Paris : dégonflé, le «sapin» de McCarthy ne sera pas redressé M.F. avec G.G. | Publié le 18.10.2014, 10h13 | Mise à jour : 21h05 Paris (1er), samedi matin. Haute de 24 m lorsqu'elle était gonflée, la sculpture gonflable du Néo-Zélandais Paul McCarthy a été la cible de vandales durant la nuit. 295 réactionsRéagir Sapin de Noël ou sex-toy géant de 24 m ? Trois jours après avoir été érigée sur la place Vendôme, la sculpture très décriée de l'artiste américain Paul McCarthy a été la cible de vandales dans la nuit de vendredi à samedi. Elle n'est plus désormais qu'une chose informe gisant sur le sol... Selon nos informations, l'alimentation de la soufflerie et l'une des sangles qui la maintenait verticale aurait été coupées. L'artiste ne souhaite pas que les dégâts soient réparés ni que l'oeuvre soit à nouveau dressée. «Des investigations sont en cours», a indiqué une source policière. Intitulée «Tree» (arbre), l'oeuvre gonflable d'un vert éclatant, censée représenter un sapin de Noël, était installée à titre provisoire dans le cadre de la programmation «Hors les murs» de la Foire internationale d'art contemporain (Fiac). L'artiste agressé alors qu'il finissait d'installer son oeuvre Evoquant autant la forme d'un «plug anal», selon l'aveu même de l'artiste, que celle d'un arbre de Noël, cette création a suscité dès son installation une vive polémique. Jusque-là, ses détracteurs s'étaient déchaînés sur les réseaux sociaux. «Un plug anal géant de 24m de haut vient d'être installé place Vendôme! Place Vendôme défigurée! Paris humilié!», avait notamment twitté le Printemps français, mouvement mêlant militants identitaires et catholiques traditionalistes. Vendredi, le conseiller de Paris UMP Jérôme Dubus avait réclamé son retrait : «Anne Hidalgo doit faire cesser cette provocation en retirant cette -oeuvre d'art-», avait réclamé l'élu du XVIIe sur Twitter. Plus grave, l'artiste a été frappé au visage jeudi alors qu'il finissait d'installer son oeuvre. Une agression qu'avait vivement condamnée Jennifer Flay, la directrice artistique de la Fiac : «C'est navrant que quiconque se permette d'agresser un artiste. Moi qui suis néo-zélandaise et française, qui ai choisi ce pays, je suis gênée pour la France, même si je sais qu'elle n'incarne pas les idées de cette personne», a-t-elle déclaré au quotidien Le Monde. Selon elle, Tree a «reçu toutes les autorisations nécessaires : de la préfecture de police, de la mairie de Paris et du ministère de la Culture, en lien avec le Comité Vendôme, qui regroupe les commerçants de la place». La Toile s'enflamme Indignation après la destruction de l'oeuvre, attaques contre McCarthy, humour de potache autour du sex toy... La destruction de «Tree» enflamme Twitter de plus belle ce samedi, avec des milliers de commentaires sous les hashtags Vendôme et PlugGate. Les politiques donnent eux aussi de la voix, notamment la maire de Paris. Anne Hidalgo (PS) a fait savoir via Twitter que «Paris ne cèdera pas aux menaces de ceux qui, en s'en prenant a un artiste ou a une oeuvre, s'en prennent a la liberté artistique», ajoutant : «L'art a toute sa place dans les rues de @Paris et personne ne pourra l'en chasser.» La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, qui a elle aussi apporté son soutien à l'artiste via Twitter, considère que «la dégradation volontaire d'une œuvre, quel que soit le jugement esthétique qu'elle inspire, n'est pas seulement une infraction pénale mais qu'il s'agit aussi d'une atteinte insupportable à la liberté de création. Sans parler de l'agression physique d'un artiste.» Des précédents Les oeuvres de Paul McCarthy ont déjà déclenché des polémiques, et la page internet annonçant sa première grande exposition française, Chocolate Factory, à partir du 25 octobre pour la réouverture de la Monnaie de Paris, contient un avertissement sur le fait que certaines d'entre elles «peuvent être dérangeantes avec un caractère sexuellement explicite et parfois violent» et «déconseillant la visite pour les enfants et les adolescents». En 2008 une autre de ses oeuvres gonflables, «complex shit» (merde complexe), figurant un étron géant, avait rompu ses amarres sous l'effet du vent lors d'une exposition au musée Paul Klee de Berne. LeParisien.fr