29 octobre 2010 La comparaison des deux systèmes linguistiques : français et tchèque - le problème des interférences entre le français et le tchèque (Chmelová, Kufnerová) Kufnerová, Zlata: O interferenci, Čtení o překládání, H&H, Jinočany, 2009, p. 45-51. L´interférence en traductologie (ou dans la linguistique) signifie l´influence de la langue-source sur la langue-cible. Chaque traducteur est influencé par langue de départ, mais il devrait s´en rendre compte et être capable de ne pas céder à ce danger des interférences. Plus les deux langues sont proches, plus le risque des interférences est grand. Son rôle joue aussi l´expérience du traducteur. Nous pouvons rencontrer différents types d´interférences (d´éléments grammaticaux, orthographiques, lexicaux ou phraséologiques adoptées automatiquement de la langue-source en langue-cible) souvent surtout dans les annonces publicitaires ou dans les médias qui puisent leurs informations dans des sources étrangères. Il y a deux types fondamentaux d´interférences dans les traductions en tchèques : L´usage d´expressions, de constructions qui n´existent pas en langue-cible (en tchèque), il s´agit de fautes qualitatives. L´usage d´expressions qui existent en tchèque mais y ont une autre fréquence ou valeur stylistique (fautes quantitatives). Les exemples les plus fréquents d´interférences dans la traduction littéraire tchèque : 1. La construction syntaxique, l´ordre des mots : a) les traducteurs tchèques ne respectent pas toujours la perspective fonctionnelle de la phrase tchèque (le thème, ce qui est connu de l´interlocuteur – le rhème, ce qui est nouveau). Le rhème est en général à la fin de la proposition tchèque. P. ex. Všichni tleskají tomuto návrhu, au lieu de Tomuto návrhu všichni tleskají. (L´influence de la syntaxe française : Tout le monde ... applaudit à cette initiative. Kundera, Milan: Nesmrtelnost, Atlantis, Brno, 1993.) b) le sujet ou l´objet exprimé par un substantif n´apparaissent parfois pas dans la première proposition de la phrase complexe (sous l´influence de l´anglais): Od chvíle, kdy se stala majetkem Louvru, byla Mona Lisa ... dvakrát odcizena/ au lieur de Od chvíle, kdy se Mona Lisa stala... c) La dislocation, la segmentation excessive de la phrase tchèque sous l´influence du français et de l´anglais : Nedávno, když interviewoval herce ... /Když nedávno interviewoval herce ... (Tout récemment, en interviewant un acteur..., Kundera) 2. La concordance des temps au passé est reprise automatiquement du français : A řekl mu všechno, co si myslil o jeho poníženém chování.../co si myslí (Et il lui dit alors ce qu´il pensait de son comportement servile. Kundera) 3. Les interférences grammatico-lexicales : a) description des parties du corps humain : on emploie souvent le pluriel au lieu du singulier : kroutili hlavami /hlavou; Měli na hlavách ježky /na hlavě ježka; lidé rozevírali nad hlavami deštníky/nad hlavou deštník (Kundera, nesnesitelná lehkost bytí) – Les gens ... levaient au-dessus des têtes leurs parapluies ouverts. La norme écrite actuelle admet les deux possibilités. b) emploi automatique du futur périphrastique au lieu des verbes tchèques perfectifs préfixés : budu aspoň jednou tančit/aspoň jednou si zatančím c) usage incorrect des conjonctions ni et ou en négation: vůbec nebyl sarkastický nebo/ani ironický d) ommission de la formation synthétique des degrés des adjectifs et des adverbes tchèques : tím víc lichotivě/ tím lichotivěji ; větší nesmysl a více nepřijatelný si stěží mohli vymyslet / větší a nepřijatelnější nesmysl... e) ommission des adjectifs possessifs tchèques : matka mého otce /otcova matka f) des interrogations totales positives au lieu de constructions négatives que préfère la langue tchèque : Chcete jít dovnitř a promluvit si ? /Nechcete jít dovnitř ... 4. Les interférences lexicales et phraséologiques : a) emploi incorrect des prépositions : les traducteurs reprennent automatiquement la préposition de l´original : sledování přes dalekohled /dalekohledem, na cestě k jedné konferenci /na jednu konferenci... b) emploi des constructions périphrastiques verbales au lieu d´un seul verbe : získal slávu /proslavil se, pohnul pistolí tak, aby mířila /zamířil na... c) l´emploi fréquent de la voix passive au lieu de la forme active du verbe d) l´emploi trop fréquent des pronoms possessifs au lieu du datif des pronoms personnels ...moje srdce se na okamžik zastavilo /srdce se mi...; Ty ses hrabala v mých dopisech /ses mi hrabala ... Tu as fouillé dans mes lettres ! (Kundera) e) ommission des diminutifs synthétiques tchèques – malý bratr/ bratříček f) emploi incorrect des expressions faisant partie des locutions figées – oslepení smyslů /otupení – un aveuglement des sens 5. Les traductions mot à mot des idiomes, proverbes 6. Les traductions mot à mot des toponymes, des noms géographiques, des civilisations : 7. Les traductions mot à mot des locutions figées qui ont prafois la fonction des termes (ptáci na cestách au lieu de tažní ptáci). 8. Les fausses traductions des expressions d´une tierce langue que le traducteur parfois ne connaît pas et ne se rendra pas compte qu´il s´agit d´un mot étranger (il peut le prendre pour un nom propre, par exemple, en allemand qui écrit tous les substantif avec une majuscule). La traduction technique - Quelques aspects théoriques de la traduction technique (Bohuslav Ilek, Alois Jedlička, Ivan Poldauf, J.V. Bečka) Ilek, Bohuslav: Místo teorie odborného překladu v soustavě vědy o překladu. Popovič, Anton (red.): Preklad odborného textu, SPN, Nitra, 1977, p. 9-24. Pour l´aspect pratique de la traduction technique, il convient de définir d´abord l´unité de traduction : il s´agit d´un élément du texte qui représente un ensemble cohérent doté de sens et présente en même temps un problème spécifique de la traduction. Le plus souvent, on considère comme unité de traduction un mot ou un syntagme, mais aussi un morphème (un suffixe, un préfixe). Le danger d´une mauvaise traduction est relativement plus grand quand on traduit un syntagme (composé de plusieurs mots) que lorsque l´on traduit un terme composé d´un seul mot. Il existe plusieurs procédés de traduction qui sont valables tant pour la traduction technique que pour la traduction littéraire : l´emprunt, le calque, la transposition, la modulation. Il existe aussi des approches différentes, par exemple celle de l´analyse sémantique des expressions, consistant en leur décomposition en unités les plus petites portant encore une signification. Cette analyse permet ensuite de structurer le lexique et comparer deux (ou plusieurs) systèmes linguistiques (français et tchèque). Certaines disciplines scientifiques (la chimie, la médecine) ou techniques ont un pourcentage élevé de termes équivalents exactes (mais cela peut varier selon les groupes de langues). Par contre, la terminologie des disciplines des sciences humaines telles que la linguistique, la théorie littéraire, l´histoire et d´autres varie parfois d´une langue à l´autre, ne se correspond pas exactement dans les deux langues comparées. Par exemple en tchèque les termes linguistiques doplněk, přísudek, přívlastek, x en français l´attribut, l´épithète etc.; ou en histoire : la Révolution x Velká francouzská revoluce. La situation terminologique peut être encore compliquée par l´existence des doublets géographiques (la norme valable en France, en Belgique, au Canada). En plus, le progrès scientifique et technique avance d´un pas inégal dans chaque pays, ce qui a des répercussion aussi dans le domaine de la terminologie. Il faut toujours suivre l´évolution terminologique dans le domaine de spécialisation. Le texte technique (au sens large du terme) s´oriente avant tout au contenu réel : c´est la réalité qui permet de vérifier la justesse de la traduction (ce qui est une différence importante par rapport aux textes littéraires, de fiction). On traduit, dans la plupart des cas, des oeuvres scientifiques ou techniques contemporaines, l´exception des classiques (p. ex. A. Smith, théoricien de l´économie), des philosophes, etc. qui peuvent paraître dans des nouvelles traductions plusieurs dizaines ou centaines d´années après la publication de l´original). La traduction technique a plusieurs étapes, de même que la traduction littéraire : La préparation – le traducteur doit d´abord répérer et définir les termes et chercher leurs équivalents dans la langue-cible (langue d´arrivée). La traduction – la fonction, l´objectif de la traduction (pour qui, pour quel objectif traduit-on ?) joue aussi un rôle important dans la traduction technique. Le côté subjectif de l´expression du traducteur est sensiblement limité ou presque éliminé par rapport à la traduction technique. Les résultats de l´analyse des traductions techniques contribuent à une connaissance plus approfondie des correspondances et des différences entre les deux langues, et permettent ainsi de définir les procédés fondamentaux de traduction nécessaires pour un bonne interprétation de l´information netre ces deux langues étudiées. Jedlička, Alois: Lingvistické předpoklady vědy o překladu. Popovič, Anton (red.): Preklad odborného textu, SPN, Nitra, 1977, p. 25-37. La théorie de la traduction s´appuie sur la linguistique et la stylistique comparées. La linguistique contrastive (parfois, elle est compris comme synonyme, parfois comme une partie de la lingusitique comparée) étudie les différences entre deux (ou plusieurs) langues; elle s´intéresse particulièrement aux éléments et structures d´une langue (du français p. ex.) qui n´ont pas d´équivalents directs dans la langue maternelle, ni du point de vue qualitatif ni quantitatif. Les moyens syntaxiques typiques pour le style technique (et pour toute structure syntaxique concise) sont les constructions/propositions participiales avec des adjectifs verbaux (en tchèque – suffixes –ící, -oucí, -ný, -tý, -lý, -vší, par exemple mluvící o, přicházející, následující, vědoucí..., podaný, žádaný, přijatý, ), et des constructions nominales avec des substantifs verbaux ou des substantifs exprimant une action. Leurs équivalents seraient des propositions subordonnées complément circonstantiel ou épithète. Mais la structure syntaxique concise n´est pas le monopole du style technique, seulement ce type de construction est plus fréquent dans certains types de traduction techniques, et est typique pour le style technique. Le style technique emploie aussi des constructions inhabituels avec le verbe : uvažovat přímku (avec l´accusatif), au lieu de uvažovat o něčem (dans la langue courante, avec le local). Poldauf, Ivan: