HAL archives-0uvertes.f1 Francophonie litteraire: quelques reflexions autour des discours critiques Claire Riffard ► To cite this version: Claire Riffard. Francophonie litteraire: quelques reflexions autour des discours critiques. Lianes, Lianes Association, 2006, pp.1-10. halshs-01064514 HAL Id: halshs-01064514 https: //halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01064514 Submitted on 16 Sep 2014 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. 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NOUVELLES APPROCHES DE LA FRANCOPHONIE LITTERAIRE REPRISES DE LA NOTION D'ESPACE REPRISES DE LA NOTION D'HISTOIRE LITTERAIRE REPRISES DE LA NOTION DE LANGUE : DES LANGUES AFRICAINES REBONDS DECENTRER RELIER Bibliographie Notes Pour citer cette page II est sans doute perilleux, dans le temps meme ou Ton construit une recherche de doctorat recensee sous la rubrique « litteratures francophones », de scier la branche sur laquelle on est assis en questionnant le cadre theorique de la francophonie litteraire. Cette demarche m'apparait pourtant de plus en plus necessaire au fil des annees. Ma presentation n'a nulle autre pretention que celle de participer au debat sur cette notion de francophonie litteraire en commencant par rappeler comment le concept a ete fabrique par les discours critiques, pour faire etat ensuite des recherches actuelles sur la question et soulever quelques interrogations. A cette fin, et parce qu'une reflexion de ce type se fonde necessairement sur les travaux en cours dans les differentes structures de recherche, je m'appuierai sur les analyses actuellement menees par les equipes internationales qui travaillent sur cette notion de francophonie litteraire, notamment dans les cahiers des Etudes litteraires africaines de 1A.P.E.L.A (Association pour l'Etude des Litteratures Africaines) ou au sein de la revue Notre Librairie. Ainsi, dans un recent numero (decembre 2005-fevrier 2006) de Notre Librairie consacre ä la critique litteraire, de nombreuses propositions emergent, dont celle de Romuald Fonkoua qui dans son editorial reflechit aux strategies d'analyse des discours critiques sur les litteratures du Sud, et propose de proceder en trois etapes : « Retracer histoire de la critique, interroger les mots de son exercice, et les enjeux scientifiques etpolitiques.» (Fonkoua, Notre Librairie, n°160 : 4) Sans pretendre faire l'histoire de la critique des litteratures francophones (et repondre ainsi au voeu exprime par Jean-Louis Joubert qui, en 1981 dejä, appelait de ses voeux une necessaire « archeologie des etudes francophones » (Joubert, 1981 : 184), il sera utile de s'interroger sur les modalites et les http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 1/12 16/9/2014 Francophonie littéraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM finalités de cette construction progressive ďun savoir sur les littératures francophones, qui s'est essentiellement bati en France. Mettant les mots eux-mémes ä ľépreuve, on reprendra la distinction entre critique et théorie littéraire proposée par Antoine Compagnon dans Le démon de la théorie (Compagnon, 1998): la critique est un discours sur les oeuvres littéraires qui évalue le texte. La théorie, elle, demande que les presupposes de la critique soient rendus explicites. C'est, selon Compagnon, un « point de vue méta- critique visant ä interroger, questionner les presupposes de toutes les pratiques critiques (au sens large) » (Compagnon, 1998 : 20-24). C'est cette derniěre posture, ce point de vue externe qui questionne les presupposes des pratiques critiques que je vais tenter ďadopter, en préférant au mot de « théorie » celui ď« analyse », moins susceptible de verser dans ľidéologie. II est évidemment un second terme ä questionner : celui de francophonie littéraire. Le concept, apparu en 1973 dans un ouvrage de G.Tougas, Les écrivains ď expression frangaise et la France, a été réutilisé depuis avec le succěs que ľon sait, notamment par Michel Beniamino qui dans son essai de 1999 La francophonie littéraire. Essai pour une théorie (Beniamino, 1999 :18),montre les difficultés du concept: socio-symboliques, historico-politiques, scientifiques... Le discours critique sur la francophonie littéraire éprouve quelque embarras ä définir son objet. Tout comme le cadre académique de ľuniversité ä le nommer, puisqu'on change réguliěrement d'appellation : « littérature d'expression francaise », « littératures francophones », actuellement« littératures du sud, émergentes, nouveaux espaces littéraires » etc. II conviendra ďinterroger les mots de la francophonie