PARTIE 3 : L’ENTRE-DEUX GUERRES 1. Contexte historique et littéraire *La Belgique après la guerre *Les caractéristiques de la vie littéraire*Les caractéristiques de la vie littéraire 2. Le surréalisme 2.1. Le surréalisme et ses acteurs en Belgique 2.2. Paul Nougé *Texte 4: poèmes, fragments et série photographique 1. Contexte historique1. Contexte historique etet littérairelittéraire 1.1 La Belgique après la guerre ◦ L’optimisme et la prospérité généralisés (« la belle époque »)de la fin du XIXe sont anéantis. ◦ situation économique et sociale difficile ◦ adoption du suffrage universel pur et simple en 19191919 ◦ mythe de la Belgique unitaire s’affaiblit; le nord du pays affirme son caractère néerlandophone ◦ L’identité flamande (et la littérature) s’affirme désormais en néerlandais. 1.2. Caractéristiques de la vie littéraire belge ◦ 1* Mise à mal du mythe nordique : plusieurs facteurs déclaration de guerre de l’Allemagne en 1914: chocdéclaration de guerre de l’Allemagne en 1914: choc sur le plan de l’imaginaire (sentiment de trahison) Or chez les symbolistes (Maeterlinck ,Verhaeren): mise en avant d’éléments germaniques Mais après la guerre, une telle posture= inconciliable avec le sentiment anti-germanique qui régnait ◦ L’obligation d’adopter une nouvelle posture affirmer la littérature belge d’une autre manière. stratégies adoptées par la plupart des auteurs=mettre en œuvre un effort d’assimilation au modèle français Position paradoxale: la Belgique se dotePosition paradoxale: la Belgique se dote d’instances de légitimation autonomes : l’Académie royale de Langue et Littérature françaises de Belgique (1920) ◦ Autre facteur: l’héritage du symbolisme: Après 1914-1918, les écrivains doivent gérer cet héritage : comment renouveler le succès du symbolisme de la génération précédente? ◦ 2* Le recentrage sur la France débute dans les années 20 et s’affirme dans les années30. refuser l’inscription dans le territoire belge, désormais perçu comme « provincial » ou « régional », se conformer à tout prix à la norme linguistique française + inscription de la littérature belge dans la littérature française.inscription de la littérature belge dans la littérature française. En 1937, plusieurs auteurs affirment formellement, avec le Manifeste du Lundi, ce désir de pratiquer une Littérature française de Belgique. Plusieurs formes: récits seront situés dans un espace géographique français. l’absence de références explicites ou comparaison avec les réalités françaises permet de situer le récit dans un cadre français (par exemple, chez Madeleine Bourdouxhe, Charles Plisnier). ◦ 3* . Apparition de nouveaux mouvements porteurs dans la littérature belge Plusieurs mouvements ou genres, à partir des années 1920, renouent avec une reconnaissance internationale comparable à celle du symbolisme.internationale comparable à celle du symbolisme. Le surréalisme, le courant fantastique et le policier Chacun de ces trois courants ou mouvement opère un repli sur l’imaginaire et s’éloigne de l’ancrage historique et géographique belge. ◦ En somme, plusieurs postures parmi les écrivains: Assimilation à la littérature française: posture dominante (le groupe du Manifeste du lundi) Poursuivre une production symboliste jusque dans les années 1920.années 1920. Opter pour des formes spécifiques dans un dialogue avec le monde littéraire français (surréal., fantastique, policier) Donner une nouvelle formulation à l’identité nordique Le nouveau régionalisme flamand Le théâtre de Michel de Ghelderode et de Fernand Crommelycnk (expressionnisme) Les formes autobiographiques et les réflexions sur l’enfance, l’identité et l’origine, situées dans une géographie flamande 2. Le2. Le surréalismesurréalisme 2.1. Le surréalisme: traits principaux ◦ Les avant-gardes se manifestent en Europe dès la première décennie du XXe siècle. ◦ Mais manifestation bien plus visible après 14-18. ◦ Expression d’une révolte adressée à la société◦ Expression d’une révolte adressée à la société européenne, suite à la guerre (désillusion, nihilisme, etc.) ◦ Les principales caractéristiques des avant- gardes: volonté de rupture avec le passé, de faire « table rase » de ce qui précède posture opposée à l’institution qui s’exprime par des manifestes, des pamphlets, des spectacles provocateurs, des revues ou des tracts subversifs. volonté syncrétique, c’est-à-dire volonté de toucher toutes les disciplines artistiques. désir de remettre en question la notion même d’art et de toucher l’ensemble de la vie ou de la réalité perçue. Dans certains cas, la radicalité politique. Parmi