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Pensons ä Victor Hugo et ä Notre-Dame de Paris... (j) Jacques Le Gore: Oui, mais méme cette redécouverte est U6J ambivalente. Voyez le romantisme : ďun coté, il réhabilite le Moyen Äge, une periodě de vie, de passions positives ; le gothique devient finalement ä la mode, de méme que le style troubadour, la cathédrale apparaít comme une sortě de personnage ideal. Cependant, le romantisme laisse subsister le caractere primitif du Moyen Áge, et, cette fois-ci, dans un sens péjoratif. II faut aussi noter que les grands historiens qui, au xix° siecle, se sont intéressés au Moyen Äge, ont souvent varié dans leur approche. J'ai- étudié ce qu'il en est du plus grand ďentre eux, Michelet: il passe ďune admiration presque béate ä une condamnation trěs virulente3. II éerit ainsi que e'est en son sein que s'accomplit « le grand mouvement progressif, inté-rieur, de l'äme nationale » et évoque « la pierre [qui] s'anime et se'spiritualise sous l'ardente et severe main de 1'artiste ». Mais, en rééditant son Histoire de Frame, de 1835 a 1845, l'historien noircit le tableau au fur et ä mesure que s'affirme son anticléricalisme. Au point de parier de « l'aboiement du LE MOYEN AGE S'ACHEVE EN 1800 L'Histoire: Qu'on le fasse débuter en 395, date du partage de 1'Empire romain, ou en 476, lors de la chute de l'Empire romain d'Occident; et qu'on l'arrete en 1453 -prise de Constantinople - ou en 1492 -découverte de l'Amerique-, le Moyen Age couvre une periodě d'un peu plus de mille ans. Sur une telle durée, peut-on vraiment parler de L'Homme medieval, titre du livre que vous venez de diriger aux Editions du Seuil ? Jacques Le Goff : Tout á fait. La culture medievale, á mon sens, marque méme une phase de l'aventure occidentale beau-coup plus longue que le « Moyen Age » des manuels. Elle exprime un ensemble de valeurs -un modele d'organisation d^s valeurs - qui se défait entre 1750 et 1850 pour s'achever aujong des années 1950 avec «la fin des terroirs » chěre á Eugen Weber (La Fin des Terroirs, Fayard, 1983). L'expression d'« Homme medieval» me parait d'autant plus fondée qu'emerge précisément avec force, sur cette ample periodě, une certaine idée de 1'Homme. Bien sur, il faulNtcoit de suite nuancer : l'Homme medieval standard reste introuvable. II n'a I. Cet article a été pub! ié clans L 'Histoire n° 131, mars 1990, pp. 46-51. 55 LA CROISADE II: ET LE CHRISTIANISME INVENTA LA « GUERRE JUSTE V Le Christ a laisse un message de paix. Les Chretiens, ont pourtant du prendre les armes. Comment concilier ces deux imperatifs ? C'est tout l'enjeu de la notion de « guerre juste » qui impregne profondement la pensee occidentale. L'Histoire: Le christianisme s'est-il oppose a la guerre ? Jacques Le Goff: Rappelons que les hommes de l'Antiquite greco-romaine, si Ton met a part bien entendu la masse des paysans et les esclaves, sont des soldats, et la guerre est une activite non seulement frequente mais louee dans l'Antiquite. Le christianisme, au contraire, porte un ideal de paix. Qu'on se refere a 1'exemple du Christ. II a fait rentrer son glaive a Pierre et il a dit: « Qui se servira de l'epee perira par 1'epee. » On peut aller jusqu'a dire que le christianisme est antimilitariste. ---------.............. -------— -.....-- Les premiers grands theoriciens Chretiens latins sont gene-i ralement pacifistes. Citons Tertullien (vers 155-vers 225): I << En desarmant Pierre, le Seigneur desarmait tous les soldats, Cet article a été publié dans L'Histoire n° 267, juillet 2002, pp. 32-34. 85 aucun etat ne nous est permis s'il expose ä un acte illicite. » Ou Origene (vers 185-vers 254) : « Nous avons change en faux la lance avec laquelle nous combattions jadis, nous ne tirons plus le glaive contre une nation, car nous sommes devenus par le Christ des fils de paix. Le fait de mettre ä mort est interdit. II est toujours interdit de tuer un homme car Dieu a voulu que sa vie soit sacree. » L'Histoire: N'y a-t-il done pas, dans l'Antiquite, de soldats Chretiens ? Jacques Le Goff: Si. Mais prenons l'exemple du premier grand saint, Martin, qui a vecu ä la fin du ivc siecle. C'etait un officier qui, en se faisant moine, a, en quelque sorte, condamne le metier militaire. Et l'armee est longtemps restee Tun des principaux points de conflit entre les autorites publiques, pa'i'ennes, et les premiers Chretiens, qui refusaient le serment exige des soldats ä l'empereur. On trouvera ainsi de nombreux martyrs parmi les guemers. L'Histoire: Ä quel moment les choses ont-elles change ? Jacques Le Goee : Les choses vont changer ä partir du ivc siecle. La raison essentielle, e'est que le christianisme est devenu religion d'Etat, que les Chretiens ont ete integres dans la societe publique et qu'ils n'ont done plus pu opposer un refus ä une guerre qui s'impose : la societe romaine est en butte ä de multiples attaques, en particulier de la part de ceux qu'on appelle les « Barbares ». Des lors, il fallait pour les Chretiens christiani-ser la guerre. - L'Histoire: Comment l'ont-ils justifiee ? LE CHRISTIANISME A LIBERE LES FEMMES1 Marie, Marie Madeleine, Marthe... Les Evangiles sont peuples de figures feminines qui entourent le Christ et l'inspi-rent. Le christianisme medieval, loin d'enfermer la femme dans un role secondaire, lui a, au contraire, accorde une veritable place aux cotes de l'homme. L'Histoire: Peut-on dire que la femme, au Moyen Age, se resume, dans le discours de l'Eglise, a deux figures antithe-tiques, celle d'Eve, la pecheresse et la tentatrice, et celle de Marie, la mere du Christ ? Jacques Le Goff : L'attitude de l'Eglise a l'egard des femmes au Moyen Age ne saurait se resumer a cette antithese ; mais il faut bien reconnaitre qu'elle est centrale. Je voudrais cependant rappeler que le culte marial, essen-tiel dans la religion et dans la societe medievales^(avec cette reserve qu'il est tres difficile d'isoler, au Moyen Age, la religion de quoi que ce soit d'autre, car elle est partout), ne debute vraiment en Occident, a la difference du monde byzantin, qu'au xf siecle. 1. Cet article a ete publie dans L'tiisunre 11° 245, juillet aout 2000, pp. 34-38. 95