N. Trubetzkoy: Zur allgemeinen Theorie der Phonol. Vokalsysteme. durchprüfen und oft noch die Texte durchstudieren. Für einer» Forscher, der die betreffende Sprache nicht kennt, und der sich auch noch niemals mit Sprachen der betreffenden Familie befaßt hat, ist eine solche Arbeit sehr schwierig und zeitraubend; und es ist daher auch ganz natürlich, daß bei der Ermittlung der phonologischen Systeme verschiedener Sprachen jeder Forscher sich mit einer beschränkten Anzahl von Sprachen der ihm näher bekannten Sprachfamilien begnügen muß. Aus dem eben gesagten folgt: erstens, daß die Erforschung der phonologischen Strukturgesetze, die sich auf einer vei% gleichenden Untersuchung der phonologischen Systeme aller oder möglichst vieler Sprachen der Welt basiert, nur im Wege einer internationalen Zusammenarbeit geführt werden kann, zu der die auf dem Gebiete verschiedener Sprachfamilien arbeitenden Sprachforscher herangezogen werden müssen; zweitens: daß künftighin bei dem Abfassen von Sprachlehren und Grammatiken oder Beschreibungen verschiedener Sprachen und Dialekte eine besondere Aufmerksamkeit der Ermittelung und genauen Beschreibung des phonologischen S y s t e m s des betreffenden Idioms geschenkt werden soll. Während der Tagung des Ersten Internationalen Linguistenkongresses in Haag (1928) wurden diese praktischen Probleme in Privatgesprächen unter einigen Kongreßmitgliedern viel erörtert. Eine kleine Gruppe der Kongreßmitglieder, bestehend aus Prof. W. Czermak (Afrikanist, Wien), Prof. N. Jakovlev (Kaukasologe, Moskau), Prof. A. W. de Groot (Klassischer Philologe, Amsterdam), Prof. V. Mathesius (Anglist, Prag), Dr. R. Jakobson (Slavist, Prag) und dem Unterzeichneten, beschloß, eine internationale „Gesellschaft für die vergleichende Erforschung der phonologischen Systeme der Welt" zu gründend«) Vorläufig hat dieser Beschluß noch keine praktische Verwirklichung bekommen: eine solche wird nur dann möglich sein, wenn die Gedanken, die uns zum genannten Beschluß führten, weiteren Kreisen der Sprachforscher bekannt sein werden. Durch den obigen Beitrag zur allgemeinen Theorie der phonologischen Vokalsysteme möchte ich hauptsächlich den Gedanken der vergleichenden phonologischen Systemlehre und den Nutzen einer vergleichenden Erforschung der phonologischen Systeme der Welt den Sprachforschern nahelegen, sie zur Arbeit in derselben Richtung anregen. Sollten einige 3S) E. Sapir (Afrikanist und Amerikanist, Chicago), der am Kongresse nicht teilnahm, dessen Artikel über die Lautvorstellungen (im Lan-guage, I, 2) vollkommen mit den Ansichten der obengenannten Gruppe von Sprachforschern übereinstimmt, wurde von uns nachträglich eingeladen und willigte ein. V. Mathesius: La structure phonologique du lexique du tcheque moderne. Sprachforscher dabei den Wunsch bekommen, sich der hier err wähnten geplanten Gesellschaft für allgemeine und vergleichende Phonologie anzuschließen, bitte ich sie, mir davon Mitteilung zu machen.39 LA STRUCTURE PHONOLOGIQUE DU LEXIQUE DU TCHĚQUE MODERNE PAR V. MATHESIUS. Contribution ä la phonologie comparée. I. La méthode de l'analyse phonologique, qui se conquiert une place importante dans la linguistique moderne, nécessitera encore bien des reflexions avant de se fixer ä un degré de finesse et de comprehension süffisantes. II appert děs aujourd'hui qu'il faudra attaquer le probléme de la caractérisation phonologique de plusieurs cötes. On peut, comme le montre l'article du prof. Troubetzkoy et comme l'avait dejä expose le prof. Sapir dans sa dissertation sur les « sound patterns » (Language 1/1925, PP. 33 sqq.), étudier un systéme phonologique dans la composition et les rapports réciproques de ses termes. Mais on peut aussi étudier le repertoire des elements phonologiques ä titre de maté-riaux fonctionnels et se préoccuper de l'emploi particulier qui en est fait dans le courant du discours ou dans le lexique. Les ré-sultats de ces différentes méthodes se compléteront, conťirme-ront ou corrigeront mutuellement. Cest de leur emploi combine seulement que résultera la caractérisation phonologique complete ďune langue étudiée. Dans 1'étude phonologique, il s'agit surtout de caractériser au point de vue phonologique une langue donnée ä un stade determine de son evolution. Cest seulement en partant de coupes de ce genre que Ton pourra passer aux problěmes historiques, ä la question de 1'évolution et de la parenté mutuelle des diffé-rents systěmes. La caractéristique phonologique nécessite done, comme la caractéristique linguistique en general, surtout les méthodes de la synchronie et de la comparaison de structure. Dans l'article qui va suivre, je me borne en consequence au tcheque cultivé ďaujourďhui tel qu'il se présente dans une pronunciation soignee, et j'ai recours comme terme de comparaison, parmi les langues européennes non slaves connues, en premiere ligne, surtout ä l'allemand dans la pronunciation du sud. Pour 1'étude 3B) Adresse: Wien I, Dorotheergasse 12, Prof. Dr. N. Trubetzkoy; oder: Wien I, Liebiggasse 5, Seminar für slavische Philologie. 66 67 V. Mathesius: La structure phonologique du lexique du tchěque moderně. du lexique, je fais entrer en ligne de compte tous les mots cou-rants composes d'un et de plusieurs sons jusqu'a quatre inclusi-yement. Je laisse de coté les noms propres et je reserve une place á part aux interjections, comme ayant dans leur structure phonologique, en qualité ďonomatopées ou de mots affectifs, leurs écarts particuliers. J'espere voir les résultats auxquels j'aboutis completes non seulement par l'analyse des mots de plus de quatre sons, mais encore par la comparaison analogique du tchěque avec les principales langues slaves. II. Les matériaux de la phonologie consistent en des elements phonologiques fondamentaux appelés phonemes, c.-a.-d. des sons (simples ou composites) qui ont une val eur fonction-nelle, et en des elements phonologiques modif icateurs, c.-a-d. des qualités des sons (ou series de sons) qui ont elles-mémes une va-leur également f onctionnelle. II est evident que ne f igurent pas au nombre des phonemes les sons qui ne font que se substituer á un phoneme dans une position phonétique particuliěre et qui n'ont pas^ par eux-mémes de signification fonctionnelle, par ex. en tchěque la nasále vélaire y., la vélaire sonore g et 1'affriquée sonore dž. Plus difficultueuse est la question de savoir s'il faut f aire entrer dans le •systéme phonologique ďune langue donnée les sons originairement inusités dans la langue, mais y ayant pris racine jusqu'a un certain point sous l'influence des mots étrangers empruntés. Mais ici de méme on peut ordinairement constater que le son dont il s'agit ne participe pas aux differences phonologiques et, partant, n'appartient pas au systéme phonologique. Tel est le cas, par ex., de la diphtongue au en tchěque moderně. Le changement de k en g, surtout au voisinage de li-quides, qui se produit en tchěque populaire uniquement dans les mots étrangers (par ex. krém, cirkus, bicycl, balkon, plakát), alors que dans les mots autochtones k demeure dans toutes les positions — á l'exception de la pronunciation de mots kdo, kde, kdy, — une pure sourde (comp. avec les mots étrangers cites ci-dessus les mots tchěques suivants: krev, pírko, vynikl, pálka, plakat), montre bien qu'il existe une sortě de conscience ďune difference entre les elements indigenes et étrangers. Les mots entrés depuis longtemps dans la langue ne s'y distinguent naturellement plus de ceux qui sont propres á celle-ci, par leurs elements phonologiques, mais ils continuent parfois encore á s'en distinguer par des groupements inusités de phonemes. Comme on Ta déjá indiqué ci-dessus, les interjections sont aussi parfois exclues par leurs groupements particuliers de phonemes des habitudes phonologiques pratiquées dans une langue donnée. III. Les elements phonologiques fondamentaux se divisent, á leur tour, en sonantes et consonantes. Les termes de chacun de ces deux groupes constituent pour nous les matériaux dont les mots sont composes et, partant, nous allons d'abord nous informer de leur structure. En tchěque, au nombre des elements fondamentaux, on trouve quatorze sonantes1) et vingt-quatre consonantes2) ; les deux groupes sont l'un par rapport á l'autre dans la proportion de 58:100. Quand on considěre que 1'allemand comporte quatorze sonantes et vingt-deux consonantes, soit une proportion de 64:100, 1'anglais vingt sonantes et vingt-quatre consonantes, soit une proportion de 83: 100, et le francais seize sonantes et dix-neuf