4. LE FONCTIONNALISME DANS LA FORMATION DU TRADUCTEUR Les approches fonctioniialistes ont etc elahorees en vue de la formation des traducteurs, domaine dans lequel elles continuent d'etre tres utiles. Engages dans revaluation des traductions proposees par les apprentis traducteurs, les enseignants ont toujours ete conscients du besoin de justifier leurs evaluations par rapport a des criteres bien precis; quand Tetudiant lui demande de trancher entre deux suggestions, le formateur ne peut se contenter d'affirmer tout simplement« 9a depend... » sans autre justification. Bien sur, les enseignants formes en traduction ou ayant exerce la traduction professionnelle savent tres bien que e'est le contextc qui dictc les decisions traductionnelles ; ils ont une conscience intuitive du fonctionnalisme. Des notions theoriques fonctionnalistes sont cependant neeessaires afin de cerner, pour chaque situation, les facteurs precis qui doivent guider le traducteur dans ses choix. Dans sa typologie de textes pour la traduction, Katharina Reiss a pris comme point de depart Thypothese selon laquelle le facteur decisif dans le processus de traduction etait la fonction communicative dominante du texte source. II en resulte que, pour un texte donne appartenant a un type de texte specifique, il n'y aurait qu'une seule facon de traduire, qui consisterait a produire un texte a fonction communicative equivalente. Nous constatons cependant que, dans la traduction professionnelle, ce principe fondamental ne tient pas comme regie generate. En raison de ce defaut duniversalite, les formateurs pourraient etre tentes d'avoir rccours a la reponse traditionnelle « 9a depend... », peut-etre pas dans tous les cas, mais au moins pour la traduction de textes tres specialises. II semble plus raisonnable d' adopter comme guide la fonction communicative du texte cible. Ainsi nous pourrions repondre aux apprentis traducteurs : « pourvos choix traductionnels, laissez-vous guider par la finalite du texte traduit». Cette regie s'est averee etre tres utile dans le processus de traduction. II est toutefois evident que les textes traduits qui en decoulent ne seront pas forcement tres nouveaux ni differents, puisque cette regie se prete ^galement a la justification de strategies de traduction aussi anciennes que eel les proposees par Ciceron, Saint Jerome ou Luther. IKADUCIIWN : UNhACTIVITEClBLEE II est clair que cette regle de la fonction communicative du texte ne peut etre employee dans la formation des traducteurs que si nous comprenons pleinement les different facteurs inherents ä ce principe. Dans ce chapitre, nous allons done expliquer la nature des functions communicatives et les methodes pour les reperer dans un texte ; puis nous presenterons une typologie fonctionnelle des traductions pour ensuite aborder brievemcnl la question du role des normes et des conventions dans l'approche fonctionnaliste de la traduction. Compte tenu de ces considerations fundamentales nous examinerons la formation du traducteur et plus particulierement l'acquisition des competences traductionnelles au moyen de consignes appropriees, d'une analyse du texte source et d'une approche systematique des problemes de traduction. Nous nous pencherons egalement sur les unites de traduction airxquelles le traducteur doit preter une attention particuliere. De cette maniere, nous serons en mesure de defmir et de categoriser les erreurs de traduction, ainsi que d'evaluer 1'adequation des textes traduits ä la culture cible. Un modele traductionnel de la fonction textuelle Plusieurs modeles de functions textuelles pourraient servir de point de depart pour la formation du traducteur. Le modele que nous proposons ici n'a pour pretention que celle de servir d'exemple. Les principaux avantages de ce modele sont, d'abord, qu'il est d'une simplicity qui permet son utilisation en classe et, ensuite, qu'il est tres clairement centre sur la traduction. Ce modele puise dans celui de Karl Bühler (1934), qui avait egalement servi de base ä la typologie de textes proposee par Reiss. Dans la proposition de Bühler figuraient trois functions de base : referentielle, expressive et appellative (l'utilisation de la langue pour faire en sorte que le recepteur ressente quelque chose ou agisse, soit la fonction operative dans la terminologie de Reiss). Ä ces trois functions, nous en ajoutons une quatrieme, qui nous sembler manquer dans le modele de Bühler : la fonction phatique, que nous adaptons du modele des fonctions langagieres de Roman Jakobson (1960). Ces quatre types de fonction fondamentaux peuvent d'ailleurs etre subdivises en differentes sous-categories de fonctions. Nous proposons de definir et de decrire ces fonctions et sous-fonctions en nous focalisant sur la maniere dont elles sont representees dans les textes et sur leur pertinence ä l'egard de problemes de traduction specifiques. La fonction referentielle en traduction La fonction referentielle d'un enonce comprend la reference aux objets et aux phenomenes du monde reel ou d'un monde donne, peut-etre meme fictif. Elle peut etre analysee selon la nature de l'objet ou du referent concerne. Si lc referent en question est un fait reel, ou un etat de choses inconnu du recepteur (par exemple, un accident de la route), la fonction du texte peut etre d' informer le lecteur ; si le referent est une langue ou une utilisation toute particuliere de cette langue, la fonction du texte peut etre metalinguistique ; si le referent concerne la maniere correcte d'utiliser une machine á laver ou des consignes d'incendie dans une école, alors la fonction du texte peut ětre instructive ; si en revanche les récepteurs doivent tout apprendre ďun domaine donnc, par exemple la séographie, la fonction du texte peut étre didactique. Bien évidemment, cette liste de sous-fonctions ne saurait prétendre a Texhaustivité. Exemple : Consignes d'incendie (á F usage des enseignants) Děs que le feu est signále, essayer de réteindre avec un extincteur Si le feu n'est pas éteint aussitót, sonner F alarme en cassant la vitre avec le petit marteau. La fonction referentielle s'exprime principále ment au moyen de la valeur denotative des signes lexicaux presents dans le texte. Certaines references sont supposées connues du récepteur, ce qui explique qu'elles ne soient pas designees explicitement. La fonction referentielle se rapporte á des objets dans des mondes reels ou fictifs. Afin de remplir la fonction referentielle, le récepteur do it étre capable de faire le lien entre le message et 1'idée qu'il se fait du monde concerné. Puisque 1'idée que Ton se fait du monde est déterminée par des perspectives et des traditions culturelles, les récepteurs de la culture source pourraient done interpreter la fonction referentielle différemment des récepteurs de la culture cible, d'oü des problěmes de traduction importants. II est également evident que la fonction referentielle depend de rintelligibilité du texte. La fonction pose des difíicultés quand les lecteurs source et cible ne disposent pas de la méme quantité ďinformations sur les objets et les phénoměnes auxquels le texte fait reference, comme e'est fréqucmment le cas des réalités, ou realia, de la culture source. Exemple : Les Anglais (et les Américains) sont depuis longtemps convaincus que la voiture va rnoins vite que F avion. Les Francais (et la plupart des Latins) semblent encore vouloir prouver le contraire. // y a au fond de beaucoup de Francais un Fangio qui sommeille et que reveille le simple contact du pied sur V accélérateur. Le citoyen paisible qui vous a obligeamment invité á prendre place dans sa voiture peut se metamorphoser sous vos yeux en pilote démoniaque. La phrase en italiques sera incomprehensible pour ceux qui ne savent pas que Fangio était un célěbre coureur automobile. La fonction expressive en traduction Contrairement á la typologie de textes de Reiss, oü la fonction expressive se trouve limitée aux aspects esthétiques des textes littéraires ou poétiques, nous proposons un modele dans lequel cette fonction expressive se réfěre á x^rt i ivwu^l : LÜNH At I 1VI IK (J1BI A\\i P attitude de Pemetteur du texte envers les objets et les phenomenes du monde. Mile peut se subdiviser selon ce que Ton cherche ä exprimer. Si Pemetteur exprime des emotions personnel les. par exemple dans une interjection, on aura affaire ä une sous-fonction emotive; si, en revanche, ce qui est exprime est une evaluation, par exemple la critique d'une decision gouvernementale, alors la sous-fonction sera de nature evaluative. Une autre sous-fonction possible est celle de Pironie. Un texte peut evidemment etre concu pour remplir une combinaison de plusieurs fonctions ou sous-fonctions. Exemple : Dans le titre de Louvrage de Simone de Beauvoir, Une mort tres douce, Padjcctif « douce » exprime une emotion (peut-etre ressentie par la personne mourante), tandis que la traduction anglaise de cet ouvrage. A Very Easy Death (litteralement: une mort tres facile) donne plutöt P impression d'une evaluation (peut-etre du point de vue dun medecin). La traduction du meme litre en allemand, Ein sanfter Tod, combine en effet les deux aspects, puisque « sanft » peut vouloir dire « douce » du point de vue d'une personne affectee emotionnellement, mais aussi « facile » ou « sans douleur » d'un point de vue plus objectif. La fonction expressive depend de Pemetteur du texte et nous renvoie ä Uli. Les opinions ou les attitudes de celui-ci ä Pegard des referents sont basees sur le Systeme de valeurs qui est suppose partage par Pemetteur et le reeepteur. Cependant, dans la forme habituelle de Pinteraction interculturelle, Pemetteur appartient ä la culture source tandis que le