Seminární práce z jazyka III - Texte E Les causes de l'unification linguistique […] En 1631, l'Acadie fut intégrée en tant que colonie autonome de la Nouvelle-France sous le nom de Acadie; dans sa plus vaste extension, l'Acadie de la Nouvelle-France couvrait la Gaspésie (Québec), la baie des Chaleurs, le Nouveau-Brunswick actuel et une partie du Maine, l'île Saint-Jean (île du Prince-Édouard), la Nouvelle-Écosse, l'île Royale (Cap-Breton). Au début du XVIII^e siècle, la plupart des émigrants français qui s'étaient établis en Acadie étaient installés tout le long du littoral de la Nouvelle-Écosse. La grande majorité d'entre eux venaient de l'ouest de la France et étaient arrivés avant ceux qui se sont établis dans la région de Québec. Au moins la moitié était originaire de la province française du Poitou et ces émigrants sont géographiquement circonscrits à quelques villages : Martaizé, Aulnay, Angliers, La Chaussée et Guesnes, auxquels il convient d'ajouter le village d'Oiron. Ces villages sont tous situés dans le nord-est du Poitou, ce qui fait partie aujourd'hui du département de la Vienne (86). Ils sont tous localisés à quelques kilomètres les uns des autres. Il n'est pas dû au hasard si quelques centaines de colons ont quitté la région du Loudunais pour l'Acadie. C'est Isaac de Razilly, gouverneur de l'Acadie de 1632 à 1635, ainsi que l'un de ses successeurs, Charles de Menou d'Aulnay (de 1642 à 1650), étaient originaire du Loudunais. Ce sont eux qui entraînèrent de jeunes paysans de la région à fonder une colonie française en Nouvelle-France. Par contre, dans la vallée du Saint-Laurent, les émigrants venaient de trois noyaux relativement équilibrés rattachés aux régions du nord (Normandie et Bretagne), du centre (Île-de-France et Paris) et de l'ouest (Poitou et Saintonge) de la France. De plus, les recherches historiques dans le domaine linguistique ont permis d'établir que la région de Québec a reçu proportionnellement davantage d'émigrants originaires du centre de la France, surtout le région parisienne, que celle de Montréal où l'influence des parlers ruraux de l'ouest de la France a été plus marquée. La région parisienne a donc exercé à Québec une plus grande influence tant de la part du français populaire que du «français du roy», en raison de la présence du gouverneur et de sa cour, des fonctionnaires, des officiers et de l'armée, des ecclésiastiques, etc. À l'opposé, le français de la région de Montréal serait plus tributaire des usages français populaires et régionaux que celui de la région de Québec. Ces trois «parlers» ne sont guère différents entre eux tout en étant distinctifs, et l'intercompréhension demeure très aisée. Il est vrai que le parler acadien est légèrement plus distinct, mais les différences entres le «parler de l'Est» et le «parler de l'Ouest» sont aujourd'hui mineures. Tout au plus peut-on déceler un certain accent plus «montréalais» et une tendance des Montréalais à emprunter plus massivement à l'anglais. Les individus très observateurs peuvent parfois distinguer un certain accent chez les locuteurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean ou ceux du Bas-Saint-Laurent, mais il faut parfois disposer de plusieurs minutes pour distinguer l'accent «montréalais» (Montréal) de l'accent «québécois» (Québec). Certains individus n'y arrivent jamais. Il est plus aisé de distinguer un «accent» chez certains habitants de la Gaspésie, de Havre-Saint-Pierre (Côte-Nord) et des îles de la Madeleine parce que l'origine de beaucoup d'entre eux est acadienne. Quoi qu'il en soit, au cours de la seconde moitié du XX^e siècle, le Québec et l'Acadie ont connu aussi des changements importants de population. En raison de sa grande force économique, la région de Montréal a attiré des citoyens de toutes les régions du Québec (Québec, Saguenay-Lac-St-Jean, Gaspésie), des citoyens des autres provinces (Ontario, Nouveau-Brunswick et Manitoba) et des immigrants internationaux. Au XXI^e siècle, Montréal internationalise davantage son français que la région de Québec, puisque Montréal reçoit 90 % des immigrants internationaux, lesquels parlent un français plus européen. Au Nouveau-Brunswick, les Acadiens se sont «déruralisés» et urbanisés : beaucoup se sont installés dans la région de Moncton, notamment à Dieppe, sans oublier que des Québécois et des immigrants francophones habitent maintenant la grande région de Moncton. Les francophones du Nouveau-Brunswick ne sont plus tous des Acadiens. La langue des «filles du roy» En Nouvelle-France, le «marché matrimonial» des habitants fut un terrain de conquête presque entièrement gagné au français au moment où s'ouvrit la décennie 1663-1673, marquée par l'arrivée massive de quelque 900 filles du roi (ou «filles du Roy»). Au plan linguistique, les filles du roi ont joué un rôle non négligeable au Canada, car c'est également par ces femmes que s'est propagée la langue française. Les filles du roi n'ont pu qu'accélérer le processus d'assimilation des immigrants plus ou moins francisants. En effet, quelque 80 % d'entre elles avaient déjà le français comme langue maternelle; parmi les Parisiennes (la moitié de l'effectif), certaines parlaient même le «français du roy», phénomène plutôt exceptionnel. Le reste du contingent féminin (environ 20 %) était formé probablement de semi-patoisantes (surtout des Normandes, mais aussi de l'Aunis et de la Picardie), de toute façon déjà familiarisées avec le français régional. L'action conjuguée des femmes francisées et francisantes de la première génération, ainsi que de leur progéniture, a sûrement hâté l'usage du français au Canada vers les années 1680-1689. À partir de ce moment, la population canadienne a disposé d'une seule langue promue au rang de langue maternelle, qu'elle allait ensuite façonner à son image et à celle de l'Amérique. Il faut donc souligner que les anciens Canadiens ont constitué la première population francophone du monde à réaliser son unité linguistique, et cela, deux siècles avant la France, et sans véritable intervention étatique. Source : http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/HISTfrQC_s1_Nlle-France.htm#4_Limplantation_du_fran%C3%A 7ais_au_Canada_ [09/10/2011]