Petit guide du tutorat Qu’est-ce que le tutorat ? Il s’agit d’une aide ponctuelle et adaptée d’un étudiant (plus avancé) à un autre étudiant ou groupe d’étudiants : - elle peut être suivie (rencontres hebdomadaires d’une durée déterminée) - elle peut avoir lieu de manière sporadique et prendre la forme de soutien scolaire pour un groupe ou individu : revoir et comprendre les notions vues en cours, apprendre à travailler efficacement et adopter de bonnes ou nouvelles stratégies de travail, devenir plus autonome dans son travail. En même temps, il s’agit pour le tuteur d’apprendre en enseignant (acquisition d’expérience). Mais attention, le tutorat n’est pas : - un rattrapage des cours auquel l’étudiant n’a pas assisté. - une aide aux devoirs ou travaux notés de l’étudiant. Quelques remarques : Le tutorat n’est pas un cours et le tuteur n’est donc pas un professeur bis. Le tuteur ne peut être en aucun cas tenu responsable des résultats des tutorés aux examens. Pourquoi le tutorat ? Pour les étudiants de première année (L1) : Améliorer leurs résultats et faire baisser le taux d’abandon cette même année. => acquisition de savoirs ou connaissances mais aussi instaurer une médiation évitant les abandons d’étude, renforcer leur autonomie, créer de meilleures relations entre étudiants. Pour les étudiants de master : Se former pour la profession d’enseignant : réfléchir à sa pratique, sur le processus d’enseignement/apprentissage. Organisation : Durée : un semestre pour être prolongé une année. Lieu et temps : Permanence (1h30) une fois par semaine dans une salle de classe (salle des doctorants). Forme : Tutorat de groupe. Le tutorat peut être suivi (rencontres hebdomadaires sous demande des tutorés) ou sporadique (les étudiants peuvent se présenter pendant les permanences). Contenu : Les cours du département de français (notamment les cours de pratique de la langue, grammaire mais également littérature) suivant les demandes des étudiants. Matériel : A choisir ou préparer par le tuteur. Suivi : réunions d’informations : au milieu du semestre et à la fin. Possibilité de contacter le coordinateur du projet en cas de problème ou questions. Encadrement du tuteur : 1) pendant la session : a) faire compléter un journal de bord pour chaque rencontre, b) réunion de mi-session où seront abordés les difficultés rencontrées, points à améliorer…, c) possibilité de rencontre entre le tuteur et le coordinateur de projet en cas de problème et sur demande. ; 2) à la fin de la session : a) réunion finale qui servira de bilan Rôles et responsabilités du tuteur et du tutor : Tutoré Tuteur Il fait ses devoirs et lectures avant chaque séance de tutorat. Il aide le tutoré à comprendre des notions présentées en classe (théorie). Il pose des questions quand il ne comprend pas un élément des cours ou un exercice. Il reprend les exercices ou notions incomprises et accompagne le tutoré. Il pose des questions à l’enseignant si le tuteur ne peut pas y répondre. Il conseille au tutoré d’aller voir un enseignant s’’il ne peut pas répondre à ses questions. Il admet ne pas savoir quelque chose. Il se présente aux heures de permanences sans rendez-vous ou prend rendez-vous avec le tuteur s’il en a besoin (de manière régulière ou sporadique). Il est présent lors des permanences ou quand les tutorés ont pris rendez-vous. Il peut faire des demandes spéciales (de points à étudier par exemple) pour les séances suivantes. Il prépare le matériel/les activités en avance quand il a une demande de la part des tutorés. Il prend note des rétroactions du tuteur. Il donne des rétroactions au tutoré sur son travail. Il répond aux questions du tuteur. Il analyse les besoins des tutorés et pose des questions au tutoré pour mieux les comprendre. Il présente des activités pas trop difficiles ni trop faciles pour le tutoré. Il aide l’étudiant à développer des stratégies d’apprentissage et son autonomie. Il ne demande pas