bonhomme s'en chargea: — Grand-papa, dit-elle, veux-tu que je te chante une chanson, aussi, moi ? — Sans doute, ma p'tite Élise ; voyons voir ce que tu vas nous chanter. Elle commenca aussitót Le bon cure de Béranger, et arrivée á ce couplet : Et le soir, lorsque dans la plaine Le hasard vous rassemblera, Dansez gaiement sous un vieux chene, Et le bon Dieu vous bénira. — N'est-ce pas, grand-papa, dit-elle, qu'on peut en faire autant ? c'est 1'bon cure qui l'dit. — Oui, oui, mes enfants. Dites, vous autres les voisins, que ca n'a pas d'esprit, c't enfant-la. Viens m'embrasser, Élise. Aussitót que les jeunes gens furent retires dans 1'appartement voisin pour se livrer á la danse, ceux qui res-taient des convives s'approcherent de la cheminée et une conversation animée s'engagea entre eux. Chapitre IX L'homme de Labrador (Legendě canadienne) Avaunt, and quit my sight! let the earth hide thee! Thy bones are marrowless, thy blood is cold, Thou hast no speculation in those eyes, Which thou dost glare with. What man dare, I dare : Approach thou like the rugged Russian bear, The arm 'd rhinoceros, or Hyrcanian tyger, Take any shape but that, and my firm nerves Shall never tremble : or be alive again, And dare me to the desert with thy sword ; If trembling I inhibit, then protest me The baby of a girl. Hence, terrible shadow! Unreal mock'ry hence! Shakespeare Parmi les nombreux personnages groupes autour de l'atre brulant de Y immense cheminee, etait un vieillard qui pa-raissait accable sous le poids des ans. Assis sur un banc tres bas, il tenait un baton a deux mains, sur lequel il appuyait sa tete chauve. II n'etait nullement necessaire d'avoir remarque la besace, pres de lui, pour le classer parmi les mendiants. Autant qu'il etait possible d'en juger dans cette attitude, cet homme devait etre de la plus haute stature. Le maitre du logis Tavait vainement sollicite de 90 91 prendre place parmi les convives ; il n'avait répondu á ses vives sollicitations que par un sourire amer et en montrant du doigt sa besace. C'est un homme qui fait quelques grandes penitences, avait dit l'hote en rentrant dans la chambre á souper, car malgré mes offres, il n'a voulu manger que du pain. C'etait done avec un certain respect que Ton regardait ce vieillard qui semblait ab-sorbé dans ses pensées. La conversation s'engagea néan-moins, et Amand eut soin de la faire tourner sur son sujet favori. Oui, messieurs, s'ecria-t-il, le génie et surtout les livres n'ont pas été donnés á 1'homme jnutilement ! avec les livres on peut évoquer les esprits de 1'autre monde ; le diable méme. Quelques inerédules secouěrent la téte, et le vieillard appuya fortement la sienne sur son baton. — Moi-méme, reprit Amand, il y a environ six mois, j'ai vu le diable sous la forme d'un cochon. Le mendiant fit un mouvement ď impatience et re-garda tous les assistants. — C'etait done un cochon, s'ecria un jeune clerc notaire, bel esprit du lieu. Le vieillard se redressa sur son banc, et l'indigna-tion la plus marquee parut sur ses traits sévěres. — Allons, monsieur Amand, dit le jeune clerc notaire, il ne faudrait jamais avoir mis le nez dans la science pour ne pas savoir que toutes ces histoires ď apparitions ne sont que des contes que les grand-měres inventent pour endormir leurs petits-enfants. lei, le mendiant ne put se contenir davantage : — Et moi, monsieur, je vous dis qu'il y a des apparitions, des apparitions terribles, et j'ai lieu d'y croire, ajouta-t-il, en pressant fortement ses deux mains sur sa poitrine. — A votre age, pere, les nerfs sont faibles, les facultes affaiblies, le manque d'education, que sais-je, repliqua l'erudit. — A votre age ! a votre age ! repeta le mendiant, ils