— II dort, dit Saint-Céran, il dort paisiblement tan-dis que 1'ange vengeur plane au-dessus de lui et semble exciter la fureur des elements. — Cest plutót le diable, dit Francois Rigault, qui se réjouit ďavance de la bonne prise qu'il va faire ; je suis certain qu'il y aura féte, pendant quinze jours, á son arri-vée au pays de Satan. — Paix ! dit Saint-Céran, paix ! mon cher Francois ; ceci n'est point matiěre á badinage, et le malheu-reux, teint du sang de son frěre, doit inspirer une pitié mélée ďhorreur plutót que des plaisanteries. — M. Saint-Céran a raison, dit Joseph Bérubé, lais-sons le diable tranquille ; pour moi je n'aime pas á en parler dans cette maison, et par le temps qu'il fait. — As-tu peur qu'il nous rende visitě ? dit Francois, ďun air goguenard. — Eh ! Eh ! je n'en sais trop rien, dit le vieux voyageur, il a visité des maisons oú il semblait avoir moins de droits qu'ici. — Racontez-nous cela, pere Ducros, dit Saint-Céran, qui n'etait pas fáché, comme tous les jeunes gens, ďentendre une legendě, et qui d'ailleurs voulait mettre fin aux plaisanteries de Francois. — Écoutez, M. Saint-Céran, je suis vieux, je ra-conte longuement, á ce qu'ils me disent tous ; je crains de vous ennuyer. — Non, non, pere Ducros ; et tant mieux si vous étes diffus, ga nous fera passer le reste de la nuk, répliqua le jeune homme. — Puisque vous le voulez, je vous raconterai 1'his-toire telle qu'on me 1'a racontée ; je la tiens ďun vieillard trěs respectable. Chapitre V L'etranger (Legendě canadienne) Descend to darkness, and the burning lake . False fiend, avoid! Shakespeare C'etait le^Mardi jjras.de l'annee 17—. Je revenais á Montreal, aprěs cinq ans de séjour dans le Nord-Ouest. II tom-bait une neige collante et, quoique le temps fut trés calme, je songeai á camper de bonne heure ; j'avais un bois d'une lieue á passer, sans habitation; et je connaissais trop bien le climat pour m'y engager á 1'entrée de la nuit — ce fut done avec une vraie satisfaction que j'apercus une petite maison, á 1'entrée de ce bois, oú j'entrai de-mander á couvert. — II n'y avait que trois personnes dans ce logis lorsque j'y entrai: un vieillard d'une soixantaine d'annees, sa femme et une jeune et jolie fille de dix-sept á dix-huit ans qui chaussait un bas de laine bleue dans un coin de la chambre, le dos tourné á nous, bien entendu ; en un mot, elle achevait sa toilette. Tu ferais mieux de ne pas y aller, Marguerite, avait dit le pere comme je fran-chissais le seuil de la porte. II s'arreta tout court, en me voyant et, me présentant un siege, il me dit, avec poli-tesse : — Donnez-vous la peine de vous asseoir, monsieur ; vous paraissez fatigue ; notre femme rince un verre ; monsieur prendra un coup, 9a le délassera. 56 57 Les habitants n'etaient pas aussi cossus dans ce temps-la qu'ils Ie sont aujourd'hui; oh ! non. La bonne femme prit un petit verre sans pied, qui servait a deux fins, savoir : a boucher la bouteille et ensuite a abreuver le monde ; puis, le passant deux a trois fois dans le seau a boire suspendu a un crochet de bois derriere la porte, le bonhomme me le presenta encore tout brillant des perles de l'ancienne liqueur, que l'eau n'avait pas entierement detachee, et me dit: Prenez, monsieur, c'est de la tranche eau-de-vie, et de la vergeuse ; on n'en boit guere de sem-blable depuis que 1'Anglais a pris le pays. Pendant que le bonhomme me faisait des politesses, la jeune fille ajustait une fontange autour de sa coiffe de mousseline en se mirant dans le meme seau qui avait servi a rincer mon verre ; car les miroirs n'etaient pas