consonantes, soit une proportion de 84:100, il est tout á fait evident que le repertoire des phonemes tchěques est caractérisé par la predominance des consonantes sur les sonantes. Cette assertion se trouve renforcée lorsque Ton tient compte de la composition, dans chacune des langues considérées, du repertoire des sonantes. En frangais, le repertoire entier des sonantes se compose de voyelles simples (je laisse de coté le difficile probléme des diphtongues dites croissantes), alors qu'en tchěque, sur quatorze sonantes, il n'y a que cinq voyelles simples, — soit seulement un tiers environ, — les neuf autres sonantes comprenant trois consonnes sonantes et six diphtongues décroissantes. Ces six diphtongues décroissantes ne sont ďailleurs pas de méme nature. Ainsi que cela ressortira ulté-rieurement de leur emploi structural, il n'y a de veritable diphtongue en tchěque que ou, les autres diphtongues étant plu-tot, au moins dans le langage soigné, une fusion occasionnelle d'une voyelle avec la consonne j appartenant á la méme syllabe, et se scindant par suite facilement en deux sons hétérosylla-biques. La nuance fortement consonantique du second element de ces diphtongues, sur laquelle les phonéticiens attirent l'at-tention, est frappante. Par contre, c'est un trait important de la structure phonologique du tchěque que les sonantes r et I forment méme des syllabes toniques. Le repertoire tchěque des sonantes apparait done, vis-á-vis de celui du francais, plus pauvre quant á 1'étendue de sa gamme, plus rude á cause du role important qu'y joue 1'élément consonantique, et moins precis par suite de la presence de diphtongues. Sur les vingt sonantes de l'anglais, il y a neuf voyelles simples, trois consonnes sonantes et huit diphtongues décroissantes; sur les quatorze de l'allemand, il y en a, respectivement, huit, trois, et trois. De plus, ni en anglais ni en allemand une consonne sonante ne peut constituer une syllabe accentuée. Ces deux langues germaniques ont done une gamme de voyelles plus riche que celle du tchěque, tout en *) Les voyelles simples a, e, i, o, u; les diphtongues ou, ej, aj, oj\ uj, ij; les consonnes sonantes r, I, m. 2) Les consonnes simples 6, d, ď, f, h, I, j, k, I, m, n, ň, p, r, ř, s, S, t, t, v, z, ž; les affriquées is, is. 68 69 V, Mathesius: ne s'egalant pas au frangais. L'une et 1'autre langue possědent, comme le tchěque, des consonnes sonantes, mais avec moins de possibilités structurales. Le repertoire des véritables diphton-gues décroissantes est plus considerable dans ces deux langues qu'en tchěque (en tenant compte de ce qui a été dit ci-dessus sur les diphtongues du tchěque). La comparaison avec ces^ langues fait ressortir la pauvreté du systéme vocalique du tchěque, mais en méme temps aussi la precision relativement grande de sa gamme peu étendue. La nature du repertoire des consonantes des langues con-sidérées présente plus ďuniformité, mais cependant elle établit entre le tchěque ďune part, avec 1'anglais et 1'allemand, et le frangais ďautre part, un certain contraste. Les dix-neuf consonantes du frangais sont des consonnes simples, tandis que sur les vingt-quatre du tchěque il y en a deux affriquées, sur les vingt-quatre de 1'anglais deux également et sur les vingt-deux de 1'allemand trois. Le nombre proportionnel de consonantes a déjá été pris en consideration dans les explications sur les sonantes, et, quant á une caractérisation plus détaillée du repertoire consonantique des langues en question, 1'occasion se présentera ci-dessous de la faire. IV. Parmi les elements phonologiques modificateurs, le plus caractéristique du tchěque est la quantité. Toutes les voyelles tchěques simples se présentent en couples longue-brěve; méme dans les couples oú autrefois la difference quantitative s'etait changée en une difference qualitative, les mots étrangers em-pruntés ont rétabli 1'existence de la difference de quantité (par ex. pour le couple o — ó: choř — chór, borový — bórový), et, en outre, les differences de quantité sont tout aussi importantes dans les syllabes atones que dans les syllabes accentuées. Cest ainsi seulement qu'ont pu naitre des series comme, par ex.: námaha, namáhá, — kaly, káli, kalí, kálí, — myli, míli, milý, mýlí. Enfin il y a lieu de remarquer á quel point en tchěque les differences de quantité influent sur les differences de sens. La difference entre voyelle brěve et voyelle longue n'est pas seulement, en tchěque, un moyen de différencier de simples vocables par ailleurs entiěrement différents comme par ex. ceux du couple ráda et rada, mais elle sert aussi á la différenciation dans la formation des mots, c.-á.-d. á différencier deux formations ayant la méme base, par ex. celles du couple konici et honící, et á différenciation morphologique, c.-á.-d. á différencier diffé-rentes formes ďun méme mot, comme par ex. celles des couples: bosa — bosá, vřele — vřelé, poli — p\olí, píli — pílí, roku — roků, domu —■ domů. Dans les langues qui nous servent de termes de comparaison, le contraste le plus aigu avec le tchěque est constitué á cet 70 La structure phonologique du lexique du tcheque moderne. egard par le frangais: la difference de quantite en valeur fonc-tionelle n'y apparait avec quelque nettete que pour l'une de ses nombreuses voyelles (e) et ce dans un. tout petit nombre de mots (voir Jespersen, Lehrbuch der Phonetik, p. 83). L'alle-mand et l'anglais utilisent la quantite, en valeur fonctionnelle, plus que le frangais, mais cependant dans des proportions bien moindres que le tcheque. Dans les deux langues en question, les differences de quantite sont limitees ä la syllabe accentuee et, si en allemand elles portent sur les sept voyelles qui peuvent se trouver sous l'accent, elles ne portent en anglais que sur trois d'entre elles, ou sur quatre si l'on considere comme une difference purement quantitative celle qui existe entre les syllabes toniques de couples comme gutter — garter, cut — cart. En outre, en anglais, les differences de quantite sont accompagnees de differences qualitatives considerables, et egalement la quantite effective est dans une grande dependance par rapport ä la consonne suivante, ce qui fait naturellement beau-coup perdre au caractere expressif des correspondances exis-tant entre les termes des differents couples. En dernier lieu, il faut mentionner que ni 1'allemand ni l'anglais ne vont aujourd'hui, dans l'utilisation des differences de quantite, au-delä des differentiations simplement lexicales. Les anciennes differences quantitatives qui avaient aussi, en anglais, une fonc-tion de differentiation morphologique, n'existent dans la langue actuelle qu'en projection qualitative (par ex. meet-met). Les relations nees de ce fait doivent etre constatees pour que la caracterisation phonologique soit complete, quoique leur valeur propre n'apparaisse que lors de la reunion de l'etude phonologique avec l'etude de la formation des mots et celle de la morphologic En tcheque, les relations de meme genre nees de la projection qualitative d'anciennes differences quantitatives sont les suivantes: o — u, u — ou, e (e) — i. La difference de quantite des voyelles est, pour le tcheque, un element modif icateur veritable, c.-a.-d. que c'est un changement, ä valeur fonctionnelle, ' de l'aspect du phoneme, qui ne fait pas passer celui-ci, dans la conscience linguistique, ä un phoneme different. Pour les elements modificateurs dont il sera question plus loin, la situation sera autre. II s'agira non de l'aspect modifie d'un seul et meme phoneme, mais plutot d'une difference, ä valeur fonctionnelle, entre des phonemes proches l'un de 1'autre et associes l'un ä l'autre dans la conscience linguistique. Le premier de ces elements modificateurs non proprement dits, en tcheque, est la difference entre consonne molle et dure. Gette difference interesse trois couples de consonnes: t/t', d/d', n/n, auxquels on peut ajouter un quatrieme couple, celui de r/r. L'importance de cette difference ressort de 1'usage qui en est fait pour les differen- 71 V. Matliesius: ciatíons de sens. De méme que la quantité, on utilise en tchěque ladite difference des consonnes non seulement pour de simples différenciations lexicales, par ex. dans les couples: dýky — díky, lany — lani, síty — síti, rýpou — řípou, mais aussi pour des différenciations dans la formation des mots, par ex. dans les couples letný — letní, raný — ranní, berný — berní, obecný — obecní, et pour des différenciations morphologiques, par ex. dans les couples: hady — hadi, katy — kati, pány — páni, kmotry — kmotři, chorý — choří. A ces couples se rattachent orthographiquement les couples s/š, e/ž, c/č, qui toutefois ne constituent pas, dans la prononciation tchěque moderne, des series différenciées par le caractěre mou de ľun des termes. Ces couples de sifflantes et chuintantes ont aussi en tchěque un rôle fonctionnel important, car outre la différenciation lexicale (par ex. dusí — duší, dráze — dráže, cepy — čepy), ils contri-buent ä la différenciation morphologique (par ex. kněze — kněze, otce — otče, chlapce — chlapče). Dans les langues prises comme terme de comparaison, ľamollissement des consonnes ne se pré-sente pas comme element modificateur. On n'y trouve que les couples de sifflantes et chuintantes et encore, par comparaison avec le tchěque, en moins grand nombre et avec une valeur fonctionnelle plus limitée. En allemand, on ne trouve que le couple s/š, ainsi qu'en anglais, car le couple z/ž n'a pas de valeur significative; en frangais les couples s/š, z/ž, n/ň, n'ont de fonction différenciatrice que dans le lexique et ce dans un petit nombre de cas. Si le tchěque ľemporte sur les langues que nous lui compa-rons, pour ce qui est de la difference de quantité et le caractěre mou des consonnes avec valeur fonctionnelle, il passe au con-traire ä ľarriere-plan pour ľélement modificateur dont nous allons parler, ä savoir la difference du caractěre sonore et sourd des consonnes. Pour ce qui est de ľimportance fonctionnelle de cette difference, ,on trouve deux pôles dans les langues prises comme terme de comparaison, ďune part le frangais avec ľan-glais, et ďautre part ľallemand. En frangais et en anglais, la difference de sonorité est également importante partout, que ce soit au debut du mot, au milieu ou ä la fin; elle porte, en anglais sur sept couples de consonnes, en frangais sur six. En outre, dans ľune et ľautre langue, ľutilisation fonctionnelle de ladite difference va au-delä de la différenciation lexicale, qui est abon-damiment representee surtout en anglais, pour servir ä la différenciation dans la formation des mots (par ex. angl. advice — advise, etc.) et ä la différenciation morphologique (par ex. angl. build — built, etc., f rang, vif — vive, etc.). En allemand au con-traire, la difference fonctionnelle de la sonorité des consonnes, — ou la difference qui la remplace dans la prononciation alle- La structure phonologique du lexique du tchěque modeme. mandě,_est complětement éliminée á la fin du mot et est pres- que insignifiante au debut du mot. Elle disparait complětement pour le couple s/z et ne se présente avec quelque netteté que pour le couple f/v. Au milieu du mot méme elle a peu ďimpor-tance, elle s'y limite á trois couples seulement, avec des exemples peu nombreux. II ne s'agit ďailleurs toujours que de différenciations purement lexicales. Le tchěque est sur ce point á peu pres á mi-chemin entre les deux poles étudiés. La difference fonctionnelle de la sonorité des consonnes n'y existe pas non plus á la fin du mot, et 1'utilisation de cette difference n'y va pas non plus au-delá de 1'utilisation lexicale. Par contre, la difference de sonorité porte en tchěque sur sept couples — en comptant parmi ceux-ci la correlation h—% —, elle figure dans de nombreux exemples et est aussi nette au debut qu'au mil'ieu du mot. Les. autres elements modificateurs dont Pexistence se laisse constater dans les langues prises comme terme de comparaison, n'interessent pas le tchěque et n'ont par consequent, pour la ca-ractérisation de sa structure phonologique, qu'une importance toute negative. Cest ďabord la difference entre le degré plein et le degré réduit des voyelles, difference qui est trěs nette surtout en anglais et ce dans le son different du suffixe adjectif et verbal -ate en fonction de facteur différenciateur dans la formation des mots. En allemand, la difference en question n'est que faiblement representee en tant que facteur fonctionnel, quant au frangais, il 1'ignore aujourďhui autant que le tchěque. En connexion avec cette difference de plenitude des voyelles, on trouve aussi en anglais, comme facteur différenciateur dans la formation des mots, la difference de place de l'accent, et ce dans le groupe des mots que la place de l'accent caractérise comme étant de la classe des substantif s ou de celle des verbes. La place de l'accent a une valeur fonctionnelle également en allemand, avec une limitation analogue au groupe des verbes composes á prefixe separable ou inseparable. Le frangais et le tchěque igno-rent cet element modificateur. Enfin, en frangais, on trouve, en fonction ďélément modificateur, la ipossibilité ou 1'impossibilité, pour tout mot commengant par une voyelle, de se lier avec la consonne finale du mot precedent (par ex. les étres — les hétres, les auteurs — les. hauteurs). Ceci ne se présente dans aucune des autres langues considérées. En tchěque, il peut y avoir des cas oú le coup de glotte joue le role ďélément modificateur, par ex. dans le couple sužuj — s'uzuj (respectivement: tourmente! et rétrécis!). L'importance de cet element modificateur en tchěque ne peut bien entendu se comparer á celui que joue le méme element en danois par exemple. II ne s'agit la, comme pour les autres faits mentionnés dans ce paragraphe, que d'un phénoměne sporadique. 72 78 V. Mathesius: V. On a donné dans les deux chapitres precedents un tableau compare des elements phonologiques qui sont á la disposition du tchěque moderně. Mais il a déjá été observe que l'inventaire phonologique peut étře étudié aussi au point de vue de la formation des mots et á celui de la morphologie, et qu'on peut se demander quels procédés phonologiques sont employes dans telle ou telle langue pour la differentiation des formations de mots et des formes grammaticales. Si Ton ne veut pas que la caracté-risation phonologique du lexique tchěque moderně soit sommaire, il faut répondre á la question qui vient d'etre, posée. D'une maniěre generále, on peut dire que la différenciation des formations de mots et des formes; grammaticales se fait á l'aide, soit d'une variation des elements phonologiques du mot Bans modification de son volume phonique, soit d'une simple modification de ce volume phonique par l'addition ou la suppression de sons, soit enfin d'une combinaison de ces deux procédés. Le systéme phonologique n'est ďailleurs intéressé que par la variation appartenant au premier type, ou par sa participation au type troisiěme. Le changement de la structure phonologique du mot sans modification de son volume phonique peut á son tour porter soit sur le radical, soit sur les parties accessoires du mot, et il peut étre effectué á l'aide de mutations intéressanť soit les elements fondamentaux, soit les elements modificateurs, soit les uns et les autres á la fois. En appliquant ces principes á l'anglais moderně, on constate qu'il ne s'y rencontre pour ainsi dire que des changements affectant le radical, et ce surtout des alternances completes de voyelles (dans les verbes: drink, drank, drunk; dans les substantifs: foot, feet, man, men), ou des differences de quantité transformées en differences de qualité (meet, met). L'une et l'autre variations s'associent également á une modification du volume phonique (dans les verbes: keep, kept; dans les substantifs: brother, brethren). La variation des elements phonologiques dans les parties accessoires du mot ne se produit en anglais que dans des limites étroites et n'interesse que les consonnes (looks — looked; loves — loved). En outre, la différenciation dans la formation des mots se fait aussi en em-ployant la difference -de plenitude de 1'élément voyelle (suffixe -ate en valeur nominate et verbale), la difference de place de l'accent (presage — presage) et la difference de sonorité des consonnes [use (subst.) — use (verbe)]. Ce changement, qui n'interesse jamais dans cette valeur que la fin du radical, est mis en ceuvre aussi dans le systéme morphologique (build — built). En francais, au contraire, le changement complet de phoneme voyelle affecte surtout la partie accessoire du mot (aimons, aimez, aimais, aima, aimant; rompons, rompez, rom-pais, rompis, rompu, rompant), et la méme oil il y a changement La structure phonologique du lexique du tchěque moderně. complet de phoneme voyelle du radical, cette variation prend souvent le caractěre d'une variation affectant la partie accessoire et combinée avec une modification du volume phonique (animal, animaux, beau, belle). Outre cela, on trouve bien en-tendu gi et la en