littéraire : espace, littéraire, francophone ... Pour tenter, sinon de montrer les enjeux scientifiques et politiques d'une telle notion, ä tout le moins de proposer quelques pistes de reflexion qui permettraient de nouvelles approches du fait littéraire francophone. EXAMEN PES DISCOURS SUR LES FRANCOPHONIES « Croiser les regards sur les discours qui construisent la francophonie comme un de ces méta-récits (Lyotard) dont il s'agit ďabord ďexplorer les mécanismes de legitimation » (Gontard et Gray, 1997 : 12). II faut bien entendu distinguer deux francophonies : ďun côté la Francophonie majuscule, c'est-a-dire la francophonie politique, institutionnelle, qui orchestre un discours politique double d'un discours idéologique relayant des intéréts économiques et géostratégiques de la France, et de ľautre la francophonie sinon minuscule du moins littéraire et culturelle. Pour bien séparer les deux notions, Jean-Marc Moura propose de distinguer la francophonie (c'est-ä-dire la communauté linguistique) (Moura, 1999 : 34) du irancophonisme (qui renvoie aux intéréts économiques et politiques masques par la communauté linguistique) (Moura, 1999 : 2). II ne sera pas question ici de francophonisme bien qu'il demeure trěs répandu et produise des discours lénifiants, comme cette definition de la francophonie commise par le professeur Jacques Barrat ä ľattention des professeurs de l'enseignement secondaire francais publié en 2004 : « La francophonie est ä lapis un concept et un espace habite par ceux qui ont le frangais en portage. Mais elle est aussi une maniere ďappréhender, de comprendre, ďécouter, de communiquer, ďagir ; href, un comportement, un humanisme. Elle est plus encore un outil de communication inter culturelle et le seul espace fédérateur de ceux qui veulent reconnoitre, accepter et valoriser les differences [.. JLa francophonie est aussi un conservatoire. C'est celui de la langue frangaise. [.. J La francophonie ne saurait manquer ä V obligation de solidarite avec les pays les plus démunis. C'est la une vieille habitude frangaise sinon francophone » (Barrat Jacques et Moisei Claudia, Géopolitique de la francophonie, un nouveau souffle ľ, 2004 : 129) http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 2/12 16/9/2014 Francophonie littéraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM A ce point de mauvaise foi, le discours se passe de commentaires. Aujourd'hui, la tendance est plus subtilement ä une recuperation du discours pour étayer le concept de « dialogue des cultures » (Moura, 1999 : 2). Nous en avons eu un echo au Salon du Livre de Paris edition 2006, dont l'invite ďhonneur était justement la Francophonie (cette fois-ci avec trois fff !). Pour ce qui est de la francophonie culturelle, il convient d'apporter une nuance et de bien distinguer la francophonie linguistique, qui relěve de la decision publique, et la francophonie littéraire, qui reste toujours une position individuelle. Le développement ďune écriture en francais dans les pays tiers s'est fait pour la plus grande partie parallělement ä l'extension des zones de pouvoir politique de la France. Y a-t-il aujourd'hui un objet global littéraire francophone distinct de la structure politique ? Le concept de francophonie littéraire a-t-il une validitě scientifique ? Peut-il y avoir une théorie de cet objet ? Est-on fonde ä faire des « études littéraires francophones » ? L'objet que nous étudions existe-t-il hors d'une construction idéologique ? Dans les premiers chapitres de son ouvrage La francophonie littéraire. Essaipour une théorie, Michel Beniamino fonde le phénoměne de francophonie littéraire sur plusieurs paramětres : espace, histoire, langue... Examinons ces trois paramětres principaux. DE L'ESPACE LITTÉRAIRE FRANCOPHONE Remarquons d'abord que le discours sur la francophonie litteraire se demarque des autres discours critiques sur la litterature, qui donnent habituellement la preference ä l'analyse de type historique sur l'approche spatiale. II n'est peut-etre pas anodin que dans les etudes francophones, on raisonne davantage en termes d'espace que d'histoire. On exhibe des planispheres officiels piquetes de petits drapeaux, on estampille des collections litteraires « Espaces francophones »; cela permet d'esquiver le debat sur l'histoire de la francophonie qui est dans bien des cas une histoire de domination violente. De quel espace parle-t-on ? Souvent, les etudes litteraires sur la francophonie reprennent les decoupages institutionnels. Or les frontieres institutionnelles sont tres contestables. Les frontieres administratives sont souvent exogenes. Pour l'Afrique par exemple, Selon Michel Fouche, 32% des frontieres ont ete tracees par les Francais.