France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 1 VII. ĽEDUCATION VII. ĽEDUCATION....................................................................................................................................................... 1 CHRONOLOGIE ..................................................................................................................................................................... 1 LES GRANDES ÉTAPES DE LA SCOLARISATION DE MASSE...................................................................................................... 2 Les années soixante : " ľexplosion scolaire " et le collge unique ................................................................................ 2 1985-1995 : 80 % au niveau bac.................................................................................................................................... 3 Les années quatre-vingt-dix : ľuniversité de masse....................................................................................................... 3 ĽORGANISATION DU SYSTME ÉDUCATIF............................................................................................................................ 4 Ľécole maternelle : une réussite méconnue................................................................................................................... 4 Ľorganisation générale ................................................................................................................................................. 4 Organisation de ľenseignement..................................................................................................................................... 5 Ľenseignement primaire...............................................................................................................................................................5 Le collge unique ..........................................................................................................................................................................5 Les ZEP.........................................................................................................................................................................................6 Les lycées pluriels .........................................................................................................................................................................6 Organisation pédagogique des lycées............................................................................................................................................6 Les enseignements supérieurs........................................................................................................................................................7 Les grandes écoles.........................................................................................................................................................................7 A NOUVEAUX PUBLICS, NOUVELLES AMBITIONS ÉDUCATIVES.............................................................................................. 8 A nouveaux publics......................................................................................................................................................... 8 ... nouvelles ambitions .................................................................................................................................................... 9 La formation professionnelle continue........................................................................................................................... 9 Ľécole française du XXIe sicle n'a plus grand-chose voir avec celle des années cinquante, encore largement marquée par ľhéritage de Jules Ferry. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le systme éducatif français a connu des mutations assez profondes, notamment en réponse une forte croissance de la scolarisation aprs ľécole primaire. Successivement, le collge, le lycée puis ľuniversité ont ouvert largement leurs portes aux nouvelles générations. Ľéducation s'est massifiée et a d s'adapter pour scolariser des publics nouveaux. Elle n'a cessé de réformer son organisation pour prendre en compte ľallongement de la durée des études. La démocratisation des études s'est imposée pour faire face la fois une demande sociale pressante et aux transformations socio-économiques de la société exigeant une élévation du niveau de qualification des actifs. Ce processus n'est pas terminé, mais il suscite, en France comme ailleurs, des interrogations de plus en plus fortes relatives aussi bien la portée réelle de ľégalité devant ľécole qu' ľadéquation des formations ľemploi. Chronologie * 1881-1882 : Lois Jules Ferry sur un enseignement primaire gratuit, obligatoire (jusqu' 