TABLEAUX PREMIER ACTE Tableau I — Le bureau du Padre, dans un camp militaire, prés de Montreal. Décembre 1942. Tableau II — Le salon des Desilets, dans le village de Saint-Anicet, province de Québec. Deux jours plus tard. Tableau III — Chez le Padre. Cinq jours apres. Tableau IV — Ľentrée de la maison oil habitent Márie-Ange et Germaine, ä Montreal. La semaine suivante. Tableau V — L'appartement des deux jeunes filles. Quatre mots plus tard. DEUXIEME ACTE Tableau I — A bord d'un transport de troupes. Juin 1943. Tableau II — Chez Marie-Ange. Novembre 1944. Tableau III — Dans un hôpital militaire, cn Anglctenc. Le mots stiivant. Tableau IV — Chez Marie-Ange. Quelques semaines plus lata. Tableau V — Dans un camp de rapatriement, cn Anglctcrre. Six mois aprés. Tableau VI — Dans une taverne des environs. Quelques minutes plus tard. PREMIER ACTE TROISIEME ACTE Tableau I — A la porte, chez Germaine. Septembre 1945. Tableau II — La chambre de Germaine. Le lendemain soir. r l T - C O Q dans : pourquoi changer de local ? Elle peut £tre tran-quille, je lui ferai pas de mal; je la toucherai pas, jc l'approcherai memo pas. On va se parlet entre quatre-z-yeux, rien de plus. Apres, ni vu ni connu, je fiche le camp de par ici. GERMA1NE (Capitulant.) Enfin, je lui ferai le message. TIT-COQ Cest ca. En haut, demain soir, a huit heures. Et je t'avercis : que Jean-Paul se m£le de scs affaires, ou il y aura du cassage de vitrcs ! Quant a toi, tu pourras aller prendre 1'air dans le corridor. Pas qu'on ait des gros secrets a se dire. Mais j'ai l'impression qu'elle airnera autant etre scule a m'entendre; elle aura assez honte comme ca. D'ailleurs c,a va se faire vite. Cinq minutes au plus. Juste le temps qu'il faut pour arracher une dent pourrie. Une dent qui peut agacer longtemps, si on la neglige... et faire un abecs. T'as compris ? GERMAINE Oui, j'ai compris. TIT-COQ Alors je n'ai plus rien a dire. Donsoir! (// tourne les talons et sort.) R1DEAU TABLEAU II I.A C1IAMBKI. 1)1. dl.KMAINI-.. Afeme decor quail dniiirr tableau du fncuacr acte. dependant certains mcublf.s et atiessoircs out pu changer par suite du depart ,lc MAR1K-AN( .]■'. ( (,"rsl le \ni). (.l.KMAIM.. scute en w cue, est an telephone.) (.1 KM A IN I. (.\'c>rci(u\ a I 'appawil.) Ouais !... Ouais !... Eh ben ! tu sauras, Jean-Paul, que les « pcut-etre ben » et les « t'aurais du », il est trop tard jjour ca. D'ailleurs, j'y ai rcjiense, moi au.ssi, tonic la journee et puis, a mon avis, e'est le m'-illeui moyen d'en sortie. Si Marie-Ange avait refuse de le rencontrer, (licit he quel lapage il aurait pu (aire. I a tu J is que la, il va la rcvoir tantot, i! va se vider le cocur et puis ensuite, comme il I'a promis hier : ni vu ni connu, il va dispaiattte dans la brume... Quoi ?... Ben ! uon : tu sals bien que t'es mieux de ])as tc montrer. II l'a (lit hier soir : y aura de la casse s'il te revoit le bout du iky... Ion pere Mais qu'est-ce qu'il viendrait faire la-dedans, lui Oui, il est en ville pour ton arrivce, je suis au (ourant. Mais... Qu'est-ce (jue vous jjourricz tant changer, mon doux Seigneur ?... Ah ! lui casser les reins, e'est des arguments d'homme bete. Tout ce que vous gagneriez ce sera it dVnvenimcr les choses, tu devrais etre assez intelligent pour le romprendre... (C)ouf) de snnnette.) 161 T I T - C 0 Q germaine Tiens ! $a sonne a la porte. {Elle prase le b out on-declencheur.) Ce doit etre elle. Attends une seconde... {Elle ouvre la porte ct jette un coup d'ceil rapide dans I'cscalier. Revenant a I'appareil.) Oui, e'est elle. Excuse-moi... Mon Dieu, mon Dieu !... (Excedee.) Bon, comme tu voudras ! (Bas.) Mais prends garde a ce que tu vas lui dire, toi! Elle "doit etre assez a l'envers comme ca ! marie-ange (Entre. Elle est pale et s'appuie au chambranle de la porte.) germaine Qu'est-ce qu'il y a ? marie-ange Je viens de l'entrevoir... germaine Ou <^a ? marie-ange II guettait mon arrivce au coin. germaine (La main sur le recepteur.) Eh ben ! tu te pameras une