Forma pevných básnických útvarů je charakterizována neměnným počtem strof, veršů v jednotlivých strofách a rýmovým uspořádáním. Každá epocha a literatura má v oblibě určité básnické útvary s pevným uspořádáním (např lejch ve Francii 12 stol.). Obliba dalších (sonet) pak prochází napříč epochami i národními literaturami.
Nejznámější jsou lejchy od Marie de France z 12. století. Jde o krátké epické skladby inspirované stejnou tématikou jako tehdejší dvorský román. Forma lejchu se ale ustálila až později. Šlo o básnický útvar s nestejným množstvím strof nestejné délky, ve kterém se vyskytovaly dva rýmy, z nichž jeden převažoval. Pouze první a poslední strofa musely být co do rýmového rozložení stejné.
Marie de France (2. pol. 12. stol.)
Chèvrefeuille
J’ai bien envie de vous raconter
la véritable histoire
du lai qu’on appelle Le chèvrefeuille
et de vous dire comment il fut composé et quelle fut son origine.
On m’a souvent relaté
l’histoire de Tristan et de la reine,
et je l’ai aussi trouvée dans un livre,
l’histoire de leur amour si parfait,
qui leur valut tant de souffrances
puis les fit mourir le même jour.
Le roi Marc, furieux
contre son neveu Tristan,
l’avait chassé de sa cour
à cause de son amour pour la reine.
Tristan a regagné son pays natal,
le sud du pays de Galles,
pour y demeurer une année entière
sans pouvoir revenir.
Il s’est pourtant ensuite exposé sans hésiter
au tourment et à la mort.
N’en soyez pas surpris:
l’amant loyal
est triste et affligé
loin de l’objet de son désir.
Tristan, désespéré,
a donc quitté son pays
pour aller tout droit en Cornouaille,
là où vit la reine.
Il se réfugie, seul, dans la forêt,
pour ne pas être vu.
Il en sort le soir
pour chercher un abri
et se fait héberger pour la nuit
chez des paysans, de pauvres gens.
Il leur demande
des nouvelles du roi
et ils répondent
que les barons, dit-on,
sont convoqués à Tintagel.
Ils y seront tous pour le Pentecôte
car le roi veut y célébrer une fête:
il y aura de grandes réjouissances
et la reine accompagnera le roi.
Cette nouvelle remplit Tristan de joie:
elle ne pourra pas se rendre à Tintagel
sans qu’il la voie passer!
Le jour du départ du roi,
il revient dans la forêt,
sur le chemin que le cortège
doit emprunter, il le sait.
Il coupe par le milieu une baguette de noisetier
qu’il taille pour l’équarrir.
Sur le bâton ainsi préparé,
il grave son nom avec son couteau.
La reine est très attentive à ce genre de signal:
si elle aperçoit le bâton,
elle y reconnaître bien
aussitôt un message de son ami.
Elle l’a déjà reconnu,
un jour, de cette manière.
Ce que disait le message
écrit par Tristan,
c’était qu’il attendait
depuis longtemps dans la forêt
à épier et à guetter
le moyen de la voir
car il ne pouvait pas vivre sans elle.
Ils étaient tous deux
comme le chèvrefeuille
qui s’enroule autour du noisetier:
quand il s’y est enlacé
et qu’il entoure la tige,
ils peuvent ainsi continuer à vivre longtemps.
Mais si l’on veut ensuite les séparer,
le noisetier a tôt fait de mourir,
tout comme le chèvrefeuille.
« Belle amie, ainsi en va-t-il de nous:
ni vous sans moi, ni moi sans vous! »
La reine s’avance à cheval,
regardant devant elle.
Elle aperçoit le bâton
et en reconnaît toutes les lettres.
Elle donne l’ordre de s’arrêter
aux chevaliers de son escorte,
qui font route avec elle:
elle veut descendre de cheval et se reposer.
On lui obéit
et elle s’éloigne de sa suite,
appelant près d’elle
Brangien, sa loyale suivante.
S’écartant un peu du chemin,
elle découvre dans la forêt
l’être qu’elle aime le plus au monde.
Ils ont enfin la joie de se retrouver!
Il peut lui parler à son aise
et elle, lui dire tout ce qu’elle veut.
Puis elle lui explique
comment se réconcilier avec le roi:
elle a bien souffert
de le voir ainsi congédié,
mais c’est qu’on l’avait accusé auprès du roi.