communs alors chez les habitants. Sa mere la regardait en-dessous, avec complaisance, tandis que le bonhomme paraissait peu content. — Encore une fois, dit-il, en se relevant de devant la porte du poele et en assujettissant sur sa pipe un charbon ardent d'erable, avec son couteau plombe, tu ferais mieux de ne pas y aller, Charlotte*. — Ah ! voila comme vous etes toujours, papa; avec vous on ne pour-rait jamais s'amuser. — Mais aussi, mon vieux, dit la femme, il n'y a pas de mal, et puis Jose va venir la cher-cher, tu ne voudrais pas qu'elle lui fit un tel affront ? Le nom de Jose sembla radoucir le bonhomme. — C'est vrai, c'est vrai, dit-il entre ses dents : mais promets-moi toujours de ne pas danser sur le mercredi des Cendres : tu sais ce qui est arrive a Rose Latulipe... — Non, non, mon pere, ne craignez pas: tenez, voila Jose. * Lapsus : il s'agit de Marguerite. (N.d.É.) Et en effet, on avait entendu une voiture; un gail-lard, assez bien decouple, entra en sautant et en se frappant les deux pieds 1'un contre l'autre; ce qui couvrit 1'entrée de la chambre d'une couche de neige d'un demi-pouce ďépaisseur. Jose fit le galant; et vous auriez bien ri, vous autres qui étes si bien nippés, de le voir dans son accoutrement des dimanches : d'abord un bonnet gris lui couvrait la téte, un capot ďétoffe noire dont la taille lui descendait six pouces plus bas que les reins, avec une ceinture de laine de plusieurs couleurs qui lui battait sur les talons, et enfin une paire de culottes vertes ä mitasses bordées en tavelle rouge complétait cette bizarre toilette. — Je crois, dit le bonhomme, que nous allons avoir un furieux temps ; vous feriez mieux d'enterrer le Mardi gras avec nous. — Que craignez-vous, pere, dit Jose, en se tournant tout ä coup, et faisant claquer un beau fouet ä manche rouge, et dont la mise était de peau d'anguille, croyez-vous que ma guevale ne soit pas capable de nous trainer ? II est vrai qu'elle a déja sorti trente cordes d'erable du bois ; mais ca n'a fait que la mettre en appétit. Le bonhomme réduit enfin au silence, le galant fit embarquer sa belle dans sa carriole, sans autre chose sur la téte qu'une coiffe de mousseline, par le temps qu'il faisait; s'enveloppa dans une couverte ; car il n'y avait que les gros qui eussent des robes de peaux dans ce temps-lä ; donna un vigoureux coup de fouet ä Charmante qui partit au petit galop, et dans un instant ils disparurent gens et bete dans la poudrerie. — II faut espérer qu'il ne leur arrivera rien de fä-cheux, dit le vieillard, en chargeant de nouveau sa pipe. — Mais, dites-moi done, pere, ce que vous avez ä 58 59 craindre pour votre fille ; elle va sans doute le soir chez des gens honnetes. — Ha ! monsieur, reprit le vieillard, vous ne savez pas ; c'est une vieille histoire, mais qui n'en est pas moins vraie ! tenez : allons bientot nous mettre ä table ; et je vous conterai cela en frappant la fiole. — Je tiens cette histoire de mon grand-pere, dit le bonhomme ; et je vais vous la conter comme il me la contait lui-meme: II y avait autrefois un nomme Latulipe qui avait une fille dont il etait fou ; en effet, c'etait une jolie brune que Rose Latulipe : mais elle etait un peu scabreuse, pour ne pas dire eventee. — Elle avait un amoureux nomme Gabriel Lepard, qu'elle aimait comme la prunelle de ses yeux ; cependant, quand d'autres l'accostaient, on dit qu'elle lui en faisait passer ; elle aimait beaucoup les divertissements, si bien qu'un jour de Mardi gras, un jour comme aujourd'hui, il y avait plus de cinquante personnes assemblies chez Latulipe ; et