autre fois : Jean-Paul est au telephone, il a un mot a te dire. 1*7 A C T E III marie-ange Non... je ne veux pas lui parler. germaine (A I'appareil.) Ecoute, Jean-Paul, le temps des discussions est fini. D'autant plus qu'il est deja rendu au coin, lui... (ILors d'elle-meme.) Mon doux Seigneur! tu devrais comprendre qu'on est assez enervees comme ca toutcs les deux... Ah ! va done au bonhomme, si t'es si bete! {Elle raceroche violernment.) marie-ange {S'est laissee lomber sur une chaise.) II a raison : je n'aurais jamais dfi venir. germaine Pauvre petite fillc, tu sais bien que tu n'avais pas le choix. marie-ange J'ai peur... germaine Mais non, rassurc-toi ! II I'a dit : il te fera pas de mal. marie-ange (Pour clle-meme.) C'est pas de lui que j'ai peur. germaine {Eclatant.) Tache de te remontcr un peu, toi! C'est pas le moment des crises de nerfs. (Elle est, a sa maniere, 1M T I T - C O Q ACTE III aussi troublée que MARIE-ange.) Aprés tout, qu'est-ce qu'il a tant ä te reprocher ? Laisse-toi engueuler comme du poisson pourri... Donne-lui raison sur toute la ligne : avec ces caractěres bétes-la, cest la meilleure maniěre ďen finir au plus vite. {Sonnerie sěche d la porte.) GERMA1NE {Sursautant.) Mon Dieu, s'il me trouve ici, lui, il m'etripe! {Elle se jette un gilet de la'ine sur les épau-les.) Bon ! je lui ouvre la porte et je inontc chez madame Lassonde. Si tu as besoin de moi, frappe deux coups sur le calorifěre : je descendrai tout de suite. {Elle presse le bouton-déclencheur.) Et ťinquiěte pas, hein ? J'ai pro-mis une messe aux ámes du purgatoire si tout s'arrange pour le mieux! {Elle sort, laissant la porte entrcbáillée.) (tit-coq par ait, I'oeil mé chant, et fonce jusqu'ä l'a-vant-scěne, on marie-ange est assise a droite. Un temps. II voudrait parier, mais une emotion gran-dissante, contre laquelle il lutte de toutes ses forces, lui paralyse la gorge. lis sont maintenant figés dans un silence de plomb.) MARIE-ANGE {Au bout de quelques secondes interminables, pres-quc tout bas.) Parle... je ten supplie ! 1*4 tit-coq {Essayant de se rcssaisir.) Ce que j'avais a te dire, cetait clair et net... mais depuis que j'ai mis les pieds ici-dedans... {Comme il ne trouve pas ses 'mots, il a un geste indiquant qu'il est perdu. Puis, a travers son trouble :) Oui... Malgre moi, je pense a ce que c'aurait pu etre beau, cette minute-ci... et a ce que e'est laid... assez laid deja sans que je parle. {Un temps. Puis d'une voix d'abord mal assuree qui, a mcsure qu'il reprendra la maitrise de lui-meme, se dur-cira jusqu'a la cnldre jroidc.) Mais, s'il y a une justice sur la terrc, il faut au moins que tu saches que t'es une salopcrie! (II s'est tourne vers elle.) Une saloperie... pour t'etre paye ma pauvre gueule de gogo pendant deux ans en me jurant que tu m'aimais. Cetait aussi facile, aussi Iachc de me faire gober ca que d'assommer un enfant. Avant toi, pas une ame au monde s'etait apercue que j'ctais en vie ; alors j'ai tombe dans le piege, le cceur par-dessus la tete, tellement j'etais heureux! T'es une saloperie ! Et je regrette de t'avoir fait l'honneur dans le temps de te respecter comme une sainte vierge, au lieu de te prendre comme la premiere venue ! {Sorlant I'album de sa varcuse.) je te rapporte ca. Au cas oii tu l'aurais oublie avec le reste, e'est l'album de famille que tu m'as donne quand je suis parti... II y a une semaine encore, j'aurais aime mieux perdre un oeil que de m'en separer. Seulement je me rends compte aujourd'hui que e'est rien qu'un paquet de cartons com- / T O Q muns, sales et uses. (// le lance sur le divan.) Tu le jetteras a la poubelle toi-memc ! Maintenant, je n'ai plus rien de toi. A part ton mau-dit souvenir... Mais j'arriverai bien ä m'en ddcrasser le coeur, ä force de me rentrcr dans la tete que des femmes aussi fideles que toi, il en traine ä tons les coins de rue! (II se dtrige vers la porte.) MARIE-ANGE (Sans tin geste, eile a tout ecoutc, la tete basse.) Non!... Va-t'en pas comme