reeepteur appartient ä la culture cible. Etant donne que les systemes de valeurs sont conditionings par les normes et les traditions culturelles, le Systeme de valeurs du redacteur du texte source peut varier de facon significative par rapport ä celui des reeepteurs de la culture cible. II s'ensuit que la fonction expressive teile qu'elle est articulee dans le texte source devra etre interpretee dans le cadre du Systeme de valeurs de la culture source. Si cette fonction est articulee explicitement (peut-etre au moyen d'adjectifs evaluatifs ou emotifs, comme quand on alTirmc « Les chats sont affreux et degoütants »), alors lc lecteur comprendra, meme sil ne partage pas cette opinion. Si. en revanche, Pevaluation se fait implicitement (« Un chat se tenait sur le seuil de la porte d'entree »), le lecteur pourra avoir des difficult es ä saisir P intention, sans savoir sur quel Systeme de valeurs est fonde cet enonce (il se posera alors la question : « Est-ce bon ou mauvais qu'un chat se tienne sur le seuil ? »). Nombreuses sont les qualitcs qui comportent des connotations differentes selon les cultures, comme on peut Pobserver a partir de stereotypes nationaux. Si, par exemple, un Allemand dit « Les Allemands sont tres efficaces », il est probable qu'il exprime une evaluation positive, tandis que si un Espagnol prononce cette meme phrase, on n'y verra pas forcement la meme qualite positive. En Inde, si un homme compare les yeux de sa femme ä ceux d'une vache, e'est qu'il exprime de Padmiration pour la beaute de ses LE FONCTlONNALlJSMh UAiN^ c/\ r ukivi/\i iwin uu hw^u^iduiv yeux. Hn France, en revanche, une femme ne serait guére flattée si son man lui faisait le méme compliment. La function appellative en traduction Interpellant la sensibilitě ou la disposition á Taction du récepteur, la fonction appellative (dans la terminologie de Jakobson, fonction conative) est concue pour amener le récepteur á réagir ďune maniere déterminée. Si nous voulons illustrer une hypothěse au moyen ďun exemple, nous faisons appel aux experiences ou au savoir antérieurs du lecteur; la reaction recherchée serait la reconnaissance par celui-ci de quelque chose de connu. Si nous voulons persuader quelqu'un de faire quelque chose ou ďadopter un point de vue donné, nous faisons appel á sa sensibilité, á ses souhaits caches. Si nous voulons faire acheter un produit donné, nous faisons appel aux besoins reels ou imaginaires, en décrivant les qualités du produit qui sont censées représenter une valeur positive dans le systéme de valeurs du récepteur. Si nous voulons éduquer. il nous faudra peut-etre faire appel á la sensibilité á Fégard des principes ďéthique et de morale. La fonction appellative est souvent marquee explicitement par des questions rhéloriques ou par certaines formes imperatives. Elle peut néanmoins se réaliserde maniere indirecte par des mécanismcs linguistiques ou stylistiques qui indiquent une fonction referentielle ou expressive, comme les superlatifs, les adjectifs ou les substantifs qui expriment des valeurs positives. La fonction appellative peut méme intervenir dans le langage poétique lorsqu'elle fait appel á la sensibilité esthétique du lecteur. Exemple : fonction appellative directe En vacances, vous recherehez bien sür le soleil et la mer, mais vous aimez aussi retrouver une certaine ambiance, avoir la possibilité de vous distraire, de faire du sport, de participer a diífé rentes activúes, ďélargir votre cercle ďamis. La formule hótel-club a été conque pour vous. hPhésitez plus, optez pour des vacances ensoleillées, décontractées, sportives ou reposantes á Thötel-club FRANTOUR le VERVERONDA á PORTO-HELI. (Frantour Voyages) Exemple : fonction appellative indirecte Anthon Berg, Copenhague, chocolaterie fondée en 1884, fabriquant de produits de qualité supérieure, a conserve sa reputation en livrant des marchandises toujours soigneusement sélectionnées, controlées et emballées, de maniere á preserver le bon goüt et la fraicheur. Exemple : fonction appellative poétique Les tit res 1 1 V 1 1 HL V^lÖLrÜH Exemple : les chapitres. Kapitel, chapters et capitulos Chapter XXIV WHEREIN MR. PETER MAGNUS GROWS JEALOUS, AND THE MIDDLE-AGED LADY APPREHENSIVE, WHICH BRINGS THE PICKWTCKIANS WITHIN THE GRASP OF THE LAW (Charles Dickens, The Pickwick Papers) Chapitre XXXII COMMENT GARGANTUA LAISSA LA VILLE DE PARIS POUR SECOURIR SON PAYS ET COMMENT GYMNASTE RENCONTRA DES ENNEMIS (Francois Rabelais, Gargantua, Geneve, Droz 1970) 12. Kapitel: SCHELMUFFSKY, HERR VON THEVENOT UND DAS ENDE DER WELT MITSAMT EINEM EINSCHLUß DER AUFSCHLUß ÜBER DEN BIBLIOTHEKSBEAMTEN UND SEINE LEBENSUMSTÄNDE GEWÄHRT (Werner Bergengruen, Titulus) Capitulo 3 VIENDO AHOGARSE A CUATRO DE MIS COMPANEROS (Gabriel Garcia Marquez, Relato de un näufrago) Exemple : le neologisme et Pironie Dans certains journaux espagnols ä caractere conservateur, les neologismes qui n'ont pas encore ete acceptes par YAcademic Kspagnole de la Langue sont marques par des italiques ou par des guillemets. Si on devait traduire un tcl texte pour une culture oü l'utilisation des italiques est limitee ä l'indication de Pironie, la reproduction de tels italiques pour le neologisme pourrait provoquer de graves problemes de communication. Les conventions stylistiques generates D'autres types de conventions peuvent egalemcnt jouer un röle dans le processus de traduction, notamment les conventions stylistiques generates. Meme lorsque existent des structures similaires dans les deux langues, on peut souvent remarquer une difference d'utilisation due aux diverses traditions litteraires et aux Conventions qui dictent le bon style. L'analyse de textes paralleles montre qu'une fonetion communicative donnee peut se realiser autrement dans les textes de la culture source et de la culture cible. Les trois aspects importants de cette analyse sont la forme, la frequence et la distribution. Exemple : Du point de vue structural, les propositions relatives existent en anglais, cn espagnol, en allemand et en francais. Nous constatons cependant que la forme, la frequence et la distribution de celles-ci varient selon les langues. Alors qu'un rcdacteur anglais, francais ou espagnol aura normal erne nt tendance á utiliser la proposition relative, lc rcdacteur allemand préférera généralement une autre construction, comme dans les exemples suivants : Tout depend du ton, ou de Vinflexion, avec lequel le mot est prononcé - It all depends on the tone or inflection with which the word is spoken - lis hangt ganz davon ab, in welchem Ton... das Wort ausgesprochen wird' (interrogation indirecte en allemand) Les sons que je suis cense prononcer me rappellent... - The sounds I'm supposed to say remind me of... - Wenn ich bestimmte Laute hervorbringen soll, denke ich an... (proposition temporelle en allemand) Deux des personnes les plus merveilleuses que je connaisse - Two of the finest people I know -Zwei meiner nettesten Bekannten (construction nominale en allemand) Méme ceux qui n^aimentpas pontifier - Even those who dislike pontificating - Auch wenn man nicht gern den Schul meister herauskehrt... (proposition conditionnelle en allemand) Une loi qui interdit 1'utilisation - Una ley que prohihe el empleo - Ein gesetzliches Verbot... (adjectiťen allemand) Des detergents qui ont des eíTets cancérigénes - Detergentes que tienen efectos cancerígenos - Reinigungsmittel mit krebs erregen der Wirkung (syntagme pré-positionnel en allemand) De la méme maniere, les textes anglais utilisent de preference moins de propositions relatives que les textes espagnols, donnant ainsi Heu á des transpositions comme la sui vante : « Esa tarea que nos repugna » par opposition á « This awkward task » (cette täche répugnante) (construction adjectivale en anglais et francais). Les enseignants de traduction justifient normalement ces conventions stylistiques générales en faisant appel á leur experience ou au génie de la langue ^« .. * aw ll/ v> "v** x ivyi ^ . unii .rt.^ li vij r, 1151 j . I . (voirBerglund 1987). S'ils pouvaient se référerá des études comparées fondées sur de grands corpus, leurs justifications en seraient plus convaincantes. La linguist u 11 ic comparative se limite principále ment á Fétude des differences de formes, tandis que Ies differences de frequence ou de distribution devraient étre analysées á partir de vastes corpus de textes paralleles. Par textes paralleles, il faut entendre « des produits linguistiques indépendants qui proviennent drune situation identique (ou tres similaire)» (Snell-Hornby 1988 : 86). En d'autres termes, ce sont des textes originaux qui sont du meine type et du méme genre, mais qui trouvent leur origine dans deux cultures différentes. Les analyses de textes paralleles se sont jusqu'a present focalisées sur les conventions de genre. Snell-Hornby (1988 : 87 sqq.) analyse les panneaux routiers et les pancartes publiques des pays anglophones et germanophones ; Mauranen (1993) compare la rhétorique académique anglaise avec la finlandaise ; Kussmaul (1995 : 76 sqq.) fait Tanalyse des dépliants allemands et anglais de modes ďemploi; nous avons traité nous-memes, dans d'autres analyses, des questions soulevées par les titres ou les en-tétes en a lie mand, anglais, francais et espagnol (Nord 1993, 1995 *&). L'analyse des conventions stylistiques generates devrait se baser sur des corpus composes de différents types de textes de différents genres. Les conventions du comportement non-verbal Onpeut identifier des conventions dans toute forme de comportement, tant verbal que non-verbal (comme les gestes) ou para-verbal (comme 1'intonation, la prosodie). Poyatos parle d'emblemes (emblems) : En plus de ces gestes (non-équivoques) qui