au tuteur de l’aide pour ses travaux notés. Il ne fait pas les travaux notés du tutoré. Il est à l’écoute du tutoré et ne porte pas de jugement négatif sur celui-ci ou son travail. Techniques de tutorat Comment construire une relation ? Saluer/se présenter. Expliquer en quoi consiste le tutorat. Être à l’écoute de l’étudiant. Faire attention à son comportement et son langage corporel : sourire, acquiescer, contacts visuels, être aimable… ou encore ne pas être condescendant, expliquer à quel point ce problème est simple… Chercher les occasions d’encourager le travail de l’étudiant. Garder une attitude positive envers l’étudiant qu’on aide. Mettre l’étudiant à l’aise et lui éviter de stresser. Garder la confidentialité des informations sur l’étudiant. Ne pas se prendre pour le professeur (ambiguïté du rôle de tuteur et étudiant). Comment suggérer des tâches à faire ? Stimuler leur curiosité. S’appuyer sur les connaissances préalables des étudiants. Expliquer la tâche et s’assurer que la consigne est comprise. Comment expliquer clairement ? Utiliser un langage simple ou des gestes. Paraphraser ce que l’étudiant a dit. Vérifier si on a été compris. Admettre quand on ne comprend pas ou n’a pas la réponse. Utiliser des styles d’apprentissages différents. Comment poser des questions ? Poser une question à la fois. Eviter les questions où l’étudiant doit répondre par « oui » ou « non ». Eviter de poser toujours le même type de questions. Ne pas poser de questions trop complexes. Comment donner une rétroaction ? S’adresser à l’étudiant. Eviter d’en donner trop mais se concentrer sur quelques éléments (pointez ce que l’étudiant doit travailler en priorité). Être clair, spécifique (pas trop vague) et descriptif (avec des exemples) La donner juste après la tâche. Vérifier qu’elle a été comprise (par exemple, poser des questions). Ne pas se concentrer que sur les points négatifs mais souligner également les aspects positifs. Les stratégies d’apprentissage Qu’est-ce qu’une stratégie d’apprentissage ? Il s’agit d’un ensemble d’opérations mises en œuvre par les apprenants pour acquérir, intégrer et réutiliser la langue cible. Les différentes stratégies d’apprentissage (typologie de O’Malley et Chamot) I. Les stratégies métacognitives Elles consistent à réfléchir sur son processus d’apprentissage, à comprendre les conditions qui le favorisent, à organiser ou à planifier ses activités pour faire des apprentissages, à s’autoévaluer et à s’autocorriger. a) L’anticipation ou la planification => se fixer des buts, planifier son apprentissage, étudier de manière autonome des notions nouvelles, prévoir les éléments linguistiques nécessaires pour accomplir une tâche ou un acte de communication : par exemple, étudier le plus-que-parfait avant de le faire en cours, se dire que l’on va atteindre le niveau B1 à la fin de l’année, prévoir l’utilisation du conditionnel pour demander poliment. b) L’attention => il y en a deux : l’attention générale (se concentrer sur la tâche sans prêter attention à tout ce qui peut perturber l’apprentissage) et l’attention sélective (se concentrer sur des éléments de la tâche) : par exemple, être attentif en cours (attention générale) ou encore se concentrer sur certains éléments (numéros, dates…) d’une compréhension orale (attention sélective). c) L’autogestion => comprendre les conditions qui facilitent l’apprentissage et les réunir : par exemple, étudier en silence ou travailler en groupe si c’est plus facile pour l’apprenant. d) L’autorégulation => vérifier et corriger sa performance lors d’une tâche d’apprentissage ou d’un acte de communication (autocorrection) : par exemple, se reprendre si on conjugue mal un verbe, relire sa production écrite et la corriger. e) L’identification du problème => déterminer ce qui est essentiel dans une tâche langagière ou un aspect de cette tâche (Pourquoi fait-on cet exercice ?) : par exemple, remarquer qu’une compréhension