n'ont que ce mot dans la bouche. Mais, monsieur le notaire, a votre age, moi, j'etais un homme ; oui, un homme. Regardez, dit-il en se levant avec peine a I'aide de son baton ; regardez, avec dedain merae, si c'est votre bon plaisir, ce visage etique, ces yeux eteints, ces bras decharnes, tout ce corps amaigri; eh bien, monsieur, a votre age, des muscles d'acier faisaient mouvoir ce corps qui n'est plus aujourd'hui qu'un spectre ambulant. Quel homme osait alors, continua le vieillard avec energie, se mesurer avec Rodrigue, surnomme bras-de-fer ? et quant a l'education, sans avoir mis, aussi souverit que vous, le nez dans la science, j'en avais assez pour exercer une profession honorable, si mes passions ne m'eussent aveu-gle ; eh bien, monsieur, a vingt-cinq ans une vision terrible, et il y a de cela soixante ans passes, m'a mis dans l'etat de marasme ou vous me voyez. Mais, mon Dieu, s'ecria le vieillard en levant vers le ciel ses deux mains decharnees: si vous m'avez permis de trainer une si lon-gue existence, c'est que votre justice n'etait pas satis-faite ! Je n'avais pas expie mes crimes horribles ! Qu'ils puissent enfin s'effacer, et je croirai ma penitence trop courte ! Le vieillard, epuise par cet effort, se laissa tomber sur son siege, et des larmes coulerent le long de ses joues etiques. — Ecoutez, pere, dit l'hote, je suis certain que monsieur n'a pas eu l'intention de vous faire de la peine. — Non, certainement, dit le jeune clerc en tendant la main au vieillard, pardonnez-moi; ce n'etait qu'un badinage. 92 93 — Comment ne vous pardonnerais-je pas, dit le mendiant, moi qui ai tant besoin d'indulgence. — Pour preuve de notre reconciliation, dit le jeune homme, racontez-nous, s'il vous plait, votre histoire. — J'y consens, dit le vieillard, puisque la morale qu'elle renferme peut vous etre utile, et il commenca ainsi son recit: — Ä vingt ans j'etais un cloaque de tous les vices reunis : querelleur, batailleur, ivrogne, debauche, jureur et blasphemateur infame. Mon pere, apres avoir tout tente pour me corriger, me maudit, et mourut ensuite de chagrin. Me trouvant sans ressource, apres avoir dissipe mon patrimoine, je fus trop heureux de trouver du service comme simple engage de la compagnie de Labrador. C'etait au printemps de l'annee 17—, il pouvait etre environ midi, nous descendions dans la goelette La Catherine, par une jolie brise ; j'etais assis sur la lisse du gail-lard d'arriere, lorsque le capitaine assembla 1'equipage et lui dit: ah ca, enfants, nous serons, sur les quatre heures, au poste du diable.; qui est celui d'entre vous qui y res-tera ? Tous les regards se tournerent vers moi, et tous s'ecrierent unanimement: ce sera Rodrigue bras-de-fer. Je vis que c'etait concerte; je serrai les dents avec tant de force que je coupai en deux le manche d'acier de mon calumet, et frappant avec force sur la lisse, ou j'etais assis, je repondis dans un acces de rage : oui, mes mille tonnerres, oui, ce sera moi; car vous seriez trop laches pour en faire autant; je ne crains ni Dieu, ni diable, et quand Satan y viendrait je n'en aurais pas peur. Bravo ! s'ecrierent-ils tous. Huzza ! pour Rodrigue. Je voulus rire ä ce compliment; mais mon rire ne fut qu'une grimace affreuse, et mes dents s'entrechoquerent comme dans un violent acces de fievre. Chacun alors m'offrit un coup, et nous passames l'apres-midi a boire. Ce poste de peu de consequence etait toujours garde, pendant trois mois, par un seul homme qui y faisait la chasse et la peche, et quelque petit trafic avec les sauvages. C'etait la terreur de tous les engages, et tous ceux qui y etaient restes, avaient raconte des choses etranges de cette retraite solitaire; de la, son