Rose, contre son ordinaire, quoique coquette, avait tenu, toute la soiree, fidele com-pagnie ä son pretendu : c'etait assez naturel; ils devaient se marier ä Päques suivant. II pouvait etre onze heures du soir, lorsque tout ä coup, au milieu d'un cotillon, on entendit une voiture s'arreter devant la porte. Plusieurs personnes coururent aux fenetres et, frappant avec Ieurs poings sur les chassis, en degagerent la neige collee en dehors afin de voir le nouvel arrive, car il faisait bien mauvais. Certes ! cria quelqu'un, c'est un gros, comptes-tu, Jean, quel beau cheval noir ; comme les yeux lui flam-bent ; on dirait, le diable m'empörte, qu'il va grimper sur la maison. Pendant ce discours, le monsieur etait entre et avait demande au maitre de la maison la permission de se divertir un peu. C'est trop d'honneur nous faire, avait dit Latulipe, degrayez-vous, s'il vous plait — nous allons faire deteler votre cheval. L'etranger s'y refusa absolu-ment — sous pretexte qu'il ne resterait qu'une demi-heure, etant tres presse. II ota cependant un superbe capot de chat sauvage et parut habille en velours noir et galonne sur tous les sens. II garda ses gants dans ses mains, et demanda permission de garder aussi son casque, se plai-gnant du mal de tete. — Monsieur prendrait bien un coup d'eau-de-vie, dit Latulipe en lui presentant un verre. L'inconnu fit une grimace infernale en l'avalant; car Latulipe, ay ant manque de bouteilles, avait vide l'eau benite de celle qu'il tenait a la main, et l'avait remplie de cette liqueur. C'etait bien mal au moins — II etait beau, cet etranger, si ce n'est qu'il etait tres brun et avait quelque chose de sournois dans les yeux. II s'avanca vers Rose, lui prit les deux mains et lui dit: J'espere, ma belle demoiselle, que vous serez a moi ce soir et que nous danserons toujours ensemble. — Certainement, dit Rose a demi-voix et en jetant un coup d'oeil timide sur le pauvre Lepard, qui se mordit les levres a en faire sortir le sang. L'inconnu n'abandonna pas Rose du reste de la soiree, en sorte que le pauvre Gabriel, renfrogne dans un coin, ne paraissait pas manger son avoine de trop bon appetit. Dans un petit cabinet qui donnait sur la chambre de bal etait une vieille et sainte femme qui, assise sur un coffre, au pied d'un lit, priait avec ferveur; d'une main elle tenait un chapelet, et de 1'autre se frappait frequem-ment la poitrine. Elle s'arreta tout a coup, et fit signe a Rose qu'elle voulait lui parler. — Ecoute, ma fille, lui dit-elle ; c'est bien mal a toi d'abandonner le bon Gabriel, ton fiance, pour ce monsieur. II y a quelque chose qui ne va pas bien ; car chaque fois 60 61 que je prononce les saints noms de Jesus et de Marie, il jette sur moi des regards de fureur. Vois comme il vient de nous regarder avec des yeux enflammes de colere. — Allons, tan tan te, dit Rose, roulez votre chapelet, et laissez les gens du monde s'amuser. — Que vous a dit cette vieille radoteuse ? dit l'etran- ger. — Bah, dit Rose, vous savez que les anciennes pre-chent toujours les jeunes. Minuit sonna et le maitre du logis voulut alors faire cesser la danse, observant qu'il etait peu convenable de danser sur le mercredi des Cendres. — Encore une petite danse, dit l'etranger. — Oh ! oui, mon cher pere, dit Rose ; et la danse continua. — Vous m'avez promis, belle Rose, dit l'inconnu, d'etre a moi toute la veillee : pourquoi ne seriez-vous pas a moi pour toujours ? — Finissez done, monsieur, ce n'est pas bien a vous de vous moquer d'une pauvre fille d'habitant comme moi, repliqua Rose. — Je vous jure, dit