(Fouche, 1991 :49). Elles ne correspondent pas aux delimitations linguistiques, qui sont tres mouvantes et en perpetuelle evolution, et qui elles-memes sont distinctes des frontieres litteraires, plus labiles encore. De nombreuses equipes de recherches ont reflechi sur cette notion de frontieres de la francophonie litterairel, sans parvenir ä denouer le noeud gordien. Et avant toute chose, quel vocabulaire utiliser ? Parlera t-on d' « espace » ou de « territoire » ? Un espace est par definition ouvert, fonde sur les circulations (entre les pays, les langues, les marchandises, les idees...) L'espace francophone aujourd'hui est davantage un territoire controle par la France : controle de la circulation des hommes (pourquoi un visa pour un etudiant francophone venu faire des etudes en France ?), et controle de la diffusion des idees (la vie institutionnelle de la litterature francophone est tres franco-centree, les ecrivains francophones africains par exemple sont quasiment tous edites ä Paris, quelques-uns ä Montreal ou ä Bruxelles). Pourrait-on parier d'« aire culturelle » ä defaut d' « espace » ? Dans un article recent (Beniamino, 2003 : 19), Beniamino montre bien en quoi ce concept est plus contestable encore. Ne chez Leo Frobenius, sous l'influence des theories anthropo- geographiques de Ratzel, il vehicule l'ideologie d'une zone d'influence de la France sur une partie du monde. Ainsi, il est delicat de parier d'espace quand on tente une definition de la francophonie litteraire. L'espace francophone n'est-il pas au fond une construction mentale de la France, comme l'orientalisme fut invente par l'Occident (Said, 1980) ? http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 3/12 16/9/2014 Francophonie littéraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM DE L'HISTOIRE LITTERAIRE PES LITTERATURES FRANCOPHONES II faut réécrire l'histoire de la littérature francophone. On tentera de le suggérer ici en prenant l'exemple des littératures africaines. Plusieurs critiques doivent étre faites. Premiěrement, cette histoire est lacunaire. Nous travaillons sur ces littératures avec en téte une histoire officielle de la francophonie, jalonnée de dates incontournables et d'oeuvres de reference, peu remises en cause. Ne prenons que l'exemple des débuts de la littérature écrite en Afrique noire. Depuis les travaux pionniers de Mme Kesteloot (Kesteloot, 1963), trop peu renouvelés par la critique, les étapes canoniques en sont la parution á Paris de Batouala de René Maran, en 1921, puis l'emergence dans le Quartier Latin du mouvement de la négritude... Le critique béninois Guy Ossito Midiohouan s'offusque : « Contrairement á une opinion largement partagée, la littérature négro-africaine ďexpression frangaise n'estpas née en France ! » (Midiohouan, 2002 : 17). En effet, pour prendre un seul exemple, dans ces mémes années 1920-1930 le poete Jean-Joseph Rabearivelo inventait á Madagascar une maniere et une matiěre poétique en francais tout á fait originále, dix ans avant Senghor! Ensuite, cette histoire littéraire est trop franco-centrée. Elle a été largement écrite en France, et porte sur la francophonie littéraire un regard surplombant, parfois méme condescendant. On se souviendra de ce propos de Marguerite Duras évoquant le roman de Paul Hazoumé, Doguicimi (1938), « II fut beaucoup question de Domicigui (sic) pendant le diner. D'autantplus que comme tous les rédacteurs du ministere des colonies j'avals eu entre les mains cet ouvrage siprobant des bienfaits du colonialisme - du moment qďil était écrit en frangais par un sujet noir. Jefelicitai chaleureusement Vauteur de Vavoir écrit. J'evitais bien entendu de lui avouer que je n'en avals pas lu le premier mot... » (Ricard, 1995:49) D'une facon moins anecdotique, on soulignera que dans le cas des etudes francophones, contrairement aux études de littérature francaise, 1'étude des littératures a été et est encore souvent superposée á une étude des civilisations, comme si les littératures francophones valaient moins par leurs qualités proprement littéraires que par leur intérét ethnologique. On rabat ainsi la valeur littéraire sur la portée informative.2. En somme, l'histoire des littératures francophones a un rapport difficile avec l'Histoire. Constituer l'histoire littéraire de la francophonie implique de relire l'histoire de la presence francaise á 1'étranger. La recherche académique a été largement partie prenante de 1' « entreprise civilisatrice de la France » outre-mer, et