nom de poste du diable — en sorte que depuis plusieurs annees on etait convenu de tirer au sort pour celui qui devait l'habiter. Les autres engages qui connais-saient mon orgueil savaient bien qu'en me nommant unanimement, la honte m'empecherait de refuser, et par la, ils s'exemptaient d'y rester eux-memes, et se debarrassaient d'un compagnon brutal, qu'ils redoutaient tous. Vers les quatre heures, nous etions vis-a-vis du poste dont le nom me fait encore fremir, apres un laps de soixante ans, et ce ne fut pas sans une grande emotion que j'entendis le capitaine donner l'ordre de preparer la chaloupe. Quatre de mes compagnons me mirent a terre avec mon coffre, mes provisions et une petite pacotille pour echanger avec les sauvages, et s'eloignerent aussitot de ce lieu maudit. Bon courage ! bon succes ! s'ecrierent-ils, d'un air moqueur, une fois eloignes du rivage. Que le diable vous emporte tous, mes... ! que j'accompagnai d'un juron epouvantable. Bon, me cria Joseph Pelchat, a qui j'avais casse deux cotes, six mois auparavant; bon, ton ami le diable te rendra plus tot visite qu'a nous. Rappelle-toi ce que tu as dit. Ces paroles me firent mal. Tu fais le drole, Pelchat, lui criai-je; mais suis bien mon conseil, fais-toi tanner la peau par les sauvages ; car si tu me tom-bes sous la patte dans trois mois, je te jure par... (autre execrable juron), qu'il ne t'en restera pas assez sur ta maudite carcasse pour raccommoder mes souliers. Et quant a toi, me repondit Pelchat, le diable n'en laissera 94 95 pas assez sur la tienne pour en faire la babiche. Ma rage etait a son comble ! Je saisis un caillou, que je lancai avec tant de force et d'adresse, malgre l'eloignement de la terre, qu'il frappa a la tete le malheureux Pelchat et l'etendit, sans connaissance, dans la chaloupe. II l'a tue ! s'ecrierent ses trois autres compagnons, un seul lui portant secours tandis que les deux autres faisaient force de rames pour aborder la goelette. Je cms, en effet, 1'avoir tue, et je ne cherchai qu'a me cacher dans le bois, si la chaloupe reve-nait a terre ; mais une demi-heure apres, qui me parut un siecle, je vis la goelette mettre toutes ses voiles et dispa-raitre. Pelchat n'en mourut pourtant pas subitement, il languit pendant trois annees, et rendit le dernier soupir en pardonnant a son meurtrier. Puisse Dieu me pardonner au jour du jugement, comme ce bon jeune homme le fit alors. Un peu rassure par le depart de la goelette sur les suites de ma brutalite, car je reflechissais que si j'eusse tue ou blesse Pelchat mortellement, on serait venu me saisir, je m'acheminai vers ma nouvelle demeure. C etait une cabane d'environ yingt pieds carres, sans autre lu-miere qu'un carreau de vitre au sud-ouest; deux petits tambours y etaient adosses, en sorte que cette cabane avait trois portes. Quinze lits, ou plutot grabats, etaient ranges autour de la piece principale. Je m'abstiendrai de vous donner une description du reste ; ca n'a aucun rapport avec mon histoire. J'avais bu beaucoup d'eau-de-vie pendant la jour-nee, et je continuai a boire pour m'etourdir sur ma triste situation ; en effet, j'etais seul sur une plage eloignee de toute habitation ; seul avec ma conscience ! et, Dieu, quelle conscience ! Je sentais le bras puissant de ce meme Dieu, que j'avais brave et blaspheme tant de fois, s'appe-santir sur moi; j'avais un poids enorme sur la poitrine. Les seules creatures vivantes, compagnons de ma solitude, etaient deux enormes chiens de Terre-Neuve : a peu pres aussi feroces que leur maitre. On m'avait laisse ces chiens pour faire la chasse aux ours rouges, tres communs dans cet endroit. II pouvait etre neuf heures du soir. J'avais soupe, je fumais ma