Konfrontační lingvistika ve vztahu k odbornému překladu. Popovič, Anton (red.): Preklad odborného textu, SPN, Nitra, 1977, p. 71-89. Les internacionalismes jouent un rôle important dans la traduction technique. La linguistique contrastive spécifie leurs équivalences et leurs différences par rapport aux synonymes tchèques et définie leur sens par rapport aux synonymes tchèques (si l´équivalent tchèque exprime la même chose que désigne l´internacionalisme ou pas), éventuellement l´étude contrastive spécifie s´il s´agit des faux-amis. Le calque – des traduction ou des calques des noms des institutions La contraposition simple (voir la traduction littérale selon Vinay-Darbelnet) La modulation – le changement du point de vue – mělký x peu profond, passif x actif La modulation figée (selon Poldauf) est synonyme de l´équivalence selon Vinay-Darbelnet : elle s´emploie pour traduire des clichés, des locutions figées. Le rôle de la linguistique contrastive est le plus grand dans les procédés tels que l´emprunt, el calque, la contraposition x la modulation figée, l´adaptation – son rôle est minimal dans ces procédés de traduction (c´est la théorie de la traduction qui prend la relève). Dans la traduction technique, les procédés de traduction suivants sont important (classé selon l´ordre d´importance décroissant): L´emprunt et la contraposition (la traduction littérale) La transposition et la modulation libre La modulation figée et l´adaptation La substitution – n´apparaît que rarement, surtout dans les ouvrages de vulgarisation, dans le style journalistique (par ex. un changement de l´intention de l´auteur, le style moins émotif est rendu par un style plus expressif). La compensation – une forme de substitution, elle n´apparaît pratiquement pas dans le style technique. J.V.Bečka: Konfrontační stylistika odborných textů a překlad. Popovič, Anton (red.): Preklad odborného textu, SPN, Nitra, 1977, p. 91-98. La stylistique contrastive est liée avec la grammaire contrastive. Parfois, il arrive que la traduction littérale est possible (parce dans les deux langue, il existe un équivalent dirent), mais elle n´est pas adéquate : il s´agit d´une différence dans la norme stylistique des deux langues. La norme stylistique n´est pas unifiée, est assez floue, mais est différenciée selon des fonctions différentes de la communication : il y a une norme du style technique, du style littéraire, du style courant, en plus, il existe la norme parlée (ou plusieurs normes, selon les sous-codes – stratification géographique et sociale /socio-professionnelle) et la norme écrite. Le style technique tchèque, russe, français etc. ont plusieurs traits communs par lesquels ils diffèrent du style littéraire de ces langues. La norme stylistique valable dans telle ou telle communauté linguistique est différente en fonction de l´évolution différente de la société. Il faut toujours prendre en compte le lecteur : ses expériences, ses connaissances, etc. Ce qui est connu en général dans une communauté linguistique peut rester implicite dans la traduction (connaissances de l´historie nationale, de l´organisation politique de l´État). Dans le style technique, il n´y a pas le problème d´expressivité qui existe dans la traduction littéraire. De même les interférences avec le style personnel du traducteur sont minimales, mais le degré de l´intellectualité des expressions peut varier d´un traducteur à l´autre. Dans le style technique, la norme stylistique dépend plus de la norme grammaticale que dans le style littéraire. Le 5 novembre 2010 La comparaison des deux systèmes linguistiques : français et tchèque - les déterminants : article défini, indéfini et partitif et leurs équivalents tchèques (Radina) Le français dispose aussi d´autres déterminants que l´article : ce, mon, quel, quelque, autre, même, chaque, tout, tel, certain, aucun, nul, maint, différents, divers, plusieurs. L´article est le plus fréquent de ce groupe de déterminants. En français, le substantif déterminé (avec l´article défini) doit être remplacé par un pronom personnel (Tu as le crayon ? Je l´ai.), tandis que le substantif indéterminé est remplacé par le pronom adverbial en (Tu as un crayon ? J´en ai un.). Le substantif indéterminé est précédé en négation par la préposition de sans article (Je n´ai pas de travail.), tandis que le substantif déterminé maintient l´article défini (Je n´ai pas le temps.). Le tchèque, n´ayant pas d´article, exprime la détermination ou l´indétermination du substantif par d´autres procédés : lexicaux, morphologiques et syntaxiques. Souvent, ces procédés se combinent entre eux, par ex. le lexique avec la syntaxe, le lexique avec la morphologie etc. Exprimer la détermination ou l´indétermination en tchèque est donc plus compliqué qu´en français. Les procédés lexicaux : Dans certains cas, le tchèque laisse la détermination ou l´indétermination du substantif inexprimé : il s´agit des substantifs qui désignent une catégorie (les enfants sont curieux), la singularité (Le Soleil est plus grand que la Terre), la proportionnalité (à 2 euros le kilo), la date (le 11 novembre), le nom propre suivi d´épithète ou d´indication de la profession (Philippe le Bel, Renoir le metteur en scène). Parfois, la détermination en tchèque est facultative : c´est le cas des substantifs déterminés par la situation (ferme la porte!) ou par une autre partie du discours (le jardin du voisin, les plus beaux succès, il n´a pas le courage de le dire, à l´endroit où il l´avait pris), la répétition des jours de la semaine (fermé le dimanche) et des généralisations typologiques (les Rimbaud sont rares). La détérmination est exprimé d´habitude lorsque le substantif exprime l´accomplissement d´un nombre (les deux, les trois amis). La détermination est pratiquement obligatoire lorsque le déterminant français substantive une autre partie du discours (les mais), ou lorsque le substantif désigne un individu éminent (il est le peintre). L´indétermination s´exprime facultativement en tchèque dans le sens le plus large (nous avons un ami en France, venez nous voir un dimanche, un monsieur vous cherche), quand il s´agit d´un substantif défini par une épithète (vous avez eu une grande chance, il a acheté une petite maison), lorsque le substantif indéfini fait partie d´une définition, d´un cadre plus général (la bouillabaisse est un met provençal), lorsque l´article indéfini remplace un substantif (des pierres : une ronde). L´indétermination est exprimée obligatoirement dans une généralisation typologique (un Rimbaud est rare), dans une comparaison métaphorique (Paris, c´est un monde, vous êtes un sorcier, sa grand-mère est un médecin), et quand il s´agit de l´adjectif numéral un (pour un euro). Parfois, la langue tchèque exprime l´indétermination par un complément circonstanciel du temps ou du lieu. Les procédés morphologiques: L´eau de la mer x l´eau de mer (voda v moři, z moře x mořská voda) : le substantif déterminé se décline en tchèque, le substantif indéterminé est transposé en adjectif ou bien il est exprimé par un nom composé ou est dérivé à l´aide d´un suffixe. Procédés syntaxiques: Le thème de l´énoncé comprend une information connue de l´interlocuteur, la nouvelle information est introduite dans le rhème (le noyau) de l´énoncé. Note méthodologique: Si on peut employer en tchèque les pronoms démonstatifs ten, ta, to, il y aura probablement l´article défini en français. Si on peut employer en tchèque les pronoms ou les adjectifs jeden, takový, nějaký, všelijací, různí, celí, etc., il y aura probablement l´article indéfini en français. L´article défini : L´article défini en français désigne Équivalent tchèque une catégorie (les enfants sont curieux) aucun déterminant (děti jsou zvědavé) la singularité (Le Soleil est plus grand que la Terre) aucun déterminant (Slunce je větší než Země) la proportionnalité (à 2 euros le kilo) aucun déterminant (po 2 eurech (za) kus) la date (le 11 novembre) aucun déterminant (11. listopadu) le nom propre suivi d´épithète ou d´indication de la profession (Philippe le Bel, Renoir le metteur en scène) aucun déterminant (Filip Sličný; Renoir, režisér) substantifs déterminés par la situation ferme la porte! ou par une autre partie du discours (le jardin du voisin, les plus beaux succès, il n´a pas le courage de le dire, à l´endroit où il l´avait pris) déterminant facultatif ten, ta, to, onen, ona, ono zavři (ty) dveře! (ta) sousedova zahrada (ty) nejkrásnější úspěchy nemá (tu) odvahu říci to na (to, ono) místo, kde to předtím vzal la répétition des jours de la semaine (fermé le dimanche; le vendredi, nous quittons Prague) équivalent facultatif (v neděli zavřeno; v pátek obvykle odjíždíme z Prahy, každý pátek odjíždí(vá)me z Prahy) des généralisations typologiques (les Rimbaud sont rares) déterminant facultatif takový (takových Rimbaudů je málo) l´accomplissement d´un nombre (les deux, les trois amis) équivalent probable ti, všichni (zvl. případ oba; ti/všichni tři přátelé) le déterminant substantive une autre partie du discours (tous les mais) déterminant obligatoire ten, ta, to (všechna ta ale) le substantif désigne un individu éminent (il est le peintre) équivalent obligatoire (on je malíř v nejvlastnějším smyslu, s velkým M) L´article indéfini L´article indéfini en français Équivalent tchèque exprime l´indétermination dans le sens le plus large (nous avons un ami en France, venez nous voir un dimanche, un monsieur vous cherche, cela provoque des hésitations) déterminant facultatif jeden, takový, nějaký, jakýsi, kterýsi (máme v Paříži (jednoho) přítele, přijďte k nám někdy v neděli, nějaký pán vás hledá/hledá vás nějaký pán, vyvolává to (všelijaké) rozpaky) désigne un substantif défini par une épithète (vous avez eu une grande chance, il a acheté une petite maison) déterminant facultatif (měli jste velké štěstí, koupil si (takový) menší domek) précède le substantif qui fait partie d´une définition, d´un cadre plus général (la bouillabaisse est un met provençal) déterminant facultatif (bouillabaisse je (takové) provensálské jídlo) remplace un substantif (des pierres : une ronde) déterminant facultatif jeden (kameny: (jeden) kruhový) une généralisation typologique (un Rimbaud est rare) déterminant obligatoire takový (takový Rimbaud je vzácný) une comparaison métaphorique (Paris, c´est un monde, vous êtes un sorcier, sa grand-mère est un médecin) déterminant obligatoire úplný, hotový, učiněný (Paříž, to je úplný svět; vy jste hotový kouzelník; jeho babička je učiněný doktor) l´adjectif numéral un (pour un euro) adjectif numéral obligatoire (za jedno euro) L´article partitif