frangais des changements complets de phoneme voyelle du radical, par ex.: je fais — je fis, je meurs — nous mourons, je peux — je pus — je pouvais. Parmi les elements modificateurs, on voit s'employer, dans cet ordre ďidées, surtout la difference de sonorité des consonnes (vif, vive) et aussi, un peu, la palatalisation (sec, sěche). Ces deux changements intéressent la fin de mot. L'allemand est naturellement tout proche de l'anglais, mais sans le reeouvrir. La aussi, c'est un fait trěs important que le changement complet de 1'élément vocalique du radical (trinken, tranken, tränken; Tochter — Töchter), mais on le rencontre aussi dans les parties accessoires (Affe, Affen; trinke, trinken; Geiste, Geister), et le changement de radical y est un simple fait ďaccompagnemenť plus souvent qu'en anglais (Kraft — Kräfte). Parmi les elements' modificateurs, le déplacement de l'accent joue un role sporadiqué (durchbrechen — durchbrechen). Le tchěque l'emporte encore1 sur le frangais par l'usage abondant qu'il fait de la simple alter-nance des elements phonologiques dans les parties accessoires du mot, et ce qu'il s'agisse des verbes (par ex. nesu, nese, nesou, nesa, nesl) ou des noms (par ex. střela, střely, střele, střelu, střelou). Le changement complet ďélément phonologique dans le radical se trouve rarement seul (par ex. pouštěn •— puštěn, střelí ■—■ střílí), mais est le plus souvent une modification d'ac-compagnement (par ex. Jan —Jene, vede^—vodí, pustí — pouští, hodí—hází, kůň—koně). Parmi les elements modificateurs, on fait grand emploi de la difference de quantité, et ce dans les parties accessoires du mot ď ordinaire comme fait autonome (par ex. píši — píší, bosa — bosá), avec diphtongaison (nesu — nesou, rybu — rybou), tandis que c'est un simple fait d'accom-pagnement dans le radical, a peu pres toujours (ex. brána—; branou, síla — silou, draze — dráže, pomyslí — pomýšlí, zasadí — zasází). Outre la quantité, on voit aussi servir ďélément dif-férenciateur dans la formation des mots et dans la morphologie le caractěre mou des consonnes. Celui-ci affecte naturellement le radical, mais seulement dans sa fin, de sorte que ce changement ne se distingue pas nettement des changements affectant la ter-minaison (katy — kati, et autres exemples cites au chapitre precedent) . II y a lieu de souligner qu'une certaine importance dans la morphologie et parfois aussi dans la formation des mots apar-tient ä la correspondance consistant dans la difference de caractěre mou ou dur transf ormée (par ex. hochy — hoši, vrahy — vrazi, býky — býci). De méme que les differences quantitatives 74 75 V. Mathesius: La structure phonologique du lexique du tchěque moderně. transformees en differences de qualite out abouti, a cote des couples quantitatifs actuels tels que e—e, o—6, u—u, a des relations paralleles telles que e—i (ej), o—u, u—ou, de meme, les differences de caractere mou transformees ont donne lieu, a cote des couples actuels tels que c—c, z—z, a des couples paralleles tels que k—-c, c; h (%)—z, z, %—s. Par la se trouve considerable-ment multiplie en tcheque le nombre des variations possibles dont il est fait usage pour les combinaisons de variations. L'existence de ces combinaisons, qu'elles soient sans modification du volume phonique ou qu'elles comportent pareille modification, est aussi caracteristique du tcheque, par rapport aux langues du type represents par 1'anglais et le frangais, que, par rapport aux langues du type de 1'anglais et de Pallemand, la concentration des variations phonologiques importantes au point de vue du sens dans la desinence ou dans la fin du radical du mot. VI. Dans les trois paragraphes precedents les elements de structure qu'on peut trouver dans les mots tcheques ont ete studies. L'etude de la structure du mot tcheque qui suit sera limitee, comme on l'a dit dans les paragraphes d'introduc-tion, aux mots de quatre sons au plus,, et 1'allemand seul sera pris comme terme de comparaison. On doit noter en outre que, lorsqu'un meme mot a iplusieurs formes de meme longueur, il ne sera tenu compte que d'une seule de ces formes, en cas de simple changement de desinence sans modification du radical. Ainsi, les formes ryba, ryby, rybu, rybou ou encore vedu, vede, veda, vedou, vedl ne compteront que pour seule unite dans le nombre des mots tcheques de quatre sons. Toute modification du radical accompagnant le changement de desinence sera compte pour une unite nouvelle, par ex. ruce en face de ruka, etc., pece en face de peku, etc. Cette regie sera observee unifor-mement pour les mots tcheques et les mots allemands, seulement elle sera appliquee plus souvent dans Panalyse des premiers que des seconds, le tcheques ayant des variations de desinence plus frequentes, comme on l'a deja constate, que 1'allemand. Malgre cela, le nombre des mots a considerer comme unite independante releves en tcheque est d'un sixieme superieur au nombre trouve pour Pallemand (environ 2800 mots tcheques contre 2400 mots allemands, soit une proportion approximative de 54:46). II est important de constater en meme temps que la difference •relevee en faveur du tcheque comporte plus de mots monosylla-biques que des mots dissyllabiques, la proportion etant pour eha-cune de ces categories, respectivement, de 56,5: 43,5 et de 52:48. La tendance plus forte du tcheque au monosyllabisme s'exprime avec eloquence dans le nombre des mots releves pour les types les plus simples de monosyllabes, c.-a.-d. pour les types composes d'une seule consonne et d'une seule voyelle; dans cette catégorie, nos examples sont au nombre de soixante^dix á peine pour 1'allemand, tandis qu'ils sont une bonne centaine pour le tchěque. Mais méme en tchěque, la tendance au monosyllabisme est loin d'etre aussi accentuée qu'en anglais et en f rancais, ou le nombre des mots de cette catégorie approche de deux cents. II f aut aussi réfléchir que, d'apres la prononciation courante, le monosyllabisme est en progres en tchěque (mít en face de míti, seď en regard de sedl, etc.), ainsi qu'en allemand (háb' vis-á-vis de habe: datif Berg en regard de Berge, etc.). Si l'on demande quel rapport un état morphologique different peut avoir avec le plus grand monosyllabisme du tchěque, on trouve que Pécart est le ,plus frappant entre les deux langues comparées dans la déclinai-son des substantifs, oú le tchěque utilise dans deux cas, celui du type ryba: ryb et celui du type město: měst, un procédé entiěre-ment étranger á la déclinaison allemande, á savoir une reduction du volume phonique du substantif qui change un mot dissyllabi-que en mot monosyllabique. Pour les adjectifs, Pavantage est plutót du coté de Pallemand, la forme predicative des adjectifs monosyllabiques y apparaissant aux trois genres et aux deux nombres, et y étant de plus identique a la forme de Padverbe (schón), alors qu'en tchěque la forme nominale des adjectifs monosyllabiques n'existe qu'au masculin singulier (bos, rád). Dans les verbes, on a des impératifs et des preterits monosylla-,biques des deux cótés ('ber: nimm, bral: nahm), il n'y a guěre qu'au participe passif qu'on peut trouver un léger avantage en faveur du tchěque (brán: genommen). Au total, dans les deux langues considérées, pour les mots composes de un á quatre sons, on a 'relevé, sur un nombre maximum de trente combinaisons possibles, vingt types de structure. Ce sont, en désignant par a la sonante et par b la consonante, les types ci-aprěs: 1. a (tch. a, all. Ei); — 2. b (tch. k, all. 0); — 3. aa (tch. 0, all. Aue); — 4. ab (tch. on, all. Eis); — 5. ba (tch. to, all. da); — 6. aab (tch. 0, all. Auen); — 7. aba (tch. oko, fll. eine); — 8. baa (tch. 0, all. baue); — 9. bba (tch. sto, all. (drei.); — 10. bab (tch. set, all. dir); — 11. abb (tch. úst, all. 1st); — 12. abab (tch. otec, all. alles); — 13. baab (tch. neuč, all. Bauer); — 14. baba (tch. duby, all. habe); — 15. bbaa (tch. f), all. blaue); — 16. abba (tch. osma, all. Erde); — 17. abbb (tch. 0, all. eilst); — 18. babb (tch. kost, all. lobt); — 19. bbab (tch. pták, all. droht); 20. bbba (tch. sklo, all. Stroh). Ne sont pas représentés les combinaisons bb, am, bbb, aaaa, aaab, aaba (all. Eiern?), abaa (sauf dans des mots étrangers, aloe), baaa, aabb. Cette simple enumeration fait déjá ressortir deux choses. Premiěrement, Paversion du tchěque pour les1 hiatus. D'ailleurs, 76 77 V. Mathesius: La structure phonologique du lexique du tchěque moderně. l'allemand non plus ne les affectionne pas specialement. Mais, meme etant donne que le nombre des mots ayant