naissance celui qui passait pour son pere. La haine du prochain courait comme la verole dans le pays. Quand il fut six heures et demie, ses enfants reveilles accoururent aupres de lui. Seul Charles, son aine, ne le saluait plus depuis quelque temps. II preparait son brevet a Fort-de-France et ne remontait que le samedi-dimanche au Morne-Carabin. Sa mere disait qu'il couvait un chagrin d'amour pour une camarade de classe. Les autres, par contre, adoraient leur pere, sur-tout les filles, qu'il couvrait de toutes sortes de gateries. Mais le jeu de la veille avait ete si pre-nant qu'il etait rentre cette fois-la les mains vides. Chimenc, sa benjamine, but un peu d'eau de cafe dans son bol et lui dit: — Papa, Madame Malandru ne veut plus que je joue avec Louisiane. Elle m'a crie apres quand je suis allee la chercher hier apres-midi... — Ne t'en fais pas pour ca, ma fille, repon-dit le major en regardant sa femme droit dans les yeux. — Va te baigner, Chimene, lui dit sa mere, l'ecole ne t'attendra pas. Quand les enfants s'en allerent derriere la maison puiser de l'eau dans un bassin et une grosse jarre qui recueillait la pluie du toit, la femme de Rosalien vint s'asseoir a ses cotes. Son visage etait triste, comme frappe par une 24 tlouleur de devant-jour; son front etait charge