l'etranger, que rien n'est plus serieux que ce que je vous propose ; dites : Oui... seule-ment, et rien ne pourra nous separer a l'avenir. — Mais, monsieur !... et elle jeta un coup d'ceil sur le malheureux Lepard. — J'entends, dit l'etranger, d'un air hautain, vous aimez ce Gabriel ? ainsi n'en parlons plus. — Oh ! oui... je l'aime... je l'ai aime... mais te-nez, vous autres, gros messieurs, vous etes si enjoleurs de filles que je ne puis m'y fier. — Quoi ! belle Rose, vous me croiriez capable de vous tromper, s'ecria l'inconnu, je vous jure par ce que j'ai de plus sacre... par... — Oh ! non, ne jurez pas ; je vous crois, dit la pauvre fille ; mais mon pere n'y consentira peut-etre pas ? — Votre pere, dit l'etranger avec un sourire amer; dites que vous etes a moi et je me charge du reste. — Eh bien ! Oui, repondit-elle. — Donnez-moi votre main, dit-il, comme sceau de votre promesse. L'infortunee Rose lui presenta la main qu'elle retira aussitot en poussant un petit cri de douleur; car elle s'etait senti piquer, elle devint pale comme une morte et pretendant un mal subit elle abandonna la danse. Deux jeunes maquignons rentraient dans cet instant, d'un air effare, et prenant Latulipe a part ils lui dirent: — Nous venons de dehors examiner le cheval de ce monsieur; croiriez-vous que toute la neige est fondue autour de lui, et que ses pieds portent sur la terre ? Latulipe verifia ce rapport et parut d'autant plus saisi d'epou-vante qu'ayant remarque, tout a coup, la paleur de sa fille auparavant, il avait obtenu d'elle un demi-aveu de ce qui s'etait passe entre elle et l'inconnu. La consternation se repandit bien vite dans le bal, on chuchotait et les prieres seules de Latulipe empechaient les convives de se retirer. L'etranger, paraissant indifferent a tout ce qui se passait autour de lui, continuait ses galanteries aupres de Rose, et lui disait en riant, et tout en lui presentant un superbe collier en perles et en or: Otez votre collier de verre, belle Rose, et acceptez, pour 1'amour de moi, ce collier de vraies perles. Or, a ce collier de verre, pendait une petite croix et la pauvre fille refusait de 1'oter. Cependant une autre scene se passait au presbytere de la paroisse ou le vieux cure, agenouille depuis neuf heures du soir, ne cessait d'invoquer Dieu, le priant de pardonner les peches que commettaient ses paroissiens 62 63 dans cette nuit de desordre : le Mardi gras. Le saint vieillard s'etait endormi, en priant avec ferveur, et etait enseveli, depuis une heure, dans un profond sommeil, lorsque, s'eveillant tout a coup, il courut a son domesti-que, en lui criant: Ambroise, mon cher Ambroise, leve-toi, et attelle vite ma jument. Au nom de Dieu, attelle vite. Je te ferai present d'un mois, de deux mois, de six mois de gages. — Qu'y a-t-il ? monsieur, cria Ambroise, qui con-naissait le zele du charitable cure ; y a-t-il quelqu'un en danger de mort ? — En danger de mort! repeta le cure ; plus que cela, mon cher Ambroise ! une ame en danger de son salut eternel. Attelle, attelle promptement. Au bout de cinq minutes, le cure etait sur le chemin qui conduisait a la demeure de Latulipe et, malgre le temps affreux qu'il faisait, avancait avec une rapidite in-croyable ; c'etait, voyez-vous, sainte Rose qui aplanissait la route. II etait temps que le cure arrivat; l'inconnu en tirant sur le fil du collier l'avait rompu, et se preparait a saisir la pauvre Rose ; lorsque le cure, prompt comme 1'eclair, l'avait prevenu en passant son etole autour du col de la jeune fille et, la serrant contre sa poitrine ou il avait re?u son