une structure ,a hiatus n'atteint pas cent dans les limites de notre examen, il y a lieu de tenir compte qu'ils representent cinq types (aa, aab, pace, baxib, bbaa), et que le groupe formant hiatus ou se trouve dans le radical, ou est du a l'addition d'un suffixe voyelle a un radical termine lui-meme par voyelle. En tcheque, au contraire, je n'ai pas meme compte dix mots ayant une structure a hiatus, tous appartiennent au type baab, et le groupe formant hiatus ne fait dans aucun d'eux partie du radical, mais se produit par la composition d'un prefixe termine par voyelle avec un radical commengant lui-meme par une voyelle. En outre, on a toujours la possibilite d'inserer le coup de glotte entre les deux voyelles qui se suivent; quelquefois aussi celles-ci peuvent se fondre en une diphtongue. Le cas, relativement frequent en allemand, de diphtongue formant hiatus avec voyelle simple, n'a pas ete re-leve par moi en tcheque. Le second point qui ressort de ^enumeration des types de structure est l'aversion du tcheque pour 1'accumulation des con-sonnes a la fin de syllabe. C'est ce que montre le fait que le type abbb n'est pas du tout represents dans les mots examines. Mais ,une etude detaillee de ce point ne se content© pas du simple tableau des types, elle regarde de pres le nombre des mots re-leves. Le resultat en est tres instructif: il montre que, pour les types termines par un groupe de deux ou de trois consonnes (abb, abbb, babb), le tcheque ne compte meme pas cent mots ,(de un a quatre sons), alors que l'allemand en compte pres de cinq cents. Un fait complementaire du precedent est la consta-tation que le tcheque affectionne beaucoup plus que Pallemand les fgroupes de consonnes au debut du mot. Pour les types comme bba, bbaa, bbab, bbba, on trouve en tcheque plus de quatre cents mots (de un a quatre sons), contre a peine plus de cent cinquante en allemand. C'est la, aussi une difference tres accentuee, quoi-que moins que celle des groupes de consonnes a la fin de syllabe. En considerant les chif fres obtenus comme resultat de la com-paraison effectuee, on constate encore une tendance structurale (generale du tcheque vis-a-vis de l'allemand. Le resultat d'en-semlble donne par tous les types examines, et en particulier ceux donnes par les types a deux et trois sons font clairement res-sorti'r que le tcheque a jusqu'a un certain point de l'aversion pour les mots commengant par sonante. Les types aa, ab, aab, aba, abb comptent en allemand 136 mots sur 560 a deux et trois sons, soit environ 25,2%, alors qu'en tcheque on n'a que 74 mots de ces types sur 897, soit une proportion de 8,2 %. Pour les mots de quatre sons, la proportion passe en faveur du tcheque, avec 11,3%, contre 7,2% seulement en allemand. II s'agit ici visible- ment, non pas d'une modification de la regie, mais seulement d'une utilisation plus intensive des possibilités existantes. Le facteur décisif a été sur ce point un état particulier de la formation des mots et de la morphologie tchěque, qui a donné pour le type abab 135 exemples dans cette langue, contre 47 seulement en allemand. Les mots de ce tyipe se forment en tchěque en nombre considerable du fait que les prefixes o- et u- s'ajoutent á des monosyllabes: á l'imperatif (ex. osol, usuš), au préterit (ožil, ušel), au participe passif (oset, ušit), ou dans des formations substantival es (ex. ovar, účes). L'allemand ignore ces formations. Qu'il ne s'agit ici réellement que d'un écart fortuit de la regie, c'est ce que montre encore une autre chose. Dans tous les types on voit maintenu ce fait important que le tchěque n'admet au debut du mot qu'une petite partie seulement de ses sonantes, alors que l'allemand se montre beaucoup plus liberal. En laissant de coté les mots de caractěre interjectionnel, comme inu, ejhle, ouha, les mots du tchěque éerit enregistrés par nous ne commencent, á l'exception d'un cas unique avec ou- (ouško), que par a (13 mots), o (120 mots) et par u (142 mots), tandis qu'en allemand les mots considérés offrent au commencement, en des proportions inégales, 10 voyelles simples et diphtongues. Ce sont les types suivants: initials a (69 mots), e (64 mots), i (21 mots), o (28 mots), u (13 mots), o (10 mots), ú (8 mots), ai (36 mots), au (10 mote), oi (6 mots). VII. L'utilisation des matériaux phonématiques dans la structure des mots est encore á d'autres points de vue différente en tchěque de ce qu'elle est en allemand. Voyons ďabord les autres possibilités dans l'utilisation des sonantes. II n'y a pas en tchěque de difference principielle, pour 1'emploi des sonantes entre syllabes accentuées et syllabes atones. Dans les unes comme dans les autres on emploie treize sonantes sur les qua-torze citées au debut de cet exposé; m en qualité de sonante est en general trěs rare, et, dans les mots oú il figure, il n'y figure pas en dehors des syllabes non accentuées: (sedm, sedmnáct). Les differences que l'on peut constater en tchěque, pour 1'emploi des sonantes, entre les syllabes accentuées et les syllabes atones ne sont done, á part l'exception insignifiante qui vient d'etre si-gnalée, que des differences de degré. En allemand au contraire, il y a une difference de principe á cet égard entre les deux sortes de syllabes, Dans les syllabes accentuées, on ne trouve que dix des quatorze sonantes de l'allemand, á savoir sept voyelles simples (a, e, i, o, u, o, u) et trois diphtongues (ai, au, oi), tandis que la voyelle réduite a et les consonnes syllabiques l, r, n, ■— et seulement ces quatres sonantes — ne figurent que dans les syllabes inaccentuées. Ce n'est que dans des mots simples isolés (Uhu, Oheim) et dans des mots composes (Eiweišs, Áufbau, etc.) 78 79 V. Mathesius: La structure phonologique du lexique du tchěque moderně. ainsi que dans les mots — peu nombreux dans nos materiaux — formes par le suffix -ig (Essig, eisig etc.), que Ton voit paraitre une autre sonante en allemand en syllabe non accentuee. Cette egalite de puissance structurale des syllabes en tcheque et leur inegalite en allemand ressortaient de ja des possibilites diverses d'utilisation de la quantite des voyelles dans l'une et 1'autre langues, et elles ont une consequence dans l'importance inegale des variations de desinences. II faut bien entendu souligner qu'en tcheque la syllabe atone est toujours posttonique, et qu'en allemand ce qui vient d'etre dit des syllabes inaccentuees ne s'applique qu'aux syllabes egalement posttoniques. Car bien qu'en allemand les syllabes atones comportent une enorme ma-jorite de syllabes posttoniques, il y a aussi dans cette langue des mots, indigenes et etrangers acclimates, avec l'accent sur la se-conde syllabe et partant avec syllabe atone pretonique: dans ce dernier cas, la limitation signalee plus haut de l'utilisation des voyelles n'est pas applicable (ex. Armee, Lackei, allzu, dabei, etc.). L'utilisation structurale des sonantes jette aussi une lu-miere instructive sur la nature diverse des diphtongues tcheques. Au commencement du mot, la diphtongue est, comme on l'a de ja dit, une exception tout ä fait rare dans la pronunciation soignee du tcheque (parmi tous les mots examines par nous l'unique mot ousko). En toute autre position, on trouve sans doute representees toutes les diphtongues figurant dans l'enumeration des phonemes, mais il y a une difference essentielle, quant ä la frequence, entre la diphtongue ou d'une part et les diphtongues en -j d'autre part. La premiere se rafctache par sa frequence aux autres voyelles normales du tcheque, puisqu'elle figure dans les mots examines ici en syllabe accentuee apres consonne 113 fois, ce qui la place, au point de vue de la frequence, ä l'avant-derier rang, mais toujours bien loin avant la sonante I. Les diffe-rentes sonantes accusent, respectivement, les chiffres suivants: a 551, e 526, i 485, o 316, u 263, r 133, ou 113, 1 34. Pour les diphtongues en -j, les chiffres sont beaucoup plus bas: aj 26, ij 25, ej 22, oj 22, uj 15. Pour 1'allemand, nous savons dejä que toutes les diphtongues s'y trouvent au debut du mot, et, lorsque Ton considere le nombre des sonantes en syllabe accentuee apres consonne, on constate que toutes les diphtongues prennent rang tout ä fait parmi les autres voyelles. Voici les chiffres: a 408, e 317, i 292, o 257, u 209, ai 201, au 143, ü 112, oi 69, ö 64. La difference est encore plus frappante lorsque Ton considere ä part les syllabes ouvertes et les syllabes fermees. L'allemand connait sans doute aussi des ecarts dans la frequence des differentes diphtongues