L´article partitif en français exprime Équivalent tchèque indétermination des substantifs non-comptables il y a encire du vin vous avez de la chance elle a pris du poids aucun équivalent/équivalent facultatif ou des équivalents pareils à ceux de l´article indéfini, peuvent se combiner avec la déclinaison des substantifs ještě je (tam) (nějaké) víno/trochu (něco) vína máte štěstí přibrala na váze (locution différente) L´article zéro L´article zéro des substantifs déterminant un autre substantif en français Équivalent tchèque l´eau de mer le chef de train le chauffeur de taxi le chateau d´eau une pomme de terre un crayon de couleur mořská voda (transposition de catégorie) vlakvedoucí (mot composé) taxikář, vodárna (mot simple dérivé à l´aide d´un suffixe) brambora (mot simple) pastelka (mot simple) Le 12 novembre 2010 La comparaison des deux systèmes linguistiques : français et tchèque - le substantif (Radina) Certains substantifs français peuvent être exprimés par un verbe ou un adjectif en tchèque. L´adjectif tchèque peut être exprimé en français par un substantif avec préposition. L´adverbe tchèque peut avoir pour son équivalent français un adjectif etc. 1. Quelles sont les réalisations culturelles tchécoslovaques ? Čeho dosáhlo Československo v kultuře ? (substantif – verbe; adjectif – substantif) 2. Voyez la finesse de mes épluchures: on dirait de la dentelle! Podívejte se, jak jsou ty slupky jemné: člověk by řekl, že to je krajka! (substantif – adjectif) 3. Une voiture d´enfant – dětský kočárek, une cuisinière à gaz – plynový sporák (substantif avec préposition – adjectif) 4. parler haut – mluvit nahlas, voir clair – vidět jasně (adjectif – adverbe) Plus le registre est soutenu ou plus la langue est spécialisée, plus le substantif est fréquent. C´est la langue administrative, juridique ou scientifique qui est particulièrement riche en substantifs. Les locutions verbonominales y sont très fréquentes. En français, ces constructions expriment en partie l´aspect de l´action verbale (slovesný vid). Il fit un saut. – Poskočil. Elle eut un hoquet de douleur. Bolestně škytla. Pour exprimer le substantif tchèque verbal, le français peut employer un substantif : la boisson pití, l´action konání, ou le gérondif, éventuellement locution prépositionnelle avec l´infinitif surtout pour exprimer l´instrumental des substantifs tchèques: En voyageant, on connaît les pays étrangers. Cestováním se poznávají cizí země. A force de fumer, il a miné sa santé. Stálým kouřením si podryl zdraví. La comparaison des deux systèmes linguistiques : français et tchèque - l´adjectif qualificatif et l´adverbe (Radina) Le français et le tchèque diffèrent par la place de l´adjectif qui est le plus souvent postposé en français et antéposé en tchèque. L´exception représentent les adjectifs français fréquents ou courts, tels que grand, petit, jeune, vieux, nouveau, beau, joli, bon, mauvais, et aussi les adjectifs marqués d´expressivité (un éclatant succès, une immense erreur) ou employés dans le sens figuré : de creuses promesses (plané sliby), dans nos vertes années (za našich mladých let). Parfois, le sens change en fonction de la place de l´adjectif : un château ancien (starobylý zámek), l´ancien président (bývalý předseda), sa robe propre (její čisté šaty), sa propre robe (její vlastní šaty, čistě jen její). En tchèque, la place normale de l´adjectif est dans l´antéposition par rapport au substantif auquel il se rapporte. L´exception représentent la mise en relief ou l´insistance (Nové pojetí, na rozdíl od pojetí dosavadního...). Systématiquement, l´adjectif tchèque est postposé dans la terminologie scientifique, biologique ou chimique (mandelinka bramborová x bramborová kaše, chlorid draselný) et dans les épithètes définies par les compléments (sto diváků, zklamaných výkonem a stylem hry domácích, et non zklamaných sto diváků nad výkonem ...). Dans le cas d´un cumul de plusieurs adjectifs épithètes, ceux-ci sont placés dans les deux langues dans des positions opposées par rapport au substantif : Novodobé francouzské výtvarné umění x l´art plastique français moderne Les degrés des adjectifs et des adverbes : le français crée les degrés des adjectifs d´une manière analytique : grand – plus grand – le plus grand, vite – plus vite – le plus vite. Cependant, la formation synthétique des degrés des adjectifs et des adverbes existe aussi en français, mais est plus rare qu´en tchèque : bon – meilleur – le meilleur, mauvais – pire – le pire; mal – pis – le pis, bien – mieux – le mieux. Le tchèque emploi d´habitude la formation synthétique des degrés des adjectifs et des adverbes : udivený – udivenější – nejudivenější, dobrý – lepší – nejlepší; dobře – lépe – nejlépe, rychle – rychleji – nejrychleji. Pourtant, la formation analytique des degrés des adjectifs et des adverbes existe elle aussi en tchèque. Elle s´emploie le plus souvent pour mettre en relief une réalité. Rozšířený – více rozšířený – nejvíce rozšířený, p. ex. Vleklý zánět průdušek je jednou z nejvíce rozšířených chorob dýchacího ústrojí / Mais on pourrait dire aussi ... je jednou z nejrozšířenějších chorob... . Parfois, c´est la construction syntaxique tchèque qui exige le comparatif ou superlatif analytique : ... mohla by být stejně nebo možná ještě více komická ... . Mais il faut éviter l´emploi simultanné des deux formations du comparatif ou du superlatif, synthétique et analytique. (Bude víc a víc lenivější, au lieu de lenivý.) Le comparatif absolu en tchèque : Je to už starší člověk. En français, on peut l´exprimer à l´aide des adverbes plutôt, assez, du pronom certain etc. Une dame plutôt / assez forte, un homme âgé / d´un certain âge. Le français dispose aussi du comparatif et du superlatif d´infériorité : cher – moins cher – le moins cher. Le tchèque se sert de l´adjectif / adverbe exprimant la qualité inverse ou emploie le verbe en négation. Je to levnější / Není to tak drahé. En tchèque, on peut exprimer le comparatif ou superlatif d´infériorité uniquement de manière analytique, à l´aide des adverbes méně, nejméně ; c´est pourquoi le comparatif et le superlatif d´infériorité sont assez rares en tchèque qui est langue synthétique. Le tchèque se sert beaucoup des adverbes simples, tandis qu´en français, ces adverbes sont plus rares. Tandis que le tchèque permet de combiner plusieurs adverbes (quatre ou cinq) simples dans une proposition, en français, un tel cumul d´adverbes serait impossible. Souvent, le français exprime le complément circonstanciel par d´autres catégories que l´adverbe. A l´adverbe tchèque peuvent ainsi correspondre en français : 1. l´adverbe simple bien, mal, vite, etc. ou dérivé en -ment 2. l´adjectif (participe passé) : voir clair, vivre heureux, voter communiste (volit komunisty), chausser grand (nosit velké boty), lutter serré (úporně bojovat). Parfois, plusieurs possibilités ayant le même sens coexistent : travailler dur / durement. Mais parfois le sens change : parler bas (mluvit potichu) – parler bassement (mluvit podle); sentir bon (vonět) – sentir bien (mít dobrý čich). 3. le substantif + l´adjectif – d´une façon insupportable (nesnesitelně), d´une manière impertinente (drze), d´un ton moqueur (výsměšně), d´un air surpris (překvapeně) 4. la préposition + le substantif sans article : par coeur, par mégarde, de préférence, sans pitié, de toute manière 5. le verbe ou une locution verbale : aimer faire (rád dělat), continuer à chanter (zpívat dál), préférer lire (raději číst), tu n´as qu´à le dire (jen to řekni), je n´arrive pas à les comprendre (já jim pořád, stále nerozumím). 6. la locution adverbiale : à propos, d´abord, en vain, sans cesse, tout de suite... 7. une autre manière : quelle est la distance de ...à... ? Jak daleko je z ... do ... ? Le 3 décembre 2010 La comparaison des deux systèmes linguistiques : français et tchèque - le système verbal (Radina) La voix active, la voix passive La forme du verbe change selon la part que prend le sujet à l´action. Si le sujet effectue l´action, il en est l´agent et le verbe est à la voix active. La carte orange permet de voyager dans la Région des transports parisiens. Si le sujet d´un verbe transitif subit l´action, le verbe est à la voix passive. Un grand prix a été décérné à un jeune poète canadien. La ville de Dijon sera reliée à Paris en 2 h 15. Le passif se forme à l´aide de l´auxiliaire être. Les verbes auxiliaires et semi-auxiliaires n´ont pas de passif, sauf quelques exceptions : devoir – Cette somme vous est due. (Mais ici, le verbe devoir est employé comme verbe à sens plein, pas comme verbe modal.) vouloir – C´est voulu. Certains verbes qui ont un complément d´objet indirect peuvent être employés au passif : Les parents ont été obéis. Les enfants ont été pardonnés. A la voix active, le sujet est l´agent du verbe, le complément d´objet direct est le patient. L´ambassade de France a proposé un concours de poésie française. A la voix passive, le complément d´objet direct devient sujet. Le sujet de la voix active devient complément d´agent et il est construit avec la préposition par ou de. Le concours de la poésie française a été proposé par l´Ambassade de France. Sysnonymie syntaxique: Cela se comprend. – voix pronominale C´est compris. – voix passive On le comprend facilement. – voix active A la voix active, l´auteur de l´action est exprimé par le sujet grammatical : Pasteur découvrit le vaccin contre la rage. Pasteur objevil očkovací látku proti vzteklině. A la voix passive, l´auteur de l´action reste soit inexprimé, soit il est exprimé par la préposition par / de (certains verbes exprimant l´état) en français, et par l´instrumental en tchèque. Le vaccin contre la rage fut découvert par Pasteur. Očkovací látka proti vzteklině byla objevena Pasteurem. La voix passive est une forme composée dans les deux langues. La voix passive au présent est composée du verbe être au présent et du participe passé. Il est porté par l´eau. Je unášen vodou. Comparez : il est porté (voix passive, présent) x il est parti (passé composé, voix active). La voix passive au passé composé aura la forme suivante : Il a été porté par l´eau. La voix passive est créée à partir des verbes objet. Les verbes sujet (du mouvement, de l´état) ne peuvent pas normalement créer le passif. Il y a quelques verbes en français qui peuvent être compris soit comme sujet soit comme objet : monter stoupat, monter qc vynášet nahoru, montovat; descendre pohybovat se dolů, descendre qc nosit dolů, entrer vcházet, vjíždět, entrer qc dávat něco dovnitř; rentrer vracet se, rentrer qc zasouvat, dostávat dovnitř; sortir vycházat, sortir qc