ca. Attends... attends une seconde. TIT-COQ (S'arrete, tourne" vers le fond.) MARIE-ANGE (Apres un temps, presque tout has.) Je te demande pardon. TIT-COQ (Abasourdi.) Quoi ? MARIE-ANGE Je te demande pardon. TIT-COQ (// est reste un moment decotitenance'.) C'cst aise dc demander pardon, quand le mal est fait... et bien fait. ACTE I 1 I MARIE-ANGE C^a ne changcra rien, je le sais. TIT-COQ qu'il m'est impossible de te pardonner, c'cst de m'avoir mcnti tout cc temps-la, de m'avoir menti la tete col lee sur mon epaule. MARIE-ANGE Je ne t'ai jamais menti. TIT-COQ (Que la rage a repris.) Si tu m'avais aime, tu m'au-rais attendu ! MARIE-ANGE (De tout son et re.) Je ne t'ai jamais mcnti. TIT-COQ Si e'est la peur que je t'embete qui te fait t'humilier devant moi, tu peux te rcdresser. Ton petit bonheur en or, e'est pas moi qui te le casserai : je vais disparaitre des environs comme une roche dans 1'eau. Si tu as eu des torts, la vie se chargera bien de te punir pour moi. MARIE-ANGE Je suis dejä punie tant qu'il faut, sois tranquille ! TIT-COQ Punie ? 166 167 T I T - C O Q ACTE III marie-ange Je ne suis pas plus heureuse que toi, si ca peut te consoler. TIT-COQ Quoi ? (Un temps, ou il cssaie de comprendre.) Pas heureuse ? Comme c,a, tu es malheureuse avec lui ? A quoi ca rime, c,a ?... II t'aime pas, lui ? II t'aime pas ? marie-ange II m'aime. tit-coq II t'aime ? Alors pourquoi es-tu malheureuse ? marie-ange (Qui craint d'avoir de ja trop parle.) C'cst tout ce que j'ai ä te dire. tit-coq Quand une femme est malheureuse apres six mois de manage, pas besoin de se casscr la tete pour cn trou-ver la raison : s'il t'aime, lui, c'est toi qui ne 1'aimes pas. (Pressant.) II n'y a pas d'autre facon d'en sortir : c'cst toi qui ne 1'aimes pas ! marie-ange (Se Cache la figure dans ses mains.) tit-coq Tu ne 1'aimes pas! Ah ! ca me venge de lui. II t'a decue, hein ? C\i me venge de lui. Ben oui! c;a ne pouvait pas se faire aiurcmcnt; cetait impossible qu'il te rende heureuse, lui ! (Se toumant vers eile.) Alors, si tu ne l'aimcs pas — si tu ne pouvais pas l'aimer — ce serait peut-ctre... que tu en aimes un autre ? marie-ange Je t'cn prie, va-t'en ! tit-coq Cc scrait peut-ctre que tu cn aimes toujours un autre ? Un autre a qui tu n'aurais jamais menti. II me faut la verite, la verite justju'au bout. II me la faut! marie-ange (llclate cn sanglots.) tit-coq Si c'est vrai, clis-le... dis-lc, je t'cn supplie ! marie-ange (/Willvre eile.) Ou;, je t'aime... Je t'aime ! (Un temps : eile plcttrc. Lu'i reste sidere par cet ave/i.) Je suis en train de devenir follc, tcllemcnt je pensc ä toi... Je suis en train de devenir folle ! tit-coq Maric-Ange, Marie-Ange !... Pourquoi tu ne m'as pas attendu ? T f T C O Q A C T U III MAK1E-ANGE Jc nc sais pas pourquoi... jc tic sais pas... TlT-COQ Pourquoi ? ' MARIE-ANGE Je voulais t'attendre, t'attendre tarn qu'il faudrak, malgre le vide que j'avais dans la icte, a loree d'etre privee de te voir, d'entendre ta voix, de t'emhrasscr... TIT-COQ Moi non plus, je nc pouvais pas te voir, ni t'emhrasscr. MARIE-ANGE Toi, tu avais sculement a te batue cop.tie toi-memc. Tandis que moi, au lieu de in'ainer a me :enir debout, tout le monde ici me poussnit, m'aourJ.issau d'objec-tions, me prouvait que j'avais tort de t'attendrc, que j'etais trop jeune pour savoir si je t'aimais... TIT-COQ Les salauds! MARIE-ANGE lis m'ont rendue malade a me repeter que tu m'ou-blierais la-bas, que tu ne me reviendrais pcut-etre jamais. TIT-COQ (Rageur.) Qi me le disait aussi qu'ils se mettraient tous ensemble pour essayer de nous divisor. me lc disait. MAH1E-ANGE lis me 1'ont repete tellement, sur tous les tons et dc tous les cotes, qu'a la fin ils sont venus a bout de me faire douter de toi comme j'aurais doute du Ciel. TIT-COQ Alors, e'est un mauvais reve qu'on a fait. Un reve insupportable qui vicnt de finir. On a reve qu'on s'etait perdus pour la vie, mais on vient de se rcveiller en criant, pour s'apercevoir que e'etaic pas vrai, tout ga... e'etait