13 ans révolus) et lac. * 1959 : Ľobligation scolaire est portée 16 ans. Les cours complémentaires (des écoles primaires) deviennent des collges ďenseignement général (CEG). * 1963 : Création des collges ďenseignement secondaire (CES) par transformation des CEG et des classes de premier cycle des lycées, et des collges ďenseignement technique (CET). * 1965 : Création des baccalauréats de techniciens et du brevet ďétudes professionnelles (BEP) qui complte le certificat ďaptitude professionnelle (CAP). * 1966 : Création des instituts universitaires de technologie (IUT). * 1968 : Loi Edgar Faure réorganisant ľenseignement supérieur, favorisant ľautonomie, la participation et la pluridisciplinarité. * 1973 : Création du diplôme ďétudes universitaires générales (DEUG). Professionnalisation de certaines filires dans le cycle supérieur. France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 2 * 1975 : Création du collge unique par la fusion des filires des CES au niveau du cycle ďobservation. * 1976 : Remplacement des collges ďenseignement technique (CET) par les lycées ďenseignement professionnel (LEP) puis par les lycées professionnels (LP). * 1981 : Création des zones ďéducation prioritaire (ZEP). * 1982 : Lois de décentralisation qui étendent les pouvoirs, en matire de construction et de fonctionnement, des communes sur les écoles, des départements sur les collges et des régions sur les lycées. * 1985 : Le lycée technique devient le lycée technologique. Création du baccalauréat professionnel (bac pro) préparé dans les lycées professionnels aprs le BEP. * 1989 : Loi ďorientation qui fixe comme objectif de conduire ľensemble ďune classe ďâge au minimum au CAP ou au BEP, et 80 % au niveau du bac. Création des instituts de formation des maîtres (IUFM). * 1992 : Naissance des lycées ďenseignement général et technologique. * 1993 : Rénovation de la classe de premire et création des filires L (littéraire), S (scientifique), ES (économique et sociale), STI (sciences et technologies industrielles) et STT (sciences et technologies tertiaires). * 1997 : Réforme François Bayrou de ľuniversité. * 2002 : Harmonisation des diplômes universitaires européens autour des grades LMD (licence, master, doctorat) et de ľadoption du systme européen ďunités capitalisables et transférables, dit systme européen de crédits (ECTS). Les grandes étapes de la scolarisation de masse Ľhistoire du systme éducatif français depuis la Libération a été rythmée par trois grands chocs démographiques, trois vagues de scolarisation touchant successivement le collge, le lycée puis ľuniversité. Jusqu' la Seconde Guerre mondiale, ľégalité devant ľécole s'arrtait la fin de ľécole primaire. Progressivement, ľexigence ďégalité va se porter sur des niveaux de plus en plus élevés du systme scolaire. De nouveaux publics vont pénétrer les classes de ľenseignement secondaire puis les amphithéâtres de ľuniversité jusqu'alors réservés aux enfants ďorigine sociale plutôt privilégiée, modifiant ainsi ľorganisation mais aussi le rôle de ľécole dans la société française tant du point de vue de ses structures, que des contenus ou du métier ďenseignant. Le collge unique, ľobjectif des " 80 % niveau bac " et ľuniversité de masse ont été les réponses cette demande de démocratisation des savoirs. Les années soixante : " ľexplosion scolaire " et le collge unique La poursuite de plus en plus massive des études aprs ľécole primaire a formé, dans les années soixante, le premier choc qualifié ďexplosion scolaire. Elle a bouleversé ľorganisation du premier cycle de ľenseignement scolaire aboutissant dans les années soixante-dix au collge unique. En partie liée au boom démographique, mais pas seulement, la reconnaissance de ľimportance de la hausse du niveau de scolarisation des jeunes Français met mal une organisation duale de ľenseignement secondaire héritée, la fois de ľépoque napoléonienne et de Jules Ferry. Jusqu'aux années cinquante, le systme éducatif français était organisé en deux niveaux parallles, primaire et secondaire, ne concédant ľimmense majorité de la population que la seule éducation primaire, réservant une élite et quelques boursiers méritants ľaccs aux lycées. La démocratisation de ľenseignement secondaire a ďabord été un projet porté par la gauche du Front populaire. Elle sera reprise par les élites modernisatrices des Trente Glorieuses (1945-1975, période de forte croissance économique) soucieuses de répondre au besoin de qualification qu'impose ľimpératif industriel. Elle s'est traduite par la création ďun premier cycle du secondaire progressivement unifié, destiné tous les enfants sortant de ľécole primaire. France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 3 Ľallongement de la scolarité obligatoire seize ans et la transformation des cours complémentaires ďenseignement primaire supérieur en