elle doit faire retour sur ses discours des siěcles passes. Ainsi du discours assimilationniste en germe au XIX° et développé durant une large moitié du XX°siecle celebrant la progressive assimilation des techniques de la littérature francaise par les écrivains africains. Aujourd'hui encore, on rappellera que le sigle Adpf, qui renvoie á Topérateur du ministěre des Affaires étrangěres pour sa politique de promotion du livre et de Tecrit, signifie : Association pour la Diffusion de la Pensée Francaise ! Cette tendance assimilationniste au contraire de la coexistence dans le monde anglo-saxon, est une donnée majeure á prendre en compte pour réécrire l'histoire littéraire de la francophonie. Les années 1970 ont été marquees par une contestation violente de ce modele. Par exemple dans cet extrait de la revue Souffles de mars avril 1970 dirigée par A. Laábi: « Nous disons que la francophonie constitue une piece maitresse dans la strategie néo-coloniale. [.. JPar consequent, seuls peuvent precher cette « acculturation forcée », comme diraient certains missionnaires, ceux qui sont intimement lies au néo-colonialisme ou ceux qui tirent de Vusage de la langue frangaise des avantages bureaucratiques ». LIMITES DU DISCOURS SUR LA NOTION MEME DE http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 4/12 16/9/2014 Francophonie littéraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM FRANCOPHONIE. LE PROBLEME DE LA LANGUE On peut contester le terme méme, comme le suggěre André Wautier, car phoné signifie voix et non langue. Dans les années 50-60, Ton préfěrera utiliser le mot de francité. Mais dans les deux cas, les connotations véhiculées par les termes sont trěs différentes de Celles du terme de « Commonwealth » (« richesses communes »). Elles renvoient ä un territoire linguistique homogene, rassemblé autour ďune langue commune. Mais c'est sans compter avec 1'hétérogénéité manifeste des contextes francophones. La langue francaise s'y articule différemment avec les langues partenaires, proposant des poétiques toujours singuliěres. Peut-on regrouper des écritures uniquement par le fait qu'elles s'ecrivent dans une méme langue ? Est-ce un critěre pertinent ? Utile ? Operateure ? Janheinz Jahn conteste trěs tot ce principe méthodologique : « Dans Venseignement actuel encore, on aime répartir les littératures suivant le critěre des langues. Cest lä un principe de classement trěs commode ; il pouvait se justifier jusqďau tournant du siěcle. La littérature était alors une littérature nationale ; au sens littéraire, la nation correspondait au territoire délimitépar la langue. Ainsi la littérature suisse de langue allemande faisait partie de la littérature allemande, qui constituait une uniteculturelle bien avant que n'apparaisse en Allemagne Vidée ďune quelconque uniténationale ďordre politique. » (Jahn, 1969 : 8-9) L'analyse littéraire fondée sur le critěre de la langue est aujourďhui éminemment discutable, alors méme que nul n'ignore combien le choix de la langue ďécriture par les écrivains francophones est souvent lie ä des facteurs complexes, qui n'ont parfois que peu ä voir avec l'economie interne de la langue. Est-il utile de chercher ä les regrouper sous le chapeau de littératures francophones ? Est-ce une classification interessante au plan scientifique ? Est-ce d'ailleurs du coté des classifications qu'il faut chercher ? NOUVELLES APPROCHES DE LA FRANCOPHONIE LITTERAIRE De nouvelles propositions viennent renouveler l'etude des litteratures francophones, en reprenant les notions d'espace, d'histoire litteraire ou de langue pour les mettre ä l'epreuve et les renouveler. Nous aimerions leur rendre justice en proposant un rapide panorama de leurs travaux, avant de suggerer quelques pistes issues de cette etude. REPRISES DE LA NOTION D'ESPACE Plusieurs propositions ont été faites dans ce sens. Dans son ouvrage Nouvelles tendances dans Vanalyse du discours paru en 1988, Daniel Maingueneau adopte la notion de « scénographie », une formule qui unit les données recueillies du côté des textes et du style (ethos, espace ďénonciation, organisation temporelle), et de ľautre du côté du parcours social et institutionnel. Une autre proposition est celie de « champ littéraire ». C'est Pierre Bourdieu qui le premier propose ce concept repris ensuite par Paul Aron, Pascale Casanova et largement utilise aujourďhui. II s'agit selon Bourdieu de nommer ainsi un « systéme particulier de relations sociales régi par des rapports de force » (Bourdieu, 1992), c'est-a-dire d'inscrire l'analyse du fait littéraire dans un contexte de rapports de force