dans l'une et 1'autre sorte de syllabes, mais ces ecarts ne sont pas tels qu'ils aient besoin d'une explication par- ticuliěre. En tchěque au contraire, s'il n'y a pas de difference sensible pour ou, les diphtongues en -j accusent un écart sensible .d'emploi en syllabe ouverte ou fermée. En syllabe ouverte, leur frequence est assez grande, mais en syllabe fermée elles ne fi-(gurent pour ainsi dire pas. Sur plus d'un millier de syllabes fermees toniques apres consonne, uj et ij ne ťigurent pas méme une seule fois, oj et ej figurent chacune une fois- et ej deux fois. Quand on réfléchit qu'en allemand, sur neuf cents syllabes analogues, on trouve aj 79 fois, au 51 fois et oi 16 fois, la difference est certainement frappante. II en résulte que les diphtongues allemandes sont réellement des phonemes, alors qu'en tchěque les diphtongues en -j ne sont que des groupements fortuits de voyelle -j- consonne j en une seule syllabe. II s'agit régu-liěrement d'un groupe terminant le radical, les membres de celud-ci se contractant en une diphtongue lorsqu'ils se trouvent á la fin de mot (type ba ou a-ba, parfois aussi ba-ba; ex. haj, uhaj, nehaj) ou devant une partie accessoire du mot se com-posant d'une consonne et d'une voyelle (type ba-ba, ex. hajný). Mais quand un semblable radical est suivi d'une partie accessoire commencant par voyelle, le groupe resultant se partage en deux syllabes diverses, en perdant naturellement toute allure de diphtongue (ex. hájí). On est done ici en presence d'un fait de phonologie morphologique formative plutot que de phonologie proprement dite. On trouve le méme caractěre en tchěque au groupe je, qui alterne, pour des raisons de formation des mots, avec í et représente par consequent, du point de vue de la phonologie morphologique, une unite de groupe. VIII. C'est aussi l'utilisation structurale des consonnes qui est a plusieurs égards différente en tchěque et en allemand. Les deux langues concordent en ce que la difference dans la sonorité des consonnes n'a pas dans ces langues de valeur phonologique á la fin des mots. Ceci signifie qu'a la fin du mot, dans l'une et 1'autre langues, on trouve confondus en un phoneme unique les couples de consonnes b/p, d/t, v/f, z/s, h/%, et, en outre, en tchěque ď/ť, ž/š, en allemand g/k. De plus, j ne figure, ni dans l'une ni dans 1'autre des deux langues, comme consonne indépen-dante á la fin de mot, y faisant toujours partie d'une diphtongue, veritable ou de groupement. Le tchěque n'utilise done á la fin de mot que 16 des 24 phonemes consonantiques, c-.a-d. les deux tiers, l'allemand 15 des 22 phonemes consonantiques, c.-á-d. á peu pres deux tiers. Mais si les deux langues concordent ainsi, éton-namment, dans l'utilisation des phonemes consonantiques á la fin de mot, il y a entre elles deux une difference sensible tou-chant leur utilisation au debut des mots. Le tchěque emploie au commencement des mots les 24 phonemes consonantiques qui sont á sa disposition, l'allemand 18 seulement sur 22. Les con- 80 6 81 V. Mathesius: sonnes x et ts ne se rencontrent en allemand a 1'initiale que dans les mots etrangers, il n'y a pas de difference entre z et s au debut des mots, et la nasale velaire t\ ne s'y rencontre pas du tout. A l'interieur du mot egalement, le tcheque utilise libre-ment, entre voyelles, tous les phonemes consonantiques, tandis que l'allemand n'utilise jamais, dans cette position, j au moins dans les mots germaniques, et h y parait dans un seul de tous les mots etudies (Oheim). On peut done dire que le tcheque non seulement possede un repertoire de phonemes consonantiques plus etendu que l'allemand (24 : 22), mais utilise aussi plus librement ce repertoire dans les differentes positions. L'utilisation plus intensive des consonnes en tcheque se traduit aussi par l'aptitude de cette langue a combiner lesdites consonnes en groupes. Les deux langues comparees, le tcheque et l'allemand, sont toutes les deux favorables, dans l'ensemble, aux groupes de consonnes, ce qui ressortirait particulierement bien d'une confrontation avec le francais, mais, dans les details, il y a entre les deux langues considerees de grosses differences. Au commencement du mot, done dans les types bba, bbaa, bbab, nos materiaux aocusent en tcheque 141 combinaisons diverses de deux consonnes, et en allemand 19; a la fin de mot, soit dans les types abb, babb, ces deux chiffres sont respectivement de 16 et de 35. Le debut et la fin de mot sont diversement favorables dans les1 deux langnies aux groupes de.consonnes, conformement a ce qui en a deja ete dit ci-dessus, mais ce n'est pas le seul point qui frappe dans les chiffres mentionnes. II y a lieu d'abord de s'arreter au chiffre global des groupes de consonnes releves dans l'une et 1'autre langues. En tcheque, on trouve, au debut et a la fin du mot, dans nos materiaux, en tout 157 groupes divers de deux consonnes, contre 54 seulement en allemand. II est evident qu'il s'agit la d'une aptitude differente a. combiner les consonnes en groupes. Cette constation est corroboree par un autre fait, a savoir la grande difference qu'il y a egalement dans le nombre des types de combinaison representes. Ainsi, au debut du mot, on n'a en allemand que deux types representes par un assez grand nombre de combinaisons, a savoir le type occlusive + liquide (ex. bl, 'br, dr, etc. en tout 9 combinaisons) et le type fricative + liquide (ex. fl, fr, etc., en tout 4 combinaisons). Les autres types n'ont qu'un ou deux representants chacun: ce sont les suivants: affriquee + fricative (tsw), fricative + occlusive (sp, st), fricative + nasale (sm, sn), fricative + fricative (sv). En tcheque sont representes surtout, — et pour la plupart forte-ment, •— les types inexistants en allemand: occlusive + occlusive (bd, cp, ct, etc., en tout 12 combinaisons), occlusive + nasale (cm, eft, dm, etc., en tout 13 combinaisons), liquide + occlusive (Ik, lp, rd, etc., en tout 7 combinaisons), liquide + fricative (lv, 82 La structure phonologique. du Iexique du tcheque moder ne. lz, lz, etc., en tout 7 combinaisons), h + eonsonne quelconque (hi, hn), ou inversement consonne + h (jh, lh, etc., en tout pour les deux types 11 combinaisons), liquide + nasale (In, In, rm); puis des types n'existant en allemand que sporadiquement: occlusive + fricative (8 combinaisons, contre 1 seule en allem.), fricative + fricative (11 combinaisons, contre 1 en all.), fricative + occlusive (19 combinaisons contre 2 en all.). A la fin de mot, l'allemand n'a de plus que le tcheque que deux types, dont l'un seul est assez abondamment represente. Ce sont les suivants: nasale + occlusive (mt, nk, etc., en tout 5 combinaisons), et liquide + nasale (lm, rm, rn). Les differences que Ton vient de relever concernant les types ä deux consonnes existent encore, ä une echelle moindre, pour les types ä trois consonnes, soit abbb et bbba. Le type abbb est sans exemple en tcheque, alors que l'allemand comporte pour ce type 12 combinaisons de consonnes. Le type bbba est represente en tcheque par 19 combinaisons de consonnes et en allemand par deux seulement. Le tcheque a done ici une superiorite numerique (19:14), malgre la lacune relative au type abbb-Disons encore, pour terminer, que la faveur diverse dont te-moignent l'une et 1'autre langues pour les groupes de consonnes initiaux et finaux, se retrouve dans leurs particularites de mor-phologie et de formation des mots. En allemand, le nombre des groupes finaux .s^accroit des terminaisons purement consonantiques, telles que -st, -t, lesquelles n'existent pas du tout en tcheque; les groupes initiaux tcheques sont multiplies par les prefixes purement consonantiques, inconnus ä leur tour de l'allemand, tels que s-, v-, z-. Une chose encore merite attention: les types de groupes de consonnes semblent etre un element rela-tivement stable, vis-ä-vis duquel se detachent parf ois longtemps les mots d'origine etrangere, par ailleurs tout ä fait acclimates dans la langue. En tcheque par exemple, parmi les groupes initiaux, on ne trouve representes que dans les mots etrangers les groupes fl, fr, kb=g'b, et sr, et, parmi les groupes finaux, que cht, kt, It, mp, pf, iJb, rch, et st. Ces groupes n'ont pas ete com-pris dans les calculs precedents. IX. Le tcheque offre plus de possibilites que l'allemand aussi bien dans l'application des differents phonemes consonants ou sonants, que dans la combinaison de consonnes. Pour les types bab, abab, baba, babb et bbab, que j'ai choisis comme etant les plus caracteristiques, il y a en