Tanner. C'est ce que je disais a Pedro hier: M. Tanner il est toujours tendu. - Quand je lis ce qu'annonce la meteo et que je vois l'6tat du toit, il y a de quoi. - Mais la pluie c'est que pour vendredi. Et puis, la meteo, c'est que des trompettes. lis predisent le temps en se mettant un doigt dans le cul. Moi je vous dis que, si 9a se trouve, il fera meme pas une goutte, vendredi. La radio hurlait a deux pas de nous, Pedro soudait comme il pouvait, Pierre, fier de sa derniere replique, apres m'avoir toise" avec assurance et mepris, etait retourne* vers son tas de tuiles. Dans le transistor, 1'animateur demanda «Et moi je suis qui ?». L'attente Je vecus cette semaine dans la plus grande inquietude. Pedro s'empetrait chaque jour davantage dans ses plaques de zinc. Le resultat 6tait catastrophique. Tout etait tordu, de guingois. On aurait pu glisser une main entre chaque point de soudure. Points qui, d'ailleurs, l&chaient, a la moindre pression. Lorsque, devant Pedro, je dressais le constat de toutes ces carences, il se contentait de me repondre que tout cela n'etait pas fini, qu'il positionnait juste les pieces et qu'une fois qu'il aurait termine, tout serait parfait. Je n'avais plus d'autre choix que de le croire, d'esperer en une sorte de miracle. Cependant quelque chose avait change dans 1'attitude du zin-gueur. II sentait confinement que son vernis de cou-vreur et sa male arrogance n'allaient pas suffire pour affronter les Scheances qui nous attendaient. Je devinais chez lui les pr^mices d'une peur animale. Et cela me terrifiait. Tous les jours je scrutais les bulletins de la meteo. A chaque fois, ils rep&aient la meme chose. La fin du monde etait pour vendredi. 51