Puis il lui faut partir, laisser son ami:
au moment de se séparer,
ils se mettent à pleurer.
Tristan regagne le pays de Galles
en attendant d’être rappelé par son oncle.
Pour la joie qu’il avait eue
de retrouver son amie,
et pour préserver le souvenir du message
qu’il avait écrit
et des paroles échangées,
Tristan, qui était bon joueur de harpe,
composa, à la demande de la reine,
un nouveau lai.
D’un seul mot je vous le nommerai:
les Anglais l’appellent Goatleaf
et les Français Chèvrefeuille.
Vous venez d’entendre la véritable histoire
du lai que je vous ai raconté.
FRANCE, Marie de. Chèvrefeuille. [online]. [cit. 2014-04-03], Dostupné z: http://fontenele.free.fr/marie/marie-de-france_chevrefeuille.htm
Rondel může mít od 9 do 15 veršů (nejčastěji 13). První a druhý verš slouží jako refrén ve druhé a třetí strofě. Je tvořen dvěma rýmy.
Charles d’Orléans (1394-1465)
Ma seule amour que tant désire !
Ma seule amour que tant désire,
Mon réconfort, mon doux penser,
Belle nonpareille, sans per,
Il me déplaît de vous écrire.
Car j’aimasse mieux à le dire
De bouche, sans le vous mander,
Ma seule amour que tant désire,
Mon réconfort, mon doux penser !
Las ! or n’y puis-je contredire ;
Mais Espoir me fait endurer,
Qui m’a promis de retourner
En liesse, mon grief martyre,
Ma seule amour que tant désire !
Jde o lyrickou báseň o třech strofách (dvě pětislabičné, uprostřed jedna tříslabičná). Tvoří jej dva rýmy. Refrén se nachází na konci druhé a třetí strofy.
Charles d’Orléans (1394–1465)
Jeunes amoureux nouveaux,
En la nouvelle saison,
Par les rues, sans raison
Chevauchent faisant les sauts.
Et font saillir des carreaux
Le feu, comme de charbon :
Jeunes amoureux nouveaux
En la nouvelle saison.
Je ne sais si leurs travaux
Ils emploient bien ou non ;
Mais piqués de l’éperon
Sont autant que leurs chevaux,
Jeunes amoureux nouveaux
Lyrická osmiveršová báseň někdy rozdělená na dvě čtyřverší. Opakují se v něm dva rýmy v tomto schématu: ABaAabAB
Théodore de Banville (1823-1891)
Monsieur le comte de Tallard
Sait bien le parti qu’il faut prendre :
Il est vaillant comme un César,
Monsieur le comte de Tallard.
Mais s’il est battu par hasard,
S’il faut périr ou bien se rendre,
Monsieur le comte de Tallard
Sait bien le parti qu’il faut prendre.
Lyrická báseň, která má tři strofy a poslání. Na konci strof a poslání je refrén. Poslání je tvořeno polovinou veršů než ve strofách.
Clément Marot (1497-1544)
Ballade de s’amie bien belle
Amour, me voyant sans tristesse
Et de le servir dégoûté,
M’a dit que fisse une maîtresse,
Et qu’il serait de mon côté.
Après l’avoir bien écouté,
J’en ai fait une à ma plaisance
Et ne me suis point mécompté :
C’est bien la plus belle de France.
Elle a un oeil riant, qui blesse
Mon coeur tout plein de loyauté,
Et parmi sa haute noblesse
Mêle une douce privauté.
Grand mal serait si cruauté
Faisait en elle demeurance ;
Car, quant à parler de beauté,
C’est bien la plus belle de France.
De fuir son amour qui m’oppresse
Je n’ai pouvoir ni volonté,
Arrêté suis en cette presse
Comme l’arbre en terre planté.
S’ébahit-on si j’ai plenté
De peine, tourment et souffrance ?
Pour moins on est bien tourmenté
C’est bien la plus belle de France.
ENVOI
Prince d’amours, par ta bonté
Si d’elle j’avais jouissance,
Onc homme ne fut mieux monté
C’est bien la plus belle de France.
Lyrická báseň o třech strofách, tvořených sedmi až dvanácti verši a čtyřveršového poslání. Poslední verše strof a poslání tvoří refrén.