acquierent une valeur universelle (lever le pouce par exemple, ou montrer le majeur en signe d'insulte), chaque culture dispose d'un repertoire riche d'emblemes... ; les cultures partagent souvent des emblemes liomomorphiques qui sont en rcalitc des antonymes (c'est-á-dire des faux amis, par exemple le geste de former un cercle avec le pouce et V index qui signiiie une situation oil tout vabienen Ainérique du Nord, L argent au Japoa une insulte de nature sexuelle au Venezuela, et un marqueur eonversationnel emphatique ou destine á attirer Vattention en Espagne) (Poyatos 1988 : 61). II est interessant ďobserver quil semble méme exister des conventions de representation du comportement non-verbal ou paraverbal dans la langue éerite. Nous avons analyse la facon dont le comportement paraverbal des personnages est indiqué dans Alice au pays des merveilles et dans plusieurs traductions de ce roman en espagnol, italien, allemand, francais et portugais (Nord 1996 d). Ces analyses révělent que plus de 50 pour cent des énoncés de l'original sont introduits tout simplement par le verbe dire (say) ou par un verbe illocutoire (tels que « demander » ou « remarquer »), sans reference aucune a F emotion ni á la qualité de la voix, ce qui donne au texte source un ton general de discretion. La traduction allemande par Christian Enzensberger, qui suit ďassez pres le texte ďorigine, produit plus ou moins le méme « niveau de bruit». Ce style. Jans son ensemble, donne au lecteur allemand une impression de « froideur », parce que les conventions stylistiques de la littérature allemande, semblables aux conventions francaises. exigent une selection plus variée des verbes expressifs (tels que murmeln - « munnurer », ou kreischen - « crier») qui fournissent des indications de la hauteur, du ton ou des changements émotionnels de la qualité de la voix. En revanche, la traduction de ce méme texte en allemand, par Liselotte Remané, qui remplace presque tous les verbes généraux de roriginal par des verbes speciiiques allemands, apparait trés dramatique : les personnages munnurent, grognent, crient, se plaignent, sanglotent, bégayent, gémissent et ronchonnent á tout instant; et parfois méme ils méme soupirent en frissonnant, hurlent ď indignation et gémissent en éclatant en sanglots. Cet aspect mérite également une analyse plus approfondie, au moyen de la comparaison de textes paralleles, surtout du domaine littéraire, oil Ton deeouvrira que les textes littéraires possědent leurs propres conventions et ne se contentent pas uniquement ďimiter le comportement du monde réel. La traduction fonctionnaliste n'implique pas que les conventions de la culture source doivent étre remplacées par Celles de la culture cible dans toute situation de traduction. Selon la finalité du texte traduit, le traducteur peut choisir de reproduire ou ďadapter. II existe aussi des täches de traduction pour lesquelles certains types de conventions doivent étre reproduits tandis que d'autres devraient étre ajustés aux nonnes de la culture cible : En Allemagne, les infonnations relatives aux medicaments sont souvent traduites dans les langues des immigrés (soit le grec, Tespagnol et F Italien). Dans ces cas, les conventions macrostructurelles allemandes propres á ce type de texte sont reproduces dans les autres langues, puisque les textes traduits doivent se conformer aux tennes de la loi qui regit la vente des produits pharmaceutiques. Le style et la terminologie devront pourtant étre ajustés pour se conformer aux conventions de chaque culture cible afin que le texte soit comprehensible et acceptable pour les lecteurs cibles, ce qui peut avoir une importance vitale dans un tel cas. La comparaison des paragraphes correspondants, tires dun texte original en espagnol et d'un autre traduit de L allemand en espagnol, révěle que cette exigence n'est pas toujours respectée. Les deux textes suivants se referent á des produits pharmaceutiques diíférents prescrits pour le nez bouché : Texte traduit de Pallemand en espagnol: OLYNTH Campos de aplieaeión Para el deshinchazón de la mucosa nasal en caso de : inflamaciones de la nariz y senos paranasales, constipado nasal, fiebre de heno, rinitis vasomotora, asi como antes de efectuar medidas diagnósticas y terapeticas en los meat os nasales. Texte original en espagnol : LGARONK INDIC'ACIONI-S. - Siempre que se desee una acciön descongestiva de las vias nasales, al propio tiempo que una acciön desinfectante. En especial se usarä EGA RONE en los resfriados nasales, rinitis, tamponamiento nasal, etc. Le texte traduit reproduit les structures nominales et les phrases tres longues, typiques de ce genre d'informations en allemand (el deshinchazön de..., antes de efectuar...). II contient des traductions litterales des termes specialises en allemand (campos de aplicaciön, inflamaciones, rinitis vasomotora, constipado nasal) plutöt que des constructions verbales (siempre que se desee...) ou les signes lexicaux espagnols les plus frequemment utilises dans ce type de texte (resfriados, taponamiento). Les conventions traduction n el les Dans la mesure oü la traduction est en quel que sorte une forme de comportement communicationnel en elle-meme, les dillerentes cultures ont egalement tendance ä se donner leurs propres conventions traductionnelles. Celles-ci pourraient etre associees au concept general de ce qu'est, ou devrait etre, une traduction, ainsi qu'ä la nature du lien qui devrait exister entre un certain type de texte source et le texte ciblc traduit correspondant (par Opposition au lien existant dans une adaptation ou dans une autre forme de transfert textuel interculturel). Les conventions traductionnelles peuvent aussi donner des indications relatives aux procedures ä adopter pour traiter certains problemes de traduction plus ponctuels (par exemple, les noms propres, les allusions culturelles ou les citations). Par analogie avec les regies regulatrices et constitutives de Searle (regulative and constitutive rules) (1969 : 31 sqq.). le premier groupe de conventions pourrait etre designe comme des conventions « constitutives »tandis que le deuxieme groupe serait constitue de conventions « regulatrices » (voir Nord 1991 : 100). Pour se faire une idee de P evolution du concept de traduction au cours des deux derniers siecles, il suffit de comparer Pideal contemporain d\< exoticisation » en traduction litteraire les « belles infideles » de la France du XVIIP siecle, quand Pideal etait Padaptation culturelle et stylistique du texte source a la culture cible. II existe dillerentes conventions regulatrices qui regissent la traduction des noms propres. Dans la traduction francaise de La Metamorphose, de Franz Kafka, par Alexandre Vialatte, le nom du protagoniste, Gregor Samsa, devient Gregoire Samsa. La nouvelle traduction de Jean-Jacques Briu (1988) adapte egalement le nom ä la culture cible, tandis que dans celle de Bernard Lortholary, le personnage conserve son nom original allemand. On voit done que dans les textes de fiction, les noms propres ne servent pas de marqueurs culturels, contrairement á ce qui se passe dans la littérature allemande. Une Allemande pourrait s*appeller Feáerica dans un roman espagnol et son ami francais Carlos, indépendamment du contexte situationnel. Dans un roman allemand, en revanche, le nom Carlos indiquerait de maniěre conventionnelle une personne ďorigine espagnole, tandis qďun ami fran9ais s'appellerait Charles. Nous reviendrons au probléme des conventions traductionnelles constitutives au chapitre 8. L'analyse du texte source, les consignes de traduction et le repérage des problěmes de traduction Examinons de plus pres trois aspects du fonctionnalisme qui se révělent particuliérement utiles dans la formation du traducteur, á savoir l'importance de la consigne de traduction, le role de l'analyse du texte source, la classification et la hiérarchisation des problěmes de traduction, Lf importance de la consigne de traduction dans la formation du traducteur Si nous voulons transformer les considerations ci-dessus en outils pour la formation des traducteurs, il est clair que nous ne pouvons pas prétendre qu'un texte source puisse contenir toutes les instructions nécessaires á sa traduction. Nous avons vu comment la finalité d'un texte traduit peut souvent sinférer á partir de la situation traductionnelle, qui sera interprétée dans le cadre de rexpérience du traducteur. Sans une telle experience, les apprentis traducteurs ne sont pas en mesure ď interpreter une situation qui, dans le contexte d'un cours de traduction, ne serait pas précisée. Toute táche de traduction devrait ainsi étre accompagnée d'une consigne de traduction qui définisse les conditions dans lcsquelles le texte traduit doit fonctionner. Partant de l'idee que la situation communicationnelle (y compris les interlocuteurs et leurs objectifs communicationnels) determine les aspects verbaux et non-verbaux d'un texte, nous pouvons présumer que la description des facteurs siruationnels va déíinir le cadre dans lequel le texte doit fonctionner. Ceci est vrai tout autant pour le texte source que pour le texte cible. La situation dans laquelle le texte source remplit ses fonctions sera forcément différente de celle du texte cible, sauf en traduction simultanée, du moins pour ce qui a trait aux conditions spatio-temporelles, á la motivation et á la finalité de Facte communicationnel. Cependant, méme dans ce cas, des differences existent en matiěre de savoir, ďexpérience et de susccptibilité des publics respectifs, selon la culture ďorigine. Afin de cerner les aspects qui tcmoigneront d'une divergence entre texte source et texte cible, le traducteur doit comparer le texte