vyndavat, vyhazovat něco. Il faut distinguer l´emploi de ces verbes en fonction du sujet (la voix passive n´existe pas) ou de l´objet (le passif est possible). Elles sont déjà descendues peut ainsi se traduire soit comme : Už sešly dolů (voix active, passé composé) ou Už jsou sneseny dolů (voix passive, présent). L´emploi de la voix passive est plus fréquent en français qu´en tchèque sous l´influence de l´ordre des mots plus ou moins figé en français (sujet – verbe – objet). Si la perspective fontionnelle (thème – rème) nécessite que l´auteur de l´action soit placé à la fin de l´énoncé, c´est la voix passive qui s´offre comme sollution. Le tchèque dispose d´un ordre des mots plus souple que le français, grâce à la déclinaison des substantifs; c´est ainsi que le sujet peut être placé à la fin de l´énoncé même dans la voix active, d´où l´emploi plus réduit du passif en tchèque. La voix passive en tchèque sert souvent à distinguer le sujet et l´objet des substantifs ayant les formes indentiques pour le nominatif et l´accusatif. Sinon, l´emploi fréquent du passif est typique pour le style administratif ou juridique; par contre, dans les énoncés spontannées, la fréquence de la voix passive est limitée par rapport à la langue française. Le présent Le présent situe le fait au moment où l´on parle. Parfois, le français emploi le présent d´actualité dans les titres des journaux, pour attirer l´attention des lecteurs. En tchèque, on traduira souvent par le passé : Désespéré d´amour, il se jette du 5^e étage. Z nešťastné lásky skočil z pátého poschodí. Parfois, le titre tchèque se passe du verbe : Le Congrès se prononce contre l´entrée dans le Marché commun. Sjezd proti vstupu na společný trh. Le futur Le français et le tchèque disposent chacun de deux formes pour exprimer le futur. Le français dispose du futur simple (je lirai) et du futur proche (je vais lire). Cette deuxième forme devient plus fréquente en français contemporain ce qui peut résulter en partie du caractère analytique de la langue et donc d´une préférence pour les formes périphrastiques en général. Le tchèque a le futur simple (přečtu) pour les verbes perfectif (il s´agit en fait de la forme du présent qui est pourtant perçue par les locuteurs comme le futur). Les verbes imperfectifs tchèques créent le futur périphrastique à l´aide du verbe être au futur simple accompagné de l´infinitif (budu číst). Parfois, on peut observer le parrallélisme suivant entre les deux langues : je vais lire = přečtu, je lirai = budu číst. Les deux langues se servent aussi souvent du présent pour exprimer le futur, surtout en français courant ou familier. Alors, vous venez demain ... Přijdete zítra... Le futur historique (futur de perspective) en français sert à désigner les faits dont le déroulement commence dans un moment passé. Le lecteur est ainsi invité à suivre l´action qui se produira (malgré qu´il s´agisse le plus souvent d´une action achevée au moment de la narration). Il accompagne souvent le présent historique. Nous pouvons rendre ce futur historique par le futur (ou le présent du verbe perfectif) ou par le passé en tchèque. P. ex. Sade est poursuivi pour débauche et tentative d´empoisonnement. Il part en Italie. Rentré en Frnace, il est arrêté et passera désormais la majeure partie de sa vie en prison. Sade je stíhán pro zhýralý život a pokus o travičství. Odjíždí do Itálie. Po návratu do Francie je zatčen a stráví pak větší část života ve vězení. Le futur (et le futur antérieur) sert également à exprimer la probabilité. Jean n´est pas venu ? Il sera malade. Bude/ je asi nemocen. Le tchèque emploi ici le futur ou le présent. Vous avez marché longtemps vous disant : elle ne m´aura sans doute pas attendu. Patrně na mne nečekala. Le tchèque emploi ici le passé. Le futur antérieur Le futur antérieur français sert à exprimer : 1. l´antériorité par rapport une action future, normalement après les conjontions quand když, lorsque až, dès que jakmile, après que poté co : Dès que vous l´aurez terminé ... Jakmile to budete mít skončené ... (en tchèque, nous exprimons par une périphrase à l´aide du verbe avoir au futur périphrastique et d´un adjectif verbal) Téléphone-moi plus tard et dis-moi ce qui se sera passé. Zavoláš mi později a řekneš mi, co se stalo. En tchèque, nous exprimons par le passé. 2. l´action terminée à un moment précis de l´avenir : Vers midi, tu seras rentré. Kolem poledne budeš zpátky. (le tchèque emploie le futur simple et l´adverbe de lieu) 3. la probabilité (au passé) : Cette fois-ci, il aura compris. Tentokrát snad pochopil. (le tchèque remplace par le passé avec l´adverbe de doute). 4. l´action accomplie au passée mais envisagée comme si elle devait se produire (le futur antérieur sert ici à désigner le jugement futur ; le tchèque emploie le passé : Si, après avoir lu ce journal, le lecteur sait un peu mieux comment vivent les Français, mon voyage à travers quelques régions de France n´aura pas été tout à fait inutile. Jestliže čtenář po přečtení tohoto deníku bude o něco lépe vědět, jak žijí Francouzi, pak moje cesta po několika francouzských krajích nebyla tak docela zbytečná. Le passé Le français exprime le passé indéfini (neohraničenou minulost) par l´imparfait, le passé défini (ohraničenou minulost) par le passé simple ou par le passé composé. Les locutions verbonominales en français servent parfois à désigner une action définie, momentannée : sauter skákat x faire un saut (po)skočit. Le passé simple situe dans le passé les événements achevés dans l´histoire ou dans le récit. La femme le regarda, puis elle demanda. Le passé composé sert à exprimer des faits passés, achevés au moment où l´on parle. Et la guerre, cela s´est passé comment, au juste ? La durée du fait exprimé par un passé simple / passé composé est limitée. L´imparfait s´emploie pour décrire (Dans les champs des flaques d´eau luisaient), pour exprimer un état (Il avait juste dix-neuf ans qunad les Allemands sont entrés en Pologne), pour exprimer la cause d´un fait cité précédemment (Il apprécia son calme. Le recèlement d´un aviateur allié était puni de mort), pour exprimer un fait qui se répète régulièrement dans le passé (Il allait à des cours d´agriculture), pour exprimer un fait qui continue (La femme attendait, les yeux fixés sur lui). L´imparfait exprime un fait dont la durée n´est pas limitée. Comme le temps relatif, l´imparfait exprime la simultanéité dans le passé. Il lui sembla que le policier examinait avec trop de soin ses propres papiers. Zdálo se mu, že policista prohlíží... Dans certains cas, on emploie l´imprfait dit narratif, historique ou pittoresque pour exprimer una action accomplie dans le passé. Il est souvent l´équivalent du futur historique tchèque, mais parfois, on le traduit par le présent ou le passé : Armand Lanoux remporta (získal) de nombreux prix ... en 1953, il obtient (dostává) le Grand prix ... la même année, il recevait (obdrží) le prix... A ce moment, la bombe explosait. V té chvíli vybuchuje bomba. Le tchèque dispose des verbes perfectifs (napsal, sepsal) et imperfectifs (psal) (donc de l´aspect de l´action verbale) pour faire distinction entre le passé (mais cela vaut également pour le futur tchèque, bude psát, napíše) défini ou indéfini. L´imparfait français correspond souvent au verbe imperfectif au passé en tchèque (il écrivait, psal), le passé simple ou le passé composé correspondant au verbe perfectif (il écrivit, il a écrit, napsal). Mais parfois le tchèque emploie le verbe imperfectif pour désigner une action durative (celý večer psal nějaké dopisy), tandis que le français emploie le passé simple (ou passé composé) puisqu´il s´agit d´une action défini (toute la soirée, il écrivit/ il a écrit des lettres). De l´autre côté, le passé simple ou le passé composé ne servent pas uniquement à désigner des actions instantannées, mais ils expriment une action limitée pourtant dans le temps. Il vécut quatre-vingt-cinq ans. J´ai longuement réfléchi. Certains verbes français s´emploient le plus souvent à l´imparfait, ce qui résulte de leur sens sémantique (ils décrivent une situation passée) : je croyais, nous étions assis, je ne savais pas. D´autres apparaissent plus souvent au passé simple (passé composé) puisqu´ils désigne une action : Il s´assit, j´ai appris que. Il est intéressant que le tchèque ne dispose pas de la forme perfective du verbe être, c´est pourquoi on traduit des phrases françaises telles que : J´ai eu peur par Dostal jsem strach. Nous avons eu ce livre facilement. Dostali (Sehnali) jsme tu knihu snadno. Parfois, les deux langues comprennet le passé différemment : „Co to děláte ?“, protestoval (verbe imperfectif) «Que faites-vous ?» protesta-t-il (passé simple). Le passé surcomposé exprime l´antériorité par rapport à l´action du verbe qui est au passé composé. Son auxiliaire a la forme du passé composé : j´ai eu dit. Il s´emploie surtout dans la langue parlée. Quand j´ai eu fait mes courses, je suis rentrée. – Když jsem si obstarala všechny nákupy, vrátila jsem se domů. Le plus-que-parfait Le plus-que-parfait français permet d´exprimer une action passée accomplie avant un autre fait passé. C´est le temps verbal qui sert à évoquer des souvenir : «Elle s´interrompit aussitôt. Le visage de Régis venait de s´éclairer. Elle allait céder. Oui, c´était ainsi qu´il avait parlé au temps de leurs fiançailles. Elle l´avait rencontré, par hasard, dans une soirée. Elle l´avait entretenu de ses livres, avec admiration. Ils s´étaient revus. Autrefois, le plus-que-parfait était courant aussi en tchèque: Měli tam zasazené stromky, které si byli přinesli z lesa. Aujourd´hui, on ne le rencontre que chez les écrivains archaïsants, parfois il est exploité pour des objectifs stylistiques (le plus-que-parfait est censé amuser les lecteurs contemporains) : Byl roztržitý, a když se mne byl čtyřikrát zeptal, která noha to je, udělal rentgenový snímek té zdravé (Jirotka, Saturnin). Au lieu du plus-que-parfait, le tchèque acteul emploie le passé. Stalo se, jak byl řekl est donc couramment formulé comme Stalo se, jak řekl. L´auditeur doit comprendre la suite temporelle des deux actions du context. Comme temps relatif, le plus-que-parfait exprime l´antériorité par rapport à un autre temps du passé. Je ne savais pas qu´il était parti. Nevěděl jsem, že odešel. Le plus-que-parfait permet d´exprimer aussi la cause de l´action passé (qui est exprimé par un passé simple/composé). En tchèque, nous pouvons rendre le plus-que-parfait par 1. des procédés lexicaux, le plus souvent des adverbes ou locutions prépositionnelles ayant la fonction adverbiale (totiž, předtím, mezitím, do té doby, za tu dobu, původně, kdysi, už, tenkrát, nejdříve) : En quelques minutes, les flammes sortaient par les fenêtres du cinquième. C´est en effet au cinquième étage de l´immeuble que le sinistre s´était déclaré et avait pris toute son ampleur. V několika minutách šlehaly plameny z oken pátého poschodí. V pátém poschodí budovy totiž požár vypukl a zde se také nejvíce rozšířil. 