collges ďenseignement général, en 1959, précdent la création des collges ďenseignement secondaire en 1963. Ils ont créé les conditions de la démocratisation de ľenseignement secondaire. Ľenseignement professionnel n'échappe pas aux transformations. Ľindustrie exige des qualifications nouvelles, ce qui se traduit notamment par la création de nouveaux diplômes, comme le brevet ďétudes professionnelles (BEP), moins spécialisé que les certificats ďaptitude professionnelle (CAP) et les baccalauréats de technicien. Néanmoins, tous les enfants ne suivent pas les mmes études au collge, dans lequel des filires trs distinctes continuent cohabiter. Ainsi, les préparations au CAP en trois ans la sortie de la classe de cinquime subsistent car elles correspondent ďune part, une demande des entreprises, et, ďautre part, une conception des collges plutôt comme des petits lycées que comme une école moyenne pour tous. On observe toutefois une sensibilité croissante au refus de la sélection, une perception grandissante des orientations vers le professionnel comme un échec, malgré des tentatives de limiter les enseignements généraux pour favoriser les enseignements techniques et professionnels. Dans ce contexte, ľenseignement privé apparaît parfois comme une façon ďéchapper ľéchec des élves dans le public. La réforme Haby créant les collges uniques en 1975 clôt cette période. Elle est censée offrir tous les enfants un mme enseignement jusqu' ľentrée au lycée, tre cette école moyenne, fondamentale dont certains rvaient depuis les années trente. 1985-1995 : 80 % au niveau bac Ľaugmentation des effectifs en collge ne se répercute pas immédiatement dans le second cycle de ľenseignement secondaire. Les effectifs lycéens croissent mais sans commune mesure avec le nombre de collégiens. Il faut attendre le milieu des années quatre-vingt pour assister une nouvelle vague de scolarisation concernant cette fois-ci le lycée. En 1989, une loi ďorientation pose le principe de la généralisation de la scolarisation jusqu'au terme du second cycle et fixe comme objectif de conduire 80 % de la classe ďâge au niveau du baccalauréat. Ce principe exprime ľambition ďune hausse nouvelle du niveau ďéducation des Français. Les effectifs des lycées de ľenseignement secondaire croissent alors rapidement. Le nombre de bacheliers passe de moins de 30 % ďune classe ďâge en 1985 plus de 62 % en 1995, pour stagner plus ou moins depuis lors. Si le collge, du moins formellement, offre un enseignement unique, les lycées proposent des filires diversifiées. Ľaugmentation du pourcentage des bacheliers est certes obtenue par une croissance des bacheliers généraux qui passent ďenviron 20 % en 1985 prs de 38 % ďune génération en 1995 (33 % en 2001), elle s'explique cependant encore plus par la croissance des bacheliers technologiques (passant de 10 % 18 %) et surtout par la création ďun bac professionnel en 1985. Ce nouveau diplôme professionnel, préparé dans les lycées professionnels aprs le BEP, représente désormais plus ďun bac sur six. Depuis 1995, le pourcentage de bacheliers généraux dans une génération baisse alors que les proportions de bacheliers technologiques et surtout professionnels continuent ďaugmenter. Les années quatre-vingt-dix : ľuniversité de masse Alors que la montée des effectifs lycéens n'avait pas suivi immédiatement celle des collges, la hausse du nombre des étudiants prolonge quasi immédiatement celle des lycéens. Ce n'est pas la premire fois que les universités connaissent une forte croissance. Ainsi, les effectifs avaient déj quadruplé entre 1958 et 1968, entraînant une premire diversification des étudiants comme des enseignants, mais sociologiquement le recrutement restait assez sélectif. France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 4 Avec ľélévation du nombre de bacheliers dans les années quatre-vingt/quatre-vingt-dix, ľabsence de toute sélection ľentrée des universités, comme la gratuité de cet enseignement supérieur, vont contribuer une augmentation quasi immédiate du nombre des étudiants. Il ne s'agit plus seulement des bacheliers des filires générales, ils proviennent aussi des filires techniques, voire des bacs professionnels. De nouveaux publics entrent ainsi massivement dans ľenseignement supérieur dont les effectifs passent de 1,17 million en 1980 plus de 2 millions en 1995 pour se stabiliser depuis. Le niveau de fréquentation de ľenseignement supérieur français se situe un rang moyen dans les comparaisons internationales. Ľorganisation du systme éducatif Cette rapide rétrospective historique permet de comprendre dans quelle dynamique s'inscrit le systme éducatif français. Face une demande accrue ďéducation et une exigence ďélévation du niveau de qualification des jeunes, il s'est transformé assez profondément. Les jeunes qui fréquentent les collges, les lycées et les