pas vrai! MARIE-ANGE (Les mains glacees.) Qu'cst-ce que tu veux dire? TIT-COQ (Tendu.) Que si tu m'airncs encore, e'est tout ce qui compte. Et que tu cs encore a moi, a moi et rien qu'a moi! MAniI;-,\NGE Non, ne dis pas ca ! TIT-COQ Moi aussi, je t'aimc. Je t'aime encore comme un fou ! Je t'aimc et je te reprends, comprends-tu ? Je te reprends ! MARIE-ANGE Non, non ! II est trop tard... trop tard, tu le sais bien. 171 T I T - C O Q ACTE III TIT-COQ IJ nest pas trop tard, pas encore. MARIE-ANGE Je t'ai trompe betemcnt, jo nc suis plus digne de toi ! TIT-COQ Tu viens de le prouvcr : c'est pas do ta faute. {Autant pour lui-meme que pour die.) C'est pas de ta faute, entends-tu ? Je te crois, je te crois ! Et je te crois quand tu me dis que tu ne I'as jamais aime, I'autre. MARIE-ANGE Mais lui... il m'aime, Jui! TIT-COQ Bien sur! qu'il t'aime. C'est facile de t'aimer. Mais tout depend de ce qu'on entend par la. Jl y a bien des qualites d'amour. MARIE-ANGE Je t'assure qu'il m'aime. TIT-COQ II a tourne autour de toi une eternite avant que tu acceptes de le voir, hein ? MARIE-ANGE Oui. TIT-COQ Et il savait pourquoi tu le repoussais, dans ce temps-la. 11 savait autant que tout le monde qu'on s'aimait tous les deux par-dessus la tete, hein ? MARIE-ANGE {Qui ne pent nier.) Oui, il le savait. TIT-COQ Bien sur ! qu'il le savait. Mais un bon jour il a decide de te glisser un jonc dans le doigt et de t'appeler sa femme, sans s'inquieter de savoir si tu etais bien a lui ? Sans te demander cent fois si tu ne m'aimais pas encore ? Sans t'assommer de questions, comme je l'aurais fait, moi, a sa place r* MARIE-ANGE (La tele perdue.) Oui... TIT-COQ Oui! Parte qu'il n etait pas honnete, lui. Parce qu'il avait la frousse, en te parlant trop, de te reveiller avant d'avoir eu le temps de te prendre. II se contcntait de ton corps, en sc sacrant bien du reste. Et tu dis qu'il t'aime ? II tc desire, c'est tout! C'est pas etonnant qu'il t'ait decue. Non, tu ne pcux pas vivre toute ta vie avec un homme qui t'a fait l'affront de te prendre a. moitie seulcment. Tandis que moi, je t'aime et je te rendrai heureusc, tu le sais, hcureuse autant qu'une femme peut etre heureusc ! )72 173 T 1 T - C O Q A C T E III MAlUE-ANGLi Rends-toi compte de ce que tu demandes... tit-coq Lui, il a besoin de toi comme n'irnporte quel autre hommc a besoin d'une fern me, parce qu'il a toute une famille pour 1'aimer, si tu le laches. Mais moi, je n'ai peisonne au monde, a part toi... marie-ange (Faiblissant.) Je t'en supplie, ne dis pas ca. tit-coq Sans toi, je suis perdu. Si ui ne me tends pas la main, je coule corame un noye. marie-ange Tu Ie sais que je t'aime et que je ferais n'irnporte quoi pour toi. Mais tout qa, c'est arrive si vite : donnc-moi lc temps de reflechir... tit-coq Le temps ? Non ! Le temps, lc temps, il y a deux ans qu'il travail le contre nous autres. Le temps, c'est lui notrc ennemi. C'est lui le trairre dans notre affaire. Faut pas lui donner une autre chance de... (On a sonni.) MARIE-ANGE (Afiolh.) C'est Jean-Paul! tit-c.< >q (Itafnde, va jrtrr un coup d 'oeil en has par la parte du balcon.) marik-anck Jo lui avais dit de pas venir. in -(:< >o_ (Revenant.) Oui, c est lui. Et il s'est amcne du renfort. marik-anck Qui 111 -coy Ton pere... avec un cure de nies amis. {.Nouvelle sonneueplus impeialive.) marik-anck Je ne veux pas qu'ils montent ! tit-coq Non : il faut les recevoir, sans avoir honte de ce qu'on va faire. (// a presse le boulon-declenelieur el ouvre la pork loule t>randr.) ()n iTauia pas Pair de se sauver comme des malfaiteui s. (Jean-Paul parait dans la parte, sunn du Padre el du pere de Mane-A tige.) 111 -coo. Kntnv, y a pas de gene ! On va se dispenser des bon-soirs |)uis des presentations d'usage, hein ? j kan-paul (Ne repondpas, maisjixe 7 U-Coq dans lesyeux.) 