orale permet de travailler sur le conditionnel. f) L’autoévaluation => évaluer sa performance mais également ses habiletés à accomplir une tâche ou un acte de communication : par exemple, utiliser des grilles d’autoévaluation II. Les stratégies cognitives Elles impliquent une interaction entre l’apprenant et la langue étudiée, une manipulation physique et mentale de celle-ci et l’application de techniques spécifiques afin de résoudre un problème ou apprendre. a) Pratiquer la langue => utilisation de la langue : par exemple, penser ou se parler à soi-même, saisir les occasions d’utiliser la langue en dehors de la classe. b) Mémoriser => appliquer diverses techniques mnémoniques : par exemple, créer des flashcards pour apprendre du vocabulaire, souligner les mots à apprendre c) Prendre des notes => noter dans un cahier les mots nouveaux, les expressions… d) Grouper => associer les éléments similaires : par exemple, classer le vocabulaire en différentes catégories (selon la nature des mots : noms, verbes, adverbes…, selon le thème : la météo, les vêtements… ou selon leurs fonctions langagières : acheter, s’orienter…) ou les verbes suivant leur conjugaison e) Réviser => par exemple, revoir du vocabulaire le jour même puis une semaine plus tard et ainsi de suite (révision en spirale) afin que sa récupération devienne naturelle f) L’inférence => utiliser des éléments connus, le contexte pour deviner, conclure ou encore utiliser son intuition : par exemple, trouver les mots de la même famille, utiliser les photos et le titre d’un texte pour trouver le thème général du document g) La déduction => appliquer une règle réelle ou hypothétique pour produire ou comprendre la L2 : par exemple, conjuguer un verbe selon la conjugaison d’un verbe qui lui ressemble (attention à la surgénéralisation => par exemple si le verbe « vendre » a le participe passé « vendu » alors le participe passé du verbe « prendre » est « prendu ». h) La recherche documentaire => utiliser des ressources sur la L2 : par exemple, chercher un mot dans le dictionnaire ou encore chercher la conjugaison d’un verbe dans un livre de grammaire i) Traduire et comparer avec la L1 ou une autre langue connue => par exemple, traduire des mots, comparer la formation des hypothèses au présent en français avec l’anglais j) Paraphraser => remplacer un manque de vocabulaire par une paraphrase ou encore choisir d’autres mots ou d’autres phrases si on ne peut pas dire exactement ce que l’on veut ou ne connaît pas le vocabulaire, les structures nécessaires. k) Elaborer => établir des liens entre ses connaissances antérieures et des éléments nouveaux l) Résumer => faire un résumé écrit ou mental d’une règle ou d’une information : par exemple, répondre au professeur qui demande le résumé des objectifs d’un cours, réécrire dans son cahier de manière synthétique la formation du passé composé. III. Les stratégies socio-affectives Elles impliquent une interaction avec les autres (locuteurs natifs ou pairs) pour son apprentissage mais aussi le contrôle et la gestion de la dimension affective personnelle l’accompagnant. a) Les questions de clarification et de vérification => par exemple : demander au professeur de répéter, demander à ses camarades d’expliquer un point b) La coopération => interagir avec ses pairs pour accomplir une tâche ou résoudre un problème : par exemple, travailler en groupe c) La gestion des émotions ou la réduction de l’anxiété => prendre conscience de la dimension affective entourant l’apprentissage d’une L2, se parler à soi-même pour réduire le stress, utiliser des techniques pour la confiance en soi et la motivation, s’encourager, se récompenser, ne pas avoir peur de faire des erreurs ou prendre des risques : prendre la parole en classe même si c’est un risque, s’acheter un petit cadeau à la fin des examens, regarder une émission qui nous intéresse dans la langue cible car cela nous motive à apprendre