universités et les parcours qu'ils suivent n'ont plus grand- chose voir avec ceux de la IIIe et de la IVe République. Néanmoins, certains principes éducatifs qui commandent ľéducation française depuis le XIXe sicle sont toujours présents et assurent une certaine permanence face aux changements dans ľorganisation du systme éducatif français. Ľécole maternelle : une réussite méconnue Ni garderies ni jardins ďenfants, les écoles maternelles, créées en 1881, sont des établissements ďéducation qui reçoivent les enfants de 2 6 ans. Dotée ďune identité originale et ďune culture adaptée ľâge et au développement des enfants qu'elle accueille, ľécole maternelle met en oeuvre une pédagogie spécifique. Les enseignants offrent chaque enfant un cadre de vie et une organisation des activités qui favorisent son autonomie et lui laissent le temps de vivre ses premires expériences tout en favorisant de nouvelles acquisitions. La scolarisation en maternelle n'est pas obligatoire, mais elle fait ľobjet ďune forte demande. A cet égard, le cas de la France est exceptionnel : plus de 99 % des enfants de 3 ans fréquentent ľécole maternelle, en majorité dans ľenseignement public. Ľécole maternelle permet aux enfants scolarisés de faire ľapprentissage de la vie en société, de former leur personnalité et de développer la pratique du langage. Elle permet aussi le dépistage des difficultés sensorielles, motrices ou intellectuelles et favorise leur traitement précoce. Pour les enfants de milieux défavorisés, elle est un instrument efficace ďinsertion. Enfin, les plus grands peuvent y commencer ľapprentissage de la lecture. Des observations rigoureuses ont permis de démontrer la bonne influence de la préscolarisation sur la suite de la scolarité. Ľorganisation générale Globalement, ľorganisation actuelle du systme éducatif se caractérise par une architecture assez simple. A la base se situe ľenseignement primaire qui regroupe les maternelles et ľécole primaire. Ce regroupement traduit le désir ďétablir une continuité entre la maternelle et ľécole primaire en commençant les apprentissages fondamentaux chez les tout-petits avant de rejoindre ľécole primaire. Les jeunes enfants ont la possibilité ďentrer la maternelle deux ans, et c'est une particularité française qui est un grand avantage pour les femmes qui travaillent. 35,5 % des enfants de deux ans sont scolarisés, ceux de trois ans étant scolarisés quasiment 100 %. La scolarité devient obligatoire six ans. Aprs cinq années ďécole primaire, les enfants accdent ľenseignement secondaire, qui est divisé en deux cycles. Le premier cycle est celui du collge unique (mme s'il subsiste des voies dérogatoires) qui débouche pour la grande majorité des élves sur le deuxime cycle et ses lycées France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 5 professionnels, généraux et technologiques. Les lycées conduisent désormais plus de 60 % des enfants ďune classe ďâge au baccalauréat. Tous les bacs, toutefois, n'offrent pas les mmes débouchés, et le deuxime cycle de ľenseignement secondaire, tout comme ľenseignement supérieur, sont en réalité des ensembles trs différenciés. Tous les bacs donnent le droit ďaccs ľuniversité, mais certains bacheliers ont davantage de possibilités liées la spécialisation de leur baccalauréat. Le plus grand nombre se retrouve dans les universités, au sein desquelles les établissements, les disciplines, les spécialisations bénéficient de réputations assez diverses. Une minorité de bacheliers poursuit ses études dans les classes préparatoires situées dans les lycées les plus prestigieux qui préparent les élves aux concours des grandes écoles. Il existe également des sections de techniciens supérieurs au recrutement assez sélectif pour les meilleurs des bacs techniques. Organisation de ľenseignement Enseignement supérieur Universités STS-IUT (section de techniciens supérieurs - institut universitaire de technologie) (enseignement technique) CPGE (Classe préparatoire aux grandes écoles) grandes écoles Enseignement secondaire Deuxime cycle, 15 18 ans Premier cycle, 11 15 ans Lycée général et technologique Collge unique Lycée professionnel Enseignement primaire Enseignement élémentaire (écoles primaires), 6 11 ans Enseignement préélémentaire (maternelles), 2 6 ans Ľenseignement primaire Ľenseignement primaire est resté largement ľécart de la montée de scolarisation, puisque tous les enfants bénéficiaient déj de la scolarisation obligatoire et gratuite de cet enseignement. Les écoles ne sont pas pour autant restées immobiles et ont connu notamment des évolutions du contenu des enseignements et de la conception du métier ďinstituteur. Ľécole primaire est ľinstitution chargée ďinculquer les savoirs premiers et ľapprentissage de la citoyenneté. Le métier ďinstituteur, devenu professeur des écoles partir de 1990, a beaucoup évolué. Les