175 T I T C O Q II l -C( ly Lequel de vous trois v a parier lc premier Vims avcv tiré ca an sort avant de montér J LAN-PAUL {I'dec a 1 laconic, Tit-Coq : un temps, on ctait plus que des amis, on était deux Irčres, tu le sais. Puis je me serais feudu en quatre pour toi... i'l T-coq Pas de sentiment, hein ? JL AX-PAUL Ma soeur, j etais sur quelle deviendrait (a leníme. Puis j'en étais bien Tier. Mais, aprěs ce qui est arrive, t'as plus affaire á elle. Coinprends-tu ? T'as plus aflaire á elle. II !'-(:< Kl li,h ben ! si tu le prends sur ce ton-la, je vais y aller carré ;i mou tour : Marie-Ani>e, je laime toujours. . JLAX-PAUL C^a, je m'en doutais, figure-toi. 1 'I'l"-<:()(^ Mais ce que tu sais peut-etre pas, e'est que m'aitne encore. •lie aussi (Jncrédulc.) Ouais ? |1. W-I'AI I 1'-('.( )(,) Si jc la i perdue, e'est pas de ma faute. YA puis je viens 17* A C T E III d'apprendre quaprcs tout, cest pas de la sienne non plus. JLAN-PAUI. Oii est-ce (|ue tu veux en venir, toi '? 111 -(:< K_) Á ca : pour moi, e'est tout ce qui compte... et puis je la reprends. {Estomoíjué.) Quoi ? JLAN-PAUL n i-cx >q je la reprends, oui, je pars avec elle. C'est-y asscz clair pour toi J KAN-PAUL I'u penscs qu'on va te laisser faire ? 11 l'-c( )q Vous j)ouvez toujours essayer de nous barrer la route, si c,a vous amuse. JLAN-PAUL (A son pere et an Padre.) J'avais devine juste, hein ? (A 'l'it-(ax].) Mais tu te rends compte qu'elle est marice, elle ? Mariee ! Tu sais tout ce qu'il veut dire ce mot-la, par ici 11 I -u )q II veut rien dire pour moi ! J LAN-PAUL Et le mari, lui, qu est-ce que ten fais ? 177 T I T - C O Q ACTE III TIT-COQ Lc mari ? JKAN-PAUI. Tu profiterais de cc qu'il est loin pour lui prendre sa femme cotnnie un voleur ? 111'-C( )Q Que t es bete ! Lui, quand il a voulu nie prendre Marie-Ange, est-ce qu'il ni'a envoye chercher en taxi ? S'il y a un voleur de femme dans le trio, e'est lui. Kt le plus drole de l'histoire, cest qu'au moment ou je reviens, il a etc- eloigne de la meme facon que moi, le voleur. On dirait une permission du bon Dieu — hein, Padre ? — pour me donner la chance de reprendi e c e qui m'appartient. I.F. PADRE Ce qui t'appartient ? (I! a vu I album sur lc sol ou Tit-Coq la lance plus lot, la pns ct, pendant la replique sui-vantc, lc Jeudletlera discretcmcnl pour lc deposcr hicnlol sur un uicuhlc.) TIT-COO. Ce qui m'appartient, oui. S'il y a une benediction de plus de son cote de la balance a lui, de mon bord a moi il y a le droit quej'avais sur ellc avant lui. II y a l'amour quelle a pour moi et quelle a jamais cu pour lui. Kt puis ca, ca nous marie bicn plus qu'un paquet de faire-part, avec un contrat en trois cojues devant notaire. JEAN-PAL'I. Oui, oui ! Settlement, pour partir ensemble, il taut etre deux. l ri-C(JO ( )ui, il laut etre deux. J KAN-l'Al'L Cest ellc t|ui a decide de te suivre ou e'est toi qui cherches ä l'entrainer de force ? TIT-COQ (Ihi moment ehranle, d se lourne vers Mane-Ange.) Cest vrai : je t'ai demande de quitter ton mari pour moi. Mais, toi, tu m'as pas encore repondu. Si tu pars avec moi, il faut que ce soit de ton plein gre, ben sür. Tu te rappelles la lettre que je t'avais envoyee de Thopital, en Angleterre... Jt'.AN-l'AUI. {Rude,) Arrete de I'influencer et puis laisse-la... nr-coQ (Les poings serres, ä Jean-Paul.) Ta gueule, toi ! Cest pas ta vie qui se joue la, e'est la nötre, la seule qu'on aura jamais. (A Marie-Anne.) Je t'ecrivais ce jour-la que je te laissais libre de rn'attendre ou non, malgre ta pro-rnesse. Mais que si tu decidais de devenir ma femme pour la vie, ca devait etre par amour, pas par charite. Ta reponse ä cette lettre-lä, je l'ai jamais eue. II est encore temps que tu me la donnes aujourd'hui. Decide, Marie-Ange. Decide pour nous deux. Une fois pour toutes. (II se reute vers Ventree du balcon.) JEAN-PAUL (Rempla<;ant Tit-Coq aupres de Marie-Ange.) II a menti, hein ? Cest pas vrai que tu veux le suivre ? 