2. des verbes préfixés (C´est dimanche, pensa-t-il sans joie, en voyant une aube fade pointer à ses vitres. Il avait mal dormi. Je neděle, pomyslel si neradostně, když viděl, jak se mu pod okny jednotvárně rozednívá. Špatně se vyspal.). 3. le tchèque désigne le résultat de la situation : Lorsque le professeur entra dans la classe, les élèves étaient déjà partis. Když profesor vešel do třídy, byli už žáci pryč. Le participe présent, le gérondif Le participe présent ainsi que le gérondif exprime en général une action qui se déroule en même temps que l´action principale. En rentrant, j´ai acheté /j´achète / j´achèterai le journal. Cestou domů jsem si koupil / si kupuji/ si koupím noviny. Mais parfois le participe présent exprime une qualité durable. Dix-huit plantes ont été sélectionnées supportant le vent de l´Est. = qui supportent Le participe présent correspond à une proposition relative : Des films relatant des faits historiques. = qui relatent L´action exprimée par le participe présent est plus étroitement liée à celle du verbe principal que l´action exprimée par le verbe d´une proposition subordonnée. Le participe présent et l´adjectif verbal : Le participe présent désigne l´action, l´adjectif verbal l´état. Le participe présent est invariable, l´adjectif verbal s´accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. Dans certains cas, l´adjectif verbal se distingue du participe par l´orthographe : différant (qui diffère de qc) x différents (adjectif) ; excellant (participe) x excellent (adjectif), fatiguant (participe) x fatigant (adjectif), provoquant (participe) x provocant (adjectif). Le participe présent, étant une forme verbale, peut avoir un complément et comporter une négation verbale: Les auteurs les plus prestigieux n´hésitant plus à se rendre à ce rendez-vous. Le participe présent est actif, l´adjectif verbal peut avoir un sens passif ou réfléchi : une place payante (qui doit être payée), une personne bien portante (qui se porte bien)... Le participe présent français peut avoir un sujet différent de la proposition principale ; dans ce cas-là, il désigne une cause (Mon père n´ayant pas d´argent, nous resterons à la maison. Jelikož otec nemá peníze, zůstaneme doma) ou une circonstance de l´action (La maladie atteint les hommes aussi bien que les femmes, les vieux étant plus frappés que les jeunes. Nemoc postihuje muže právě tak jako ženy, přičemž staří jsou jí vydáni více než mladí). Le gérondif présent français aussi bien que le tchèque exige le même sujet dans les deux propositions. Il sert à exprimer la simultanéité (Je les ai vus en allant de l´école. Viděl jsem je jda ze školy) ou le moyen (Il s´est usé les yeux en lisant. Zkazil si oči čtením). Le participe passé composé en français désigne l´antériorité par rapport à un autre fait du passé, de même le gérondif passé tchèque. Ayant tout terminé, il partit. Skončiv všechno, odešel. La différence entre l´emploi de ces formes dans les deux langues est relève de la stylistique. Tandis que le participe présent, passé et le gérondif sont couramment employé en français, ils sont perçus comme vieillis en tchèque. C´est pourquoi on les traduit en tchèque souvent par une proposition subordonnée ou par un substantif. Sachant que c´est difficile, mon père veut m´aider. Věda, že to je těžké, chce mi otec pomoci. Otec mi chce pomoci, protože ví, že to je těžké. Sachant que c´est difficile, ma mère veut m´aider. Vědouc, že to je těžké, chce mi matka pomoci. Matka mi chce pomoci, protože ví, že to je těžké. Sachant que c´est difficile, mes amis veulent m´aider. Vědouce, že to je těžké, chtějí mi přátelé pomoci. Přátelé mi chtějí pomoci, protože vědí, že to je těžké. En les voyant venir, il se mit à rire. Vida je přicházet, dal se do smíchu. Když je viděl přicházet, dal se do smíchu. En les voyant venir, elle se mit à rire. Vidouc je přicházet, dala se do smíchu. Když je viděla přicházet, dala se do smíchu. En les voyant venir, ils se mirent à rire. Vidouce je přicházet, dali se do smíchu. Když je viděli přicházet, dali se do smíchu. Note à propos de la formation des gérondifs tchèques: Le gérondif présent se forme à partir de la troisième personne du pluriel du présent de l´indicatif par la suppression des désinences : jsou – jd, píší – píš et par l´adjonction des désinences : -a, -ouc, -ouce; -e, -íc, -íce; jda (muž), jdouc (žena, dítě), jdouce (muži, ženy, děvčata); píše (muž), píšíc (žena, dítě), píšíce (muži, ženy, děvčata). Le gérondif passé se forme à l´aide de désinences suivantes : -v, -vši, -vše; 0, -ši, -še; : uviděv (muž), uviděvši (žena, détě), uviděvše (muži, ženy, děvčata); přines, přinesši, přinesše. Voyant que tout était en vain, il partit. Vida, že vše je marné, odešel. Attention à la concordance des temps au passé : il partit est au passé, voyant désigne la simultanéité, donc était désigne la concordance au passé et il faut le traduire par le présent. L´emploi du participe présent et du gérondif évite le choix de la personne, du temps, éventuellement du mode. Une forme du verbe semi-auxiliaire aller + le gérondif (ou le participe présent) expriment la progression. Le mur va en s´amincissant. Zeď se stále zužuje. Le participe passé Souvent, les auteurs tchèques formulent le texte de telle sorte que l´action qui précède une autre action passée soit mentionnée avant celle-ci, tandis qu´en français cela n´est pas nécessaire, grâce à l´usage du participe passé : Il se déshabilla dans l´obscurité après avoir tiré les volets. Zavřel okenice a ve tmě se odstrojil. Le conditionnel présent et passé Le conditionnel en français sert à exprimer les différents types de conditions (voir les phrases hypothétiques) et aussi la probabilité ouun fait non confirmé: Le ministre aurait déclaré que la situation était grave. Ministr prý prohlásil, že situace je vážná. Le tchèque remplace le conditionnel passé souvent par les procédés lexicaux (adverbes de doute, prý, údajně) ou par l´interrogation. Luc n´est pas venu. Il sera malade (Je asi nemocen.) Il serait malade. (Je prý nemocen.) Le conditionnel passé sert en français à exprimer le regret d´un événement qui aurait pu ou dû se réaliser. C´est surtout le conditionnel passé des verbes devoir et pouvoir : J´aurais dû tout dire. Měl jsem to všechno říci (mais je ne l´ai pas fait). Vous auriez pu vous taire ! Tak jste mohli mlčet ! Parfois, le conditionnel passé exprime la joie qu´un événement ne se soit pas produit : Cela aurait pu me tuer. Mohlo mě to zabít. Le tchèque emploie dans ces proposition d´habitude le passé de l´indicatif (le français se sert parfois de l´indicatif de l´imparfait, mais l´indicatif y est moins fréquent qu´en tchèque). Valeur temporalle du conditionnel : Dans le discours indirect et indirect libre, le conditionnel présent traduit le futur et le conditionnel passé le futur antérieur du passé. Je protestai: je croyais à l´Espagne autant que lui. Puisqu´il le voulait tant, nous irions sur le quai. = Je protestai: «Je crois à l´Espagne autant que toi. Puisque tu le veux tant, nous irons sur le quai.» Il a dit qu´il partirait dès qu´il aurait obtenu les visas. Il a dit : «Je partirai dès que j´aurai obtenu les visas. » Je savais que je ne partirais jamais. (... že neodjedu...) Je dis que nous devrions acheter une carte. Řek jsem, že bychom si měli / že si budeme muset koupit mapu. Les phrases hypothétiques Les types fondamentaux créés avec la conjonction si : 1. S´il est malade, il ne reçoit personne. Je-li nemocen, nikoho nepřijímá. 1. a) S´il est malade, il ne recevra personne. Bude-li nemocen, nikoho nepřijme. Dans la proposition hypothétique subordonnée, le français ne fait pas la différence entre la condition valable universellement et la condition concernant l´avenir ; c´est la proposition principale qui précise le sens de la phrase. 2. Si + imparfait (proposition subordonnée), conditionnel présent (proposition principale), exprime a) l´idée de référence au présent : SI on pouvait tout arranger d´un seul coup, ce serait trop simple. Kdyby mohl urovnat vše najednou, bylo by to příliš jednoduché. exprime b) la possiblité en référence à l´avenir : Je partirais moins triste si je savais que vous ne m´en voulez pas. – Odešel bych méně smutný kdybych věděl, že mi to nevyčítáte. 3. Si + plus-que-parfait (proposition subordonnée), conditionnel passé (proposition principale), exprime l´irréel dans le passé S´il avait été malade, il n´aurait reçu personne. Kdyby byl býval nemocen, nikoho by byl nepřijal. Si + plus-que-parfait du subjonctif (proposition subordonnée), plus-que-parfait du subjonctif (proposition principale), exprime aussi l´irréel dans le passé ; cette forme sst utilisée dans la langue littéraire. S´il eût été malade, il n´eût reçu personne. Kdyby byl býval nemocen, nikoho by byl nepřijal. Lorsque deux propositions conditionnelles sont coordonnées, la condition si + indicatif est remplacée par que + subjonctif. S´il gelait et qu´il y ait du verglas, les routes seraient à peine praticables. – Kdyby mrzlo a bylo náledí, silnice by byly obtížně sjízdné. Si l´enfant était maltraité et qu´il lui arrivât malheur, le revenu serait supprimé. – Kdyby bylo dítě týráno a stala se mu újma, dávky by byly odebrány. Il existe d´autres type de propositions introduites par la conjonction si : S´il est malade, c´est parce qu´il ne se ménage pas. Jestliže je nemocný, je to proto, že se nešetří. La proposition subordonnée exprime la conséquence. Et s´il était malade ? A co kdyby byl nemocen ? La proposition subordonnée est isolée, elle remplit alors la fonction d´une interrogation ou d´une proposition délibérative : Si vous alliez les voir ? Co kdybyste je šli navštívit ? Après les conjonctions de condition au cas où, dans le cas où, ou dans les phrases hypothétiques sans conjonctions, le français emploie le conditionnel présent de même que le tchèque. Au cas où il serait malade, il ne recevrait personne. V případě, že by byl nemocen, nikoho by nepřijal. Il serait malade, il ne recevrait personne. Kdyby by byl nemocen, nikoho by nepřijal. (Být nemocen, nikoho by nepřijal. – tournures familière) Serait-il malade, (qu)´il ne recevrait personne (en français soutenu) Malade, il ne recevrait personne (la condition est exprimé sans verbe) Le tchèque emploie soit le conditionnel présent ou passé, ou l´infinitif dans le tchèque courant ou familier: Vidět ho tam, řekl jsem mu všechno. Dans la proposition subordonnée on emploie l´infinitif, dans la proposition principale le passé de l´indicatif. Le subjonctif Le subjonctif dans les subordonnées circonstantielles et relatives Certaines locutions conjontives exigent l´emploi du subjonctif. 