années soixante ont vu la fin ďune école primaire fermée sur elle-mme, sans finalité extérieure, au profit ďune école conçue de plus en plus comme une sorte de préparation ľentrée dans ľenseignement secondaire. La sortie de ľécole primaire ďenfants ne maîtrisant pas les savoirs fondamentaux est devenue inacceptable, et la lutte contre ľéchec scolaire et ľillettrisme sont des enjeux nationaux. Ľidée que ľécole républicaine puisse échouer devient ďautant plus intolérable que le primaire n'est qu'une premire étape vers le collge. Pour prendre en compte ces problmes, on a réorganisé le début des apprentissages fondamentaux, procédé une succession de réformes pédagogiques sur ľapprentissage du français et des mathématiques, limité les redoublements, instauré des zones ďéducation prioritaires (ZEP). De ľinstituteur des IIIe et IVe républiques (1870- 1958) au professeur des écoles des années deux mille, le métier a évolué et s'est diversifié, mais paradoxalement la reconnaissance obtenue avec le titre de professeur des écoles a été accompagnée ďun sentiment de désacralisation, voire de dévalorisation du métier. Le collge unique France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 6 Le collge unique, aujourďhui objet ďune vive discussion, est une des grandes réponses la scolarisation de masse. En principe, aprs la fin de ľécole primaire, tous les enfants fréquentent un collge unique, c'est--dire un mme enseignement dans tous les collges. Les filires ont été supprimées, mais il existe des sections ďenseignement général et professionnel adapté (SEGPA) qui accueillent plus de 100 000 enfants en grandes difficultés scolaires et/ou sociales. Le collge unique a pour objectif de réduire les inégalités entre élves. Pour remédier aux difficultés socioculturelles qui peuvent se présenter de nombreuses solutions ont été imaginées : la discrimination positive avec les ZEP, la rénovation pédagogique, ľautonomie des collges pour mettre en place un enseignement différencié (renforcé pour les uns, spécifique pour les élves en plus grande difficulté)... Les réussites sont indéniables, mais il existe encore des inégalités devant ľécole. Le collge unique a été pensé pédagogiquement non pas en continuité avec ľécole primaire, mais en anticipant le lycée . Les contenus et les enseignants n'ont pas toujours été préparés pour les nouveaux publics qui arrivent au collge, et la réforme se poursuit afin de répondre aux exigences ďacquisition des savoirs et de prise en compte de la diversité des élves et des difficultés rencontrées par certains ďentre eux. Les ZEP La politique des ZEP, initiée en 1981, a pour objet de renforcer ľaction éducative dans les zones o les conditions sociales sont telles qu'elles constituent un facteur de risque, voire un obstacle pour la réussite scolaire des enfants et adolescents qui y vivent et donc terme pour leur intégration sociale. Ľobjectif premier de cette politique est ďobtenir une amélioration significative des résultats scolaires des élves notamment des plus défavorisés. Cette lutte contre ľéchec scolaire englobant les écoles, les collges et les lycées doit reposer sur un " projet de zone " cohérent, mis en oeuvre par une équipe pédagogique constituée cet effet, et chargée ďimpulser les actions et ďassurer le suivi. Il y a plus de 6 500 établissements ZEP en France, dont 85 % ďécoles primaires, et 12 % de collges. Source : Repres, références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche, ministre de ľÉducation nationale, édition 2001. Les lycées pluriels Jusque dans les années quatre-vingt, ľissue du collge, il y avait les élves qui allaient vers ľenseignement professionnel court ou en apprentissage, et ceux qui entraient en seconde du lycée général. Les uns fréquentaient le collge ďenseignement technique (CET) rebaptisé lycée ďenseignement professionnel (LEP) en 1976, afin de suivre une formation courte pour déboucher sur la vie professionnelle. Les autres fréquentaient le lycée, soit ľenseignement général soit un enseignement technique long pour préparer le baccalauréat. Petit petit, ľenseignement professionnel court a été réduit, et avec la création du bac professionnel, la grande majorité des élves, ľissue du collge vont dans un lycée. Ľobjectif de 80 % niveau bac a fait du lycée préparant au bac la norme, les autres orientations (CAP, BEP et plus encore centres de formation ďapprentis - CFA) étant souvent perçues comme des voies de relégation et des signes ďéchec scolaire. Les lycées offrent une grande pluralité de formations. Les filires générales demeurent la référence, mais elles n'accueillent pas la majorité des élves, et plus de 50 % des lycéens préparent soit des bacs techniques, soit des bacs professionnels. Le nouveau statut des lycées professionnels a favorisé ľaugmentation du nombre des bacheliers en France, mais ľidée que