Partie III Chapitre 4 -Le theatre dans I'entre-deux-guerres Michel de Ghelderode 5.1. Introduction : le theatre en Belgique • Contexte: i^exigence de rentabilitě^ influence sur le repertoire Grand changement dans le theatre frangais á la fin du XIXe siěcle : apparition du theatre d'art. • la personne du metteur en scene prend de I'importance. • Dans cette modernitě théátrale: role de Maeterlinck et des symbolistes. • Theatre pergu comme un lieu de recherches esthétiques et langagiěres. En Belgique francophone, deux grands dramaturges se distinguent durant I'entre-deux-guerres (Michel de Ghelderode, Fernand Crommelynck). 5.2. Michel de Ghelderode dhemar Martens, ne en 1898, a Bruxelles ° desir de reconnaissances en 1917, opte pour un pseudonyme: de Ghelderode (consonance plus aristocratique et flamande) ° ->desir de se distinguer et de contribuer a la celebration du passe et de la Flandre ° contes +piece de theatre influencee par les courants symboliste et fantastique ° Interet pour le folklore (pieces pour marionnettes.) ° 1926: debut de la collaboration avec le VVT (Vlaamse Volsktoneel =\e theatre flamand populaire)= troupe ouverte aux experimentations dramaturgiques + pronant des valeurs catholiques et flamandes. ° Apres 1932, travaille seul mais peine a etre reconnu sur les scenes francophones, ° Reconnaissance sur les scenes parisiennes, fin des annees '40 En 1952,1'integrale de ses pieces en 6 volumes (Gallimard) Caracteristiques reactualise et reformule le mythe nordique attitude de distinction par rapport a la litterature frangaise dominante. strategie theatrale et langagiere reposant sur I'idee d'outrance, d'exces (//expressionnisme). utilise les innovations formelles du VVT effets sceniques concentres sur I'expressivite, I'expression tres marquee des personnages et le cote carnavalesque. Le carnavalesque, le grotesque ° motifs recurrents du deguisement, du travestissement et de la tromperie basee sur I'apparence que les personnages modifient par le deguisement ou le masque gout de la farce et la dimension carnavalesque pas uniquement droles : mort ou folie presentes ° naivete des personnages excessive ° I'idee que les apparences et le lanqaqe lui-meme sont systematiquement trompeurs. ° Le folklore et les traditions locales • marque par un des aspects du folklore bruxellois : le theatre de marionnettes. • usages et fetes liees a la religion catholique La fascination pour le VXIe siecle et les Pavs-Bas espaqnols -Apport decisif dans le theatre de Ghelderode : le mythe de la Flandre picturale: la Belgique de I'epoque des peintres primitifs flamands, le XVIe siecle des Pays-Bas espagnols. Recits/personnages lies a ce fond historique apparaitront dans plus d'une piece. -Periode du baroque, des conflits religieux et des oppositions contre I'occupant espagnol ->ideal pour la mise en scene du grotesque, de I'exces, mais aussi pour la mise en scene d'episodes epiques et empreints de mysticisme. Texte9 : Le singulier trepas de Messire tilenspiegel ° Farce: piece comique et courte, centree autour d'une =d action (souvent une tromperie organisee par H un/plusieurs personnages pour jouer un tour a d'autres H personnages.) Ulenspiegel est de retour dans sa ville natale (Damme, pres de Bruges) et appelle en pleine nuit un conseil communal pour faire lire son testament dans lequel il promet de leguer ses richesses a la ville. Les membres du conseil communal, connaissant pourtant sa reputation de farceur, acceptent de se rendre a son chevet. Une fois qu'il a rendu son dernier souffle, la supercherie est revelee : le coffre ne contient que de vieilles loques. A I'exterieur, la foule a qui Ton a promis une part des richesses, gronde de mecontentement. ° Le masque et le deguisement, le motif du theatre dans le theatre 1. Portrait du personnage d'Ulenspiegel ? (ä comparer avec le personnage de « La legende d'Ulenspiegel » de De Coster). 2. Relever quelques elements creant l'effet comique • Ironie (« discuter beaucoup et de fagon subtile... rien ne sera change » • Jeux sur les mots (« ce n'est pas dans l'obscurite... ») • Situations (« le bourreau va se marier.. », le medecin battant le malade) • Noms de certains lieux (les villages) et personnes • Moquerie vis-ä-vis de la religion, des institutions 3. Style et particulates linguistiques ? presence de nombreux mots de patois bruxellois ou de neerlandais (surtout dans d'autres pieces de Ghelderode). • ArchaTsmes (lexicaux : scabinal; ce jourd'hui; navrance; memorance; et syntaxiques: inversions S-V;) ° 4. Quels elements se rattachent ä I'idee de mythe nordique ? Comment Ghelderode prolonge-t-il cette idee? • les lieux: ä Damme ; dans un conseil communal (bourgmestre, echevins) et I'histoire (« les soldats espagnols »; « la mer s'est retiree »: allusion ä I'ensablement du Zwin) • les stereotypes associes aux habitudes (biere, usages du conseil communal) • religion catholique (la croyance fait oublier toute prudence aux membres du conseil communal) • apport folklorique: le personnage d'Ulenspiegel (// sorte d'hommage ä celui que Ton voyait comme le pere de la litterature beige + une volonte de s'inscrire dans un territoire et un folklore flamand) • dans la langue, dans les noms des personnages Conclusion sur Ghelderode • Dimension picturale ? • Notamment dans les liens avec le peintre Ensor, et plus generalement, dans les allusions frequentes aux peintres flamands de I'epoque du 15e et 16e (epoque fascinante pour Ghelderode). • Rapport au territoire ? • Oui, mais un territoire transforms (melange de lieux reels et invente). Ghelderode ancre ses recits dans le territoire beige et reactualise des elements du mythe nordique. Ceci explique qu'il sera facilement identifie comme beige par la scene theatrale frangaise. • Rapport a I'histoire? • Chez Ghelderode, I'histoire est revee et fantasmee. II eprouve une fascination pour le 16e siecle et ses personnages heroTques. • Innovations linguistiques ? Presence de nombreux archaTsmes (sur le plan lexical ou syntaxique), de termes neerlandais ou bien du patois bruxellois. Grande expressivite des personnages, ce qui explique le recours frequent aux marqueurs tels que ponctuation, cris, interjections, repetitions. Conclusions generates Evolution du rapport au monde litteraire frangais : d'un mouvement p'assimilation puis de distinction, on repasse a un mouvement d'assimilation. Cette dynamique continuera d'evoluer au cours du XXe biecle. Innovations linguistiques et usage des langues ° Le bilinguisme de nombreux auteurs peut etre mis en relation avec leur maniere d'ecrire (hypercorrectismes, belgicismes, style neoclassique) ° La litterature francophone, bien qu'ecrite en frangais, doit prendre en compte la proximite du neerlandais , que ce soit par la geographie ou par les usages sociaux. Rapport au territoire : affirmation d'une identite beige en se referant a la geographie/ a I'histoire beige, puis desir de non-reference et d'inscription dans le corpus frangais (comparable a la dynamique p'assimilation/differenciation citee plus haut). Rapport a la peinture : synergies, dialogues, echanges entre bicturalite et litterature (ex. Lemonnier, les symbolistes, Ghelderode). ° Metaphore picturale parlante pour evoquer les racines de la Belgique, (parfois de maniere idealisee, ex. chez Lemonnier) ° Fascination pour les peintres flamands (constitutifs du fameux « mythe nordique »), qui correspondent a une periode historique pergue comme epique, incarnant I'esprit beige, une des composantes de sa specificite (par rapport a la Fr.)