source au profil du texte cible tel qu'il est défini dans la consigne de traduction. La consigne doit contenir des informations explicites ou implicites eoncernant: - la fonction ou les fonctions du texte cible (TC) - le(s) destinataire(s) du TC - le moment (prospectif) et le lieu de reception du TC - le support du TC et la raison de sa production ou reception. Considerons un long exemple, que nous allons analyser progressivement au cours des paragraphes qui suivent. Soit la situation suivante : pour feter les six cents ans (en 1986) de Puniversite de Heidelberg, celle-ci propose de rediger une brochure qui sera disponible dans le batiment principal de runiversite* pendant toute l'annee. Des copies seront envoyees a dautres universites en Allemagne ainsi qu'a l'etranger. La brochure devra contenir des informations a 1'intention des visiteurs et de toute autre personne interessee, (y compris d'eventuels conunanditaires allemands et de futurs etudiants) au sujet des evenements projetes pour commemorer cet anniversaire, mais aussi d'autres projets academiques. Le bureau d'information univcrsitairc produit le texte allemand de la brochure accompagne de photographies en couleurs et soigneusement presente. Le texte en sera traduit en anglais, fran9ais, espagnol et japonais : la mise en page et les photos seront identiques pour toutes les versions. Nous avons reproduit, en figure 4, trois pages de la version en francais alin de dormer une idee de la mise en page. On pourrait analyser ainsi la situation : - fonctions textuelles rechcrchees : reierentielle (information au sujet des activites de 1'anniversaire), appellative (promotion de Timage de l'universite, principalement au moyen d'elements expressifs); - destinataires : les visiteurs de Heidelberg et toute personne susceptible de s'interesser a Tuniversite et a la vie universitaire ; - le moment et le lieu de reception: principalement a Heidelberg mais aussi, parfois, d'autres endroits, pendant toute Fannee de 1 aimiversaire, sans depasser cette limite de temps ; - support: brochure unilingue avec photographies en couleurs et des textes courts mis en page ; - raison de production et reception du texte : le 60()c anniversaire de l'universite de Heidelberg. Ces informations nous permettent de tirer des conclusions quant aux exigences generales suivantes que le traducteur devra prendre en compte : - afin de remplir les fonctions recherchees, le texte devra se conformer aux conventions de ce type de texte et celles de stylistique generale, avec un registrc plutot officiel; - le redacteur du texte devra tenir compte du bagage culturel et cognitif du public cible, qui sont ancres dans chaque culture ; - la déixis spatiale et la déixis temporelle feront principále ment reference a Heidelberg ainsi qu'a Tannée de ranniversaire ; - le texte doit s'inserer dans Tespace prévu pour la mise en page ; - les informations concernant les celebrations auront prioritě sur toutes les autres données. Le role de Vanalyse du texte source Si la méthode de traduction est déterminée, non pas par le texte source mais par la íinalité du processus de traduction, quel sera le role precis de r analyse du texte source ? Le fait de donner la prioritě á la íinalité du texte cible ne veut pas dire que le texte source est tout á fait sans pertinence, comme il est souvent suppose, Le texte source fournit Toffre d'infonnation qui sera la base de 1'information offerte dans le texte cible. L'analyse du texte source guide ainsi le processus de traduction en ce qu'elle donne le point de depart pour les decisions relatives : (a) au respect de la consigne de traduction et (b) au choix des unites du texte source pertinentes pour une traduction fonctionnelle, et (c) á la strategie de traduction susceptible de produire un texte cible confonne aux exigences de la consigne de traduction. On peut utiliser divers modéles de la linguistique textuelle pour analyser le texte source (cf. Hónig 1986, Nord [1988)1991). Ce qui est important, cependant, e'est que le modele retenu comprenne une analyse pragmatique des situations communicationnelles en question, ct que ce memo modele puissc servir pour le texte source comme pour la consigne, rendant ainsi possible une comparaison des résultats des deux analyses. Dans le cas du texte de Funiversité de Heidelberg, une comparaison du texte source en situation avec la consigne de traduction, nous aměne á la conclusion suivante : les deux textes présentent des differences á Fégard du destinataire, mais aussi de la hierarchie des fonctions textuelles. Dans le cas du texte original en allemand, les destinataires sont non seulement les visiteurs germanophones de Heidelberg, mais aussi les éventuels commanditaires allemands et de futurs étudiants, ce qui confere á la fonction appellative du texte allemand un rang supérieur. Plus importantes encore sont les differences entre le destinataire du texte source et celui du texte cible, eu égard au eontexte socioculturel, á la connaissance du monde et aux attentes culturelles. Aprěs avoir compare le texte source-en-situation et le texte cible-en-situation. le traducteur devrait étre en mesure de decider des procedures de transfert optimales : - La comparaison des fonctions recherehécs du texte source et du texte cible méne á la conclusion que la consigne peut étre respectée au moyen dune traduction hctcrofonctionnelle instrumentale. Pour le texte cible, les iriformations concernant les événements de celebration de ranniversaire seront privilegiees par rapport a la ibnction appellative ou persuasive. Dans le cas dun conflit entre differents buts, cet aspect peut justifier une reduction des elements appellatifs en faveur des elements informatifs. -La comparaison entre les destinataires du texte source et du texte cible mene ä deux conclusions : a) la difference en matiere de connaissances culturelles peut exiger une adaptation des informations explicites et implicites dans le texte source pour tenir compte des besoins des destinataires du texte cible; b) la difference en matiere d'attentes concernant les conventions qui sont specifiques au genre peut exiger une adaptation de la forme du texte cible pour tenir compte des conventions textuelles ct stylistiques de la culture cible. -Pour les deux textes, la duree temporelle de reception est limitee ä l'annee meme de Tanniversaire, de sorte qu'il n'y ait pas de problemes de deixis temporelle. - ()n pent faire abstraction des differences potentielles (peu frequentes) par rapport au lieu de reception pour les lecteurs etrangers, puisque ces personnes ne sont pas les premiers destinataires du texte. Linteret qu'elles portent ä Luniversite de Heidelberg est supposee etre de caractere plus general. - Le support du texte cible est identique ä celui du texte source. Puisqu'il laut pourtant faire des concessions aupres des lecteurs eibles. en raison du manque de connaissances culturelles de la culture source, d'ou eventuellement retoflfement, le traducteur doit veiller a ne pas depasser Fespace prevu pour la mise en page. Si des reductions s'averent necessaires, elles ne devraient pas avoir un impact sur Linformation concernant les celebrations. Ce qui revient ä definir clairement la hierarchie des functions. - La raison de la production et de la reception du texte source et du texte cible est identique dans les deux cas. Encore une ibis, il convient de privilegier la fonction informative aux depens de la fonction appellative, done de mieux cerner encore la hierarchie des functions. Une approche systematique pour trailer les problemes de traduction L'un des avantages de cette approche des täches de traduction dans la formation du traducteur (et pourquoi pas en situation professionnelle aussi ?), e'est qu'elle pennet d'identifier d'avance les problemes de traduction. II faut noter que, pour nous, les « problemes de traduction » sont de nature objective, ou du moins intersubjective ; ils doivent etre distingues des « difficultes de traduction », qui sont les difficultes subjectives qu'un traducteur ou apprenti traducteur, rencontre lors du processus de traduction a cause dun manque de competence linguistique, culturelle ou traductionnelle, ou bien par manque de documentation appropriee. Les problemes de traduction resteront toujours des problemes, meme lorsque le traducteur aura appris comment les resoudre rapidement et eflicacement. La comparaison entre le profil du texte source et celui du texte cible fait apparaitre clairement quels sont les elements d'inlbrmation informationnels ou linguistiques du premier qui resteront invariables, et quels sont ceux qui devront etre ajustes pour se conformer aux exigences de la finalite de traduction. Ä des fins pedagogiques, les problemes de traduction peuvent etre classes comme suit: pragmatiques, culturels, linguistiques ou propres au texte ä traduire. Afin d'appliquer cette classification ä notre texte et ainsi illustrer la methode, nous reproduirons ci-dessous le premier paragraphe du texte d'origine en allemand et ses traductions en anglais, en francais et en espagnol (nous avons ajoute les italiques): Exemples : (a) AUS TRADITION IN DEE ZUKUNEFT Aus Tradition in die Zukunft: So lautet das Leitmotiv des Jubiläumsjalires 1986, in dem die Ruperto Carola 600 Jahre alt wird. Im Bewußtsein ihrer j alirhundertealtenTraditionformt sich ihre künftige Funktion in Wissenschaft und Gesellschaft zum Auftrag von heute. Langfristige Jubiläumsprojekte sind das iInternationale Wissenschaftsforum Heidelberg", in dessen Räumen Heidelberger Wissenschaftler mit auswärtigen Forschem zu Symposien zusammenkommen werdea em Tiefmagazin fur die wertvollen Bestände der Universitätsbibhothek und ein Rechnernetz zur intelligenten Iirfonrmtionsverarbeitung für alle Fakultäten. (b) SIX-CENTIEME ANN I VERS AIRE TRADITION ET MODERNISME Tradition etmodemisme : CTest sous ce double signe qif est placee Fannee 1986, annee du six-centieme anniversaire de la fondation de Funiversite Ruperto Carola. Forte de sa tradition seculaire. Heidelberg vit dejä ä Fheure du futur et a choisi dantieiper sur les taches qui lui incomberont dans la science et la societe de dernain. Parmi les projets de longue lialeine mis en oeuvre ä Foccasion de cet anniversaire, citons le « Forum International des Sciences » qui fera de Heidelberg un lieu de rencontres et d'echanges entre scientifiques de toutes nationalites, la eonstniction d'archives souteiraines destinees ä abriter les tresors de la Bibliotheque Universitaire et enfin F installation dun reseau informatique. (c) SIXTH CENTENARY FROM TRADITION INTO THE FUTURE From tradition into thefuture is the motto for 1986, the 600th anniversary of Heidelberg University. Its present and future role, in academic and public life, is rooted in this tradition. Forward-looking projects to mark the occasion include the Heidelberg University International Forum (a conference centre for local and visiting scholars), the construction of underground archives for valuable University Library stacks and the establishment of a computer network available to all faculties. 