la seule voie de réussite passe par les bacs généraux reste profondément ancrée dans les esprits, sous-estimant largement le potentiel important de ľenseignement technique et surtout professionnel. Organisation pédagogique des lycées France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 7 Les lycées ďenseignement général et technologique A ľissue de la classe de seconde, les élves ont le choix entre : - la voie générale qui comprend les séries littéraire (L), scientifique (S) et économique et sociale (ES) ; - la voie technologique qui comprend les séries sciences et techniques industrielles (STI), sciences et techniques de laboratoire (STL), sciences et technologies tertiaires (STT), sciences médico-sociales (SMS). Les lycées professionnels Les élves peuvent y préparer un CAP (plus de 200 spécialités), un BEP (34 spécialités) et un bac professionnel (29 spécialités). Les enseignements supérieurs La démocratisation de ľenseignement supérieur est indéniable, mais il reste marqué par de fortes disparités entre les trois types ďenseignement supérieur qui s'offrent aux bacheliers. Tous les nouveaux bacheliers ont le droit ďentrer ľuniversité, et la grande majorité des étudiants (plus de 60 %) fréquente les universités, mais ľabsence de projet professionnel précis, comme ľinscription dans des filires aux débouchés limités expliquent en partie ľéchec ďun certain nombre ďentre eux au cours des premires années de ľuniversité. Une minorité continue entrer dans les classes préparatoires afin ďy préparer les concours aux grandes écoles. Si le nombre de places a eu tendance augmenter, la sélection est devenue plus sévre puisque le pourcentage des étudiants dans les classes préparatoires et les grandes écoles qui était de 6,8 % en 1960 n'est plus que de 3,6 % en 2000. Il est vrai que, de plus en plus, les grandes écoles réservent un certain nombre de places en admission parallle, 24 % des effectifs des écoles ďingénieurs et 32 % des écoles de commerce en 2002, des étudiants diplômés ďautres filires universitaires. Les sections de techniciens supérieurs et les IUT sont une deuxime option pour ceux qui ne veulent pas aller ľuniversité. Le paysage universitaire français est de plus en plus caractérisé par ľaffirmation croissante ďuniversités la fois mieux gouvernées et plus innovantes, revendiquant leur autonomie. Un corps enseignant plus soucieux de pédagogie et une gestion plus efficace des universités ont favorisé ľévolution des enseignements. Ľoffre de formation se diversifie, des parcours professionnalisants se multiplient, les contenus des enseignements sont rénovés, et des audaces pédagogiques se manifestent. Ľharmonisation des diplômes en Europe est ľétape la plus récente de cette modernisation avec le passage une organisation des cursus universitaires sur le modle licence/master/doctorat. La coopération transnationale entre les universités est encouragée afin de renforcer notamment la dimension européenne de ľenseignement supérieur avec par exemple des programmes comme Erasmus. Les conditions complexes de la mise en oeuvre de la réforme brouillent la lisibilité des enjeux de la construction de ľespace européen de ľéducation et entretiennent les craintes de certains personnels quant la pérennité ďun service public national de ľenseignement supérieur. Origine sociale des nouveaux bacheliers s'inscrivant dans ľenseignement supérieur en 2001-2002 (en %) Catégories professionnelles Université Ensemble Santé IUT STS (*) CPGE (*) Agriculteurs 2,2 2,0 3,3 2,6 7,9 Artisans, commerçants, chefs ďentreprise 7,3 6,8 8,1 8,6 7,4 Professions libérales, cadres supérieurs 30,5 43,2 25,8 14,0 52,1 Professions intermédiaires 18,4 16,9 21,0 16,9 14,7 Employés 15,6 10,9 16,0 16,9 8,8 Ouvriers 14,6 9,8 17,4 25,1 5,3 Retraités, inactifs 8,2 5,8 6,3 11,5 7,2 Indéterminé 3,1 4,6 2,1 4,2 2,7 Source : MEN-DPD Champ : France métropolitaine (*) : Informations disponibles pour les CPGE et STS sous tutelle du ministre de ľÉducation nationale, soit tous les élves du public, 66 % des élves des STS privés et 88 % des élves des CPGE privées. Les grandes écoles France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 8 Les grandes écoles, auxquelles les étudiants accdent aprs avoir réussi un concours trs sélectif, qu'ils ont préparé dans des classes préparatoires durant deux ans en moyenne, sont apparues ds le XVIIIe sicle, dans les périodes de crise de ľuniversité et ľinitiative des pouvoirs publics afin de pourvoir en cadres, par concours, les administrations ; elles ont également été créées ľinitiative des professionnels pour que les entreprises disposent des compétences nécessaires leur développement. Ces écoles comptent plus de 200 000 élves et couvrent tous les domaines du savoir et de la connaissance, des sciences fondamentales aux arts, en passant par les sciences humaines et de