La tempete comme aux plus beaux jours. Vers seize heures, le ciel se voila vers l'ouest et une bände de nuages sombres apparut sur l'horizon. Au meme moment, le portable de Pierre sonna. Son visage se decom-posa et il dit seulement « Ah bon!» ä trois reprises. Puis il me dit: - C'est mon frere qui m'appelle d'Agen. La tempete vient de passer lä-bas. II parait que c'est terrible. Des trombes, un vent de fou, des toits empörtes et des arbres arrach^s. La soiree de jeudi ressembla ä une veill6e d'armes. Sur le toit, chacun travailla tard dans une ambiance assez lourde. Le chenau en zinc partait dans tous les sens, les retours de cheminöe pre-naient des angles grotesques, rien n'6tait droit ni etanche, quant ä Pierre, i son tour gagn6 par une vague crainte, il posait les tuiles les unes apres les autres. Avant qu'ils partent, je demandais aux deux escogriffes de ne pas oublier les baches pour le len-demain. - £a risque pas, repondit sechement Pedro. Vendredi matin, Meteo France 6mit un nouveau bulletin d'alerte confirmant une violente tempete et des orages pour la fin de l'apres-midi. J'annoncai la nouvelle aux couvreurs qui ne r^pondirent rien. - Vous avez les baches ? Pedro me designa un tas de toiles plastifiees entas-sees au pied d'une cheminee. II faisait une chaleur etouffante, 37 ou 38°, sans le moindre souffle et les tuiles etaient brülantes. Malgre la tension qui grim-pait au fil des heures, la radio continuait de hurler 52