1 ' - (d) VI CENTENARIO DESDE LA TRADICION HACIA EL FUTURO Desde la tradition hacia eljuiuro es el lema bajo el que se conmemora en 1986 el VI Centenario. Se trala de re sal tar la tradici on secular de la Universidad Ruperto Carol a. S u función actual y futura en la ciencia y en la sociedad surge como una misión que tiene su origen en esta tradición. Proyectos del VI Centenario a largo píazo son : el Foro Científico Internacionál de Heidelberg, en el que se reunirán, en simposios, científicos de Heidelberg con investigadores de otras universidades ; un almacén subterráneo para los fondos valiosos de la BibliotecaUniversitaria y una red de ordenadores para el procesamento inteligente de datos destinada a todas las facultades. Comme nous ľavons indiqué ci-dessus, tous les processus de traduction font la mediation entre la situation source et la situation cible. Les problěmes de traduction pragmatiques proviennent des differences entre ces deux situations ; ils peuvent étre identifies par ľanalyse des facteurs extratextuels (ľémetteur, le récepteur, le support, ľaspect temporel, le lieu, la motivation, la fonction du texte). Etant donné que les problémes de traduction pragmatiques se présentent dans chaque tache de traduction, ils peuvent étre considérés comme généralisables indépendamment de la langue, de la culture d'origine et de la direction de la traduction (vers ou á partir de la langue maternelle du traducteur). Ce sont la les problěmes les plus importants á résoudre dans les phases initiales de la formation du traducteur. SIX-CENTIĚME ANNIVERSAIRE TRADITION ET MODERNISME UNIVERSITĚ DE HEIDELBERG 1386-1986 -Tradition et fnoderrisme*: C est sous os double signe qj est places rannóe 1966, année du six-centiéme anriversaire de la fondation de runh/arsrté Ruperte Carola. Forte de sa tradition sécuiaire Heidelberg vit déj* a Iheure du futur et a choisi d anticiper sur «es táches qui kj\ incomoeront dans la scieryce et la societě de cemain. Parmí es projels de longue halené mis en oauvre á loccason de cet anniversaire, c tons le «Forum International des Sciences* qui fera de Heidetoerg un lieu de rencontres at d echanges entre scientifiques de toutes rational tes, ta construction d'archives souterranes destnées ä abetter les trésors de la Bibliothéque Unrversitaire et enftn (Installation d un réseau tntormatique. Plus de 109 congrés et symposiums irtemationaux aur ort Set en 1986. Concerts, representations théátrales, expose tions, conferences et manifestations sportives se suceöderont tout au long de rannée. Les capacilés ďaocueí des cités universitäres seront élargies; ure publication excepbonneHe de plusieurs volumes (Festschrift), jne piece de rncnn&e. des médai les commémoratives ans que des timbres-poste contribueront á imroonaliser cet anniversaire. L essentiei des festivités se céroulera dens la semane du 12 au 19 octobre. Inst. ďhhs*. de I Art Neuenheimer Feld Maison du Geant Universitě dans la /telte vilm COMPLEMENT □INFORMATIONS Service de presse. Grebervgaaae 1. tel { tftndre* de 9 h é 12 h et 3e 13 h * 16 h 11542310 Du lund au L, cvoTtietor et orwtabori des etudiaots i< tung»), Se-mwrraße 2, tát 542307. Réteuten sere rendezvous pour toulreneefcnefnenic ordrsgeré*al Ouvertdu k,ndiajvendreřfide 10fi iMřhetiejeudlEie u h e I7h. Service dee ätudtants etrangea («Akademisches Aüslandsai*»), Sem-nirstrafie2.t* (0622-}S423363? Ouveiiduk>ndi au vendredi de 9 h á i2hetdei3há1Sh. Universita: Heideftwa Grabengasae 1. boite postatě 10 57 60. D-a000 HeKWterg, & (08221) 541. teto 461 515 irthd d Pour lout letsaignemert» preds oonsu ler i annuaéfe de 'ertveřyté {~PwmQC+~ und InlcnrrvfitiCKwerzeH^nis») vendu en Mxaine. ♦ La directionnalité, c'est-a-dire le besoin de tenir compte du récepteur cible, devient ďautant plus pertinente dans la traduction des allusions qui sont propres á la culture source. Dans le cas de notre texte, il s'agit du nom latin de r universita de Heidelberg, á savoir, Ruperto Cam la. Si on traduit le nom de runiversité Ruperto Carola tout simplement par « I Iniversity of 1 Icidclbeig » (« l'universite de Heidelberg ») en anglais, on tiendra alors compte du fait que la plupart des lecteurs anglais ne savent pas qu'en Allemagne on a l'habitude dadopter un nom latin pour designer les universités les plus anciennes. Pour le lecteur francais ou espagnol, la solution choisie, consistant á reproduire le nom latin, pourrait étre source de confusion. On aurait pu rčsoudrc ce probléme en se servant du couplet de traduction (translation couplet, Newmark 1981 : 31), c'est-a-dire, la combinaison ďun emprunt du terme en langue source (dans ce cas le nom latin) et une explication en langue cible, ou un caique, bien que cette solution puisse á son tour poser d'autres problémes pragmatiques étant donné Tespace limite prévu pour la mise en page. Chaque culture posséde ses propres habitudes, normes et conventions. Les problémes de traduction culturels résultent des differences entre les normes et conventions qui régissent les comportements verbal et non-verbal dans les deux cultures en question. Ces problémes comprennent toutes les conventions mentionnées ci-dessus et sont presents dans presque toute táche de traduction, surtout dans le cas des traductions instrumentales. Cependant, puisqiťils dependent de la culture ou du groupe culturel impliqué dans l'acte de communication interculturelle, ils n'auront pas nécessairement la méme importance dans chaque cas. Les slogans peuvent étre considérés comme un type de texte á eux seuls, tout comme les titres et les en-tétes (voir Nord 1993). La traduction du slogan « Aus Tradition in die Zukunft», méme si elle reproduit correctement le contenu sémantique (ce qui n'est d'ailleurs pas le cas pour la version espagnole), ne sera fonctionnelle que si elle adopte un slogan typique de la culture cible. Cela veut dire que le slogan doit se conformer aux conventions de la culture cible. La version franchise (« Tradition et modernisme ») révéle qu'il faut parfois une restructuration fondamentale de la forme du texte source. Les problémes de traduction peuvent également provenir des differences structurelles dans le vocabulaire, la syntaxe et les elements suprasegmentaux des deux langues. Quelques-uns de ces problémes linguistiques de traduction se limitent á des paires de langues données, comme cela peut étre lc cas pour les faux amis (par exemple - actually, francais - actuellement, allemand -aktuell) ou pour les cas oil il existe plus d*un terme en langue cible pour un soul en langue source (par exemple en anglais - river, en francais - fleuve/ riviere) ou encore dans les cas oil il nexiste pas de terme equivalent en langue cible, comme pour 1'exemple suivant : en francais - livret de farm He, en anglais - o (pas ďequivalence). Bon nombre de ces problémes seront l,h i'UlNv. I 11 llNlN/VKlňlVll'. l //vino uni vmTu ~ ~ ~.