ľingénieur, ainsi que les disciplines littéraires, juridiques et administratives. Certaines de ces écoles, parmi les plus prestigieuses, étaient initialement destinées former les personnels les plus qualifiés des grands corps de ľÉtat : Écoles normales supérieures pour ľenseignement, Polytechnique et Saint-Cyr pour ľarmée, École des chartes pour les archives et les conservateurs du patrimoine national, École nationale ďadministration (ENA) pour former les personnels civils de la haute fonction publique. Tout en conservant ces objectifs, la plupart de ces établissements ont élargi leurs formations et les étudiants qui en sortent ne se destinent plus nécessairement au service de ľÉtat. Paralllement, les écoles de commerce et de gestion, telles que HEC, ľESSEC ou ľÉcole supérieure de commerce, ainsi que les écoles ďingénieurs (ENSI), ont attiré un nombre sans cesse croissant de candidats, les besoins des entreprises en personnels hautement qualifiés de ce type étant de plus en plus importants. A nouveaux publics, nouvelles ambitions éducatives Autrefois réservés aux classes aisées et quelques élves méritants, les enseignements secondaire et supérieur accueillent désormais des publics plus éloignés de la culture scolaire traditionnelle. La façon dont ľécole doit s'adapter cette massification donne lieu en France comme dans tous les pays, des débats passionnels sur la place de la pédagogie dans la transmission des savoirs, aussi bien dans la formation des enseignants que dans les classes et les amphithéâtres, sur ľautonomie des enseignants par rapport la demande sociale, sur la place du privé dans le systme éducatif, sur la décentralisation de ľéducation nationale, sur ľouverture de ľécole sur son environnement voire sur ľinternational... Ces débats ont pour enjeux la capacité du systme éducatif prendre en compte les nouveaux publics qui fréquentent les établissements scolaires et universitaires, rénover les pratiques éducatives, imaginer une nouvelle organisation des savoirs, concevoir des institutions éducatives rénovées. A nouveaux publics... Du collge ľuniversité, de nouveaux publics ayant un rapport au savoir fort différent des lycéens et étudiants qui fréquentaient lycées et universités jusqu'aux années soixante ont donc afflué vers ľécole. La démocratisation est incontestable, le niveau scolaire des nouvelles générations ne cesse ďaugmenter et tend se stabiliser un haut niveau depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Certaines inégalités devant ľécole existent toujours, mais des dispositifs de soutien aux élves en difficulté sont mis en place afin ďassurer une véritable égalité des chances pour ľaccs ľécole et la réussite scolaire. Ľancienne école républicaine o maîtres et élves partageaient des valeurs et comportements proches face ľécole, institution séparée et protégée de ľextérieur, a laissé la place une école de masse qui a modifié les processus de sélection et le statut des institutions et des diplômes. Il n'y a pas de sélection par élimination ou rejet hors de ľinstitution, mais ľorientation par ľéchec, la hiérarchie accrue des parcours, les inégalités culturelles sont autant ďobstacles ľégalité des chances. En outre, et peut-tre, surtout, du point de vue des enseignants, le vécu quotidien dans les universités, dans les lycées, mais surtout dans les collges n'est plus le mme. Ľévidence de la relation entre le professeur et ľélve a disparu, le métier ďenseignant a changé. Le rapport entre ľécole et ľextérieur s'est complexifié. Ľextérieur est la fois trop présent quand la demande sociale France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 9 remet en cause ľautonomie de ľenseignant dans sa classe, et trop absent quand les parents ne peuvent relayer ľeffort scolaire. Pourtant des solutions existent, elles passent notamment par la formation des enseignants pour développer leur efficacité et le maintien ďexigences qualitatives élevées envers tous les élves, mme les plus faibles. ... nouvelles ambitions Le collge unique comme le bac pour 80 % ďune classe ďâge suscitent des interrogations sur le niveau de ľenseignement. A quel prix cette massification ? La baisse du niveau comme ľinadaptation de la formation ľemploi sont deux antiennes bien connues. Le bilan est plus satisfaisant qu'on ne le pense parfois, aussi bien au collge, au lycée général que dans les établissements de ľenseignement professionnel. Néanmoins, la crise des savoirs est réelle. Une éducation pour tous et une formation qualifiante n'ont pas le mme sens dans une société urbaine, tertiaire et de haute technologie que dans la France des Trente Glorieuses, les années de forte croissance qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il ne s'agit pas, bien sr, de baisser le niveau des exigences qui conduirait distribuer des diplômes au rabais, mais ďélever et ďadapter le