les avant-gardes le surréalisme émerge dansParmi les avant-gardes le surréalisme émerge dans la continuité du mouvement dada (1916, Zurich, Tristan Tzara). existence éphémère et peu homogène ( s’inscrivent contre la forme même de groupes et de règles) MAIS impact important sur la vie artistique et intellectuelle européenne. Définition et évolution du mouvementDéfinition et évolution du mouvement Mouvement d’avant-garde littéraire et artistique né après la Première Guerre, le surréalisme sera actif jusque dans les années 60. La volonté du mouvement est de rompre avec le rationalisme, perçu désormais comme un carcan dont il faut se délivrer. Le surréalisme cherchera à libérer « la vie de l’esprit » et à capter le merveilleux de la vie quotidienne. En France, le chef de file du mouvement sera André Breton. Il rassemblera également autour de lui des peintres et cinéastes En France, le chef de file du mouvement sera André Breton. Il rassemblera également autour de lui des peintres et cinéastes ainsi que des photographes. Les postulats théoriques s’affirment en 1924, dans le Manifeste du surréalisme. Le mouvement y affirme son désir de liberté et de subversion du langage. La notion freudienne de l’inconscient et le rôle prépondérant du hasard seront très appréciés du groupe. Les surréalistes appliqueront ces notions dans leur pratique de l’écriture automatique. À partir de la fin des années 20, des dissensions naissent au sein du groupe, ce qui mènera à la publication d’un Second manifeste du surréalisme. (Définition issue du Manuel et anthologie de littérature belge à l’usage des classes de terminale, p.91) 2.2.Le surréalisme en Belgique2.2.Le surréalisme en Belgique Le Groupe de Bruxelles -Naît en 1924 à Bruxelles, avec Paul Nougé, Marcel Lecomte, Camille Goemans, René Magritte, E.L.T. Mesens. -Publication de la revue-tract Correspondance. Magritte et Mesens créent ensuite d’autres revues. -Volonté de déconstruction radicale des codes de la-Volonté de déconstruction radicale des codes de la représentation. -Pour eux, la révolte consistera à attaquer le langage dans ce qu’il a d’habituel et de monotone afin de faire naître la lucidité et de créer la surprise. • Evoluent indépendamment du groupe français: - refusent quelques grandes pratiques instituées par les surréalistes français (comme l’écriture automatique), -conception différente de l’engagement politique (Paul Nougé revendique une séparation nette entre le travail littéraireNougé revendique une séparation nette entre le travail littéraire et l’engagement politique) - refus de « faire œuvre » contraste avec le caractère institutionnel et désireux de publication du groupe français. - privilégient les formes courtes, fragmentaires et éphémères, ou non littéraires (tracts, catalogue de vente). -recours au pseudonyme et à l’anonymat Les surréalistes de Bruxelles précisent leur point de vue dans un texte, « La poésie transfigurée » (1932) ◦ Groupe surréaliste du Hainaut Constitué après le bruxellois, l’autre grand pôle du surréalisme belge apparaît à La Louvière, petite ville minière du Hainaut (en Wallonie). Chefs de file du mouvement : Achille Chavée et Fernand Dumont. Allier surréalisme et marxisme dans une remise enAllier surréalisme et marxisme dans une remise en cause de la société à travers la création poétique et une libération de l’homme. beaucoup plus proches du surréalisme français, pas de réflexion théorique aussi poussée que leurs homologues bruxellois exploiteront surtout des formes de subversion ludiques et ironiques mouvement se poursuivra après la guerre, (initiatives stimulant la production des jeunes auteurs, comme le Daily-Bûl, etc.). 2.3. Paul2.3. Paul NougéNougé ◦ 1895- 1967 ◦ Personnalité discrète, d'abord biochimiste puis écrivain. ◦ engagement dans le surréalisme s’est accompagné d’un engagement politique, maisaccompagné d’un engagement politique, mais à titre personnel. ◦ textes peu publiés de son vivant. Volonté de ne pas faire œuvre et d’effacement des traces ◦ s’inscrit contre l’idée d’art total englobant tous les aspects de la vie et contre l’idée d’oeuvre d’art comme système clos, achevé et fixé sous un nom célèbre. ◦ Production poétique sous forme de petits fragments. Utilise divers supports, et de formes non littéraires comme la grammaire, la photographie, la publicité, etc. ◦ La plupart de ses textes ont été rassemblés◦ La plupart de ses textes ont été rassemblés par Marcel Mariën, en 1967, sous le titre L’expérience continue. ExtraitsExtraits--questionsquestions Sur la forme Procédés poétiques particuliers ? (figures de style, rimes, etc.) Relation entre les titres et les contenus des poèmes ? A quelles formes de textes non littéraires desA quelles formes de textes non littéraires des techniques ou formules sont-elles empruntées ? Quel est l’effet provoqué par ce procédé ? Expliquez la référence à Clarisse Juranville Sur les thèmes et motifs traités Comment Nougé conçoit-il ou représente-t-il les objets ? Quelle place tiennent le regard et la vision dans ses poèmes et images ? Extraits 1. Quelques écrits et dessins de Clarisse Juranville aspect moralisateur et répétitif des ouvrages de Juranville utiliser cette base pour travailler sur le détournementutiliser cette base pour travailler sur le détournement du langage, en allant vers la polysémie et l’indétermination du sens. juxtaposition et répétition va crée des effets de surprise, des chocs entre des parties de phrases désincarnées et mises hors contexte. montrer que la littérature n’est jamais créée à partir de rien, mais toujours réécriture d’un apport antérieur. 2. Subversion des images Série de photographie prises en 1929-1930. Dans les clichés, mise en scène de l’absence parfois, ce sont les objets (vendange du sommeil), le centre de l’attention là (La naissance de l’objet), le portemanteau plus loin (Manteau suspendu dans le vide)portemanteau plus loin (Manteau suspendu dans le vide) ou encore les verres avec lesquels on trinque (Les buveurs). L’écriture et l’acte d’écrire sont mis en avant dans 4 clichés. L’atmosphère générale des photographies dégage un sentiment d’étrangeté, de menace, mis en évidence par l’action ou l’expression des personnes ou par le cadrage la récurrence de certains objets, qui se retrouvent dans plus d’un quart des photos nombreuses correspondances avec les tableaux du peintre Magritte + importance des miroirs ◦ Ces objets renvoient à l’idée d’ »objet◦ Ces objets renvoient à l’idée d’ »objet bouleversant », ils sont: - isolés -déformés -coupé de leur signification quotidienne et de leur lien avec le monde. Le bouleversement concerne les rapports entre les objets, mais aussi la vision elle-même. L’objet bouleversant Nougé introduit ce concept dans la Conférence de Charleroi (1929). La notion d’objet est à prendre au sens large : choses, musique, langage, sentiment.choses, musique, langage, sentiment. Ce bouleversement est recherché, voulu, puisqu’il s’agit de construire, d’inventer des objets bouleversants (oppose ainsi cette attitude à celle de l’automatisme, chère aux surréalistes français) Le bouleversement concerne les rapports entre les objets, mais aussi la vision elle-même. ◦ Pour Nougé « voir est un acte » et il ne suffit pas d’être ou de créer un objet pour qu’on le voie. Il faut également exposer l’objet en excitant le désir, le besoin de le voir. (Par ex. La naissance de l’objet) ◦ A propos des tableaux de Magritte, Nougé précise: « Que l’homme aille où il n’a jamais été, éprouve ce qu’il n’a jamais éprouvé, pense ce qu’il n’a jamais « Que l’homme aille où il n’a jamais été, éprouve ce qu’il n’a jamais éprouvé, pense ce qu’il n’a jamais pensé, soit ce qu’il n’a jamais été. Il faut l’y aider, il nous faut provoquer ce transport et cette crise, créons des objets bouleversants » Cf. Paul Nougé, « Les images défendues », in Histoire de ne pas rire, p. 239. cité par Frédéric Thomas dans « Expériences photographiques et pratique bouleversante-Paul Nougé et la subversion des images », (Université Paris VIII). 3.La publicité transfigurée ◦ Le jeu sur la grosseur des lettres, la typographie, l’emplacement des mots produit des effets défamiliarisants, rend les mots étranges, surprenants.mots étranges, surprenants. ◦ Change également la perception que l’on a de la publicité (contenu, mots utilisés= inhabituels) Synthèse sur Paul Nougé et le groupe surréaliste de Bruxelles Rapport au langage les mots // des objets, un matériau à partir duquel on peut provoquer des réactions ( // réactions chimiques). deux façons d’utiliser le langage: pour traduire une pensée (idée traditionnelle, d’une recherche de vérité dans l’expression poétique) ou pour produire une pensée inéditel’expression poétique) ou pour produire une pensée inédite (expérimentation ce que recherchent les surréalistes). refus de totalisation (le langage sert à faire exploser les significations), présence d’une certaine méfiance par rapport au langage qu'ils veulent le plus concis, le plus précis possible. Style qui correspond à cette idée: slogans, paroles oralisées pour être proférées, champs lexicaux en opposition ( liberté/captivité; surprise/habitude)