1. Les subordonnées circonstantielles temporelles Locutions conjonctives : avant que, après que, en attendant que, jusqu´à ce que ... La lettre lui avait été remise le matin avant qu´elle se rendît en classe. Après que le président ait exprimé son désaccord ... 2. Les subordonnées circonstantielles concessives Locutions conjonctives : bien que, quoique, qui / quoi ... que, si... que, quel ... que, quelque ... que, etc. Au seuil du bonheur, si mérité soit-il, si cher qu´on l´ait payé, le coeur hésite. 3. Les subordonnées circonstantielles finales Locutions conjonctives : pour que, afin que, de peur que, de crainte que, que (après un impératif, etc. Afin que les deux témoins se tussent, j´imaginai de les marier. 4. Les subordonnées circonstantielles consécutives Locutions conjonctives : si... que, assez/trop ... pour que, de manière que, de sorte que, sans que etc. Cette critique le choquera assez pour qu´il réagisse aussitôt (conséquence réalisable). La fenêtre est trop haute pour que je puisse l´ouvrir (conséquence irréalisable). Il parle trop bas de sorte qu´on ne l´entend pas. (constatation – indicatif) Il devrait parler plus haut de sorte qu´on l´entende. (nuance de finalité – subjonctif) Il est arrivé sans qu´on s´en aperçoive. (conséquence qui ne se produit pas) 5. Les subordonnées relatives On trouve le subjonctif dans certaines propositions relatives en corrélation avec a) un mot indéfini, des verbes tels que chercher, demander dans la principale. La subordonnée contient l´expression de la qualité demandée, du but, de la conséquence. Nous allons nous battre pour une réforme qui permette un plus grand nombre d´adoptions. Annie cherchait un refuge où elle fût à l´abri de Frédéric. b) un superlatif relatif, le seul, l´unique, le premier, le dernier dans la principale. J´avais distingué la seule fillette qui me ressemblât. La main d´oeuvre la moins coûteuse qu´on puisse trouver. L´emploi du subjonctif dans ces propositions n´est pas obligatoire. Il est toutefois fréquent après le superlatif, le seul, l´unique. c) la négation dans la principale Il n´y a rien qui puisse la contenter. A quoi correspond la conjonction tchèque aby en français : a) dans les constructions du complément d´objet direct: que + subjonctif Il veut que tu le fasses. Chce, abys to udělal. de + infinitif (objet du verbe = agent de l´infinitif) Il t´ordonne de le faire. Nařizuje ti, abys to udělal. Il t´a dit de le faire. Řekl ti, abys to udělal. b) dans les constructions du complément circonstanciel de but: afin que / pour que + subjonctif Il te le dit afin que /pour que tu sois tranquille. Říká ti to, abys byl klidný. afin de / pour + infinitif (sujet du verbe = agent de l´infinitif) Il te le dit afin d´/pour être tranquille. Říká ti to, aby byl klidný. c) dans les constructions du complément circonstanciel de conséquence assez/ trop ... pour que + subjonctif Vous parlez trop vite pour que les débutants vous comprennent. Mluvíte příliš rychle, aby vám začátečníci rozuměli. assez/ trop ... pour + infinitif ( agent du verbe = agent de l´infinitif) Vous avez trop de travail pour pouvoir aller au cinéma. Máte příliš práce na to, abyste mohl/i jít do kina. Le 10 décembre 2010 Le métier du traducteur – évolution et approche pratique, l´éthique du traducteur/interprète (Ladmiral, Gouadec, Kufnerová) Jean-René Ladmiral : La traduction est une activité humaine universelle, rendue nécessaire à toutes les époques et dans toutes les parties du monde par les contacts entre communautés parlant des langues différentes. Le mythe de la Tour de Babel donne aussi la mesure de son ancienneté : bien avant les bureaux de traduction de nos Organisations internationales, il y a eu toutes sortes de traducteurs jurés et patentés, secrétaires latins, traducteurs-interprètes des Cours pharaoniques, etc. Cette médiation linguistique entre communautés de langues différentes a donc toujours exigé en leur sein la présence d´individus bilingues, assumant la fonction de traduction et d´interprétantion. Au sens restreint, on distinguera l´interprétariat, récemment rebaptisé interprétation - cette traduction orale, qui peut être consécutive ou simultanée - de la traduction proprement dite, portant sur des textes écrits. S´il y a un fond de démarches analogues sous-jacentes à ces opérations différentes, les Écoles d´interprètes et de traducteurs n´en distinguent pas moins très nettement les deux filières. Le traducteur (comme aussi l´interprète) doit disposer d´une solide connaissance de ses langues de travail, d´une culture générale étendue et, dans le cas des traductions techniques, d´une connaissance du domaine auquel appartient le texte à traduire ; d´où l´obligation pour lui de se documenter constamment. La formation de traducteur est assurée, pendant une durée de 3 ou 4 ans, par des Instituts universitaires comme l´École Supérieure d´Interprètes et de Traducteurs (E.S.I.T.) à Paris, l´École d´Interprètes de Genève, etc. ; il existe aussi des établissements privés. Le consensus semblait s´être établi que la langue-cible doit être exlusivement la langue maternelle (langue A), le traducteur ayant en général deux langues-source de travail (langues B et C) : « on traduit dans sa langue ! » Toutefois, certains invoquent les nécessités d´une adaptation flexible à la diversification et exigent des futurs traducteurs la capacité de traduire indifféremment en direction de plusieurs langues-cible (y compris donc d´une ou plusieurs langues étrangères ou « non maternelles ») ; mais il n´est pas certain que cette volonté de rentabilisation polyvalente du traducteur « à tout faire » soit véritablement réaliste et linguistiquement praticable sur une échele assez étendu. Quant au « thème » et à la « version » pratiqués dans le cadre scolaire, ils subordonnent la traduction à la stratégie globale de l´enseignement des langues ; ce sont des exercices pédagogiques qui représentent un cas limite, relativement aberrant par rapport à la traduction proprement dite. Cette dernière vise à produire un texte pour un public, et non pour un correcteur. La véritable traduction est un acte de communication, économiquement déterminé par les conditions de production du traducteur. Très nombreux sont en fait les traducteurs qui n´ont pas fréquenté les Instituts de formation spécialisés et se sont formés « sur le tas ». Il y en a aussi beaucoup pour qui la traduction n´est qu´un métier d´appoint ; les traducteurs à plein temps sont employés dans des bureaux de traduction, privés ou publics, ou bien ils exercent ce métier à la commande et comme une profession libérale. Les utilisateurs de traduction et, notamment, les maisons d´édition (« donneurs d´ouvrage») ont en général leur « réviseur » auquel est soumis le travail des traducteurs. La dimension juridique que peuvent revêtir les traductions (dans le cadre d´un procès ou pour les traités entre Etats, par exemple) a suscité l´existence de différents corps de traducteurs-experts accrédités, chargés d´en certifier la validité. On s´accorde généralement à déplorer un certain retard de la France en matière de traductions, par rapport à l´Italie par exemple ; et nombre d´ouvrages étrangers très importants attendent longtemps leur traduction française, à l´exception peut-être des textes en anglais-source. Les conditions économiques viennent ici converger avec un traditionnel ethnocentrisme culturel. Les éditeurs se plaignent de ce que les traductions se vendent mal et de la mauvaise qualité des traducteurs. Ces derniers connaissent des conditions économiques souvent très dures : sous-payés et pressés par les échéances de leurs contrats, ils sont parfois amenés à négliger la qualité pour accroître leur rendement ; de plus, le prestige social du métier de traducteur est assez faible. La traduction est propriété littéraire et protégée comme telle par le Droit français (loi du 11 mars 1957). Les traducteurs ont un syndicat national, la S.F.T. (Société Française des Traducteurs), qui est elle-même à l´origine de la création de la F.I.T. (Fédération Internationale des Traducteurs). Daniel Gouadec : Interprète Interprète de conférence Le métier d´interprète de conférence est sans doute celui qui fait le plus rêver. L´ interprète de conférence est un interprète de très haut niveau intervenant dans les contextes les plus variés, qui vont de la conférence des Nations Unis (interprétation simultanée) à la présentation du programme d´action d´une ONG face à un parterre de plusieurs centaines de personnes (interprétation consécutive) en passant par le dîner de chefs d´entreprises marquant une prise de participation croisée (interprétation chuchotée par-dessus l´épaule de l´un des participants). Les interprètes de conférence interviennent pour le compte d´organisations internationales (gouvernementales ou non), d´organisateurs de congrès, d´organisateurs de salons, de colloques, de séminaires, de conseils d´administration, de réunions de travail, de conférences de presse, ou encore pour le compte de ministères, consulats, PME, grandes entreprises, cabinets d´avocats, des chaînes de télévision internationales come Arte ou France 24. Conditions de travail Les interprètes peuvent être amenés à travailler en simultanée, en consécutive, ou en chuchotage. Interprétation simultanée En simultanée, les interprètes (car ils travaillent alors en équipe) se trouvent dans des cabines généralement équipées d´écrans de visualisation vidéo. Ils traduisent les paroles des intervenants à mesure que ceux-ci les prononcent – en fait, avec un très léger décalage et en prenant de très succinctes notes. Les auditeurs choisissent, sur les écouteurs dont leur place est équipée ou qui leur ont été remis à l´entrée, le canal correspondant à leur langue. La simultanée est la forme d´interprétation la plus stressante et les interprètes se relaient intervalles de l´ordre de 20 minutes. Interprétation consécutive En consécutive, l´interprète est généralement placé à côté de l´intervenant ou au moins dans la même salle. L´intervenant parle. L´interprète prend des notes (selon un système qui n´a rien à voir avec la sténographie). Lorsque l´intervenant s´arrête, l´interprète