178 179 T l T - C O Q ACTE III marie-anck Je 1'aime... ct jc Paimerai toujours. jkan-pauk Mais lu vas pas partir avec lui ? marie-anuk Que je laime, ca test egal. Ce que tu pourrais pas accepter, c'est qu'en le suivant, jc nuise a la reputation dc la famille. jkan-pauk A la tienne aussi : une femme qui lache son tnaii pour un autre, tu sais ce que ga vaut pour tout lc inoiulc ? marikanuk Si je dois avoir honte de quclquc chose, c "est dc pas ľavoiľ attendu, lui, et d'avoir épousé un homnie que j'ai jamais eu dans le coeur. jkan-pauk Lc pere et la mere, tu as pense a la peine (pie tu leur lerais ? M \Ri! - \.\( .1 (Ilcsitc un instant, puis sans oscr recorder son pcrc, ijui \uil ľaction dii fond dc la stcnc.) Oui, p'pa. Je sais que vous a u rez du chagrin. M'man aussi. Je lc rcgrette, bien gros. Mais taut pis ! Je serai pas plus a blánier (pie vous ľavez été, tons ensemble, quand vous m'avez jete'e prcs-quc de force dans les bras cľun autre. jkan-l'Al'l. lis t'aiment tellement que tout re qu'ils voulaient, c'était... 1B0 marie-ange (L 'exaspaatwn ha a fait elever la voix.) S'ils m'aiment tant que c,a, ils seront contents dc me voir heureusc, de la scale lacon que jc pourrais l'etre. jkan-pauk Mais (,a fait pas une heurc epje tu l'as revu. C'est im-possiblc epic... marik-ange (Exaltee.) Oui, Jean-Paul, je le suivrai ! Je le dis aussi claircnicnt queje peux. (Elk vietit vers lit-Coq.) Je te suivrai, Tit-Coq. Jc tc suivrai aussi longtemps cjue tu vou-dras de moi. tit-coq (Aux attires.) Lllc tnc suivra tant que je voudrai d'elle. Avc/.-vous jamais i ien entendu dc plus beau ? jkan-pauk (Bldne dc rage, il jonce vers Til-Coq.) Si tu pars avec elle, toi, ce sera aprcs que je t'aurai casse la gueule ! Ca, c 'est a faire ! tit-coq jkan-pauk Oui, c'est á íaire... (Ils sunt déja aux prises.) kk padre (hitervenant.) Jean-Paul, non ! (// les séparé.) C'est pas une solution, ca. tit-coq (l)ésignant le Padre.) II sait ben, lui, que l'amour, ca se tue pas á coups de poing. 181 T I T - C O Q ACTE III JKAN-I'AUI. (Au Padre.) Commc c,a, on va lcs laisser partir... sans cssayer de... ? I.K PADRK (Lepoussant vers la sortie.) Va... Jc tc rejoins en has dans cinq minutes. l.K l'KRK Attends-moi, Jean-Paul. (// merit vers lit-Coij.) Mon garcon, quand on t'a rec,u a bras ouverts dans la (amille, pour No'el, il y a deux ans passes, on etait loin d'imaginer que l'hospitalite qu'on t olfrail nous portcrait mallieur un jour, a moi et a tons les miens. (.1 Mane-Ani>e.) Maric-Ange, ma chouette, on a pcut-ctte eu des (oris en voulant pour toi une sorle de bonhcur que tu desirais pas. C'est pour ca qu'on n'aura pas le droit de t 'en garder rancune et que tu seras toujouts la bienvenuc dans la maison, aussi souvent que tu voudras venir nous embrasser. (Se toumarit vers Tit-C.oq.) Mais toi — tiens-toi le pour dit — jamais tu rernettras les pieds chcz nous. Jamais, .moi vivant ! las eonipris La laniille Dcsilets, c'est fini pour toi ! (// sort avec Jean-Paul.) ri T-ooq. (Sounlement, an Padre.) Vous, il y a longtemps (pie je vous vois venir du coin de l'oeil. Vous allez me parler dc la Sainte Eglise et de son catechisme, avec des peches an bout gros commc le bras : vous pouvez y aller, mais je vous previens que je vous attends avec une brique et un fanal ! KK I'ADRK (Calme.) II ne sera pas question de religion. n r-cc >o_ Non. Parce cjuc le peche, voyez-vous, il parait qu'on a etc laits la-dedans, nous autrcs, les batards. C'est notre [)erc, le peche, c'est lui cjui nous a mis au monde. Ce qui revient a dire qu'on le connait, et qu'il nous en impose moins qu'au reste de la chretiente. Le Tout-Puissant, commc vous l'appelez, je reglerai mes comptes av<-c lui, en temps et lieu. Et je suis tranquille : il a ("esprit large, lui. il comprend le bon sens. S'il nous a intioduits sur la terre en cachette par la porte d'en an ieic, il trouvera bien le moyen de nous laisser entrer au paiadis de la meme fa<;on. MARIK-AN(iK Moi aussi, Padre, je vous previens : je me fiche pas du bon I )icu, mais vous gagnerez pas grand-chose en me fai-sant la morale. I.K KAURI- Je le i epetc : je ne vous parlerai pas de religion. TIT-COQ Non ! Vu (jue la religion et le bon Dieu, ca fait deux ! Quant a