pipe pres de mon feu, et mes deux chiens dormaient a mes cotes; la nuit etait sombre et silencieuse, lorsque, tout a coup, j'entendis un hurlement si aigre, si penjant, que mes cheveux se herisserent. Ce n'etait pas le hurlement du chien ni celui plus affreux du loup ; c'etait quelque chose de satanique. Mes deux chiens y repondi-rent par des cris de douleur, comme si on leur eut brise les os. J'hesitai; mais l'orgueil l'emportant, je sortis arme de mon fusil charge a trois balles ; mes deux chiens, si feroces, ne me suivirent qu'en tremblant. Tout etait cependant retombe dans le silence et je me preparais deja a rentrer lorsque je vis sortir du bois un homme suivi d'un enorme chien noir; cet homme etait au-dessus de la moyenne taTlle et portait un chapeau immense, que je ne pourrais comparer qu'a une meule de moulin, et qui lui cachait entierement le visage. Je l'appelai, je lui criai de s'arre-ter; mais il passa, ou plutot coula comme une ombre, et lui et son chien s'engloutirent dans le fleuve. Mes chiens tremblant de tous leurs membres s'etaient presses contre moi et semblaient me demander protection. Je rentrai dans ma cabane saisi d'une frayeur mor-telle ; je fermai et barricadai mes trois portes avec ce que je pus me procurer de meubles; et ensuite mon premier mouvement fut de prier ce Dieu que j'avais tant offense et lui demander pardon de mes crimes: mais l'orgueil l'emporta, et repoussant ce mouvement de la grace, je me couchai, tout habille, dans le douzieme lit, et mes deux 96 97 chiens se placerent a mes cotes. J'y etais depuis environ une demi-heure, lorsque j'entendis gratter sur ma cabane comme si des milliers de chats, ou autres animaux, s'y fussent cramponnes avec leurs griffes ; en effet je vis des-cendre dans ma cheminee, et remonter avec une rapidite etonnante, une quantite innombrable de petits hommes hauls d' environ deux pieds; leurs tetes ressemblaient a celles des singes et etaient armees de longues cornes. Apres m'avoir regarde, un instant, avec une expression maligne, ils remontaient la cheminee avec la vitesse de l'eclair, en jetant des eclats de rire diaboliques. Mon ame etait si endurcie que ce terrible spectacle, loin de me faire rentrer en moi-meme, me jeta dans un tel acces de rage que je mordais mes chiens pour les exciter, et que saisis-sant mon fusil je l'armai et tirai avec force la detente, sans reussir pourtant a faire partir le coup. Je faisais des efforts inutiles pour me lever, saisir un harpon et tomber sur les diablotins, lorsqu'un hurlement plus horrible que le premier me fixa a ma place. Les petits etres disparurent, il se fit un grand silence, et j'entendis frapper deux coups a ma premiere porte; un troisieme coup se fit entendre, et la porte, malgre mes precautions, s'ouvrit avec un fracas epouvantable. Une sueur froide coula sur tous mes mem-bres, et pour la premiere fois, depuis dix ans, je priai, je suppliai Dieu d'avoir pitie de moi. Un second hurlement m'annonca que mon ennemi se preparait a franchir la seconde porte, et au troisieme coup, elle s'ouvrit comme la premiere, et avec le mSme fracas. 6 mon Dieu ! mon Dieu ! m'ecriai-je, sauvez-moi ! sauvez-moi ! Et la voix de Dieu grondait a mes oreilles, comme un tonnerre, et me repondait: non, malheureux, tu periras. Cependant un troisieme hurlement se fit entendre et tout rentra dans le silence ; ce silence dura une dizaine de minutes. Mon coeur battait á coups redoubles ; il me semblait que ma téte s'ouvrait et que ma cervelle s'en échappait goutte á goutte; mes membres se crispaient et lorsqu'au troisieme coup, la porte vola en éclats sur mon plancher, je restai comme anéanti. L'etre fantastique que j'avais vu passer entra alors avec