François Villon (okolo 1431 – okolo 1463)
Ballade des femmes de Paris.
Quoi qu’on tienne belles langagères
Florentines, Vénitiennes,
Assez pour être messagères,
Et mêmement les anciennes ;
Mais soient Lombardes, Romaines,
Genevoises, à mes périls,
Piémontaises, Savoisiennes,
Il n’est bon bec que de Paris
De beau parler elles tiennent chaires,
Ce dit-on, les Napolitaines,
Et sont très bonnes caquetières
Allemandes et Prussiennes ;
Soient Grecques, Egyptiennes,
De Hongrie ou d’autre pays,
Espagnoles ou catalanes,
Il n’est bon bec que de Paris
Bretonnes, Suisses ne savent guère,
Gasconnes aussi Toulousaines :
Du Petit Pont deux harangères
Les conclueront, et les Lorraines
Anglaises et Calaisiennes,
- Ai-je beaucoup de lieux compris ? -
Picardes de Valenciennes ;
Il n’est bon bec que de Paris
Prince, aux dames parisiennes
De bien parler donnez le prix.
Quoi que l’on dise d’Italiennes,
Il n’est bon bec que de Paris.
Jde o baladu s pěti strofami.
Clément Marot (1496-1544)
Chant royal chrestien
Qui ayme Dieu, son règne et son empire,
Rien désirer ne doibt qu’à son honneur
Et toutesfois l’homme tousiours aspire
A son bien propre, à son aise, et bon heur,
Sans adviser si point contemne ou blesse
En ses désirs la divine noblesse.
La plus grand’part appete grand avoir :
La moindre part souhaite grand sçavoir ;
L’autre désire être exempte de blasme,
Et l’autre quiert (voulant mieulx se pourvoir)
Santé au corps et Paradis à l’âme.
Ces deux souhaitz contraires on peult le dire
Comme la blanche et la noire couleur ;
Car Jesuchrist ne promet par son dire
Ça bas aux siens qu’nnui, peine et douleur.
Et d’autre part (respondez moy) qui est-ce
Qui sans mourir aux Cieulx aura liesse ?
Nul pour certain. Or faut-il concevoir
Que mort ne peult si bien nous decevoir
Que de douleur nous sentions quelque dragme
Par ainsi semble impossible d’avoir
Santé au corps et Paradis à l’âme.
Doulce santé mainte amertume attire,
Et peine au corps est à l’âme doulceur.
Les bienheureux qui ont souffert le martyre
De ce nous font tesmoignage tout seur.
Et si l’homme est quelque temps sans destresse,
Sa propre cher sera de luy maistresse,
Et destruira son Ame (à dire voir)
Si quelque ennuy ne vient ramentevoir
Le povre humain d’invoquer Dieu, qui l’ame,
En luy disant : Homme, penses-tu veoir
Santé au corps et Paradis à l’âme.
0 doncques, Homme en qui santé empire,
Croy que ton mal d’un plus grand est vainqueur ;
Si tu sentois de tous les maux le pire,
Tu sentirois Enfer dedans ton cueur.
Mais Dieu tout bon sentir (sans plus) te laisse
Tes petis maulx, sachant ta foiblesse
Ne pouvant pas ton grand mal percevoir
Et que aussi tost que de l’apercevoir
Tu périroys comme paille en flamme,
Sans nul espoir de jamais recevoir
Santé au corps et Paradis à l’âme.
Certes plutost un bon père desire
Son filz blessé que meurdrier, ou jureur :
Mesmes de verge il le blesse, et descire,
Affin qu’il n’entre en si lourde fureur.
Aussi quand Dieu, père céleste, oppresse
Ses chers enfans, sa grand’bonté expresse
Faict lors sur eulx eau de grâce pleuvoir;
Car telle peine à leur bien veult prévoir
A ce qu’enfer en fin ne les enflamme,
Leur réservant (oultre l’humain devoir)
Santé au corps et Paradis à l’âme.
Prince Royal, quand Dieu par son povoir
Fera les Cieulx et la Terre mouvoir,
Et que les corps sortiront de la lame,
Nous aurons lors ce bien, c’est à sçavoir,
Santé au corps et Paradis à l’âme.
Chant royal. [online]. [cit. 2014-05-03], Dostupné z: http://fr.wikipedia.org/wiki/Chant_royal