lui, le createur, s'il est infiniment juste, com me vous le chantez, il sera bien force d'admettre que tout ce (ju'il m'a donne a aimer, c'est cette enfant-la, et que j'ai lien (ait pour la perdre... Et que j'ai droit a mon petit bonhcur, autant que n'importe qui... et que je la garde, entendez-vous ? Je la garde ! I.K I'ADRK (Apies un temps.) Prends-la. 1R7 18? T I T - C O Q ACTE III tit-cuq (Qui croit avoir mat compris.) Quoi ? leradre ! Prends-la, ta Marie-Ange, et pars avcc elle, sans te preoccuper de l'au-dela. Oui, c'est vrai : Dieu est infini-ment juste... iii c( >u Certain ! j i.ei'adre ' Quand tu paraitras devant lui, il ne pourra pcut-ctre mcme pas t'en vouloir : tu l'auras payee tellemc-nt cber, J ta vie avec elle, tcllenient cher que tu en auras expie sur i la terre tout ce qu'ellc pourrait avoir eu de condamnablc. tit-ooq 1 (Abasourdi.) Qu'est-ce que c'est cjuc cctte bistoire-la , i lepadre j Alors, Marie-Ange, tu veux quitter ton mari pour sui- \ vre Tit-Coq ? i marie-an(;e j (liutee.) Oui. j i le padre Ce geste-la, tu sais qu'il est ties grave de consequences. Mais tu es decidce a le j)oscr en te disant qu'au moins tu rcndras heureux un pauvre diablc qui mcri-terait bien de l'etre. m.-\r ik-an(; i'll a rien que moi au monde. I \. padre (.SV//M ununosite.) Kb ! bien, tu tr trompes : c'cst son inallicur que tu vas (aire, son malheur et le ticn. 11 !'-(:< h+ Si vous voulc/ nous apprendre qu'on sera malhcurcux vu qu'on n'aiira pas les losses bien assises dans le manage, vous vous troiupez, parce qu'il est encore possible pour elle (Les poings serrrs.) Cest assez. i.k i work Vous avez raison : l'ainour, c'est plus fori que tout. Mais il faudrait s'entendre sur le sens cm on donne au mot amour. II en a plusieurs. Et certains sont plus foils epic les autres. C'est lá tout ton probléme, Tit-Coq. n!-(()q (/I la fois menacant et pitoyable.) CI est assez... (''est assez ! kk padre Oui, c'est assez. Ce que j'avais á dire pour vous con-vaincre, je Tai (lit. (Se préparant a partu.) Je ne peux rien de plus. J'ai essayé dc faire la lumiére : vous ctes libres dc voir clair ou dc fermer les ycux. (// sort.) 'in-coy (i/n instant désemparépar la retraüe subile du Padre.) Tu vas pas 1c croire, Hein ? Tu vas pas te laisser arracher de moi parce qu'il a passe entre nous, lui ? marie-ange (Accablée.) II a raison, il a raison... TIT-coq Non ! marie-ange Maintenant quem est seuls, tu peux bien Tadmettre. J'ai tout gaché... TM'-coy Non, Marie-Ange, fallait pas 1'écouter. marie-an(;e ... Tout gaché. Quel dommage, (juel dornmage ! i rr-c(j(^ Cc qu'il voulait, c etait t'humilier, pour que je me tourne contre toi. Mais aie pas honte... aie honte de rien ! Je ťai pardonné, entends-tu ? lout ce que tu as fait, cest efface, cest fini ! marie-ange I'u me pardonnes... 190 191 TIT-COQ A C T E III TIT-COQ Oui, parce que la faiblesse humaiue, c est pour les humains. Et a tout pee he misericorde. MARIh-AN(,r, On pent tout se faire pardonner, ineine d avoir tue... Mais le pardon ressuseite pas ee qui est inort. he pardon efface pas les consequences. TIT-COQ Je les accepte, les consequences ! MARli.-ANCI. Maintcnant, oui, sans trop savoir ce que tu dis... Mais pour combien de temps ? TIT-C( )Q Je te jure, Marie-Ange, queje t'aimerai toute ina vie ! MARIE-ANGK II faut taut de raisons pour aimer toute la vie Tu en aurais tellenient den vcnir a me detester ! I I l'-C.