tcheque un total de 77.410 combinaisons possibles, alors qu'en allemand le total n'est que de 37.420, soit la moitie seulement. Mais le caractere phonolo-gique d'une langue n'est pas determine seulement par la quantite des elements phonologiques et le volume de leurs possibilites d'utilisation, mais aussi par la proportion dans laquelle il est 83 V. Mathesius: La structure phonologique du lexique du tchěque moderně. fait usage de ces possibilités. Et, sur ce point, on peut constater une nouvelle et importante difference entre le ttíhěque et l'alle-mand: le tchěque n'utilise ses abondantes possibilités phonologiques qu'avec une intensitě beaucoup moindre que ne le fait l'allemand pour les siennes. II n'existe en tchěque, dans les mots de un á quatre sons, pour les types cites ci-dessus, sur les 77.410 possibilités, que 2417 realisations seulement, soit environ 3,1%, alors qu'en allemand on a, pour 37.420 possibilités, 2024 realisations, soit environ 5,4%. Méme en tenant compte du fait que les formes de la flexion, comme il a été exposé en son lieu, fe-raient monter le nombre des realisations davantage en tchěque qu'en allemand, la grosse difference existant entre le tchěque et l'allemand quant á la proportion des realisations par rapport au total des possibilités, ne disparaitrait pas. C'est un fait qui Concorde tout a fait avec ce qui a été dit plus haut touchant l'utilisa-tion différente, par l'une et par l'autre langues, des elements phonologiques pour la differentiation dans la formation des mots et dans la morphologie. Le tchěque s'efforce de différencier phonologiquement les différents mots plus fortement que ne le fait l'allemand. II s'y constitue des types bien plus nombreux et bien plus distincts de structure, alors que l'allemand se contente plutot — au moins dans les mots de deux á quatre sons — de faire varier un seul element dans un nombre assez restreint de types de structure. Si j'avais pu confronted avec les matériaux tchěques, outre les matériaux allemands, aussi lés mots frangais, ce trait caractéristique du tchěque ressortirait avec encore plus de netteté. A ce chapitre se rattache la question de l'homonymie. II est evident qu'une langue qui s'efforce de distinguer les différents mots avec des procédés phonologiques aussi expressifs que possible ne peut pas favoriser l'homonymie, qui fait se confondre des mots différant de sens, quant á la phonétique et partant quant á la phonologie. Que l'homonymie soit diverse dans les dif-férentes langues, c'est ce que montre un regard rapide jeté sur 1'anglais et le francais ďun cóté, et sur l'allemand d'un autre coté. Toutefois, je dois laisser 1'étude de l'homonymie en tchěque pour une autre occasion. SUR LA «MORPHONOLOGIE»1) PAR N. S. TROUBETZKOY. A coté^ de la phonologie, qui étudie le systéme des phonemes considérés comme étant les idées acoustico-motrices, signi-ficatives dans une langue donnée, les plus simples, et de la morphologie, qui étudie le systéme des morphemes, la grammaire doit comprendre encore un chapitre particulier, qui étudie 1'uti-lisation morphologique des differences phonologiques, et qui peut étre appelée la «morpho-phonologie» ou, en abrégeant, la « mor phonologie ». Ce n'est pas dans toutes les langues que les morphemes représentent une alternance de formes phoniques, mais, en tout cas,la majoritě des langues indo-européennes et dans ce nombre, toutes les langues slaves, se rapportent á ce type. Dans les langues slaves, un seul et méme morpheme se présente sous différentes formes phoniques en fonction des autres morphemes avec lesquels il forme combinaison et s'unit pour constituer un tout lexical ou syntaxique. Ainsi, dans les mots russes pyKa et pyHHofl, les ensembles phoniques pyK et pyn sont sentis comme deux formes phoniques d'un seul et méme morpheme, qui vit, dans la conscience linguistique, á la fois dans ces deux formes phoniques, ou, plus précisément, sous une forme py-£-, ou \ est une idée complexe: «les phonemes k et h, susceptibles de se remplacer l'un l'autre en fonction des conditions de structure morphologique du mot». Ces idées, complexes, de deux ou plu-sieurs phonemes susceptibles, en fonction des conditions de structure morphologique du mot, de -se remplacer l'un l'autre au sein d'un seul et méme morpheme, peuvent étre appelées des «morpho-phonémes» ou des «morphoněmes» (le terme de »morpho-phoněme» et son abréviation «morphoněme» ont été inventés par M. H. Ulaszyn, mais pris par lui dans un autre sens). II y a lieu de souligner particuliěrement qu'il est ici question, trěs précisément, de phonemes, et non de sons, susceptibles d'alterner. Ainsi, dans le mot russe pyKa, le son k est postpalatal, dans le mot pyKH le son k est palatal, mais ces deux sons ne sont que deux realisations phonétiques ď un seul et méme phoneme, le choix de l'une ou de l'autre dependant exclusiyement de circonstances phonétiques extérieures: devant le phoneme «a», le phoneme «i<» se realise tou jours comme post-palatal, devant le phoneme il se realise toujours comme occlusive sourde' palatale; la morphologie n'a ríen á voir ici. ') La notice présente ne pretend á rien d'autre qu'a exprimer lei voeux de l'auteur au 1^ Congrěs des Philologues Slaves á Prague. 84 85 N. S. Troubetzkoy: 9 II en va tout autrement du rapport entre k et m dans le cas pyKa : pyHHOH. D'abord, k et h sont deux phonemes qui peuvent figurer dans des positions phonetiques identiques, en creant par leur difference une difference de sens (par ex. KVMa : HVMa, kot : hot). L'un et l'autre phonemes peuvent figurer et devant «a» (par ex. Kama : nauia) et devant «h» (hsKHyT : HaHHy-r). Aussi l'alternance de ces deux phonemes que Ton observe dans le cas pyna: pvhhoh n'est-elle pas due a un agencement phonetique, mais a la structure morphologique du mot, — fait d° un tout autre ordre que l'alternance d'explosive postpalatale et d'oc-clusive palatale observee dans le cas pyna : pyKH. Pour que des formes phonetiques differentes d'un seul et meme phoneme soient senties comme se remplagant l'une l'autre, il est indispensable que le nombre des morphonemes existant dans une langue donnee soit rigoureusement determine et delimite. II n'existe dans chaque langue slave qu'un nombre limite de ces morphonemes. La place que peut occuper un morphoneme donne a l'interieur d'un morpheme est egale-ment rigoureusement delimitee et determinee. Ainsi, par ex., dans toutes les langues slaves contemporaines, les morphonemes k : c et x : s ne sont admis que comme elements finaux de morphemes: en russe, dans les cas du type pyna: pyiHOH ou yxo : yuiHofl, les alternances k: c et x: s n'affectent pas l'unite des morphemes, alors que dans des cas comme ixem >KeHbi..., etc. Cest alors seulement que nous pourrons comprendre quelle valeur de différenciation, et dans quelle série, est introduite, par ce morpheme. Si un méme signe phonique, dans les series différentes, peut, comme nous venons de le voir, servir á traduire des valeurs différentes, l'inverse en est également possible: une méme valeur, á 1'intérieur des series différentes, peut étre representee par des signes différentes, ainsi le nom. pí. ctojiw, napyca, KpecTbHHe, etc. L'homophonie est un phénoměne general, l'homonymie n'en est qu'un cas particulier se manifestant dans les plans conceptuels de la langue; le phénoměne opposes) se manifeste dans les plans conceptuls comme synonymie. Or ce ne sont-la que deux faces d'un méme principe general et qui pourrait, trěs inexactement d'ailleurs, étre formule de la fagon suivante: tout signe linguis-tique est virtuellement homonyme et synonyme, á la fois. Autre-ment dit, il appartient simultanément á une série de valeurs transposées du méme signe et á une série de valeurs analogues mais exprimées par des signes différents. Ce n'est la qu'une consequence logique se déduisant du caractěre différentiel du signe, et un signe linguistique doit nécessairement étre différentiel, autrement il ne se distinguerait en rien d'un signal. L'homonymie et la synonymie, dans le sens que nous leur donnons ici,3) fournissent deux coordonnées correlatives, les plus importantes parce que les plus mobiles et souples et le mieux capables d'atteindre la réalité concrete. Une série homonymique est d'essence plutot psychologique et repose sur des associations. La seconde est plutót de caractěre logique car ses membres sont pensés comme variétés différentes d'une méme classe de faits. Cependant le nombre de ses membres n'est pas défini, la série reste toujours ouverte: elle peut méme demeurer virtuelle, mais la possibilité de faire rentrer la signification donnée dans une classe subsiste nécessairement. Cest 2) « Polyvocite » ou Heterophonie. 