traduit ce qui a été dit. Il va de soi que l´intervenant et l´interprète doivent s´accorder sur la durée de chaque segment. Interprétation chuchotée En chuchotée, l´interprète fait de la consécutive, parlant à voix basse à l´oreille de personnes en nombre restreint ou d´une seule personne. L´interprète n´est donc pas dans sa cabine. C´est la forme d´interprétation la plus fatigante pour les cordes vocales de l´interprète. En fait, le mode d´interprétation dépend des conditions matérielles. On utilise la simultanée lorsque les budgets et l´équipement le permettent. En effet, il faut avoir à sa disposition une salle équipée de cabines et de systèmes de communication audio élaborés. Il faut aussi pouvoir s´offrir les services de plusieurs interprètes. La consécutive constitue une bonne réponse en l´absence d´équipements (on utilise la sonorisation standard de la salle) et lorsque le nombre d´interprètes est limité. Mais ceci signifie que le nombre de langues d´interprétation sera également limité (généralement une seule). Et l´interprétation consécutive allonge le temps total de communication puisque le temps de parole de l´interprète vient s´ajouter à celui d´intervenant. L´interprète peut être amené à interpréter à vue lorsqu´il traduit oralement un document écrit qui vient de lui être remis et dont l´auditoire doit avoir la connaissance. Organisation du travail Chez les interprètes, les temps de préparation sont généralement réduits, voire inexistants (même s´ils effectuent, dans la mesure du possible, une préparation poussée en matière de terminologie et apprentissage du sujet) et les activités post-interprétation se réduisent à la facturation et au recouvrement : la livraison est directe et immédiate, et les contrôles de qualité impraticables. L´organisation du travail correspond, généralement, à la séquence ci-après : 1. Acceptation de la commande. 2. Le cas échéant, information du donneur d´ouvrage quant aux équipements nécessaires (l´interprète est la personne la plus qualifiée pour indiquer la disposition optimale de la salle, conseiller sur le choix des récepteurs etc.). 3. Documentation sur le sujet. Dans la mesure du possible, l´interprète souhaite pouvoir disposer d´une documentation présentant l´ordre du jour, les thèmes abordés, les documents qui seront distribués en séance, la terminologie disponible, les ébauches de présentations, les documents antérieurs (notamment, toute vidéo montrant tel ou tel participant dans une intervention sur un sujet similaire), et tout ce qui permet de mettre en place le stéréotypes applicables. 4. Mise en place dans les locaux. 5. Exécution de la prestation. 6. Facturation/recouvrement et suivi du client. La documentation est essentielle. Contrairement à ce que l´on imagine, l´interprète ne se présente pas les mains dans les poches : sauf impossibilité absolue, il effectue une préparation aussi poussée que possible afin de garantir une interprétation de qualité. Seule une longue expérience appuyée sur une solide bagage technique et spécialisé (connaissance privilégiée de certains domaines spécifiques) permet une certaine décontraction. Le problème est que l´interprète balaie généralement un spectre de domaines et de sujets infiniment plus large que celui que couvre le traducteur. Langues Les langues de l´interprète de conférence déterminent la nature de ses marchés potentiels. L´anglais est indispensable. L´allemand, le russe, l´espagnol, le français, l´arabe, le chinois et le japonais correspondent également à des marchés importants. Mais il est intéressant de maîtriser des langues pour lesquelles le nombre d´interprètes est très faible : estonien, maltais, langues scandinaves, néérlandais. Domaines de compétence Les domaines de compétence jouent également un rôle prépondérant et les marchés sont d´autant plus prometteurs pour un interprète qu´il peut intervenir dans des domaines critiques (droit, pharmacie, médecine, recherche de pointe, haute technologie, finance et fiscalité, etc.). Qualités de l´interprète de conférence L´interprète de conférence doit avoir une maîtrise irréprochable des langues et une réelle virtuosité dans la communication orale avec, si possible, une voix agréable et une bonne diction. Il doit connaître la culture des pays de ses langues de travail. Il doit également suivre au plus près l´actualité, avoir une solide culture générale et des connaissances approfondies dans ses domaines d´intervention. Ses conditions de travail particulières lui imposent une agilité mentale extraordinaire, une parfaite maîtrise de soi en toute circonstances, une très grande capacité d´adaptation et une inaltérable résistance au stress. Emplois Seules les institutions internationales ou nationales à vocation internationale emploient des interprètes à temps plein (salariés). Il en va ainsi de l´Union européenne (service Commun Interprétation Conférences), du Gouvernement du Canada (Parlement et divers), de l´OCDE, de l´UNESCO, de l´ONU, du Conseil de l´Europe, du Ministère français des affaires étrangères. Les interprètes libéraux sont des travailleurs indépendants effectuant des missions ponctuelles, d´une durée alant de la demi-journée à trois ou quatre jours. Ils interviennent pour le compte de clients privés, mais aussi, aux côtés des interprètes salariés pour le compte des institutions cités plus haut. Beaucoup d´interprètes exercent une activité complémentaire (ou principale), de traducteur, d´enseignant, d´artiste, etc. Rémunérations Les rémunérations des interprètes de conférences libéraux sont négociées entre le donneur d´ouvrage et l´interprète. Elles varient selon les langues (tout ce qui est rare est cher), les domaines d´application (le financier, le juridique ou le médical de haute technicité coûtent plus cher) et les conditions de travail. Les tarifs vont de 300 à 800 € et plus par jour, auxquels s´ajoutent les frais de déplacement et de séjour. On considère qu´une journée de rémunération correspond en fait trois journées de travail (de préparation). Les rémunération des interprètes salariées présentent également une grande amplitude selon les langues, les lieux d´exercice (les variations sont considérables d´un pays à l´autre), le statut des interprètes et les domaines de travail. Un salaire de début de 2500 € semble la norme (mais on peut trouver mieux). Interprète de liaison L´interprète de liaison intervient dans des contextes informels. Son interprétation est de nature consécutive en ce sens qu´il traduit quand l´orateur s´arrête. Il traduit les échanges verbaux entre plusieurs personnes dans un groupe réduit, sans dispositif de communication particulier. Ses interventions peuvent se situer dans les cadres les plus divers : salons professionnels, visites d´entreprises, services administratifs, réunions en tête-à-tête, aide à la mise en oeuvre de procédures (interprétation, par exemple, des directives données par un ingénieur qui ne parle que l´anglais au régleur de la machine, qui ne comprend que le français), voyages d´étude, cabinets de notaires ou bureaux d´agents immobiliers, etc. En France, la catégorie des interprètes de liaison comporte une sous-catégorie spécifique : celle des traducteurs-interprètes experts près les cours d´appel. Cette catégorie est présentées au titre des traducteurs. Traducteur Les métiers de la traduction sont multiples. À titre d´exemple, le Canada recense officiellement les catégorie ci-après : réviseur de traductions, spécialiste de l´adaptation culturelle ou internationale, traducteur, traducteur d´émissions étrangères, traducteur de nouvelles étrangères, traducteur juridique, traducteur jurilinguiste, traducteur littéraire, traducteur médical, traducteur scientifique, traducteur technique, traducteur-adaptateur, traducteur-réviseur, translittérateur, localisateur. Organisation du travail 1. Réception du matériau à traduire 2. Confirmation du projet/cahier des charges Le traducteur analyse très rapidement le matériau afin de déterminer plus précisément comment il va le traduire, quels sont les élément appelant un traitement particulier (schémas, tableaux etc.) et quelles options retenir (comme, par exemple l´infinitif ou l´impératif dans un mode d´emploi). Si la traduction est gérée par un chef de projet, toutes les décisions ont déjà été prises, et très souvent, le client a déjà tout décidé au travers d´un cahier des charges et d´un guide de style. Le cahier des charges décrit notamment les objectifs généraux à atteindre, les modalités éventuelles d'exécution (notamment coûts estimés a priori, délai), sans toutefois imposer des solutions, et les critères d’évaluation. La confirmation du projet en termes de choix techniques, budget et délais marque le départ réel de la traduction. 3. Préparation du matériau S´il y a lieu, le traducteur commence par préparer le matériau à traduire. Il va ainsi le copier dans un répertoire de travail, le traiter au moyen d´un logiciel qui va «geler» les balises de telle sorte que le traducteur ne risque pas de dégrader des codes de formatage et peut-être même l´introduire dans un système d´aide à la traduction pour permettre que certaines opérations de traduction soient effectuées automatiquement. 4. Lecture-analyse du matériau à traduire Sauf urgence absolue (auquel cas il va prendre des risques) ou connaissance parfaite du sujet et du client, le traducteur consacre un temps significatif à l´analyse du matériau. Il porte un intérêt particulier aux éléments suivants : - opacités – ce qu´il ne comprend pas - ambiguïtés – ce qui peut s´interpréter au moins de deux manières - objets documentaires – tout ce qui va nécessiter une documentation ou une acquisition de savoirs pour éclairer le document - options – toutes choses qui peuvent se traduire bien de plusieurs façons (sous quel format présenter les dates ? convertir ou non les mesures ?) - traductions non standard – tout ce qui ne relève pas des décisions habituelles du traducteur (par exemple, tout ce qui devra tenir compte de ce qui existe dans des traductions antérieures) - terminologie – tous les termes spécialisés que le traducteur ne connaît pas ou ceux qu´il connaît mais qui semblent influencés par un contexte nouveau. Quelles que soient la pression et la brièveté des délais, tout traducteur effectue en principe une lecture complète du matériau, car on ne peut pas bien traduire sans avoir une bonne vue d´ensemble de ce que l´on traite et la lecture complète permet de supprimer bien des points d´opacité, de lever les ambiguïtés, et de construire un savoir très utile pour éclairer chaque composante de l´ensemble. 