sociaux, de recherche de reconnaissance et de volonté de domination. Ce concept permettra par exemple ä Bernard Mouralis d'analyser les intersections entre champ littéraire et champs économique et politique qui marquěrent les années 1960-19703. Mais quelle definition donner au champ ? Ne retrouvons-nous pas les problěmes de definition évoqués plus haut ä propos de la notion d'espace ? http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 5/12 16/9/2014 Francophonie littéraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM Considérant que le champ littéraire francophone n'est pas un champ coherent, par manque de relations d'un bout á l'autre du champ, Pierre Halen propose le concept de « systéme littéraire » qu'il préfěre á celui de « champ littéraire ». II affirme « Le systéme littéraire francophone existe bel et bien, englobant Vensemble des productions qui ne relěvent pas directement du niveau local et qui ne sont pas presentees comme frangaises », (Halen, 1995 : 24) et il s'attache á décrire les relations de dépendance des systěmes littéraires africains face au champ littéraire francais. II nomme ces systěmes peripheries ou marches (Halen, 1998 : 139), les décrivant comme des espaces ďentrance dans le champ central soumis á de puissantes contraintes. « S'agissant du texte francophone, le contexte est celui ďun systéme de production et de reception qui est contraint de s'adapter au verrou que constitue le rapport centre périphérie. Pour fair e jouer ce verrou, certains acteurs peuvent étre tentés, ou se trouvent méme obliges, de jouer la carte de la difference exotique, qui n'est pas le moindre des heritages laissés par le differentialisme colonial. » (Halen, 1995 : 30) Cette notion de différentialisme est trěs opérante pour notre analyse de la francophonie littéraire, car 1'idéologie francophone a parallělement á sa politique assimilationniste souvent joué le jeu du « deux poids deux mesures » entre la France et la Francophonie. REPRISES DE LA NOTION D'HISTOIRE LITTÉRAIRE Cest l'un des grands enjeux de 1'analyse des littératures francophones actuellement. La revue Etudes littéraires africaines éditée par l'A.P.E.L.A a fait récemment4 le point sur cette evolution du regard porte sur 1'histoire des littératures francophones, plus spécifiquement africaines, en mentionnant les travaux de Janheinz Jahn qui děs les années 1950, publie Muntu - Umrisse der neoafrikanischen kultur, un essai sur 1'unité culturelle de lAfrique, puis ceux dAlbert Gérard, qui combine dans ses recherches les critěres linguistiques, historiques et géographiques et travaille sur les littératures en langues africaines (Gérard, 1986), et dans les années 1980 les theses dAlain Ricard (Ricard, 1981) et Bernard Mouralis. Ce dernier critique, dans Littérature et développement (Mouralis, 1984), les discours idéalisateurs de la « rencontre des cultures » et du « métissage culturel ». Travaillant dans le sens ďune recontextualisation de la littérature africaine, il a montré de facon magistrále comment la France a voulu modeler la littérature africaine dans le sens ďune folklorisation : « Le colonisé s'est ejforcé, ďautre part, ďentrer dans le champ littéraire de son époque. A cet égard, ilfaut se souvenir que le colonisateur, loin de s'y opposer, a encourage la production ďune littérature écrite autochtone. Mais dans son esprit, celle-ci devait étre centrée sur VAfrique « veritable » et Vécrivain africain était invité á recueillir des contes ou des légendes, á évoquer des figures historiques, á décrire des coutumes. » (Mouralis, : 19) .Cette analyse est actuellement développée par les études postcoloniales, d'abord apparues dans le monde anglo-saxon, et portées en France notamment par Jean-Marc Moura. Nourrie des travaux de Maingueneau sur la scénographie, reprenant elle aussi la notion d'espace francophone pour la contester, la théorie postcoloniales'interroge sur les relations des textes á leur environnement socioculturel, y compris dans sa dimension historique. Selon Jean-Marc Moura dans Littératures francophones et théorie postcoloniale, « ce que ces littératures ont en commun au-dela des spécificités régionales, est d'avoir emerge dans leur forme présente de Vexpérience de la colonisation et de s'etre affirmées en mettant V accent sur la tension avec le pouvoir colonial, et en insistant sur lews differences par rapport aux assertions du centre imperial. » (Moura, 1999 : 5). La théorie postcoloniale montre, dans le prolongement des travaux de Mouralis, comment le contenu esthétique des oeuvres a été et continue d'etre influence par l'heritage historique