------- ncanmoins communs á plusieurs langues ou mcme á toutes les paires de langues oü figurent une langue donnée. Par exemple, les particules de modalitě en allemand donnent lieu á des problěmes de traduction par rapport á l'anglais, á l'espagnol. au franeais, etc... La grammaire contrastive et la stylistique comparée peuvent fournir une aide appreciable dans pour la solution de ces problěmes. Les noms composes allemands, comme : Jubiläumsjahr, Jubiläums-projekte, Tiefmagazin, Rechnernetz et Informationsverarbeitung posent írcquemmcntdesproblěmcs de traduction. Dans l'enseignement de la traduction, il est recommandé de discutcr les procedures de transfert possibles, y compris la modulation (se conmemora en 1986 el VI Centenario), et la transposition (1986, the 60th anniversary of Heidelberg University, la paraphrase (« projets... mis en oeuvre á l'occasion de cet anniversaire », projects to mark the occasion) ou méme 1'économie (Rechnemetz zur intelligenten Informationsverarbeitung et « réseau infonnatique » ou computer network). Dans ce texte, certaines economies peuvent entrainer un eilet plus fonctionnel que celui d'une traduction longue et precise de tous les details, comme par exemple, en espagnol, (una red de ordenadores para el procesamiento inteligente de datos). Certains problěmes de traduction émanent spécifiquement du texte source, comme e'est le cas pour certaines figures de rhétorique, certains néologismes ou jeux de mots. Puisqu'il est impossible de généraliser les solutions possibles a ce genre de problěmes propres au texte, le traducteur doit étre prét á faire appel á sa créativité. Notre texte appartenant á un type assez conventionnel. il ne présente pas de problěmes propres au texte. Une taxinomie fonctionnaliste des problěmes de traduction Dans les cours de traduction traditionnels, on commence d'habitude par les elements du texte source pour effectuer le transfert de ceux-ci, phrase par phrase, ou plus fréquemment, syntagme par syntagme voire mot par mot. II en résulte une traductionbrouillon dont la qualitc pourra varicr selon la competence du traducteur. Ce texte sera alors retravaillé du point de vue stylistique jusqaá ce qu'il soit acceptable (du point de vue personnel du traducteur) pour la situation communicationnelle á laquelle il est destine. Cette demarche analytique ascendante (en anglais, bottom-up) part des structures linguistiques de surface du texte (premiere étape), prend en compte les conventions (2C étape) et unit par les aspects pragmatiques (3C étape). Ce processus, qui depend largemcnt des preferences stylistiques du traducteur ainsi que de ses competences linguistique et traductionnelle. présente plusieurs inconvénients, non seulement dans la pratique de la traduction mais aussi, et de facon plus grave, dans Tenseignement de la traduction. Selon cette approche d'analyse textucllc ascendante, la traduction est considérée comme une operation de transcodage, dans laquelle les equivalences j^TV 1 ivm>»UL 1 i WIN U1NI'. A.w li Vllť, CltíLiiK lexicales et syntaxiques jouent le role le plus important. Les étudiants sont ainsi tentés de reproduire aussi lidelement que possible les structures du texte source, ce qui entraine des interferences linguistiques et des erreurs, méme quand on traduit vers la langue maternelle. Parallělement, les étudiants perdent souvent de vue la maniěre dont fonctionne le texte comme unite globále dans un systéme communicationnel, ce qui encourage la prise de decisions basée sur la seule intuition, sans possibilité de justifier ces decisions par le raisonnement rationnel et intersubjectif. Si le traducteur n'est pas vraiment capable dexpliquer ses decisions au client ou au réviseur, comment peut-on alors s'attendre á ce que les étudiants et les enseignants puissent justifier leurs propres decisions ? Qui plus est, une decision prise á un niveau ďanalyse textuelle inférieur (le mot, le syntagme) doit souvent étre révisée dés que Ton atteint un niveau textuel supérieur (la proposition, la phrase, le paragraphe). II arrive parfbis que le processus de traduction soit bloqué á cause d'une apparente intraduisibilité, comme c'etait le cas pour le traducteur anglais qui pensait que le proverbe « As you make your bed so you must lie on it» pourrait seivir de message d'accueil aux clients d'un hotel de Bréme. La traduction fonctiormaliste, elle, aborde les problémes de traduction par une analyse descendante (top-down), soit un processus de traduction commencant au niveau pragmatique, pour determiner la fonction recherchée du texte cible (documcntaire ou instrumentale). Ensuite, on distingue les elements fonctionnels du texte qui devront étre reproduits « tels quels » de ceux qui devront étre adaptés au savoir contextuel, aux attentes et aux besoins communicationnels du destinataire ; il faudra également tenir compte des contraintes relatives au support et á la déixis. Le type de traduction déterminera enfin si le texte traduit doit se conformer aux conventions de la culture source ou á celles de la culture cible en ce qui concerne le style. Cest seulement á ce moment-lá qu'entrent en jeu, si besoin est, les differences entre les deux systémes langagiers. Si plusieurs solutions restent encore possibles, la decision ultime sera prise en fonction des critěres contextuels ou, dans des textes littéraires ou ayant un moindre degré de confonnité á des conventions, selon les preferences personnelles du traducteur; dans le plus grand respect de la fonction de la traduction. L'application de ce modele á différents types de texte a démontré que bon nombre de problémes de traduction peuvent (et doivent) étre traités de maniére generále dans la formation des traducteurs. La formation professionnelle, surtout au niveau universitaire, doit faire en sortě que les apprentis traducteurs soient capables de généraliser les connaissances acquises par la traduction de textes ou la realisation de táches traductionnelles au cours de leur formation et, par la suite, de les appliquer á tout autre texte ou á toute autre táche de traduction qu'ils pourraient avoir á affronter dans leur vie professionnelle. I,K HJN(J 1 R J IN INAJ.J 1 ölVLti U/\1NÖ Lv/A r WIVlV^l LK^n ^jyj iivrviyuvi^uiv On n'y parviendra qu'en adoptant une approche systématique des problěmes généraux de la traduction, formulés dans le cadre d'un modele théorique coherent. L'approche fonctionnaliste pourrait fournir un tel cadre á la formation du traducteur professional. V unite de traduction revue et corrigée Le concept d'« unites de traduction » fait l'objet de débats depuis son introduction, par Vinay et Darbelnet, dans Stylistique comparée du franqais et de Vanglais (1958), il y a plus de quarante ans. Ces auteurs ont déíiiii 1'unité de traduction comme une unite de pensée, dont la realisation linguistique scrait le « plus petit segment de 1'énoncé dont la cohesion des signes est teile quils ne doivent pas étre traduits séparément». En traduetologie, on trouve des approches purement linguistiques pour lesquelles les unites de traduction vont des morphemes (Diller et Kornelius 1978) aux mots (Albrecht 1973), ou varient du syntagme á la phrase et au texte tout entier, selon les besoins ďéquivalence. (Koller 1992). On trouve également des approches pragmatiques qui envisagent des unites plus larges telles que « les valeurs complexes, sémantico-pragmatiques complexes, du type de texte » (Neubert 1973). Bassnett et Lefevere (1990 : 8) prétendent méme que «la culture » peut étre 1'unité de traduction, citant l'exemple de la littérature tchěque du XIXe siěcle, oů les traductions des ouvrages littéraires allemands n'etaient pas censées exister pour le transfert d'information, puisque tout le monde lisait trěs bien l'allemand. Dans les approches herméneutiques, «l'effet global de la composition du texte » devient une unité de traduction (Stolze 1982), tandis que dans les approches psycholinguistiques. 1'unité de traduction est déterminée « par intuition » selon la competence traductionnelle du traducteur (Königs 1981). On pourrait penser qu'une approche descendante, dans le contexte de la formation du traducteur, privilégierait des unites de traduction les plus grandes possibles. Cependant. pour le traducteur, plus 1'unité de traduction est grande, moins eile sera facile á travailler. Concrětement parlant, comment fait-on au juste pour traduire « le texte » (pas les mini-textes tels que les titres ou les panneaux de signalisation routiěre), ou « la culture » ? Ne faut-il pas toujours traiter des unites plus petites ? Les traductologues s'interessant á la formation ont ainsi porte á nouveau leur attention sur les segments lextuels ; Honig (1986 : 243), par exemple, étudie la fonction que peut exercer un segment determine sur la fonction globale du texte. Toutes les approches ci-dessus envisagent 1'unité de traduction, quelle que soit sa taille, comme un segment « horizontal » de la sequence chronologique des elements linguistiques. Pour notre part, nous avons propose, une approche fonctionnaliste capable de traiter également des unites « verticales » (Nord 1988, 1993, 1997 b). Dans cette perspective, le texte sera toujours une hyper- L,A 1 KAUUt 11U1N : UINJ AL 1 1 V11 ]nsprinzip, bei dem sieh das Ausbildungsangebot nach der Nachfrage der Studierenden richtet. Pour la traduction en francais, il faudrait tenir compte des differences entre les deux systěmes (probléme pragmatique), le systéme d'enseignement supérieur allemand comprenant les universités, comme en France, mais également la Hochschule, universitě polytechnique á formation essentiellement professionnelle aux études appliquées. Le fait d' analyser les unites fonctionnelles plutöt que les unites strukturelles off re de nombreux avantages. D'abord, cette approche envisage le texte comme une construction complexe dans laquelle toutes les parties coopcrent á la realisation de certaines finalités globales. Cela veut dire que le traducteur traduit réellement le texte, méme s'il peut travailler avec des unites opérationnelles d'etendue plus limitée pendant le processus dc traduction. Ensuite. puisque les moyens linguistiques ou non-linguistiques de communication ne sont que rare ment monofonctionnels, la correlation des unites fonctionnelles avec les fonctions textuelles peut faciliter la désambiguisation des elements polyfonctionnels, ou pennettre l'utilisation de différentes techniques de traduction pour traiter des diííérenles fonctions d'un element donné. Enfin, si divers moyens linguistiques sont employes pour réaliser la méme finalité globale, il n y a plus besoin de tenir compte de la frequence d'incidence de chacun. II pourrait s'averer sans pertinence aucune de savoir si la fonction evaluative sera est exprimée par six ou sept adjectifs. L'intraduisibilite cesse done d'etre un cauchemar pour le traducteur. puisqu'une figure de rhétorique apparemment intraduisible pourra étre traduite par un autre moyen remplissant la méme fonction; méme Tomission d'un element intraduisible ou d'un 1,A IKAUUCllON : UNIi ACl IVITK CIBLKK element á efifet contraire pourra étre justifiée du moment