type des exigences pour ceux qui jusqu'alors étaient exclus ďune éducation poussée et de repenser la relation entre la formation et ľemploi. Ni le collge, ni le lycée, ni ľuniversité n'ont parachevé leur transformation. Le collge, chargé la fois de donner tous un savoir minimum et les rgles de la vie en société, évolue pour remplir ces objectifs, et ľinterrogation sur le concept de collge unique et sur la réintroduction des filires resurgit périodiquement. Les campagnes récurrentes en faveur de la formation professionnelle et technique témoignent du malaise qui entoure cette voie de formation en France. Personne ne conteste ľimportance de ces formations, mais les filires générales continuent tre perçues comme la voie royale au détriment des filires professionnelles. Au contraire de ľAllemagne, o il existe plusieurs filires de réussite, les Français ont du mal accorder autant de reconnaissance ľenseignement professionnel qu' ľenseignement général. Sa revalorisation est une pré- occupation constante des pouvoirs publics. Pourtant les grandes écoles sont professionnelles, et une majorité des enfants suivent une formation technique ou professionnelle, sans déboucher aussi souvent que ne le suggre ľopinion commune sur des impasses. Les 7 % de jeunes qui sortent chaque année sans diplôme ni qualification du collge ou des lycées représentent le grand défi auquel doit faire face la politique éducative française. Sans nier ľexistence des problmes, il y a aussi des facteurs ďévolution possible. La création des IUFM, il y a bientôt quinze ans, a témoigné ďune prise de conscience que ľenseignement ne se réduisait pas ľaccumulation ďun savoir transmettre, mais était aussi un métier qui s'apprend. Ľarrivée des nouveaux bacheliers, notamment ceux issus de ľenseignement professionnel et technique dans les universités, a étendu la question des nouveaux publics ľensemble du systme éducatif, ce qui favorise indéniablement une approche moins idéologique et plus pragmatique de la question éducative. Le développement de filires visée professionnelle, le souci de formation débouchant sur des emplois représentent peut- tre ľopportunité ďun changement de mentalité. Or, en matire éducative, ce sont bien les représentations dominantes, plus encore que les pratiques et les institutions, qui changent difficilement. Il faut pourtant éviter de croire qu'en la matire, ľécole dispose de toutes les réponses aux problmes qui se posent elle. La crise de ľécole est aussi ľexpression de la crise de la société. Ľécole ne peut elle seule tre la réponse aux problmes de logement, de la famille, de la ségrégation urbaine... Elle peut tre, en revanche, un formidable outil pour réduire en partie les inégalités sociales de départ, cela suppose probablement ľadaptation ďune certaine idée de ľécole républicaine. La formation professionnelle continue France VII) ĽEDUCATION Ministre des Affaires étrangres 10 En France, les individus peuvent avoir accs tout au long de leur vie la formation soit au titre des formations initiales scolaires ou universitaires pour les élves et étudiants, soit au titre de la formation professionnelle continue pour toute personne déj engagée dans la vie active. Mise en place dans sa forme actuelle au début des années soixante-dix, la formation professionnelle continue mobilise ľÉtat ainsi que les entreprises, les collectivités territoriales, les établissements publics, les établissements ďenseignement publics et privés, les organisations professionnelles, syndicales et familiales. La formation professionnelle continue se caractérise par une construction originale laissant une place importante la négociation collective, et comportant des modalités ďaccs la formation variant en fonction du statut des individus. Les dispositions relatives la formation professionnelle continue sont le résultat ďinitiatives des partenaires sociaux dans des accords collectifs et de ľÉtat dans des lois et des décrets. En fonction de leur statut et des problmes spécifiques de formation que peuvent rencontrer les individus, les partenaires sociaux et ľÉtat ont créé et mis en place différents dispositifs : les formations en alternance, comme le contrat ďorientation, le contrat de qualification et le contrat ďadaptation ; le congé individuel de formation, les conventions de conversion, etc. La formation professionnelle continue est un secteur économique important qui représente 1,7 % du produit intérieur brut français. La loi du 4 mai 2004 relative la formation professionnelle tout au long de la vie a introduit un droit individuel la formation pour chaque salarié, transférable ďune entreprise une autre dans certaines conditions (licenciement économique, fermeture ďentreprise ou restructuration). La mise en oeuvre de ce droit se fera ľinitiative du salarié, en liaison avec ľemployeur. Source : ďaprs Centre Inffo.