colonial et le contexte socio-culturel de domination. Mais il existe, méme en Afrique, de petits espaces de vie culturelle en francais, par exemple dans une partie de la bourgeoisie égyptienne, créés par des circonstances historiques différentes, dans le cadre de partenariats entre états, de relations culturelles etc. Qu'en faire ? REPRISES DE LA NOTION DE LANGUE : DES LANGUES http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 6/12 16/9/2014 Francophonie littéraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM AFRICAINES En effet, pour reprendre les mots de Bourdieu, « parler de la langue, c'est accepter tacitement la definition officielle de la langue officielle d'une unite politique. » (Bourdieu, 1982 : 27). Cette conception de la langue permet d'asseoir un pouvoir, et dans le cadre de la francophonie, elle pretend ainsi niveler les differences qui existent entre les locuteurs de la langue. En Afrique noire ou a Madagascar par exemple, depuis le temps des missions, depuis le temps de l'administration francaise et de la litterature coloniale (ce « conservatoire de prejuges » selon la formule de Jean-Louis Joubert) (Joubert, 1983 : 125), la langue francaise s'est tenue du cote du pouvoir : avoir la maitrise de la langue, c'est s'assurer une mainmise sur le pouvoir. Mais cette representation de la langue a beaucoup evolue, sans compter que son histoire n'est pas partout identique ; ainsi au Quebec et ailleurs, on lutte aujourd'hui pour une autonomisation de la langue. Les theories sur la/les langues ont defriche recemment plusieurs pistes et propose plusieurs notions, parmi lesquelles celle de conscience linguistique. Ce concept est emprunte par A. Ricard a Harald Weinrich (Weinrich, 1980), et il interroge « la place de la langue dans la conscience des ecrivains » (Ricard, 1995 : 40); pour Alain Ricard, l'ecriture contemporaine est inscrite dans la « conscience de la multiplicity des langues, Vexperience d'une maniere d'eclatement du discours, marque par la diglossie et le metissage ». Ce concept qui permet de ressaisir par l'analyse les faits de langue a l'oeuvre dans les textes, qu'ils soient lies a l'oralite, au plurilinguisme, a la diglossie ou a 1'« inter langue » comme chez Kourouma...a ete abondamment repris, notamment dans les theories postcoloniales. Lise Gauvin propose, elle, la notion de surconscience linguistique, « c'est-a-dire une conscience particuliere de la langue qui devient ainsi un lieu de reflexion privilegie et un desir d'interroger la nature du langage et de depasser le simple discours ethnographique [...] Cette surconscience est aussi une conscience de la langue comme espace de fiction voire de friction : soit un imaginaire de et par la langue. » (Gauvin, 2003 : 19). Considerant que « le denominateur commun des litteratures dites emergentes, et notamment des litteratures francophones, est de proposer, au coeur de leur problematique identitaire, une reflexion sur la langue et sur la maniere dont s'articulent les rapports langues/litteratures dans ces contextes differents. », considerant que l'ecrivain francophone est contraint de « penser sa langue », elle propose de nommer ces litteratures « litteratures de l'intranquillite », car elles se mettent a distance de la langue francaise. Par ailleurs, il appartient a Jean-Marie Klinkenberg (Klinkenberg, 1994 : 71-80) d'avoir developpe la notion d'insecurite linguistique des collectivites francophones peripheriques. II montre que face au centre constitue par Paris, les ecrivains des zones francophones dominees adoptent deux directions opposees : soit une strategie centripete (vers l'autonomisation, et la creation d'un champ culturel distinct), soit une strategie centrifuge (« un effort d'assimilation au champ parisien ou au moins le desir de reconnaissance de la part des instances de consecration de ce centre ».) (Klinkenberg, 2003 : 52) Ces theories ont en commun d'interroger autrement la question de la langue d'ecriture. Ce qui apparaissait auparavant comme l'element rassembleur, le point d'arrivee : ecrire en francais, devient le point de depart de nouvelles approches litteraires. REBONDS On proposera deux perspectives dont l'orientation est en apparence contradictoire, puisque l'une est centrifuge, cherchant ä décentrer les etudes litteraires francophones, et l'autre est centripete, proposant de relier, de mettre en relation les langues et la disciplines ; mais ces deux axes de reflexion explorent en réalité le méme chemin, celui du pluralisme. http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 7/12 16/9/2014 DECENTRER Francophonie littéraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM Rappelons que c'est notamment l'arrivee dans les campus américains ďétudiants venus d'anciens pays colonises qui a permis l'essor de la théorie postcoloniale. La circulation entre les différentes approches critiques, entre les différents regards portés renouvelle la recherche. On connait 1'importance actuelle des études américaines sur les littératures postcoloniales5, leurs avancées magistrates dans la reflexion sur l'ideologie dans la littérature ; mais il importe de suivre également de trěs pres ce qui se fait au Quebec, dont les universités sont des lieux dynamiques de convergence... Enfin, je ne citerai que quelques noms de critiques et théoriciens littéraires africains : Boniface Mongo M'Boussa, Justin Bisanswa, James Ngugi, Guy Ossito Midiohouan, Romuald Fonkoua ou antillais : Edouard Glissant, sans prétendre ä résumer leur travail en cours, simplement pour suggérer combien leur approche est féconde pour l'analyse de ces littératures. Mais comment les nommerons-nous ä present ? Plus fondamentalement, comment regrouperons-nous dans l'analyse des ensembles littéraires dont nous avons montré 1'hétérogénéité ? Comment saisir ces réalités littéraires ? Faut-il suivre les voix qui proposent depuis quelque temps un autre systéme de regroupement des auteurs, par littératures nationales ? Nous avons tenté de montrer le peu de validitě scientifique des frontiěres nationales en littérature, qui séparent des elements lies historiquement, qui établissent artificiellement des cloisonnements entre les zones linguistiques... Peut-on y échapper par le terme de « frontiěres culturelles », en divisant l'aire francophone en aire africaine, aire antillo-guyanaise ? Le probléme des frontiěres n'est pas levé pour autant, qui empéche les circulations ä l'heure pourtant oú tant ďécrivains vivent en nomades. Est-on contraint d'associer ä la littérature un principe de territorialitéó ? Pourquoi ne pas parier de littérature francaise tout simplement, dans le sens oú l'entendait Salman Rushdie pour la littérature anglaise (« que j'ai toujours considerée comme signifiant simplement la littérature de langue anglaise ») (Rushdie, 1993) ? Ou bien parlera-t-on plutöt de littératures en francais ? Pierre Halen , lui, suggěre de travailler sur les littératures du sud : « Fonder assez solidement un ensemble de littératures du « sud », marquees par un certain nombre de determinations historiques semblables, aux dépens ďun hypothétique ensemble de « littératures francophones » qui n'aurait guěre que la langue en commun ». (Halen, 2003 : 26). Dans le prolongement de cette voie ouverte, Xavier Garnier réfléchit ä une denationalisation de la littérature. Selon lui, quand on parle de littératures périphériques, francophones ou postcoloniales, on parle implicitement ďun centre, et depuis le centre. Or s'il est une pratique qui peut aujourd'hui rassembler les écrivains qui écrivent en francais, c'est bien le sentiment éprouvé d'ecrire « du dehors de la langue »,(Gamier, 2003 : 241) dans un écart par rapport ä l'axe de la langue. II suggěre : « Plutöt que de consider er comment les écrivains francophones s'approprient la langue frangaise, il peut étre interessant ďobserver comment Us s'en excluent » (Gamier, 2003 : 238). RELIER C'est-a-dire explorer les zones de contacts. Et pour commencer, developper l'analyse des passages entre les langues. Selon la belle formule d'Edouard Glissant: « Ce qui caracterise notre temps, c'est ce que fappelle Vimaginaire des langues, c'est-a-dire la presence de toutes les langues du monde » (Glissant, 1996). Les litteratures contemporaines sont habitees par le plurilinguisme, la presence de deux ou plusieurs langues. La notion de francophonie elle meme sous-entend la presence souterraine d'autres langues. Traductions, auto-traductions, reecritures, ecritures bilingues alternees ou concomitantes... Nombreux sont aujourd'hui les ecrivains qui creent dans le va-et-vient des langues, a la recherche d'une « langue encore inouie » (J.Derrida), d'une « langue tierce » (A.Ricard), d'une « bi-langue » (A.Khatibi) ... d'une langue sienne, tout simplement ? Quels effets litteraires peuvent avoir ces cohabitations, juxtapositions, superpositions de langages et des imaginaires qu'ils vehiculent ? http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 8/12 16/9/2014 Francophonie litteraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM On travaillera sans doute dans les prochaines decennies sur les contacts de langues, sur les passages entre les langues, comme le suggere