5. Éclaircissement et mise en place de la matière première Le traducteur exploite des mémoires de traduction (récupère ce qui a déjà été traduit), effectue une recherche documentaire, se forme (étudie le sujet, le produit ou le processus concerné), interroge-consulte le client/l´auteur du document/le chef de projet/ses collègues/des techniciens de l´entreprise/ des sites Web pertinents/ des encyclopédies/ des forums de traducteurs ou autres professionnels spécialisés/ et exploite des ressources spécialisées (dictionnaires papier, dictionnaires en ligne, bases de données diverses). Ainsi, dans l´idéal, le traducteur mobilise, avant de se lancer, toutes les connaissances et ressoureces nécessaires. Au moment de traduire, il a en principe parfaitement compris le matériau traduire, il sait très exactement comment il doit traduire et il dispose des matières premières essentielles que sont la terminologie et la mémoire de traduction. En principe, la terminologie a été validée par le donneur d´ouvrage ou le donneur d´ordre. 6. Transferts/transpositions Le traducteur traduit. Techniquement, on parlera ici de transfert. Lorsque la préparation a été systématique, le transfert est très rapide. Le traducteur utilise au moins un logiciel de traitement de texte. Si la quantité de répétitions est significative, il utilise un système de gestion de mémoires de traduction, qui permet de traiter en bloc les segments déjà traduits des textes antérieurs. De plus en plus de traducteurs utilisent la dictée couplée à un logiciel de reconnaissance vocale, qui convertit la parole au texte : ils dictent la traduction que le logiciel convertit en texte qui s´affiche à l´écran comme si le traducteur le tapait. 7. Relecture (autocontrôles de qualité) Le traducteur relit, corrige et amende sa propre traduction car il sait que, même chez les traducteurs chevronnés, le risque de dérapage est omniprésent. S´il en a la possibilité, il laisse s´écouler un délai de quelques jours avant de relire afin de prendre du recul et de juger plus sainement. Dans les entreprises de traduction, on fait de la relecture croisée : chaque traducteur fait relire ses traductions par un ou plusieurs collègue(s), à charge de revanche. 8. Révision (contrôles de qualité par des tiers) S´il y a lieu (lorsque la qualité doit être absolue ou lorsque, par manque d´expérience ou pour toute autre raison, le traducteur ne présente pas toutes les garanties voulues), la traduction est révisée. Ceci signifie qu´un traducteur confirmé ou hautement spécialisé dans le domaine (le réviseur) relit la traduction en effectuant toutes les modifications nécessaires pour parvenir à la qualité requise. Il modifie, aménage, simplifie, réexprime, corrige, redistribue ou réorganise selon les nécessités. 9. Corrections S´il y a lieu, le traducteur effectue les corrections demandées par le réviseur. 10. Mise en forme et mise en support, livraison S´il y a lieu, le traducteur effectue la mise en page du texte avant impression, convertit le fichier (en PDF, par exemple), reconstruit une présentation PowerPoint, ou réintègre des captures d´écrans dans le document. Il effectue ensuite la livraison sur le support voulu (papier, cédérom, DVD, serveur FTP, etc.). 11. Facturation et recouvrement Le traducteur facture le travail et recouvre les sommes dues par son client. 12. Archivages et suivi Le traducteur archive le projet afin de pouvoir réexploiter certains éléments ainsi consitués, notamment en cas de nouvelle demande émanant du même client ou de traduction d´un texte se rapportant au même produit. Il met à jour les mémoires de traduction et ses ressources terminologiques. Le cas échéant, il assure un suivi du matériau traduit au long de son cycle de vie. Qualités attendues du traducteur Savoir être Qualités relationnelles : savoir négocier savoir se faire accepter savoir accepter le point de vue des autres savoir convaincre savoir ne jamais mettre ses interlocuteurs ou partenaires en situation d´infériorité savoir organiser le travail d´une ou plusieurs équipes et savoir valoriser le travail des autres Adaptabilité et curiosité technique : être capable de se mettre à la place de l´utilisateur /lecteur cible être ouvert aux évolutions techniques (y compris de la traduction assistée) être capable de trouver l´information nécessaire quoi qu´il arrive avoir le souci de l´autoformation permanente Méthode et comportements : savoir s´organiser savoir se fixer des priorités et les respecter respecter tous les engagements pris et informer le donneur d´ouvrage de tout risque de non-respect des délais avoir le souci constant de la qualité rechercher toujours les moyens d´optimiser les procédures existantes Rémunération/chiffre d´affaires Traducteurs salariés (rémunérations) Les traducteurs les mieux payés sont les traducteurs de services de traduction d´organismes internationaux. Mais ce paradis salarial est réservé à quelques privilégiés. Les traitements de base mensuel des traducteurs de l´OCDE, tels qu´ils apparaissent sur le site de l´organisation, varient entre 3900 € pour les traducteurs junior et 7100 € pour le personnel linguistique senior. Dans la fonction publique en France, les salaires des traducteurs débutants vont de 2000 à 2200 € bruts par mois. Dans le privé, les salaires varient considérablement en fonction du niveau de la formation, de l´expérience, de la compétence technique, de la nature et de la taille de l´entreprise, etc. L´éventail du brut mensuel allait en 2006 de 1100 à 3200 € pour les débutants diplômés à Bac + 5. Traducteurs libéraux (chiffres d´affaires) Les tarifs vont de 0,06 € du mot à 0,60 € du mot, avec une base sérieuse située entre 0,10 et 0,14 € du mot, soit entre 30 et 45 € pour une page. Ceci correspond en réalité à un bénéfice avant impôts de l´ordre de 12 à 18 €. Ce qui est significatif, c´est ce qui reste, en valeur annuelle, une fois que le traducteur a tout payé. Pour les plus performant, cela peut dépasser 100 000 €. Les revenus de la majorité des traducteurs sont bien plus modestes, autour de 20 000 - 24 000 € par an (revenus effectifs disponibles). Il vaut mieux avoir une rémunération unitaire (tarif au mot ou à la page) modeste, pour un document sur un sujet que le traducteur connaît par coeur à force de traduire pour le même client et qui permet de «tourner à 8 ou 10 000 mots par jour» qu´une rémunération unitaire supérieure pour traduire un dosument sur un sujet inconnu nécessitant d´abondantes recherches terminologiques et documentaires avec un rythme moyen ne dépassant pas 1000 mots par jour. Traducteur auteurs (chiffres d´affaires) Les chiffres d´affaires des auteurs (traducteurs littéraires, traducteurs d´édition, auteurs de sous-titres) sont ceux qui connaissent les plus fortes amplitudes. Pour les débutants, les conditions financières sont difficiles à très difficiles et il est recommandé d´avoir un gagne-pain ailleurs (faire aussi de la traduction technique, par exemple). Pour certains auteurs confirmés, dont les traductions font l´objet de tirages nombreux et abondants, la vie est plus confortable. Recherche d´ouvrage La profession de traducteur n´étant pas réglementée, l´installation est libre. Il reste alors chaque traducteur libéral à rechercher (et à garder) des clients, au nombre desquels figureront, le cas échéant, des agences de traduction. Le traducteur technique Le métier du traducteur technique exige la maîtrise des langues de traduction, maîtrise de la connaissance du domaine et des sujets et maîtrise des techniques de traduction, plus la maîtrise de l´informatique et des outils standard d´aide à la traduction. La spécialité fait le traducteur. Lorsque les documents présentent un niveau élevé de complexité ou de technicité et lorsque les enjeux de la diffusion des traductions sont critiques, au sens où toute imperfection de la traduction aurait des conséquences désastreuses, il vaut mieux que le traducteur soit un spécialiste du sujet ou du domaine. Ainsi, les textes législatifs et les contrats sont traduits ou au moins révisés par des juristes (au moins par des jurilinguistes combinant une formation linguistique et une formation juridique), les textes financiers sont traduits ou au moins révisés par des spécialistes de finance, les demandes d´autorisation de mise en marché de médicaments sont traduites par des pharmaciens/médecins, etc. Les traducteurs d´audiovisuel (sous-titreurs et auteurs de doublage) sont assimilés à des auteurs. Il s´agit là plutôt de questions de statut (et notamment de statut fiscal) que de spécialité. Traducteur expert Le traducteur expert ou, pour être plus précis, le traducteur-interprète expert près les cours d´appel ou la Cour de cassation, est inscrit sur une liste d´experts judiciaires près la Cour de cassation ou les cours d´appels. Il est un auxiliaire de justice et peut être requis pour assister la police et la justice dans l´exercice de leurs missions (en situation de garde à vue, tout au long de l´instruction /soudní jednání/ lorsque les pièces doivent être traduites, et lors des procès). Il traduit les demandes d´extradition (žádost o vydání do ciziny), les auditions de témoins, les commissions rogatoires, les rapports d´experts divers, les notes, les demandes de toutes natures concernant les procès et tout document de police ou de justice pertinent. Il doit obéir à toute réquisition de la police ou de la justice, sans considération d´horaires ou de conditions. Les traducteurs experts sont des traducteurs qui ont sollicité et obtenu l´inscription au titre d´expert. L´avantage que procure le statut d´expert réside dans le fait que, seuls traducteurs assermentés, les experts ont l´exclusivité de la certification conforme. Ceci leur procure une sorte de monopole (ou au moins une clientèle captive) et ne manque donc pas d´intérêt sur le plan économique. Les traducteurs experts près les cours d´appel ne se consacrent pas exclusivement à leurs fonctions d´auxiliaires de police ou de justice ni à la certification des traductions : ils interviennent également sur les amrchés ouverts de la traduction générale et/ou technique et spécialisée. Rémunérations Les rémunérations des experts dans l´exercice de leurs fonctions d´auxiliaires de justice ont été très faibles jusqu´en 2008 : traduction :11,13 € la page, interprétariat : 13,26 la première heure et 8,39 € ½ heure supplémentaire. La compensation venait de la plus-value qu´apporte de titre d´expert. Le tarif horaire des interprètes prévu pour 2009 étaient de 30 € par heure et la page de traduction de 250 mots français devaint attenidre également 30 €.