( )Q (Sealant (ju'elle lui eehappe.) Jamais je te quitterai. jamais ! MAR IK-AN OK Le jour on tu te debattrais eontre la tentalion d'allcr chcrchcr ailleurs ce que tu voulais, ce que tu voudras tou-jours, qu est-ce que j'aurais, moi, pour te rctcnir :' 1 IT-COQ [Desespere.) Tu aurais l'enlant... lVnlant que tu peux encore me donncr ! marik-anch ()ui... je jxmnais te le dormer, ce hel enfant-la. Mais tu m'en voudiais toujours d'avoii fait en sorte (ju'il vienne an monde comme toi... par ma faute... Qa non plus tu me le pardonnerais jamais. i n -coq (.S f.st I at su' I urn ha sur une chaise, les yeux dans ses poings.) maril-angl [A/nes un temps.) J ai dit que je te suivrais aussi long-temps que tu voudrais de moi. Et ricn ni personne n'au-rait pu rn'cn empecher. Mais tu ne veux plus de moi, au fond de ton coeur. Tu ne veux plus de moi... 11T-COQ {Puislie, ne lepnndpas.) marie-angl' Depuis cjiie je sais tout ce que je vietis d'apprendre, je me pose une question... une question grave : m'aurais-tu aimee autant, J'it-C^ocj, si tu m'avais pas connue au milieu de tons les miens... si j'avais ete sans famille comme toi Tu ne te serais pcut-etre pas attache a moi plus qu a une autre. C'est ce queje tacherai de croire... pour me consoler du grand malheur de t'avoir perdu betement. (Ihi temps.) Maintcnant pars, pendant qu'on voit Hair. Va-t-cn, sans regarder en arrierc, jamais... et oublie-moi. ii i-coq (Repousse I 'idee, la tele dans les mains.) Non... r / O Q marie-ange Cest pas facile, pour moi non plus, de te detnander ca, tu peux me croire. Mais j'aurai en au nioins ce courage-la dans ma vie. (Soumise á I'lnevitable.) Oui, tu vas m'oublier : ce que je ťai volé, il faut qu'unc autre tc le rende. Autrement, le sacrifice qu'on fait serait perdu. (Sans le regarder.) Va, Tit-Coq, va ! nr-coQ. (S'est levé pémblement. Á travers sa peine, sans jeter les yeu.x sur elle et presque tout bas :) Adieu. MAR1E-ange (Dans un souffle.) Oui... adieu. (// sort, comme un homme harašsé qui commence un long voyage.) RIDEAU 194 CRITIQUE (...) / tl-Cnq. on le suit, ;i etc reijU par la critique quebecoise et canadiennr, sauf exceptions rarissimes, comme unc revelation oU one ( unlit mal ion des talents de tout un peuple en rncrnc temps que de sa soulfrance refoulee. « C est un record, un record incontestable, et ä (livers titres... », proclame Jean Beraud {la Presse). Kugene l.apierre (If Devmr) risque le mot de chef-d'oeuvre ». « hl-Cnij comble tons nos vocux », assure Roger Uuhamel (Mnriirnil-M(ilin). « / ü-Coq est l'une des oeuvres les plus originales et les plus poignantcs du theatre moderne. II y a des moments qui sont dime tendresse exquise ou dune violence terrible, ou d'une gouaille plus terrible encore, souvent qui sont tout cela ä la fois, des moments qui out fort peu d'egaux sur la scene contempo-raine », ect it un correspondant de guerre et futur premier ministre, Rene Levcsque (le (.lairon). « Si Jean-Paul Sartre fait sa cour ä l'intrlleciuel, au cerebral, M. Gelinas s'adresse, lui, au peuple. Et par un heureux rcbondisseinent, il satisfait en meme temps 1'hom-me instruit... », conclut de son cöte Maurice Huot (la Paine). « Que Gelinas sachc bicn que tout le Canada franc,ais le re-garde », avertit le pere Kniest Gagnon (Relations). Comment ne le saurail-il pas ! < )n le compare ä Chaplin, ;i Pagnol, ä Mo-lieie ; on rappnxlic son oeuvrc dc Atana Chnjulelaine., dc Menaud, d'<.■';/ hormnr et son fifc/ir. On le prcsente, ä droitc et a gauche, comme la « voix » privilegiee de notrc « änie » collective, ä la fois temoin, defenseur, ambassadeur, etc. (...) lit-C.oq a vicilli, Inen vieilli, comme un meuble d'epoque, rusti(|iie, authentique. On relit la piece avec interet. Sans doute faut-il maintenant la residier dans son cohtexte : la guerre et ses sequHles. (...) I,es i.inllils totalises el dates de 7i/-(7w/ onl unc signilit ation historique. On pourrait revoir la piece ä la lumiere de (Jjiibec, jinnlemps IUI«, dramatisation dc l'historien Jean Fro-vencher. Kt evidemment cVUn simple soldal de Dube, dont le heros-victime a plusieurs traits de Tit-Coq : mi-orphclin, mi-revolte, etc. Iit-(.'o,j a maintenant une posterite et un nouveau contexte. Yingt ans avant Trcmblay ou Germain, Gratien Gelinas a pre-conise pour le Quebec un theatre «national et populaire », suivant la double epithete misc ä la mode par Jean Vilar en France. Prudent, habile, Gelinas prend soin de citer ä l'appui de sa these une pleiade d'autorites : Claudel, Copeau, Gheon, Girau-doux, Jouvet, Barrault... II se defend de vouloir bannir les oeuvres