M. Beniamino ä la fin de son essai sur la francophonie litteraire, « Passer de la critique des litteratures francophones ä une theorie de ces litteratures qui posent -faut-il le rappeler - ä lafois le probleme de la divergence deformes de la litterature ecrite en frangais et celui de la coexistence de litter atur es echtes dans des langues differ entes ä V Interieur d'une meme formation sociale, identifiee ou nonpar le concept de nation » (Beniamino, 1999 : 213). Mais le critique litteraire devra alors posseder lui-meme plusieurs langues, et remettre en cause ses pratiques ! Relier, ce sera aussi mettre en contact les disciplines. Une critique contemporaine de la reception des textes integrera necessairement des approches politiques, geostrategiques, sociologiques, philosophiques, pour etudier l'ideologie ä l'oeuvre dans les oeuvres et dans les discours sur les oeuvres. Par ailleurs, on beneficie aujourd'hui d'avancees considerables dans le domaine du traitement informatique des donnees, ce qui peut permettre d'operer une petite revolution dans le traitement des donnees genetiques (on peut se reporter ä ce sujet au travail effectue ä Lyon par le laboratoire Liris : Laboratoire d'informatique en images et Systemes d'Information, du C.N.R.S7. II faudra egalement developper les editions critiques, les archivages de ces litteratures, en relation avec des structures de conservation des textes comme l'I.M.E.C (Institut Memoires de l'Edition Contemporaine8. CONCLUSION En guise de conclusion,on ne mentionnera que deux aspects essentiels d'une necessaire remise en cause des pratiques de la francophonie litteraire. Le premier, c'est la revendication d'une critique utilisant les memes outils de Proust ä Chamoiseau. Rien de plus urgent que d'etudier avec la meme exigence d'analyse litteraire toutes les litteratures. A l'inverse, les reorientations de la theorie litteraire francophone permettront un renouvellement des approches de la litterature tout court, notamment en integrant le travail fait par les litteratures du sud sur les instances enonciatives, dans un contexte de contacts de langues... Le deuxieme aspect fondamental, c'est l'exigence d'une decolonisation des circuits du livre, c'est-a-dire le combat pour une edition et une diffusion locale des litteratures, parallelement ä des co-editions et une distribution internationales. L'opposition centre/peripherie ne pourra etre contournee que dans la mesure oü les circuits du livre suivent un itineraire de relations et non plus de domination. Bibliographie Beniamino Michel, La francophonie Litteraire. Essaipour une theorie, Paris, LHarmattan, Coll. Espaces francophones, 1999. Beniamino Michel, « La francophonie litteraire », in Les etudes litteraires francophones : etat des lieux. 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Li even D'Hulst et Jean-Marc Moura ed., Villeneuve-d'Ascq, Ed. du Conseil scientifique de l'Universite Lille 3, 2003. 2 Voir a ce propos 1'article de Jamal Mahjoub dans Notre Librairie, n° 155-156, p. 11-15. 3 In Les champs litteraires africains, Ed. par Pierre Halen et R. Fonkoua, Paris, Karthala, coll. Lettres du sud, 2001, 342 p. 4 Revue Etudes Litteraires Africaines n°17, notamment 1'article de Janos Riesz, p.4-13 5 Voir le site de l'Univeriste d'Emory : http ://www.english.emory.edu/Bahri/index.html 6 Cf. Josias Semujanga, « les orientations de la critique de la litterature du sud en Amerique du nord », in Notre Librairie n° 160... 7 Liris UMR 5205 CNRS/INSA de Lyon/Universite Lyonl/Universite Lyon II/Ecole centrale de Lyon. 8 www.imec-archives.com Pour citer cette page Claire Riffard, «Francophonie litteraire : quelques reflexions autour des discours critiques», Item [En ligne], Mis en ligne le: 05 fevrier 2008 Disponible sur: http://www.item.ens.fr/index.php?id=207602. Notice bibliographique Publie dans la revue Liane le 09/10/2006. http://www.lianes.org/ (p.) Navigation Rubriques • Accueil • Actualites • Seminaries http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 11/12 16/9/2014 Francophonie litteraire : quelques reflexions autour des discours critiques I ITEM • Publications et revues • Collogues • Dictionnaire • Centres de documentation • Annuaire • Equipes • Contrats • Explorer par auteurs • Explorer par notions • Plateforme collaborative • Contacts Sous-Rubriques • Riffard • Articles en ligne • Article suivant • Retour au sommaire Recherche Rechercher Rechercher BD Haut de la page I Navigation sur le site I Recherche Accueil — Contact — L'ltem — RSS — Podcast — Site propulse par Lodel http://www.item.ens .fr/index.php?id=207602 12/12