son chien et ils se placěrent vis-á-vis de la cheminee. Un reste de flamme qui y brillait s'eteignit aussitót et je demeurai dans une obscurité parfaite. Ce fut alors que je priai avec ardeur et fis voeu á la bonne sainte Anne que, si elle me délivrait, j'irais de porte en porte, mendiant mon pain le reste de mes jours. Je fus distrait de ma priěre par une lumiěre soudaine ; le spectre s'etait tourné de mon coté, avait relevé son immense cha-peau, et deux yeux énormes, brillants comme des flambeaux, éclairěrent cette scene d'horreur. Ce fut alors que je pus contempler cette figure satanique : un nez lui cou-vrait la lěvre supérieure, quoique son immense bouche s'etendit ďune oreille á l'autre, lesquelles oreilles lui tombaient sur les épaules comme celles ďun lévrier. Deux rangées de dents noires comme du fer et sortant presque horizontalement de sa bouche se choquaient avec un fracas horrible. II porta son regard farouche de tous cotés et, s'avancant lentement, il proměna sa main déchar-née et armée de griffes sur toute l'etendue du premier lit; du premier lit il passa au second, et ainsi de suite jusqu'au onziěme, ou il s'arreta quelque temps. Et moi, malheureux ! je calculais, pendant ce temps-lá, combien de lits me séparaient de sa griffe infernale. Je ne priais plus ; je n'en avais pas la force ; ma langue desséchée était collée á mon palais et les battements de mon coeur, que la crainte me faisait supprimer, interrompaient seuls le silence qui régnait autour de moi dans cette nuit funeste. Je le vis étendre la main sur moi; alors, rassemblant toutes mes 98 99 forces, et par un mouvement convulsif, je me trouvai debout, et face a face avec le fan tome dont l'haleine en-flammee me brulait le visage. Fantome ! lui criai-je, si tu es de la part de Dieu, demeure, mais si tu viens de la part du diable, je t'adjure, au nom du Pere, du Fils et du Saint-Esprit, de t'eloigner de ces lieux. Satan, car c'etait lui, messieurs, je ne puis en douter, jeta un cri affreux, et son chien, un hurlement qui fit trembler ma cabane comme l'aurait fait une secousse de tremblement de terre. Tout disparut alors, et les trois portes se refermerent avec un fracas horrible. Je retombai sur mon grabat, mes deux chiens m'etourdirent de leurs aboiements, pendant une partie de la nuit, et ne pouvant enfin resister a tant d'emotions cruelles, je perdis connaissance. Je ne sais combien dura cet etat de syncope ; mais lorsque je recouvrai 1'usage de mes sens, j'etais etendu sur le plancher, me mourant de faim et de soif. Mes deux chiens avaient aussi beaucoup souffert; car ils avaient mange mes souliers, mes raquet-tes et tout ce qu'il y avait de cuir dans la cabane. Ce fut avec beaucoup de peine que je me remis assez de ce terrible choc pour me trainer hors de mon logis, et lorsque mes compagnons revinrent, au bout de trois mois, ils eurent de la peine a me reconnaitre: j'etais ce spectre vivant que vous voyez devant vous. — Mais, mon vieux, dit 1'incorrigible clerc notaire. — Mais... mais... que... te serre..., dit le colerique vieillard, en relevant sa besace ; et malgre les instances du maitre, il s'eloigna en grommelant. — Eh bien, monsieur le notaire, dit Amand d'un air de triomphe, qu'avez-vous a repondre, maintenant ? — II me semble, dit 1'etudiant, esprit fort, que le mendiant nous en a assez dit pour expliquer la vision d'une maniere tres naturelle ; il etait ivrogne d'habitude, il avait beaucoup bu ce jour-la ; sa conscience lui repro-chait un meurtre atroce. II eut un affreux cauchemar, suivi d'une fievre au cerveau causee par 1'irritation du systeme nerveux et... et... _ Et c'est ce qui fait que votre fille est muette, dit Amand impatiente. 100 101