La rencontre La demeure &ait a peu pres aussi imposante que dans le souvenir de mon enfance. J'avais du venir ici seulement quatre ou cinq fois en raison des rapports orageux que mon pere entretenait avec ce frere dont il n'avait jamais accepts l'homosexualite" th£&trale. A chaque visite, j'avais 6te impressionne par les dimensions de la batisse. Si haute, si longue et tellement large. Aujourd'hui, les charpentes s'in-curvaient sous le poids des ans. Les tuiles s'accom-modaient de ces inflexions. Les carrelages branlaient comme de vieilles dents, quant aux parquets, ranges par rhumidite\ ils s'abandonnaient a l'oeuvre obscure et patiente des champignons lignivores. Cela faisait plus de quinze ans que personne ne vivait la. Les peintures fan6es, les plafonds scrofuleux temoi-gnaient de cette d^sherence. Tout sentait le moisi et la ruine. N'importe qui dote d'un peu de raison aurait vu, entre ces murs, un paquebot de soucis, un porte-avions d'emmerdements. Au lieu de fuir a toutes jambes ces arbres centenaires et ces toits grabataires, je montais en souriant vers le grand 16