328 les « belles infiděles » A des besoins permanents repondent ainsi des moyens varies. Nous allons, pour derniere confirmation, examiner la reprise du recit suivi dans le texte des Annates : Tacite Praevaluere haec, ad juta Agrippinae il-lecebris, quae ad eum per speciem 5 necessitudinis crebro ventitando, pellicit patruum ut, praetata ceteris, et non-dum uxor, potentia 10 uxoria jam uteretur. Nam, ubi sui matrimonii certa fuit, struere majora, nup> tiasque D omit ii, 15 quern ex Cn. Aheno-barbo genuerat, et Octaviae, Caesaris fi-liae, moliri; quod sine scelere perpe- 20 trari non poterat, quia L. Silano des-ponderat Octaviam Caesar, juvenemque et alia clarum insi- 25 gni triumphalium et gladiatorit muneris magnificentia protu-lerat ad studia vul-gi. Sed nihil arduum 30 videbatur in animo principts, cui non judicium, non odium erat, nisi indita et jussa. Fauchet Ces raisons eurent plus de force estans accom-pagnées des attraicts de mignardise ď Agri-pi na : laquelle souz couleur de parenté ve-nant souvent visiter son ^ onele, J'amadoua si bien; qu'estant seu-lement preferée aux autres, et non pas encores espousée; elle usoit ja de l'authorite et puissance de femme. Car quant elle so sen-tit asseurée de son manage, elle feit des-seing de plus grandes choses : orasse les nopces de Domitius, son fils qu'elle avoit eu de Gn. Enobarbus, et d'Octavia fi-lle de Cesar : ce qui ne pouvoit estre accomply sans meschanceté : D'autant que Cesar avoit fiance Octavia á L. Sillanus. Et octroy ant á ce jeu-ne Seigneur (fort esti-mé d'ailleurs) de porter la marque pareille á ceux qui avoient triomphé; et faire de magniiiques jeux de Gladiateurs : II Juy avoit donné occasion de se monstrer, pour acquerir la faveur et bienveillance du peu-ple. Mais rien n'estoit difficile á ce Prince qui n'avoit volonté, ju-gement, ny haine; que celle qu'on luy mettoit en teste, ou comman-doit d'avoir. Baudoin Les raisons de tous les autres n'eurent point tant de pou-voir sur Claudius que celles-cy, jointes 5 aux attraits et aux mignardises d'Agrip-pine; laquelle soubs un beau pretexte de parente sceut si bien 10 amadouer son Oncle par ses ordinaires visiles, qu'estant preferee aux autres, et non encore espou- 15 see, elle usoit desja de puissance et d'au-thorite comme femme de Cesar. Se sen-tant depuis asseuree 20 de son manage, elle bastit de plus grands desseins, et brassa les nopces de son fils Domitius (qu'elle 25 avoit eu de Cn. Enobarbus) avec Octavia fille de Cesar; mariage qui ne pouvoit s'accomplir sans 30 meschancete, Claudius a y a n t desja fiance Octavia a L Sillanus, et mis ce jeune homme (bien 35 qu'assez il lust re de soy) en honneur et en reputation envers le peuple : Car il l'honora des mes- 40 mes ornemens que ceux q u i avoient triomph^; outre qu'il lui peimeit de faire de magnifiques jeux 45 de Gladiateurs. Or d'autant que rien ne sembloit difficile a ce Prince; dont la volonte, le jugement 50 et la haine, se gou-vernoient selon les impressions qu'on luy faisoit avoir... et que si sa premiere femme retournoit elle ne regarderoit pas avec des yeux plelna d'une haine de marastre... » l'art du récit 329 Lh Maistre Bréval u'Ablancourt Ces raisons eurent Ces discours prevalu- plus de force, ac- rent est ant appuyés compagnées des mi- des attrayantes cares- gnardises et attraits ses d'Agrippine. Laquel- 5 d'Agrippine : laquel- le visitant souvent son Ces raisons Tern- 5 le venant sous pre- oncle sous pretexte de porterent, a i d é e s texte de paren té vi- pa rente, I'engagea si des caresses d'Agrip- - siter son oncle á avant, que la preferant pine, »qui venant toutes heures, l'atti- á toutes les autres voir souvent rEm- 10 re si bien á elle, (bien qu'il ne l'eust pas pereur qui estoit 10 qu'estant preferee encore espousée) elle son oncle, I'engagea aux autres, bien que ne laissoit pas de pren- peu á peu dans son non encore femme, dre la mesme authori- amour, et prit l'au- ellc s'en attribuoit té que si des já elle eust thorite de femme 15 toutesfois desjá l'au- esté sa femrne. Car avant que de 1'estre. 15 thorite : plus, in- aussi-tost qu'elle se vist Mais comme elle fut continent qu'elle se asseuiée de son ma- asseurée de son ma- veit pleinement jouis- riage, elle commenca a riage, elle conceut sante du mariage, el- bastir de plus grands de plus hauts des- 20 le se porte á autre desseins, et á machi- seins, et jetta les 20 dessein, de marier ner le mariage de Do- fondemens de celuy Domitius qu'elle mitius fils d'elle et de d'Octavia, et de Ne- avoit de Cn. Aeno- Cn. Aenobarbus, avec ron, qui ne se pou- barbus avec Octavia Octavia, fille de Clau- voit faire sans quel- 25 fille de 1'Empereur; dius. Ce qu'elle ne pou- que sorte de crime, 25 chose qui ne se pou- voit faire legitimement, parce que cette jeu- voit sans crime, ac- dautant que Cesar l'a- ne Princesse estoit cordée qu'elle estoit voit desjá mariée á L. fiancee á Silanus. á Lucius Silanus : Silanus, jeune Seigneur On l'avoit desjá es- 30 lequel assez illustre et qui estoit de grande levé á la dignité de 30 de soy, Claudius qualité. Et qu'il a voit gendre de 1'Empe- a voit en cette con- desjá poussé en avant reur; on l'avoit ho- sideration porte aux par les marques triům- nore des ornemens faveurs et desirs du phales qu'il luy avoit du Iriomphe; on 35 peuple, par la ma- accordées, et par le avoit uonné un spec- 35 gnificence des orne- spectacle des Gladia- tacle de gladiateurs mens triomphaux et teurs qu'il avoit fait ce- en son nom, pour l'honneur de presi- lebrer en son nom, luy aoquerir Taffec- der aux solennels pour le rendre agreable tion du peuple. Mais 40 exeicices des Gla- au peuple. Mais rien une femme artifi- 40 diateurs. Mais rien ne sembloit difficile á cieuse ne trouvoit n'estoit difficile á 1'esprit ďun Prince qui rien ďimpossible au-1'egard de ce Prince, n'avoit ny jugement ny pres dun Prince qui qui n'avoit ny juge- haine qu'autant que n'avoit de passion 45 ment ny affection l'on luy inspiroit, et ny de sentiment que 45 ny haine, sinon ce que Ton luy ordonnoit. ceux qu'on luy ins- en l'esprit, par prie-re ou commande-50 meni absolu. La statistique generate confirme, d'abord, le fait que, meme chez les auteurs les plus bavards, les recits d'evenements s'allongent moins volontiers que les recits d'arguments. Baudoin et Breval restent, comme a 1'accoutumee, plus abondants que leurs confreres. Mais la difference entre les uns et les autres est, proportionnelle- qu'on luy mettoit piroit. * 4. Tacite, Ann., XII, ill ; Pauchet, p. 215 ; Baudoin, p. 303 ; Le Maistre, p. 22» ; Bréval, p. 224-225 ; d'Ablancourt, p. 52-53.