Dieu le matin, s'ecria d'une voix tonnante: — Que fais-tu ici, malheureux, parmi des Chretiens ? Les assistants etaient tombes a genoux a ce terrible spectacle et sanglotaient en voyant leur venerable pas-teur, qui leur avait toujours paru si timide et si faible, et maintenant si fort et si courageux, face a face avec l'en-nemi de Dieu et des hommes. — Je ne reconnais pas pour chretiens, repliqua Lucifer en roulant des yeux ensanglantes, ceux qui, par mepris de votre religion, passent a danser, a boire et a se divertir, des jours consacres a la penitence par vos preceptes mau-dits ; d'ailleurs cette jeune fille s'est donnee a moi, et le sang qui a coule de sa main est le sceau qui me 1'attache pour toujours. — Retire-toi, Satan, s'ecria le cure en lui frappant le visage de son etole, et en pronongant des mots latins que personne ne put comprendre. Le diable disparut aus-sitot avec un bruit epouvantable et laissant une odeur de soufre qui pensa suffoquer l'assemblee. Le bon cure, s'agenouillant alors, prononca une fervente priere en tenant toujours la malheureuse Rose, qui avait perdu connais-sance, collee sur son sein, et tous y repondirent par de nouveaux soupirs et par des gemissements. — Ou est-il ? ou est-il ? s'ecria la pauvre fille, en recouvrant 1'usage de ses sens. — II est disparu, s'ecria-t-on de toutes parts. — Oh mon pere ! mon pere ! ne m'abandonnez pas ! s'ecria Rose, en se tramant aux pieds de son venerable pasteur — emmenez-moi avec vous... Vous seul pouvez me proteger... je me suis donnee a lui... Je crains toujours qu'il ne revienne... un couvent! un couvent! — Eh bien, pauvre brebis egaree, et maintenant repentante, lui dit le venerable pasteur, venez chez moi, je veillerai sur vous, je vous entourerai de saintes reliques, et si votre vocation est sincere, comme je n'en doute pas apres cette terrible epreuve, vous renoncerez a ce monde qui vous a ete si funeste. Cinq ans apres, la cloche du couvent de... avait annonce depuis deux jours qu'une religieuse, de trois ans de profession seulement, avait rejoint son epoux celeste, et une foule de curieux s'etaient reunis dans l'eglise, de grand matin, pour assister a ses funerailles. Tandis que chacun assistait a cette ceremonie lugubre avec la legerete 64 65 des gens du monde, trois personnes paraissaient navrees de douleur : un vieux pretre agenouille dans le sanctuaire priait avec ferveur, un vieillard dans la nef deplorait en sanglotant la mort d'une fille unique, et un jeune homme, en habit de deuil, faisait ses derniers adieux a celle qui avait ete autrefois sa fiancee — la malheureuse Rose Latulipe. Chapitre VI Saint-Céran ...toute une annee, De bals et de fleurs couronnee, Nous laisse un heureux souvenir. Gratot But in man's dwelling, he became a thing, Restless, and worn, and stern, and wearisome, Drooped as a wild-born falcon with dipt wing, To whom the boundless air alone were home. Byron Le lendemain, aprěs une enquéte qui dura toute la matinee, pendant laquelle Lepage avoua qu'il connaissait Guil-lemette, le magistrát lui demanda s'il le reconnaitrait en le voyant et, sur sa réponse affirmative, il lui proposa de visiter le corps ; il y consentit immédiatement. En consequence, Lepage, lie et bien accompagné, prit le chemin de la demeure de Thibault oil une foule de spectateurs l'attendaient. La conversation roulait principa-lement sur un point: savoir 1'effet que produirait rarrivée du meurtrier pres de sa victime. Beaucoup affirmaient que le sang coulerait immédiatement de ses blessures děs qu'il se trouverait en presence du corps. 66 67