3) Nous reservons ici le terme d'homonymes aux signes transposes; lä ou la valeur transposed n'est plus sentie, il serait plus exacte de parier d'homophonie (ainsi kjuom clef, et kjiioh, source, sont des homophones). Mais ces deux termes ne s'appliquent, dans toute leur rigueur, qu'ä des cas limites. 90 Du dualisme asymétrique du signe linguistique. cette idée de classe qui, au contact avec la situation concrete, devient un centre de rayonnement de valeurs analogues. Une série homonymique reste elle aussi ouverte, dans ce sens qu'il est impossible de prévoir ou le signe donné peut-étre entrainé par le jeu des associations. Cependant, ä chaque moment concret, nous nous trouvons en presence de deux chaínons seulement se rapportant l'un ä 1'autre comme signe transpose au signe « adéquat %, et maintenu en contact par un «tertium com-I parationis ». Le centre de rayonnement des homonymes, c'est I l'ensemble de representations associées ä la valeur du signe, ces í elements varient d'une situation ä Pautre et c'est la situation concrete qui fournit le tertium comparationis. * Dans un signe « complet » (tel un mot compare ä un mor- pheme), il y a deux centres opposes de fonctions sémiologiques, Tun groupe autour de lui les valeurs formelles, 1'autre les valeurs i sémantiques. Les valeurs formelles d'un mot (genre, nombre, cas, i aspect, temps, etc.) représentent les elements de significations connus de tous les sujets parlants et qui sont pour ainsi dire ä I l'abri de toute interpretation subjective de la part des interlocu- teurs; elles sont censées de demeurer identiques ä elles-mémes ! dans toutes les situations. La partie sémantique du mot est, par contre, une espěce de résidu resistant ä toute tentative de le i decomposer en elements aussi « objectif » que le sont les valeurs I formelles. La valeur sémantique exacte d'un mot n'est suffisam- ment établie qu'en fonction de la situation concrete. Seule la < valeur des termes scientifiques est fixée une fois pour toutes (et encore!) par leur inclusion dans des systěmes d'idees. Or il s'en faut de beaucoup pour parier d'un « systéme » ä propos de ; l'ensemble de nos idées qui correspond ä ce qu'on pourrait de- signer comme 1'« ideologie de la vie quotidienne ». Aussi chaque fois que nous appliquons un mot, en tant que valeur sémantique, ä la réalité concrete, recouvrons-nous par lui un ensemble de representations plus ou moins nouveau. Autrement dit, nous transposons continuellement la valeur sémantique de notre signe. Mais nous ne nous en apercevons que lorsque 1'écart entre la valeur « adequate » (usuelle) du signe et sa valeur occasionnelle est suffisamment grand pour nous impres- ' sionner. L'identite du signe est cependant maintenue: le signe < subsiste, dans le premier cas, parce que notre pensée portée ( ä integrer renonce ä tenir compte des modifications survenues : dans l'ensemble de representations; il a l'air de subsister dans le second cas également parce que, ayant introduit un tertium comparationis, nous avons motive par lä la valeur nouvelle de l'ancien signe. Si concrete que soit telle transposition, elle n'atteint pas l'individuel. Děs son apparition, la nouvelle creation se présente S. Karcevskij: Du dualisme asymétrique du signe linguistique. comme un signe, c'est-ä-dire qü'elle est capable de signifier des situations analogues, eile est déja générique et se trouve étre incluse dans une série synonymique. Supposons que dans une conversation quelqu'un ait été surnommé pbioa. On a créé par lä un homonyme de pbiöa, poisson (un cas de transposition), mais en méme temps on a ajouté un nouveau membre ä la série synonymique: ^nemarvíK, bh-Jimh, óecHyBCTBeHHbifi, xojioflHbift, etc. L'autre centre des valeurs sémiologiques du mot, ä savoir le groupement des valeurs formelles, peut aussi étre transpose. En voici un exemple de transposition de la fonction grammati-cale: 1'impératif exprime un acte volitionnel du sujet parlant de-vant lequel s'eclipse le role de l'interlocuteur en tant qu'agent du proces, ainsi 3üMomn! Cependant cette forme apparait avec une nouvelle fonction dans To^bKO uocensm, a M0p03 h yflapb (tertium comparationis: acte inattendu, partant « arbitraire » de 1'agent du proces) ou bien dans Cmojihh oh, Bcé 6m oöoui^ocb (tert. comp.: acte impose ä l'agent du proces); enfin, 1'impératif trouve des homophones dans Toro h zjirru et To h 3«a«, etc. La forme imperative possěde naturellement des synonymes, p. ex. 3aM0JiMaTb! Mojmarae! Tec!., etc.4) Dans ces traits essentiels, la transposition grammaticale est analogue ä la transposition sémantique. Les deux s'effectuent en fonction de la réalité concrete. Nous ne pouvons pas nous arréter ici sur ce qui les dinstingue. Notons cependant une difference essentielle entre les deux. Les valeurs formelles sont naturellement plus générales que les valeurs sémantiques et doivent servir de types encadrant chacun un nombre quasiment illimité de significations sémantiques. Cest pourquoi les valeurs gramma-ticales sont plus stables, leurs transpositions moins fréquentes et plus « réguliěres ». Les déplacements ďun signe grammatical sort sur la ligne homonymique soit sur la ligne synonymique peuvent jusqu'ä une certaine mesure étre, sinon prévues, tout au moins enrégistrés. II est impossible de prévoir ou pourra étre entrainé un signe par suite de ses déplacements sémantiques. Cependant, dans le domaine de la grammaire, les subdivisions vont toujours par deux, et les deux valeurs correlatives s'opposent comme con-traires.5) Nous savons d'ailleurs, qu'en fonction de certaines situations concretes, les valeurs aussi différentes que les aspects perfectif et imperfectif peuvent cesser de s'opposer.e) II faudrait done que dans la « syntaxe » on étudiat, non seulement les déplacements homonymiques et synonymiques de chaque forme (ce qui serait d'ailleurs l'unique moyen de comprendre en quo! con- 4) Rappeions les synonymes des phrases ci-dessus citées: ToíibKO noce-aim, Bflpyr yflapiui Mopo3 et Ecjih 6h CMonnaji oh, bcö 6h o6oiunocb. B) Systéme du verbe russe, pp. 22, 23 et passim. °) Ib., pp. 118—119. q9 P. Slotty: Wortart und Wortsinn. ¥ ■ sisté la fonction própre de chaque forme) mais qu'on essayát de determiner, dans quelle situation concrete et en fonction de quel-les notions, la valeur du signe aboutit á son contraire. On pourrait recourir au schéma suivant pour illustrer le caractěre asymétrique du signe homonymié: Gmóothoh, etc. / Signe / --——-:-1—■■——/ adequate /--- 1 —> / MonHH J / Moji! etc. synonymie —> Le signifiant (phonique) et le signifié (fonction) glissent , continuellement sur la « pente de la réalité ». Chacun « déborde » les cadres assignés pour lui par son partenaire: le signifiant cherche á avoir d'autres fonctions que sa fonction propre, le signifié cherche á s'exprimer par d'autres moyens que son signe. lis sont asymétriques; accouplés, ils se trouvent dans un état ďéquilibre instable. Cest grace á ce dualisme asymétrique de la structure de ses signes qu'un systéme linguistique peut évoluer: la position « adequate » du signe se déplagant continuellement par suite ďadaptation aux exigeances de la situation concrete. WORTART UND WORTSINN. Von F. SLOTTY. In einem Beitrage, den ich unter dem Titel „Das Wesen der Wortart" zu der Schrijnen-Festschrift (Donum natalicium Schrijnen. Chartres 1929. S. 130—141) beigesteuert habe, glaube ich den Nachweis erbracht zu haben, daß die Wortart in der Sprache, eine doppelte Rolle spielt: 1. sie besitzt „kate-goriales Meinen", d. h. sie weist die durch das Wort ausgedrückte Gegebenheit in eine der Kategorien, in welche die Erscheinungen der Umwelt eingeordnet sind; 2. sie besitzt syntaktische Funktion, indem sie syntaktische Beziehungen ausdrückt. In dem ersten Falle gehört die Behandlung der Wortart in die Semasiologie, in dem zweiten in die Syntax. Entsprechend der mir in dem genannten Aufsatz gestellten Aufgabe, lediglich dieses Doppelwesen der Wortart sicherzustellen, konnte ich in ihm diese beiden Leistungswerte der Wortart nur skizzenhaft andeuten, und so harren sie noch der näheren Erörterung. Zweck dieser Abhandlung ist, eine eingehendere Untersuchung der Stellung zu geben, welche die Wortart in der Semasiologie einnimmt. Zum Verständnis der nachfolgenden Ausführungen ist es aber notwendig, zuvor einige Ausdrücke und Begriffe, die dabei Verwendung finden