que Ton peut remplir la meme fonction par d'autres moyens. Les erreurs de traduction et revaluation du texte traduit Les notions de probléme de traduction et ďunité fonctionnelle de traduction peuvent également servir á définir les erreurs de traduction, et contribuerá revaluation de ce qui serait une « bonne »traduction fonctionnelle ou « adequate » á la finalité recherchée. En didactique des langues, on entend ď habitude par erreur toute deviation d'un systéme de normes ou de regies (Cherubim 1980, Presch 1980). Aussi, lorsque Wilss, suivant cette definition, décrit une erreur de traduction comme « une irifractionáune nonne dans une situation de contact linguistique »([ 1977J 1982 : 201), il considěre la traduction du point de vue de l'apprentissage d'une langue étrangére, et non pas dans une perspective fonctionnaliste. Les erreurs de traduction considěrées en tant que traductions non-fon ction n elles Pour le fonctionnalisme, la notion d'erreur de traduction doit étre definic selon la finalité du processus ou du produit de la traduction. Cette approche fonctionnelle de Lerreur a été introduite en traduetologie par Sigrid Kupsch-Losereit (1985,1986), puis développée par Hans Honig (1987), Paul Kussmaul (1986, 1995) ainsi que par nous-méme (Nord [1988] 1991, 1994, 1996c). Sigrid Kupsch-Losereit définit Terreur de traduction comme «une infraction» : une infraction 1. á la fonctionnalité de la traduction, 2. á la coherence du texte, 3. au type ou á la forme du texte, 4. aux conventions linguistiques, 5. aux conventions et conditions propres á la culture ou á la situation, 6. au systéme langagier. (1985 : 172). II en résulte qu'une expression ou un énoncé n'est pas fautif en soi; Tinadéquation ne s'avere que par rapport á la fonction communicative voulue. L'inadequation n'est done pas une qualité inhérente á une expression mais plutöt une qualité que lévaluateur attribue á celle-ci de son point de vue. Méme le non-respect d'une regie grammaticale peut rcprcscntcr une solution adequate dans une traduction qui doit imiter la maniěre peu correcte de parier dun personnagc fictif. tandis que la reproduction lidele dune erreur lacluclle du texte source peut dormer une traduction inadequate si le texte cible doit étre factuellement correct. Peter A. Schmitt cite Textrait suivant de P edition de 1983 de la lettre officielle de F association allemunde des ingénieurs (VDI) : Die 327 m lange Bundesbahn-Neubau strecke Mannover-Würzburg... gilt als das bedeutendste Bauvorhaben der Balm seit Gründung der Bundesrepublik Deutschland (VDI 44/83 : 10) (Schmitt 1987 : 2). Exemple : La route Bundesbahn-Neubaustrecke Hannover-Würzburg, 327 m, passe, dans la République fédérale d'Allemagne. pour le projet de construction le plus important depuis sa fondation. Bien que le texte fasse reference á une autoroutc dc 327 metres de longueur, du nord au sud de PAllemagne, il est clair pour quiconque possédant quelques rudiments de géographie qu'il s'agit d'une distance de 327 kilometres. Aucune raison ne justifie la reproduction d'une telle erreur dans une traduction instrumentale du texte. En effet, une telle reproduction constitue une erreur de traduction. Si la íinalité d'une traduction est de remplir une fonction domiéc par rapport au destinataire en langue et culture cibles, tout ce qui fait obstacle á la realisation de cette íinalité est une erreur de traduction. Dans la formation des traducteurs, situation ou il est peu realisté de s'attendre á ce que les étudiants possédent des competences parfaites en langues source et cible, cette definition fonctionnaliste d' une erreur de traduction aura de nom breux avantages. La consigne de traduction peut étre formulée de sorte que la tache soit faisable, en dépit des lacunes majeures dans la competence des étudiants. Si, par exemple, la coasigne de traduction aíiirme que le texte cible sera soumis á une revision stylistique professionnelle, alors on peut faire preuve ďune certaine tolerance á Pégard des erreurs grammatical^ ou lexicales, á moins que celles-ci ne posent un obstacle important á la comprehension du message. Qui plus est, l'experience nous révěle que les étudiants ont tendance á faire moins d'erreurs linguistiques á partir du moment ou i Is ont une idée precise de la situation de traduction en culture cible. S'ils n'arrivent pas á se faire une idée des différents röles, qui s'adresse á qui et dans quel but, ils vont s'accrocher aux structures de surface du texte source, de crainte de manquer le but final. Évidemment. moins ils comprennent ce but final, plus ils seront susceptibles de le manquer. Définir la finalité est done d'une importance capitate pour revaluation de la fonctionnalité d'un texte traduit. Comme nous l'avons constate, la consigne de traduction devrait inclure des informations explicites ou implicites au sujet des finalités recherchées du texte cible, des destinataires et, si nécessaire, quelques renseignements quant aux conditions temporelles, au lieu et á la motivation de la reception projetée du texte traduit. Une comparaison de la consigne de traduction avec le résultat de P analyse du texte source devrait alors révéler les problémes de traduction de la situation donnée, que ceux-ci soient de nature pragmatique, culturelle, linguistique ou autre. La base de Pévaluation d'une traduction sera par consequent Padéquation, ou la non-adéquation, des solutions choisies aux problémes de traduction identifies. LAiKAiJU^uujN : uJNli AC 11VI IK (JIMI I Hi II va sans dire que les solutions aux problěmes de traduction ne sont que rarement complětement justes ou complete ment íausses (Pym 1992b parle des erreurs binaires ou non-binaires). Les problěmes de traduction sont en general lies les uns aux autres pour former des reseaux ou des hierarchies ; il en découle que la solution á un probléme donné aura des répercussioas sur la facon dont il faut aborder d'autres problěmes. La notion de probléme de traduction doit done étre liée á celle de Tunité de traduction fonctionnelle. Tous les problěmes de traduction associés á une méme fonction ou sous-fonction coimnunicative doivent étre résolus selon une strategie cohérente, ce qui, dans un cas idéal, produira le type de traduction requis par la consigne. Nous allons conclure cette discussion par r exemple suivant: Exemple : Si, dans un texte de fiction, Fauteur utilise des noms propres pour marquer la culture du contexte fictif, tous les noms formeront ainsi une unite de traduction fonctionnelle. Un texte espagnol dans lequel les personnages s'appellentMiguelito et Hugo, mais qui ne contient aucun marqueur de contexte interculturel, sera de caractěre parfaitement mono-culturel. Dans un texte allemand, les mémes circonstances donneraient une situationbi-culturelle puisque Hugo est un nom allemand que Ton n'associe pas normalement á 1'Espagne. Si la consigne de traduction exige une traduction exotisante qui preserve le caractěre contextuel du texte source, alors le traducteur devrait substituer au nom Hugo un nom plus typiquement espagnol, Carlos peut-ětre. Si, par contre, la consigne exige une traduction instrumentale avec 1'adaptation du contexte culturel (afin de permettre au lecteur cible de s'identifier avec les personnages), alors on devrait peut-étre substituer au nom Miguelito un nom plus familier de la culture cible, par exemple, Karlchen. Une autre strategie possible serait la neutralisation du contexte culturel par Tutilisation de noms propres communs aux deux cultures, source et cible (voir Nord 1990-91 : 79 sqq.). Sans consigne de traduction precise, chacune de ces trois strategies est acceptable, pourvu que les choix Iraduetionnels soient faits de maniěre cohérente. Une classification fonctionnelle des erreurs de traduction Si nous définissons une erreur de traduction comme le non-respect des instructions impliquées dans la consigne de traduction et comme une solution inadequate á un probléme de traduction, alors les erreurs de traduction peuvent étre classifiées selon quatre categories : Les erreurs pragmatiques proviennent de solutions inadéquates á des problemes pragmatiques telle que la non prise en compte du récepteur (comme dans quelques-unes des traductions de la brochure de Heidelberg que nous avons analysées); Les erreurs interculturelles proviennent ďune decision inadequate par rapport á la reproduction ou Tadaptation des conventions (voir, á titre d'exemple, la traduction du segment textuel sur 1'enseignement supérieur par Wilss. qui ne serait pas une traduction instrumentale adequate); Les erreurs linguistiques proviennent d'une traduction inadequate parce que fondée sur les structures syntaxiques du texte source (comme c'est fréquemment le cas dans les cours de langue) ; Les erreurs propres á un texte donné sont des erreurs liées á un probléme de traduction propre au texte source en question. Comme tous les problémes de traduction propres á un texte, ces erreurs peuvent étre évaluées en fonction ďune perspective fonctionnaliste ou pragmatique. Une hierarchie fonctionnaliste des erreurs de traduction Comme pour les problémes de traduction, une demarche analytique descendante peut étre utile á 1'evaluation du travail des étudiants. L'experience nous apprend que les problémes pragmatiques de traduction ne sont généralement pas difficiles á résoudre, une fois le probléme identifié. Souvent, il suffira ďun peu de bon sens. Les consequences des erreurs pragmatiques peuvent néanmoins étre graves, puisque les récepteurs ne se rendent normalement pas compte de la nature trompeuse de rinformation. Les erreurs pragmatiques figurent ainsi parmi les erreurs les plus significatives que risque de commettre le traducteur. En effet, la premiére decision á prendre sera celle du type de traduction qui convient le mieux á la íinalité recherchée ; chaque étape du processus découlera ensuite de cette premiére decision. Les erreurs pragmatiques ne sont pas visibles dans le texte cible á moins qu'elles n'y introduisent une incoherence. Elles ne seront identifiables que par la comparaison des textes source et cible en fonction de la consigne de traduction. V importance accordée aux erreurs de traduction culturelles et aux erreurs linguistiques depend de L influence qu'elles exercent sur la fonctionnalité du texte cible. Si 1'absence d'une virgule ou une faute d'orthographe entraine une interpretation erronée de la fonction referentielle, alors il ne s'agit plus d'un simple non-respect des nonnes linguistiques. Si le but de la traduction est de tester la competence linguistique (comme dans les cours de langue), alors les erreurs linguistiques seront plus graves que les erreurs culturelles. En revanche, si le but de la traduction est de tester la competence culturelle, alors les problémes de traduction culturels peuvent étre considérés comme plus importants que les erreurs pragmatiques. Exemple : Dans la brochure publiée pour féter le 600e anniversaire de Funiversité de Heidelberg, la derniére partie traite des « renseignements supplémentaires ». On peut trouver dans cette partie l'adresse du bureau d'information et de presse, du bureau des étudiants étrangers, une indication des heures ďouvertuře des bureaux... Le dernier paragraphe de la version franchise dit ceci: « Pour tous renseignements precis consulter l'annuaire de ii\/\iju^iiuin : uiNC/UJlivi l U ClJÖL,ttli Puniversite (Personal- und Iiu°ormations\ erzeiehnis) vendu en librairie ». Dans la version anglaise : « Detailed information may be obtained from university handbooks on sale in bookshops ». La version espagnole est la suivante: « Para informaciones detalladas consultar la Guia de la Universidad, que se puede adquirir en las librerias ». La version francaise peut etre comprise correctement, la version anglaise aussi, tandis qu'en espagnol Tinformation nest pas fonctionnellement adequate du point de vue du recepteur, puisqu'il n'existe aucun livre, dans les librairies de Heidelberg, qui s'intitule Guia de la Universidad. Dans le cas dun texte dont la fonction dominante est la fonction referentielle, Finformation contenue dans le texte source doit predominer sur toute autre fonction ou sous-fonction. En revanche, dans un texte dont la fonction dominante est la fonction appellative, il est pcut-etre justifie de minimiser voire d'omettre certaines infonnations si celles-ci font obstacle ä la fonction appellative, comme dans rexomple qui suit: Exemple : Un depliant touristique de 1960, au sujet de la ville historique de Sagunto, pres de Valence en Espagne, fait grand etat des hauts-fourneaux et de rindustrie lourde de la region. Afin de realiser sa finalite (du moins pour les touristes allemands qui fuient les regions industrielles oü ils habitent pour gagner le soleil espagnol), cette partie du texte serait necessairement ä reviser. Les erreurs de traduction interculturelles sont Hees ä la question de savoir si les Conventions devraient etre adaptees aux normes de la culture cible. Cette decision dependra de la selection anterieure du type de traduction requis, bien que ce choix n'exerce pas toujours une influence sur toutes les conventions presentes dans une interaction communicationnelle donnee. Les erreurs linguistiques sont souvent le resultat de lacunes dans la competence du traducteur en languc source ou en langue cible. Ceci est demontre clairement par les exemples qui suivent, tous pris tous d'une feuille d'information multilingue distribuee jadis par le groupe automobile germano-espagnol Volkswagen/ SEAT, qui faisait la promotion de son service mobile de depannage de la societe et qui etait distribuee aupres de tous les automobilistes au moment d'entrer en Espagne (il y longtcmps dejä). Exemple : Vacances SEAT en Espagne Texte source: Carreteras nacionales, comarcales, interiores o costeras. No importa donde vaya, los coches-taller Seat estarän alii. Todos los dias. Aunque sea domingo o festivo. Y le asistiran sin cobrarle la mano de obra. Tanto si su coche es Seat, como si no. Disfrute de las vacaciones sin problemas. Los coches-taller Seat cstän en todas las carreteras de Espana. [...] Ademäs la Red Seat pone a su disposicion un servicio telefonico pennanente. EL TEL^FONO ROJO DE LA RED SEAT. Marque el (91) 754 33 44 y recibirá toda la información sobre los Puntos y los Talleres de Guardia más cercanos a donde usted se eneuentre, o le ayudará local izando las grúas de Asistencia y Concesionarios apra ir en su auxilio. Texte cible en francais : Routes nationales, départementales, communales ou cotiěres. Ou que vous alliez. les voitures de dépannage SEAT y seront aussi. Tous les jours que ce soit dimanche ou jours fériés. Et elles vous dépanneront que votre voiture voit une SEAT ou non. Profitez de vos vacances sans problémes. Les voitures de dépannage SEAT roulent sur toutes les routes d'Espagne. [...] En plus le Réseau Seat met á votre disposition une permanence téléphonique. LE TELEPHONE ROUGE DU RESEAU SEAT. Composez le (91) 754 33 44 et soit vous recevrez toute sorte ď information sur les centres et les ateliers de garde les plus proches, soit nous vous indiquerons les grues d'assistance et les concessionnaires qui vous dépanneront. Les étudiants possédant une competence inadequate dans les deux langues en question ne pourront pas se focaliser de facon appropriée sur les problémes de traduction pragmatiques ou culturels. Pour ces étudiants, la traduction deviendra alors uniquement un instrument pour 1'apprentissage de la langue, mettant l'accent sur la correction linguistique plutot que sur le choix de solutions communicativement ou fonctionnellement appropriées. Dans le cadre de la formation des traducteurs professionnels, il importe de vciller á ce que les apprentis traducteurs acquiérent une competence süffisante en langues et cultures avant ďaborder des exercices de traduction. En résumé, certains principes fondamentaux sont essentiels á la formation des traducteurs : 1. Traduire sans instructions précises, e'est comme nager dans une piscine vide. On utilise toujours une langue dans une situation precise ; celle-ci est toujours encadrée ďun contexte socioculturel spécifique qui déterminera les formes de comportement verbal ou non-verbal qui seront considérés comme convenables par les interlocuteurs. Une traduction fonctionnellement adequate ne peut étre produite que par quelqu'un qui connait la situation dans laquelle le texte traduit doit fonctionner et qui connait également les conventions communicatives qui sont valides dans la culture cible. 2. Avant de piloter un nav ire il faut certai nes connaissances relatives aux marées et aux bas-fonds, ainsi qu'a P utilisation des gilets de sauvetage. Pour maintenir la motivation des apprentis et les protéger des échecs inutiles, il faut leur donner les grands principes théoriques et méthodologiques lies aux aspects pragmatiques et culturels de la traduction, ce qui preparera les etudiants aux tous premiers eil oils de traduction pratique. 3. L'outil le plus important pour le futur traducteur, e'est la langue maternelle. La competence linguistique et communicative d'un etudiant issu du secondaire sera forcement limitee aux domaines d'experience connus jusque-la (la famille, Lecole, les passe-temps, la politique quotidienne, le sport). Le traducteur professionnel aura toutefois besoin de competences dans dautres domaines. Le developpement dun savoir theorique general en traduction ainsi que L acquisition de competences de redaction en langue maternelle peuvent etre combines dans des exercices de traduction « intralinguale », par exemple reecrire un texte pour d'autres lecteurs ou d'autres finalites. 4. Pour com prendre la sped fie ite d'une autre culture, il faut d'abord connaitre la sienne. Nous ne sommes gencralcmcnt pas conscients de la speeiiieitc de notre facon de voir et devaluer le monde, ni des manieres non-universelles dont nous exprimons nos sentiments et nos attitudes, que ce soit verbalement ou non-verbalement. Si nous vouloas fonctionner de maniere adequate dans une communaute culturelle diiferente, nous devons comparer les conventions de comportement de la culture etrangere avec Celles de notre propre culture. Pour ce faire, il nous faut remplacer nos modeles de comportement intuitifs par une conscience reflechic de notre spe;cificite culturelle. 5. II est moins risque de conjuguer un verbe au mam ais temps que d'utiliser le temps correct a un moment inopportun. En general, les gens ont tendance ä faire preuve d'une certaine tolerance naturelle envers ceux qui ne parlent pas parfaitement une langue etrangere. lis ne s'attendent pas ä ce qu'un etranger se comporte a tout instant scion leurs conventions non-ecrites ou selon leurs normes sociales ; ils tächent d'expliqucr leur culture aux etrangers et ne s'arretent pas aux erreurs eventuelles. En revanche, celui qui parle parfaitement la langue est cense connaitre les formes conventionnelles du comportement non-verbal. Dans de tels cas, le non-respect des conventions, aussi minime soit-il (par exemple le fait d'arriver ä huit heures, alors que Vinvitation « vencz a huit hcures » voulait en realite dire, « vencz a huit heures et demie »), pourrait avoir des consequences negatives pour la reputation sociale de lindividu, qui pourrait etre percu comme impoli, arrogant ou peu fiabie. line telle erreur risque d'etre plus grave que celle resultant d'un manque de competence linguistique.